1993-2013 : la Corne de l`Afrique, du chaos au renouveau

Transcription

1993-2013 : la Corne de l`Afrique, du chaos au renouveau
1993-2013 : la Corne de l’Afrique, du chaos au renouveau ?
Conférence de Monsieur Roland Marchal (CNRS-CERI)
Il y a 20 ans et un jour, le 3 octobre 1993, commençait la bataille de Mogadiscio qui
opposait la « Task Force Ranger » aux milices de différents clans somaliens. C'est par cette entrée
en matière que M. Marchal a débuté cette conférence. En effet, vingt ans après les événements
somaliens, la Corne de l'Afrique n'est toujours pas une région pacifiée, comme peut en attester
l'attentat du 21 septembre 2013 qui toucha le Westgate Center, un centre commercial de luxe situé
au centre de Nairobi, au Kenya.
I – La Corne de l'Afrique, une région au passé chaotique
M. Marchal n'a pas manqué de souligner que la Corne de l'Afrique est une région
particulièrement disparate au passé tumultueux, où la guerre semble plus normale que la paix. Et
c'est en observant ce passé que l'on peut justement comprendre la situation actuelle de la région.
A. L'Ethiopie
Étant l'un des seuls pays d'Afrique à avoir conservé sa souveraineté au XIXe siècle jusqu'à
sa colonisation par l'Italie en 1935, l'Ethiopie a toujours été une figure forte en Afrique. Cet Etat
particulièrement ancien, qui était auparavant l'Abyssinie, a su en effet se démarquer des autres très
vite en étant le premier Etat africain à posséder une langue écrite. Mais pendant la guerre froide,
comme d'autre nombreux pays de la région, l'Ethiopie vit régner un régime communiste, celui du
Derb, qui fut renversé le 28 mai 1991 alors que la fin de l'URSS arrivait. Le pays connut de
nombreuses émeutes particulièrement violentes à cette période, jusqu'à la mise en place du FDRPE.
Sept années plus tard, le pays est envahi par son voisin l'Erythrée mais sort vainqueur du conflit.
Les relations entre les deux pays sont cependant restées très mauvaises, ce qui ne favorise donc pas
la paix dans la région.
B. Le Soudan
Né de petits royaumes chrétiens, le Soudan est colonisé dans les années 1820 par l'Egypte,
alors province de l'Empire Ottoman. En 1883, le « Mahdi » (« l'attendu ») lance un soulèvement et
reprend le contrôle du pays. Il mourra en 1885, quelques semaines après sa victoire sur les
égyptiens. Mais son successeur, le Khalifa Abdullah règne jusqu'en 1898, lorsque lui et son armée
sont massacrés par les forces anglaises du général Kitchener, alors en route comme les Français vers
Fachoda. Jusqu'en 1955, le pays ne subit pas de grosses crises, mais il reste malgré tout une forte
différence entre le nord et le sud. Au Sud, la population n'est pas majoritairement pas musulmane
contrairement au nord, qui est également beaucoup plus structuré intellectuellement que le sud.
C'est alors en 1955 qu'a lieu une révolte du sud Soudan, car le nord n'a pas respecté ses promesses
quant à créer un Etat fédéral. Suivent alors 17 ans de guerre civile entre le nord et le sud, auxquelles
mettent fin les accords d'Addis Abeba. Mais le pays ne connaît pas pour autant la paix, jusqu'aux
accords de paix de Nairobi en 2005, et le Sud Soudan n'obtient son indépendance que le 9/07/11.
C. L'Erythrée
Colonie italienne créée en 1890, l'Erythrée connaît le sort difficile des colonies des pays
vaincus en 1945. L'ONU décide ainsi de fédérer l'Ethiopie et l'Erythrée en 1952. Dominée par
l'Ethiopie, l'Erythrée se voit interdire partis, langue et drapeau, et subit jusqu'en 1991 la domination
éthiopienne. La tension est toujours forte entre les deux, malgré la déclaration d'indépendance de
l'Erythrée de 1991. Les conflits sont donc fréquents. De plus, Ethiopie et Erythrée s'affrontent à
travers la Somalie, ce qui participe de la situation tendue en Corne de l'Afrique.
