Patrimoine naturel de SAINTE-FOY-TARENTAISE

Transcription

Patrimoine naturel de SAINTE-FOY-TARENTAISE
Découvrir
le patrimoine naturel de
SAINTE-FOY-TARENTAISE
Préface
La Vanoise, massif de montagne, niche son âme au sein d’une communauté de villages,
réunis autour du Parc national. Là, une mosaïque de milieux naturels, un vivier d’espèces,
offrent un assemblage généreux de formes et de couleurs, où s’imbriquent espaces sauvages
et terres utilisées par l’homme.
Les milieux naturels, visages multiples de la montagne, façonnés par l’homme comme par
les aléas d’une nature rétive, donnent son identité et son caractère au territoire. Expression
d’équilibres riches et diversifiés, toujours en devenir, ces milieux portent notre mémoire et se
livrent en héritage. Ils sont une chance pour demain, et imposent un devoir de respect qui
fait appel à la responsabilité de chacun.
Depuis plusieurs années déjà, le Parc national de la Vanoise et ses partenaires financiers se
sont engagés dans une collaboration originale pour la valorisation et la gestion de ces
milieux naturels remarquables. Ce partenariat vise à aider les gestionnaires, valoriser les
savoir-faire dans le domaine de l’environnement et développer la sensibilisation du public.
La commune de Sainte-Foy-Tarentaise s’est investie dans cette démarche, aux côtés du Parc
national de la Vanoise, avec la collaboration du Conservatoire du patrimoine naturel de la
Savoie.
“Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise” est le reflet d’un ensemble
vivant, foisonnant, de faune, flore, forêts, pelouses, éboulis, torrents… Au-delà du regard
quotidien sur notre environnement, ce document aiguise notre perception et nous révèle la
mesure véritable de ce patrimoine. Il s’agit de mieux le connaître pour rechercher les moyens
de le préserver et, dans toutes les actions de la commune, de l’envisager comme un bel enjeu
pour demain.
Le mot du Maire
L’ouvrage qui vous est proposé et que vous allez découvrir a été réalisé par le Conservatoire
du patrimoine naturel de la Savoie, le Parc national de la Vanoise et la mémoire des acteurs
locaux qu’ils soient issus de l’agriculture, du tourisme, des activités de la montagne, de
l’artisanat, ou simplement de l’habitant santaférain dans sa culture locale.
Sainte-Foy s’étend sur une surface de 11 000 ha de montagne, forêts et de pâturages en
particulier, la surface urbanisée ne couvrant qu’un peu plus du dixième de sa surface totale.
Sainte-Foy a ancré son histoire et son patrimoine, comme chaque village de fond de vallée,
à l’écart des grandes civilisations, comme un village replié sur lui-même, accroché à sa
richesse naturelle constituant sa seule ressource tirée de la terre, du fruit de la nature, et du
travail laborieux des générations qui ont bâti ce patrimoine, guidée sur la culture locale et le
besoin, pour satisfaire le simple indispensable.
Sainte-Foy compte aujourd’hui un peu plus de 800 habitants permanents, ce qui représente
une augmentation sensible de la population, qui avait chuté à quelques 500 habitants à partir
des années 30 pour connaitre un exode rural important, l’agriculture ne nourrissait plus son
homme. Elle avait pourtant permis, jusqu’à la fin du XIXe siècle, de vivre à une population
à plus de 1 500 habitants, répartis sur l’ensemble d’une vingtaine de villages.
Certains de ces villages, habités durant l’hiver étaient totalement isolés et repliés sur eux
mêmes durant plusieurs mois.
Le développement touristique maitrisé par des contraintes administratives et environnementales a débuté tardivement, dans les années 90. Il a permis de prendre en compte les
expériences connues de nos voisins, bonnes ou mauvaises, et de réaliser une offre touristique
complémentaire à celles existantes à proximité.
Sainte-Foy se place sur la trajectoire des communes voisines avec lesquelles nous partageons
notre richesse naturelle avec le souci de la recherche perpétuelle et sensible de préservation
de ce patrimoine, dans le cadre de nos activités communes pour les associer à nos voisins et
nos visiteurs.
Conscients de leur richesse, les Santaférains participent à la mise en valeur de leur patrimoine
naturel constitué de forêts, de sentiers, de glaciers, de lacs, de montagnes dans un
environnement de chalets construits en pierre et couverts de lauzes.
Ce patrimoine complète l’offre touristique et constitue un modèle et une ambiance de
convivialité et de sérénité qui font que l’on se sent bien à Sainte-Foy.
La montagne nous a été léguée par la nature, nous en sommes locataires et l’empruntons à
nos générations futures, dit-on, sa sauvegarde et son maintien sont gages de notre engagement et surtout de notre responsabilité et notre profond respect.
“Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy” est un outil qui, nous l’espérons vous
permettra de poursuivre cette sensibilisation et ce respect qui nous touche. Il appartient aux
décideurs d’aujourd’hui que nous sommes, chacun de nous à notre place, de transmettre
cette sensibilité et ce respect, pour un ordre qui constitue notre cadre de vie et les moyens de
notre avenir et celui de nos enfants.
Raymond BIMET,
Maire de Sainte-Foy-Tarentaise
* A télécharger sur parcnational-vanoise.fr
Sommaire
Préface
Le mot du Maire
Quelles richesses naturelles sur la commune ?
*
*
Un aperçu général de la commune
Dimension économique
Paysages de Sainte-Foy-Tarentaise
Diversité de la flore
Diversité de la faune
Connaissance, protection et gestion du patrimoine naturel
Les milieux naturels, des lieux de vie
*
*
Préambule
Fiche-milieu n°1 :
Fiche-milieu n°2 :
Fiche-milieu n°3 :
Fiche-milieu n°4 :
Fiche-milieu n°5 :
Fiche-milieu n°6 :
Fiche-milieu n°7 :
Fiche-milieu n°8 :
Fiche-milieu n°9 :
Fiche-milieu n°10:
Fiche-milieu n°11:
Conclusion
Le village, les hameaux et leurs abords
Les cours d'eau et les lacs
Les zones humides d’altitude
Les prairies de fauche de vallée et d’altitude
Les forêts de conifères
L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie
Les landes, les landines et les fourrés de saules d’altitude
Les pelouses d’altitude et les combes à neige
Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux
Les rochers et les falaises
Les glaciers et les névés
Regard sur quelques espèces
*
*
*
Fiche-espèce n°1 :
Fiche-espèce n°2 :
Fiche-espèce n°3 :
Fiche-espèce n°4 :
Fiche-espèce n°5 :
Fiche-espèce n°6 :
Fiche-espèce n°7 :
Fiche-espèce n°8 :
Fiche-espèce n°9 :
Fiche-espèce n°10 :
Fiche-espèce n°11 :
Fiche-espèce n°12 :
Fiche-espèce n°13 :
Le Caricion bicolori-atrofuscae
L’orchis nain des Alpes
Le genévrier sabine
La pédiculaire tronquée
Le saule helvétique
La gentiane à feuilles d’asclépiade
Le triton alpestre
Le faucon pèlerin
La barbastelle d’Europe
L’écaille martre
Le bec-croisé des sapins
Le chevreuil
La truite fario de souche méditerranéeenne
Annexes
p.
p.
1
3
p.
p.
p.
p.
p.
p.
p.
7
9
16
24
29
36
39
p. 47
p. 49
p. 50
p. 58
p. 69
p. 77
p. 86
p. 99
p. 106
p. 116
p. 127
p. 137
p. 146
p. 151
p. 155
p. 156
p. 159
p. 161
p. 163
p. 166
p. 168
p. 170
p. 173
p. 176
p. 179
p. 181
p. 184
p. 187
p. 191
p. 193
p. 198
p. 202
p. 204
Lexique*
Bibliographie
Liste des plantes d’intérêt patrimonial
Index des noms d’espèces
(*) Les mots en italique suivis d’un astérisque dans le texte sont définis dans le lexique.
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 5
Présentation
Quelles richesses naturelles
sur la commune ?
Présentation
Reliefs et cours d’eau de Sainte-Foy-Tarentaise
8 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Sommaire
Présentation
Un aperçu général
de la commune
La commune de Sainte-Foy-Tarentaise se situe en Savoie, en haute Tarentaise, au sein des
Alpes internes du Nord. Elle est rattachée administrativement au canton de Bourg-SaintMaurice.
De nombreux cols et sommets sont situés sur la frontière italienne : pointe Rousse, col de la
Louïe Blanche, les dents Rouges, col du Petit ou du Tachuy, Grand Assaly et Petit Assaly, col
du Grand, col de l’Invernet, Becca du Lac, col de la Sassière, Bec de l’Ane, col du Mont,
pointe d’Archeboc, col du Lac Noir, pointe du Rocher Blanc, col du Rocher Blanc, pointe
des Mines, pointe de la Plate des Chamois et aiguille de la Grande Sassière.
Sur le versant français trois communes sont limitrophes : Montvalezan, Villaroger et Tignes.
D’une surface de 10 700 ha, Sainte-Foy-Tarentaise fait partie des communes du Parc
national de la Vanoise. Une superficie de 170 ha est classée dans le cœur du Parc, le reste se
trouve inclus dans l’aire optimal d’adhésion (lire le paragraphe “Parc national de la
Vanoise” p.39).
Sainte-Foy-Tarentaise, commune du Parc national de la Vanoise
Morphologie de Ste-Foy-Tarentaise
La
commune se caractérise par une forte
amplitude altitudinale, de 890 m dans la
vallée de l’Isère à 3 747 m au sommet de
l’aiguille de la Grande Sassière. Ceci se
traduit par l’existence de quatre étages de
végétation* : montagnard, subalpin et alpin,
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 9
Présentation
Sur cette rive, la commune occupe un vaste
versant entaillé par trois affluents, du nord
au sud : le nant Saint-Claude, le ruisseau du
Clou et le nant Cruet. Cette partie de la
commune, dominant l’Isère, délimite des
pentes très habitées où se répartissent les
principaux hameaux, ainsi que l’essentiel
des forêts du territoire.
Ce versant se prolonge par de larges vallons
d’altitude, correspondant aux têtes de
bassins des torrents :
- au nord, la vallée du Crot qui se divise en
trois vallons : Louïe Blanche, Sassière et
Mercuel ;
PNV - Stéphane Mélé
prolongés au-delà de 2 700 à 3 000 m
d’altitude par un étage nival.
Ce dénivelé engendre également un étagement des paysages. Le bas de la commune
est marqué par la vallée très encaissée de
l’Isère, qui s’élargit à sa confluence avec le
torrent de Saint-Claude, dit nant SaintClaude. A l’exception d’une partie qui
déborde sur les versants situés en rive
gauche de l’Isère, au niveau du Pailleret, et
formant une enclave au sein des limites
communales de Villaroger, le territoire de
Sainte-Foy s’étend principalement en rive
droite de l’Isère.
Anne Royer
Versant de Sainte-Foy avec les villages de la Masure et du Miroir,
la vallée du Crot et les sommets du vallon de la Sassière
Les vallons du Clou et du nant Cruet depuis Villaroger
10 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Géologie et géomorphologie
Le
découpage de la commune en zones
morphologiques bien individualisées résulte
d’une histoire géologique complexe mettant
en jeu des roches très diverses et des forces
tectoniques multiples.
PNV - Christian Balais
Il est possible toutefois de distinguer deux
grands types de roches.
Il s’agit :
- d’une part de roches très métamorphisées
et compactes, comme le gneiss. Le massif
du Ruitor, un ancien socle primaire relevé,
est composé de ces roches, que l’on
retrouve sur la montagne de la Becca du
Lac ;
- d’autre part, de roches sédimentaires, très
variées et moins homogènes, parfois
métamorphisées comme les roches vertes,
ou parfois plissées comme les schistes
lustrés, tels qu’on les trouve en rive droite
du ruisseau du Clou à l’amont du Monal.
Ces roches faisaient partie d’un océan (la
fosse briançonnaise) dont les fonds se sont
relevés au Tertiaire. Plus sensibles à
l’érosion, elles peuvent correspondre aux
bassins d’altitude et sont susceptibles, sous
l’effet de la tectonique, de développer des
reliefs très contrastés, comme les rochers de
Pierre Pointe et l’aiguille de la Grande
Sassière séparées par la faille du nant Cruet.
Sur ce substrat complexe, les glaciers du
quaternaire ont développé un relief très
marqué, en creusant et en déplaçant
d’importantes masses de matériaux.
Les zones fragiles, à cause de la nature de
leur roche ou de leur structure (failles), ont
été dégagées pour former des ombilics
comme les vallons de Mercuel et du Crot,
taillés dans le Houiller (anciennes mines de
charbon dans la forêt du Grand Follié, ou
bien l’ombilic de Viclaire). Ces glaciers sont
Zone de transition géologique entre roches sédimentaires (claires, à gauche)
et roches métamorphiques (sombres, à droite) - Sous le col du Rocher Blanc
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 11
Présentation
- au centre, le vallon du Clou ;
- au sud, le vallon du nant Cruet.
Au sein de ces vallons, le paysage est
façonné par de nombreux lacs et hauts
sommets accompagnés de leurs appareils
glaciaires en recul : le Ruitor, la pointe
d’Archeboc, la Grande Sassière, et bien
d’autres.
Au sud, la limite avec la commune de Tignes
s’étend ponctuellement en rive gauche du
nant Cruet.
PNV - Christian Balais
Présentation
Roches moutonnées sous le lac du Petit - La Sassière
quables : des moraines latérales et frontales,
visibles à l’amont du Plan de la Sassière,
mais aussi depuis la Motte et le vallon du
Clou. Enfin à l’aval, en libérant d’énormes
quantités d’eau au moment de leur retrait il
y a 10 000 ans, les glaciers ont donné
naissance à des torrents. Depuis les vallées
suspendues, ces torrents rejoignent l’Isère
par de spectaculaires gorges de raccordement, comme le nant Saint-Claude, à
l’aval de la Mazure (également orthographié
la Masure), et le Clou, à l’aval de
l’Échaillon.
PNV - Stéphane Mélé
aussi à l’origine de cuvettes d’altitude qui
correspondent aujourd’hui à des lacs,
comme le lac Blanc, profond de 42 m.
Par contre les roches plus dures ont été mises
en valeur et constituent, à l’aval des
ombilics, des verrous où les roches striées
témoignent de la puissance érosive de la
glace. Les verrous de la chapelle SaintPierre, au Plan de la Sassière, et de la stèle
Saint-Jacques, au Clou, illustrent ce phénomène.
Au cours de leurs avancées et de leurs reculs,
les glaciers ont laissé des formes remar-
Verrou glaciaire des Mollettes, à l’aval du plan de la Sassière
12 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Présentation
PNV - Christian Balais
Aujourd’hui, d’autres forces continuent
d’agir sous l’effet de la pente et de l’altitude :
les contrastes thermiques, les avalanches et
l’érosion torrentielle. L’histoire de SainteFoy-Tarentaise est ponctuée de phénomènes
spectaculaires et tragiques comme l’éboulement de la Molluire (ou dit du Bec Rouge)
en 1877, les glissements successifs du
versant du chef-lieu à la fin du XIXe siècle et
au début du XXe siècle, et les laves
torrentielles du nant Saint-Claude en 1882.
Gneiss oeillé et lichen - Tête du Charvet
L’habitat
PNV - Christian Balais
L’ensemble de l’habitat s’étage depuis les
rives de l’Isère à 890 m d’altitude (hameau
de Viclaire) jusqu’à 2 300 m (chalets des
Balmes). Les habitations sont regroupées en
de nombreux petits hameaux ou villages.
Parmi ces derniers, les hameaux d’habitation permanente ont été organisés en trois
ensembles principaux, dénommés “quartiers” ou “tiers”. Le “Quartier des Villes”
rassemble Viclaire, le Champet, le Miroir et
la Masure. Le “Tiers du milieu”, situé entre
la forêt du Grand Follié et le Grand Bois, sur
une pente presque régulière, rassemble la
plus grande densité de hameaux. C’est dans
cette unité que se trouve le chef-lieu, à
1 051 m d’altitude, ainsi que la stationvillage de Bonconseil. Enfin le “Tiers sur le
Bois” rassemble, entre autres, les hameaux
de la Thuile, de la Combaz, de Chenal et du
Châtelard. Une partie de ces hameaux a
perdu sa fonction d’habitat permanent.
Chef-lieu
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 13
PNV - Christian Balais
Présentation
Hameau de Pierre Giret
construite à partir de quatre hameaux
(Bonconseil d’en haut et d’en bas, les
Maisonnettes, la Guerse et la Bataillette),
- de hameaux ou chalets d’alpage habités en
été seulement : le Crot, les Fontaines, Plan
du Pré, le Fenil, la Savonne, Pierre Giret, la
Motte, l’Échaillon, Nantcruet, les Balmes,
Chenal, le Monal, etc.
- d’hébergements pour les randonneurs : les
refuges du Ruitor, de l’Archeboc, du
Monal et le gîte d’étape de Chenal.
PNV - Christophe Gotti
Dans le mode de vie passé, basé sur l’élevage
laitier et le pastoralisme, ces ensembles
étaient prolongés par des hameaux de
“remue”, situés dans les vallons d’altitude,
et habités au cours de la saison d’estive.
Autour du chef-lieu, l’habitat santaférain se
compose :
- de hameaux : la Masure, le Miroir, le
Planay, la Thuile, Viclaire, le Baptieu, le
Villard, Raffort, Montalbert, etc.
- d’une station de ski : appelée Sainte-Foy
station, ou encore station de Bonconseil,
Refuge privé de l’Archeboc - La Motte
14 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Suite
Nombre d’habitants
à l’explosion démographique que
connaît la Savoie au début du XIXe siècle, la
population de Sainte-Foy-Tarentaise atteint
son maximum vers 1850 avec environ 1 575
habitants. Après le rattachement de la
Savoie à la France, ce mouvement s’inverse
pendant près d’un siècle, pour chuter au
seuil de 593 habitants en 1975, soit une
diminution d’environ 60 %. Jusqu’au milieu
du XXe siècle, cette baisse spectaculaire est
ponctuée par quelques phases de relative
stabilité et par quelques phases de
“sursauts” liées à la présence d’ouvriers
travaillant sur différents chantiers, à la fin
du XIXe siècle et jusqu’au milieu du
XXe siècle :
- chantiers routiers,
- chantiers de génie civil (barrages sur le
nant Saint-Claude et drains dans le secteur
du Planay),
- chantiers d’aménagements hydroélectriques, comme le chantier du barrage de
Tignes de 1946 à 1952.
Le mouvement de déclin s’interrompt à la
fin du XXe siècle : une nouvelle remontée de
la population permet de retrouver
815 habitants au recensement de 2005. Ce
mouvement est lié au développement du
tourisme hivernal.
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 15
Présentation
La population
Présentation
Dimension économique
Commune à vocation agricole et aux terroirs très personnalisés, Sainte-Foy-Tarentaise s’est
avant tout développée avec l’élevage de vaches laitières. Comme elle partage la moitié de ses
limites avec l’Italie, les habitants ont également, depuis longtemps, entretenu d’importants
rapports humains et commerciaux avec les villages italiens du Valgrisenche, situés de l’autre
côté des cols du Mont et du Rocher Blanc.
Sainte-Foy a vu son identité se modifier avec le développement du tourisme hivernal en
haute Tarentaise. L’essentiel de son économie est désormais lié à cette nouvelle activité et aux
revenus engendrés par l’exploitation hydroélectrique d’EDF.
L’agriculture
À l’image de la Savoie, l’agriculture est une
activité qui a subi une profonde mutation au
cours de la seconde moitié du XIXe siècle,
avec une diminution du nombre d’exploitations, une augmentation de la surface par
exploitation et une modification du type
d’élevage.
En 2000, la surface agricole utilisée sur la
commune était de 724 ha. Cette partie hors
alpage est constituée de prairies naturelles
fauchées et/ou pâturées qui se situent
généralement en-dessous de 2 000 m d’altitude. Après avoir diminué depuis la seconde
moitié du XXe siècle, cette surface est à
nouveau en augmentation depuis les années
1990.
Le territoire communal présente cinq grands
secteurs d’alpage localisés entre 1 600 et
2 800 m d’altitude et couvrant une surface
de 3 750 ha (lire la fiche-milieu n°8, paragraphe “Usages, intérêts économiques et
représentations” p.122). Chacun de ces
secteurs est divisé en une à trois unités
d’alpage. Neuf exploitations pratiquent
l’inalpage*. L’alpage des Monts, dans le
vallon du Clou, et l’alpage de la Becqua –
Nant Cruet, dans le vallon du nant Cruet
sont chacun gérés par un groupement
pastoral.
PNV - Stéphane Mélé
En 2006, Sainte-Foy-Tarentaise compte
15 exploitations d’élevage, correspondant à
une diminution d’environ un tiers depuis
2000 (23 exploitations) et d’environ 80 %
en 25 ans. Certains chefs d’exploitation
pratiquent une double activité (travail en
station de ski).
Une grande partie de ces exploitations
agricoles est de petite taille (moins de
15 bovins, ou moins de 50 ovins, et moins
de 5 ha).
Vache tarine portant une clarine sculptée
16 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Sainte-Foy reste traditionnellement orientée
vers l’élevage de vaches laitières, mais
accueille depuis peu plusieurs exploitations
qui se spécialisent dans l’élevage ovin,
lesquelles totalisent environ 550 moutons.
Sommaire
PNV - Christophe Gotti
Troupeau de brebis vers l’Échaillon
PNV - Stéphane Mélé
Cet effectif est complété par quelques
troupeaux transhumants, totalisant environ
700 moutons qui passent l’été sur les alpages
de la commune.
Les brebis montent en alpage au cours du
mois de juin. Si certains troupeaux, gérés
par des exploitations qui n’ont pas une
vocation économique forte, ne bénéficient
d'aucun parcage ni gardiennage, d’autres
sont gardés par un berger et ses chiens le
jour, et parqués la nuit. Les agneaux sont
vendus aux niveaux local et régional.
En 2006, la commune comptait 175 vaches
laitières et 123 génisses, réparties en
7 troupeaux. Deux troupeaux transhumants, originaires de la Drôme et de la
vallée de Tarentaise (commune de Mont-
Sainte-Foy-Tarentaise se trouve dans la zone
d'appellation d’origine contrôlée, A.O.C.,
beaufort. La plus grande partie du lait est
collectée toute l’année par la coopérative
laitière de Bourg-Saint-Maurice et une
société de production fromagère à EssertsBlay, où il est transformé en beaufort et
tomme. La production annuelle de fromage
de vache est d’au moins 80 tonnes. Dans le
secteur d’alpage du vallon du Clou, le lait est
transformé sur place par une seule
exploitation en beaufort, tomme fermière
(lait de vache) et persillé de Sainte-Foy (lait
de chèvre). En saison d’alpage, le beaufort
fabriqué sur place peut bénéficier du label
beaufort qualificatif “Chalet d’alpage”, dit
beaufort d’alpage. En été, la découverte de
la fabrication du fromage peut se faire de
manière libre, comme au Monal.
Ces fromages sont vendus localement.
Une partie d’entre eux est distribuée par
quelques grossistes de la région RhôneAlpes pour être vendue dans les stations de
Meules de Beaufort aux chalets d’alpage des Balmes - Vallon du Clou
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 17
Présentation
valezan) s’ajoutent à ces effectifs en été.
Les vaches sont de la race Abondance ou
Tarine. Un cheptel caprin laitier de 90 bêtes
de la race Chamoisé complète les activités
d’élevage de la commune.
PNV - Christian Balais
Quelques apiculteurs amateurs produisent
encore du miel. Les ruches sont installées en
divers endroits de la commune, et déplacées
en altitude en suivant l’évolution de la
floraison. La vente de ce miel toutes fleurs se
fait généralement en direct.
Ruches au hameau du Biolley
Le tourisme
Les
grands espaces offerts par les vallons
d’altitude et la qualité des paysages de
Sainte-Foy-Tarentaise sont le support d’un
tourisme initialement basé sur la découverte
et la randonnée. Les premiers “touristes”
ont exploré les montagnes de Sainte-FoyTarentaise au XIXe siècle, pour y faire, entre
autres, l’ascension des massifs du Ruitor et
de la Grande Sassière.
Le réseau de sentiers est très dense. Il permet
de découvrir l’ensemble de la commune.
Certains d’entre eux font partie de plus
vastes itinéraires : la Via alpina (traversée de
l’arc alpin de la Slovénie à Monaco), la
“haute route glaciaire” (boucle transfrontalière entre le Parc national de la Vanoise et
celui du Grand Paradis), le “tour de haute
Tarentaise-Vanoise” et enfin, le “sentier des
refuges” (reliant le refuge de la Balme, sur la
commune de la Côte-d’Aime, au gîte d’étape
de Chenal). De petits documents, délivrés à
l’office de tourisme, décrivent certains de ces
sentiers et itinéraires. La fréquentation
touristique est la plus forte de la mi-juillet à
la mi-août, pour la saison d’été. Enfin les
vallons d’altitude offrent un cadre idéal
pour la randonnée à ski, une activité
pratiquée depuis longtemps sur Sainte-FoyTarentaise.
Ces activités de plein air et de découverte de
la nature, associées à la connaissance du
patrimoine culturel, constituent un attrait
touristique important de la commune (lire la
liste des activités dans l’encadré page 20).
PNV - Stéphane Mélé
Présentation
ski et dans les régions Rhône-Alpes et Ile-deFrance.
Panneaux d’information sur la “Via alpina” et la “Haute route glaciaire” au col du Mont
18 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Présentation
PNV - Christophe Gotti
Randonnée en raquette sous le refuge de l’Archeboc
PNV - Christian Balais
Ce tourisme d’été est complété dès 1990,
par un tourisme d’hiver basé sur la pratique
du ski de piste. Située à 1 550 m d’altitude,
sur le versant ouest de la pointe de la
Foglietta, la station-village de Sainte-Foy a
pris un plus large essor dans les années
2000.
Le domaine skiable se compose d’environ
40 km de pistes desservies par quatre
télésièges, deux tapis roulants et un télécorde. La station est aussi le point de départ
de quatre itinéraires “raquettes”. Les vacanciers résidents à Sainte-Foy-Tarentaise
fréquentent aussi les stations de ski voisines.
Inversement, la renommée de Sainte-Foy
pour son ski hors-piste attire les nombreux
Traces de raquettes dans la neige
skieurs de ces stations. La fréquentation
touristique est la plus forte au cours de la
période de Noël et des vacances de février,
en saison d’hiver. A cette saison, la
commune peut atteindre plus de 3 500 habitants (comprenant vacanciers et saisonniers).
L’accueil des visiteurs est assuré par un office
de tourisme situé à la station de Bonconseil,
équipé d’une centrale de réservation. Un
“chalet-info”, situé au chef-lieu, est ouvert
uniquement l’été.
En 2007, Sainte-Foy-Tarentaise compte
2 600 lits touristiques, surtout localisés sur
la station de Bonconseil. Ces lits sont
essentiellement répartis au sein de chalets de
un ou plusieurs appartements. Certains
logements sont affectés au personnel
saisonnier. Trois refuges et un gîte d’étape
permettent aux randonneurs de dormir en
altitude.
Des professionnels de la montagne organisent et encadrent différentes activités : en
2006, il s’agit d’une trentaine de moniteurs
de ski, de cinq guides de haute montagne, de
trois accompagnateurs en montagne et
d’une quinzaine de divers professionnels
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 19
proposent des randonnées sur la commune,
notamment sur le secteur du Monal et le
vallon du Crot.
ACTIVITÉS DE DÉCOUVERTE SUR LA COMMUNE
DE SAINTE-FOY-TARENTAISE
Découverte du patrimoine naturel :
- sorties dans le Parc national de la Vanoise ;
- soirées-rencontres “Parc national de la Vanoise” ;
- découverte de la forêt avec un agent de l’Office national des forêts.
Découverte du patrimoine culturel :
- visite guidée du hameau Monal ;
- visite guidée “Villageois de l’envers et de l’endroit” (hameaux de la Masure et du
Miroir) ;
- visite guidée de l’église de Sainte-Foy en été.
Activités sportives d’été :
- randonnée pédestre, VTT, cani-rando ;
- randonnée glaciaire, alpinisme ;
- escalade, via cordata ;
- sports d'eaux vives : canyoning, rafting, pêche, etc. ;
- parapente ;
Et sports d’hiver :
- ski alpin, télémark, snowboard et ski de randonnée ;
- randonnée en raquettes, balade en traîneaux à chiens, véloski.
En haute Tarentaise, la commune de SainteFoy se distingue particulièrement par sa
vaste superficie et ses nombreux vallons où
le milieu naturel a été préservé. La qualité
de l’environnement et du patrimoine bâti
comptent parmi ses atouts majeurs. Pour
l’avenir, l’attention portée à ce patrimoine
exceptionnel et à sa valorisation est l’une
des bases du développement touristique de
Sainte-Foy-Tarentaise.
PNV - Christian Balais
Présentation
(eaux vives, escalade, via cordata, etc.). Par
ailleurs de nombreux accompagnateurs en
montagne, provenant de localités voisines,
Station-village de Sainte-Foy
20 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
De multiples ressources naturelles connues
matériaux de construction, minerais de fer,
d’uranium, etc., ont été autrefois exploitées.
à Sainte-Foy-Tarentaise : combustibles,
HISTOIRE DE PANTANÉON
d’après Elie Excoffier
Aujourd’hui seuls le bois et l’eau font l’objet
d’une exploitation industrielle. L’industrie
hydroélectrique s’est développée au XXe
siècle, dans un contexte de grands aménagements hydroélectriques réalisés sur la
haute Tarentaise (voir le schéma p.22). Elle
se traduit sur la commune par la présence de
24 km de galeries souterraines, d’une
conduite forcée, de plusieurs prises d'eau et
de barrages qui alimentent trois usines, dont
une seule, l’usine de Pierre Giret, est
localisée sur Sainte-Foy-Tarentaise.
Ainsi l’eau de l’Isère est prélevée juste en
aval de sa confluence avec le ruisseau du
Clou, au niveau du barrage de la Raie pour
Enfin, on raconte qu’il y a quelques
années de cela, on pouvait trouver dans le
vallon du Clou des anneaux en métal
scellés dans la roche utilisés pour accéder
au filon et faciliter l’extraction de l’or.
D’anciennes meules utilisées pour
démarrer le processus de séparation du
précieux minerai ont également été vues.
L’ensemble des éléments fabriqués pour
extraire le minerai d’or a disparu. Ils ont
été volés ou enfouis sous les moraines.
De même, à l’Arbèche, les moules utilisés
pour frapper les pièces d’or, ainsi que des
pièces d’or dans un sac en cuir, auraient
été aussi découverts à une époque
contemporaine.
Aujourd’hui si l’histoire de Pantanéon,
transmise de mémoire d’hommes, est
parfois interprétée comme une légende,
elle reste néanmoins construite à partir de
faits réels.
PNV - Christian Balais
Un peu avant 1850, un habitant de SainteFoy, Pantanéon, aurait trouvé un filon
d’or dans le vallon du Clou. Il exploitait
ce filon, portant le minerai au hameau de
l’Arbèche, où il frappait des pièces d’or.
Pantanéon put s’enrichir ainsi, mais il fut
dénoncé aux autorités, puis condamné
aux travaux forcés à perpétuité comme
faux-monnayeur par Turin en 1848 (la
région était alors Duché de Savoie sous
régime Piémontais). Cependant, il n’aurait
jamais révélé l’emplacement de son filon.
Par la suite, le roi Victor-Emmanuel aurait
fait entreprendre des recherches ne
donnant aucun résultat.
Plus tard, lors de la réalisation de la
galerie du Clou, de l’or aurait été trouvé
par les ouvriers du chantier. Par ailleurs,
de l’autre côté de la frontière, et dans le
même secteur, des témoignages évoquent
aussi une découverte d’or.
Usine hydroélectrique de Pierre Giret
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 21
Présentation
L’industrie
Présentation
Prise d’eau
de la raie
Prise d’eau
des Brévières
Prises
d’eau des
Balmettes et
du Nantcruet
Prise
d’eau
du Saut
Barrage de Tignes
retenue du Chevril
alimenter l’usine de Viclaire. Le ruisseau du
Clou, le torrent du nant Cruet et le ruisseau
des Balmettes sont détournés dans une
galerie de plus de 7 km, appelée “galerie
souterraine des Clou Nant Cruet”. Ces eaux
22 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Usine
du
Saut
permettent d’actionner l’usine du Chevril
(commune de Tignes), située sur le lac de
barrage du même nom, et par la même
occasion d’alimenter en partie cette
immense retenue d’eau.
Présentation
PNV - Christian Balais
Enfin le torrent de la Sassière est détourné
par une conduite forcée pour actionner
l’usine de Pierre Giret construite sur ce
même torrent. Les eaux de ce torrent et de
celui de Mercuel sont également transférées
dans le barrage de Roselend, situé dans le
Beaufortain.
PNV - Christian Balais
Sortie de la galerie souterraine des Clou nant Cruet dans
le vallon du Clou : eau chargée en oxyde de fer
Barrage sur l’Isère à Covier
Autres
L’activité
économique de la commune est
complétée par un certain nombre d’entreprises commerciales ou artisanales. Il s’agit
de plusieurs restaurants et commerces
d’alimentation, de garages et de nombreuses
activités artisanales liées au bâtiment :
menuiseries, charpenteries, scieries, miroiteries, entreprises d’électricité, de peinture
en bâtiment, d’entretien d’espaces verts, de
maçonnerie, terrassement, etc.
L’exploitation forestière tient également une
place dans les ressources économiques de
Sainte-Foy-Tarentaise.
La commune dispose d’une école primaire
(maternelle et élémentaire), avec sa restauration scolaire et sa garderie, et d’une salle
polyvalente.
L’activité saisonnière est très marquée : un
tiers des habitants travaille dans la commune. La majorité des autres personnes
travaille dans les localités voisines : Tignes,
Val d’Isère et Bourg-Saint-Maurice.
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 23
Sommaire
Présentation
Paysages de Sainte-Foy-Tarentaise
PNV - Christian Balais
Présentation photographique
des grands types de milieux
Versant de Sainte-Foy avec les villages du Miroir et de La Masure
24 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Présentation
Le Monal et la Legettaz en arrière-plan
PNV - Stéphane Mélé
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 25
PNV - Christian Balais
Présentation
Vue vers le lac Longet, les Oeillasses, le Grand et le Petit Assaly
26 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Présentation
PNV - Stéphane Mélé
Vallon de Mercuel
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 27
PNV - Christian Balais
Présentation
Vallon du nant Cruet avec en premier plan les hameaux du Fenil et Nancruet
28 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Diversité de la flore
Il n’existe pas d’inventaire exhaustif de la flore de Sainte-Foy-Tarentaise mais, à l’échelle du
massif de la Vanoise et pour une altitude supérieure à 1 500 m, les scientifiques ont pu
évaluer la diversité spécifique à environ 1 000 espèces différentes de fougères et de plantes à
fleurs et près de 200 espèces de mousses. Cette évaluation donne un ordre de grandeur de la
richesse floristique potentielle sur le territoire de cette commune.
Parmi ces nombreuses espèces, certaines présentent un intérêt particulier, qu’il soit lié à leur
rareté, à leur usage (médicinal, culinaire, fourrager, etc.), à leur beauté ou à leur caractère
symbolique.
Lichens et champignons
bien connaître la flore à forte valeur
patrimoniale de la commune et d’établir les
statistiques suivantes :
On dénombre actuellement à Sainte-FoyTarentaise 23 espèces de plantes protégées
(voir les espèces notées en gras dans la liste
des plantes d’intérêt patrimonial p.203).
Huit d’entre elles présentent un intérêt
majeur du fait de leur grande rareté en
France (cobrésie simple, laîche à petites
arêtes, laîche maritime, laîche rougenoirâtre, pédiculaire tronquée, primevère du
Piémont, saule de Suisse et tofieldie boréale).
Elles sont de ce fait considérées comme des
espèces “prioritaires”, en termes de protection, par les botanistes. A ce titre, elles
sont inscrites au Livre rouge national de la
flore française (lire l’annexe “Liste des
plantes d’intérêt patrimonial” p.203).
En
Vanoise, la flore mycologique a fait
l’objet d’inventaires et d’études approfondies depuis une trentaine d’années. Ce
sont plus particulièrement les champignons
à lames qui ont fait l’objet de ces études. On
a actuellement recensé plus de 400 espèces
différentes de champignons en Vanoise.
Certaines espèces de champignons sont très
spécialisées et subissent les mêmes évolutions que les milieux rares qui les abritent.
Association entre un champignon et une
algue, les lichens colonisent des milieux très
variés. On les trouve sur les vieux murs, les
lauzes des toits, les falaises et les rochers, sur
les troncs de conifères, sur les mousses et à
même la terre. Les études réalisées entre
1972 et 1990 ont permis de recenser plus de
460 espèces différentes de lichens en
Vanoise.
Plantes rares et menacées
l’on ne dispose pas aujourd’hui
d’inventaire exhaustif de la flore, il existe, en
revanche, un important travail de recensement des espèces protégées ou rares,
effectué par les gardes-moniteurs du Parc
national de la Vanoise. Celui-ci permet de
PNV - Christian Balais
S’il
Cobrésie simple au marais du Plan
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 29
Présentation
Sommaire
PNV - Christian Balais
PNV - Maurice Mollard
Présentation
Laîche rouge-noirâtre
Sainte-Foy-Tarentaise compte :
- un peu plus de 22 % des espèces protégées
présentes dans le Parc national de la
Vanoise, soit environ une espèce sur cinq.
- un peu plus de 22 % des espèces
“prioritaires” du Livre rouge national
présentes dans le Parc.
PNV - Christian Balais
Parmi les espèces à forte valeur biologique,
on recense sur Sainte-Foy-Tarentaise :
- la cobrésie simple, une espèce protégée,
présente en France dans les Pyrénées
Atlantiques, les Hautes-Pyrénées et en
Savoie, où elle n’est connue que dans le
massif de la Vanoise (lire la fiche-espèce
n°1) ;
- la laîche maritime, une espèce très rare et
protégée en Rhône-Alpes, présente en
France dans les Hautes-Alpes et en Savoie
(lire la fiche-espèce n°1) ;
Laîche maritime
30 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Gentiane utriculeuse
- la laîche rouge-noirâtre, une espèce
protégée et très rare, connue en France
dans l’Ariège, les Hautes-Alpes et en
Savoie (lire la fiche-espèce n°1) ; ces deux
dernières espèces ne sont connues que dans
une dizaine de communes du massif de la
Vanoise ;
- le trichophore nain, une espèce rare et
protégée, connue en France uniquement en
Savoie, dans les Hautes-Alpes, les Alpesde-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes.
En Savoie, il fréquente les hautes vallées de
Tarentaise et de Maurienne (lire la ficheespèce n°1) ;
- la laîche à petites arêtes, espèce protégée
rare, connue en France uniquement en
Savoie, dans les Hautes-Alpes, les Alpesde-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes
(lire la fiche-espèce n°1) ;
- la coincye de Richer, une espèce rare et
remarquable en Savoie, connue à Bramans,
Sainte-Foy- Tarentaise et Valloire ;
- la gentiane utriculeuse, une espèce rare et
protégée, présente en France uniquement
en Savoie, dans le massif de la Vanoise
(après avoir disparu des départements de
la Haute-Savoie, du Bas-Rhin et du HautRhin) ;
- l’orchis nain des Alpes, une espèce
protégée en Rhône-Alpes, connue en
PNV - Christian Balais
Saxifrage fausse mousse
Savoie dans une vingtaine de communes
dans les massifs du Beaufortain et de la
Vanoise (lire la fiche-espèce n°2) ;
- l’orpin velu, une espèce protégée en
Rhône-Alpes, très rare en Savoie, connue
uniquement sur deux communes :
Bonneval-sur-Arc et Sainte-Foy-Tarentaise ;
- la pédiculaire tronquée, une espèce très
rare et protégée, endémique* des Alpes, et
dont l’aire de répartition est très réduite en
Sensibilité floristique du territoire communal de Sainte-Foy-Tarentaise
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 31
Présentation
France. Présente uniquement en Savoie,
cette pédiculaire est connue sur seulement
quelques communes du Beaufortain et de
la Tarentaise (lire la fiche-espèce n°4) ;
- le saule de Suisse, une espèce protégée,
endémique* des Alpes et de l’ouest des
Carpates, se trouve en France en limite
occidentale de son aire de répartition. Il est
présent en Haute-Savoie, Savoie, Isère et
Hautes-Alpes. En Savoie, il est connu en
Tarentaise et en Maurienne (lire la ficheespèce n°5) ;
- la saxifrage fausse mousse, une plante
endémique* des Alpes, rare et protégée,
très localisée, présente en France, uniquement en Savoie, Haute-Savoie et HautesAlpes ;
- la tofieldie boréale, une espèce protégée
très rare et menacée, présente en France
uniquement en Savoie et dans les HautesAlpes où elle est en forte régression ;
Présentation
- la cortuse de Matthiole, espèce protégée
qui, en France, n’est présente qu’en Savoie,
où elle se trouve en limite occidentale.
Dans ce département elle occupe quelques
stations, principalement en haute Tarentaise.
Les mailles blanches sont des mailles qui
n’ont pas encore été prospectées, ou bien
dans lesquelles aucune espèce “rare ou
protégée” n’a encore été observée.
Le Parc national de la Vanoise travaille sur
l’inventaire d’un peu plus de 200 espèces
pour la période 2003-2009. Parmi ces 200
espèces, 43 sont actuellement recensées sur
la commune de Sainte-Foy-Tarentaise (voir
la liste des plantes d’intérêt patrimonial
p.203).
La répartition par type d’habitat* de ces
plantes prioritaires pour le Parc national de
la Vanoise met en évidence l’intérêt
floristique relatif des grands types de
milieux (une espèce pouvant pousser dans
plusieurs habitats* différents) :
- milieux humides et aquatiques (14 espèces)
- forêts et aulnaies (6 espèces)
- landes (6 espèces)
- pelouses (9 espèces)
- éboulis et rochers (14 espèces).
Commentaire :
L’intérêt floristique d’un territoire dépend
du nombre d’espèces végétales connues et de
la valeur patrimoniale de chacune de ces
espèces.
Un certain nombre d’espèces végétales fait
l’objet d’un inventaire systématique par les
gardes-moniteurs du Parc national. Leur
valeur patrimoniale est estimée en tenant
compte, notamment :
- de l’aire globale de distribution,
- de l’importance des populations recensées
en Vanoise par rapport à l’ensemble des
populations connues en France, dans le
monde,
- des menaces pesant sur l’espèce et son
milieu de vie.
Plantes symboliques
Ainsi, plus le nombre d’espèces recensées est
important, et plus leur valeur patrimoniale
est élevée, plus l’intérêt floristique d’un
territoire est important.
Le
patrimoine floristique de Sainte-FoyTarentaise englobe aussi toutes les plantes
“chères” aux habitants ou aux touristes qui
fréquentent la commune, pour leur beauté et
aussi parce qu’elles symbolisent la flore de
montagne, telles :
- le lis martagon et le lis orangé,
- l’edelweiss,
- l’ancolie des Alpes,
- les différentes espèces de gentianes bleues.
