Notre avis vous intéresse - BDP de la Haute

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Notre avis vous intéresse - BDP de la Haute
Lola, journaliste pour le magazine australien Rock-Out en 1966, se voit confiée la tâche
d’interviewer toutes les rock stars du rock émergeant, à Londres, Los Angeles ou New York.
Lola a vingt ans et n’y connaît pas grand-chose en musique. Ses questions sont à son image,
gauches, décalées, naïves mais son talent pour faire parler les gens s’avère immense. Lola
Bensky est Lily Brett. Son alter ego littéraire, pour le moins. Toutes les deux naissent en
1946, en Allemagne, dans un camp de personnes déplacées. Toutes les deux sont juives, de
parents polonais survivants d’Auschwitz, et grandissent à Melbourne, en Australie. Lola
Bensky, le dernier roman en date de Lily et le seul à être traduit en français est, malgré la vie
tourmentée de cette auteure dont le talent n’est plus à défendre aux USA, où elle réside
aujourd’hui, extrêmement drôle, en plus d’être touchant. Il raconte donc les péripéties
incroyables d’une journaliste en herbe, lâchée sans formation dans un univers dont elle
ignore les codes, un univers fleuri, désinhibé et joyeux, un swinging world à l’opposé du
monde dans lequel elle a grandi, peuplé des récits cauchemardesques des camps de la mort
évoqués par sa mère. Lola interviewe Mick Jagger chez lui, mais refuse de rester pour
rencontrer Paul McCartney parce qu’elle se méfie de la réputation sulfureuse du chanteur des
Stones. Elle discute bigoudis avec Hendrix, faux cils avec Cher, sexualité et régime avec
Mama Cass, s’ennuie à mourir à un concert de Ravi Shankar, trouve Pete Townshend
grossier, Jim Morisson glauque et Janis Joplin adorable, malgré sa vilaine peau… Et Lola
obtient d’eux des confidences qu’aucun spécialiste du rock n’a jamais obtenues. Peut-être
parce qu’elle est maladroite et franche, peut-être parce qu’elle parle d’elle autant qu’elle pose
des questions, peut-être parce qu’elle est grosse, grosse du passé des millions de morts qui
la hantent.
Marianne Peyronnet

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