La justice annule l`interdiction aux moins de 18 ans du film "<i

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La justice annule l`interdiction aux moins de 18 ans du film "<i
La justice annule l'interdiction aux moins de 18 ans du film "<i>Salafistes</i>"
"La décision du 27 janvier 2016 par laquelle la ministre de la Culture et de la Communication
(Fleur Pellerin à l'époque, NDLR) a délivré un visa d'exploitation au film documentaire
+Salafistes+ est annulée", en tant que "ce visa d'exploitation est assorti d'une interdiction aux
mineurs de 18 ans
", indique le tribunal administratif de
Paris dans une décision rendue mardi.
L'interdiction aux moins de 18 ans du film avait été suspendue en février par le tribunal
administratif, en attendant ce jugement sur le fond. Le ministère a "pris acte" de cette
décision. Mais il a "
appelé que la commission de classification des films a émis par deux fois avec une majorité
forte un avis en faveur du moins de 18 ans, en raison de l'absence de commentaires et de
l'extrême violence des images
".
r
Les jihadistes « tels qu’ils sont »
Tourné au Mali, en Irak, Algérie, Tunisie et Mauritanie, "Salafistes", qui entend montrer les
jihadistes "
tels qu'ils sont"
selon ses auteurs, donne la parole à des responsables d'Al-Qaïda au Maghreb islamique
(Aqmi) et à des autorités religieuses salafistes. Le documentaire est entrecoupé d'images de
propagande et de vidéos jihadistes, sans voix off, ni commentaires, et montre de façon très
crue l'application de la charia au quotidien.
A sa sortie fin janvier, seules quatre salles avaient projeté le film contre les 25 prévues avant
son interdiction aux mineurs. "Il ressort des pièces du dossier et notamment du visionnage du
film +Salafistes+ que celui-ci présente (...) +des propos et des images extrêmement violents et
intolérants susceptibles de heurter le public+"
, indique le tribunal.
"
Toutefois, lesdites
scènes, par leur portée et la façon dont elles sont introduites dans le documentaire, participent
à la dénonciation des exactions commises contre les populations
", ajoute-t-il.
Pour le tribunal, ce film "permet au public, du fait même de sa conception d'ensemble et du
réalisme de certaines scènes, de réfléchir et de prendre le recul nécessaire face à la violence
des images ou des propos qui ont pu y être présentés
". En
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conséquence, "
c
ontrairement à ce que soutient la ministre de la Culture et de la Communication, ledit
documentaire ne peut être regardé comme véhiculant une propagande en faveur de l'intégrisme
religieux ou incitant, même indirectement, des adolescents à s'identifier à des mouvements
prônant l'action terroriste",
dit-il encore. Pour le tribunal, la ministre, en interdisant le film aux mineurs, a
"entaché sa décision d'une illégalité
".
« Une décision totalement injuste »
Coréalisateur du film avec le journaliste mauritanien Lemine Ould Salem, le Français François
Margolin a accueilli cette décision comme une "immense victoire pour les auteurs de ce film, en
même temps que pour les libertés d'expression, de création et d'information
". "
Elle vient sanctionner une décision totalement injuste, prise dans le contexte de l'état d'urgence
", ajoute sa société Margo Cinéma, productrice de " Salafistes", dans un communiqué.
"Nous espérons qu'elle permettra au film +Salafistes+ de retrouver la place qui est la sienne et
qu'il aurait dû toujours avoir: celle d'un film essentiel qui a suscité plus d'une centaine de
projections-débats à travers le monde ", dit-il.
"Le jugement dit très clairement que le film n'est en rien susceptible d'entraîner des adolescents
(donc entre 12 et 18 ans) vers le djihad et la +pensée+ salafiste. Ce qui est une véritable claque
pour la décision gouvernementale de l'époque ", estime François Margolin.
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