PNV - Christian Balais
PNV - Christian Balais
En complément de l’évaluation de l’intérêt
floristique, l’observation dans une maille
d’au moins une plante inscrite sur les listes
nationales ou régionales d’espèces végétales
protégées est indiquée par un symbole (rond
orange).
Ancolie des Alpes
32 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Gentiane à feuilles orbiculaires
(prairies de fauche et alpages). Par ailleurs,
le pastoralisme est l’usage qui a le plus
d’influence sur la végétation : en dessous
d’une certaine altitude, le pâturage contrôle
la dynamique naturelle des prés qui, en son
absence, évolueraient vers la lande, puis la
forêt (lire la fiche-milieu n°8, le paragraphe
“Evolution et transformation du milieu”
p.123)
Plantes utilisées par l’homme
végétaux chlorophylliens revêtent une
importance capitale pour les hommes
comme pour la faune sauvage et domestique. Ils sont à la base des chaînes alimentaires*.
Le premier usage est pastoral : consommation par les troupeaux domestiques, frais
ou sous forme de foin.
L’homme a longtemps prélevé les plantes
dans la nature, pour se nourrir, se soigner,
pour des utilisations pratiques : cordage,
coloration de tissus, parfum, construction
en bois, sculpture sur bois, boissons, etc.
La cueillette de certaines plantes à des fins
alimentaires, médicinales, décoratives, fait
partie des usages qui, s’ils ne sont pas
régulés, peuvent avoir un impact fort sur
les populations de ces espèces et menacer la
pérennité même de ces pratiques.
PNV - Michel Bouche
Les
Silène enflé en fruit
Les plantes à usage alimentaire
Un mélange de feuilles d’ortie dioïque, de
chénopode bon-henri, ou épinard sauvage,
de silène enflé, de rumex oseille, de renouée
bistorte et de pissenlit officinal permettait de
préparer une soupe.
Les feuilles de renouée bistorte étaient également consommées en salade.
Les racines de trisète distique étaient
utilisées comme passoire pour filtrer le lait,
comme au Mayen.
Les plantes à usage pastoral
PNV - Christian Balais
PNV - Christian Balais
L’utilisation des plantes à des fins pastorales
constitue sans doute l’usage actuel le plus
important d’un point de vue économique et
culturel à Sainte-Foy-Tarentaise. Celui-ci
concerne de vastes surfaces sur la commune
Renouée bistorte
Pissenlit officinal
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 33
Présentation
Certaines d’entre elles sont aussi protégées
comme l’ancolie des Alpes et la gentiane
utriculeuse.
Ces espèces symboliques participent à
l’attrait des paysages, et méritent toutes
d’être admirées et respectées.
cueillir les feuilles d’herbes sauvages : ortie, chénopode bon-henri, silène enflé, rumex
oseille, renouée bistorte et pissenlit,
bien les laver et les hacher grossièrement,
les faire fondre dans du beurre à feu doux pendant quelques minutes,
ajouter de l’eau bouillante, des pommes de terre en gros dés et saler,
après la cuisson, mixer et ajouter de la crème.
! Cette soupe est à faire au printemps lorsque les feuilles sont tendres et n’ont pas un
goût trop fort.
Pour soulager les refroidissements et les
rhumatismes, la reine des prés se consommait également en infusion dès le XIXe
siècle. Cette boisson, fort appréciée, avait
aussi un effet désaltérant. Son autre nom, la
fausse spirée, a donné le nom “aspirine”. La
reine des prés contient en effet des
substances proches de cette substance
chimique.
Pour lutter contre les maux de gorge et la
toux, les fleurs de tussilage pas d’âne et de
pensée éperonnée, ainsi que les feuilles de
bourrache officinale étaient préparées en
infusion.
L’euphraise officinale était utilisée en
décoction pour nettoyer les yeux et calmer
les conjonctivites.
Pour ses qualités antiseptiques, le thym
serpolet était appliqué en cataplasme sur les
plaies ou absorbé en infusion.
Pour soigner les maux du foie, l’asplénium
septentrional, ou doradille nordique, était
absorbé infusé dans de l’eau.
PNV - Louis Bantin
Reine des prés
Les plantes à usage médicinal
Parmi les plantes qui renferment un ou plusieurs principes actifs capables de prévenir,
soulager ou guérir des maladies, les santaférains utilisaient notamment les espèces cidessous.
Pour résorber les hématomes et autres
traumatismes sans plaie, les fleurs d’arnica
des montagnes, aux propriétés anti-inflammatoires, étaient utilisées après macération,
pour donner de la teinture d’arnica.
Pour atténuer les courbatures des personnes
travaillant aux champs, le millepertuis
perforé était recherché pour ses propriétés
antalgiques et balsamiques. Il était absorbé
en infusion appelée “thé des montagnes”, à
laquelle était ajouté un peu de vin rouge.
34 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Présentation
SOUPE AUX HERBES SAUVAGES
Asplénium septentrional
Présentation
PNV - Christian Balais
Les baies de genévrier commun étaient
incorporées aux terrines pour les rendre plus
digestes. Pour leurs qualités antiseptiques,
les rameaux de cet arbuste étaient brûlés
dégageant une fumée désodorisante. Cette
pratique se faisait notamment dans les
étables lorsque les vaches vêlaient, ou, par
ailleurs, pour fumer les jambons.
Enfin les aiguilles du genévrier étaient
utilisées en usage externe pour soulager les
rhumatismes.
De nombreuses autres plantes étaient
connues et utilisées pour leurs propriétés
médicinales.
Rameaux et fruits de genévrier commun
Les plantes d'intérêt culturel
et touristique
Il existe depuis quelques années à SainteFoy-Tarentaise, et plus généralement en
Vanoise, une valorisation culturelle et
touristique de la flore locale. La commune,
les professionnels du tourisme, le Parc
national de la Vanoise et l’Office national
des forêts proposent de découvrir cette flore
grâce à plusieurs formules, telles que
l’encadrement de sorties couplant la randonnée à l’observation.
Les plantes à autres usages
PNV - Christian Balais
L’aulne vert, appelé aussi “arcosse”, était
brûlé pour cuisiner, fabriquer le fromage et
chauffer les chalets d’alpage. Le bois
d’érable sycomore et le bois de frêne
servaient à fabriquer divers objets : pour
l’érable, des cuillères, des pochons (grande
cuillère plate pour recueillir la crème du
lait), et des semelles de galoches (appelées
“sepons” en patois) ; pour le frêne, des
manches d’outils et des dents de râteaux à
faner. Cet arbre est à l’origine du nom du
hameau le Franier.
Le noyer est utilisé en ébénisterie, notamment pour la fabrication de portes sculptées.
Cette essence montait autrefois jusqu’au
Miroir à 1 250 m d’altitude.
Vérâtre blanc dans le vallon de Mercuel
Il existe aussi des plantes dont les hommes et
le bétail ont appris à se méfier, comme
l’aconit tue-loup, les digitales à grandes
fleurs et jaune, toutes les deux présentes près
du parking de l’Echaillon, et le vérâtre
blanc. Ce dernier peut être facilement
confondu avec la gentiane jaune mais dont
les feuilles sont alternes alors que la gentiane
jaune a des feuilles opposées. Le lichen des
loups, qui se développe sur les troncs des
mélèzes aux environs du Monal, ainsi que le
genévrier sabine (lire la fiche-espèce n°3)
complètent la liste de plantes toxiques que
l’on peut rencontrer à Sainte-FoyTarentaise.
PNV - Christophe Gotti
Les végétaux toxiques
Érable sycomore
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 35
Sommaire
Présentation
Diversité de la faune
Tout comme pour la flore, l’inventaire exhaustif de la faune de Sainte-Foy-Tarentaise, et en
particulier des invertébrés, est un travail de longue haleine. Toutefois, un important travail
de recueil de données par les gardes-moniteurs du Parc et d'autres experts permet de bien
connaître quelques groupes tels que les vertébrés et les papillons diurnes.
Ainsi, 162 espèces différentes de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et
poissons) ont été dénombrées sur la commune.
Outre les animaux à large répartition, la faune de Sainte-Foy-Tarentaise se compose d’espèces
typiques des montagnes, adaptées à des conditions de vie difficiles (froid, pente et vent).
Faune vertébrée
la musaraigne carrelet, le renard, le blaireau,
la fouine, l’écureuil, le lièvre brun, le
sanglier, le cerf, le chevreuil, sont aussi
présentes.
Parmi
la faune vertébrée, certains
“groupes” font (ou ont fait) l’objet d'études
et de suivis plus précis ; c'est le cas par
exemple des galliformes de montagne
(tétras-lyre, lagopède alpin), des rapaces et
du bouquetin. Les données qui en résultent
sont centralisées dans des bases de données
au Parc national de la Vanoise.
Les oiseaux
Sainte-Foy-Tarentaise compte au moins
91 espèces différentes d’oiseaux nicheurs sur
les 123 présentes en Vanoise. Vingt-cinq
autres espèces d’oiseaux sont observées au
passage, régulièrement ou exceptionnellement.
Citons :
- parmi les espèces nicheuses propres aux
milieux alpestres : l’aigle royal, la gélinotte
des bois, le lagopède alpin, le tétras-lyre, la
perdrix bartavelle, la nyctale ou chouette
de Tengmalm, le pipit spioncelle, l’accen-
Les mammifères
PNV - sn
PNV - Sandrine Lemmet
Parmi les 32 espèces connues sur la
commune, évoluent des espèces typiques du
milieu alpestre comme la marmotte alpine,
le campagnol des neiges, le lièvre variable, le
bouquetin des Alpes, le chamois. Des espèces
à répartition nationale plus large, telles que
Blaireau d’Europe
36 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Chevreuil
Présentation
PNV - Alexandre Garnier
PNV - Alexandre Garnier
teur alpin, le cassenoix moucheté, le
chocard à bec jaune, le crave à bec rouge,
la niverolle, le sizerin flammé ;
- parmi les espèces plus communes et plus
discrètes à la fois, mais nichant également
à Sainte-Foy, différents passereaux : les
fauvettes babillarde, des jardins et à tête
noire, le pouillot de Bonelli, les roitelets
huppés et triple-bandeau, les mésanges :
boréale, huppée, noire, charbonnière, la
bergeronnette grise, le bec-croisé des
sapins, le bouvreuil pivoine, etc.
Chouette de Tengmalm dans sa loge
PNV - Sandrine Lemmet
Perdrix bartavelle
Orvet
Les reptiles
Les amphibiens
Deux espèces ont été trouvées sur les six que
compte la Vanoise : la grenouille rousse
observée jusqu’au moins 2 600 m d’altitude
et le triton alpestre, bien présent sur la
commune.
PNV - Patrick Folliet
PNV - Christophe Gotti
Parmi les 13 espèces de reptiles recensées en
Savoie, six sont répertoriées à Sainte-FoyTarentaise ; quatre espèces de lézards :
lézards vivipare, vert, des murailles, et
l’orvet et deux espèces de serpents : la vipère
aspic et la coronelle lisse.
Mésange noire avec un insecte dans le bec - Bonconseil
Grenouille rousse
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 37
Présentation
Les poissons
machaon et le grand nacré. Quatre d’entre
elles sont protégées : le grand et le petit
apollon, le solitaire, et l’azurée du serpolet.
Six espèces se trouvent dans les lacs et les
cours d’eau de Sainte-Foy-Tarentaise : le
chabot, le vairon, la truite de rivière ou
truite fario, la truite arc-en-ciel, le cristivomer et l’omble de fontaine. La truite fario
est la seule espèce de salmonidés naturellement présente dans la commune, les trois
autres ont été introduites.
Quelques données sur les orthoptères
(l’ordre des insectes qui regroupent les
criquets, grillons et sauterelles), sont
également disponibles : ainsi, sur les
54 espèces connues dans l’espace-Parc,
21 ont été inventoriées (de manière incomplète) à Sainte-Foy-Tarentaise, telles que le
criquet des pâtures, la decticelle des
bruyères, la miramelle alpestre, l’œdipode
rouge, la sauterelle cymbalière, etc.
Faune invertébrée
Parmi la faune invertébrée de la commune,
la classe des insectes est celle qui bénéficie
des meilleures connaissances (ou des inventaires les plus avancés).
Trente-deux espèces d’odonates (l’ordre des
insectes regroupant les libellules et les
demoiselles) ont été recensées à ce jour dans
le Parc. Sur la commune de Sainte-FoyTarentaise, quatre espèces d’odonates ont
déjà été observées : l’aeschne des joncs, la
cordulie des Alpes, le sympétrum noir et le
leste dryade.
PNV - Joël Blanchemain
PNV - Joël Blanchemain
Les lépidoptères (ou papillons) représentent
70 espèces différentes connues à ce jour sur
la commune, dont 65 papillons de jour, soit
environ 6 % des espèces connues en Savoie.
Certaines sont spectaculaires comme le
Oedipode rouge
38 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Sympétrum noir
Connaissance, protection et gestion
du patrimoine naturel
Parc national de la Vanoise
Au
cœur de la zone intra-alpine des Alpes
occidentales, le Parc national de la Vanoise
couvre un territoire de près de 200 000 ha.
Près de 53 000 ha sont classés dans le cœur
du Parc, espace soumis à une protection forte,
par une réglementation spécifique. Autour de
cette zone s’étend le périmètre optimal.
Ce premier Parc national français, créé en
juillet 1963, concerne 28 communes des
vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il
forme, en continuité avec le Parc national
italien du Grand Paradis, le plus grand espace
naturel protégé d’Europe occidentale.
Sainte-Foy-Tarentaise est l’une de ces
28 communes. La zone protégée, ou cœur
du Parc, concerne moins de 2 % de la
surface de la commune.
Elle est située sur un versant forestier de la
rive gauche de l’Isère, constituant la seule
zone boisée située dans le cœur du Parc en
Tarentaise. Atteignant le lit de l’Isère, ce
secteur est aussi le plus bas en altitude de
l’ensemble du cœur du Parc (altitude
minimale de 1 203 m).
Les 98 % restants se trouvent dans l’aire
optimale d’adhésion.
Parc national de la Vanoise à Sainte-Foy-Tarentaise
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 39
Présentation
Sommaire
Présentation
LES PARCS NATIONAUX
L’article 1 de la loi n° 2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs
naturels marins et aux parcs naturels régionaux ne fait plus mention des termes “zone
centrale” et “zone périphérique” des parcs nationaux. Elle précise qu’“un parc national”
est composé d’un ou plusieurs cœurs, définis comme les espaces terrestres et maritimes
à protéger ainsi que d’une aire d’adhésion. La zone centrale s’appelle dorénavant “cœur
de parc” et la zone périphérique devient “aire optimale d’adhésion”. Celle-ci deviendra
“aire d’adhésion” à l’issue de la décision des communes à adhérer à la charte du Parc.
Réserve de chasse
intercommunale du Bec Rouge
PNV - Frédéric Fima
La réserve de chasse intercommunale du
Bec Rouge a été créée à l’initiative de
l’Association communale de chasse agréée
de Sainte-Foy-Tarentaise, et approuvée par
le préfet en 1968. Cette création fait suite à
la loi de 1964 qui impose aux associations
communales de chasse de constituer un
dixième de leur territoire en réserve. Situé
sur les communes de Montvalezan et
de Sainte-Foy-Tarentaise, cet espace est
composé, pour l’essentiel, d’une grande
partie du massif du Bec Rouge, depuis la
forêt du Miroir à environ 1 350 m d’altitude, jusqu’au sommet de la pointe de la
Roche Jaille (2573 m). Sur Sainte-FoyTarentaise, la réserve s’étend au sud du Bec
Rouge, sur les versants nord-est de la pointe
de la Foglietta, jusqu’à environ 2 550 m
d’altitude. Elle couvre une surface de
1139 hectares sur Sainte-Foy-Tarentaise et
276 hectares sur la commune de Montvalezan.
Comme toutes les réserves de chasse, son
objectif est la préservation de la faune grâce
à une réglementation spécifique de la chasse.
C’est la préservation du chamois qui a
motivé l’instauration de cette réserve, dans
laquelle il continue d’être tiré selon un plan
de chasse très exigeant. La population de
chamois est suivie grâce à un comptage
effectué par les chasseurs chaque année.
Lac Verdet – Vallon de la Sassière
40 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Les
milieux aquatiques de Sainte-FoyTarentaise bénéficient d’une attention
particulière, notamment à travers la mise en
place d’un réseau de nombreuses réserves de
pêche initiée par l’Association agréée de
pêche et de protection du milieu aquatique
du canton de Bourg-Saint-Maurice. Dix
réserves permanentes ont été instaurées sur
l’Isère et ses affluents à l’aval du Champet,
les lacs Verdet et Longet, situés dans le
vallon de la Sassière, et les étangs du Monal.
Ces réserves sont renouvelées tous les cinq
ans et les plus anciennes datent de 1991. De
même, tous les autres lacs, excepté le lac
Noir du vallon de la Sassière, sont protégés
par une réserve tournante. Certains d’entre
eux sont interdits de pêche pendant 3 ans,
suivi d’une période d’autorisation d’un an.
D’autres, les lacs Verdet, Noir et Blanc
(vallon du Clou), ont une période de
fermeture de sept ans.
L’objectif de ces réserves est, avant tout, la
préservation des poissons qui ont un usage
halieutique. Sur Sainte-Foy les réserves
permanentes ont aussi un objectif de
renforcement de la population de la truite
fario de souche méditerranéenne, et un
objectif de préservation des berges contre le
piétinement.
Zonages ZNIEFF & ZICO
Les
inventaires nationaux des Zones
Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique
et Floristique (ZNIEFF) et des Zones
Importantes pour la Conservation des
Oiseaux (ZICO) sont des inventaires scientifiques. Ils n’ont pas de valeur réglemen-
Délimitation des ZNIEFF de type 1 (2e génération)
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 41
Présentation
Réserves de pêche
Présentation
taire directe mais recensent la présence des
espèces protégées et déterminantes. Ces
inventaires font référence, en matière de
connaissance et d’évaluation du patrimoine
naturel remarquable du territoire national.
Les ZICO concernent plus précisément les
sites d’intérêt majeur qui hébergent des
effectifs importants d’oiseaux sauvages
jugés d’importance communautaire. Les
ZNIEFF répertorient les zones de présence
de milieux naturels rares et d’espèces
animales et végétales patrimoniales ou
protégées. Ces inventaires sont des outils
d’information et de communication destinés
à éclairer le choix des décideurs dans leur
préoccupation de gestion et d’aménagement
du territoire.
Les ZNIEFF
Le premier inventaire, élaboré en 1982 a été
actualisé en 2004. Les zones repérées sont
classées en ZNIEFF de type 1 ou de type 2.
Les ZNIEFF de type 1 correspondent à des
surfaces de taille petite à moyenne. Elles
sont caractérisées par la présence d’espèces,
d’associations* d’espèces ou de milieux
rares ou menacés. Les ZNIEFF de type 2
sont constituées par des grands ensembles
naturels riches et peu modifiés, offrant des
potentialités biologiques importantes. Des
ZNIEFF de type 1 peuvent être reconnues
au sein des ZNIEFF de type 2.
Sur l’ensemble du territoire communal de
Sainte-Foy-Tarentaise, plusieurs ZNIEFF
ont été proposées par les scientifiques et sont
en cours de validation :
Délimitation de la ZICO “Parc de la Vanoise” à Sainte-Foy-Tarentaise
42 - Quelles richesses naturelles sur la commune
ZNIEFF de type 2 :
- Massif de la Vanoise (n°7315)
Les ZICO
Une
partie du territoire de Sainte-FoyTarentaise est incluse dans la ZICO n°RA11
“Parc national de la Vanoise”. Ce zonage
concerne aussi toutes les parties les plus
basses de la commune, jusqu’aux secteurs
aval et fonds des vallons d’altitude. Il reste
globalement en-dessous de 2 500 m, le secteur des Rochers de Pierre d’Arbine correspondant aux altitudes les plus élevées.
L’ensemble de ce territoire a été désigné en
ZICO du fait de son intérêt ornithologique
général, notamment avec la présence remarquable de l’aigle royal, du faucon pèlerin, de
la gélinotte des bois, du tétras-lyre, de la
perdrix bartavelle, du grand-duc d’Europe,
de la chouette de Tengmalm et du crave à
bec rouge.
Inventaire des tourbières
et des zones humides
Une mise à jour des connaissances sur les
tourbières de Rhône-Alpes, au travers
d’inventaires départementaux et régionaux,
a été réalisée entre 1997 et 1999. Coor-
Présentation
PNV - Manuel Bouron
ZNIEFF de type 1 :
- Les forêts du Miroir et du Mousselard
(n°73150029)
- La forêt du Grand Follié (n°73150028)
- La Sassière de Sainte-Foy (n°73150052)
- Le vallon du Clou (n°73150024)
- Le Monal et Grand Bois (n°73150003)
- Les Hauts de Villaroger (n°73150004)
- Rive gauche de l’Isère entre les Brévières et
la Gurraz (n°73150039)
Les deux dernières ZNIEFF ne concernent
qu’en partie le territoire de Sainte-FoyTarentaise et sont situées en rive gauche de
l’Isère.
Le marais du Plan – Vallon du Clou
donné par le Conservatoire Rhône-Alpes
des espaces naturels, ce travail a porté sur les
tourbières d’une superficie de plus d’un
hectare. Une double motivation a présidé au
lancement de cet inventaire : d’une part la
très grande valeur hydrologique, floristique,
faunistique et paléontologique des tourbières, que ce soit au plan national ou au
plan international, d’autre part le déclin très
marqué de ces zones humides sur le
territoire européen depuis un siècle. Cet
inventaire constitue la première étape d’un
plan d’action national visant à préserver ces
milieux.
À Sainte-Foy-Tarentaise, deux sites ont été
retenus dans le cadre de cet inventaire :
- le marais sous le glacier des Balmes
(73TA38),
- le marais du Plan (73TA45).
Ces deux marais appartiennent au site
Natura 2000 “réseau de vallons d’altitude à
Caricion bicolori-atrofuscae” (lire le
paragraphe “Zonage Natura 2000” p.45).
Par ailleurs, le Parc national de la Vanoise a
entrepris un travail global sur les marais et
tourbières du cœur du Parc. Il consiste en
une localisation et une typologie fine des
groupements végétaux des zones humides
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 43
Le Monal est situé à 1 800 m d’altitude sur
un site “en balcon” faisant face au massif du
mont Pourri. Ce village est un hameau de
“remue” typique, appelé montagnette, et
traditionnellement occupé par les habitants
au cours d’une période intermédiaire entre
l’élevage du bétail en vallée, au cours de
l’hiver, et l’activité pastorale dans le vallon
du Clou en été.
Construit sur un replat, au débouché du
vallon du Clou, le Monal est composé de
trois groupes de chalets des XVIIIe et XIXe
siècles autour de la chapelle Saint Clair. La
présence proche de trois étangs, alimentés
par des sources, de l’une des plus belles
forêts de mélèze de la commune et d’une vue
panoramique sur les glaciers du versant est
du mont Pourri, participe à la qualité
paysagère de ce site typique de la civilisation
rurale du XIXe siècle. Son classement, depuis
PNV - Stéphane Mélé
Sites classés et sites inscrits
Panneau indiquant le site classé du Monal
1987, constitue une mesure de protection
paysagère dont l’objectif est avant tout de
maintenir les lieux en l’état.
Aujourd’hui, le hameau du Monal continue
d’être utilisé pour sa fonction première,
l’élevage laitier et la fabrication de fromages. Ces habitations à usage agricole
côtoient un refuge, ainsi que plusieurs
anciens chalets d’alpage transformés en
résidences estivales.
Très fréquenté en été, ce site classé fait
l’objet d’un programme de valorisation en
partenariat avec la commune de Sainte-Foy,
le Conseil général de la Savoie, le Parc
national de la Vanoise et l’Association
PNV - Patrick Folliet
Présentation
d’une surface minimale de 100 m2. Ce
travail qui a été conduit entre 2001 et 2003,
a été étendu depuis 2005 à toute l’aire
optimale d’adhésion.
Le Monal
44 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
PNV - Patrick Folliet
Zonage NATURA 2000
Étang du Monal et le mont Pourri en arrière-plan
agréée de pêche et de protection du milieu
aquatique du canton de Bourg-SaintMaurice.
Plus discrets et plus anciens, deux autres
sites ont été labellisés “sites inscrits” en
1938. Ils correspondent aux gorges de
raccordement qui relient les vallons
Les directives “Habitats*” et “Oiseaux”
sont deux directives européennes dont
l’objectif est de maintenir la diversité
biologique du patrimoine naturel des États
membres. Elles demandent à ces États de
conserver un réseau représentatif et viable
de milieux naturels spécifiques présents sur
le territoire de la Communauté Européenne,
ainsi que les habitats* de certaines espèces
rares de la faune et de la flore sauvages. Les
Délimitation du zonage Natura 2000 à Sainte-Foy-Tarentaise
Quelles richesses naturelles sur la commune ? - 45
Présentation
d’altitude à la vallée de l’Isère. Il s’agit de la
cascade du torrent de Saint-Claude, localisée
à l’aval des hameaux de la Masure et du
Miroir, et de la cascade du nant du Piss,
localisée à l’aval de l’Échaillon. Tous deux
ont un intérêt paysager fort sur la commune.
La commune de Sainte-Foy-Tarentaise est
concernée par deux sites Natura 2000 :
- Le site “Massif de la Vanoise” (site désigné
S43) qui coïncide, sur cette commune, avec
le territoire classé dans le cœur du Parc
national. Ce site recèle un très grand
nombre de milieux naturels et d’espèces
d’intérêt européen, représentatifs des Alpes
du Nord françaises. Le document d’objectifs de ce site d’importance communautaire
a été élaboré à partir des éléments
scientifiques disponibles. Il a été approuvé
par l’État en 1998. Il est complété par un
document d’objectifs opérationnels, dont
l’élaboration est pilotée par le Parc
national de la Vanoise, en étroite collaboration avec les acteurs du territoire.
- Le site “réseau de vallons d’altitude à
Caricion bicolori-atrofuscae” (site désigné
S39) qui, pour la commune de Sainte-FoyTarentaise, concerne la partie supérieure
du vallon du Clou. Cette zone renferme
des milieux humides remarquables, classés
“habitat prioritaire” : les pelouses riveraines arctico-alpines*. Le zonage couvre
ces milieux, accompagnés de leur bassin
versant. Les modalités de gestion de ce site
Natura 2000 seront définies au sein de son
document d’objectifs. Elles porteront en
particulier sur l’alimentation en eau de ces
milieux humides (lire la fiche-espèce n°1).
PNV - Alain Chastin
Présentation
États doivent prendre les mesures permettant d’assurer leur maintien ou leur
rétablissement dans un état de conservation
satisfaisant. Ces mesures doivent prendre en
compte les réalités économiques, sociales ou
culturelles locales. Elles engagent la responsabilité nationale.
Les habitats naturels* et les espèces considérés comme rares ou menacés au niveau de
la Communauté européenne sont désignés
comme étant d’intérêt communautaire. Un
inventaire de ces habitats* et de ces espèces
a été réalisé. Il a permis de définir d’ores et
déjà un certain nombre de Sites d’Importance Communautaire (d’autres sont en
cours de désignation), qui peuvent abriter
plusieurs habitats* ou espèces d’intérêt
communautaire.
À terme, l’ensemble des sites identifiés
comme d’importance communautaire au
titre des directives européennes “Habitats”
et “Oiseaux” constituera, à l’échelle européenne, un réseau cohérent de sites naturels,
appelé “Réseau Natura 2000”.
Formation des agents du parc à la reconnaissance de la flore du Caricion bicolori-atrofuscae
dans le vallon du Clou
46 - Quelles richesses naturelles sur la commune ?
Fiches-milieux
Les milieux naturels,
des lieux de vie
Le paysage végétal se compose de plusieurs grands ensembles (pelouses, landes, forêts, etc.),
appelés ici “milieux”, qui se déclinent notamment selon différents critères écologiques
(climat, nature du substrat, exposition, pente, etc.).
Les milieux les plus représentatifs de Sainte-Foy-Tarentaise font l’objet d’une fiche
descriptive dans cette deuxième partie.
Le choix qui a été fait de décrire le patrimoine naturel à travers chacun des grands types de
milieux qui composent le territoire communal doit permettre au lecteur d’identifier chacun
d’entre eux à partir : d’une part de la définition qui en est faite et d’autre part des espèces
citées. Le dernier paragraphe intitulé “Équilibre entre l’homme et son milieu” éclaire le
lecteur sur les relations (passées ou actuelles) entre l’homme et son milieu, l’évolution qui
s’ensuit et, quand elles existent, les propositions de gestion parfois très simples, qui peuvent
être mises en œuvre pour concilier au mieux la préservation du patrimoine naturel de la
commune et les activités humaines qui influent sur le milieu naturel.
À l’exception des hameaux d’habitation permanente, des prairies de fauche et des forêts
essentiellement localisés dans la vallée de l’Isère, tous les milieux naturels de Sainte-FoyTarentaise se retrouvent dans les différents vallons d’altitude. Chacun de ces vallons est ainsi
composé de cours d’eau, lacs, milieux humides, aulnaies, landes, pelouse, éboulis, falaises et
glaciers, et pour partie, de forêts et prairies de fauche.
PNV - Stéphane Mélé
PNV - Stéphane Mélé
Cette présentation, milieu par milieu, exclut de fait les écotones*, ces zones de transition
entre deux écosystèmes voisins (comme la zone de combat, située entre la limite supérieure
de la forêt et les alpages, ou les lisières forestières). Bien que non traités dans cet ouvrage, ces
espaces présentent une valeur naturaliste remarquable, car ils sont riches d’organismes
appartenant aux deux communautés voisines, ainsi que d’espèces ubiquistes*.
Vallon de la Sassière depuis la moraine
du glacier de l’Invernet
Vallon du Clou.
En arrière plan le mont Pourri
Les milieux naturels, des lieux de vie - 49
Fiche-milieu
Préambule
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°1
Le village, les hameaux
et leurs abords
Chalet d’architecture traditionnelle au Monal
Cette fiche concerne l’habitat humain et ses
dépendances. Cela comprend le bâti, ancien
et moderne (habitations, granges, grangettes
et monuments divers), les terrasses et murets, ainsi que les équipements divers.
La maison de village est massive, son plus
grand volume est occupé par la grange, bien
souvent accessible par l’arrière. L’habitation,
à l’étage, occupait une place de choix :
au-dessous, la chaleur des bêtes à l’étable ;
au-dessus, le foin de la grange qui formait
un véritable matelas isolant. Parfois, à côté
de la maison d’habitation, se trouvait un
grenier, dans lequel chaque famille
entreposait les choses les plus précieuses
(semences de céréales, pois, fèves, salaisons,
costumes, papiers importants…).
50 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Comme toutes les maisons traditionnelles
des villages de haute Tarentaise, le toit est
largement débordant sur les quatre côtés de
la construction et la proportion des matériaux utilisés est de deux tiers de pierre pour
un tiers de bois. Les maisons sont toutes
construites à l’origine avec des matériaux
locaux.
Pour le gros-œuvre, des pierres de schiste, de
quartzite ou de gneiss sont utilisées selon les
lieux. Quelquefois, une énorme pierre en
forme de linteau est posée au-dessus du
linteau de bois d’une porte de grange,
comme par exemple celle d’une maison à
Chenal-dessus. La pierre revient pour
couvrir les toits. Il s’agit alors de lauzes
débitées dans de gros rochers. Enfin, pour
agrémenter les façades et combler les
Sommaire
Fiche-milieu n°1
Maison à colonnes au hameau du Miroir
Ils constituent des endroits fréquentés par
une petite faune sauvage, adaptée à la
présence de l’homme, comme des insectes,
des oiseaux et de petits mammifères.
À proximité de bâtiments d’élevage et
principalement de chalets d’alpage, se
trouvent des milieux particuliers, fortement
enrichis par les déjections animales. Ces
milieux sont colonisés par une végétation
herbacée dense et haute, caractérisée par la
dominance de plantes à larges feuilles.
PNV - Michel Bouche
Les zones d’habitation, depuis le bas de la
commune, jusqu’aux hameaux d’altitude,
incluent des jardins potagers et d’agrément,
plus ou moins abondamment fleuris.
PNV - Dominique Deviers
interstices des murs de pierres sèches, un
mortier à la chaux est confectionné et
recouvre les pierres (lire la fiche-milieu n°9).
Pour la charpente, les linteaux, les portes et
les balcons était utilisé le bois d’épicéa, de
sapin, de mélèze et de noyer (lire la fichemilieu n°5).
La maison à colonnes, modèle d’architecture
typique de la haute Tarentaise, est bien
représentée à Sainte-Foy, avec une douzaine
de maisons réparties en plusieurs endroits de
la commune : le Miroir, le Baptieu, Montalbert, Bonconseil, La Thuile, etc. Excellent
exemple de bâtiment adapté à la pente,
originaire des versants piémontais du côté
italien, cette maison se distingue par ses
colonnes massives qui, tout en supportant
un toit de lauzes débordant sur la façade
principale et sur les côtés, offrent aux
hommes un espace de vie abrité et aéré.
Lorsque la pente est forte, les colonnes
construites au XVIIIe siècle par des maçons,
dont certains seraient originaires des
versants piémontais, peuvent atteindre une
dizaine de mètres de haut.
La Masure : habitations et potagers
Les milieux naturels, des lieux de vie - 51
Fiche-milieu n°1
Flore
Capillaire des murailles
La végétation exubérante des reposoirs à
bestiaux, située à proximité de certains
chalets d’alpage, se compose de plantes
telles que la rhubarbe des moines, le
chénopode bon-henri et l’ortie dioïque. Une
telle végétation s’est développée en plusieurs
endroits du vallon de Mercuel : aux
hameaux du Biolley et des Savonnes,
également sous le refuge de l’Archeboc. Elle
contraste fortement avec la végétation
beaucoup plus modeste des alpages.
PNV - Christian Balais
PNV - Philippe Benoît
plantes trouvent dans ces milieux
investis par l’homme des conditions de vie
particulières auxquelles elles sont adaptées.
Présente classiquement sur les murets en
pierres, la joubarbe des toits est une plante
des montagnes capable de se développer sur
un substrat rocheux (murs, rochers). Cette
plante est adaptée à la sécheresse de son
milieu grâce à des feuilles charnues qui
constituent de véritables réservoirs d’eau.
Quelques espèces de petites fougères
utilisent les substrats rocheux offerts par
l’habitat humain pour se développer. Leur
installation dépend d’une combinaison de
facteurs écologiques (nature de la roche,
exposition) et de la présence de fissures où
elles trouvent un terrain d’ancrage favorable
au lacis de leurs racines. Les plus communes
sont la capillaire des murailles ou capillaire
rouge dont les feuilles sont simplement
ovales, la doradille noire, ou capillaire noire,
et la rue des murailles aux feuilles plus
découpées, avec une forme typique en
éventail pour cette dernière.
Christine Garin
Les
Joubarbe des toits
52 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Cuscute d’Europe parasitant l’ortie à Pierre Giret
Fiche-milieu n°1
PNV - Christophe Gotti
Reposoir à bestiaux dans le vallon de Mercuel
La cuscute d’Europe, appelée aussi grande
cuscute, est une plante grimpante parasite
qui a besoin d’autres plantes pour se
développer. Les saules, le houblon, les orties,
les trèfles et les luzernes lui servent de
“tuteur” et lui fournissent les substances
nutritives. Dépourvue de racines, la cuscute
est, par contre, munie de suçoirs qu’elle
utilise pour absorber l’eau et les éléments
minéraux de sa plante hôte. Ses tiges sont
jaunâtres à rougeâtres et elle forme de
petites fleurs regroupées en forme de
glomérules. À Sainte-Foy-Tarentaise, elle est
présente dans le secteur de Pierre Giret.
Comme son nom l’indique, le moineau
domestique est entièrement lié à la présence
de l’homme et d’habitations. C’est l’espèce
la plus répandue en Europe et en Asie et
même dans d’autres continents. Omnivore,
il se nourrit principalement d’insectes, de
graines mais aussi de bourgeons et de fruits.
Au moins trois mammifères de la famille des
mustélidés fréquentent les villages et les
chalets. Tous se caractérisent par un corps
fuselé et de courtes pattes. Le plus gros et le
plus familier d’entre eux est la fouine. C’est
un animal omnivore qui se nourrit de petits
mammifères et d’oiseaux, et principalement
Faune
être toujours la plus remarquable, la
faune de ces milieux n’en est pas moins fort
intéressante, et certaines espèces sont même
menacées.
Typique des zones rocheuses à végétation
rase, le rougequeue noir, est devenu l’une
des espèces les plus caractéristiques des
zones d’habitations. Il niche à l’abri des
toits, pouvant, le cas échéant, utiliser
d’anciens nids d’hirondelles. Cet oiseau est
très commun aux abords des habitations de
Sainte-Foy-Tarentaise.
PNV - Philippe Benoît
Sans
Jeune de rougequeue noir
Les milieux naturels, des lieux de vie - 53
PNV - Ludovic Imberdis
de fruits en été et en automne. Active la nuit,
la fouine grimpe bien sur les murs, les
rochers et les toits, mais semble moins agile
dans les arbres, contrairement à la martre,
une espèce forestière avec laquelle elle est
très souvent confondue.
Le plus petit de ces mustélidés est la belette.
Avec une longueur d’environ 20 cm et un
poids d’une centaine de grammes, elle est
aussi le plus petit carnivore d’Europe. Elle se
nourrit presqu’exclusivement de rongeurs
qu’elle chasse dans la litière et dans les
habitations, depuis la plaine jusqu’à l’étage
alpin. Son dos est brun roussâtre, son ventre
blanc jaunâtre, et sa queue assez courte. Elle
peut être facilement confondue avec
l’hermine. Cette dernière est cependant un
peu plus grosse, et la limite des couleurs
entre le dos et le ventre est plus nette et
régulière que chez la belette. De plus la
queue de l’hermine, plus longue que celle de
la belette, est toujours terminée par un
pinceau de poils noirs. En dehors de la
PNV - Joël Blanchemain
Deux hermines en pelage d’été
Paon du jour
Équilibre entre l’homme
et son milieu
Usages, intérêts économiques
et représentations
PNV - Joël Blanchemain
Fiche-milieu n°1
pleine forêt, l’hermine est capable de
fréquenter une grande diversité de milieux
jusqu’à près de 3000 m d’altitude. Tout
comme le lagopède alpin et le lièvre variable,
elle devient blanche en hiver, excepté
l’extrémité de sa queue qui reste noire toute
l’année.
Le lérot investit aussi volontiers les
constructions humaines, telles que les
celliers et les chalets d’alpage bien que son
habitat naturel reste lié aux arbres. Ce petit
mammifère se caractérise par de grandes
oreilles, par un bandeau noir en lunettes sur
les yeux et par une queue velue se terminant
par un plumet de longs poils noirs et blancs.
Lorsqu’ils sont suffisamment accueillants
(diversité de fleurs et d’arbustes, origine
locale des plantes, bon ensoleillement, vent
faible, etc.), les jardins sont pour plusieurs
papillons un milieu riche en ressources
nécessaires à leur développement. Le gazé,
la grande tortue, le grand nacré, le machaon,
l’aurore, le paon du jour sont parmi les
“usagers” de ces milieux, de leurs fleurs et
de leurs fruits.
Gazé
54 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Le village, lieu de vie pour les hommes, fait
aussi l’objet d’une cohabitation directe avec
certaines espèces animales et végétales
anthropophiles. La nature se mêle aux
constructions humaines et l’ambiance des
villages ne serait plus la même si elle venait
à disparaître.
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
PNV - Christian Balais
Les groupements bâtis traditionnels
présentent un intérêt architectural fort,
notamment illustré par les maisons à
colonne et par la présence, dans la plupart
des hameaux de remue, de caves à lait au
milieu desquelles coule un canal. L’écoulement de l’eau permettait une réfrigération
idéale pour la conservation du lait. Ces
caves ont été restaurées au Monal.
Canal et caves à lait au hameau du Monal
Les milieux naturels, des lieux de vie - 55
Fiche-milieu n°1
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Lichens sur les murs d’une maison de la Falconnière
Sainte-Foy-Tarentaise compte, par ailleurs,
quelques monuments remarquables : la
chapelle Sainte-Brigide au Miroir est un site
inscrit au titre des Monuments historiques,
et le hameau du Monal est un site classé (lire
le paragraphe “Sites classés et sites inscrits”
p.44).
Les éléments construits peuvent aussi jouer
un rôle important pour la faune et la flore.
Ce milieu abrite des espèces qui ont accompagné les établissements humains jusqu’à
l’apparition de l’architecture moderne
(lézard des murailles, chauves-souris, etc.).
Certaines espèces telles que le martinet noir
et l’hirondelle de cheminée, grands consommateurs de mouches et moustiques, sont
particulièrement liées à l’environnement
humain, au moins pour une phase de leur
développement, lorsque certaines conditions
sont réunies : présence d’espaces verts
(jardins, haies, etc.), constructions à surfaces
riches en anfractuosités. Contrairement aux
constructions modernes aux surfaces lisses
et uniformes, l’habitat en pierres présente
des anfractuosités, des irrégularités qui
offrent à la faune (petits mammifères,
oiseaux, reptiles) un refuge pour se protéger
de la prédation, pour se reproduire et un
support pour l’enracinement de plantes
PNV - Yves Brugière
Fiche-milieu n°1
Évolution et transformation
du milieu
Chapelle Sainte-Brigide au hameau du Miroir
PNV - Christian Balais
telles que la doradille noire et la rue des
murailles.
Au sein de la faune, les chauves-souris et
certaines espèces d’oiseaux comme le
tichodrome échelette confèrent à ce bâti en
pierres une valeur biologique importante.
L’habitat traditionnel constitue en effet un
lieu de vie privilégié pour ces espèces à la
fois rares et sensibles.
En Vanoise comme ailleurs, l’évolution de
l’économie et des modes de vie a entraîné
une nouvelle façon de construire. Celle-ci
s’est traduite par l’abandon des centres
anciens et de certains chalets d’alpage et
hameaux de grande qualité architecturale au
profit de constructions excentrées. Cet
abandon est aussi lié au problème d’indivision lors de successions qui concernent un
grand nombre d’héritiers pour un bien
unique.
Depuis les années 1990, cette tendance s’est
inversée, et il reste peu de maisons anciennes
qui n’aient pas encore été restaurées.
Parallèlement, l’avènement du tourisme a
fait fleurir des bâtiments nouveaux. Sur
Sainte-Foy-Tarentaise, ces bâtiments sont
particulièrement localisés sur la station de
Bonconseil, en pleine expansion depuis le
début des années 2000. La construction de
cet ensemble moderne s’est inspirée du
groupement architectural du hameau du
Miroir, aussi bien pour les matériaux
utilisés, que pour la structure et l’agencement des bâtiments.
