Orientation Du bon usage des TIC dans l`orientation

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Orientation Du bon usage des TIC dans l`orientation
Orientation - Les Nouvelles de l'Observatoire - 38 - Janvier 2002
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Orientation
Du bon usage des T.I.C.
dans l’orientation scolaire et professionnelle
Expression à la mode, les T.I.C. (Technologies de l’Information et de la Communication)
apportent leur part de modernité aux pratiques d’orientation scolaire et professionnelle.
Que recouvrent réellement les T.I.C. ? Sigle fourre-tout que les professionnels de l’orientation
utilisent indifféremment pour désigner à la fois les sites Internet et les logiciels d’aide pour
l’orientation.
Soyons de bon compte, l’apport des logiciels informatiques dans la pratique du conseil en
orientation ne date pas d’hier. La mise sur le marché d’un certain nombre de produits
informatisés remonte à une vingtaine d’années.
Comme le précisait T. Boy, Solazzi fournissait en 1984 une version informatisée de son
questionnaire d’intérêts professionnels IMADU (1).
A la même époque, la firme Alizé commercialisait le questionnaire informatisé A2M et les
canadiens sollicitaient le marché avec le logiciel « CHOIX ». Ce dernier produit se distinguait
sensiblement des autres par l’utilisation du profil auto-évalué du sujet pour identifier les
métiers qui lui conviennent ou qui sont sensés lui convenir.
Aujourd’hui, nous disposons à propos de l’usage des outils informatisés du recul nécessaire
pour permettre d’en baliser la pratique. A ce propos, on constate que les conseillers en
orientation en ont maîtrisé l’utilisation. Le questionnaire d’intérêts professionnels informatisé
prend place dans l’arsenal méthodologique à côté du test papier-crayon. Quant à la recherche
d’informations sur les métiers et formations, celle-ci se pratique plus rapidement par
l’ordinateur qu’en consultant guides et autres dictionnaires des métiers.
Autre constat : la diversité des outils ne lie plus le praticien de l’orientation à un seul et unique
logiciel. Les questionnaires informatisés de passation rapide (Q.I.L., Pro-LogII, IMADU,
Carrière) semblent plus attractifs que les produits comportant des bases de données multiples
nécessitant une formation préalable de l’utilisateur. Toutefois, ce dernier type de logiciel
repose en règle générale sur un fondement conceptuel plus étayé et permet au jeune la
découverte de soi dans les domaines psychologiques s’écartant des intérêts strictement
professionnels.
Signalons à ce propos qu’un inventaire assez complet
des logiciels d’aide à l’orientation peut être consulté
sur le site web de l’AGERS (2).
Il renseigne le professionnel sur les qualités
intrinsèques des produits ainsi que sur l’usage qu’il
convient d’en faire.
Tout autre chose est l’introduction d’Internet dans la
pratique de l’orientation scolaire et professionnelle.
Dans ce domaine très récent, on ne dispose pas de
points d’appui suffisants pour formuler quelque
conjecture que ce soit.
Progressivement, on voit apparaître trois types de
sites Internet ayant pour vocation d’aider non pas le
professionnel… mais le consultant à déterminer son
orientation scolaire et professionnelle.
http://www.restode.cfwb.be/pgres/copil/novobs/novobs38/orientation.htm
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La première catégorie de sites web rassemble ceux qui apportent de l’information. Que ce soit
à propos des métiers, du marché de l’emploi, de la formation en Belgique, des études à
l’étranger, etc…, Internet fournit une quantité infinie de renseignements à la disposition de
tout internaute ! . Il est évident que le praticien ne sera plus le seul dépositaire de
l’information ; son client a aussi accès à Internet et aux banques de données sur les
professions et sur l'offre de formation ! Conséquence, la consultation prendra de plus en plus la
forme d’un partage des connaissances avec comme objectif l’élaboration d’un projet
vocationnel.
Autres sites, autre genre : l’arrivée sur le web de portails ayant une vocation plus large que la
simple information. Ils proposent au consultant des questionnaires et tests en-ligne permettant
à celui-ci de dresser son profil personnel et de déterminer son orientation sans aucune
intervention extérieure. L’objectif de ces sites est clairement de rendre inutile tout entretien
avec un professionnel du conseil et de fournir au jeune une orientation « clés en main ».
A ce propos, Liette Nadeau, chercheuse québécoise attirait l’attention des praticiens : les test
psychométriques « en-ligne » soulèvent toute la question de l’éthique et du code de
déontologie. En tant que professionnel, nous devons assurer une utilisation correcte des
instruments de mesure et en contrôler l’accès (3). Assurément, Internet ne permettra plus ce
contrôle. En rendant le jeune en apparence plus autonome, on risque d’accroître sa
vulnérabilité.
Dernier type de sites, nettement plus minoritaires que les précédents et qui tentent d’en
corriger les dérives : les Conseillers d’Orientation on-line ! Derrières les écrans de
présentation, existeraient des professionnels prêts à répondre à toutes les questions
personnelles des consultants envoyées par courriel. Le conditionnel se justifie à propos de la
notion de professionnel et non sur le fait que quelqu’un réponde aux questions posées.
D’ailleurs, questions et réponses sont consultables afin d’éviter les doublons.
Sommes-nous à la veille d’une invasion de la toile par les sites qui proposent une démarche
d’orientation ? Apparemment, la situation varie d’un pays francophone à l’autre. Le Québec
semble le plus touché. Pour nos amis canadiens, le web semble une solution facilitant la
communication et le conseil dans un pays où les distances sont très grandes. Le «conseiller
virtuel» prend une place de plus en plus importante auprès des jeunes québécois.
La France semble plus épargnée. Toutefois, on observe que le domaine de l’information des
jeunes des 15-25 ans est l’enjeu d’une concurrence acharnée entre l’initiative publique
représentée par son site WWW.ONISEP.fr et le portail WWW.LETUDIANT.com soutenu par la
presse et le groupe Hachette.
Quant à la Belgique francophone, les sites proposés appartiennent plutôt à la catégorie des
portails d’information généralistes (métiers, formation, marché de l’emploi) … mais jusques à
quand ?
En conclusion, faut-il rappeler que la démarche d’orientation c’est aider le consultant à
concevoir un projet vocationnel en abordant avec lui toutes les facettes du problème : la
connaissance de soi et la connaissance de l’environnement professionnel et formatif. Toutes les
informations nécessaires pour établir ce projet sont utiles. Internet est d’un apport
considérable au même titre que les logiciels et autres médias.
En revanche, la prudence s’impose et nous impose de signaler à nos consultants que le recours
à Internet pour une auto-évaluation n’apporte aucune garantie de validité ni de fidélité dans le
profil professionnel suggéré et qu’une orientation scolaire et professionnelle «clés en mains»
s’avère à terme une supercherie manifeste.
Serge Collard
Directeur du Centre P.M.S. de Spa
http://www.restode.cfwb.be/pgres/copil/novobs/novobs38/orientation.htm
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(1) Thierry Boy «Quelques éléments de réflexions sur le choix d’épreuves informatisées dans le
domaine de l’aide à l’orientation» in L’orientation scolaire et professionnelle 1999, 28, n°2
INETOP
(2) http://www.agers.cfwb.be/org/cpms/FichesPMS/logiciels.pdf.
(3) « La psychométrie en-ligne » in http://www.monemploi.com/articles/320.html
http://www.restode.cfwb.be/pgres/copil/novobs/novobs38/orientation.htm
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