D. La Somalie
Pays à majorité musulman (98 %), ne prenant de réelle forme qu'à l'époque de la
colonisation, la Somalie est un pays particulièrement jeune qui n'a pas connu de véritable période de
stabilité. Colonisée au sud par l'Italie (Somalia) et au nord par la Grand Bretagne (Somaliland), elle
a obtenu son indépendance en 1960. Jusqu'en 1969, la tension entre nord et sud est forte, mais en
1969, Mohamed Siyaad Barre fait un coup d'Etat et décide par la suite de créer un Etat socialiste
pour s'aligner sur l'URSS, qui l'abandonne pour l'Ethiopie quelques années plus tard. Parallèlement,
le pays est frappé par une grosse famine dans les années 1980. En 1991, le régime de Barre tombe
et fait place à une guerre civile opposant différents camps, l'un soutenant Mohamed Farrah Aidid et
l'autre Ali Mahdi Mohamed, deux chefs de guerre. Depuis cette période, la Somalie a connu de
nombreux conflits, famines et épidémies qui n'ont fait qu'accentuer le chaos qui règne dans le pays.
II - « Restore Hope » et la bataille de Mogadiscio, les échecs de l'ONU et des États-Unis
A. « Restore Hope » (3 décembre 1992 – 25 mars 1994)
Initiative de l'ONU pour porter la paix en Somalie, l'opération « Restore Hope » débute le 3
décembre 1992, alors que le pays est divisé par une guerre civile grave, accentuée par une
sécheresse et une famine. De plus, la guerre civile a laissé place à de véritables pillages, qui ont
anéanti l'économie somalienne. Dans ce contexte, l'opération a pour but d'apporter la paix (comme
le stipulent les articles 6 et 7 de la charte de l'ONU), mais en Somalie, pour que la paix soit rétablie,
il faut avant tout reconstruire un état. C'est donc sur ces bases que se forme l'intervention de l'ONU.
C'est en novembre 1992 que les États Unis s'investissent dans l'opération, qui se solde d'un côté par
un progrès (les civils ont accès aux aides humanitaires et de nombreuses routes sont reconstruites)
mais de l'autre par un blocage, dans la dimension politique de l'opération. Cet échec politique mena
les États-Unis à déclarer une guerre « personnelle » au général somalien Mohamed Farrah Aidid,
dont le point culminant fut atteint lors de la bataille de Mogadiscio.
B. La bataille de Mogadiscio (3 et 4 octobre 1993)
Opposant les « Marines » américains aux milices des clans somaliens, la bataille de
Mogadiscio a débuté par la tentative d'enlèvement de deux proches du chef de guerre Mohamed
Farrah Aidid. Au cours de cette bataille, 18 marines furent tués, un fut fait prisonnier, et un « Black
Hawk » (« Faucon noir », un hélicoptère de guerre américain) fut abattu. Mais du côté somalien, les
victimes se comptent par milliers, ce qui montre l'extrême violence du conflit. Ce fut aux États-Unis
un traumatisme, qui mena Bill Clinton à se retirer du territoire somalien le 25 mars 1994, quelques
semaines après l'ONU. En Somalie, ce traumatisme est toujours actuel, et se traduit par des
affrontements récurrents, qui ne laissent pas le pays en paix.