La commune prévoit d’agrandir cette
station, sur le secteur de la Bataillette, avec
la construction de nouveaux lits touristiques
et de logements pour le personnel saisonnier.
Les nouvelles constructions de la station de Sainte-Foy (Bonconseil)
56 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christian Balais
Propositions de gestion
Chalet restauré à la Roche - Forêt du Mousselard
Dans le cadre de la restauration du bâti
traditionnel savoyard, plusieurs fiches ont
été réalisées en 2001 par le Service départemental de l’architecture et du patrimoine de
la Savoie. Ces fiches concernent notamment
la couverture des murs, les toitures et les
balcons.
PNV - Stéphane Mélé
PNV - Christophe Gotti
Certaines granges sont aussi réaménagées en
appartements.
Le caractère original de certains groupements bâtis nécessite que soit portée une
grande attention à la restauration des
Toitures à la Combaz : couverture à l’italienne et
couverture traditionnelle
Réfection d’une toiture au hameau de la Sassière
LES CHAUVES-SOURIS ET LE BÂTI
La restauration du bâti ancien peut s’avérer très préjudiciable aux chauves-souris quand
elle est réalisée sans tenir compte de l’écologie de ces espèces. Ainsi, la fermeture des
accès aux combles et le traitement chimique des charpentes sont deux causes courantes
de régression de certaines colonies de chauves-souris comme le petit murin ou le petit
rhinolophe.
Les petits éléments bâtis traditionnels méritent d’être conservés pour leur intérêt naturel
et culturel. D’autre part, il existe des recommandations techniques de restauration
d’habitations pour favoriser l’occupation des lieux par certaines espèces de chauvessouris. Le Parc national de la Vanoise et le Centre ornithologique Rhône-Alpes ont édité
des cahiers techniques (lire la bibliographie) qui indiquent les précautions à prendre dans
cet objectif (traitements chimiques des charpentes avec certaines substances non
toxiques, création d’accès discrets à des combles, etc.).
Les milieux naturels, des lieux de vie - 57
Fiche-milieu n°1
bâtiments et à l’insertion des nouvelles
constructions dans le paysage.
La lauze recouvrait traditionnellement
toutes les toitures jusqu’aux années 1960.
L’arrivée du train à Bourg-St-Maurice en
1913 a bouleversé les traditions : la tuile et
la tôle, matériaux légers et pratiques,
devinrent vite “à la mode”. Aujourd’hui, la
tendance est au retour à la tradition.
Fiche-milieu n°2
Sommaire
Les cours d’eau et les lacs
Cette fiche concerne l'ensemble des lacs et
du réseau hydrographique qui draine le
territoire de Sainte-Foy-Tarentaise. Ce
réseau est essentiellement constitué par le
torrent de l’Isère, ses affluents, ainsi que les
bancs de graviers et les berges boisées qui
l’accompagnent.
Les principaux affluents de l’Isère se situent
en rive droite. Il s’agit du nant Saint-Claude,
du ruisseau du Clou et du nant Cruet.
Le nom de ce dernier cours d’eau signifie
“torrent creux”, et fait allusion à sa situation : le fond d’un vallon encaissé.
Ces affluents sont eux-mêmes alimentés par
d’autres ruisseaux : les torrents de la Louïe
Blanche, de la Sassière et de Mercuel, les
ruisseaux des Balmettes et du Grand Plan,
etc. L’Isère reçoit aussi les eaux de petits
cours d’eau situés sur sa rive gauche, comme
le nant des Gourettes, appelé aussi le
Lavancher, et le ruisseau des Fresses.
La dynamique de l’Isère conditionne l'existence, le maintien et l'évolution d’entités
écologiques qui lui sont associées, comme
les zones humides situées dans son lit majeur
à l’aval du Champet (lire fiche-milieu n°3).
Lors des périodes de forts débits, le courant
de ce torrent de montagne peut entraîner de
violents phénomènes d’érosion. Le nant
Saint-Claude est aussi l’un des plus impétueux, avec de nombreuses crues connues
Les cours d’eau, les lacs
58 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°2
PNV - Christian Balais
PNV - Christian Balais
Nant Saint-Claude sous les hameaux du Miroir
et de la Masure
Bec Rouge et éboulement de la Molluire
depuis le XVIIIe siècle. L’éboulement de la
montagne du Bec Rouge, sur sa rive droite,
à la fin du XIXe siècle, a fortement augmenté
sa charge alluviale. Parmi les dégâts occasionnés par ce torrent, le plus spectaculaire
est l’ensevelissement du hameau du
Champet, situé au bord de l’Isère. Entre
1893 et 1897, le torrent a déversé sur le
hameau d’énormes laves torrentielles.
Aujourd’hui seule une cheminée émergeant
du sol, révèle la présence de maisons
ensevelies.
Aux endroits où le courant s’atténue, dans
les zones de replats, des alluvions moins
grossières se déposent dans le lit ou sur les
bords du cours d’eau. Les bancs de graviers
régulièrement remaniés par les crues, tels
qu’on les trouve sur l’Isère au niveau de
Viclaire ou entre la Raie et la Thuile,
permettent aux plantes adaptées à ce type
de milieu de s’installer.
Le long du cours d’eau apparaît une
végétation arbustive de saules, d’aulnes
blancs, de merisiers à grappes et de
bouleaux, adaptée aux conditions de sol
fréquemment détrempé et capable de résister
aux fortes perturbations mécaniques. Elle
permet la stabilisation des berges et la
formation d’un premier humus où viendront
s’implanter d’autres essences comme les
conifères. Ce cordon boisé longeant la
rivière est appelé ripisylve*. Les plus belles
ripisylves* se situent sur l’Isère, à l’aval de sa
confluence avec le nant Saint-Claude.
La strate herbacée y est bien développée
avec la présence notamment de populage
des marais et de pétasites.
Particulièrement nombreux à Sainte-Foy, les
lacs naturels d’altitude doivent leur origine à
des dépressions creusées par les glaciers. Une
dizaine de lacs s’est ainsi formée dans les
grands vallons de la commune, entre 2 300
et 2 850 m d’altitude. Le plus profond, le lac
Blanc, atteint 42 m. Les lacs Verdet et
Longet, le lac du Petit, le petit Lac du Petit
Les milieux naturels, des lieux de vie - 59
Flore
Le fort courant des torrents n’autorise pas
le développement d’une végétation proprement aquatique. En revanche, les bords de
ruisseaux sont très riches en mousses de
différents genres : aulacomnium, cratoneurum et calliergon. Comme toutes les
zones humides, ils accueillent une flore
spécifique et variable selon le degré d’humidité et la nature du sol.
La ripisylve* abrite différentes espèces
d’arbres pionniers telles que le saule
noircissant aux feuilles devenant noires à la
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°2
et le lac Noir occupent les vallons du Plan de
la Sassière et de Mercuel. Les lacs du Clou,
Verdet, Brulet, Blanc, Noir et le lac en
formation à l’aval du glacier de l’Argentière,
sont dispersés dans le vallon du Clou. Parmi
tous ces lacs, seul celui du Clou se caractérise par la présence de quelques plantes
aquatiques (potamots, rubaniers, charas).
Les autres ne présentent pas de végétation
aquatique.
Là où existent des rives peu profondes, une
végétation dense de bord des eaux s’installe,
principalement des cypéracées.
PNV - Patrick Folliet
Lit de l’Isère et gravières à la Thuile
Lac Brulet
60 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°2
PNV - Michel Delmas
PNV - Stéphane Mélé
Epilobe de Fleischer
dessiccation et le saule faux daphné. Appelé
aussi saule à feuilles de laurier, le saule faux
daphné possède des feuilles relativement
grandes : en moyenne 8 cm de long et 3 cm
de large. Comme pour beaucoup de saules,
ses fleurs, regroupées en forme de chatons,
apparaissent avant ses feuilles. Plus caractéristiques, ses rameaux rouges sont recouverts d’une fine pruine bleuâtre.
Les bancs de graviers sont colonisés par des
plantes pionnières telles que l’épilobe de
Fleischer. Celle-ci est caractéristique et
dominante des alluvions torrentielles, mais
se développe aussi sur les éboulis et les
moraines. Parmi la strate herbacée, se trouve
la pyrole à feuilles rondes, une plante aux
feuilles brillantes, disposées en rosette
basale. Assez commune dans les fourrés
d’arbustes, sur sols frais à humides, elle
porte de nombreuses fleurs blanches en
clochettes penchées, qui laissent dépasser le
style*.
PNV - Régis Jordana
Pierre recouverte d’algues filamenteuses dans un ruisseau
près du lac Brulet
PNV - Maurice Mollard
Renouée du Japon
Saule faux daphné
Les plantes herbacées des bords de cours
d’eau peuvent être fortement concurrencées
par tout un cortège de plantes ornementales
originaires d’Amérique ou d’Asie. Originaire d’Asie de l’Est, la renouée du Japon
trouve le long de l’Isère, et sur les talus des
routes, les milieux pionniers qu’elle
recherche pour s’installer et se développer
grâce à une reproduction végétative* très
efficace. Capable d’atteindre 3 m de hauteur,
elle forme des petites fleurs blanches d’août
à octobre.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 61
Manuel Bouron
Les lacs de haute altitude, aux conditions
climatiques très rudes, ne possèdent en
général aucune végétation à l’exception de
quelques algues vertes, dont les charas. Dans
le lac du Clou se développent également
diverses plantes à fleurs, comme le potamot
des Alpes, une plante aquatique, protégée en
Rhône-Alpes et pour laquelle ce lac est
l’unique localité connue en Savoie. Seules ses
fleurs sont véritablement émergées, formant
alors un épi dressé à la surface de l’eau au
cours de l’été.
Faune
Poisson des eaux courantes fraîches et bien
oxygénées, la truite fario est présente dans
tous les principaux cours d’eau de la
commune. La plus fréquente est la truite
fario de souche atlantique, qui a été
introduite. Elle y côtoie la truite fario de
CSP - A. Richard
Fiche-milieu n°2
PNV - Christian Balais
Rubanier à feuilles étroites et potamot des Alpes
dans le lac du Clou
Truite fario
62 - Les milieux naturels, des lieux de vie
souche méditerranéenne, une souche locale,
originellement présente dans tous les
milieux favorables du département de la
Savoie (lire la fiche-espèce n°13). Accompagnant la truite fario, le chabot et le vairon
sont deux petites espèces typiques des eaux
courantes qui souvent passent inaperçues.
Le vairon ne dépasse guère 12 cm de long
pour un poids maximum de 25 g. Il se
reproduit entre avril et juillet. Tout comme
la truite, ses frayères sont des zones de
graviers propres et bien oxygénées qui
reçoivent entre 2 000 et 3 000 œufs. Le
chabot, poisson sédentaire et benthique*, se
reproduit de mars à avril dans un nid
aménagé sous les pierres, et gardé par le
mâle. C’est une espèce très sensible aux
altérations de la qualité physique de l’eau
(colmatage, éclusées).
Chabot
Pour la plupart, les autres espèces de
poissons connues sur la commune ont été
introduites pour leur intérêt piscicole.
D’origine nord-américaine l’omble de
fontaine, ou saumon de fontaine, est une
espèce d’eau froide qui fréquente les parties
amont des cours d’eau et les lacs d’altitude.
Comptant parmi les premières espèces
introduites dans les milieux aquatiques de
Sainte-Foy-Tarentaise (lac Longet, 1ère moitié
du XXe siècle), l’omble de fontaine est
aujourd’hui présent dans de nombreux lacs,
également dans le torrent de la Sassière, au
niveau du Plan de la Sassière et dans le
ruisseau du Clou. Le maintien de ses populations fait l’objet d’un alevinage dans le lac
du Petit et le Petit lac du Petit. Un alevinage
CSP - H. Carmie
certains lacs est également due à la présence
répétée des amateurs de pêche.
Les torrents et sources sont aussi localement
utilisés pour l’alimentation en eau des
refuges et des chalets d’alpage. L’eau du
ruisseau du Clou est ainsi captée et stockée
dans un réservoir afin d’être utilisée par le
hameau du Monal. Les refuges du Ruitor et
de l’Archeboc sont alimentés par des sources
captées.
Parmi les usages actuels des milieux aquatiques, on peut citer le prélèvement pour
l’alimentation en eau potable des villages, la
pêche et la production d’énergie hydraulique.
De nombreuses sources ont été captées pour
l’alimentation en eau potable des habitants.
Tous les types de pêche sont pratiqués sur la
commune, mais la pêche en lac est l’une des
plus réputées, avec une pratique importante
de la pêche à la mouche. La pêche est aussi
une activité touristique recherchée pour la
diversité et la qualité des milieux aquatiques, ainsi que pour la beauté des pay-
Cristivomer
Équilibre entre l'homme
et son milieu
D’un point de vue pastoral, les cours d’eau
et les lacs d’altitude présentent un intérêt
non négligeable pour l’alimentation en eau
du bétail. L’eau est soit dérivée pour remplir
des abreuvoirs, soit directement accessible
aux bêtes, comme pour les lacs du Clou et
Verdet dans le vallon du Clou. Pour ce
dernier cas, les impacts occasionnés sur la
végétation des berges par un stationnement
prolongé des bêtes, peuvent être conséquents, et les risques d’eutrophisation des
plans d’eau sont réels. Mais sur Sainte-FoyTarentaise, la détérioration des berges de
PNV - Christian Balais
Usages, intérêts économiques
et représentations
Troupeau de tarines et abondances aux abords du ruisseau
de l’Aïvettaz
Les milieux naturels, des lieux de vie - 63
Fiche-milieu n°2
expérimental a également été réalisé dans le
ruisseau du Clou. Dans les autres milieux,
l’espèce se maintient grâce à une reproduction naturelle.
Le cristivomer, ou omble du Canada, est
également originaire d’Amérique du Nord.
Introduit en 1970 dans le lac Noir et en
1990 dans les lacs Verdet et Blanc (vallon du
Clou), il a su trouver dans ce nouvel
habitat* des conditions favorables pour se
reproduire. Il se maintient dans ces lacs
grâce à des réserves de pêche tournantes de
7 ans, suivies d’une période d’ouverture
d’un an.
Fiche-milieu n°2
PNV - Stéphane Mélé
soutenues par de l’empoissonnement régulier. La truite fario souche atlantique,
le cristivomer, l’omble de fontaine se maintiennent pour tout ou partie grâce à une
reproduction naturelle. Les empoissonnements concernent l’Isère en amont du
tunnel du Champet qui reçoit des “truites
arc-en-ciel – portions”. Les lacs du Clou,
Brulet, du Petit et le Petit lac du Petit
reçoivent des alevins de truite arc-en-ciel, de
truite fario souche atlantique et d’omble de
fontaine.
Parmi les autres usages, citons la pratique
hivernale, très occasionnelle, de la cascade
de glace sur la cascade du nant du Piss (lire
le paragraphe “Sites classés et sites inscrits”
p.44).
Captage dans le ruisseau des Trousses pour l’alimentation en
eau du bétail – Vallon de Mercuel
Les milieux aquatiques sont à la fois un
milieu biologique vivant (voir la fiche-milieu
n°3) et une ressource indispensable pour
l’homme. Les nombreux lacs et cours d’eau
dispersés sur la commune s’inscrivent aussi
comme un élément majeur du paysage. Le
lac du Petit, le lac du Clou, les deux lacs
Noirs constituent des buts de randonnées
appréciés du public.
PNV - Frédéric Fima
sages. Cette activité est gérée par l’Association agréée de pêche et de protection du
milieu aquatique du canton de Bourg-SaintMaurice. Pour cette activité de loisirs, de
nombreuses introductions de poissons ont
été réalisées, aujourd’hui partiellement
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
Lac du Petit. Au fond, le glacier du Grand
64 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°2
PNV - Patrick Folliet
Le lac Noir et la pointe du rocher Blanc – Vallon du Clou
Une partie de l’Isère et de ses affluents
(source du Champet, vieille Isère) située à
l’aval du tunnel du Champet, abrite une
population remarquable de truite fario de
souche méditerranéenne (lire la fiche-espèce
n°13). Le vairon, décimé par la pratique de
la pêche (il est utilisé comme appât) et par la
dégradation de la qualité des eaux, pourrait
être encore présent dans l’Isère, à l’aval du
tunnel du Champet. Tout aussi sensible que
le vairon, le chabot, un autre petit poisson
serait également présent dans ce même
secteur de l’Isère.
Évolution et transformation
du milieu
Toute activité humaine modifiant la qualité
ou la quantité d’eau influe directement sur
les lacs et les cours d’eau et donc sur la faune
et la flore qui y sont associées. L’artificialisation du régime d’écoulement des eaux,
les modifications physiques, la pollution du
cours d’eau, pénalisent le maintien de ces
milieux et de leur richesse biologique.
L’Isère et tous les torrents de la commune
ont été modifiés pour faire fonctionner
différents aménagements hydroélectriques
de la haute Tarentaise, à travers l’artificialisation d’environ 70 % du linéaire total des
cours d’eau et la réalisation d’une dizaine de
prises d’eau (lire le paragraphe “L’industrie”
p.21).
Les écoulements à débit constant et
fortement réduit (1/40e du module interannuel), imposés par la gestion des barrages
sur l’Isère, et donc l’absence d’effet “chasse
d’eau” naturel, ne permettent pas un transit
et un renouvellement naturels des matériaux. Du fait de la sédimentation du lit, on
constate une diminution des habitats*
favorables aux poissons, bien que sur les
plages de limons et de graviers se développe
un cortège de plantes pionnières remarquables. Le dégravage manuel ou automatique des prises d’eau est également responsable de l’engravement du cours d’eau. Il est
par ailleurs important de réserver au torrent
un débit suffisant en période de basses eaux
hivernales pour préserver l’ensemble de la
faune de ces milieux. Depuis la fin des
années 1950, une partie du débit du nant
Saint-Claude a été détournée vers le barrage
de Roselend (Beaufortain).
Certains cours d’eau sont contenus par
différents types d’aménagements. Les
travaux de correction sur le nant SaintClaude ont débuté dès la fin du XIXe siècle.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 65
des torrents, voire directement dans leur
cours, occasionne des pollutions importantes. S’ajoutant aux pollutions domestiques (et en période de basses eaux), ces
effluents dégradent durablement la qualité
de l’eau des torrents et compromettent les
conditions de vie et de reproduction des
animaux aquatiques.
Les cours d’eau (berges et bancs de graviers)
sont des milieux très sensibles à la
colonisation de tout un cortège de plantes
ornementales introduites, dites plantes
invasives. Les cours d’eau de plaine sont
depuis longtemps fortement touchés par ce
phénomène. Depuis peu la renouée du
Japon a aussi fait son apparition le long du
cours de l’Isère, au niveau des ponts de
Villaroger et de la zone du Champet.
L’évolution naturelle des lacs se traduit sur
le long terme par un assèchement progressif,
l’atterrissement*, qui conduit à l’apparition
de différents types de végétation de zone
humide. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, seul le
lac du Clou est aujourd’hui susceptible de
connaître une telle évolution. Les zones
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°2
Six barrages ont été construits par le service
de Restauration des terrains en montagne
(RTM), entre Plan du Pré et le hameau du
Miroir. Ces barrages s’accompagnent d’enrochement des berges aux abords des
villages.
L’Isère est également l’un des cours d’eau qui
a connu le plus de modifications physiques.
À l’amont de sa confluence avec le nant
Saint-Claude, l’Isère est contenue sur une
longueur de 400 m par un canal souterrain
construit dans les années 1930, appelé
tunnel du Champet, ceci afin de limiter
l’affouillement du versant de Sainte-Foy.
Enfin, durant une cinquantaine d’années le
lit mineur a été affecté par une importante
extraction de matériaux à l’aval de ce tunnel
et de la confluence avec le nant SaintClaude. La loi sur l’eau de 1992, interdisant
de telles extractions, a mis fin à cette activité
qui a généré un enfoncement non négligeable du lit de l’Isère et du nant SaintClaude à cet endroit.
La mauvaise gestion des effluents d’élevage,
comme l’épandage sur des talus, à proximité
Lac Noir au pied du bec de l’Ane – Vallon de Mercuel
66 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°2
PNV - Christian Balais
Barrages de régulation des crues sur le nant Saint-Claude
d’eau libre se transforment progressivement
en zones humides. Cette évolution se fait de
l’extérieur vers le centre du lac.
Propositions de gestion
Le passage du débit réservé au 1/10e du
module, à l’aval du barrage de la Raie
améliorerait significativement les capacités
biologiques de l’Isère.
Pour préserver les berges de leur détérioration par le piétinement, la pratique de la
pêche a été interdite sur deux lacs depuis
1994 : les lacs Verdet et Longet, dans le
vallon de la Sassière. Cette interdiction
s’applique aussi pour les étangs du Monal
(lire la fiche-milieu n°3).
La préservation des berges contre les effets
du piétinement du bétail serait à prendre en
compte également.
L’instauration de trois réserves de pêche sur
l’Isère et certains de ses affluents participe
au maintien de la truite fario de souche
méditerranéenne (lire la fiche-espèce n°13).
Pour le maintien des populations piscicoles,
tous les lacs sont réglementés par une
réserve de pêche tournante ou permanente,
excepté le lac Noir (vallon de Mercuel) qui,
par sa taille et l’importante reproduction des
poissons, est capable de supporter la
pression occasionnée par les prélèvements
de la pêche.
Dans le cadre d’un programme de réduction
de la pollution organique par les fumiers et
les lisiers en Tarentaise, un plan d’épandage
a été réalisé sur Sainte-Foy-Tarentaise en
1995. Ce plan fixe les règles du stockage, de
la préparation et de l’épandage des déjections animales sur le territoire communal.
Ce plan visualise les potentialités du milieu
vis-à-vis des épandages et émet des recommandations, en termes de doses et/ou de
périodes, pour limiter les risques de
ruissellement et de lessivage vers les cours
d’eau. Trois types de zones ont été prescrits :
des zones où l’épandage est autorisé, des
zones où il est autorisé avec des quantités
modérées et des zones où il est interdit. La
baisse des pollutions organiques dans les
Les milieux naturels, des lieux de vie - 67
Viclaire. Des relevés topographiques sont
effectués tous les 2 à 3 ans afin d’apprécier
l’évolution du niveau du lit (notamment sur
la zone artisanale de Viclaire). Il s’agit
d’évaluer la nécessité ou non d’effectuer un
curage d’entretien, dans une zone sensible
d’un point de vue écologique (bancs de
gravier, frayères, etc.) et qui a déjà connu
d’importantes extractions jusque dans les
années 1990.
Les rives de l’Isère font également l’objet
d’un entretien de sa ripisylve* dans le but
d’améliorer l’écoulement des eaux et la
qualité biologique du milieu aquatique. L’un
des objectifs de la collectivité est aujourd’hui
d’enrayer le développement de la renouée du
Japon, plante envahissante.
Du fait du caractère vital et irremplaçable de
l’eau pour l’homme, chacun doit prendre
conscience du rôle qu’il peut jouer pour
économiser et respecter cette ressource
précieuse car elle n’est pas inépuisable,
même si Sainte-Foy semble être plus
avantagée que d’autres communes vis-à-vis
de la ressource en eau.
PNV - Patrick Folliet
Fiche-milieu n°2
cours d’eau passe par le respect de ces
recommandations.
Un vaste programme concernant la gestion
de l’eau en Tarentaise est en cours
d’élaboration. Il s’agit du contrat de rivière
“Isère en Tarentaise”, piloté par l’assemblée
du pays Tarentaise-Vanoise, sous forme de
diverses commissions de travail. Différentes
facettes de la gestion de l’eau y sont traitées :
qualité de l’eau, risques naturels, restauration et protection des milieux naturels,
etc. Dans ce cadre sont envisagés la réalisation de nouvelles stations d’épuration,
l’élimination d’arrivées d’eaux polluées dans
les rivières, des études piscicoles, ou encore,
des travaux de prévention des crues.
Depuis 1995 le SIVOM, devenu communauté de communes “La maison de
l’intercommunalité de haute Tarentaise”
possède une compétence en matière de
gestion des cours d’eau. Sur Sainte-FoyTarentaise, cette compétence concerne
essentiellement l’Isère et quelques uns de ses
affluents. Sur l’Isère l’intervention se traduit
surtout par un suivi du lit du cours d’eau
entre le nant Saint-Claude et le pont de
Exploitation de graviers dans le lit de l’Isère vers le Champet
68 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Les zones humides d’altitude
Les zones humides d'altitude
Les
zones humides d’altitude se caractérisent par des sols au moins saisonnièrement
détrempés. Ces zones humides regroupent à
la fois des zones de suintement, des zones
humides de pente, des marais et des étangs.
Les suintements se situent généralement aux
abords des sources et des ruisseaux. Leur
végétation est dominée par les mousses,
qu’une strate herbacée basse vient compléter
et colorer ponctuellement. Un tel milieu s’est
développé dans un talweg au sud-ouest des
Savonnes, tandis qu’une zone humide de
pente se signale par la présence de roseaux
de part et d’autre de la route reliant le Crot
et la Laigette.
Les marais sont des zones alimentées par des
eaux plus ou moins minéralisées après avoir
circulé dans le sol. Ces milieux, pauvres en
graminées, se signalent par l’abondance de
cypéracées (tels que les laîches) de petite
taille.
À Sainte-Foy-Tarentaise, on rencontre deux
types de marais répartis sur le territoire de la
commune :
- Les marais acides, les plus fréquents à
Sainte-Foy-Tarentaise et les moins diversifiés floristiquement, se caractérisent par
un tapis dense de plantes liées à des
substrats pauvres en calcaire (telles que la
laîche brune). On les trouve par exemple
dans le vallon de la Sassière.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 69
Fiche-milieu n°3
Sommaire
PNV - Christian Balais
Zone humide aux Savonnes
Quatre étangs se sont formés aux abords du
hameau du Monal. L’étang ouest ne présente
aucune circulation d’eau apparente et ses
berges accueillent une petite ceinture de
végétation. Les trois autres étangs sont reliés
entre eux et traversés par les eaux d’un petit
canal (canal de refroidissement des anciennes caves à lait). Leurs eaux alimentent
le ruisseau du Clou.
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°3
- Les marais alcalins, alimentés par des eaux
calcaires, sont caractérisés par la laîche de
Davall.
Parmi ces derniers, on distingue un type de
zone humide particulièrement intéressant du
point de vue floristique. Il s’agit de marais
sur sol neutre à alcalin, colonisant les
alluvions sablonneuses des torrents d’altitude pauvres en matière organique. Ce type
de milieu doit son existence aux facteurs
mécaniques de rajeunissement (microglissements de terrain, ruissellement, érosion
et apports d’alluvions, phénomène de
gel/dégel) et ne supporte pas les températures trop élevées. Sur ces marais se
développent des groupements pionniers des
bords de torrents alpins appelés Caricion
bicolori-atrofuscae. Ce nom s’inspire de
celui de deux des huit espèces caractéristiques qui permettent d’identifier ce marais :
la laîche bicolore et la laîche rouge noirâtre.
Ce type de marais est bien représenté dans le
vallon du Clou. Il s’agit des marais désignés
“Le marais du Plan” et “Le marais sous le
glacier des Balmes” dans le paragraphe
“Inventaire des tourbières et des zones
humides” p.43.
Zone humide au Plan du Grand
70 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°3
Flore
Linaigrette de Scheuchzer au plan du Grand
Proche de la grassette vulgaire, elle s’en
distingue par une taille plus importante et
un port plus ramassé. À Sainte-FoyTarentaise, la grassette à éperon étroit
pousse dans le vallon de la Sassière.
Le trichophore nain est une herbe à tige lisse
et cylindrique, inférieure à 15 cm. Rare et
discret, il se développe au voisinage des
sources, sur les milieux humides des étages
subalpin et alpin.
La laîche à petites arêtes et la laîche bicolore
font partie des huit espèces caractéristiques
qui, associées les unes aux autres, permettent d’identifier les groupements pionniers
de bord de torrent appelés Caricion bicoloriatrofuscae. Ces plantes sont dites arcticoalpines*, c’est-à-dire présentes à la fois dans
les régions arctiques ou subarctiques et dans
la chaîne alpine. Elles sont protégées et rares
en France et dans tout l’Arc alpin (lire la
fiche-espèce n°1). La violette des marais
affectionne les milieux humides entre
1 000 et 3 000 m d’altitude. Elle se signale
PNV - Patrick Folliet
PNV - Jacques Perrier
ces milieux, parmi lesquelles se trouvent les
linaigrettes caractérisées par leurs graines
munies de soies, donnant à la plante un
aspect cotonneux au moment de leur
fructification. La linaigrette de Scheuchzer
se signale ainsi par de gros pompons dressés.
Elle se développe aussi bien aux bords des
lacs, sur un sol argileux et limoneux, que
dans les marais, où elle peut former de
vastes tapis végétaux. Cette espèce est
présente au Plan du Grand.
L’orpin velu est une petite plante qui
appartient à la famille des crassulacées, des
plantes grasses adaptées à la sécheresse de
leur milieu grâce à des feuilles charnues
remplies d’eau. Ainsi la plupart des orpins
affectionne les milieux secs et rocailleux,
sauf cet orpin qui se développe dans les
milieux frais : rochers suintants des milieux
humides et éboulis humides. Protégé en
Rhône-Alpes, l’orpin velu n’est connu que
sur deux communes en Savoie. Extrêmement rare à Sainte-Foy-Tarentaise, cet orpin
a été observé sur des rochers suintants dans
le vallon du Clou.
La grassette à éperon étroit est une plante
extrêmement adaptée à ces milieux. Ses
feuilles collantes, transformées en pièges à
petits insectes, lui permettent d’ingérer la
matière azotée difficilement accessible dans
le sol des milieux humides. Elle se reconnaît
à ses fleurs violettes au cœur taché de blanc.
PNV - Christian Balais
Plusieurs espèces originales s’installent dans
Laîche bicolore
Violette des marais en fleur
Les milieux naturels, des lieux de vie - 71
PNV - Christophe Gotti
Ponte de grenouille rousse au Monal
par ses feuilles en forme de rein, un peu plus
larges que longues, et ses fleurs inodores de
couleur lilas pâle et veinées de violet foncé.
La gentiane à feuilles d’asclépiade est une
grande gentiane bleue, capable d’atteindre
près d’un mètre de hauteur, qui se développe
dans différents types de milieux frais :
prairies et boisements frais (lire la ficheespèce n°6).
L’orchis des monts Sudètes est une grande
orchidée aux fleurs rouge violacé qui se
développe dans les tourbières et prairies
humides jusqu’à 2 000 m d’altitude. Sur
Sainte-Foy, elle est présente sur un secteur
entre Vacherie d’en bas et Vacherie d’en
haut, dans le vallon de la Sassière.
bien nocturne fréquente les eaux stagnantes
(lire la fiche-espèce n°7). Quelques
odonates, “libelulles” et “demoiselles”,
fréquentent les milieux humides, qui sont
pour elles des sites de nourriture et de
reproduction essentiels. Le leste dryade est
une “demoiselle” de couleur vert métallique
partiellement recouvert d’une pulvérulence
bleue (couleur du mâle). Les différents types
de milieux humides qu’il fréquente sont
souvent situés à proximité de forêts. À
Sainte-Foy-Tarentaise, il a été observé sur
l’étang ouest du Monal. La cordulie des
Alpes, ou cordulie alpestre, est une “libellule” dont le corps est vert foncé métallique,
et les yeux, vert émeraude. Ses larves
réalisent leur développement dans les zones
inondées. Durant les périodes sèches, elles
s’enfouissent dans la tourbe et sont capables
de survivre à l’assèchement et au gel complet
de leur habitat* en hiver. C’est une espèce
boréo-alpine*, répandue dans le nord de
Faune
Du
fait des conditions écologiques particulières régnant en altitude, la faune y est
plus pauvre que dans d’autres zones marécageuses.
La grenouille rousse vit dans les zones
humides de montagne. C’est un amphibien
essentiellement terrestre qui gagne l’eau lors
de la période de reproduction et éventuellement pour hiberner dans la vase. De
même, le triton alpestre qui fréquente les
points d’eau de plaine uniquement pendant
la période de reproduction peut demeurer
aquatique toute l’année en altitude. Espèce
protégée et vulnérable en France, cet amphi-
72 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Fiche-milieu n°3
PNV - Christian Balais
Orchis des monts Sudètes, à la Vacherie d’en bas.
Vallon de la Louïe Blanche
Tritons alpestres au Fréderet, dans le vallon de la Sassière
Fiche-milieu n°3
PNV - Joël Blanchemain
PNV - Sandrine Lemmet
Femelle de criquet ensanglanté
l’Europe, de l’Asie et du continent américain. En Europe, elle est présente au-dessus
de 900 m d’altitude et jusqu’à 2700 m.
Le criquet ensanglanté est un criquet massif,
dont la coloration générale est vert ou brun
olive, souvent teintée de rouge chez la
femelle. Très mimétique avec la végétation
des milieux humides qu’il fréquente, sa
présence peut être remarquée par les petits
“déclics” métalliques émis par le mâle à
intervalles irréguliers et audibles jusqu’à
environ 10 m.
PNV - Stéphane Mélé
Femelle de leste dryade
Vaches pâturant dans le vallon de la Sassière
Les milieux naturels, des lieux de vie - 73
Fiche-milieu n°3
Équilibre entre l'homme
et son milieu
Usages, intérêts économiques
et représentations
Les zones humides sont généralement incluses dans les alpages fréquentés par les
troupeaux domestiques.
Essentiellement formée de laîches et de
joncs, leur végétation, peu dense, présente
une faible valeur pastorale. Les bêtes
viennent surtout pour s’abreuver, comme
dans les étangs du Monal ou dans le vallon
de la Sassière.
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
Manuel Bouron
Tout comme les lacs et les cours d’eau, les
zones humides sont intéressantes sur le plan
biologique : elles participent à la régulation
des écoulements d’eau sur les versants, et
l’ensemble de ces milieux accueille de
nombreuses espèces rares et spécifiques.
Milieux écologiquement contraignants, tout
comme les falaises, les zones humides
possèdent en effet une flore et une faune très
particulières, qui leur sont propres. S’ils
venaient à disparaître, la commune perdrait
une part non négligeable de sa biodiversité.
La présence d’espèces rares et protégées de
grande valeur, telles que la cobrésie simple,
l’orpin velu, la tofieldie boréale ou le
trichophore nain confère une valeur biologique forte à ces milieux.
Parmi les zones humides de Sainte-FoyTarentaise, les groupements végétaux pionniers des bords de torrents, appelés Caricion
bicolori-atrofuscae, présentent l’intérêt
biologique le plus fort. Ce milieu, très rare
au niveau mondial et composé d’espèces
protégées de grande valeur, constitue une
richesse naturelle importante pour la
commune. La Communauté européenne l’a
classé comme “milieu d’intérêt communautaire prioritaire” (lire le paragraphe
“Zonage Natura 2000” p.45 et la ficheespèce n°1). Sa présence sur la commune a
motivé l’intégration de la partie supérieure
du vallon du Clou au réseau Natura 2000.
Caricion bicolori-atrofuscae - Vallon du Clou
74 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°3
PNV - Christian Balais
Zone humide au Plan de la Sassière
Évolution et transformation
du milieu
Beaucoup de zones humides sont le résultat
de l’évolution naturelle de plans d’eau qui
subissent un assèchement progressif appelé
atterrissement*. Ainsi, la vaste zone humide
du Plan de la Sassière est un ancien lac
totalement atterri. Ces lacs comblés sont très
intéressants, notamment grâce aux grains de
pollen qu’ils contiennent. Ceux-ci permettent, en effet, de retracer l’histoire de la
végétation depuis la fin de la dernière grande
glaciation, il y a 10 000 à 15 000 ans (paléoécologie). Subissant aussi ce phénomène
d’atterrissement*, certaines zones humides
tendent à s’assécher et évoluent vers un
milieu de plus en plus terrestre. C’est le cas
du marais situé à l’est du Monal et en rive
gauche du ruisseau du Clou. Le Plan du
Grand, situé au pied du glacier du même
nom, connaît aussi cette évolution.
La France connaît une régression généralisée
des zones humides, en plaine comme en
montagne. Plus d’un tiers de ces zones a
disparu ces 30 dernières années. Les Alpes
en général et la Vanoise en particulier
n’échappent pas à ce phénomène. Le
drainage et les assèchements à des fins
d’aménagements divers en sont responsables. Plusieurs drains ont ainsi été creusés
pour favoriser la fauche de prairies.
Les impacts des modifications de la qualité
et de la quantité d’eau sur la faune et la flore
des zones humides sont les mêmes que pour
les milieux “cours d’eau et lacs” (lire la
fiche-milieu n°2).
Les fortes charges en bétail et la divagation
des bêtes entraînent un sur-piétinement dans
les zones humides situées aux abords
immédiats des points d’eau naturels. Ceci
endommage les milieux fragiles et modifie la
flore, du fait de la concentration des déjec-
Les milieux naturels, des lieux de vie - 75
Fiche-milieu n°3
tions. Des zones humides situées sous l’Arête
du Loidon et du Monal sont l’objet d’une
telle dégradation.
La préservation des zones humides est
devenue une priorité en France et fait l’objet
de programmes d’actions aux niveaux
national, régional et départemental.
Propositions de gestion
PNV - Christian Balais
Aucune gestion particulière n’est donc à
envisager à court terme, si ce n’est de
prendre en compte systématiquement ces
zones précieuses, dans le cadre de tout
nouveau projet d’aménagement, afin d’en
assurer la préservation et d’éviter toute
forme d’incitation au drainage des petites
zones humides restantes.
Dotés d’une triple valeur : biologique,
paysagère et touristique, certains étangs du
Monal ont fait l’objet d’un nettoyage au
début des années 2000. Initiée par la commune de Sainte-Foy-Tarentaise, le Conseil
général de la Savoie et l’Association agréée
de pêche et de protection du milieu aquatique du canton de Bourg-Saint-Maurice,
Marais situé à l’est du Monal
76 - Les milieux naturels, des lieux de vie
cette opération a permis de ralentir le
processus d’atterrissement* et de conserver
ce milieu humide en l’état (lire la ficheespèce n°7).
L’aménagement de points d’abreuvement et
l’organisation de l’accès des troupeaux
domestiques permettent d’éviter la
dégradation des zones humides avoisinantes, ou du moins de la circonscrire.
Ponctuellement, la mise en défens de marais
particuliers peut s’avérer nécessaire. Parallèlement à ces mesures relatives, la diminution des charges en bétail et le gardiennage
seraient aussi à préconiser sur certains
secteurs d’alpages.
De même, quand c’est possible, le choix de
l’emplacement des machines à traire devrait
tenir compte de la présence de zones
humides, afin d’éviter que le lessivage par les
eaux de pluie ou l’écoulement direct des
déjections animales et des effluents laitiers
(eaux de lavage, etc.) ne génèrent des
apports organiques répétés dans les zones
humides voisines.
Un vaste programme concernant la gestion
de l’eau en Tarentaise est en cours d’élaboration. Il s’agit du contrat de rivière “Isère
en Tarentaise”, piloté par l’assemblée du
pays Tarentaise-Vanoise. Différentes facettes
de la gestion de l’eau y sont traitées comme
la protection des milieux naturels. Dans ce
cadre est envisagée la réalisation de l’inventaire des zones humides sur le bassin versant
de l’Isère en amont d’Albertville. Ce travail
rejoint une initiative du Conseil général de la
Savoie qui consiste à réaliser un inventaire
exhaustif des zones humides au sens du
schéma directeur d’aménagement et de
gestion des eaux. La coordination départementale de cet inventaire a été confiée au
Conservatoire du patrimoine naturel de la
Savoie. Il vise à mieux connaître ces milieux
naturels et à préciser, avec les maîtres
d’ouvrage intéressés, les actions de gestion
nécessaires à leur conservation, afin de les
inscrire au contrat de rivière.
PNV - Clotilde Sagot
Les prairies de fauche de vallée
et d’altitude
Anne Royer
Prairies de fauche après les foins à l’automne - la Combaz
Prairies de fauche à l’Échaillon
Les prairies de fauche sont des prés dont un
cycle de végétation au moins est fauché.
L’herbe récoltée, après séchage, forme le foin
destiné à l’alimentation hivernale des
troupeaux. La prairie peut aussi être
pâturée, en tout début ou en fin de saison.
Choisies par les agriculteurs parmi les
parcelles les plus productives de leur
exploitation et celles dont les conditions de
travail (pente, éloignement et accès) sont les
moins contraignantes, ces prairies se caractérisent généralement par une couverture
Les milieux naturels, des lieux de vie - 77
Fiche-milieu n°4
Sommaire
Fiche-milieu n°4
végétale herbacée plus ou moins dense et
continue atteignant 50 à 80 cm de hauteur à
la floraison.
Composées en majeure partie de graminées
(pâturin, fléole, fétuque, trisète, avoine,
etc.), les prairies de fauche n’en demeurent
pas moins très colorées. C’est surtout au
mois de juillet, au moment du pic de floraison, que l’œil du promeneur est comblé par
ces couleurs.
Sur Sainte-Foy-Tarentaise, les prairies de
fauche couvrent une grande diversité de
secteurs, s’étalant entre 900 m et 2 000 m
d’altitude. Les plus basses occupent la vallée
de l’Isère, tandis que de rares prairies
d’altitude se maintiennent encore au Monal,
à la Combaz, au Fenil et à Nantcruet.
Il existe une grande diversité de prairies en
fonction des conditions écologiques environnantes, tenant notamment à leur situation dans le paysage.
On distingue :
- les prairies de fauche plutôt maigres et
sèches, très diversifiées et riches en espèces
végétales telles que le sainfoin des montagnes et la sauge des prés. Ces prairies
dominent sur le grand secteur entre
l’Echaillon et la Balme, également au nord
de la commune, à la fois sur le secteur de
la Masure et du Miroir, ainsi qu’au
Champet où elles se développent sur d’anciennes alluvions.
- les prairies plutôt fraîches et “grasses” sur
sol frais et riche en éléments minéraux. Ces
prairies sont parfois fertilisées, la plupart
du temps à l’aide de fumier ou d’autres
engrais. Elles couvrent les secteurs de
Viclaire, du Crot et du Plan du Pré, ainsi
que le grand secteur concernant le cheflieu, le Planay et s’étalant jusqu’à Bonconseil.
Les prairies de fauche
78 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°4
PNV - Christian Balais
Prairies de fauche aux environs de la Masure et du Miroir
Flore
aggloméré, le trisète jaunâtre, la fléole des
prés, le pâturin des prés, etc., alors que la
kœlérie pyramidale, le brome érigé et la
fléole bulbeuse sont plus typiques des
prairies maigres.
Rarement dominantes, les plantes à fleurs
sont néanmoins les espèces les plus visibles.
Une prairie de fauche se caractérise par la
PNV - Christian Balais
PNV - Maurice Mollard
prédominance de poacées (ou graminées)
qui lui confèrent sa physionomie, sa structure et une part essentielle de son intérêt
fourrager. Parmi celles-ci, on trouve dans
les prairies plutôt grasses, le dactyle
Trisète jaunâtre
Rhinante velu
Les milieux naturels, des lieux de vie - 79
PNV - Jacques Perrier
Fiche-milieu n°4
Ce sont elles qui donnent leur éclat aux
prairies de fauche.
