Lola Texte par Eric Lemoine et Christel www.majuscrit.fr rubrique : à

Lola
Texte par Eric Lemoine et Christel
www.majuscrit.fr
rubrique : à partir de 9 ans
texte à illustrer
5 images minimum à insérer librement
dans un format 300 x 200 mm, marges de 15 mm comprises
(en ménageant un espace suffisant pour que l’éditeur insère ensuite le texte)
Si vous êtes intéressé par ce chantier en illustration, adressez à
[email protected]
une description de votre projet (nombre d’images, technique...etc),
ainsi qu’une image complètement réalisée, en format jpg 200 dpi
Lola avait refermé son livre et l’avait posé sur sa table de chevet, puis avait éteint la petite
lumière dans ce silence qu’elle affectionnait particulièrement. Une jeune demoiselle de dix ans qui
s’était toujours imaginé devenir un jour une aventurière.
Enchantée de sa lecture, elle regardait les étoiles dans ce ciel dégagé malgré l’heure tardive.
Son chat, Marcus, l’avait rejoint comme à son habitude. Alors qu'il s'installait à ses côtés, en
ronronnant de bonheur à l'idée des caresses à venir, Marcus s'arrêta soudainement pour fixer un
point derrière la fenêtre.
Lola, surprise, se leva et observa par la vitre ce qui avait alerté son compagnon. De sa
chambre, elle avait vue sur la rue qui longeait son immeuble. Elle scruta l'obscurité, mais ne vit rien
d'autre que les ombres familières et rassurantes. Puis, redressant la tête, elle aperçut une étoile qui
brillait un peu plus fort que les autres.
Cette étoile semblait se rapprocher à grande vitesse avec une particularité toute singulière
puisqu’elle était devenue bleue. Dehors, le vent s’était levé comme pour annoncer une tempête.
Les feuilles virevoltaient, tout comme les ombres et une odeur de marrons grillés embaumait
l’atmosphère.
Étrangement, personne ne paraissait voir cette réalité, mais… était-ce la réalité ou
l’imaginaire de Lola ? Et si c’était encore le monde réel, quel était donc ce phénomène capable de
déclencher une telle tempête ?
Dans le ciel, la lumière bleue eut l’air d’hésiter un instant puis descendit en flèche et s’arrêta
brusquement sur le trottoir qui faisait face à Lola. Puis, elle prit petit à petit forme humaine, la forme
d’une petite fille recroquevillée sur elle-même.
Soudain, l’enfant auréolée de lumière bleue leva les yeux sur Lola. Son regard croisa celui
interloqué de notre jeune rêveuse. Cet instant dura quelques secondes, suspendu dans le temps.
D’ailleurs, le vent avait cessé et le silence était surprenant. Une sensation, non pas de fin du monde,
mais de naissance. Une odeur de renaissance plus exactement.
Entre les deux demoiselles, il y avait une attirance réciproque, évidente. Avec ce sentiment
que ce moment était attendu depuis toujours, depuis des siècles. Lola par un sourire et un signe de la
main l’invita à la rejoindre :
-
Pourquoi tout ce temps ?
Cela a été bien compliqué, crois-moi !
Lola reconnaissait en sa visiteuse, le visage qui avait traversé ses rêves tout au long de son
enfance. Elle retrouvait dans les yeux bleus de celle-ci, le regard de celle avec qui elle avait vécu mille
histoires dans son sommeil. Elle avait imaginé une partenaire à toutes les épopées qu’elle menait
chaque nuit, s’inventant tour à tour pirate, princesse, magicienne… L’amie qu’elle s’était créée tout
au long de ces années lui faisait face ce soir et elle était éveillée.
- Lola, il faut que tu viennes avec moi.
- Tu es Salomé ? C’est cela, hein ? C’est bien toi ?
- On a toutes les réponses à nos questions au plus profond de notre cœur…
- et de l’univers ! Oui, c’est toi… Enfin, tu es là !
- Tu t’en souviens, c’est bien. Nous devons y aller maintenant.
Les deux jeunes enfants se donnaient la main tout en avançant dans la nuit balayée à
nouveau par les feuilles. Elles étaient guidées par une mélodie venant d’ailleurs, un son inconnu
jusqu’alors. Et, plus elles s’avançaient dans l’obscurité et plus elles ne faisaient qu’une.
Un pas en entraînant un autre, main dans la main, elles s’échappaient d’un monde plein de
folies, un monde cruel. Elles s’avançaient dans la nuit, vers le cœur de l’univers, là où elles sauraient
comment améliorer le monde, là où elles apprendraient où naissent les peurs des hommes, d’où
vient leur haine. Et ensemble, un pas en entraînant un autre, elles aideraient ce monde à trouver un
chemin plus paisible. Chaque nuit, elles parcourraient ainsi les secrets de la noirceur humaine pour la
colorier de leurs joies au petit matin et effacer l’obscurité.
Et, bien des années plus tard, dans la nuit noire, en levant les yeux au ciel, on aperçoit
encore, certains soirs d’été, le chemin qu’elles ont emprunté.