C. Les conséquences de l'échec de l'ONU et des États-Unis
L'échec de l'ONU en Somalie a eu des nombreuses conséquences, lourdes dans les
événements tragiques qui suivirent en Afrique. Cet échec toucha notamment le Rwanda. Après le
fiasco de « Restore Hope », de juin 1992 à août 1993, l'ONU a mené une opération de paix
classique au Rwanda à travers les accords de paix d'Arusha, qui visaient à réhabiliter l'organisation
supranationale. Mais de ces accords est né le tristement célèbre génocide rwandais, qui opposa,
d'avril à juillet 1994, deux ethnies : les Hutus et les Tutsis. Cet aveuglement de l'ONU, qui,
cherchant le succès a négligé les véritables problèmes rwandais, a fait plus de 800 000 victimes, en
majorité Tutsis. De plus, non seulement l'échec onusien a mené au génocide rwandais, mais il est
également à la base de la création de mouvements djihadistes radicaux en Somalie, qui sont
aujourd'hui encore d'actualité et qui accentuent la violence dans la région.
III – Les mouvements islamistes en Somalie
A. La naissance de mouvements islamistes (années 1960 – 2000)
Alors que l'islamisation de la Somalie fut plutôt pacifique, le pays connu dans les années
1960 un renouveau dans l'islam politique qui donna naissance à divers mouvements. Certains
choisirent la voie pacifique, et voulurent enseigner la religion sans violence, en restant dans le cadre
légal. C'est le cas de la branche somalienne des Frères Musulmans, qui, en refusant la violence,
eurent 80% d'influence sur l'enseignement et 60% sur le domaine de la santé. Mais de nombreux
groupes radicaux apparurent également dans la cadre d'un état qui n'était pas démocratique et donc
propice à la violence. Les années 1980 virent la naissance de l'Unité Islamique, un groupe armé
radical, cependant moins violent que Harakat Al-Chabab Al-Moudjahidin. Avant les années 2000,
ces groupes radicaux étaient néanmoins beaucoup moins importants qu'ils le sont aujourd'hui, ou
qu'ils le furent il y a quelques années.
B. De la compassion américaine au soutien de groupes terroristes (2001 – aujourd'hui)
Le 11 septembre 2001, l'émotion fut forte en Somalie, car les images des Américains
effondrés, à la recherche des corps de leurs familles, de leurs amis, représentaient ce qu'ils avaient
vécu, quelques années auparavant. Le 11 septembre 2001 vit naître en Somalie un sentiment de
compassion envers les États-Unis qui était inexistant depuis 1992. Mais depuis 2001, la Somalie a
aussi vu naître des groupes terroristes, et les a soutenus. Comment le pays a-t-il pu subir un
changement aussi radical ?
Entre 1992 et 1996, le leader d'Al Qaïda, Oussama Ben Laden a séjourné au Soudan, d'où il
tenta de lancer des groupes djihadistes en Somalie. De nombreux somaliens vont alors s'entraîner en
Afghanistan, et reviennent ensuite en Somalie. C'est ainsi qu'est né le groupe Harakat Al-Chabab
Al-Moudjahidin, qui revendique l'attentat du 21 septembre 2013 à Nairobi. En 2005, à sa naissance,
ce groupe était minoritaire et ne comptait pas plus d'une centaine de membres. Mais à la même
période, le gouvernement italien organisa des funérailles nationales pour la Somalie, afin de
montrer leur compassion envers le peuple somalien. La réaction du groupe Harakat Al-Chabab AlMoudjahidin fut immédiate, et les cimetières chrétiens de Mogadiscio furent envahis, les dépouilles
des défunts déterrées et jetées à la mer. Face à cette affirmation extrémiste du groupe Harakat AlChabab Al-Moudjahidin, l'effroi fut total. Mais c'est ainsi que grandit le mouvement, cultivant le
mythe du « complot international » et le nationalisme somalien. De cette manière, le groupe atteint
les 15 000 membres en 2011. C'est donc par le nationalisme somalien que le mouvement Harakat
Al-Chabab Al-Moudjahidin a pu perdurer, mais également à cause l'islamophobie occidentale
ambiante et de l'internationalisation du conflit. N'est-ce donc pas la préoccupation des mouvements
islamistes armés des pays occidentaux qui renforce Harakat Al-Chabab Al-Moudjahidin ?