Les prairies plutôt maigres et sèches,
marquées par une plus grande diversité
floristique, sont aussi les plus vivement
colorées. On y trouve le sainfoin, le lotier
corniculé, la sauge des prés, les rhinanthes,
les centaurées, les scabieuses, diverses
ombellifères, comme le grand boucage, la
petite astrance, etc. Cette dernière est une
plante grêle, également fréquente dans
d’autres milieux : landes, rocailles et
boisements clairs. Ses fleurs forment de
petites ombelles blanches entourées de
bractées étroites.
La véronique en épi est une plante annuelle
qui se développe aussi dans les prairies
plutôt sèches, comme celles que l’on trouve
entre Chenal et le Monal. Elle se signale en
été par un épi dense de fleurs bleu-violet.
Petite astrance
PNV - Christian Balais
Dans les prairies fraîches et grasses fleurissent des plantes plutôt nitrophiles propres
aux sols fertilisés riches en azote. On y
rencontre typiquement le géranium des bois
et la renouée bistorte. La renouée bistorte
est une plante à tige robuste, capable
d’atteindre jusqu’à 80 cm de hauteur. Ses
fleurs roses sont regroupées en un épi
terminal compact, de forme cylindrique et
oblongue. Le pissenlit officinal, également
présent dans ces prairies, et la renouée
bistorte étaient consommées par les santaférains (lire le paragraphe “Les plantes à
usage alimentaire” p.33).
À certains moments de l’année, il arrive que
la floraison d’une espèce donne à elle seule
sa couleur à toute une prairie. Ce peut être
le cas du salsifis, de la bistorte, des rhinanthes comme du géranium des bois.
Véronique en épi
80 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°4
PNV - Joël Blanchemain
PNV - Denis Bassargette
Marmotte des Alpes
Le
lièvre brun, ou lièvre d’Europe, fréquente les prairies de fauche fraîches à une
altitude inférieure à 2 000 m. D’autres
mammifères sont présents, comme la
marmotte des Alpes qui apprécie le couvert
herbacé des prairies de fauche. Prisé du
public, cet animal est plutôt mal-aimé des
agriculteurs. Les déblais occasionnés par le
creusement des terriers peuvent constituer
une difficulté pour la fauche des prairies.
En recherchant les racines et les vers de terre
dont il est friand, le sanglier est capable de
retourner de grandes surfaces de prairies,
affectant aussi la gestion de celles-ci.
Parmi les petits rongeurs, appelés aussi
micromammifères*, qui fréquentent ces
milieux le campagnol terrestre est l’un des
plus grands, avec une longueur maximum
du corps de 16 cm. Ce campagnol aime les
sols compacts peu caillouteux, dans lesquels
il creuse son réseau de galeries et de fausses
“taupinières”. Il partage en effet avec la
taupe la particularité de signaler sa présence
par des amoncellements de terre, très
visibles en plein champ. De ce fait le
campagnol terrestre est aussi appelé rat
taupier. Il se nourrit essentiellement de
racines, dont celles du pissenlit et des bulbes
du crocus.
Migrateur transsaharien, le tarier des prés a
une prédilection pour les prairies de fauche
grasses et fournies. Les plantes les plus
grandes telles que les apiacées (ou ombellifères) lui servent de perchoir pour le chant,
ainsi que de poste de guet. Prédateur de
petits insectes abondants dans ce type de
végétation (sauterelles, criquets, papillons,
etc.), le tarier des prés est un des rares
oiseaux caractéristiques de ce milieu.
Le bruant fou est un autre petit passereau
qui possède un corps brun rayé de noir et
une tête gris bleuté ornée de bandes noires.
Il affectionne tous types de milieux suffisamment bien ensoleillés, dans lequel se
trouvent un sol nu et quelques buissons. Sa
nourriture se compose de graines de graminées, qu’il complète avec divers invertébrés
(chenilles et orthoptères) au cours de la belle
saison. La pie-grièche écorcheur et le bruant
ortolan affectionnent les prairies les plus
sèches.
Les floraisons opulentes et variées des
prairies de fauche sont particulièrement
Manuel Bouron
Faune
Femelle de cuivré fuligineux
Pie-grièche écorcheur
Les milieux naturels, des lieux de vie - 81
Fiche-milieu n°4
Équilibre entre l'homme
et son milieu
Usages, intérêts économiques
et représentations
PNV - Joël Blanchemain
Les prairies de fauche font l’objet d’une
double perception. D’une part elles représentent pour les naturalistes un milieu
naturel riche d’une faune et d’une flore
originales, et d’autre part un milieu agricole
qui fait l’objet de pratiques destinées à en
améliorer la qualité fourragère.
À Sainte-Foy-Tarentaise, la fauche des
prairies locales ne contribue plus à l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage,
elle limite cependant l’achat de foin à
l’extérieur (foin en provenance du massif des
Bauges, de la Crau, etc.).
L’intérêt d’une prairie ne se réduit pas à la
quantité de fourrage produit. D’autres
critères doivent être pris en compte : qualité
nutritive du fourrage, appétence, tenue du
foin lors de la récolte, évolution de la
quantité au cours de la saison, etc. Par
exemple, si les prairies fraîches fertilisées
produisent du foin en plus grande quantité,
la qualité de celui-ci baisse très rapidement
Azurés du sainfoin sur une centaurée scabieuse
PNV - Christian Balais
PNV - Joël Blanchemain
convoitées par les insectes consommateurs
de pollen et de nectar. Les plus visibles sont
les papillons de jour dont les cuivrés
fuligineux et écarlate, le moiré lancéolé, la
virgule, le grand nacré, l’azuré du sainfoin,
ou sablé du sainfoin, et le grand apollon. Ce
dernier a été notamment observé sur le site
du Monal.
De nombreux orthoptères fréquentent ces
milieux qui leur offrent le gîte et le couvert
dont ils ont besoin. C’est le cas du criquet
jacasseur et du dectique verrucivore, deux
espèces qui se développent exclusivement
dans les prairies de fauche, notamment les
prairies maigres et sèches. Le criquet
verdelet est en réalité un insecte bigarré,
présentant une coloration très variable :
verte, brune, rougeâtre ou jaunâtre. Il
fréquente différents types de prairies à la
végétation haute, depuis la plaine jusqu’à
l’étage alpin, et au cours d’une saison allant
de la fin du printemps au début de
l’automne.
Femelle de dectique verrucivore en train de pondre
82 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Moto-faucheuse
PNV - Christophe Gotti
Troupeau ovin début juin à l’Échaillon
s’il n’est pas coupé à temps. À contrario,
l’échelonnement des floraisons des prairies
de fauche maigres et sèches, riches en
espèces, permet de maintenir la qualité du
foin plus longtemps et favorise une
souplesse d’exploitation.
Chaque prairie de fauche résulte du travail
des agriculteurs et donc des pratiques qui
peuvent s’y exercer. À Sainte-Foy-Tarentaise,
les prairies sont généralement pâturées et
fauchées à l’aide de motofaucheuses ou
d’autofaucheuses (la motofaucheuse a fait
son apparition sur la commune en 1953, sur
le plateau de la Sassière). Les prairies de
vallée sont pâturées puis fauchées au
printemps et parfois à nouveau pâturées à
l’automne. Les prairies d’altitude sont
fauchées en été puis pâturées à l’automne.
Certaines d’entre elles sont fertilisées avec
du fumier ou du lisier. Seules les prairies les
plus basses (situées en dessous de 1 500 m)
peuvent être fauchées deux fois par an.
La diversité des pratiques agricoles combinée avec des conditions écologiques
variables produit une grande diversité de
prairies, qui constituent autant de milieux
originaux d’un point de vue naturaliste et
distincts sur le plan paysager.
La valeur floristique des prairies de fauche
n’est généralement pas liée à la présence de
telle ou telle plante remarquable, mais à leur
diversité floristique. Celle-ci est d’autant
plus importante que la fauche est tardive et
la fertilisation modérée (maximum 25 t de
fumier par hectare et par an). Dans ces
conditions optimales pour la flore, on peut
compter jusqu’à une cinquantaine d’espèces
végétales dans une seule prairie. Ces
floraisons opulentes des prairies de fauche
d’altitude ont aussi un intérêt paysager
certain, offrant au regard des surfaces de
milieux ouverts* et colorés.
En revanche, une forte fertilisation réduit la
diversité des fleurs (en nombre d’espèces),
mais pas nécessairement leur abondance.
Par ailleurs, l’abondance de fleurs appartenant à un grand nombre d’espèces différentes attire une grande quantité d’insectes
et confère à ces prairies une valeur entomologique remarquable.
Le décalage dans le temps de la fauche des
différentes parcelles offre la possibilité à la
faune (et principalement aux oiseaux et aux
insectes) de trouver refuge dans les prairies
non encore fauchées. Sachant que les
insectes constituent l’alimentation de base
de toute une foule de petits prédateurs
(petits mammifères, oiseaux, reptiles), on
comprend l’importance de modes de gestion
diversifiés des prairies pour la richesse de la
faune locale.
Enfin, ces prairies entretenues par des
générations d’agriculteurs ont une valeur
patrimoniale au sens familial et affectif, liée
au travail accumulé et aux souvenirs
associés.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 83
Fiche-milieu n°4
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Fiche-milieu n°4
Prairie de fauche en fleurs au Monal
Évolution et transformation
du milieu
Jean-Luc Penna
Le contexte général alpin est marqué par
une régression généralisée des prairies de
fauche de montagne, particulièrement
importante en altitude.
En Vanoise, on observe cependant un
meilleur maintien global de ces prairies du
fait de l’autonomie fourragère préconisée
pour la production de beaufort, sous appellation d’origine contrôlée (AOC).
Cette régression généralisée se traduit par un
abandon des prairies les moins productives
et surtout les plus difficiles à exploiter (du
fait de l’éloignement, des problèmes d’accès,
de la pente) et une intensification corrélative
des prairies proches des exploitations et plus
productives. Ceci entraîne une diminution
de la valeur biologique et paysagère.
À Sainte-Foy-Tarentaise, comme dans la
plupart des régions alpines, on a assisté, au
cours des dernières décennies, à la disparition de la fauche dans les vallons d’altitude, au-dessus de 2 000 m, qui ne sont plus
exploitables avec le matériel agricole moderne. Les prairies de vallée sont également
marquées par une diminution de leur
Prairies de fauche aux environs de La Masure et du Miroir vers 1950
84 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christian Balais
Fermeture de prairies de fauche aux environs du Miroir
surface, en partie due à une difficulté
d’accès. Les anciens secteurs de fauche situés
au Plan (sous la Masure), à la Falconnière et
aux environs du Mayen ont été abandonnés,
et au Monal des prairies ont été transformées en pâturages.
Ainsi la superficie des prairies de fauche les
plus intéressantes sur le plan biologique
(prairies d’altitude, prairies sèches et prairies
extensives) a fortement baissé à Sainte-FoyTarentaise au profit de types de prairies à la
flore plus banale. Quant aux prairies situées
à proximité des exploitations, leur fonction
fourragère diminue de plus en plus au profit
de leur rôle d’épuration des effluents
agricoles.
Les capacités d’assimilation des prairies sont
limitées, surtout en montagne où le sol est
généralement peu épais et la période de
végétation plus courte qu’en plaine. Au-delà
d’un certain seuil de fumure, les prairies
restituent les excédents dans les rivières et
les nappes phréatiques, entraînant une
pollution néfaste pour la faune et la flore
comme pour la ressource en eau.
Propositions de gestion
Les remarques précédentes plaident en
faveur d’une diversité des modes de conduite
des prairies de fauche, favorable à la flore et
Les milieux naturels, des lieux de vie - 85
Fiche-milieu n°4
à la faune, tout en assurant des ressources
fourragères suffisantes et de qualité.
Le retour à des pratiques plus extensives sur
certaines parcelles est donc souhaitable :
baisse de la pression de pâturage et de la
fertilisation sur les prairies en voie de dégradation, pratique d’une fauche tardive,
maintien de prairies de fauche “extensives”
peu productives, voire rétablissement de la
fauche sur certaines parcelles d’exploitation
difficile.
Dans ce même objectif, le décalage des dates
de fauche permettra aux espèces animales,
tant vertébrées (mammifères, oiseaux, etc.)
qu’invertébrées (insectes), de se réfugier
dans les prairies non encore fauchées et de
finir leur cycle de vie.
Il serait nécessaire de freiner l’abandon des
prairies de fauche par l’application d’un
cahier des charges qui tendrait vers l’autosuffisance en foin, et par ailleurs inciterait
les éleveurs à respecter un code de bonnes
pratiques en matière de protection de la
ressource en eau et de préservation de la
biodiversité.
Le plan d’épandage, réalisé sur la commune
de Sainte-Foy-Tarentaise en 1995, est une
des mesures prises pour réduire la pollution
organique des nappes phréatiques et des
cours d’eau due à l’épandage de lisier et de
fumier (lire la fiche-milieu n°2).
Les recommandations de type fumure
modérée, récolte retardée, déprimage non
mécanique, absence de traitement chimique
et fauche centrifuge, peuvent s’inscrire dans
le cadre d’un cahier des charges de mesures
de type agri-environnemental.
Ces mesures spécifiques traduiraient la
reconnaissance des caractéristiques de l’agriculture de montagne et l’intérêt de son
patrimoine écologique et paysager local.
Elles pourraient consister en l’octroi de
primes contractualisées à la surface ou
d’aides destinées à réduire les contraintes
d’exploitation (matériel de fauchage spécial
montagne, aide en main d’œuvre, etc.).
Sommaire
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°5
Les forêts de conifères
Anne Royer
Boisement de pins sylvestres au-dessus de Viclaire
Forêt d’épicéas aux environs du Planay
Sur la commune, la forêt s’étend entre 890
et 2 200 m d’altitude. Elle occupe une
surface d’environ 1 500 ha, soit environ
15 % du territoire.
Cette couverture forestière occupe essentiellement les versants de la vallée de l’Isère et
s’étend ponctuellement jusqu’à l’aval des
86 - Les milieux naturels, des lieux de vie
vallons d’altitude, comme dans le vallon de
Mercuel.
Les forêts de Vanoise sont essentiellement
composées de résineux : sapin, épicéa, pin
sylvestre, pin à crochets, pin cembro et
mélèze.
Fiche-milieu n°5
PNV - Christian Balais
Forêt de mélèzes au-dessus des hameaux de la Legettaz et du Fenil
Ces essences s’associent pour former des
peuplements qui diffèrent selon les conditions écologiques locales (altitude, exposition au soleil et au vent, nature du sol et de
la roche-mère, humidité).
Ainsi, la pineraie de pin sylvestre est par
excellence la forêt sèche de l’étage montagnard. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, ce type de
forêt se rencontre sur le versant au-dessus de
Viclaire et du Miroir.
Les forêts de conifères
Les milieux naturels, des lieux de vie - 87
Ces différents types de peuplements induisent une grande variété de formations
végétales de sous-bois : tapis dense de sousarbrisseaux et de plantes herbacées pour les
pineraies sèches, sous-bois clair et fleuri du
mélézin, couverture quasi-continue de sousarbrisseaux (myrtille, raisin d’ours commun)
de la pessière* subalpine, etc.
Flore
Arbre principal de l’étage montagnard en
Vanoise, l’épicéa commun est l’essence
dominante de l’ensemble des massifs forestiers de Sainte-Foy-Tarentaise où il se
développe d’une manière totalement naturelle.
L’airelle rouge est un petit sous-arbrisseau
fréquent dans les pessières* du Grand Follié
et du Grand Bois. Ses fleurs en forme de
cloche, rosées ou blanches, fleurissent de
mai à juillet avant de donner des baies acides
rouges consommées, entre autres, par le
tétras-lyre.
L’arbrisseau le plus répandu dans les
pessières* d’ubac est le myrtillier, dont les
fruits comestibles sont cueillis pour faire des
confitures et des pâtisseries. Outre leurs propriétés médicinales (baies toniques et riches
en provitamine A), ces fruits fournissent un
colorant naturel violet.
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°5
Les épicéas, omniprésents en Vanoise,
forment des pessières* dites sèches ou
fraîches selon l’exposition adret/ubac. Tous
les types de pessières* sont représentés sur la
commune. Elles se développent sur différents secteurs : Viclaire, le Miroir, la Commodité, Sesseronay, le Grand Follié et le
Grand Bois.
À l’étage montagnard et en versant nord,
quelques sapins se mêlent aux épicéas pour
former la pessière-sapinière. Avec la
pessière*, ce type de forêt est dominant sur
Sainte-Foy. Il occupe les versants nord à
nord-ouest du territoire, comme dans le bois
du Grand Follié et au niveau du secteur de la
Raie.
Les peuplements purs d’épicéa se rencontrent plus haut. Au-dessus de 1 700 à
1 800 m d’altitude, l’épicéa peut aussi se
trouver en mélange avec le mélèze, comme
dans les secteurs du Miroir, de Sesseronay et
du Grand Bois. Enfin à l’étage subalpin
supérieur, le mélèze constitue des mélézins*
purs. Sur la commune, la forêt du Monal est
le plus connu et le plus caractéristique de ces
peuplements forestiers.
Ambiance humide sous le couvert forestier au Monal
88 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°5
PNV - Christian Balais
PNV - Christian Balais
Fougère des hêtres
Après l’épicéa, le mélèze d’Europe est
l’essence la plus abondante. C’est le seul
conifère autochtone de France à perdre ses
aiguilles en hiver. Il fournit un bois
imputrescible d’excellente qualité utilisé en
charpente, menuiserie et ébénisterie. Le
mélèze est présent dans les montagnes des
Alpes et des Carpates, entre 1000 et 2500 m
d’altitude. Tout comme l’épicéa il peut
atteindre une hauteur d’une quarantaine de
mètres. La clématite des Alpes est présente
dans le mélézin situé près du Monal.
Atteignant jusqu’à 2 m. de long, cette liane
se développe en rampant sur le sol ou en
grimpant sur les autres végétaux. Aux mois
de juin et de juillet, elle forme de grandes
fleurs violettes solitaires et pendantes,
composées de quatre pétales. Tout comme
beaucoup d’autres espèces de la famille des
renonculacées (l’aconit tue-loup, l’aconit
paniculé, l’hellébore fétide, etc.), dont elle
fait partie, la clématite des Alpes est toxique.
C’est une plante de montagne, que l’on
trouve également dans les zones rocailleuses
et les landes.
Le phégoptéris à pinnules confluentes, ou
fougère des hêtres, est une fougère qui
recherche l’ombre et la fraîcheur de différents types de forêts : pessières* ou
mélézins*, entre 200 et 2 000 m d’altitude.
La feuille, appelée fronde, est de forme
triangulaire et recouverte de petits poils sur
les deux faces. La violette singulière, ou
violette remarquable, est capable d’atteindre
Christine Garin
Épicéa “torturé” dans le vallon de Mercuel
Myrtillier
Les milieux naturels, des lieux de vie - 89
Marc Pienne
PNV - Nicolas Valy
Fiche-milieu n°5
Epipactis pourpre-noirâtre
Faune
Les forêts de Sainte-Foy-Tarentaise constituent un refuge pour de nombreuses espèces
de mammifères plus ou moins typiques de ce
milieu : le renard, le blaireau, l’écureuil, la
martre, le lièvre variable, le chevreuil, le cerf
élaphe, le chamois, etc.
S’il semble que les pelouses, les rochers et les
névés conviennent au chamois durant l’été,
PNV - Ludovic Imberdis
une hauteur de 30 cm à maturité. Elle se
distingue par la formation de deux types de
fleurs, toutes solitaires : des fleurs odorantes
de taille moyenne portées par un long
pétiole, et de plus petites fleurs qui naissent
à l’aisselle des feuilles. Ses feuilles, largement
ovales, atteignent presque 10 cm de long.
L’épipactis pourpre-noirâtre fréquente les
forêts résineuses plutôt sèches jusque vers
2 000 m d’altitude. Elle forme de petites
fleurs brun-pourpre pendantes, disposées en
inflorescence lâche sur la tige et dégageant
une odeur de vanille. L’orchis pâle est une
autre orchidée que l’on peut rencontrer dans
les boisements clairs ou dans les prés en
lisière forestière, essentiellement à une
altitude comprise entre 950 et 1 800 m,
comme dans la forêt du Grand Follié. Ses
fleurs jaune pâle présentent un éperon (petit
tube qui prolonge l’arrière de la fleur) plutôt
dirigé vers le haut.
Orchis pâle
Jeune renard roux
90 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°5
Michel Reverdiau
PNV - Christian Balais
Nid d’écureuil dans un mélèze au Monal
naturelles offertes par les arbres, mais aussi
les grottes et les cavités liées aux bâtiments.
Comme toutes les chauves-souris, la
barbastelle est une espèce protégée en
France (lire la fiche-espèce n°9).
Les pics sont des oiseaux munis d’un bec
robuste et pointu, avec lequel ils frappent
vigoureusement le tronc des arbres à la
recherche de leur nourriture, des insectes
xylophages*, et pour creuser leur nid. Le pic
épeiche, le pic noir et le pic vert se
reproduisent dans les forêts de Sainte-FoyTarentaise. Parmi ces pics, le pic vert est le
seul que l’on puisse observer dans les
PNV - Benoît Martineau
rappelons-nous que cet ongulé occupait les
forêts pentues durant toute l’année avant
d’avoir été chassé par l’homme. Aujourd’hui
ces forêts continuent d’être recherchées par
cette espèce au cours de l’hiver. Elles peuvent
aussi constituer des zones de mises bas au
printemps. Certaines forêts forment ainsi
des zones d’hivernage précieuses pour la
survie de l’animal, qui se nourrit alors de
lichens, de jeunes rameaux, de bourgeons et
d’aiguilles de résineux. La barbastelle est
une chauve-souris typique des régions
boisées de plaine et de montagne qui, pour
son cycle de vie, recherche les cavités
Pic vert
Groupe de cabris de chamois en fin d’hiver
Les milieux naturels, des lieux de vie - 91
PNV - Joël Blanchemain
Fiche-milieu n°5
Moiré blanc-fascié
PNV - Christian Balais
prairies où il déterre les fourmis pour se
nourrir. Les pics jouent un rôle fondamental
pour d’autres animaux forestiers incapables
de forer des trous.
La chouette de Tengmalm fait partie de ces
animaux cavernicoles à la recherche de loges
désertées par le pic noir pour installer sa
couvée. C’est le mâle qui s’occupe de chercher les meilleures loges, avant d’attirer une
femelle. Ce rapace nocturne occupe les
forêts froides d’Amérique du nord, de
Sibérie et de Scandinavie. En France la
chouette de Tengmalm est surtout présente
dans les massifs montagneux de l’Est :
Vosges, Jura et Alpes. Relativement indifférente aux essences forestières, cette espèce
est surtout sensible à la présence de vieux
arbres. Elle occupe les forêts froides caractérisées par une certaine maturité.
Tout comme la chouette de Tengmalm, le
tétras-lyre est une espèce typique des forêts
froides. Il affectionne plus particulièrement
la limite supérieure des boisements clairs de
résineux où il trouve des perchoirs et de la
nourriture. La forêt est également un refuge
pour cet oiseau sédentaire qui se protège
alors du froid en s’enfouissant dans la neige.
Les petits passereaux sont représentés par
un grand nombre d’espèces : la fauvette des
jardins, la fauvette à tête noire, l’accenteur
mouchet, le pouillot véloce, le troglodyte
mignon, ainsi que les mésanges bleu, noire,
boréale et charbonnière.
Le moiré sylvicole, le moiré frange-pie et le
moiré blanc-fascié sont des papillons
sombres difficiles à distinguer. Ils ont une
couleur générale brun-noir, tachetée de
points orange, noir et blanc. Les plantes
qu’ils recherchent pour le développement de
leurs larves sont toutes des graminées, ou
bien des laîches, qui poussent dans les bois
ou en lisières forestières.
Exploitation forestière dans la forêt du Grand Follié
92 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°5
Équilibre entre l'homme
et son milieu
PNV - Christian Balais
La majorité de la surface boisée, soit
1 420 ha, est propriété de la commune. Elle
est gérée par l’Office national des forêts et
soumise à un plan d’aménagement. Une
partie de cette surface soumise au régime
forestier (10 %) est non boisée (route, couloir d’avalanche, boisement en cours, etc.).
La forêt domaniale représente une surface
de 125 ha. Une partie de cette forêt se trouve
au sud-ouest du Miroir, sur un secteur situé
entre le Miroir et le Champet. Une autre
partie occupe le secteur de la Molluire, et
correspond aux plantations réalisées par le
service de Restauration des terrains en
montagne (RTM), suite à l’éboulement de la
Molluire à la fin du XIXe siècle.
Porte en mélèze au hameau du Monal
PNV - Christian Balais
Usages, intérêts économiques
et représentations
Mélèzes avec le tronc en forme de crosse
Les surfaces de forêts privées sont faibles à
Sainte-Foy-Tarentaise. En 2006, elles ne
représentent que 105 ha pour 373 propriétaires.
La production moyenne annuelle de la forêt
communale soumise au régime forestier est
estimée, d’une manière optimale, à 2 000 m3
par an. Les arbres sont généralement vendus
aux scieurs de la Tarentaise qui les transforment en bois de charpente et de menuiserie.
L’épicéa est l’essence dominante. Le sapin et
le mélèze restent secondaires.
L’épicéa, le pin sylvestre, le sapin et le mélèze
sont aussi exploités pour l’affouage*. Des
lots constitués de chablis et d’arbres spécifiquement abattus sont périodiquement
attribués aux habitants de Sainte-FoyTarentaise. Ce bois est surtout utilisé pour
de la menuiserie ou comme bois de chauffage. En 2006, ces lots représentent un
volume de 300 à 400 m3, distribués à
103 personnes, soit environ 3 m3 de bois par
habitant. Le nombre de personnes intéres-
Les milieux naturels, des lieux de vie - 93
ONF - Service RTM 73
Construction de drains au village de la Croix - 1903
94 - Les milieux naturels, des lieux de vie
ONF - Service RTM 73
Fiche-milieu n°5
sées par ce bois est en diminution. Il était de
120 en 1985.
Différents types de bois sont exploités pour
la construction des habitations. Pour la
charpente, le bois d’épicéa (Picea abies) est
le plus utilisé. Le bois de sapin (Abies alba)
et de mélèze (Larix decidua) permet de
monter de belles charpentes, pouvant résister des siècles au rude climat de montagne.
Le mélèze sert souvent de bois de charpente
dans les chalets d’alpage, près des forêts
d’altitude (mélézins*) où cette essence de
lumière domine. Des poutres maîtresses en
mélèze, datées du XVIIe siècle à l’Échaillon,
au Monal (1646 pour la plus grande bâtisse
du hameau), illustrent le caractère imputrescible de cet arbre.
Pour les parties de la construction comme
les linteaux, les portes de granges ou les
balcons, le mélèze est souvent privilégié.
Certaines fantaisies de la nature, les crosses
de mélèzes, sont remarquablement utilisées
par le constructeur : une des maisons du
Monal (non-loin de la Chapelle Saint Clair)
possède trois linteaux naturellement cintrés
et judicieusement employés.
Ravin du Planay au début du XXe siècle
Autrefois planté en nombre aux abords des
hameaux, le noyer avait un double usage.
Les noix servaient à la fabrication d’huile
alimentaire et le bois était utilisé pour
construire des portes d’entrées. Sur ces
portes, les sculpteurs se sont exprimés en
façonnant des rosaces, étoiles et autres
motifs traditionnels, caractéristiques de
Sainte-Foy.
Les objectifs de protection physique du
document d’aménagement forestier visent à
une préservation des zones habitées contre
les avalanches, les coulées de neige, les
éboulements, les chutes de pierres et le
ravinement provoqué par l’eau. L’ensemble
des forêts de Sainte-Foy-Tarentaise soumises
au régime forestier est désigné pour remplir
ce rôle. Il est à noter que la destruction
partielle de la forêt (zone la plus inférieure
du massif du Bec Rouge) au cours du XIXe
siècle a, pour partie, favorisé la formation de
grands couloirs d’éboulement (La Molluire)
à l’est du Miroir. Pour protéger les habitants
d’une zone de glissement de terrain située
au-dessus du chef-lieu, le service de Restau-
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
PNV - Stéphane Mélé
PNV - Stéphane Mélé
Les pessières* représentent dans les vallées
de Vanoise une part importante de la forêt,
particulièrement en Tarentaise. Leur intérêt
biologique est sensiblement identique d’une
commune à l’autre.
Base d’un tronc d’épicéa consommé
par les insectes xylophages
Forêt du Miroir au-dessus du hameau du même nom
Les milieux naturels, des lieux de vie - 95
Fiche-milieu n°5
L’existence, à l’échelle d’un versant d’une
diversité de stades de développement des
peuplements (clairières avec arbustes, jeunes
semis, fourrés, perchis par bouquets, futaie
jardinée*, très gros bois, vieux arbres), est
particulièrement favorable à la faune. Si la
présence de vieux arbres à cavités et d’arbres
morts est indispensable pour un grand
nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes (rapaces nocturnes, écureuil, coléoptères se nourrissant de bois en décomposition, etc.), la gélinotte des bois, par
exemple, préfère les jeunes peuplements et
les clairières.
Les sous-bois abritent des plantes à haute
valeur patrimoniale telle que le lis martagon,
la violette singulière et la clématite des
Alpes.
La présence du tétras-lyre dans la partie
supérieure des forêts participe également à
l’intérêt biologique de celles-ci. Sur SainteFoy-Tarentaise, les zones supérieures des
forêts fonctionnent avec les aulnaies vertes
et les landes situées directement au-dessus
d’elles. Ces trois milieux complémentaires
ration des terrains en montagne a renforcé le
rôle protecteur de la forêt, par la création
d’un réseau de drains superficiels et souterrains.
Perçues dans leur globalité, les forêts structurent le paysage de la commune et offrent
un cadre idéal à de nombreuses activités de
plein air. Plusieurs sentiers de randonnée
pédestre ont été balisés. En hiver, certaines
forêts sont fréquentées par les skieurs et les
randonneurs en raquettes (pistes de ski, ski
hors-piste et itinéraires de randonnées en
raquettes dans les forêts du Grand Follié et
du Grand Bois). À Sainte-Foy-Tarentaise les
milieux forestiers sont également parcourus
par les chasseurs et les cueilleurs de myrtilles
ou de champignons.
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°5
Création d’une piste “chantier” pour la réalisation d’un télésiège et de pistes de ski.
Versant sud-ouest du Camp Filluel
sont indispensables pour répondre à toutes
les exigences du tétras-lyre. La forêt apporte
les arbres dont l’oiseau a besoin pour se
percher et se nourrir en plein hiver quand la
couverture neigeuse empêche tout accès au
sol.
Certains secteurs forestiers, comme la forêt
du Miroir ou celle des Monters, près du
hameau de Béranger, sont aussi indispensables pour le repos hivernal du chamois.
Les forêts contribuent fortement à la
diversité biologique et paysagère de la
commune. Les forêts du Miroir, du Grand
Follié, du Monal et du Grand Bois sont
largement intégrées dans les différents
zonages ZNIEFF qui concernent Sainte-FoyTarentaise (lire le paragraphe “Zonages
ZNIEFF et ZICO” p.41). La forêt devient
particulièrement belle en automne, lorsque
les mélèzes prennent une teinte dorée,
contrastant alors avec la couleur constamment verte des autres conifères.
Les forêts de la commune se distinguent
également par le développement exceptionnel en Tarentaise d’une sapinière en
exposition sud localisée au-dessus du
Miroir.
96 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Évolution et transformation
du milieu
Les forêts d’épicéas de l’étage subalpin sont
des formations végétales très stables qui
n’évoluent guère en l’absence de perturbation. À l’étage montagnard, dans les
hêtraies-sapinières ou les sapinièrespessières* climaciques*, le sapin dominera
progressivement l’épicéa, en pourcentage
d’essences.
Le mélèze, en revanche, est une espèce
pionnière qui craint la concurrence des
autres conifères. Ses peuplements ne sont
pas stables et évoluent peu à peu vers
d’autres types de forêts (notamment vers des
cembraies*, à l’étage subalpin). Quelques
pins cembro occupent les étages supérieurs
de la forêt du Grand Follié, ainsi que le
secteur de la Tête du Plane.
Outre la destruction de boisements pour
l’aménagement de pistes de ski et de
remontées mécaniques, le tourisme d’hiver
peut affecter également la forêt du fait de la
pratique du ski hors-piste. Cette pratique
concerne particulièrement la forêt du Grand
Follié, traversée par les skieurs depuis le col
Granier. Les skis sectionnant le sommet des
jeunes pousses, cette pratique affecte la
régénération naturelle des boisements.
Le morcellement progressif de l’espace par
la création d’équipements nouveaux qui
s’ajoutent à ceux déjà existants (pistes de
ski, pistes forestières, lignes électriques, etc.)
crée une réduction de l’espace vital de
certaines espèces sensibles et parfois très
rares (telles que le tétras-lyre) qui y trouvent
refuge.
Il peut aussi provoquer la destruction directe
de plantes protégées.
La création de toute nouvelle piste forestière
augmente inévitablement la fréquentation
humaine et motorisée, qui peut devenir
difficilement contrôlable par la suite (VTT,
raquettes, motos, etc.).
En résumé, la multiplication des équipements conduit au fractionnement des territoires de la faune sauvage et diminue la
qualité des paysages qui constituent l’un des
atouts du tourisme local.
PNV - Stéphane Mélé
La fréquentation des forêts par des engins
motorisés, pourtant interdite par la loi du
3 janvier 1991 en dehors des routes ouvertes
à la circulation, provoque la dégradation de
sentiers et du couvert végétal de sous-bois,
ainsi que des nuisances sonores importantes
pour les riverains, les touristes, les troupeaux ovins et pour la faune de ces milieux.
Emblèmes des milieux montagnards, le
tétras-lyre, ainsi que nombre de rapaces,
diurnes ou nocturnes, ont des exigences
territoriales strictes. Ils ne se maintiennent
qu’à la faveur de vastes espaces préservés
qui leur assurent gîte, nourriture et
tranquillité, en particulier en saison hivernale. La multiplication des câbles en forêt,
ou plus haut dans les landes, est un danger
permanent pour cet oiseau, en raison des
risques de collisions en vol. À Sainte-FoyTarentaise, il est ainsi affecté par les câbles
du télésiège de l’Arpettaz.
Forêts du Grand Bois et du Grand Follié environnant la station-village de Sainte-Foy
Les milieux naturels, des lieux de vie - 97
Fiche-milieu n°5
En hiver, la randonnée en raquettes et le ski
hors-piste peuvent provoquer le dérangement de la faune (comme le tétras-lyre et la
gélinotte des bois) à une période de l’année
où elle est très vulnérable. Les itinéraires de
ski hors-piste dans le vallon de Mercuel
traversent plusieurs zones de nidification et
d’hivernage du tétras-lyre.
La prise en compte des enjeux naturalistes
dans les documents d’aménagement forestier doit permettre de concilier les objectifs
de production forestière ou d’accueil du
public avec les exigences de leur préservation.
Une partie des forêts du Grand Bois et du
Grand Follié a été classée forêt de protection
par un arrêté ministériel en juillet 1997. Ce
classement est le résultat d’une décision du
Comité interministériel des Unités touristiques nouvelles adoptée en 1984, précisant
que ce classement serait un moyen de limiter
l’emprise du domaine skiable de la future
station de ski. Couvrant une surface
d’environ 582 ha, ces forêts ont un véritable
rôle de protection pour la faune et la flore.
La gestion forestière se réalise en suivant une
période d’exploitation restreinte (pas de travaux, ni de coupes du 30 novembre au
30 juin).
Une exploitation forestière permettant
l’existence d’un nombre suffisant de vieux
arbres à cavités, ainsi qu’un pourcentage
important de bois morts à différents stades
de décomposition, est favorable à la faune
arboricole et aux insectes xylophages*
(coléoptères en particulier), ainsi qu’aux
mousses, lichens et champignons. Les zones
forestières qui ne sont pas exploitées sont
favorables au bois mort.
Il faut pouvoir assurer la quiétude nécessaire
aux espèces vulnérables de la faune, durant
les périodes sensibles que sont l’hiver et le
printemps. Cela consiste à réguler la circulation motorisée dans le milieu naturel et à
sensibiliser les randonneurs à skis et à
raquettes, ainsi que les skieurs hors-piste, à
la vulnérabilité de certains endroits qu’ils
sont amenés à fréquenter.
Cela exige un effort pédagogique en
direction du public, expliquant le nécessaire
respect de la tranquillité des lieux et
l’utilisation d’itinéraires balisés.
L’installation de dispositifs de signalisation
des câbles pourrait en atténuer l’impact sur
les populations de tétras-lyres. Le télésiège
de la Marquise, réalisé en automne 2006, a
été équipé de dispositifs de visualisation.
PNV - Stéphane Mélé
Fiche-milieu n°5
Propositions de gestion
Pylônes et câbles du télésiège de la Marquise
98 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Stéphane Mélé
L'aulnaie verte et la mégaphorbiaie
PNV - Stéphane Mélé
Aulnaie verte dans la partie inférieure du vallon de la Louïe Blanche sous la pointe d’Averne
Aulnaie sous l’arête du Montséti
L’aulnaie verte peut se définir comme une
brousse subalpine dominée par l’aulne vert,
un arbuste à feuilles caduques pouvant
dépasser 3 m de haut. C’est une formation
végétale très dense et difficilement pénétrable, et capable de former de grandes
entités homogènes.
On distingue deux types d’aulnaies suivant
leur origine :
- les aulnaies primaires*, installées depuis
plusieurs milliers d’années à la limite des
forêts subalpines et dans les pentes fraîches
et avalancheuses que les conifères ne
peuvent pas coloniser du fait des trop
Les milieux naturels, des lieux de vie - 99
Fiche-milieu n°6
Sommaire
Fiche-milieu n°6
L’aulnaie verte et la mégaphorbiaie
fortes contraintes mécaniques. Ces aulnaies sont peu importantes sur la commune. Elles occupent les couloirs d’avalanche situés en rive gauche de l’Isère, dans
le cœur du Parc ;
- les aulnaies secondaires* qui peuvent
résulter de la recolonisation par l’aulne
vert de secteurs anciennement exploités
par l’agriculture et aujourd’hui en déprise.
Ces aulnaies sont dominantes sur la
commune, avec la présence de grandes
surfaces dans le vallon de Mercuel. Elles
occupent aussi largement toute la partie
inférieure du vallon de la Louïe Blanche,
jusqu’au hameau du Mayen.
Les aulnaies sont la plupart du temps
associées à des mégaphorbiaies avec lesquelles elles s’interpénètrent.
Les plantes herbacées de la mégaphorbiaie
ont la particularité de se développer très
100 - Les milieux naturels, des lieux de vie
rapidement au printemps et de s’opposer
ainsi à la germination des ligneux.
L’exubérance de cette végétation nécessite
d’importantes ressources minérales et
hydriques. De ce fait, l’aulnaie verte et les
mégaphorbiaies ne prospèrent que sur des
sols frais, profonds et riches en nutriments,
alimentés par des ruissellements permanents.
La mégaphorbiaie est une formation
végétale dense et luxuriante qui se
développe surtout dans les ravins de
montagne et qui se compose de plantes
herbacées de haute taille atteignant ou
dépassant un mètre de hauteur, telles que
la laitue des Alpes, l’adénostyle à feuilles
d’alliaire, le pétasite blanc ou le géranium
des bois.
Flore
L’aulne vert, encore appelé arcosse, possède
PNV - Christian Balais
PNV - Christian Balais
des tiges très souples inclinées vers l’aval.
Solidement ancré au sol par un fort enracinement, ses tiges se couchent jusqu’au sol
sous le poids de la neige et ne sont pas
endommagées par le passage des avalanches.
Cette stratégie lui permet également d’être à
l’abri du froid, protégé par le manteau
neigeux. Ce ligneux a la particularité d’enrichir lui-même le sol en azote assimilable par
les plantes, grâce à une symbiose avec des
micro-organismes vivant au niveau de ses
racines et capables de fixer l’azote atmosphérique. C’est cet enrichissement du sol
qui est en partie responsable de l’exubérance
des mégaphorbiaies* voisines.
Cortuse de Matthiole en début de floraison
entre le Franier et Chenal
Pétasite blanc à la Savonne
Les milieux naturels, des lieux de vie - 101
Fiche-milieu n°6
Caractéristique de l’aulnaie verte, la laitue
des Alpes est une plante vivace à tige dressée
et feuilles découpées en grands lobes
triangulaires. Commune en Tarentaise, elle
porte des fleurs bleu violacé disposées en
grappes plus ou moins allongées. La cortuse
de Matthiole est une espèce protégée en
France que l’on trouve uniquement en
Savoie, où elle occupe quelques stations,
principalement en haute Tarentaise. C’est
une grande primulacée (famille des androsaces et primevères) aux fleurs violettes.
Le géranium blanc, appelé aussi géranium
des ruisseaux, se distingue par la formation,
aux mois de juin et juillet, de fleurs blanches
veinées de violet, alors qu’elles présentent
une teinte rose à violet chez la plupart des
autres géraniums. Cette espèce occupe des
milieux frais à humides : mégaphorbiaie*,
berges de ruisseaux, prairies humides,
boisements de mélèzes, mais peut aussi se
développer dans des conditions plus sèches :
pelouses rocailleuses et landes, jusqu’à
2 400 m d’altitude.
Le pétasite blanc appartient à la famille des
composées. Il est présent en-dessous de
2 000 m d’altitude, dans les milieux frais et
humides : mégaphorbiaies*, boisements
frais, prairies humides, également dans les
milieux remaniés : pistes de ski, bords de
La mégaphorbiaie atteint son maximum de
développement dans les pentes exposées au
nord, là où, contrairement aux versants sud,
l’intensité lumineuse modérée de la mijournée n’interrompt pas la photosynthèse.
Sur Sainte-Foy-Tarentaise, une telle végétation est bien visible en rive gauche du
torrent de Mercuel, à l’aval des Savonnes.
Cette formation végétale se rencontre de
l’étage montagnard supérieur à l’étage
subalpin.
Fiche-milieu n°6
Faune
Difficilement
PNV - Christian Balais
pénétrable, l’aulnaie verte
constitue une remise de choix pour les
grands mammifères qui viennent y chercher
ombre et tranquillité. Ainsi, chamois,
sangliers, cerfs et chevreuils y sont classiquement présents, à l’abri du dérangement
humain.
Les oiseaux qui fréquentent l’aulnaie verte
sont des espèces attachées au milieu
forestier. A la recherche du couvert offert
par les buissons et autres formations
ligneuses, de nombreuses fauvettes y sont
représentées. La plus commune est la
fauvette à tête noire, une espèce capable
d’occuper une très grande diversité de
milieux, jusqu’aux différents espaces boisés
accompagnant l’homme : parcs et jardins.
Moins proche de l’homme, mais tout aussi
ubiquiste vis-à-vis des milieux qu’elle
fréquente, la fauvette des jardins utilise
l’aulnaie verte au cours de sa période de
reproduction. Beaucoup moins commune, la
fauvette babillarde occupe toute végétation
arbustive caractérisée par une certaine
fraîcheur. En Vanoise elle se tient essentiellement entre 1 700 et 2 000 m d’altitude. La
rousserolle verderolle est une fauvette de
couleur brunâtre qui affectionne les prairies
à hautes herbes et les aulnaies à
mégaphorbiaie*. Toutes ces espèces signa-
Pédiculaire tronquée dans le vallon de Mercuel
Manuel Bouron
PNV - Alexandre Garnier
chemins, etc. Les feuilles apparaissent après
la floraison et peuvent atteindre un diamètre
d’un mètre. La tige épaisse porte de longues
écailles rougeâtres et peut, au cours de l’été,
se développer jusqu’à deux mètres de
hauteur. La pédiculaire tronquée est une
pédiculaire de taille moyenne, qui se
caractérise par des fleurs rouges sombres.
Bénéficiant d’une protection nationale cette
espèce, rare en Savoie, est localisée
seulement dans quelques communes du
Beaufortain et de la Tarentaise.
Cerf élaphe
102 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Rousserolle verderolle
PNV - Maurice Mollard
Rougegorge familier
Équilibre entre l'homme
et son milieu
Usages, intérêts économiques
et représentations
Par le passé, l’aulnaie verte était en partie
défrichée par les éleveurs pour gagner des
surfaces en alpage. L’aulne vert fournissait
Christine Garin
lent leur présence par leur chant mélodieux
et souvent très complexe (diversité de
phrases). Celui de la rousserolle verderolle
se caractérise par de multiples imitations
(étourneau, moineau, merle noir, linotte
mélodieuse, etc.). Le mâle se perche parfois
au sommet d’une herbe haute pour chanter.
Ces fauvettes ne passent pas l’hiver en
Vanoise. Elles rejoignent des climats plus
cléments dans les plaines savoyardes, sur le
pourtour méditerranéen, ou bien encore,
jusqu’à l’intérieur des terres africaines.
D’autres passereaux comme le troglodyte
mignon, le tarin des aulnes, le pouillot
véloce, le rougegorge familier et le bouvreuil
pivoine fréquentent le couvert des aulnes
verts. Ces arbres fournissent par ailleurs un
abri irremplaçable au tétras-lyre, pour le
mâle en mue, comme pour les jeunes qui ne
savent pas encore bien voler. Quelques
insectes peuvent être observés. La miramelle
alpestre est un petit “criquet” qui présente
une coloration vert vif, traversée par une
longue bande noire. Le mâle est nettement
plus bigarré que la femelle. Cette espèce
fréquente les massifs montagneux d’Europe
orientale et centrale, entre 1 000 et 2 800 m
d’altitude. Les vents forts, fréquents en
haute altitude et peu propices au vol, sont
une des explications de la petite taille des
ailes de cet insecte. Une autre adaptation à
Aulnes verts
Les milieux naturels, des lieux de vie - 103
Fiche-milieu n°6
l’altitude se traduit par une courte période
de développement. La miramelle alpestre
fréquente les milieux humides, comme les
mégaphorbiaies*, où il est possible d’observer des rassemblements de plusieurs
individus sur des feuilles de pétasites.
La piéride de l’arabette, ou piéride de la
bryone, est un petit papillon blanc jaunâtre
à blanc grisâtre, plus ou moins souligné de
gris ou de gris-brun. Pour le développement
de ses larves la piéride recherche des plantes
de la famille du chou (brassicacées), qu’elle
trouve en divers milieux humides d’altitude
entre 1 000 et 2 000 m.
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
L’aulnaie verte est un milieu touffu dans
lequel l’homme a beaucoup de peine à se
mouvoir, ce qui lui donne une valeur de
refuge importante pour la faune (mammifères, oiseaux). De telles zones ont été
identifiées en rive gauche du torrent de
Mercuel et en rive gauche de l’Isère.
Elle constitue aujourd’hui de vastes espaces
impénétrables favorables aux sangliers dont
la fréquentation semble augmenter en
montagne.
La mégaphorbiaie* présente une flore
originale. Elle possède de nombreuses
plantes typiquement alpines comme la laitue
des Alpes.
Évolution et transformation
du milieu
En Vanoise, ces formations végétales
occupent jusqu’à 7 % de la surface des
étages montagnard supérieur et subalpin.
Les aulnaies dites primaires* sont composées d’une végétation stable qui restera à
l’état de boisement d’aulne vert, quelles que
soient les modifications physiques pouvant
apparaître (dégâts d’avalanche, etc.) En
revanche, c’est l’abandon des pâturages et
prairies de fauche en altitude qui
conditionne l’existence et l’extension des
buissons d’aulne vert, qualifiés alors d’aulnaies secondaires*. Un tel phénomène est
manifeste dans le vallon de la Sassière.
Le développement de l’aulnaie secondaire*
se fait alors aux dépens des surfaces
PNV - Michel Filliol
Fiche-milieu n°6
un bois très apprécié qui servait à chauffer
les habitations et à fabriquer les fromages.
Contrairement à certaines croyances, l’aulne
vert ne favorise pas le déclenchement des
avalanches, mais c’est sa capacité à résister
au passage des avalanches qui lui permet de
coloniser les secteurs réputés avalancheux.
L’aulnaie verte n’a plus guère d’intérêt
économique aujourd’hui.
Laitue des Alpes
104 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Propositions de gestion
PNV - Stéphane Mélé
Étant donné les conditions d’existence de
l’aulnaie primaire*, et dans le contexte
économique et agricole actuel, une intervention de gestion sur celle-ci ne serait pas
opportune.
En revanche, dans un objectif de préservation des surfaces fourragères de la
commune, il peut être souhaitable de
contrôler l’extension des aulnaies secondaires*, voire de réduire leur emprise
actuelle.
La réhabilitation de surfaces herbacées par
débroussaillement ne doit être envisagée que
si un mode de gestion à moyen et long
termes, viable économiquement, est mis en
place à la suite (pâturage ou fauche).
PNV - Christian Balais
Colonisation par l’aulne vert sur le versant sud de l’arête
de Montseti - Vallon de Mercuel
Défrichage d’aulne vert aux Charmettes d’en haut
Les milieux naturels, des lieux de vie - 105
Fiche-milieu n°6
pastorales d’intérêt fourrager. Si l’extension
de ce milieu se poursuit, il se traduira par un
appauvrissement de la biodiversité.
Sommaire
Christine Garin
Fiche-milieu n°7
Les landes, les landines
et les fourrés de saules d'altitude
PNV - Christian Balais
Lande à rhododendron sur le versant nord de la tête du Plane
Lande à genévrier nain dans la partie inférieure du vallon de la Louïe Blanche
Ce sont des formations végétales dominées
par une végétation arbustive de hauteur
inférieure à celle du manteau neigeux.
Composées d’arbustes et arbrisseaux à
feuilles persistantes ou non, ces landes
peuvent être plus ou moins denses, et
106 - Les milieux naturels, des lieux de vie
peuvent atteindre plusieurs décimètres de
hauteur.
On rencontre aux étages montagnard et
subalpin les landes sèches ou landes à
genévriers nains, les landes fraîches ou
Fiche-milieu n°7
Les landes d'altitude, les landines et les fourrés de saules
landes à éricacées (rhododendron, camarine,
airelles, etc.) et des formations à saule
glauque. À l’étage alpin, on ne rencontre
plus que les landes basses à éricacées
(notamment à camarine et airelle des
marais) et les landines à azalée naine dont la
hauteur ne dépasse pas quelques centimètres.
Sur Sainte-Foy-Tarentaise les landes se
trouvent essentiellement entre 1 600 et
2 500 m d’altitude et sont dominées par des
landes fraîches.
Les stations fraîches et humides présentent
les conditions optimums pour le développement de la lande à rhododendron
ferrugineux. Très sensible au gel et à la
dessiccation, le rhododendron s’installe
préférentiellement sur les versants d’ubac
longuement enneigés où il est protégé des
rigueurs hivernales par le manteau neigeux.
Cette lande fait souvent transition entre les
forêts et les pelouses alpines. Sur Sainte-FoyTarentaise, la lande à rhododendron ferrugineux est très présente et se rencontre en
différents secteurs des vallons de la Louïe
Blanche, de la Sassière et de Mercuel.
Sur les versants les plus ensoleillés, à une
altitude inférieure à 2 000 m, se développent
des landes à genévrier commun. De telles
formations se trouvent dans les secteurs du
Crot, de l’Echaillon et du Monal.
La lande à genévrier nain se limite aux
versants arides et ensoleillés jusqu’à
2 500-2 700 m d’altitude. Le genévrier nain
y est souvent associé au raisin d’ours, encore
appelé busserole. Une telle formation s’est
développée aux environs du lieu-dit
Jourdan, dans le vallon de la Louïe Blanche.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 107
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°7
Landes et formations à saule helvétique et à saule glauque – Vallon de la Sassière
Les formations à saule glauque, dont la taille
varie de 1 à 2 m, se situent essentiellement
en versant nord, sur des terrains régulièrement alimentés par une eau pauvre en
matières minérales et sur sol squelettique. Il
est possible d’observer ce type de formation
végétale au-dessus du Plan de la Sassière. Sur
des substrats plus riches en humus et moins
humides, cette saulaie subalpine cède la
place à la végétation des landes à éricacées.
Granier et se trouvent également sur la
partie supérieure du vallon de Mercuel.
Alors que les landes et les landines de l’étage
alpin constituent généralement un milieu
primaire*, l’essentiel des landes montagnardes et subalpines sont des milieux
secondaires*. Elles résultent en effet de la
reconquête des espaces autrefois déforestés
au profit des alpages, puis abandonnés ou
sous-pâturés. Par ailleurs, de tous temps se
sont développées des landes intra-forestières
liées aux cycles de perturbation affectant la
forêt (avalanches, chablis, etc.).
En conditions plus extrêmes se trouve la
landine à azalée naine. Celle-ci affectionne
les crêtes et les croupes ventées soumises à
de très basses températures. De nombreux
lichens y sont associés. Des landines à azalée
naine recouvrent un secteur sous le col
108 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christian Balais
À l’étage alpin, apparaissent les landines
alpines dont la végétation ne dépasse pas
20 cm de hauteur. Elles sont dominées par la
camarine hermaphrodite et l’airelle à petites
feuilles. Ces landines occupent grossièrement les mêmes localités que les landes à
rhododendron ferrugineux avec lesquelles
elles forment des formations végétales
mixtes.
Rhododendron ferrugineux
Philippe Freydier
Le lycopode des Alpes est une espèce
typique des landes d’altitude. C’est une
petite plante à tiges rampantes qui pousse
sur les zones de sol écorché entre les pieds de
rhododendron et de myrtille. Ce lycopode
arctico-alpin* est en voie de raréfaction
dans toute la France ce qui lui vaut son
statut d’espèce protégée. Plusieurs localités
sont connues en Tarentaise et il est bien
présent sur la commune.
L’ancolie des Alpes se reconnaît à la forme
particulière de ses fleurs dont chacun des
cinq pétales représente un cornet évasé,
prolongé à la base par un éperon peu
incurvé. Elle ne pousse pas exclusivement
dans les landes ; on peut la rencontrer aussi
dans les prairies fraîches et les forêts claires.
Espèce protégée, endémique* des Alpes
occidentales, l’ancolie des Alpes est bien
connue dans tout le massif de la Vanoise où
elle reste toujours peu abondante dans les
localités qu’elle occupe.
La gentiane pourpre ressemble à la plus
commune gentiane jaune, dont elle se
distingue essentiellement par la couleur
pourpre de ses fleurs et par une taille plus
modeste, toujours inférieure à un mètre.
Airelle rouge
Flore
Les
PNV - Christian Balais
PNV - Christian Balais
espèces ligneuses de ces milieux se
caractérisent généralement par leurs petites
feuilles coriaces et persistantes. Le rhododendron ferrugineux est un arbrisseau de
30 cm à 1 m de hauteur. Il se reconnaît à la
couleur rouille de la face inférieure de ses
feuilles. Elles sont en fait tapissées de
minuscules écailles serrées, glanduleuses et
odorantes, renfermant un poison qui rend la
plante toxique à l’état frais et la protège de
la dent du bétail, qui se garde bien de la
brouter. Par contre, une fois séchées, ces
feuilles possèdent des propriétés officinales.
Les fleurs rouge pourpre du rhododendron
ferrugineux donnent dès juin un attrait
particulier aux landes. Arbrisseau légèrement plus petit, l’airelle rouge peut se
Lycopode des Alpes
Gentiane pourpre
Les milieux naturels, des lieux de vie - 109
Fiche-milieu n°7
développer jusqu’à 2 500 m d’altitude. Ses
petites fleurs blanches à rose foncé,
regroupées en grappe, apparaissent dès le
mois de mai. Elles formeront des baies
rouges et globuleuses que l’on peut consommer crues, en confiture ou en compote.
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Saule de Suisse
Les fleurs sont regroupées par 5 à 10 à
l’extrémité de la tige ou à l’aisselle des
feuilles supérieures. En Vanoise, la gentiane
pourpre est présente dans différents milieux
des étages subalpin et alpin de la Tarentaise :
les landes, les pelouses, les mégaphorbiaies*
et les boisements clairs. Elle reste absente de
la Maurienne. De belles stations occupent le
versant nord de l’arête de Montseti et vers la
Vacherie, dans le vallon de la Sassière.
Différentes espèces de saules composent les
fourrés de saules d’altitude. Le saule de
Suisse, appelé aussi saule helvétique (lire la
fiche-espèce n°5), le saule bleuâtre et le saule
glauque sont les plus remarquables d’entre
eux.
Le saule glauque est présent en France
uniquement en Savoie, en Haute-Savoie et
dans le Dauphiné depuis l’étage montagnard
jusqu’à la base de l’alpin. Son nom désigne
la couleur de ses feuilles velues, vert grisâtre
argenté. Elles sont entièrement bleutées chez
le saule bleuâtre. Le saule glauque et le saule
de Suisse sont des espèces protégées.
Faune
Plusieurs
mammifères fréquentent les
landes d’une manière passagère. Ainsi, la
musaraigne carrelet est un petit insectivore
très commun qui fréquente une grande
diversité de milieux de montagnes entre
110 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°7
environ 1 000 m et 2 800 m d’altitude, en
évitant toutefois les milieux très secs. La
musaraigne carrelet est un animal solitaire
actif toute l’année, de jour comme de nuit, à
la recherche de vers de terre, escargots et
insectes qu’elle consomme quotidiennement
en quantité équivalente à son poids. Sa
salive venimeuse est une défense vis-à-vis de
ses nombreux prédateurs. Depuis le bas de
la vallée, jusque vers 3 000 m d’altitude, le
renard fréquente tous les types de milieux de
Sainte-Foy-Tarentaise. Il utilise les landes
essentiellement pour se nourrir, pourchassant rongeurs et autres petites proies. Il
trouve également dans ce milieu une
diversité de baies qui lui permettent de
compléter son alimentation à la fin de l’été
et en automne. En Savoie, la perdrix
bartavelle a une préférence marquée pour les
adrets entre 1 500 et 2 600 mètres d’altitude. Cela se traduit par des pentes sèches,
couvertes d’une mosaïque de landes et de
pelouses, entrecoupées de barres rocheuses,
d’éboulis et de crêtes ventées. Elle y trouve
les conditions pour se nourrir, se reproduire
et se protéger des prédateurs. Sédentaire, elle
peut toutefois effectuer en hiver de petits
déplacements altitudinaux à la recherche de
sa nourriture. En France, cet oiseau habite
uniquement la chaîne alpine où il se trouve
en limite occidentale d’aire de répartition. À
Sainte-Foy-Tarentaise, la perdrix bartavelle
est surtout présente au sud de la commune,
Nid de perdrix bartavelle sous le col Granier
Fiche-milieu n°7
PNV - Patrick Folliet
PNV - Philippe Benoît
Pipit des arbres sur un rameau de pin sylvestre
sur les versants d’adret des vallons du Clou
et du Nant Cruet.
Sous nos latitudes, le tétras-lyre est un
oiseau essentiellement subalpin dont l’habitat naturel se limite à la zone de transition
entre l’étage supérieur de la forêt et les
pelouses vers 1 900 à 2 000 m d’altitude.
Cette interface forêts/alpages lui est favorable car elle regroupe sur une surface
réduite de quoi satisfaire ses besoins, très
divers au cours de l’année : zones dégagées
pour ses parades nuptiales, places abritées
pour établir le nid, landes et alpages pour
son alimentation et celle des jeunes, arbres
utilisés à la fois comme perchoirs et comme
ressource alimentaire (bourgeons), en
période hivernale. Sa préférence va aux
secteurs de landes dominant des pentes
fortes lui permettant une fuite rapide en cas
de dérangement. Divers passereaux sont
aussi attachés à cette interface forêts/
alpages comme le merle à plastron, la linotte
mélodieuse, le bruant fou, le pipit des arbres
et la fauvette babillarde.
Concernant les reptiles, on ne rencontre
guère que la vipère aspic, qui arbore parfois
à ces altitudes une belle robe totalement
noire, et le lézard vivipare qui fréquentent
régulièrement ces milieux, sans y être pour
autant abondants.
Le solitaire est un papillon de jour inféodé à
ces landes pour sa reproduction. En effet, les
œufs de cette espèce sont pondus sur les
feuilles de l’airelle et de la myrtille qui sont
les plantes hôtes des chenilles. Papillon de
montagne, le solitaire fréquente les massifs
du Jura et des Alpes, entre 1 500 et 2 600 m
d’altitude. Le mâle se reconnaît à sa couleur
générale jaune.
Michel Savourey
PNV - Christophe Gotti
Mâle de tétras-lyre pendant les parades au printemps
Vipère aspic mélanique
Le solitaire
Les milieux naturels, des lieux de vie - 111
PNV - Christian Balais
PNV - Joël Blanchemain
Fiche-milieu n°7
Criquet des genévriers
Myrtilles
Parmi les orthoptères (groupe des criquets,
grillons et sauterelles), la sauterelle cymbalière, la decticelle bariolée et le criquet des
genévriers sont les plus attachés à ces
milieux d’altitude.
D’un point de vue pastoral, la lande est un
milieu peu productif et difficilement pénétrable (fourrés et landes “hautes” et denses) ;
elle est donc inexploitée par l’homme. Sur
Sainte-Foy-Tarentaise, ces milieux sont
pâturés d’une manière extensive par quelques moutons et quelques génisses qui
broutent les bordures des landes.
Quelques brûlis sont parfois pratiqués
localement, comme à Pierre Giret dans le
vallon de la Sassière, pour augmenter la
surface pastorale.
Étant parcourues par les randonneurs et les
cueilleurs de myrtille, ces landes ont
aujourd’hui davantage un usage récréatif.
Équilibre entre l'homme
et son milieu
Usages, intérêts économiques
et représentations
PNV - Christian Balais
Tout comme les forêts d’altitude, les landes
d’altitudes ont été défrichées pour augmenter les surfaces en alpage.
Envahissement de la lande à Pierre Giret. Au fond, vallon de la Louïe Blanche
112 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christian Balais
Les landes à éricacées participent pleinement
à l’identité des paysages montagnards. Au
moment de la floraison du rhododendron,
ou quand les myrtilliers rougissent à
l’automne, elles ont une forte valeur
paysagère. Les grandes surfaces de landes
qui recouvrent le vallon de la Sassière
offrent de tels paysages.
D’un point de vue plus fonctionnel, les
landes protègent le sol de l’érosion et
assurent la stabilité du manteau neigeux.
On peut rencontrer dans les landes quelques
espèces végétales protégées, telles que le
lycopode des Alpes dont c’est l’unique
habitat*.
La présence du saule glauque confère aux
saulaies buissonnantes subalpines une forte
valeur patrimoniale. Le vallon de la Sassière
abrite l’une des plus remarquables localités
françaises de fourrés à saule helvétique, une
espèce protégée en France.
Les landes jouent un rôle de refuge pour la
faune sauvage et constituent un gardemanger pour les galliformes de montagne et
autres animaux (renard, merle à plastron,
grives) qui se nourrissent de baies.
Enfin, les landes à rhododendrons représentent un des habitats* privilégiés du
territoire du tétras-lyre, espèce emblématique. Lorsqu’elles sont entrecoupées de
milieux herbacés, elles sont prisées par les
mâles qui trouvent les places de chant
nécessaires à leur parade. Les landes hautes
à éricacées (myrtilles, airelles, rhododendrons) sont recherchées par les femelles et
leurs jeunes où ils se nourrissent à l’abri du
regard des prédateurs. Ce milieu est aussi
utilisé pour l’élevage des nichées. Sur SainteFoy-Tarentaise plusieurs secteurs sont
utilisés pour l’élevage des jeunes et pour la
parade des mâles : le secteur de la Tête du
Plane, une partie des versants du vallon de
Mercuel, ainsi que le versant ouest de la
Foglietta et des rochers de Pierre Pointe.
Lande à rhododendron sur le versant nord de l’arête de Montseti
Les milieux naturels, des lieux de vie - 113
Fiche-milieu n°7
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
PNV - Stéphane Mélé
Fiche-milieu n°7
Versant du sud de l’Arête de Montseti colonisé par la lande
Les gares d’arrivée des remontées mécaniques sont bien souvent créées sur les places
de chant du tétras-lyre, impact venant
s’ajouter à celui des câbles qui traversent
leurs domaines vitaux, comme par exemple,
les gares d’arrivée et de départ du télésiège
de l’Arpettaz et les gares de départ des
télésièges de la Marquise et de l’Aiguille.
La présence dans ces landes d’espèces
végétales protégées et leur rôle de refuge
pour une faune alpine de plus en plus
concurrencée par les activités humaines en
font des secteurs à ne pas négliger en matière
de conservation.
Les landes sont des milieux qui évoluent
lentement. Ainsi, une pelouse d’altitude peut
se transformer naturellement en lande après
arrêt du pâturage, puis en forêt si l’altitude
le permet.
Sur la commune, les superficies occupées par
les landes sont en extension, du fait de la
déprise agropastorale.
Au même titre que l’aulnaie verte, les landes,
quand elles se développent, ont tendance à
s’étendre aux dépens de milieux de plus
grand intérêt pastoral ou biologique
(pelouses alpines, pelouses sèches, etc.). Si le
phénomène d’extension se poursuit, cela
peut poser de réels problèmes de perte de
patrimoine pastoral et de banalisation du
patrimoine biologique.
114 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Stéphane Mélé
Évolution et transformation
du milieu
Gare de départ du télésiège de la Marquise
Le passage des troupeaux à travers les
landes, s’il est modéré et tardif, peut favoriser le renouvellement de micro-habitats
favorables au maintien de certaines espèces :
orchidées, lycopodes, reptiles.
Un retour du pâturage peut être envisagé,
voire encouragé, dans le cas des landes
secondaires en extension.
Dans un contexte d’extension de la lande et
de diminution de la pression pastorale à
l’échelle du territoire communal, mieux vaut
voir se fermer les zones à moins bonne
valeur pastorale et concentrer l’effort de
contrôle de la lande sur les meilleurs
alpages.
Secteur de places de chant du tétras-lyre sur le versant sud-ouest de Camp Filluel,
avant la création du télésiège des Marquise (06-2006)
Les milieux naturels, des lieux de vie - 115
Fiche-milieu n°7
Propositions de gestion
PNV - Christian Balais
Des secteurs de landes situés sur les versants
ouest et nord de la Foglietta sont utilisés
pour le repos hivernal des oiseaux. En
traversant les zones d’hivernage du tétraslyre, la pratique du ski et du ski hors-piste
constitue un dérangement pour cette espèce.
La randonnée en raquette en dehors des
itinéraires balisés peut aussi constituer un
facteur de perturbation. Si ces usages
s’avèrent trop fréquents, ils peuvent devenir
une véritable menace pour le maintien de
l’espèce.
Sommaire
PNV - Stéphane Mélé
Fiche-milieu n°8
Les pelouses d'altitude
et les combes à neige
PNV - Christian Balais
Pelouses dans le vallon du Clou
Pelouses dans le vallon de la Sassière
Les
pelouses correspondent à des formations herbacées dont la hauteur dépasse
rarement 30 cm.
On distingue les pelouses sèches d’adret, peu
présentes à Sainte-Foy-Tarentaise, et les
pelouses d’altitude.
116 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Les pelouses d’altitude couvrent de grandes
surfaces en montagne, de l’étage subalpin à
l’étage alpin (à partir de 1 900 m sur cette
commune), et sont le plus souvent fréquentées par les troupeaux domestiques et
les ongulés sauvages.
Fiche-milieu n°8
Les pelouses d'altitudes et les combes à neige
Leur diversité est due à l’action combinée de
plusieurs facteurs écologiques tels que : la
nature de la roche-mère sous-jacente et du
substrat, le régime d’enneigement et de température, l’exposition au soleil et au vent,
l’humidité, l’épaisseur du sol et sa proportion de cailloux.
Ce milieu se définit donc plus exactement
comme une mosaïque de différents types de
pelouses : pelouses sèches d’adret ou pelouses fraîches d’ubac, pelouses acides ou
pelouses calcaires, pelouses maigres ou
pelouses grasses, etc. À Sainte-FoyTarentaise, la présence importante de roches
siliceuses, comme le gneiss, entraîne la
présence dominante de pelouses maigres et
de nature acide. Ces pelouses sont particulièrement bien représentées dans les
différents vallons : Mercuel, le Clou et la
Sassière.
La présence et le type d’herbivores (domestiques ou sauvages), ainsi que l’utilisation
pastorale de ces pelouses, en influant sur la
richesse en éléments nutritifs du sol (en
particulier l’azote), conditionnent aussi
fortement la nature de la végétation.
Par ailleurs, les combes à neige sont des
types de pelouses particulières dont la
période de végétation est réduite à moins de
trois mois, du fait de la persistance de la
neige. On les rencontre plus fréquemment
dans des petites dépressions, sur les replats
ou dans les pentes faibles de haute altitude,
longuement enneigés. Qu’ils soient ligneux
ou herbacés, les végétaux n’y dépassent pas
10 cm, voire 5 cm, de hauteur.
Sur certaines de ces pelouses, comme par
exemple au-dessus du lac du Clou, sont
Les milieux naturels, des lieux de vie - 117
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°8
Par contre son ingestion peut s’avérer
toxique. Cette toxicité semble concerner
également les animaux qui évitent de la
brouter. L’arnica des montagnes est bien
présente dans les pelouses du Plan de la
Sassière.
L’hédysarum des Alpes, ou sainfoin sombre,
forme des fleurs pourpre violacé, pendantes
et regroupées en grappe lâche. Elle se
développe dans les pelouses rocailleuses
fraîches, jusqu’à 2 500 m d’altitude. C’est
une espèce arctico-alpine*, assez rare en
Vanoise, où elle se localise en Tarentaise.
Plusieurs gentianes bleues à tige plus ou
moins courte se développent dans les
pelouses alpines.
La gentiane utriculeuse, ou gentiane à calice
renflé, est une plante annuelle de couleur
bleue, qui peut atteindre 20 cm de hauteur
et se distingue effectivement par la forme
renflée de son calice. Rare, cette espèce est
protégée en France, où elle est uniquement
présente en Savoie. Les fleurs de nombreuses
gentianes tendent à se fermer lorsqu’elles
sont à l’ombre ou dans la nuit, phénomène
dû aux écarts de température. Pour la
gentiane utriculeuse à peine 0,15 à 0,3°C
suffit à faire la différence pour engendrer
Hédysarum des Alpes dans le vallon du nant Cruet
associées des plantes spécialisées, capables
de survivre malgré la brièveté de la période
de végétation : la soldanelle des Alpes,
l’alchémille à cinq folioles, la laîche fétide,
la sibbaldie couchée, etc.
Sur d’autres pelouses, ce sont des saules
rampants qui dominent, comme au pied du
glacier des Balmes. Contrairement aux
autres types de pelouses, les graminées y
sont très peu abondantes, souvent remplacées par des laîches.
Flore
connue des montagnards comme l’indique
la quinzaine de noms qu’elle porte en
France. Contenant de nombreux principes
actifs, elle présente plusieurs vertus
médicinales. Utilisée en usage externe,
l’arnica permet notamment d'atténuer les
effets des chocs et les légers traumatismes.
118 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Philippe Benoît
L’arnica des montagnes est une plante très
Silène de Suède
Fiche-milieu n°8
PNV - Jacques Perrier
PNV - Jacques Perrier
Véronique d’Allioni
cette réaction. Beaucoup plus petite, la
gentiane à feuilles orbiculaires présente une
tige inférieure à 1 cm à la base de laquelle se
développe une rosette de feuilles ovales
également inférieures à 1 cm. À Sainte-FoyTarentaise, cette gentiane est présente au
Grand Plan dans le vallon du Nant Cruet.
Espèce rare et protégée, l’orchis nain des
Alpes pousse dans les pelouses calcaires des
crêtes ventées. C’est la plus petite des
orchidées de Vanoise. Sur Sainte-FoyTarentaise, cette espèce est également très
présente dans les milieux humides d’altitude
(lire la fiche-espèce n°2).
La pédiculaire du mont Cenis, avec sa lèvre
supérieure en casque pourpre foncé terminé
en long bec cylindrique, est une plante des
pelouses rocailleuses. Cette espèce est assez
commune en Vanoise. À Sainte-FoyTarentaise elle peut être confondue avec la
pédiculaire arquée, dont les fleurs sont
toutefois plus nombreuses et plus grandes
(jusqu’à 3 cm de long). Cette dernière est
plus rare en Tarentaise.
Le silène de Suède est une plante des
pelouses rocailleuses plutôt acides. C’est une
espèce protégée en Rhône-Alpes, connue
dans une vingtaine de communes du massif
de la Vanoise. Ses fleurs roses, parfois
blanches, forment une grappe dense et
ronde au sommet des tiges.
On rencontre sur les adrets une flore
adaptée à ces conditions de sécheresse
relative. La gentiane ciliée est une plante
vivace à floraison tardive, qui se distingue
par la présence de cils sur le bord de ses
pétales. C’est une espèce qui pousse dans les
pelouses sèches, également dans les boisements clairs, jusqu’à 2 000 m d’altitude, et
que l’on observe en quelques localités de
Tarentaise. La véronique d’Allioni est une
plante à tige rampante, longue jusqu’à
40 cm, que l’on trouve dans les pelouses
rocailleuses sèches jusqu’à 2 500 m
PNV - Maurice Mollard
Gentiane ciliée
Sibbaldie couchée
Les milieux naturels, des lieux de vie - 119
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°8
Saule à réseau
Faune
Plusieurs
espèces fréquentent les pelouses
alpines d’une manière presque permanente,
parmi lesquelles se trouvent notamment des
mammifères, des oiseaux, mais aussi des
papillons et des orthoptères (criquets,
grillons et sauterelles). La marmotte compte
parmi les espèces les plus symboliques de ces
milieux qu’elle occupe à longueur d’année.
PNV - Alain Chastin
d’altitude. De juillet à septembre elle forme
des fleurs bleu ciel à bleu foncé réunies en
grappe serrée. Espèce endémique* du sudouest des Alpes, la véronique d’Allioni se
trouve en Vanoise en limite nord de son aire
de répartition. Dans ce massif elle est
présente en haute Maurienne et en haute
Tarentaise.
Plante des combes à neige plutôt calcaires, la
soldanelle des Alpes aux pétales découpés en
lanières est capable de fleurir avant même
que la neige ait complètement fondu. La
sagine glabre est une petite plante à tiges
couchées qui se distingue par ses feuilles
filiformes. Elle se développe en forme de
touffes dans les combes à neige des étages
alpin et subalpin, jusqu’à 2 600 m
d’altitude. La sibbaldie couchée est une
plante vivace, couchée, inférieure à 5 cm de
hauteur. Les feuilles glauques et composées
de 3 folioles, dépassent les fleurs, très petites
et jaune verdâtre. C’est une espèce commune
dans les combes à neige et les pelouses
fraîches de l’étage alpin, jusqu’à 2 800 m
d’altitude.
Sur des éléments grossiers, ce sont des saules
rampants qui dominent. Dans les combes à
neige calcaires, on trouve une association
végétale* où dominent les saules à réseau et
à feuilles émoussées, et dans les combes à
neige acides, une association* à saule
herbacé.
De gauche à droite : 1 éterlou - 4 cabris - 1 femelle adulte
120 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Philippe Benoît
Elle y trouve la nourriture et le gîte, un
réseau de terriers reliés par plusieurs galeries
souterraines. Elle anime les pelouses de son
cri destiné à alerter sa colonie en cas de
danger tout autant qu’à entretenir les liens
sociaux. Très aigu, celui-ci est très souvent
confondu avec les sifflements d’un oiseau. À
partir d’octobre et jusqu’au mois d’avril, elle
hiberne dans une chambre de repos. Les
pelouses sont fréquentées par d’autres
herbivores, dont les plus typiques sont le
chamois et le bouquetin des Alpes.
Sur la commune, le chamois est très présent
sur le massif du Bec Rouge où il occupe, tout
au long de l’année, les différents types de
milieux (pelouses, rochers, éboulis, boisements). Cette population affiche des effectifs
relativement importants et stables depuis la
création de la réserve de chasse intercommunale (lire le paragraphe “Réserve de
chasse intercommunale du Bec Rouge”
p.40).
Les couverts herbacés les plus ras d’où
émergent des buttes constituent l’habitat de
prédilection du pipit spioncelle, oiseau très
commun entre 2 000 et 2 500 m, tandis que
les pelouses rocailleuses accueillent plutôt le
traquet motteux, bien répandu en Savoie et
la niverolle alpine, ou pinson des neiges, un
oiseau présent uniquement dans les Alpes,
mais assez commun dans les hauts massifs.
À la fin de l’été, on rencontre parfois cette
dernière espèce en troupe de plusieurs
dizaines à quelques centaines d’oiseaux.
PNV - Joël Blanchemain
Jeune traquet motteux
Azuré du serpolet
Les milieux naturels, des lieux de vie - 121
Fiche-milieu n°8
Alors que les populations de plaine de
l’alouette des champs sont attachées aux
prairies et cultures, celles d’altitude sont
inféodées aux seuls pâturages et alpages.
C’est un oiseau des milieux très ouverts,
dépourvus d’arbres et de haies.
Tout comme les prairies de fauche, les
pelouses d’altitude constituent des milieux
de prédilection pour les papillons, qu’ils
peuvent fréquenter indifféremment ou selon
des conditions écologiques particulières
(pelouses rases, rocailleuses, moyennement
humides, sèches, etc.). L’azuré du serpolet
est un papillon qui occupe divers milieux,
tous caractérisés par une certaine sécheresse : prairies maigres, mais aussi friches,
lisières et boisements clairs. Dans ce milieu,
la femelle trouve les plantes indispensables
au développement de ses œufs : le serpolet et
l’origan. Menacée par la disparition de ses
habitats*, cette espèce est protégée en
France.
Le satyrion est un papillon qui présente une
couleur gris-brun sur le dessus et une
couleur plus contrastée sur le revers,
marquée par plusieurs petits ocelles noirs,
entourés de blanc. Dans les Alpes, il survole
les pelouses aux mois de juillet et août entre
1 500 et 2 200 m d’altitude. L’azuré de
l’oxytropide, l’azuré des soldanelles, le
damier de l’alchémille, le cuivré de la verge
d’or et plusieurs moirés : le moiré fauve, le
PNV - Joël Blanchemain
Fiche-milieu n°8
dernier secteur s’étend sur le versant ouest
du massif de la Foglietta. Le nom Clou
signifie enclos ; c’est en effet dans le vallon
du même nom que se trouvent les alpages les
plus importants de la commune.
Les pelouses d’altitude font l’objet d’un
usage pastoral essentiel pour l’agriculture
locale et constituent un réel enjeu de gestion.
Elles fournissent l’alimentation des troupeaux pendant trois mois environ.
Leur valeur pastorale est très variable et
peut s’apprécier à travers plusieurs critères
tels que la productivité, la qualité fourragère, l’appétence, la période de qualité
optimum, etc. Cette valeur n’est pas une
caractéristique immuable d’un alpage. Selon
la façon dont la pelouse est gérée, notamment à travers la conduite du troupeau, elle
peut se dégrader ou s’améliorer. Le maintien
de la valeur pastorale est un gage de
pérennité pour l’activité agricole.
En été et à l’automne, ce sont des milieux
propices à la pratique de la randonnée
pédestre. Les vallons de la Sassière, de
Mercuel et du Clou sont tous les trois
Gomphocère des alpages
moiré variable, le moiré cendré et le moiré
des pâturins sont parmi les papillons les plus
typiques des pelouses d’altitude. Parmi
toutes les espèces d’orthoptères connues à
Sainte-Foy-Tarentaise, les deux tiers fréquentent les pelouses d’altitudes, comme
l’arcyptère bariolé, le criquet des clairières,
le criquet duettiste, le gomphocère des
alpages ou criquet de Sibérie, l’œdipode
rouge et le tétrix calcicole ou criquet à
capuchon.
Équilibre entre l'homme
et son milieu
Aux yeux des populations locales comme à
ceux des vacanciers, les pelouses d’altitude
et les combes à neige évoquent surtout les
alpages, c’est-à-dire les pelouses pâturées
par les troupeaux domestiques pendant
l’estive. Ces représentations sont fondées sur
l’importance de l’usage pastoral, tant en
termes de superficies concernées que de
poids dans l’économie agricole locale.
Sainte-Foy-Tarentaise présente six grands
secteurs d’alpage, principalement localisés
dans les vallons d’altitude : vallons de la
Louïe Blanche, du Plan de la Sassière, de
Mercuel, du Clou et du nant Cruet. Un
122 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Gotti
Usages, intérêts économiques
et représentations
Bidons de lait dans le vallon de la Sassière
Fiche-milieu n°8
PNV - Christian Balais
Tarines en alpage dans le vallon du Clou
traversés par des sentiers balisés, menant
notamment à des refuges, à des lacs
d’altitude ou à des cols frontaliers.
En hiver et au printemps, les pelouses
d’altitude font partie des milieux fréquentés
par les randonneurs en raquettes ou à ski et
les skieurs hors-piste.
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
L’intérêt biologique des pelouses d’altitude
et des combes à neige est principalement lié
à la diversité des communautés végétales qui
s’y côtoient, et donc de la flore qui les
compose. Cette flore très diversifiée comporte quelques espèces rares (comme la
gentiane utriculeuse, le silène de Suède, le
sainfoin des Alpes, la pédiculaire du mont
Cenis, la véronique d’Allioni) et présente
surtout de nombreuses espèces “symboliques” de la montagne aux yeux des
touristes (les gentianes bleues, l’edelweiss,
etc.).
Cette diversité végétale est également
fondamentale pour donner son goût et sa
personnalité au beaufort d’alpage et au
Persillé de Sainte-Foy. Ce dernier est un
fromage à pâte persillée localisé en haute
Tarentaise. Il est fabriqué d’avril à novembre
traditionnellement à base de lait de chèvre.
Une de ses particularités réside dans le fait
qu’il est réalisé à partir du mélange de caillés
de deux traites successives. Il est aujourd’hui
fabriqué par seulement un agriculteur de la
commune.
L’enracinement des plantes joue un rôle
essentiel de stabilisation des sols en terrains
pentus et accidentés, très fréquents aux
étages subalpin et alpin, et contribue ainsi à
limiter l’érosion.
Évolution et transformation
du milieu
Entre les années 1960 et les années 1980, on
a assisté, dans les Alpes, à une régression
pastorale générale qui s’est traduite par
l’abandon de nombreux alpages. En Savoie,
en revanche, la vie pastorale s’est globalement mieux maintenue, grâce notamment
à la dynamique “AOC Beaufort”, ainsi qu’à
la possibilité de pluriactivité en stations de
ski, entraînant le maintien d’actifs agricoles
Les milieux naturels, des lieux de vie - 123
Contrairement aux pelouses situées à l’étage
alpin, pour lesquelles la dynamique naturelle de colonisation par les espèces ligneuses
est quasiment nulle, celles présentes sous la
limite supérieure de la forêt, à l’étage
subalpin, n’existent et ne se maintiennent
dans un état herbacé que grâce à des
activités pastorales. À ces altitudes, l’abandon du pâturage engendre la fermeture* du
milieu et son évolution progressive vers la
lande puis la forêt.
Certains modes d’utilisation, lorsqu’ils sont
pratiqués, compromettent le maintien de la
valeur biologique et la qualité pastorale :
- Une utilisation importante de fumures
organiques (fumier de vaches) en vue
d’améliorer certains alpages, surtout sur
des secteurs en pente, peut appauvrir la
diversité floristique, en favorisant quelques
plantes compétitives et productives (ex. le
dactyle aggloméré) au détriment de nombreuses autres espèces.
- Les troupeaux de brebis, de génisses et de
chèvres non conduits sur-pâturent certains
secteurs et en sous-pâturent d’autres. Le
piétinement excessif du bétail peut
entraîner des phénomènes d’érosion qui
menacent la qualité des alpages. De même,
l’utilisation trop longue (plus de 10 jours)
des places de traite engendre le stationnement du bétail et donc l’enrichissement
du milieu en éléments organiques azotés,
avec pour conséquence une modification
de la composition végétale initiale au profit
d’une végétation de type reposoir (lire la
fiche milieu n°1) de faible valeur pastorale
et floristique.
À Sainte-Foy-Tarentaise différents modes de
gestion des troupeaux existent, selon les
secteurs d’alpages. Les bêtes peuvent être
parquées, conduites ou en semi-liberté.
- Le rejet du lactosérum issu de la
production du fromage effectué directement dans le milieu, entraîne des pollu-
PNV - Régis Jordana
Fiche-milieu n°8
sur ces territoires. À Sainte-Foy-Tarentaise,
cette évolution est allée dans le sens d’un
regroupement et d’une concentration des
troupeaux. Les exploitants se sont maintenus grâce à une pluriactivité très forte, liée
aux stations de ski de la haute Tarentaise.
Dans les années 2000, le pastoralisme
connaît un regain d’activité grâce à la reprise
d’exploitations par de jeunes agriculteurs.
Enfin, la commune est le siège d’exploitations nouvelles, basées sur l’élevage ovin, et
qui tendent à se professionnaliser de plus en
plus.
Cairn et pelouses en fleurs dans le vallon du Clou
124 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°8
PNV - Christian Balais
Machine à traire et troupeau de vaches dans le vallon du Clou
tions locales du sol ou des eaux. Cependant de tels rejets ne sont pas généralisés,
et une partie du lactosérum est consommée
par des cochons.
- Certains produits, utilisés comme vermifuges, contiennent des substances rémanentes, à large spectre d’action*. Ils
entraînent la disparition des insectes
coprophages, voire des annélides, ce qui
peut poser des problèmes de décomposition des bouses et crottins en milieu
naturel. Ingérés par les oiseaux, ces
insectes et vers contaminés peuvent
provoquer leur empoisonnement.