Conclusion
On peut donc dire que c'est en partie la politique des pays occidentaux qui est à l'origine des
conflits dans les pays de la Corne de l'Afrique. De plus, peut-on penser que cette politique est à
même de faire face aux récents événements survenus dans la région ? Seront-ils capables de se
mettre dans une position propice à la compréhension de la réalité religieuse de ces pays ? Car c'est
en effet l'incompréhension des pays occidentaux qui sème le danger. Et si 2013 ne commence pas
réellement bien, on peut se demander comment ces conflits finiront. Et M. Marchal achève cette
conférence en affirmant qu'aucune guerre ne résoudra le problème, et que c'est à l'avenir de
conclure cette Histoire.
Aude Raimbault TL1
Après un exposé d’un peu plus d’une heure sur l’histoire et les enjeux de la Corne de
l’Afrique ainsi que sur les récents évènements, M. Marchal a répondu aux questions de l’auditoire.
« Etant donné que la région est en recomposition permanente, y a-t-il pour la Somalie une
perspective de retrouver des frontières stables ? »
Tout d’abord, l’intervenant a rappelé l’intérêt que portent les pays émergents depuis
plusieurs années à cette région. En effet, le sous-sol de la corne de l’Afrique regorge de matières
premières (pétrole et minerais principalement) ce qui motive les investissements. On estime par
exemple que les réserves en pétrole du Sud-Soudan pourraient être multipliées par deux. Il en va de
même du Kenya qui possède sûrement de grands gisements offshore. Malheureusement, les conflits
ralentissent les recherches car les conditions de sécurité sont trop précaires.
La question des frontières présente donc un enjeu économique mais elle soulève également
des problèmes diplomatiques. En effet, les conflits qui ont précédé la création de nouveaux Etats
comme le Sud-Soudan en 2011 ont permis aux pays voisins d’étendre illégalement leur territoire.
Aujourd’hui de nouveaux conflits éclatent autour de ces frontières contestées. Cette question
s’étend donc au-delà du seul cas somalien.
A l’heure actuelle, on ne peut pas savoir si le Somaliland deviendra indépendant. Il y a dix
ans, les nationalismes étaient moins présents donc cette question n’était pas de premier plan.
Aujourd’hui, il serait très compliqué d’arracher une décision de manière pacifique. De plus, on ne
sait pas si l’indépendance permettra d’affaiblir le terrorisme ce qui aurait des répercussions
internationales. Or pour le moment, nous pouvons en douter.
On sait également que le gouvernement de Mogadiscio entretient en ce moment même une
politique de séduction et d’accueil des milieux d’affaires présents au nord afin d’affaiblir le Somalie
land. Ces propositions ne sont en effet pas dénuées d’intérêt puisque le sud du pays permet un fort
développement de l’agriculture et possède le plus grand marché de Somalie.
« Y-a-t-il un risque d’une attaque du mouvement Al Chabab en France puisque celle-ci
finance des forces d’intervention ? »
Tout d’abord, la France est un pays très éloigné pour cette organisation qui agit
prioritairement à l’échelle régionale. En effet, les soldats kenyans ou ceux de Djibouti sont leurs
principaux ennemis. De plus, la diaspora somalienne en France est très limitée ce qui diminue
encore un peu plus les risques de représailles. On peut donc considérer que les pays qui ont le plus
de risques d’être attaqués sont le Kenya, l’Ouganda ou le Burundi par exemple.
« Certains analystes prétendent que l’attaque du 24 septembre à Nairobi constitue une forme
de recul des Chababs en Somalie. Est-ce vrai ? »
C’est la thèse américaine.