Ces pelouses représentent un capital, un
patrimoine pastoral, durement entretenu
pendant des générations et qui, en l’absence
de gestion adéquate, pourrait aujourd’hui se
déprécier, voire disparaître définitivement.
Ainsi, l’extension du nard raide diminue
l’intérêt pastoral d’un secteur d’alpage.
Le nivellement des pistes de ski détruit le
micro-relief et la végétation elle-même. Or,
en altitude, du fait de la superficialité du sol,
de la faible dynamique naturelle des espèces
des pelouses d’altitude et de la courte
période de végétation, la reconstitution de la
pelouse “naturelle” est très lente. Il faudra
plusieurs dizaines d’années pour retrouver le
cortège floristique d’origine.
Quant à la valeur paysagère, l’aspect
uniforme des pistes remaniées ne correspond
pas au caractère naturel de ces espaces
montagnards d’altitude, même après une
revégétalisation aujourd’hui maîtrisée.
Propositions de gestion
La réalisation d’un diagnostic local des
ressources pastorales, de leur état et des
enjeux écologiques devrait permettre de
proposer des mesures de gestion pastorale
adaptées aux alpages de Sainte-Foy qui le
nécessitent, conciliant les besoins de
l’exploitation actuelle et le maintien de la
valeur pastorale et écologique.
Ainsi par exemple, certaines évolutions
comme le développement excessif du nard
raide au détriment des autres espèces,
constituent une dégradation à la fois de la
valeur fourragère et de l’intérêt écologique
des pelouses concernées. Un mode de
conduite pastorale adapté permettrait
d’éviter de telles évolutions ou d’en réparer
les effets. La mise en œuvre de ces mesures
suppose une conduite rigoureuse des
troupeaux qui nécessite le plus souvent un
gardiennage ou un parcage.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 125
fourragères locales. Un groupement pastoral
est chargé par la commune d’entretenir ces
pistes qui sont pâturées par des brebis.
Des recherches sont en cours pour limiter
l’impact négatif d’une surconcentration
locale d’effluents. Ainsi, des dispositifs
d’épuration du lactosérum par lombricompostage ont été mis en place sur certains
alpages dans le cœur du Parc. Ils devraient se
généraliser à l’ensemble des alpages du cœur
du parc. Sainte-Foy n’est pas encore concerné
par ce système.
Contrairement aux pelouses, l’intérêt pastoral des combes à neige est très faible du
fait de leur productivité très réduite et de
l’absence des graminées. C’est pourquoi,
comme pour les éboulis, l’éloignement des
troupeaux ovins des combes à neige, quand
c’est possible, éviterait de fragiliser davantage des plantes déjà soumises à des
contraintes écologiques extrêmes. Des mises
en défens, ainsi que d’autres préconisations
indiquées dans le cadre de mesures agrienvironnementales, ont pour objectif de
réduire les impacts du piétinement des
troupeaux sur la flore.
PNV - Stéphane Mélé
Fiche-milieu n°8
Concernant les alpages communaux, une
convention pluriannuelle de pâturage a été
signée entre la commune et certains agriculteurs et utilisateurs pour leur exploitation.
Concernant le traitement sanitaire du bétail,
l’emploi des substances identifiées comme
les moins pénalisantes pour la faune et
l’environnement, surtout en alpage, est
recommandé. Elles permettent d’éviter
l’apparition de formes résistantes des
parasites, la non-biodégradabilité des déjections animales et l’empoisonnement de la
chaîne alimentaire, des oiseaux insectivores
en particulier. Sur Sainte-Foy comme
ailleurs, les agriculteurs sont incités à utiliser
de telles substances.
Le maintien d’un espace de découverte
intact très apprécié des estivants assurera
l’avenir d’une activité touristique vitale pour
l’économie de la commune. De ce fait, tout
projet d’aménagement doit préserver au
maximum cette précieuse couverture
végétale, unique en son genre, dont la
cicatrisation est lente et difficile, et qui
pourrait être ainsi banalisée, même si un réengazonnement en atténue l’impact paysager. Sur la station de Sainte-Foy des pistes
de ski ont été ensemencées avec des plantes
Moutons parqués et gardés par un chien de protection entre l’Échaillon et le Monal
126 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christophe Mélé
Les éboulis, les moraines
et les glaciers rocheux
PNV - Christian Balais
Éboulis sous l’arête du Bélier et lac Noir – Vallon du Clou
Depuis le col du lac Noir, la pointe de Serru et celle d’Ormelune
Les
éboulis et moraines se définissent
comme des zones d’accumulation d’éléments rocheux plus ou moins grossiers. Ce
sont des milieux minéraux et généralement
dépourvus de sol. Cette contrainte bio-
logique, couplée à la mobilité des fragments
qui composent ces milieux, est peu favorable
à l’installation de la végétation. Ils représentent une surface importante à Sainte-FoyTarentaise.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 127
Fiche-milieu n°9
Sommaire
Fiche-milieu n°9
Dans le cas des éboulis, l’érosion de la
roche-mère sous l’action de l’alternance geldégel, la pente et les précipitations entraînent le déplacement des matériaux.
Les principaux types d’éboulis se distinguent
par la nature de la roche qui les compose, la
taille des éléments, la stabilité ou l’instabilité
de l’ensemble.
Dans le cas d’éboulis actifs, l’apport régulier
de matériaux empêche l’installation d’un
couvert végétal permanent, et sélectionne
l’installation de certaines plantes.
À Sainte-Foy-Tarentaise ces éboulis occupent de nombreux versants. Ils sont présents
sur les versants sud et nord des rochers de
Pierre Pointe, au pied du Bec de l’Ane, sous
le Grand et le Petit Assaly, sur les versants
nord de la pointe de la Foglietta et de la
pointe de l’Argentière, etc. L’éboulement de
la Molluire constitue également une zone
remarquable d’éboulis.
Les moraines sont constituées de matériaux
arrachés, transportés et déposés par les
glaciers. Elles bénéficient d’une certaine
humidité lorsqu’elles sont proches des
glaciers mais, du fait du gel, celle-ci n’est pas
toujours disponible pour les plantes. De
nombreuses moraines latérales ou frontales
sont visibles sur la commune. Les moraines
latérales du glacier de l’Invernet s’observent
très bien depuis le sentier qui mène au lac du
Petit. Le glacier du Grand et le glacier
inférieur des Balmes présentent aussi ce type
de formations à leurs abords.
Les glaciers rocheux sont constitués
d’épaisses couches de matériaux animées
par la présence de glace sous-jacente ou de
glace interstitielle. Ce type de glacier se
traduit par la présence en surface de
bourrelets multiples, de rides et de creux
allongés dans le sens de la pente ou
Les éboulis, les moraines et les glaciers rocheux
128 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°9
PNV - Christian Balais
PNV - Christian Balais
Bec Rouge et éboulement de la Molluire
Glacier inférieur des Balmes – Glacier rocheux
transversalement. Un tel glacier en régression se situe au pied du glacier inférieur des
Balmes. Il est le résultat du recul des glaciers
suspendus qui le dominent, et d’une
régression de l’alimentation en glace. Les
bourrelets sont bien marqués à une altitude
comprise entre 2 300 m et 2 400 m. D’autres
glaciers rocheux sont présents aux cols de la
Sassière, du lac Noir et du Rocher Blanc.
Dans tous les cas, seuls les végétaux
pionniers spécifiquement adaptés à la
mobilité de leur support vont être capables
de s’implanter ; ils seront, soit “migrateurs”,
comme la linaire des Alpes ou la campanule
du Mont-Cenis, et se déplaçant avec les
matériaux, soit “recouvreurs”, comme la
benoîte rampante, à même de stabiliser les
cailloux.
La nature de la roche-mère (acide ou
calcaire) conditionne aussi les espèces
présentes. La colonisation végétale peut
faire évoluer ces milieux, essentiellement
minéraux, vers d’autres milieux végétalisés
(pelouses, landes).
Il existe tous les stades de transition entre
l’éboulis brut et la pelouse sur ancien
éboulis, ou ancienne moraine.
Les milieux naturels, des lieux de vie - 129
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°9
blanches. Cette espèce endémique* des
Alpes est présente en France dans les
six départements alpins. À Sainte-FoyTarentaise, elle se développe par exemple
sur les rochers de Pierre Pointe. L’adénostyle
à feuilles blanches est une plante des éboulis
siliceux de l’étage alpin, surtout présente en
Tarentaise. Ses feuilles dentelées sont en
forme de cœur. Contrairement aux pétasites,
auxquelles elle ressemble, ses fleurs se
forment après les feuilles. La paronychie à
feuilles de renouée est une plante rampante
inférieure à 5 cm de hauteur, et dont les tiges
peuvent atteindre 30 cm de long. Elle se
développe dans les éboulis et les sables
humides des zones siliceuses jusqu’à
3 000 m d’altitude. Entre juillet et septembre
elle forme de petites fleurs verdâtres
entourées de bractées argentées. Cette
espèce n’est connue qu’en peu de localités
sur la commune. La coincye de Richer, ou
chou de Richer, est une grande plante de la
famille des brassicacées (choux, moutarde,
etc.) qui se développe sur les éboulis et les
rochers de nature siliceuse. Elle se reconnaît
à ses feuilles basales, grandes et allongées, et
à ses fleurs jaunes à quatre pétales. Sur
Sainte-Foy-Tarentaise, cette espèce est
connue uniquement dans le vallon de la
Louïe Blanche.
La campanule du Mont-Cenis, plante naine
de 1 à 5 cm de haut à corolle bleu mauve en
Androsace alpine aux rochers de Pierre Pointe
Flore
Les
PNV - Christian Balais
PNV - Christian Balais
éboulis et moraines, milieux écologiquement très contraignants, déterminent
une flore originale. La végétation des éboulis
instables est essentiellement caractérisée par
des plantes herbacées à feuillage réduit. En
revanche, dès que les éboulis tendent vers
une stabilisation et une moindre sécheresse,
en bas de pente, la végétation se fait plus
importante, avec des plantes de plus haute
taille et à feuillage plus large.
Plante protégée de l’étage alpin, l’androsace
alpine est une habituée des pierriers siliceux
très fins, jusqu’à plus de 3 000 m d’altitude.
Elle y forme de petits coussinets plats et
denses portant des fleurs roses, parfois
Coincye de Richer
130 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Campanule du Mont-Cenis
Faune
PNV - Philippe Benoît
Avec un corps plus trapu que le lièvre brun
et des oreilles plus courtes, le lièvre variable
est un animal adapté à la vie en altitude. Par
ailleurs, ses larges pattes postérieures jouent
un rôle de raquettes pour se déplacer dans la
neige poudreuse. Surnommé blanchon, le
lièvre variable possède la capacité de
changer de pelage au fil des saisons : blanc
comme neige en hiver, il devient fauve à
brun en été, en passant par une couleur
bigarrée au printemps et à l’automne. Les
éboulis de gros blocs entrecoupés de
végétation constituent un gîte diurne de
choix pour lui ; il peut s’y nourrir, tout en se
cachant des prédateurs que sont le renard et
l’aigle royal. Le chamois et le bouquetin sont
de passage dans les éboulis et les moraines
sans pour autant en faire leur domaine de
prédilection. Oiseau alpestre par excellence,
l’accenteur alpin évolue dans l’univers
accidenté qu’offrent les éboulis et les chaos
de gros blocs. Afin de trouver sa pitance,
insectes et graines, il fréquente également les
fragments de pelouses rases qui apparaissent
entre les rochers. C’est un oiseau peu
étoile, se développe sur les éboulis et moraines calcaires dans l’étage alpin. C’est une
espèce ouest-alpine peu fréquente qui pousse
par exemple dans le vallon du nant Cruet,
également sur la bordure du glacier inférieur
des Balmes.
La linaire des Alpes s’établit fréquemment
dans des éboulis de calcaire. Bien adaptée à
la mobilité de son substrat, elle possède de
longues tiges rampantes qui lui permettent
de regagner la surface du pierrier après avoir
été ensevelie par des blocs instables. D’une
hauteur maximale de 10 cm, cette linaire
offre au regard ses corolles généralement
bleu violacé à palais safrané, et parfois
entièrement bleues.
Plante naine poussant sous forme de
coussinet, la saxifrage fausse mousse
affectionne les éboulis et rocailles aux
endroits frais et longuement enneigés. Cette
espèce végétale de haute montagne est une
endémique* des Alpes, rare, présente en
France uniquement en Savoie, Haute-Savoie
et Hautes-Alpes.
Deux espèces de génépi, le génépi jaune et le
génépi vrai, sont présentes sur la commune.
Le génépi vrai, appelé aussi génépi noir ou
génépi mâle, est l’espèce la plus typique des
éboulis et des moraines de toute nature.
À Sainte-Foy-Tarentaise, il est bien présent
sur l’ensemble de la commune. Outre son
caractère aromatique très marqué, ce génépi
PNV - Anonyme
Lièvre variable en pelage d’hiver
Monticole merle de roche mâle
Les milieux naturels, des lieux de vie - 131
Fiche-milieu n°9
se reconnaît à sa tige simple, arquée au
sommet, et ses petites fleurs jaunes regroupées en une grappe allongée et serrée.
PNV - Michel Delmas
PNV - Christophe Gotti
Fiche-milieu n°9
Femelle de lagopède alpin en plumage d’été
Miramelle des frimas
farouche. Dérangé, il préfère souvent se
glisser vers quelques blocs plus loin plutôt
que de prendre son envol. Morphologiquement proche du moineau, la niverolle
alpine fréquente les pelouses dénudées ou
rocailleuses, les éboulis et les bordures de
névé de l’étage alpin jusqu’à la partie
inférieure de l’étage nival. Elle y trouve les
graines et les divers invertébrés (insectes,
vers, escargots) dont elle se nourrit.
Comme son nom l’indique, le monticole
merle de roche est un oiseau qui fréquente
surtout les zones d’éboulis et les pelouses
parsemées de gros éléments rocheux en
adret. Cet oiseau migrateur est présent de fin
avril à mi-septembre. Le plumage flamboyant du mâle (tête et gorge bleu ardoisé,
poitrine et ventre orangé roux) contraste
avec celui plus sombre des autres “merles”.
Les blocs lui servent de poste d’affût et de
chant, ainsi que de site de nidification. Le
lagopède alpin évolue dans les milieux
ouverts de l’étage alpin et de l’étage nival :
pelouses rocailleuses, landes, éboulis, lapiaz
ou crêtes rocheuses. Dans ce milieu hostile
l’oiseau s’accommode parfaitement de
conditions sommaires : une nourriture à
base de matière ligneuse fournie par la
végétation rase, enrichie à la belle saison de
fruits, de fleurs, de feuilles et d’invertébrés
terrestres (pour les poussins), et des sites de
nidification construits à même le sol. Le nid
est en effet une dépression peu profonde, au
sein d’un îlot de plantes ou sous un
arbrisseau rampant, le plus souvent située
contre un rocher. Tout comme le pelage du
lièvre variable, le plumage varie annuellement au cours de quatre mues pour
adopter trois formes différentes : un
plumage sombre d’été, un plumage blanc
d’hiver et un plumage bariolé d’intersaison.
Le nom Arbine (rocher de Pierre d’Arbine)
provient du latin albus qui signifie blanc.
C’est le nom patois du lagopède alpin qui
fréquente ces lieux.
Le moiré velouté, ou moiré des glaciers, et le
moiré chamoisé sont deux espèces de
papillons typiques des éboulis, moraines et
pelouses rocailleuses. Ils sont le plus souvent
observés au-dessus de 2 200 m d’altitude
mais il est possible de les rencontrer à partir
de 1 600 m et jusqu’à plus de 3 000 m. Le
moiré velouté se distingue par une teinte
générale et homogène brun-noir et une taille
importante : jusqu’à 2, 5 cm de largeur.
Les orthoptères (grillons, criquets et sauterelles) inféodés à ces milieux sont dotés de
noms très évocateurs, comme la miramelle
des moraines, appelée aussi criquet marcheur, et la miramelle des frimas, une espèce
particulièrement adaptée aux altitudes
élevées, entre 2 000 et 2 700 m, qui se rencontre parfois à la limite des névés. L’adulte
de la miramelle des moraines se distingue
132 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Équilibre entre l'homme
et son milieu
Usages, intérêts économiques
et représentations
PNV - Christian Balais
Les éboulis, les moraines et les glaciers
rocheux sont empruntés par les alpinistes
pour accéder aux glaciers et à certaines voies
d’escalade. Ils peuvent être également
fréquentés en été par les cueilleurs de génépi.
La cueillette du génépi est une pratique
locale bien établie en haute Tarentaise.
Impropres au pâturage, les éboulis et
moraines ne sont traditionnellement pas
exploités par les troupeaux domestiques
même s’il arrive à ceux-ci de les traverser.
Cependant, l’abandon progressif du gardiennage des troupeaux ovins se traduit par
une modification du comportement des
moutons qui ont tendance à monter en
altitude, en quête de fraîcheur, comme c’est
le cas dans les parties supérieures des
nombreux vallons de Sainte-Foy.
Par le passé et aujourd’hui encore, les
éboulis fournissent les matériaux pour la
construction des habitations. Les pierres de
schistes, de quartzite ou de gneiss ont été
prélevées un peu partout sur la commune.
Plus rares, les blocs de cargneule*, qui
apparaissent dans quelques murs, proviennent des environs du lac du Clou.
D’anciennes carrières de lauzes sont encore
connues sur la commune, aux environs de
Brebis non gardées au pied du mont Charvet
Les milieux naturels, des lieux de vie - 133
Fiche-milieu n°9
par une réduction importante de ses ailes à
de petites écailles. Active de juillet à octobre,
elle s’observe depuis l’étage montagnard
jusqu’à l’étage alpin où elle fréquente
différents types de milieux : landes, pelouses
et éboulis jusqu’à 2 600 m d’altitude. Le
dimorphisme sexuel est très marqué chez
cette espèce, avec notamment une différence
de taille qui peut atteindre plus de 1 cm ; la
femelle est toujours plus grande. Chose
étonnante chez les orthoptères, cette espèce
est capable d’émettre de petits crissements
avec ses mandibules.
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°9
Murettes et alignement de pierres levées au Monal le long de la piste d’accès depuis Bonconseil
Saint-Guérin et dans le bois du Grand Follié,
au lieu-dit les Foyères. La pierre utilisée
pour fabriquer la chaux provenait des
éboulis de l’arête de Montseti et du Bec de
l’Ane, également des environs du lac du
Clou.
alpine et la saxifrage fausse mousse sont
protégées. Les éboulis, les moraines et les
glaciers rocheux contribuent ainsi de
L’intérêt pastoral de ces éboulis et moraines
est faible voire nul, compte-tenu du faible
développement de la végétation et de
l’absence de plantes fourragères.
Ils sont par contre bien utilisés par le
bouquetin des Alpes et le lièvre variable qui
en apprécient les quelques plantes présentes,
et pour lesquels ils constituent des zones de
repos diurnes appréciées.
Ces milieux présentent une forte valeur
floristique. Ils accueillent un cortège
d’espèces spécialisées absentes des autres
types de milieux dont plusieurs plantes rares
et/ou protégées. Cinq espèces végétales
d’intérêt patrimonial sont inféodées aux
éboulis, moraines et glaciers rocheux de la
commune. Parmi celles-ci, l’androsace
134 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Stéphane Mélé
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
Moraines du glacier de l’Invernet colonisées
par la végétation
PNV - Christian Balais
Saxifrage fausse mousse
PNV - Christian Balais
manière importante à la richesse floristique
globale de Sainte-Foy-Tarentaise. De plus,
l’action fixatrice des végétaux pionniers
favorise la colonisation par la végétation
d’un milieu originellement presque entièrement minéral.
L’instabilité du milieu, la forte spécialisation
des espèces, le petit nombre d’individus
présents et leur faible dynamique de
croissance sont les causes principales de la
fragilité des écosystèmes des éboulis et des
moraines.
La fréquentation régulière des éboulis un
peu partout sur la commune, par de petits
troupeaux ovins, peut compromettre le
maintien d’une flore fragile et d’une
couverture végétale en cours d’installation,
sans que cela présente un quelconque intérêt
pastoral.
Cela peut poser également des problèmes
sanitaires du fait de la cohabitation avec les
ongulés sauvages qui y trouvent refuge,
notamment par suite de la transmission
réciproque de certaines pathologies.
Tout comme le tétras-lyre, le lagopède peut
être dérangé au cours de son repos hivernal
par le passage de skieurs hors-piste depuis le
col Granier ou dans la face nord de la
Foglietta.
Moraines latérales marquant le recul du glacier de l’Invernet
Les milieux naturels, des lieux de vie - 135
Fiche-milieu n°9
Évolution et transformation
du milieu
Fiche-milieu n°9
Aujourd’hui, avec le recul des glaciers, la
surface des moraines a plutôt tendance à
s’accroître, comme pour le glacier du Grand.
Propositions de gestion
PNV - Christian Balais
Une conduite des troupeaux ovins en
alpage, visant à les écarter des éboulis et
moraines de très faible intérêt pastoral,
assurerait la tranquillité de la faune sauvage
et éviterait de fragiliser davantage des
plantes déjà soumises à des contraintes
écologiques extrêmes.
Cela diminuerait les risques de transmission
de pathologies entres herbivores domestiques et sauvages. Ce serait également
bénéfique pour les performances des
troupeaux ovins qui dépensent beaucoup
d’énergie à parcourir ces milieux ingrats et
peu nourrissants.
Il serait souhaitable que le projet d’arrêté
préfectoral concernant la réglementation de
la cueillette de certaines espèces, comme le
génépi, sur le département de la Savoie,
puisse se concrétiser.
PNV - Christian Balais
Génépi jaune
Génépi vrai
136 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Christian Balais
PNV - Christian Balais
Les Oeillasses, Grand et Petit Assaly, glacier du Grand, pointe de l’Invernet, Becca du Lac
Arrête du Loidon et Bec de l’Ane depuis le vallon de Mercuel
Les
rochers et falaises sont des milieux
minéraux dont la pente forte, voire verticale,
empêche le dépôt ne serait-ce que d’une fine
pellicule de terre. Les fissures et autres
anfractuosités constituent l’unique support
pour l’installation des plantes. Seuls les
mousses et les lichens sont capables de se
développer à même la roche. Les rochers et
falaises regroupent à la fois les parties
sommitales et les barres rocheuses de SainteFoy-Tarentaise. Parmi les nombreux sommets de la commune on peut citer les
Oeillasses, la pointe du Petit Assaly, la Becca
du Lac, le bec de l’Ane et la pointe
Les milieux naturels, des lieux de vie - 137
Fiche-milieu n°10
Les rochers et les falaises
Sommaire
Fiche-milieu n°10
d’Archeboc. Beaucoup de barres rocheuses
sont aussi présentes sur la commune,
comme sous les hameaux du Miroir et de la
Masure, sur les versants du vallon de la
Louïe Blanche et du vallon du Clou, le
versant nord de la pointe de la Foglietta.
Des adaptations particulières sont nécessaires aux animaux et plantes pour survivre
dans les conditions climatiques contrastées,
de type continental, des étages alpin et
nival : l’absence de couverture neigeuse en
hiver expose les surfaces à des températures
très basses, dont l’effet est amplifié par des
vents froids. En revanche, les falaises
ensoleillées peuvent s’échauffer très fortement en été. Ces milieux subissent de fortes
variations thermiques entre le jour et la nuit.
Dans la forêt, les rochers beaucoup plus
humides sont généralement recouverts de
mousses. Les conditions sont moins
extrêmes et la végétation bénéficie de la
protection des arbres qui atténuent la
rigueur du climat.
Même s’ils paraissent hostiles à toute forme
de vie, les rochers et les falaises constituent
l’habitat de prédilection pour les animaux et
les plantes ayant développé certaines
adaptations. Ils offrent un refuge efficace
contre les prédateurs aux animaux capables
de grimper, tel le bouquetin. Les oiseaux y
nichent, des chauves-souris s’y abritent le
jour dans les fissures. En outre, la rudesse
des conditions de vie, en sélectionnant un
petit nombre d’espèces aptes à survivre,
limite la concurrence végétale.
Les rochers et les falaises
138 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiche-milieu n°10
PNV - Jean-Paul Ferbayre
Falaises de l’Art
En l’absence de sol susceptible d’atténuer les
effets directs de la roche-mère, la nature
siliceuse ou calcaire de celle-ci constitue un
facteur écologique déterminant pour les
espèces qu’elle supporte.
À Sainte-Foy-Tarentaise, les groupements
végétaux des substrats siliceux sont dominants.
ron 15 cm et dont l’extrémité est fourchue.
Cette plante est présente dans le secteur du
Crot.
Particulièrement bien adaptée aux conditions
qui règnent à haute altitude, l’androsace
helvétique est une espèce très localisée des
rochers calcaires ensoleillés, connue en Savoie
dans une vingtaine de communes de la
Vanoise et des massifs périphériques. Sur
Sainte-Foy-Tarentaise, cette espèce est très
rare ; elle a été observée sur une localité à
3 200 m d’altitude. C’est une plante naine,
velue, formant des coussinets très denses et
bombés. Rare en France et protégée, cette
espèce reste peu menacée du fait de l’inaccessibilité de ses stations.
Flore
plantes des rochers et falaises ont
développé de nombreuses adaptations :
forme en coussinet pour résister au vent et
conserver eau et chaleur ou port en rosette
de feuilles appliquées au sol, multitude de
radicelles ou longue racine en pivot pour
puiser l’eau, feuilles moins nombreuses et
coriaces pour supporter la sécheresse,
plantes souvent velues pour lutter contre la
déshydratation.
L’asplénium septentrional, ou doradille
nordique, est une petite fougère qui pousse
sur les rochers et les murs de pierres acides
où elle forme des touffes assez fournies.
Elle est aisément identifiable par ses feuilles
coriaces, appelées frondes, longues d’envi-
PNV - Christian Balais
Les
Primevère du Piémont
Les milieux naturels, des lieux de vie - 139
PNV - Christian Balais
Lis orangé
La primevère hérissée, ou primevère hirsute,
est une petite plante localement répandue en
Vanoise et qui pousse couramment sur les
parois siliceuses de l’étage alpin. Elle
ressemble à la primevère du Piémont, une
espèce des rochers siliceux, rare et protégée
en France, mais encore bien représentée en
haute Maurienne et en haute Tarentaise.
Toutefois, contrairement à l’espèce précédente, la primevère du Piémont semble se
limiter en rive gauche de l’Isère sur la
commune de Sainte-Foy-Tarentaise. Ces
deux primevères ont une corolle rose à
gorge blanche. Les fleurs de la primevère
hérissée sont réunies par groupe de 2 à 5,
tandis qu’elles peuvent être par 12 chez la
primevère du Piémont.
La saxifrage fausse diapensie est une plante
dont les feuilles forment des coussinets
denses, d’où émergent des tiges portant des
fleurs blanches. Elle s’installe dans les
fissures des rochers calcaires jusqu’à
2 800 m d’altitude. Cette espèce est rare
au niveau mondial, mais relativement bien
représentée en Vanoise, où elle est connue
dans une vingtaine de communes et dans
une seule localité à Sainte-Foy. Elle est
protégée en Rhône-Alpes. Le lis orangé
affectionne essentiellement les rochers, les
pelouses sèches rocailleuses et les boisements clairs d’adret, entre 300 et 2 200 m
d’altitude. Victime de sa beauté, il est
devenu rare à la suite de cueillettes
excessives et se replie de plus en plus dans
les zones difficiles d’accès. À Sainte-FoyTarentaise, le lis orangé se développe sur des
falaises à basse altitude. Le nerprun nain est
un petit arbuste couché inférieur à 20 cm de
hauteur qui s’installe dans les fissures des
rochers ensoleillés. À Sainte-Foy-Tarentaise,
cette espèce peu fréquente se développe
entre 1 000 et 2 000 m d’altitude.
Le genévrier sabine, appelé parfois genévrier
fétide, est un arbuste qui peut atteindre 3 m
de hauteur mais dont les branches sont
couchées. Ses rameaux dégagent une forte
odeur et ses fruits, de petites baies bleues,
ont une chair très résineuse. Extrêmement
toxique, ce genévrier n’est pas consommé
par les animaux. En Vanoise, cette espèce est
fréquente sur les adrets de haute Tarentaise,
où il occupe différents types de milieux : des
rochers, des pelouses sèches et des boisements clairs (lire la fiche-espèce n°3).
140 - Les milieux naturels, des lieux de vie
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Fiche-milieu n°10
PNV - Christian Balais
Saxifrage fausse diapensie
Nerprun nain
Les adaptations de la faune aux milieux de
PNV - Christophe Gotti
falaises ont trait aux déplacements : insectes
aux ailes plus courtes pour ne pas se laisser
emporter par le vent, sabots des bouquetins
adaptés aux déplacements sur les rochers,
qui en épousent la forme et donnent de
l’adhérence, utilisation des courants ascendants par les oiseaux rupestres (aux ailes
plus larges) tels que les rapaces ou le
tichodrome échelette. On notera aussi
l’adaptation à la rudesse du climat : couleur
sombre des lézards des murailles pour
absorber la chaleur.
Le bouquetin des Alpes est sans doute le
mammifère le plus représentatif des rochers
et des falaises. Dans ce milieu, où il se
déplace avec une grande aisance, il trouve la
nourriture végétale et la sécurité dont il a
besoin pour vivre. Espèce symbolique de la
Vanoise, il fut à l’origine du classement
d’une partie de ce territoire en Parc national
en 1963. Il fréquente les parois rocheuses à
différents moments de l’année : en été à
haute altitude où il recherche les endroits
frais et la tranquillité. En période hivernale,
craignant le manteau neigeux épais et les
avalanches, il fréquente les crêtes déneigées
par le vent et les versants d’adret. Ces
quartiers d’hiver sont également les quartiers de rut. Enfin, en période de mise bas,
les femelles s’isolent sur de petites vires. La
population de bouquetins qui occupe le
territoire de Sainte-Foy-Tarentaise est issue
des massifs italiens voisins. Cette population
est présente au cours de la belle saison, mais
l’hivernage a lieu dans les vallées italiennes
proches : le val Grisenche et le val de
Rhêmes.
Les falaises et rochers constituent essentiellement un territoire de nidification pour
de nombreux oiseaux. Les rapaces sont
parmi les plus représentatifs de ces milieux
qui sont aussi pour eux favorables aux
courants d’air ascendants et au vol plané.
Plusieurs espèces sont nicheuses sur SainteFoy-Tarentaise : l’aigle royal, le grand-duc
d’Europe, le faucon pèlerin et le faucon
crécerelle.
Bouquetin des Alpes (jeune mâle au premier plan et femelles derrière)
Les milieux naturels, des lieux de vie - 141
Fiche-milieu n°10
Faune
PNV - Michel Bouche
Grand-duc d’Europe
142 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Jeannette Chavoutier
Fiche-milieu n°10
Par son allure majestueuse, l’aigle royal est
sans doute l’oiseau le plus emblématique de
ces milieux. Deux couples reproducteurs
fréquentent Sainte-Foy-Tarentaise. Pour ce
rapace, plus que l’altitude, c’est surtout la
tranquillité qui importe pour le choix de
l’emplacement de son nid, appelé aire. Ainsi,
une dizaine d’aires est inventoriée, dont la
moitié se localise dans le cœur du Parc. Sur
Sainte-Foy, l’une de ces aires se situe près du
Crot.
Plus discret mais tout aussi majestueux, le
grand-duc d’Europe, le plus grand des
rapaces nocturnes de France, est aussi
nicheur sur la commune. Un site de
reproduction est connu depuis 1996. Le
couple présent sur Sainte-Foy-Tarentaise
compte parmi la dizaine de couples connue
sur le massif de la Vanoise. Prédateur
éclectique, le grand-duc d’Europe se nourrit
aussi bien de reptiles, amphibiens et petits
mammifères (écureuil, rongeurs), que de
plus grosses proies comme le tétras-lyre, le
renard ou le lièvre. De même son habitat*
est varié, idéalement composé de boisements, de falaises et de milieux ouverts*. En
Vanoise il niche jusque vers 1 900 m
d’altitude. Davantage spécialisé dans la
chasse en plein vol, le faucon pèlerin se
nourrit essentiellement d’oiseaux, comme
les pigeons et les petits passereaux. Depuis
plus d’une dizaine d’années sa reproduction
est régulièrement observée sur la commune
(lire la fiche-espèce n°8).
Faucon crécerelle
Enfin, le faucon crécerelle niche, entre
autres, dans les falaises de l’école d’escalade
de la Combaz. Ce petit rapace se caractérise
par un vol effectué sur place, face au vent et
queue déployée, appelé “vol du SaintEsprit”.
Parmi les espèces nichant typiquement dans
les falaises, le chocard à bec jaune est un
oiseau facilement reconnaissable à son
plumage noir et à son bec jaune. Contrairement au chocard, le crave à bec rouge,
n’est pas un oiseau strictement d’altitude,
même s’il dépend lui aussi des reliefs très
marqués qui lui fournissent des zones
inaccessibles pour nicher. Il affectionne
surtout les falaises bien exposées, mais
fréquente aussi les zones de végétation rase
pour s’alimenter.
Le tichodrome échelette est un petit oiseau
qui se caractérise par un plumage gris
ardoisé. Ses ailes arrondies sont plus
contrastées, avec la présence de taches
rouge-carmin et de gros points blancs. Son
vol papillonnant et son attachement aux
parois rocheuses (falaises, mais aussi murs
de grands édifices) lui ont valu le nom plus
poétique de papillon des murailles. Son bec,
fin et arqué, est pour lui un outil
indispensable pour dénicher au fond des
fissures de la roche les insectes dont il se
nourrit. À Sainte-Foy-Tarentaise, cet oiseau
se reproduit dans les falaises, comme par
exemple aux Oeillasses.
Fiche-milieu n°10
ASTERS - Georges Lacroix
PNV - Christian Balais
Chocard à bec jaune posé sur la Croix Foglietta
Tichodrome échelette
Équilibre entre l'homme
et son milieu
d’autres milieux et dont plusieurs sont rares
et remarquables : l’androsace helvétique, la
primevère du Piémont, la saxifrage fausse
diapensie, etc.
L’utilisation des vires et des corniches
comme site de nidification par certaines
espèces d’oiseaux rupicoles telles l’aigle
Usages, intérêts économiques
et représentations
Il n’existe pas d’usage traditionnel associé à
ces milieux. En revanche, on assiste
actuellement en Vanoise à un développement généralisé de nouvelles pratiques
sportives, notamment en falaises : escalade,
via ferrata ou via cordata. Il existe de
nombreuses falaises plus ou moins équipées
à Sainte-Foy-Tarentaise. Surtout localisés en
altitude, ces sites concernent les Oeillasses,
la pointe des Piagnes, le Grand Assaly, la
pointe de l’Invernet et la barre des
Colombettes. Par ailleurs, trois écoles
d’escalade sont aussi présentes sur la
commune : au Plan du Pré, à la Combaz et
à la Sassière.
Durant l’hiver, la cascade de glace du nant
du Piss à la Raie est fréquentée occasionnellement par les grimpeurs.
L’intérêt biologique des rochers et des
falaises est du même ordre que celui des
“éboulis et moraines”. Il est essentiellement
dû à la présence d’espèces spécialisées qui ne
peuvent pas vivre naturellement dans
PNV - Christophe Gotti
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
Voie Emprin aux Oeillasses
Les milieux naturels, des lieux de vie - 143
Fiche-milieu n°10
royal, le grand-duc d’Europe, le faucon
pèlerin et le tichodrome échelette, confère à
ces falaises une valeur écologique supplémentaire.
Les barres rocheuses exposées au sud
constituent des zones d’hivernage très
appréciées des chamois, comme sur le Bec
Rouge et le massif des Monts.
Évolution et transformation
du milieu
À l’instar des éboulis et des moraines, c’est
la discontinuité des populations végétales et
leur faible dynamique qui sont à l’origine de
la sensibilité de ces milieux à toute perturbation.
Cependant, les risques d’impact sur la flore
des pratiques sportives sont a priori faibles
du fait du caractère ponctuel des équipements, surtout si l’on tient compte, pour leur
implantation, de la présence éventuelle
d’une flore remarquable.
Toutefois les populations d’espèces rares
étant souvent localisées et en faible effectif,
tout nouvel équipement peut compromettre
de façon importante leurs chances de survie.
En revanche, les menaces sont bien réelles
pour les oiseaux rupestres (gypaète barbu,
aigle royal, faucon crécerelle, tichodrome
échelette, etc.), très sensibles aux dérangements pendant la période de reproduction.
Cette menace est plus marquée à proximité
des vias ferratas et des voies d’escalade
équipées, dont la sécurisation entraîne une
fréquentation plus importante que celle des
voies d’escalade non équipées. Le site de
nidification du couple de faucons crécerelles
du rocher d’escalade de la Combaz illustre
cette situation.
La concentration toujours plus importante
d’équipements en montagne et l’engouement
pour la pratique de sports de nature
engendrent une réduction significative des
zones susceptibles de convenir à des oiseaux
rupestres vulnérables tels que le grand-duc
d’Europe, le faucon pèlerin et l’aigle royal.
PNV - Stéphane Mélé
Propositions de gestion
École d’escalade au Plan du Pré
144 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Aux échelles communale et intercommunale, tout nouveau projet d’équipement
doit permettre de concilier le développement
raisonnable des sports de nature et le
maintien d’une faune et d’une flore riches.
Une charte sur l’escalade et l’alpinisme en
Vanoise a été définie en 1999 entre le Parc et
les principales associations de pratiquants.
Ce document pourrait constituer un outil de
gestion pour les milieux rocheux.
Pour cela, la réalisation d’études préalables
et la consultation d’experts du milieu
naturel, comme les gardes-moniteurs du
Parc national, paraissent indispensables,
afin d’assurer la prise en compte de l’intérêt
naturaliste et de la vulnérabilité des sites.
PNV - Christophe Gotti
PNV - Stéphane Mélé
Falaise de la Thuile
Falaises au-dessus du Crot
Les milieux naturels, des lieux de vie - 145
Fiche-milieu n°10
À Sainte-Foy-Tarentaise un suivi des sites de
nidification de l’aigle royal, du grand-duc
d’Europe et du faucon pèlerin est réalisé
chaque année afin de mieux connaître la
réussite de leur reproduction.
Une via cordata localisée au Crot se situe à
proximité d’un site de nidification d’un
couple de grands-ducs d’Europe et de l’aire
d’un couple d’aigles royaux. Sur le plan
floristique, la présence du lis orangé est
connue. Afin de permettre cette réalisation
tout en assurant la préservation de ces
espèces et la tranquillité des sites de
nidification, ce projet a été conduit dans le
cadre d’un partenariat entre la commune, la
compagnie des guides de la Vanoise et le
parc national.
Sommaire
PNV - Stéphane Mélé
Fiche-milieu n°11
Les glaciers et névés
PNV - Christian Balais
Glacier supérieur des Balmes
Glacier supérieur des Balmes, pointe des Plates des Chamois
Un glacier est un réservoir de glace issu du
compactage de la neige accumulée à haute
altitude. Sous l’effet de son propre poids, le
glacier s’écoule lentement vers l’aval. La
fonte du glacier dans ses parties les plus
basses est compensée en tout ou partie par
les chutes de neige qui alimentent le glacier
146 - Les milieux naturels, des lieux de vie
dans son bassin d’accumulation à l’amont
(au-dessus de 3 500 m d’altitude).
Les précipitations alimentent régulièrement
en neige les glaciers, tous situés dans les
parties supérieures des vallons d’altitude,
aux frontières de la commune. Parmi les
plus importants, les glaciers du Grand et de
Fiche-milieu n°11
Les glaciers et les névés
que les glaciers du Fond et de la Sassière.
Ces deux derniers forment la surface
glaciaire la plus importante de Sainte-FoyTarentaise.
PNV - Christian Balais
l’Invernet prolongent le glacier du Ruitor,
situé en Italie. Au sud de la commune, se
trouvent le glacier supérieur des Balmes qui
alimente le glacier inférieur des Balmes, ainsi
Glaciers du Fond et de la Sassière depuis la pointe de Nant Cruet
Les milieux naturels, des lieux de vie - 147
PNV - Marie-Geneviève Bourgeois
Fiche-milieu n°11
Chlamydomonas nivalis, une algue liée à la neige, au Plan du Grand
Les glaciers ont joué et jouent encore un rôle
important dans les phénomènes d’érosion.
Les nombreux vallons et multiples lacs
d’altitude présents sur la commune illustrent
cette érosion. La forte quantité de roches
marquées par le passage des glaciers, dites
roches moutonnées, comme dans le vallon
de la Sassière, témoigne aussi de l’importance de ces glaciers d’autrefois.
Les grandes glaciations, séparées par des
périodes plus chaudes, se sont succédé au
cours des temps géologiques. L’alternance de
ces phases d’avancée et de recul des glaciers
s’est traduite par un modelage du relief des
vallées glaciaires qui diffère selon la dureté
de la roche.
Il y a plus de 15 000 ans, les langues glaciaires issues des Alpes atteignaient Lyon ou
Valence.
Les névés correspondent à des neiges
compactées transformées sous l’effet des
intempéries. Ils peuvent perdurer plusieurs
années. Ces dépôts immobiles et de taille
variable sont moins permanents que les
glaciers, puisqu’il leur arrive de fondre
complètement certaines années. Ils sont
148 - Les milieux naturels, des lieux de vie
souvent associés, sur leurs bordures, à des
groupements de combes à neige (voir la
fiche-milieu n°8). Certains névés portent un
nom, comme le névé de Pissevieille.
Flore et faune
Les basses températures rencontrées sur les
glaciers rendent ces milieux hostiles à la
plupart des organismes vivants et en général
presque stériles. On peut toutefois y
rencontrer quelques insectes migrateurs tués
par le froid.
Sur les névés, certains insectes, tels que les
“puces des neiges” ou collemboles* parviennent à accomplir une partie de leur cycle
à la surface de la neige fondante. Ils trouvent
à s’alimenter grâce aux particules nutritives
apportées par le vent (comme le pollen) et
aux algues unicellulaires spécialisées, telle la
chlamydomonas des neiges, qui s’y développent parfois et donnent à la neige une teinte
rouge carmin.
Au printemps et à l’automne, chamois et
bouquetins traversent les glaciers frontaliers
lors de leurs migrations saisonnières.
Usages, intérêts économiques
et représentations
Incarnant toute la puissance de la nature, les
neiges permanentes et les glaciers n’inspiraient par le passé que de la crainte.
Aujourd’hui, avec l’alpinisme, les sommets
sont plutôt évocateurs de découvertes
sportives.
La randonnée sur glacier compte de nombreux adeptes et se développe en saison
printanière et estivale. Les surfaces englacées
sont devenues des lieux de pratiques
sportives.
Sainte-Foy n’échappe pas à cette tendance et
les guides encadrent des courses d’initiation
comme des courses de glaciers et rochers
plus difficiles. Les principales courses
glaciaires sont celle de l’aiguille de la Grande
Sassière par le vallon du nant Cruet, et des
glaciers de l’Invernet et du Ruitor.
Intérêts biologique et patrimonial
du milieu
Évolution et transformation
du milieu
Autorisées en Italie, les déposes de skieurs
par hélicoptères sont très fréquentes au
cours de la saison de ski sur les glaciers
frontaliers du Ruitor et d’Ormelune.
Déposés sur le versant italien à partir de la
station franco-italienne de la Rosière – la
Thuile d’Aoste, les skieurs descendent sur le
territoire de Sainte-Foy par les glaciers de
l’Invernet et du Grand, ou par le vallon du
Clou. Ces déposes, interdites en France,
posent des problèmes éthiques et se
traduisent par une augmentation de la
fréquentation de certains vallons d’altitude.
Elles génèrent un volume important de
rotations d’hélicoptères transportant les
skieurs depuis les versants français, ainsi que
PNV - Stéphane Mélé
Les glaciers constituent avant tout un
précieux réservoir d’eau douce pour les
hommes, mais aussi une source naturelle
d’alimentation des torrents en période
estivale.
Ils ont aussi une valeur esthétique indéniable. Cet élément marquant et symbolique
des paysages de haute montagne présente un
intérêt paysager majeur pour le tourisme.
Ils constituent un témoin fiable des
évolutions climatiques globales de la
planète.
Glacier de l’Invernet
Les milieux naturels, des lieux de vie - 149
Fiche-milieu n°11
Équilibre entre l'homme
et son milieu
La disparition des glaciers entraînerait de
nouveaux problèmes écologiques (disparition d’un réservoir d’eau vital, assèchement
des torrents), mais aussi économiques avec
la perte d’un élément du paysage qui a joué
un rôle important pour le tourisme alpin
depuis 200 ans.
Mais en dehors du recul des glaciers déjà
perceptible, les conséquences locales du
réchauffement climatique global sont encore
difficiles à apprécier.
Propositions de gestion
Les propositions visant à enrayer le
réchauffement climatique global dépassent
largement le cadre communal, mais elles
passent aussi par l’évolution des comportements individuels.
Il convient de signaler l’initiative de la
commune de Sainte-Foy qui, pour contenir
dans les limites acceptables le nombre de
rotations d’hélicoptères, a mis en place un
accord sous forme de convention d’usage
(limitation à 200 rotations annuelles à partir
d’une plateforme communale - DZ).
PNV - Christian Balais
Fiche-milieu n°11
quelques reprises diffuses après la descente
sur les versants opposés.
Les glaciers de Sainte-Foy-Tarentaise
n’échappent pas au réchauffement global de
la planète et ont donc une tendance générale
à reculer. Ainsi, les glaciers du Petit, de
l’Argentière et d’Archeboc sont aujourd’hui
réduits à des névés. De même le recul est
nettement visible pour le glacier de l’Invernet et le glacier de la Sassière qui remontent
en altitude et se rétrécissent. En 2006, la
limite inférieure de ce dernier est à 2 930 m
d’altitude environ, alors qu’elle se trouvait à
2 820 m au début des années 1990.
Après l’avancée forte du “petit âge
glaciaire” (qui a duré près de trois siècles à
partir de la moitié du XVIe siècle), des études
ont mis en évidence le recul spectaculaire
(même s’il n’est pas continu) des fronts des
glaciers dans les Alpes, la diminution de leur
surface et de leur épaisseur.
Les prévisions à moyen terme sur l’évolution
globale du climat de la planète semblent
défavorables au maintien en l’état des
glaciers à l’échelle des massifs montagneux
des zones tempérées.
Vue sur le glacier du Ruitor depuis le Nœud des Vedettes
150 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Sommaire
PNV - Stéphane Mélé
Fiches-milieux - Conclusion
Conclusion
Mosaïque de milieux naturels à l’automne - plan de la Sassière
L’ensemble des 11 grands types de milieux
présentés dans ces fiches couvre l’intégralité
du territoire de la commune de Sainte-FoyTarentaise. Le choix d’une description,
milieu par milieu, ne doit pas faire oublier
que ceux-ci sont liés les uns aux autres et
que la transition entre tel et tel habitat est
rarement évidente sur le terrain. Un marais
dépend de son bassin versant, une clairière
est tributaire des herbivores forestiers, les
éboulis et les moraines sont alimentés par les
falaises et les glaciers, etc. La subtilité de
cette imbrication se reflète dans l’instabilité
des contours de cette mosaïque qui résulte
des mécanismes d’érosion et de la dynamique naturelle de la végétation. À ces
facteurs naturels s’ajoute l’effet, souvent
direct, des activités humaines.
Les points abordés dans chacune des fichesmilieux concernent les milieux indépendamment les uns des autres. Or, certains
problèmes de gestion ont trait à l’équilibre
entre ces milieux : un milieu évolue au
détriment d’un autre sous tous les aspects
(naturel, paysager, économique, etc.). Ce
phénomène est à prendre en compte par les
gestionnaires du territoire.
La diversité des richesses naturelles et des
milieux est à l’origine de ressources variées
(eau, bois, fourrage, énergie, plantes
utilitaires et ornementales, etc.). Elle peut
être un atout de taille pour le maintien et la
diversification des activités agricoles,
touristiques et commerciales de la commune. Elle est une source durable de qualité
Les milieux naturels, des lieux de vie - 151
PNV - Christian Balais
Fiches-milieux - Conclusion
PNV - Philippe Benoît
Le lac Longet
Sassière de Sainte-Foy – Glacier de l’Invernet
de vie pour les habitants de Sainte-FoyTarentaise.
Pour la commune, le maintien d’une
diversité des milieux naturels (qui en plus
augmente le panel d’espèces présentes) peut
constituer un objectif de gestion durable de
son territoire.
Dès lors que l’on considère le patrimoine
naturel de la commune comme un élément
constitutif de son cadre de vie et de son
économie au sens large, la préservation et la
152 - Les milieux naturels, des lieux de vie
bonne gestion des milieux naturels deviennent des éléments “clé” de la gestion et de
l’aménagement de son territoire.
À Sainte-Foy-Tarentaise, tous les milieux
naturels et semi-naturels ne font pas l’objet
de menaces immédiates, directes ou indirectes et ils ne présentent pas tous les mêmes
enjeux patrimoniaux.
Deux cas de figure sont à prendre en
compte :
Par ailleurs Sainte-Foy-Tarentaise se distingue par la présence d’espaces d’une grande
valeur naturaliste et paysagère vierges de
tout aménagement lourd. Les vallons du
nant Cruet, du Clou, de Mercuel et de la
Sassière forment un ensemble unique en
haute Tarentaise. Leur préservation
représente un atout essentiel pour le
tourisme estival tout en participant à la
diversification de l’offre touristique en hiver.
Cette situation privilégiée peut faire de
PNV - Christian Balais
Parmi les premiers milieux, on citera, les
zones humides d’altitude, y compris les lacs,
et de nombreux secteurs de falaises
hébergeant des espèces rares ; parmi les
seconds, les prairies de fauche, les alpages et
les habitats forestiers. Les nombreuses zones
humides, avec la présence remarquable
d’une zone à “Caricion bicolori-atrofuscae”
confèrent à la commune une grande richesse
patrimoniale. Les falaises sont le lieu de
nidification de nombreux rapaces et
accueillent l’un des rares couples repro-
ducteurs de grand-duc d’Europe de Vanoise.
Les prairies de fauche constituent un enjeu
majeur pour la pérennité de l’activité
agricole et touristique de la commune :
besoins fourragers, surfaces d’épandage,
cadre paysager, faune et flore. Les alpages
représentent le cas remarquable d’un
écosystème dont le type d’exploitation
séculaire est à l’origine d’une grande richesse
biologique et fourragère.
Vieille porte de mélèze sculptée à la Masure
Les milieux naturels, des lieux de vie - 153
Fiches-milieux - Conclusion
- le cas des milieux rares ou vulnérables et à
forte biodiversité. La préservation de ces
milieux doit être intégrée à tout projet de
gestion ou d’aménagement ;
- le cas des milieux plus ou moins exploités
par l’homme, dont la biodiversité pourrait
être préservée grâce à une exploitation
durable des ressources agricoles et
forestières.
duits touristiques proposés par les autres
stations de la vallée et protection d’un
patrimoine naturel et paysager d’exception.
PNV - Christian Balais
Fiches-milieux - Conclusion
Sainte-Foy un exemple de tourisme durable
sous réserve de savoir concilier équipements
raisonnés, complémentarité avec les pro-
Randonneur à ski dans le vallon du Clou
154 - Les milieux naturels, des lieux de vie
Fiches-espèces
Regard sur
quelques espèces
Le groupement végétal
“Caricion bicolori-atrofuscae”
Le Caricion bicolori-atrofuscae est un groupement végétal qui se caractérise par la présence
des espèces suivantes : la laîche rouge-noirâtre (Carex atrofuscae), la laîche bicolore (Carex
bicolor), la laîche à petite arête (Carex microglochin), la laîche maritime (Carex maritima),
la cobrésie simple (Kobresia simpliciuscula), la tofieldie naine (tofieldia pusilla), le
trichophore nain (Trichophorum pumilum) et le jonc arctique (Juncus arcticus). Seule la
dernière espèce n’a pas été observée sur Sainte-Foy. Hormis la tofieldie naine, ces plantes
sont de type “herbe”, et difficiles à distinguer pour le non-spécialiste. L’ensemble forme des
gazons courts plus ou moins clairsemés.
PNV – Christian Balais
Le Caricion bicolori-atrofuscae au pied du glacier
inférieur des Balmes
épi solitaire, fauve clair,
long de 1 cm environ
tige dressée, grêle, trigone et lisse
feuilles enroulées sur elles-mêmes ;
ne dépassant pas la moitié
de la tige
PNV – Philippe Benoît
Fiche-espèce n°1
Sommaire
La laîche à petite arête, une espèce du Caricion
bicolori-atrofuscae
Écologie
Le
Caricion bicolori-atrofuscae est un
groupement végétal pionnier qui se déve-
156 - Regard sur quelques espèces
loppe sur les bords de torrents, sources et
petits plans d’eau, alimentés par des eaux
froides et généralement alcalines. Il occupe
les étages alpin et subalpin supérieur, à une
À Sainte-Foy-Tarentaise, le Caricion
bicolori-atrofuscae est développé dans le
vallon du Clou :
- au marais du Plan, avec la présence de la
laîche bicolore, la laîche à petite arête, la
laîche maritime, la cobrésie simple, la
tofieldie naine et le trichophore nain
(torrent du Clou),
- au pied du glacier inférieur des Balmes,
avec la présence de la laîche bicolore, la
laîche maritime, la laîche à petite arête et
du trichophore nain (ruisseau des Balmes).
Menaces
PNV – Michel Delmas
Le Caricion bicolori-atrofuscae connaît les
La tofieldie naine,
une espèce du Caricion bicolori-atrofuscae
Répartition géographique
et intérêts biologiques
Constitué principalement d’espèces rares à
très rares, protégées et, pour six d’entre
elles, inscrites au livre rouge national de
la flore menacée, le Caricion bicoloriatrofuscae forme un milieu naturel également très rare. Témoin d’époques glaciaires
très anciennes, il se répartit dans l’hémisphère nord, à la fois dans la région arctique
et dans les Alpes.
À l’échelle des Alpes, la Savoie abrite une
bonne part des stations les plus riches et
représentatives de ce milieu naturel. De
telles stations sont observées en Maurienne
et en Tarentaise, dès la fin du XIXe siècle. Le
Piémont, le Val d’Aoste et le bassin des
Drances, sont d’autres régions très riches
dans ce même massif.
mêmes menaces que les milieux naturels
qu’il occupe : les zones humides.
Les causes les plus fréquentes de disparition
des sites en France sont d’origine humaine, il
s’agit :
- d’aménagements hydroélectriques provoquant la destruction par immersion,
- d’aménagements touristiques comme les
domaines skiables, provoquant une
destruction directe ou une destruction par
assèchement ou comblement,
- de la rectification des cours d’eau,
- du piétinement par les troupeaux domestiques et les engins motorisés.
Concernant les phénomènes naturels, le
réchauffement climatique pourrait avoir des
conséquences significatives sur ce milieu
hérité des périodes glaciaires.
L’isolement des stations et la rareté des
espèces végétales qui les composent rendent
aléatoire la recolonisation d’une station de
Caricion après sa disparition.
À Sainte-Foy, les nombreux conducteurs
d’engins motorisés qui utilisent la piste
pastorale aux abords du marais du Plan,
sont une menace lorsqu’ils dérivent dans la
zone humide.
Regard sur quelques espèces - 157
Fiche-espèce n°1
altitude moyenne de 2 200 m. Le gel permanent ou continu du sol sur une longue
période est une condition essentielle pour le
développement de ce groupement à caractère pionnier.
Les espèces végétales qui le composent sont
des plantes vivaces arctico-alpines* recherchant la fraîcheur et l’humidité de ces zones
humides d’altitude. Leur floraison a lieu aux
mois de juillet et août.
la désignation d’une partie du vallon du
Clou en site “Natura 2000”.
En
Rare sur l’ensemble de l’arc alpin, le
Caricion bicolori-atrofuscae devrait être
préservé en chacune de ses stations actuelles,
quel que soit l’état dans lequel il se trouve.
Pour cela et pour d’autres intérêts patrimoniaux, le vallon du Clou mérite une
attention particulière.
danger de disparition sur le territoire
européen, le Caricion bicolori-atrofuscae est
désigné comme prioritaire au titre de la
directive européenne Habitat*. Il fait partie
des habitats* pour lesquels l’Union européenne porte une responsabilité particulière
vis-à-vis de sa conservation ; ce qui a justifié
PNV – Christian Balais
Fiche-espèce n°1
Protection et propositions
de gestion
Piste pastorale dans le vallon du Clou
Le saviez-vous ?
• Les feuilles des laîches, plantes constituant le Caricion bicolori-atrofuscae, sont souvent
riches en silice, ce qui les rend coupantes et peu consommables par le bétail.
158 - Regard sur quelques espèces
L'orchis nain des Alpes
Comme la plupart des plantes de haute montagne, l’orchis nain des Alpes ou chamorchis
des Alpes (Chamorchis alpina) se caractérise par sa très petite taille. C’est la plus petite des
orchidées d’Europe et l’on peut difficilement la confondre avec une autre, de par sa
morphologie et son biotope. Seul l’orchis grenouille (Coeloglossum viride), qui pousse
également à Sainte-Foy-Tarentaise pourrait éventuellement porter à confusion aux yeux
d’un néophyte. Contrairement à celui-ci, l’orchis nain des Alpes est une espèce protégée.
plante entièrement verte ne dépassant pas 10 cm
4 à 12 fleurs en épi lâche
fleurs très petites vert-jaunâtre à “casque“
parfois lavé de brun-rouge, non prolongées
par un éperon
labelle* entier
feuilles étroitement linéaires atteignant
le sommet de la plante ou le dépassant
PNV – Philippe Benoît
plante de 5
à 20 cm de hauteur
Orchis nain des Alpes
feuilles basales
ovales larges de
1 à 5 cm,
n'atteignant pas
l'inflorescence
PNV - Maurice Mollard
fleurs verdâtres à
labelle* parfois
lavé de pourpre
labelle* nettement
trilobé
Orchis grenouille
Écologie
L’orchis-nain
des Alpes est une plante
vivace de haute montagne qui se développe,
en Savoie, à la fois dans les pelouses alpines
à végétation rase et/ou clairsemée des crêtes
ventées (avec la dryade à huit pétales) et les
gazons nains des zones humides.
Regard sur quelques espèces - 159
Fiche-espèce n°2
Sommaire
Répartition géographique
et intérêts biologiques
L’orchis
nain des Alpes est une espèce
boréo-alpine* strictement européenne. Elle
est présente dans les Alpes, les Carpates et
les montagnes scandinaves où elle est toujours très localisée.
Bien que présente en France dans six départements alpins (depuis la Haute-Savoie
jusqu’au Alpes-Maritimes), l’orchis-nain des
Alpes y est toujours relativement rare.
Menaces
La discrétion de cette orchidée naine en fait
une plante peu convoitée par les cueilleurs.
Elle est relativement peu menacée, si ce n’est
par destruction de ses habitats* pour
l’aménagement de remontées mécaniques et
les terrassements pratiqués pour les pistes de
ski.
PNV – Louis Bantin
Fiche-espèce n°2
C’est une espèce de pleine lumière qui
affectionne surtout les substrats calcaires.
À Sainte-Foy-Tarentaise, elle est présente sur
terrain plat ou pentu, entre 2 200 et 2 400 m
d’altitude. On la rencontre notamment aux
abords du ruisseau des Balmes dans le
vallon du Clou.
Sa floraison s’observe aux mois de juillet et
d’août, période pendant laquelle elle est
pollinisée par de petits insectes de types
mouches et moustiques.
Orchis nain des Alpes dans son milieu
Protection et propositions
de gestion
L’orchis nain des Alpes est protégé.
Son maintien passe notamment par le strict
respect des stations de l’espèce lors des
projets d’aménagement en altitude. Il nécessite également que les zones humides où il
pousse ne soient pas drainées.
Le saviez-vous ?
• Le nom chamorchis vient du grec chamai qui signifie “nain, à terre”.
• Alors qu’il n’est présent en Haute-Savoie que sur les crêtes ventées et dans les Alpes du
Sud qu’en zones humides (marécages subalpins et alpins), l’orchis nain des Alpes pousse
en Savoie dans ces deux types de biotopes, phénomène assez rare sur son aire de
répartition.
160 - Regard sur quelques espèces
Le genévrier sabine
Trois
espèces de genévriers se développent dans les montagnes des Alpes du nord : le
genévrier sabine (Juniperus sabina), le genévrier commun (Juniperus communis subsp.
communis) et le genévrier nain (Juniperus communis subsp. nana). Ces deux derniers se
distinguent par des aiguilles groupées par trois, dont chacune est traversée, sur sa face
supérieure, par une large bande claire. Le genévrier commun est un arbre qui peut atteindre
10 m de hauteur. Les deux autres espèces sont des arbrisseaux généralement inférieurs à 4 m.
Hauteur entre 1 à 4 m
longue branche étalée,
redressée à son extrémité
PNV – Christian Balais
écorce gris
brun, gerçurée
Genévrier sabine
PNV – Christian Balais
feuilles en forme d’écailles
plaquées contre le rameau,
longues d’environ 1 mm,
de couleur vert bleuté, très
odorantes et non piquantes
Branche de genévrier sabine
Écologie
Pour
se développer, le genévrier sabine a
besoin de lumière et de sécheresse. C’est un
arbrisseau de montagne qui occupe des régions de climat continental.
Dans les Alpes du nord, il est présent jusqu’à
environ 2 000 m d’altitude, préférant les
zones d’adret. Dans des régions plus méridionales. Il peut atteindre environ 2 700 m.
Le genévrier sabine recherche des substrats
plutôt neutres : calcaires ou schistes, et des
Regard sur quelques espèces - 161
Fiche-espèce n°3
Sommaire
Fiche-espèce n°3
sols peu épais. Il pousse essentiellement sur
des rochers, parfois dans des boisements
clairs et sur des pelouses sèches.
C’est une espèce monoïque, les fleurs mâles
(petits cônes solitaires à l’extrémité des
rameaux) et les fleurs femelles (formées de
plusieurs écailles) se développent sur le
même arbrisseau. La floraison a lieu aux
mois d’avril et mai et la maturation des
fruits au cours de l’automne de la même
année. La dissémination de ces derniers se
fait par l’intermédiaire des oiseaux. La
longévité maximale du genévrier sabine est
de quelques centaines d’années.
tions les plus remarquables se trouvent en
Afrique du nord.
Rare en France, où il est considéré comme
une espèce relictuelle*, il ne se développe
que dans les Pyrénées et les Alpes.
En Vanoise, de belles populations sont
connues à Saint-Jean-de-Maurienne, à
Termignon, dans les gorges de l’Arc et à
Sainte-Foy-Tarentaise, dans le secteur du
Monal ou vers le Crot.
Son bois dur et homogène est utilisé en
tabletterie pour la fabrication des crayons,
mais il ne connaît pas cet usage en Savoie.
Menaces
Petit
PNV – Christian Balais
arbre poussant sur les rochers, des
milieux qui ne font pas l’objet d’usages
particuliers, le genévrier sabine n’est pas une
espèce menacée, ni en Savoie, ni sur la
commune de Sainte-Foy.
La pratique du brûlis sur taillis peut
toutefois provoquer des endommagements
localisés d’arbrisseaux.
Rameaux et baies de genévrier sabine
Répartition géographique
et intérêts biologiques
Le
genévrier sabine est présent dans les
montagnes du sud de l’Europe, depuis l’Andalousie, jusqu’à la Turquie. Les popula-
Protection et propositions
de gestion
Le genévrier n’est pas une espèce protégée.
À Sainte-Foy, il ne nécessite pas de mesures
de protection particulières, si ce n’est le suivi
régulier de sa présence.
Le saviez-vous ?
• Le genévrier sabine est un arbrisseau au port rampant, mais qui, dans certaines conditions,
peut atteindre une hauteur de 10 m.
• C’est une plante extrêmement toxique. Différentes substances, comme les tuyones, le
sabinol et le pyrogallol en sont la cause. Ce dernier agit en bloquant le circuit intestinal des
animaux qui l’ingèrent, provoquant une mort rapide.
• Les “baies de genièvre”, ou fruit du genévrier, sont en fait de petits cônes appelés galbules
composés d’écailles plus ou moins soudées entre elles. Ils mûrissent en deux ou trois ans, se
couvrant alors d'une couche cireuse, appelée la pruine.
• Secrétant des résines, les feuilles dégagent une forte odeur lorsqu’elles sont froissées.
162 - Regard sur quelques espèces
La pédiculaire tronquée
La
pédiculaire tronquée (Pedicularis recutita) fait partie de la dizaine d’espèces de
pédiculaires présentes à Sainte-Foy-Tarentaise, mais elle est de loin la plus rare d'entre elles
et c’est la seule qui soit protégée. Sa morphologie générale, la couleur de ses fleurs et sa
grande taille (jusqu’à 50 cm de hauteur) la distinguent aisément des autres pédiculaires.
Exclusivement en pays de Savoie en France, la pédiculaire tronquée présente quelques belles
populations à Sainte-Foy.
corolle brun-pourpre plus ou moins foncé,
divisée en deux lèvres
PNV – Marie-Geneviève Bourgeois
lèvre supérieure en forme de casque dressé ;
lèvre inférieure plus courte et divisée
en trois lobes
Détail de l'inflorescence de la pédiculaire tronquée
fleurs réunies en grappe terminale compacte
et très feuillée à la base
PNV – Christian Balais
grandes feuilles étroitement lancéolées,
découpées en lobes à bord denté
Pédiculaire tronquée
Écologie
La
pédiculaire tronquée est une plante
vivace, à tendance nitrophile, que l'on rencontre en montagne entre 1 000 et 2 500 m
d’altitude, dans les prairies humides et
fraîches, les mégaphorbiaies, les abords des
sources, des torrents et des lacs. Elle pousse
préférentiellement sur sol calcaire. Sa floraison a généralement lieu de fin juin à août.
À Sainte-Foy-Tarentaise, la pédiculaire
tronquée se développe sur des sols non
Regard sur quelques espèces - 163
Fiche-espèce n°4
Sommaire
Fiche-espèce n°4
calcaires, en certains secteurs des vallons de
Mercuel et de la Sassière.
Menaces
L’espèce
Répartition géographique
et intérêts biologiques
La pédiculaire tronquée présente une répartition géographique purement alpine, depuis
les Alpes françaises jusqu’à l’Autriche, en
passant par l’Italie, la Suisse, l’Allemagne et
la Slovénie. C'est une espèce endémique*
des Alpes centrales et orientales. En France,
ce taxon très rare est présent uniquement en
Savoie et Haute-Savoie, où ses populations
se réduisent à quelques rares stations situées
en Tarentaise (Sainte-Foy et Val d’Isère) et
dans le Beaufortain (Granier, Beaufort et
Hauteluce). Certaines stations possèdent des
populations abondantes.
est en régression générale sur
l’ensemble de ses stations. Certaines des
populations connues autrefois ont disparu
(Chamonix, Megève, Tours en Savoie,
Lanslevillard, Tignes, etc.) ; d’autres sont
aujourd’hui menacées par des aménagements touristiques potentiels (Val d’Isère,
etc.) et plus généralement par la destruction
des zones humides, un de ses habitats* de
prédilection.
Répartition de la pédiculaire tronquée en Vanoise
164 - Regard sur quelques espèces
Fiche-espèce n°4
Protection et propositions
de gestion
La
PNV – Christian Balais
pédiculaire tronquée est une espèce
protégée très rare en France. À ce titre, elle
est également inscrite au livre rouge national
de la flore menacée.
La présence de l’espèce dans l’espace protégé
du cœur du Parc national de la Vanoise
constitue une mesure de conservation
concrète. La protection des autres stations
de cette pédiculaire, comme à Sainte-Foy,
permettrait de garantir la survie de l’espèce.
Pédiculaire hybride P. recutita x P. rostrato-spicata
Le saviez-vous ?
• La pédiculaire tronquée s’hybride parfois avec la pédiculaire incarnate (Pedicularis
rostrato-spicata). Quelques pieds sont présents à Sainte-Foy.
Regard sur quelques espèces - 165
Le saule helvétique
Le
saule helvétique (Salix helvetica) est un arbrisseau tortueux de montagne pouvant
atteindre 1, 50 m de hauteur. Il fait partie des rares saules de la flore française qui sont
protégés. Cette espèce endémique* des Alpes, très rare en France, pousse seule, mais peut
former également des fourrés. Parfois accompagné du saule glauque (Salix glaucosericea) qui
lui ressemble beaucoup, le saule helvétique demeure rare et localisé. Le territoire de SainteFoy-Tarentaise abrite, avec Bonneval-sur-Arc, les plus belles populations de Vanoise.
feuilles vert sombre et presque glabres
dessus et, blanc tomenteux sur la face
inférieure
bord des feuilles souvent enroulé,
entier ou à petites dents glanduleuses
PNV – Maurice Mollard
Saule helvétique
feuilles velues-soyeuses
sur les deux faces,
vert pâle dessus
et glauque dessous
bord des feuilles
ni denté, ni glanduleux
PNV - Christian Balais
Fiche-espèce n°5
Sommaire
Saule glauque
166 - Regard sur quelques espèces
Le
saule helvétique est un arbrisseau des
étages subalpin et alpin. À Sainte-FoyTarentaise, le saule helvétique est présent
entre 2 000 et 2 300 m d’altitude ; mais il est
capable de se développer dès 1 700 m et
jusqu’à 2 600 m d’altitude. Il pousse principalement sur terrain siliceux, dans les
marais tourbeux, les bords de torrents et de
lacs et les éboulis humides. Il forme, avec le
saule glauque, des fourrés d’altitude. La
floraison et la feuillaison, simultanées chez
cette espèce de saule, a lieu en juin-juillet.
Répartition géographique
et intérêts biologiques
Les seules stations savoyardes de l’espèce se
trouvent en Vanoise : Bonneval-sur-Arc,
Sainte-Foy-Tarentaise, Val d’Isère, Pralognan-la-Vanoise, Tignes, Termignon.
Menaces
Les stations de saule helvétique sont dans
l’ensemble peu menacées, en dehors des
risques de destruction qui pourraient les
toucher localement, dans le cadre de projets
d’aménagement.
Cependant, comme toutes les espèces de
zones humides, le saule helvétique craint
l’assèchement de ses milieux.
Endémique* alpine, le saule helvétique est
Protection et propositions
de gestion
présent des Alpes méridionales françaises au
nord du Tyrol. La répartition française de ce
taxon très rare et localisé se réduit à quelques stations situées en Savoie, en HauteSavoie, dans les Hautes-Alpes et en Isère.
Le saule helvétique est une espèce protégée
très rare en France. À ce titre, elle est
également inscrite au livre rouge national de
la flore menacée.
Le saviez-vous ?
• Alors que l’espèce est
très rare en France,
elle demeure assez
commune en Suisse,
d’où l’origine de son
nom.
Répartition du saule helvétique en Vanoise
Regard sur quelques espèces - 167
Fiche-espèce n°5
Écologie
La gentiane à feuilles d’asclépiade
Une quinzaine d’espèces de gentianes est connue en Vanoise. Parmi celles-ci, la gentiane à
feuilles d’asclépiade (Gentiana asclepiadea) se distingue par sa grande taille et la couleur
bleue de ses fleurs. Ces critères font qu’elle ne peut être confondue avec aucune autre.
À Sainte-Foy-Tarentaise, elle côtoie d’autres grandes gentianes : la gentiane jaune (Gentiana
lutea), la gentiane pourpre (Gentiana purpurea) et la gentiane ponctuée (Gentiana
punctutata).
Hauteur : 30 à 90 cm
grandes fleurs bleues,
solitaires ou groupées par deux
et dépourvues de pédicelle
PNV – Christian Balais
grande feuille ovale terminée
par une longue pointe
et dépourvue de pétiole
Gentiane à feuilles d’asclépiade
ponctuations violacées
à l’intérieur des fleurs
PNV – Christian Balais
Fiche-espèce n°6
Sommaire
fleur à 5 lobes peu profonds
Fleur de gentiane à feuilles d’asclépiade
Écologie
La gentiane à feuilles d’asclépiade est une
plante vivace qui se développe dans des
milieux ouverts* à semi-ouverts : prairies
168 - Regard sur quelques espèces
humides, boisements frais et mégaphorbiaies*. Surtout présente à l’étage montagnard, elle occupe aussi l’étage subalpin
jusqu’aux environs de 2 000 m.
Répartition géographique
et intérêts biologiques
La
gentiane à feuilles d’asclépiade est une
espèce endémique* des montagnes d’Europe.
En France, elle est présente dans les massifs
du Jura et des Alpes, également dans les
montagnes corses.
Sa répartition en Savoie concerne les massifs
préalpins, la vallée des Huiles où elle forme
d’importantes populations et le massif de la
Vanoise où elle reste très dispersée, avec des
populations toujours peu abondantes.
Sa racine était utilisée en médecine, notamment pour ses propriétés fébrifuges.
Menaces
La
destruction ou la modification des ses
habitats* sont les premiers facteurs de
régression de cette espèce. Ainsi le drainage
d’une prairie humide ou la plantation de
résineux peuvent détruire des populations,
d’autant que ces dernières sont souvent très
petites et très localisées.
Enfin, la taille et les couleurs de cette plante
lui attribuent un usage ornemental, et
peuvent être à l’origine de cueillette.
Protection et propositions
de gestion
La
gentiane à feuilles d’asclépiade ne
bénéficie d’aucun statut de protection. Sa
préservation passe par le suivi de ses
populations, le maintien de ses habitats* et
une sensibilisation auprès des habitants et
des visiteurs sur les pratiques de cueillette
des différentes plantes de Sainte-FoyTarentaise.
Le saviez-vous ?
• L’appellation “à feuilles d’asclépiade” de cette gentiane est due à la ressemblance de
ses feuilles à celles de l’asclépiade de Syrie, une plante originaire d’Amérique du Nord
que l’on peut trouver dans certains jardins. Les fruits très duveteux de cette plante
lui ont valu le surnom de “herbe-à-la-ouate”.
• La gentiane à feuilles d’asclépiade est une plante utilisée par un papillon : l’azuré des
mouillères. Les chenilles de ce dernier vivent dans les fleurs et se nourrissent des
graines en formation, au cours des premiers stades de leur développement. Puis, elles
tombent sur le sol et sont récupérées par des fourmis rouges pour finir leur cycle de
croissance dans une fourmilière.
Regard sur quelques espèces - 169
Fiche-espèce n°6
À Sainte-Foy, la gentiane à feuilles d’asclépiade est connue dans des prairies
fraîches jusqu’à 2 250 m d’altitude.
Sa floraison, tardive, se situe d’août à
octobre. Comme la plupart des fleurs de
montagne, sa pollinisation est assurée par
des insectes.
Le triton alpestre
Le triton alpestre (Triturus alpestris) et la grenouille rousse (Rana temporaria) sont les deux
espèces d’amphibiens connues à Sainte-Foy-Tarentaise. Comme tous les amphibiens, le
triton alpestre se caractérise par un mode de vie double. Les larves sont aquatiques, respirant
l’oxygène dissous dans l’eau à l’aide de branchies, les jeunes et les adultes sont terrestres,
respirant l’oxygène de l’air par la peau et à l’aide de poumons. L’observation de cette espèce
est très facile lorsqu’elle occupe le milieu aquatique. Sur Sainte-Foy-Tarentaise, la larve de
triton alpestre peut être confondue avec celle de la salamandre tachetée, une espèce
potentiellement présente, susceptible d’occuper les mêmes sites de reproduction.
crête dorsale, basse, jaunâtre avec
des taches foncées
dos noir bleuté à violacé, plus ou
moins ponctué de taches noires
Taille moyenne : 7 à 10 cm
bande de ponctuations
noires sur les flancs
ventre et gorge
orange vif uni
Christine Garin
Triton alpestre, mâle
Femelle
- Taille moyenne = 8 à 12 cm
- Ventre et gorge jaunes à orange vif
- Corps brunâtre marbré de bleu
PNV - Fabrice Darinot
Fiche-espèce n°7
Sommaire
Couple de triton alpestre : femelle en haut et mâle en bas
Écologie
Contrairement à ce que son nom suggère, le
triton alpestre est une espèce ubiquiste*, qui
cependant occupe préférentiellement l’étage
170 - Regard sur quelques espèces
montagnard à l’étage alpin, jusqu’à environ
2 700 mètres d’altitude.
En Savoie, il est surtout connu dans les
zones de collines et de boisements.
Le triton alpestre est une espèce européenne
moyenne et méridionale présente, au nord,
du Danemark à la Roumanie et, au sud, de
la Grèce, au nord de l’Italie et au centre de
la France. Il occupe également les massifs
montagneux du nord de l’Espagne. En
France, le triton alpestre est présent dans
une large moitié nord-est, ne franchissant
pratiquement jamais la Loire dans l’ouest de
la France. À Sainte-Foy-Tarentaise, le triton
alpestre a été observé dans plusieurs milieux
humides d’altitude.
Menaces
Comme la plupart des amphibiens, le triton
alpestre est menacé par l’introduction de
prédateurs dans ses zones de reproduction.
Ainsi l’alevinage de milieux aquatiques où il
se reproduit peut être une catastrophe pour
cette petite espèce.
Un réseau de petits milieux aquatiques peut
suffire au maintien d’une population. Aussi
Étang du Monal dans lequel se reproduit le triton alpestre
Regard sur quelques espèces - 171
Fiche-espèce n°7
Répartition géographique
et intérêts biologiques
PNV – Christian Balais
C’est une espèce carnivore, surtout active la
nuit, et dont le régime alimentaire est très
vaste : insectes aquatiques et terrestres,
petits crustacés, œufs d’amphibiens, têtards
et larves de tritons, araignées, cloportes, etc.
La période de reproduction, généralement
plus longue en altitude, s’étend d’avril à
juin. Elle peut avoir lieu dans tous types de
plan d’eau suffisamment pauvre en poissons : lacs, mares et étangs, zones calmes des
cours d’eau. Les pontes ont lieu dès que
ceux-ci sont dégelés. Le temps nécessaire
pour l’éclosion des œufs et la métamorphose
des larves dépend de la température de l’eau.
En dehors de la période de reproduction, ce
triton vit dans différents milieux terrestres
situés dans un rayon d’environ quelques
centaines de mètres de son site de reproduction. Le triton alpestre hiberne dès les
premiers froids, d’octobre à mars-avril. Il se
dissimule sous des pierres, des souches, etc.,
s’enfonçant parfois dans le sol, afin
d’échapper au gel hivernal. Certains individus restent dans le milieu aquatique toute
l’année (eau libre et vase).
Fiche-espèce n°7
la destruction multipliée de ces habitats* de
reproduction est une autre cause importante
de sa disparition en montagne.
Un des étangs du Monal constitue l’un des
sites de reproduction le plus important pour
le triton alpestre sur Sainte-Foy-Tarentaise.
Afin de préserver ce milieu une action est
inscrite dans le programme de valorisation
Protection et propositions
de gestion
Le
du site classé du Monal (lire le paragraphe
“Sites classés et sites inscrits” p.44). Il s’agit
triton alpestre est protégé en France.
Le prélèvement ou la destruction des pontes,
la destruction, la capture ou le transport des
adultes, morts ou vivants, sont interdits.
d’une étude visant la connaissance approfondie de la population de triton alpestre et
la proposition d’actions favorables à la
pérennité de cette espèce sur le site.
Répartition du triton alpestre à Sainte-Foy-Tarentaise
Le saviez-vous ?
• S’il est plus fréquent dans les plans d’eau, le triton alpestre peut aussi occuper de petits
ruisseaux ou des rivières au courant lent.
• Le triton alpestre peut vivre une dizaine d’années.
172 - Regard sur quelques espèces
Le faucon pèlerin
Le faucon pèlerin (Falco peregrinus) est le plus grand des faucons de France. Il se caractérise
par un corps ramassé, muni d’ailes longues et pointues et d’une queue plutôt courte, rétrécie
à l’extrémité, lui donnant une “silhouette d'arbalète”. Ses “moustaches” larges et sombres,
contrastant avec sa gorge et ses joues claires, forment le signe le plus particulier de cette
espèce de faucon. Enfin, ses battements d’ailes très vifs et brefs, alternent avec de courts vols
planés horizontaux.
Après s’être raréfié dans les années 1960, le faucon pèlerin occupe à nouveau le massif de la
Vanoise depuis les années 1980. Au début du XXIe siècle, une dizaine de couples est connue
sur ce territoire.
dessus de la tête,
dos et dessus des ailes
gris-bleu foncé
cercle oculaire jaune
“moustaches” larges
et sombres
dessous blanchâtre à
grisâtre plus ou moins
barré de noir
Gabriel Rasson
pattes et doigts jaunes
Faucon pèlerin
La femelle est beaucoup
plus grande et peut être deux fois
plus lourde que le mâle.
ailes longues et pointues
dessous des ailes noir et blanc
Manuel Bouron
queue finement barrée noire
et blanche
Faucon pèlerin en vol
Regard sur quelques espèces - 173
Fiche-espèce n°8
Sommaire
Fiche-espèce n°8
Écologie
Le
faucon pèlerin recherche tout type
d’espace ouvert suffisamment riche en
oiseaux, pourvu de sites de nidification et de
sites d’affût dominants.
En Europe, ces sites sont surtout des zones
de falaises situées sur le littoral ou à
l’intérieur des terres. En Savoie, il occupe
des falaises bien exposées entre 300 et
1 800 m d’altitude.
Il se nourrit quasi-exclusivement d’oiseaux
avec une préférence pour les oiseaux de taille
moyenne : merles, grives, pigeons et corvidés.
Prédateur confirmé, le faucon pèlerin est
doté de nombreux atouts pour la chasse en
vol. Sa technique consiste le plus souvent à
veiller perché sur un poste d’affût, ou à
planer haut dans le ciel, puis à fondre sur sa
proie au cours d’un piqué quasi-vertical.
Le couple, formé pour la vie, est fidèle à son
site de nidification qu’il occupe à chaque
période de reproduction, de la fin février à la
mi-juin. Le nid est une dépression peu
profonde grattée dans le sol, le sable ou la
végétation.
La femelle pond trois à cinq œufs. Les jeunes
s’envolent en mai-juin. À la recherche d’un
nouveau territoire ils peuvent s’éloigner à
plus de 100 km de leur lieu de naissance.
Dans notre région le seul prédateur du
faucon est le grand-duc d’Europe.
Répartition géographique
et intérêts biologiques
Le
faucon pèlerin est une espèce cosmopolite, seulement absente des régions
arctiques et des forêts tropicales. En France,
il est nicheur sédentaire dans tous les massifs
de montagne : Vosges, Alpes, Massif central
et Pyrénées, ainsi que sur les côtes de la
Manche et de la Méditerranée.
Après s’être raréfié dans les années 1960
dans le massif de la Vanoise, il est à nouveau
174 - Regard sur quelques espèces
observé en 1976 en Basse Maurienne.
Remontant la vallée de l’Arc, il atteint
Bessans en 1995. De même l’espèce a
reconquis la Tarentaise, atteignant la
commune de Tignes, où des accouplements
ont été constatés en 1996. Sur Sainte-Foy le
faucon pèlerin est régulièrement observé aux
environs de la Thuile.
Menaces
L’usage
immodéré de pesticides organochlorés (DTT) a été à l’origine d’un
important déclin chez de nombreux rapaces
en Europe au cours de la 2nde partie du XXe
siècle (années 1950 à 1970). Les populations
de faucon pèlerin ont aussi été touchées par
ce phénomène en France. Depuis, plusieurs
mesures ont permis de stopper ce déclin.
Si le pillage des œufs et des jeunes au nid à
des fins commerciales a régressé (fauconnerie), il reste une menace pour cette espèce.
D’une manière plus courante, le faucon
pèlerin est une espèce sensible au
dérangement sur ses sites de reproduction :
l’aménagement de via ferrata, le vol libre, la
photographie animalière sont autant de
pratiques, qui si elles ne sont pas cadrées,
risquent de gravement compromettre la
reproduction de ce rapace.
Protection et propositions
de gestion
Le faucon pèlerin est une espèce protégée en
France et figure sur la liste nationale des
oiseaux menacés. Sa destruction est
interdite. Il est inscrit à l’annexe I de la
directive Oiseaux. La conservation de ses
habitats* est prioritaire pour la communauté européenne. La réglementation des
activités de loisirs rupestres, là où elles
entrent en concurrence avec des couples
nicheurs, ainsi que la surveillance de certains
mettre le maintien des couples et le renforcement de la population de faucon
pèlerin en Vanoise.
Répartition du faucon pèlerin en Vanoise
Le saviez-vous ?
• Le faucon pèlerin était adoré par les égyptiens qui avaient reconnu il y a déjà 3 500 ans
ses performances visuelles, en symbolisant le verbe “voir” par un hiéroglyphe en forme
d’œil de faucon. Par ailleurs, il est l’archétype du dieu Horus, un des dieux les plus
puissants et les plus souvent représentés du panthéon égyptien.
• La dénomination de pèlerin, signifiant “oiseau de passage”, attribué à ce faucon remonte
au moyen-âge. Le fait que ses sites de nidification soient difficiles à localiser aurait
contribué à le considérer comme un oiseau migrateur.
• Le faucon est l’oiseau le plus rapide du monde. Lorsqu’il pique sur une proie il peut
atteindre des pointes de vitesse de 300 km/h.
• Environ d’un tiers plus petit que la femelle, le mâle est surnommé le “tiercelet”.