De 2007 à 2011, la stratégie du mouvement Al-Chabab était de tenir des territoires, leur
force étant la rapidité de leurs déplacements. Néanmoins, ils avaient besoin pour cela de beaucoup
de combattants. En mars 2011, des combats ont débuté au sud et la décision a été prise de ne plus
défendre les lignes de front, c’est la stratégie du « hit and run » typique des guerres asymétriques.
Ainsi leur départ de Mogadiscio et de sa périphérie n’était pas une défaite mais un choix réel visant
à économiser les combattants et les munitions. Ainsi les forces urbaines tiennent aujourd’hui les
centres-villes par des actions terroristes.
De plus, il existe au sein du mouvement Chabab de gros différends internes qui peuvent
nous laisser penser à un affaiblissement. Néanmoins, ces différends étaient présents dès 2006 et
n’ont pas intercédé dans l’expansion de l’organisation. De même, ce sont les illusions et les
politiques occidentales qui ont provoqué le rapprochement entre Al-Chabab et Al-Qaïda.
Ainsi, cette vision purement occidentale d’une possible déroute des forces d’Al-Chabab ne
peut pas être démontrée puisque le mouvement ne semble pas affaibli.
« Comment expliquez-vous que les Chababs aient attaqué un centre commercial alors que les
derniers attentats au Kenya visaient des cibles américaines ou israéliennes ? »
Le choix de ce lieu est significatif pour trois raisons :
Premièrement, le centre commercial Westgate est un haut lieu du luxe kenyan. En effet, la
présence à Nairobi d’une forte population étrangère et aisée oblige le Kenya à posséder des lieux de
consommation dont le Westgate fait partie. Les Chababs savaient ainsi qu’ils toucheraient une
population variée.
De plus, cet endroit est le symbole d’une modernité dont les Chababs ne veulent pas.
Enfin, c’est ici que se rendait la population somalienne de Nairobi afin de rencontrer les
kenyans. Ce mélange des cultures est mal vu par les Chababs qui cherchent à humilier cette
population pour qu’elle rentre finalement dans leurs rangs.
« Y a-t-il un risque d’islamisation de la piraterie somalienne dans le golfe d’Aden ? »
L’intervenant a tout d’abord expliqué les raisons de la naissance d’une piraterie le long des
côtes somaliennes. Au départ, les côtes somaliennes possédaient des ressources importantes en
poisson et durant les années 1980 un monopole avait été attribué à une compagnie italo-somalienne.
Mais dès 1991 le port d’armes sur les bateaux de pêche est devenu nécessaire pour protéger ce
monopole. Ensuite, des sociétés privées ont été engagées pour garantir la protection et ont formé
des Somaliens à l’abordage de bateaux. Lorsque ces entreprises se sont retirées, les abordages ont
continué menant à une piraterie illégale.
Ainsi, il n’y a pas de liens entre les Chababs et la piraterie si ce n’est que cette dernière a
financé le mouvement chabab comme beaucoup d’autres.
Aujourd’hui, la piraterie est en déclin car les routes pour acheminer les marchandises ont
été modifiées et que celles-ci bénéficient d’une protection armée. Le problème n’est néanmoins pas
réglé définitivement car le changement des conditions politiques au sol pourraient apporter un
nouveau soutien aux pirates.
« Quid de la question érythréenne et d’une ouverture sur la mer pour l’Ethiopie ? »
L’Erythrée est un cas à part. Né en 1993 suite à un référendum, le pays fait face à de
nombreux problèmes : économie proche de celle de l’Ethiopie, nationalisme, frontières
contestées… L’Erythrée se retrouve isolée au sein de la région et s’attaque aux points « sensibles »
afin de gagner de l’influence comme en Somalie ou dans l’Est-Soudan. De même, il fait face à une
situation paradoxale puisqu’il devrait s’ouvrir à l’internationale mais est assez proche sur le plan
politique de certaines dictatures.
On ne peut donc pas prévoir ce qui adviendra de l’Erythrée qui pourrait poser à court ou à
long terme à nouveau de graves problèmes.
Héloïse Ficara, TL1