Regard sur quelques espèces - 175
Fiche-espèce n°8
sites de nidification contre les prélèvements
illégaux pour la fauconnerie, sont les
mesures de gestion préconisées pour per-
La barbastelle d’Europe
La
barbastelle d’Europe (Barbastella barbastellus) fait partie de l’ordre remarquable des
mammifères appelé chiroptères, plus communément chauves-souris. Ce sont les seuls
mammifères ayant acquis la capacité de voler, grâce aux membranes tendues entre leurs
membres. Elles ont aussi la particularité de “voir” dans l'obscurité grâce à un système de
sonar. C'est l’écholocation* par laquelle leurs oreilles captent l’écho, renvoyé par leur
environnement, des ultrasons produits par la bouche ou le nez de l’animal.
D’un poids n’excédant pas 14 g, avec une envergure un peu inférieure à 30 cm, la barbastelle
reste une petite chauve-souris facilement identifiable, contrairement à la plupart des autres
espèces. Elle se caractérise surtout par un pelage noir et des oreilles quadrangulaires.
pelage du dos long, noir,
soyeux, strié de poils plus
clairs
grandes oreilles
quadrangulaires jointes à leur
base vers les yeux
museau court et épaté
Manuel Bouron
ventre gris foncé
Barbastelle
Écologie
d’hibernation, et un “quartier” d’été ou de
parturition (femelles et jeunes). Les accouplements ont lieu en automne et aboutissent,
après une longue période de gestation, à une
La
barbastelle d’Europe est une espèce
attachée aux milieux forestiers de plaine et
de montagne, jusqu’à 2 000 m. Préférant les
lisières et chemins des forêts mixtes* âgées,
elle fréquente également les parcs urbains et
les espaces bocagers. Elle utilise ces milieux
pour chasser de petits insectes tendres
(moustiques, petits papillons, etc.) que sa
faible dentition lui permet de manger.
Comme toutes les chauves-souris, la
barbastelle utilise deux types de “quartier”
au cours de l’année : un quartier d’hiver, ou
176 - Regard sur quelques espèces
PNV – Christophe Gotti
Fiche-espèce n°9
Sommaire
Barbastelle en hibernation
Fiche-espèce n°9
PNV – Christian Balais
Maison en ruine à Covier, site de présence de la barbastelle à Sainte-Foy
mise-bas à partir de la mi-juin. Un seul petit
est mis au monde, parfois deux. La
barbastelle est surtout observée dans ses
quartiers d’hiver, des cavités souterraines
naturelles ou artificielles qu’elle fréquente
pour hiberner isolément ou en colonie de
quelques dizaines à quelques milliers d’individus. Ne craignant pas le froid, elle peut
occuper des gîtes situés en plein courant
d’air ou soumis au gel. Pour mettre bas les
femelles se réunissent, en regroupements
plus faibles, dans divers bâtiments. Les
anfractuosités des arbres (fentes, écorces
décollées, cavités de pics, etc.) sont
certainement pour elle des gîtes de choix,
mais ils sont difficiles à localiser et de ce fait
mal connus. Quelques dizaines à quelques
centaines de kilomètres peuvent séparer les
quartiers d’hiver des quartiers d’été.
Répartition géographique
et intérêts biologiques
La barbastelle d’Europe est présente en
Europe occidentale, de la Norvège, jusqu’au
nord de l’Espagne, de l’Italie et des Balkans.
En France, elle est absente du littoral méditerranéen. En Savoie, la barbastelle est
régulièrement observée dans les grottes et
cavités artificielles des massifs préalpins et
de l’Avant-pays. Elle est moins connue dans
les massifs internes comme la Vanoise.
Comme toutes espèces sauvages, les
chauves-souris méritent amplement leur
place au sein des écosystèmes qu'elles fréquentent. Leur régime alimentaire insectivore en fait de bons régulateurs des
populations de moustiques en particulier.
Menaces
La barbastelle d’Europe et les chauvessouris en général sont menacées par
certaines activités humaines. On peut citer la
destruction de leurs gîtes lors de la
réhabilitation des monuments, vieilles
granges et habitats anciens. Le dérangement
des sites d'hibernation constitue un important facteur de mortalité. Les chauves-souris
dérangées dépensent une grande quantité
d’énergie pour prendre la fuite. Si le
phénomène se reproduit, elles risquent de
mourir par épuisement.
Regard sur quelques espèces - 177
Fiche-espèce n°9
L’utilisation généralisée d’insecticides provoque la diminution de leurs proies. L'accumulation de ces substances de synthèse dans
leur organisme entraîne leur stérilité et une
forte mortalité.
Protection et propositions
de gestion
Comme les 31 espèces de chauves-souris en
France, la barbastelle d’Europe est protégée
depuis 1981. Sa capture et sa destruction
dans ses gîtes sont interdites. Elle est
considérée comme une espèce d’intérêt
communautaire au titre de la directive
Habitats*. Sa présence est déterminante
pour la désignation de sites Natura 2000.
La préservation de ses sites d’hibernation,
entre autre par une limitation de l’accès aux
cavités pendant les périodes sensibles est
l’une des priorités pour protéger les populations de barbastelle.
Cependant son caractère farouche et ses
mœurs discrètes en font une espèce mal
connue et donc difficile à protéger. Le
développement d’une nouvelle technologie
de prospection, basée sur la reconnaissance
des ultrasons émis par les chauves-souris,
devrait permettre une meilleure connaissance de la barbastelle d’Europe par les
naturalistes spécialisés.
Des documents ont été réalisés afin de
mieux connaître les chauves-souris en
Savoie (lire la bibliographie).
Le saviez-vous ?
• Les chauves-souris ont enflammé l’imagination des hommes en Europe. Déjà dans la
Rome antique, on les décrivait comme des animaux apparentés par nature au Diable.
En France, des chauves-souris ont été clouées sur les portes des granges jusqu’au milieu
du XXe siècle. Léonard de Vinci les regarda différemment pour la première fois, en
construisant ses premiers modèles de machines volantes à partir du modèle de l’ “aile”
de chauves-souris.
• En Vanoise environ une espèce sur trois de mammifères connue est une chauve-souris.
• Certaines espèces, comme les noctules, ont la particularité de dégager une odeur
musquée plutôt agréable ; elles se distinguent également par leur aptitude au vol. Elles
possèdent des ailes longues et étroites qui leur confèrent un vol puissant, sinueux et
entrecoupé de brusques piquées.
178 - Regard sur quelques espèces
L’écaille martre
Les
“écailles” comme l’écaille martre (Arctia caja), sont des lépidoptères dont les ailes,
repliées contre le corps au repos, permettent de les classer dans le grand groupe des papillons
de nuit. Cependant certaines d’entre elles sont également actives le jour. Les écailles se
distinguent par un corps massif et velu. Il existe une soixantaine d’espèces en France.
Envergure de 45 à 70 mm
antennes de type denté
ailes antérieures blanches
marquées de grosses taches
brunes séparées
par un réseau blanc
PNV - Maurice Mollard
ailes postérieures rouge
orange marquées de taches
noires arrondies
Ecaille martre, mâle
touffes de longues soies issues
de petites “verrues”
PNV - Christian Balais
corps brun foncé
Chenille d’écaille martre
Écologie
L’écaille
martre est une espèce peu exigeante vis-à-vis des milieux qu’elle
fréquente. Elle se rencontre dans les boisements clairs, les ripisylves*, les prairies
entrecoupées de friches et de haies, les
jardins, etc. Si elle est capable de se développer jusqu’à 2 000 m d’altitude, elle reste
surtout présente à basse altitude, aux
environs de 600 m. Dans ces milieux il est
possible d’observer l'adulte entre les mois de
juin et août. Doté d’un appareil buccal
atrophié, il ne peut pas s’alimenter. Il est
surtout actif au crépuscule et durant la nuit,
périodes au cours desquelles il recherche un
partenaire pour se reproduire. Ses ailes
larges et son corps lourd le contraignent à
voler peu et lentement.
Regard sur quelques espèces - 179
Fiche-espèce n°10
Sommaire
Fiche-espèce n°10
La femelle dépose ses œufs d’une manière
ordonnée sous les feuilles des plantes-hôtes
en juillet.
La chenille naît en août, elle se nourrit d’une
grande diversité de plantes : plantes herbacées sauvages ou cultivées (ortie, pissenlit,
ronce, oseille, etc.), feuilles d’arbustes caduques (chèvrefeuille, saule, etc.). Caractérisée
par un fort appétit, elle se développe rapidement. Plus diurne que l’adulte, cette
chenille est aussi plus facilement observable.
Puis elle hiverne et sa croissance ne reprend
qu’aux mois de mai et juin de l’année
suivante, période au cours de laquelle, elle
subit la nymphose.
Cette étape précédant la métamorphose et
l’émergence de l’adulte, s’effectue dans un
cocon lâche et fin, de couleur grise et à
proximité du sol.
Répartition géographique
et intérêts biologiques
L’écaille martre est un papillon très commun en France et en Europe. En Savoie elle
est présente partout, et jusqu’à plus de
2 000 m d’altitude.
Menaces
Pour
se maintenir, l’écaille martre exige
avant tout la présence de ses plantes-hôtes.
À la fois très diverses, et pour beaucoup
d’entre elles très communes, ces plantes permettent au papillon de trouver dans la
plupart des milieux où il se trouve, une
ressource alimentaire pour les chenilles.
Aussi, aujourd’hui l’écaille martre ne semble
pas une espèce menacée en Vanoise et à
Sainte-Foy-Tarentaise.
Protection et propositions
de gestion
L’écaille martre n’est pas inscrite sur la liste
des papillons protégés de France. C’est une
espèce commune. Abondante partout, elle
ne semble pas menacée.
Le saviez-vous ?
• Les “écailles” ont une stratégie de défense particulière. Elles sont capables d’accumuler
dans les tissus de leur corps des substances toxiques provenant de leurs plantes-hôtes
ou synthétisées par elles-mêmes. Elles signalent aux prédateurs qu’elles sont impropres
à la consommation par des couleurs vives et contrastées, dites couleurs aposématiques,
ou par des odeurs repoussantes.
• Une autre stratégie de défense contre les prédateurs consiste à écarter les ailes
antérieures pour faire apparaître les gros points noirs des ailes postérieures, ressemblant
au regard d’un animal de plus grande taille.
• Tous les papillons de la famille des écailles, appelée “arctiidés”, possèdent des organes
particuliers de communication :
- un organe résonnant au niveau du thorax, doté de membranes qui, lorsqu’elles
vibrent, produisent des ultrasons,
- des organes tympaniques qui servent à l’audition.
Elles émettent des sons au cours de l’accouplement, ou pour se défendre contre les
prédateurs. Elles peuvent ainsi perturber la précision de l’écholocation* des chauvessouris qui les pourchassent en vol.
• Les chenilles velues sont appelées “hérissonnes”. Perturbées, elles s’enroulent en spirale
(la tête vers le centre). Face à un prédateur, la chenille peut aussi se laisser tomber au
sol, simulant la mort.
180 - Regard sur quelques espèces
Le bec-croisé des sapins
Le bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra) appartient à la famille des fringillidés. Sa silhouette
et sa taille sont celles d’un grand pinson, doté d’une queue courte et fourchue. Son bec épais,
aux mandibules croisées reste le signe distinctif de cet oiseau, signe dont il a l’exclusivité en
France et qu’il partage avec quatre autres espèces de becs-croisés en Europe. Le mâle arbore
une poitrine et un ventre rouge. Le bec-croisé des sapins a un vol bondissant, composé de
rapides battements d’ailes. Les groupes volent au travers des cimes des arbres.
bec épais et croisé
Alex er Marie Beauquenne
tête, poitrine et ventre rouge verdâtre
à rouge brique
queue courte et fourchue
La femelle présente des couleurs
plus verdâtres.
Bec-croisé des sapins, mâle
Écologie
Le
bec-croisé des sapins fréquente les
boisements de résineux entre 500 et 1 600 m
d’altitude en Rhône-Alpes. En Vanoise, ces
limites se situent entre 1 200 et 2 100 m.
C’est une espèce strictement granivore. La
base de son régime alimentaire est constituée
de graines d’épicéa, de pin et de mélèze, mais
guère de sapin malgré son nom. Il se nourrit
également de graines d'aulne et de bouleau,
de fruits, de bourgeons, de baies et
d’aiguilles de conifères, et complète ce
régime par des insectes (pucerons) et des
araignées.
La saison de reproduction est conditionnée
par la présence d’une nourriture abondante.
La fructification des épicéas ne se
produisant pas partout à la même période,
le bec-croisé des sapins peut se reproduire
Regard sur quelques espèces - 181
Fiche-espèce n°11
Sommaire
PNV - Damien Hémeray
Fiche-espèce n°11
Cônes d’épicéa décortiqués par des becs-croisés des sapins
toute l’année, avec une préférence pour la
période de janvier à juin, et jusqu’à deux fois
lors d’années favorables.
La femelle construit un nid volumineux fait
de brindilles d’herbes, de copeaux d'écorce,
et tapissé d’herbes plus fines, de lichens, de
plumes et de poils. Elle installe ce nid sur
une branche horizontale au sommet d’un
conifère. Elle pond 3 à 4 œufs bleu-vert clair,
tachetés de brun et de lavande qu’elle couve
pendant 12 à 16 jours, tout en étant nourrie
par le mâle. Les poussins, nidicoles*, sont
nourris et n’abandonnent le nid qu’au bout
de 18 à 22 jours après la naissance. Ils sont
encore nourris par les parents pendant un
mois.
Oiseau peu craintif, le bec-croisé s’observe
ordinairement en petits groupes, mais aussi
en troupes de plusieurs dizaines d'oiseaux.
Au cours de l’hiver, les becs-croisés effectuent des déplacements altitudinaux vers les
fonds de vallées, à la recherche de leur
nourriture.
182 - Regard sur quelques espèces
Répartition géographique
et intérêts biologiques
Le bec-croisé des sapins occupe la majeure
partie des forêts résineuses de l’hémisphère
nord : Amérique du Nord et centrale,
Eurasie, Afrique du Nord, Asie du Sud-Est
et Philippines.
En France, le bec-croisé se reproduit dans les
massifs montagneux et localement en plaine.
C’est une espèce essentiellement sédentaire,
qui effectue de petits déplacements vers le
sud à la recherche de sa nourriture.
Certaines années, quand les effectifs des
populations scandinaves et russes sont très
importants, mais que les cônes sont peu
nombreux, on observe un exode migratoire
vers l’Europe de l'ouest. Lors de ces
“invasions”, les oiseaux arrivent à partir de
l’été, en général, et peuvent rester plusieurs
mois. Ils peuvent même s’établir pour nicher
durant quelques saisons si les conditions
Enfin, nichant parfois très tôt dans la saison,
il peut aussi faire les frais de coupes d’exploitation forestière.
Menaces
Le
Le bec-croisé des sapins ne semble pas faire
l’objet de menace avérée. Une mortalité par
collision s’observe lorsqu’il s’approvisionne
en gravillons sur les routes.
Protection et propositions
de gestion
bec-croisé des sapins est protégé en
France. Une observation régulière des populations de cette espèce permet de suivre les
fluctuations de ses effectifs.
Le saviez-vous ?
• Pour se nourrir, bec-croisé des sapins grimpe dans les arbres en s’aidant de son bec, à
la manière d’un perroquet. L’oiseau extrait chaque graine en mouvements répétés,
poussant avec le bec pour ouvrir chaque écaille et récupérer la graine avec la langue.
Il travaille avec une telle vitesse et une telle dextérité qu’il est difficile d’analyser
exactement ce mouvement. Il est certain que sans son bec croisé, il ne réussirait pas à
extraire les graines d’un cône fermé. Comme bien des outils spécialisés, ce bec a
toutefois des limites : un bec-croisé ne peut pas récolter des graines au sol.
• Silencieux quand il décortique les cônes d’épicéas, on entend seulement le bruit des
cônes tombant au sol. Se nourrissant souvent en groupes, les becs-croisés des sapins
trahissent leur passage par les restes de leur repas jonchant le sol de la forêt.
• Le bec des jeunes se croise au fur et à mesure de leur croissance. Ils ne peuvent extraire
eux-mêmes les graines des cônes qu’au bout de 45 jours, lorsque leurs mandibules se
sont suffisamment croisées.
Regard sur quelques espèces - 183
Fiche-espèce n°11
sont favorables. En France, lors des grandes
“invasions”, les becs-croisés atteignent la
Bretagne.
À Sainte-Foy-Tarentaise, le bec-croisé des
sapins est observé dans l’ensemble des
forêts.
Le chevreuil
Avec
un poids d’environ 25 kg, le chevreuil (Capreolus capreolus) est le plus petit des
cervidés d’Europe, famille également représentée à Sainte-Foy-Tarentaise par le cerf élaphe
(Cervus elaphus). Sa silhouette gracile, ses longues oreilles, son pelage de couleur uniforme
(à l’exception d’une tache claire sur les fesses), ses bois courts et peu ramifiés permettent de
le reconnaître facilement. Après avoir été au bord de l’extinction au début du XVIIIe siècle
sur l’ensemble du territoire français, le chevreuil connaît une augmentation de ses effectifs
depuis les années 1960. En Savoie des actions de réintroduction, ainsi que la limitation des
tirs ont permis de faire passer le tableau de chasse de quelques centaines d’individus à la fin
des années 1960, à plus de 2 700 chevreuils en 2006.
bois jusqu’à 25 cm de long,
ramifiés chez le mâle
de plus d’un an
(absents chez la femelle)
PNV - Sandrime Lemmet
museau et “moustaches” noirs
menton blanc
pelage brun-roux
(gris-brun en hiver)
Chevreuil au printemps, mâle
miroir blanc en forme de cœur
chez la femelle (en forme de rein
chez le mâle)
PNV - Sandrime Lemmet
Fiche-espèce n°12
Sommaire
Chevreuils, un mâle (au centre) et deux femelles
184 - Regard sur quelques espèces
Le chevreuil est capable de fréquenter une
grande diversité de milieux : les boisements
de feuillus ou de conifères, les landes, les
bocages, les prairies, les parcs des agglomérations, etc. Il affectionne cependant les
secteurs où alternent boisements et milieux
ouverts*, à l’enneigement réduit. En
montagne, il peut monter jusqu’à plus de
2 000 m d’altitude, à la recherche d’une
végétation de bonne qualité nutritive. Il se
nourrit de tiges, écorces, pousses, feuilles et
fruits d’arbres ou d’arbustes (charme, chêne,
érable, hêtre, cornouiller, lierre, noisetier,
myrtille, ronce, framboisier, airelle, etc),
également de plantes herbacées. Moins
fréquemment, il consomme des champignons, des aiguilles de mélèze ou de sapin,
des graines. Pour rechercher sa nourriture, le
chevreuil est plus actif au coucher et au lever
du soleil. C’est un animal plutôt solitaire.
Seule la femelle est le plus souvent
accompagnée des jeunes. Des regroupements de mâles et de femelles peuvent être
plus importants en automne et en hiver,
mais ne dépassent pas quelques dizaines
d’individus. Ils se localisent aux endroits où
la nourriture est la plus abondante. Dès les
mois de février et mars, début de la saison de
reproduction, ces groupes se distendent.
Chaque mâle devient territorial. Il défend
son territoire par de nombreux marquages
de substances odorantes qu’il secrète au
niveau de ses sabots et de sa tête, ainsi que
par des cris, appelés “aboiements”.
L’accouplement a lieu en été, mais la
gestation débute en hiver. Ce phénomène,
appelé gestation différé, est spécifique à
seulement quelques espèces de mammifères.
Les jeunes (1 à 2, exceptionnellement 3),
appelés faons, naissent de début mai à la mijuin. Ils ont un pelage tacheté qui leur
permet de se camoufler dans la végétation et
qu’ils gardent pendant six mois.
Répartition géographique
et intérêts biologiques
Le
chevreuil est un animal sédentaire qui
occupe une zone de quelques dizaines à
quelques centaines d’hectares. Il est présent
en Europe, de la Méditerranée au cercle
polaire, et en Asie jusqu’à la Chine et la
Corée. En France il est absent de Corse.
Les populations actuelles de chevreuil en
Vanoise proviennent de lâchers réalisés entre
les années 1970 et 1980 et d’une recolonisation rapide des hautes vallées. C’est une
espèce très bien représentée à Sainte-Foy.
Menaces
En certains secteurs, le chevreuil peut être
sensible aux activités humaines. Il est
notamment victime du trafic routier. Par
ailleurs, les populations peuvent être
affaiblies par des facteurs naturels : hivers à
fort enneigement ou maladies à caractère
épidémique. Les chiens errants, surtout en
hiver et en période de mise bas, peuvent
occasionner une mortalité importante.
Protection et propositions
de gestion
En France, le chevreuil est une espèce gibier
soumise à un plan de chasse. Bien que cette
méthode ne soit pas adaptée à l’estimation
des effectifs, les comptages nocturnes
réalisées pour le cerf permettent d’observer
des chevreuils. Le suivi de cette espèce se fait
aussi à travers l’observation de ses indices de
présence : moquettes, arbres frottés par le
mâle se débarrassant de ses velours* et
rameaux broutés (abroutissements*). Le
maintien de ces observations est indispensable pour suivre l’évolution du
chevreuil en Vanoise, et il faut veiller à ne
pas augmenter inconsidérément les attributions dans le cadre des plans de chasse.
Regard sur quelques espèces - 185
Fiche-espèce n°12
Écologie
Fiche-espèce n°12
Le saviez-vous ?
• Lorsque l’on parle du chevreuil, on utilisera un vocabulaire spécifique. Ainsi le mâle
est appelé brocard, et la femelle, chevrette. Les excréments (petites crottes ovales)
émis par petits tas, sont appelés des moquettes.
• En période de rut, le piétinement du mâle poursuivant la femelle selon un 0 ou un 8,
laisse une trace au sol appelée “rond de sorcière”.
• La femelle donne souvent naissance à des jumeaux, exceptionnellement des naissances de triplés peuvent être observées.
• Le “miroir”, cette zone de poils blancs localisés sur les fesses, a une fonction de
communication entre les individus. Il agit comme un signal d’alarme lorsque l’animal
fuit. Ce caractère devient le signe de distinction des sexes le plus évident, lorsque le
mâle perd ses bois au cours de l’hiver.
186 - Regard sur quelques espèces
La truite fario de souche
méditerranéenne
En
France, la truite fario est une espèce commune issue de deux souches. La souche
atlantique se caractérise par des points rouges sur le corps et une tête conique. La truite fario
de souche méditerranéenne (Salmo trutta fario), un peu plus grande, n’a pas de points rouges,
mais une multitude de taches noires, notamment sur l’opercule. Elle possède une tête plus
allongée et une gueule très largement fendue. Elle appartient à la famille des salmonidés,
également représentée à Sainte-Foy-Tarentaise par la truite fario de souche atlantique, la truite
arc-en-ciel, l’omble chevalier, l’omble de fontaine et le cristivomer, et dont le critère commun
est une petite nageoire dorsale adipeuse. La truite arc-en-ciel (Onchorynchus mykiss) se
distingue par une bande latérale rose et de nombreux petits points noirs sur l’ensemble du
corps.
Taille moyenne : 40 cm
tête allongée
nageoire
adipeuse
gueule très
largement
fendue
corps parsemé de
points noirs plus
ou moins gros
FSPPMA
opercule
tacheté de
points noirs
Truite fario, souche méditerranéenne
présence de points rouges
sur le corps
CSP - A. Richard
opercule sans tache noire
Truite fario, souche atlantique
Regard sur quelques espèces - 187
Fiche-espèce n°13
Sommaire
depuis le Champet, ainsi que plusieurs
affluents : l’Isère court-circuitée (dite Vieille
Isère), le torrent de Saint-Claude depuis le
pont de la D902, la source du Champet et
les deux bras du torrent des Moulins à
Viclaire.
La
truite fario de souche méditerranéenne
est une espèce carnivore des eaux fraîches et
bien oxygénées, qui se nourrit de crustacés,
de mollusques, de vers, d’insectes, d’amphibiens et de petits poissons, comme le chabot
ou le vairon.
Son milieu de vie doit comporter un
habitat* diversifié, qu’elle occupe selon son
stade de développement (alevins, juvéniles,
adultes) et son type d’activités (reproduction, croissance, chasse, repos, etc.).
Le frai se déroule généralement d’octobre à
février sur graviers, dans des eaux douces,
courantes, froides et fortement oxygénées,
généralement dans les parties supérieures
des bassins versants. Les jeunes truites
apparaissent au printemps, et rejoignent
l’aval de la rivière (dévalaison) plus
favorable à leur développement. La maturité
sexuelle est atteinte vers l’âge de trois ans.
Menaces
La
modification de son milieu de vie
constitue la principale menace : artificialisation du lit et du débit des cours d’eau,
obstacles infranchissables, colmatage du
fond des cours d’eau, pollution de l’eau, etc.
La diminution des populations naturelles de
truites ont amené les collectivités piscicoles à
repeupler les cours d’eau avec des poissons
issus de la souche atlantique. Ce phénomène
s’est traduit par la contamination des
populations de truites autochtones par des
gènes étrangers, facteur important de
disparition de la truite fario de souche
méditerranéenne.
Répartition géographique
et intérêts biologiques
La truite fario est une espèce à large
répartition européenne, s’étendant vers l’est
en Asie et au sud, dans le nord de l’Afrique.
Cette répartition naturelle s’est élargie à
l’ensemble des continents, suite à de
nombreuses introductions. La souche
atlantique est naturellement présente dans
les pays nordiques, tandis que la souche
méditerranéenne s’est développée sur tout le
bassin méditerranéen. Rattachée à ce bassin
par le Rhône, la Savoie ne possède
originellement que des truites fario de
souche méditerranéenne. Ces populations
d’origine ont été hybridées suite à une
introduction massive au cours du XXe siècle
de la truite fario de souche atlantique et
domestique dans de nombreux cours d’eau
et lacs du département.
À Sainte-Foy-Tarentaise, la truite fario de
souche méditerranéenne occupe l’Isère
188 - Regard sur quelques espèces
Protection et propositions
de gestion
La présence d’une population de truite fario
méditerranéenne a conduit l’Association
PNV - Nathalie Tissot
Fiche-espèce n°13
Écologie
Truite fario sur une frayère
est présente sont classés, en partie, en
réserves de pêche. Par ailleurs, depuis plus
de 10 ans, les empoissonnements ont été
supprimés, et la population de truite fario
fait l’objet d’un inventaire piscicole annuel
(pont de la Bonneville) afin de vérifier son
évolution.
Répartition de la truite fario souche méditerranéenne à Sainte-Foy-Tarentaise
Le saviez-vous ?
• Sur l’ensemble de son aire de répartition, la truite fario a développé cinq formes ou
souches génétiques adriatique, danubienne, marbrée, atlantique et méditerranéenne
• Au cours de sa croissance, la truite fario peut présenter trois écotypes* en fonction du
type de milieux aquatiques qu’elle fréquente à l’état adulte : truite de rivière, truite de
lac ou truite de mer. En Vanoise, seule la forme truite de rivière se développe. C’est une
espèce sédentaire qui effectue la totalité de son cycle de vie dans les ruisseaux de
montagne.
Regard sur quelques espèces - 189
Fiche-espèce n°4
agréée de pêche et de protection des milieux
aquatiques de Bourg-Saint-Maurice à
s’engager vers une gestion dite “patrimoniale”. Elle anime une politique de
protection, de restauration et de suivi du
milieu et des populations de truites. Les
secteurs où la truite fario méditerranéenne
Annexes
Annexes
Lexique
[1] d’après le Dictionnaire des Plantes et champignons (Boullard B., 1997)
[2] d’après le Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de l’environnement
(Ramade F., 1993)
[3] d’après Queyras : un océan il y a 150 millions d’années (Lemoine M. et Tricart P., 1997)
[4] d’après la Flore forestière française – tome 2 (Rameau et al., 1993)
[5] d’après Les Insectes de France et d’Europe occidentale (Chinery M., 1988)
[6] d’après Les chauves-souris, maîtresses de la nuit (L. Arthur et M. Lemaire, 1999)
oOo
Abroutissement
[1] Se dit des bourgeons, pousses et rameaux des végétaux ligneux qui ont été broutés par
la faune sauvage ou domestique
Affouage
À l’origine l’affouage est le bois de chauffage cédé aux habitants d’une commune, en
contrepartie d’un travail collectif. Aujourd’hui ce bois continue d’être prélevé dans la forêt
communale et distribué gratuitement aux habitants qui le souhaitent.
Arctico-alpine
[1] Se dit d'une plante dont l’aire de répartition, disjointe, concerne tout à la fois les régions
arctiques ou subarctiques et les parties élevées des montagnes de la zone tempérée.
Association (végétale)
Groupement végétal en équilibre avec le milieu, caractérisé par une composition floristique
dans laquelle certains éléments exclusifs révèlent une écologie particulière (Braun-Blanquet).
Atterrissement
[2] Se dit d'un plan d'eau s’asséchant par accumulation de sédiments.
Benthique
Caractérise un organisme qui vit sur le fond des milieux aquatiques où il effectue de faibles
déplacements.
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 193
Annexes
Sommaire
Annexes
Boréo-alpin
Se dit d’une plante ou d’un animal dont l’aire de répartition concerne le Grand Nord et les
massifs montagneux d’Europe et d’Asie.
Cargneule
[3] Roche calcaire et dolomitique jaune orangée, criblée de petits trous.
Cembraie
[4] Formation végétale forestière dominée par le pin cembro.
Chaîne alimentaire (ou pyramide alimentaire)
Ensemble des êtres vivants reliés par les relations végétaux/herbivores et proies/prédateurs.
La première catégorie d’êtres vivants est constituée par les producteurs (végétaux), la
seconde par les consommateurs (herbivores et carnivores) et la dernière par les
décomposeurs (charognards et détritivores).
Climacique
[2] Vient du nom climax et qualifie l’étape ultime de l’évolution d’une communauté végétale.
Le climax correspond à l’optimum de développement de cette dernière, en tenant compte des
conditions de sol et de climat du milieu considéré. Le climax est un stade d’équilibre
dynamique susceptible de variations.
Collemboles
[5] Insectes du sol dépourvus d’ailes et capables de sauts grâce à un organe spécifique, la
furca.
Écholocation
[6] Analyse des sons émis par la chauve-souris lui permettant de se localiser lorsque les sons
sont renvoyés par un obstacle (principe du sonar).
Ecotone
[1] Zone de transition entre deux écosystèmes contigus. C’est en général un territoire
intéressant à considérer puisque s’y côtoient des organismes appartenant aux deux
communautés voisines, en sus d’espèces ubiquistes*. Les ourlets forestiers et les lisières sont
des écotones particulièrement riches.
Écotype
Population d’une espèce donnée qui a dû développer des aptitudes nouvelles pour s’adapter
à un type d’environnement nouveau pour l’espèce. Cela peut entraîner des variations
morphologiques plus ou moins importantes ; ces plantes ou animaux sont appelés variétés,
sous-espèces ou sont parfois même des espèces différentes.
Endémique
[1] Caractère d’une espèce qui est propre à une région géographique circonscrite, dont l’aire
de répartition est donc strictement limitée.
194 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise
Étage de végétation
[1] Sert à désigner chacun des territoires altitudinaux que l’on définit par la composition de
leur végétation propre. Un étage de végétation correspond à une zone bien définie,
géographiquement délimitée, au climat bien caractérisé, au niveau de laquelle le tapis végétal
a une composition floristique particulière. Les altitudes concernant un étage de végétation
varient d'un versant à l’autre. Elles sont approximativement comprises entre :
– 0 et 900 m pour l’étage collinéen,
– 900 et 1 600 m pour l’étage montagnard,
– 1 600 et 2 200 m pour l’étage subalpin,
– 2 200 et 3 000 m pour l’étage alpin,
– 3 000 et plus pour l’étage nival.
Fermeture (des milieux)
Se dit des milieux ouverts (pelouses, prairies, bas-marais) qui sont envahis par des espèces
vivaces hautes (roseaux, buissons, arbustes, etc.), suite à l’interruption de la fauche ou du
pâturage.
Forêt mixte
[4] Forêt composée d’un mélange d’arbres feuillus et d’arbres résineux.
Futaie jardinée
[1] Futaie : structure forestière dont la strate arborescente est formée d’arbres élancés, à
cimes jointives, au tronc dégagé, dont l’appellation de fût est à l’origine même du terme de
futaie.
Si les arbres appartiennent à des classes d’âges différentes et sont donc de tailles très variées,
la futaie est dite jardinée.
Habitat (naturel)
Au sens de la directive dite “Habitat”, un habitat naturel est un milieu terrestre ou
aquatique, se distinguant par des conditions climatiques, géologiques et géographiques
originales et par la présence d’un cortège floristique et faunistique spécifique. Dans la
pratique, un habitat peut être caractérisé par une ou plusieurs associations végétales*.
Inalpage
Séjour des bergers et du troupeau en alpage pendant la saison estivale.
Labelle
Chez les orchidées, pétale médian spécialisé, plus ou moins différent des deux autres pétales.
Mégaphorbiaie (ou mégaphorbiée)
[1] Formation végétale qui se rencontre surtout dans les ravins humides ou sur les versants
d’ubac en moyenne montagne, et que caractérisent des végétaux de haute taille.
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 195
Annexes
Espèce relictuelle
[1] Au sein d’un groupement végétal, une espèce relictuelle est une espèce qui témoigne de
la présence antérieure d’un groupement végétal différent.
Annexes
Mélézin
[4] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle de l’étage subalpin des Alpes internes,
dominée par le mélèze d’Europe.
Micromammifères
Ensemble des petits mammifères appartenant aux groupes des insectivores et des rongeurs,
et dont le poids varie entre quelques grammes et quelques dizaines de grammes. Il comprend
essentiellement les mulots, les campagnols, les souris, les musaraignes et les taupes.
Nidicole
Se dit de l’oisillon qui naît nu ou légèrement duveté, avec les yeux fermés ou ouverts, qui est
incapable de quitter le nid, et doit être nourri par les adultes jusqu’à son essor. (A l’inverse,
les espèces dont les poussins quittent le nid juste après l’éclosion sont qualifiées de nidifuges).
Ouvert
[1] Caractère d’une formation végétale, d’un peuplement, dont les éléments constitutifs sont
assez distants entre eux pour laisser des espaces libres, permettant entre autre, l’accès du
soleil à la surface du sol.
Par opposition à fermé : caractère d’une formation végétale assez dense, ne laissant entre les
appareils aériens ou frondaisons de ses constituants aucun espace libre.
Pessière
[4] Formation forestière naturelle ou semi-naturelle dominée par des épicéas.
Primaire (milieu)
Désigne un milieu dont l’origine et l’évolution (si elle existe) sont complètement naturelles.
C’est un milieu qui n’a été l’objet d’aucune intervention humaine.
Reproduction végétative
Mode de reproduction asexuée dont le résultat est la formation de clones : l’individu
descendant est une copie à l’identique de l’individu initial (patrimoine génétique identique).
La germination, le débourrement, la production spontanée de marcottes ou de boutures,
sont des facettes de la vie végétative d’un individu.
Ripisylve
[1] Formation boisée, ou simplement buissonnante, des berges des cours d’eau.
Secondaire (milieu)
Désigne un milieu retourné à l’état semi naturel après avoir été défriché, sans être labouré,
et exploité en herbage.
Spectre d’action
Ensemble des objets ou sujets, sur lesquels un phénomène peut produire des effets.
Style
[1] Dans la fleur, partie amincie du pistil qui surmonte l’ovaire et se termine par le stigmate.
196 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise
Velours
Peau veloutée et poilue qui recouvre les bois des cervidés. Le velours apparaît en même temps
que pousse les bois. Il sèche et se détache en lambeaux quelques temps après la repousse des
bois. On dit que l’animal qui perd ce velours “fraye”, il accélère la chute de cette peau en se
frottant contre les arbres.
Xylophage
[1] Animaux ou champignons qui savent s’alimenter en dégradant le bois (arbres sur pied ou
abattus, bois travaillés).
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 197
Annexes
Ubiquiste
[1] Qui est capable de coloniser une vaste gamme de stations considérées aussi bien sous
l’angle écologique qu’au plan géographique.
Annexes
Bibliographie
ABRY C., DEVOS R. & RAULIN H., 1979.- Les sources régionales de la Savoie. Paris.
AESCHIMANN D. & BURDET H.M., 1994.- Flore de la Suisse – Le nouveau Binz.
Deuxième édition. Éd. du Griffon. Neuchâtel, Suisse. 603 p.
AESCHIMANN D., LAUBER K., MOSER D. M. & THEURILLAT J.-P., 2004.- Flora
alpina - Volume 2. Éd. Belin. Paris, France. 1 188 p.
ARTHUR L. & LEMAIRE M., 1999.- Les chauves-souris, maîtresses de la nuit. –
Description, mœurs, observations, protection. Éd. Delachaux et Niestlé. Lausanne, Suisse.
268 p.
BELLMANN H. & LUQUET G., 1995.- Guide des sauterelles, grillons et criquets d’Europe
occidentale. WWF. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 383 p.
BERNARD C. & COMBET P., 1996.- Paysages des vallées de Vanoise. CAUE. Chambéry,
France. 166 p.
BESSAT H. & GERMI C., 1993.- Lieux en mémoire de l’Alpe. Toponymie des alpages en
Savoie et Vallée d’Aoste. Ellug.
BONNIER G., 1990.- La grande flore en couleurs, France, Suisse, Belgique et pays voisins.
Éd. Belin. Paris, France (réédition en 5 vol.).
BOULLARD B., 1997.- Dictionnaire des plantes et champignons. Éd. Estem. Paris, France.
875 p.
BOZONNET R. & BRAVARD Y., 1984.- Sainte-Foy-Tarentaise. Une montagne pour des
hommes. Collection Trésors de la Savoie. 192 p.
Centre Ornithologique Rhône-Alpes, 2003.- Oiseaux nicheurs de Rhône-Alpes. CORA
Éditeur. 336 p.
Centre Ornithologique Rhône-Alpes, 2002.- Reptiles et amphibiens de Rhône-Alpes. Atlas
préliminaire. Deliry C. (coord.). Le Bièvre. Hors série n°1. 146 p.
Centre Ornithologique Rhône-Alpes (Groupe Chiroptères Rhône-Alpes), 2002.- Atlas des
Chiroptères de Rhône-Alpes. Bièvre, hors série n°2, 134 p.
Centre Ornithologique Rhône-Alpes SAVOIE (Groupe Ornithologique Savoyard), 2000.Livre blanc des vertébrés de Savoie. Poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères
sauvages : inventaire, bilan des connaissances, statuts. Miquet A. (réd.). Le Bourget du Lac,
France. 272 p.
198 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise
Sommaire
CHINERY M., 1988.- Insectes de France et d’Europe occidentale. Éd. Arthaud. Paris,
France. 320 p.
COSTE H., 1983.- Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées
limitrophes. Tome III. 807 p.
DANTON P. & BAFFRAY M., 1995.- Inventaire des plantes protégées en France. Éd.
Nathan. Mulhouse, France. 294 p.
DARMANGEAT P., 1999.- Rapaces de France. Éditions Artemis. Collection Découverte
Nature. 127 p.
DELAHAYE T. & PRUNIER P., 2006.- Inventaire commenté et liste rouge des plantes
vasculaires de Savoie. Bull. spécial Soc. Mycol. Bot. Région Chambérienne, n°2.106 p.
DELARZE R., GALLAND P. & GONSETH Y., 1998.- Guide des milieux naturels de
Suisse. Écologie, menaces, espèce, caractéristiques. La bibliothèque du naturaliste. Éd.
Delachaux et Niestlé. Paris, France. 415 p.
DELFORGE P., 1994.- Guide des orchidées d'Europe, d’Afrique du Nord et du ProcheOrient. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé, Paris, France. 481 p.
DELMAS M., BOURGEOIS M.-G., MOLLARD M. & coll., 1993.- Fleurs de Vanoise. Coll.
Parc National de la Vanoise. Éd. Edisud. Aix-en-Provence, France. 318 p.
DUQUET M. et coll., 1992.- Inventaire de la faune de France, vertébrés et principaux
invertébrés. Éd. Nathan et Muséum national d’histoire naturelle. Paris, France. 416 p.
EMPRIN J.-M., 1933.- Histoire de Sainte Foy Tarentaise. Imprimerie de la Manufacture de
la Charité. Montpellier.
Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature (FRAPNA), 1997.- Atlas des
mammifères sauvages de Rhône-Alpes. 303p.
FIERS V., GAUVRIT B., GAVAZZI E., HAFFNER P., MAURIN H. & coll., 1997.- Statut
de la faune de France métropolitaine. Statuts de protection, degrés de menace, statuts
biologiques. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris, Service du Patrimoine Naturel /
IEGB / MNHN, Réserves naturelles de France, Ministère de l’Environnement. Paris, France.
225 p.
FISCHESSER B., 1998.- La vie de la montagne. Éd. de la Martinière. Paris, France. 360 p.
GENSAC P., 1996.- Flore de Vanoise – Initiation à la flore de montagne. Éd. Gap. La
Ravoire, France. 272 p.
GENSBØL B., 1999.- Guide des rapaces diurnes. Europe, Afrique du Nord et MoyenOrient. Éd. Delachaux et Niestlé, les guides du naturaliste. Paris, France. 414 p.
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 199
Annexes
Chambre d’agriculture de la Savoie, 1995.- Plan d’épandage de Sainte-Foy-Tarentaise. 77 p.
Annexes
GÉROUDET Paul, 1978.- Grands échassiers, gallinacés, râles d’Europe. Éd. Delachaux et
Niestlé, Neuchâtel, Suisse. 429 p.
HEMERY A., 2003.- Patrimoine et architecture en milieu montagnard. Quelle valorisation
pour quel développement ? Cas de la commune de Sainte-Foy-Tarentaise - Savoie. Travail
d’étude et de recherche. CISM. Université de Savoie. Lycée agricole de la Motte-Servolex,
44p.
KAISER B., 1983.- Morphodynamique périglaciaire en Vanoise. Observations et mesures
sur deux formes majeures : talus d’éboulis et glaciers-rocheux. Travaux scientifiques du Parc
national de la Vanoise. Tome XIII. 304 pp 55-80.
KEITH P. & ALLARDI J. (coord.), 2001.- Atlas des poissons d’eau douce de France. Éd.
Muséum national d’histoire naturelle, Patrimoines naturels, n°47. 387 p.
LAFRANCHIS T., 2000.- Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs
chenilles. Collection Parthénope. Éd. Biotope, Mèze, France. 448 p.
LAUBER K. & WAGNER G., 1998.- Flora Helvetica. Flore illustrée de Suisse. Éd. Belin. 1
616 p.
LEBRETON P., LEBRUN P., MARTINOT J.-P., MIQUET A. & TOURNIER H., 2000.Approche écologique de l’avifaune de Vanoise. Travaux scientifiques du Parc national de la
Vanoise. Tome XXI. 304 p.
LEBRETON P. & MARTINOT J-P., 1988.- Oiseaux de Vanoise – Guide de l'ornithologie
en montagne. Parc national de la Vanoise. Éd. Libris, Grenoble, France. 240 p.
LOSANGE (ouvrage collectif), 2002 – Amphibiens et reptiles. Éditions Artemis. Collection
Découverte Nature. 127 p.
LOSANGE (ouvrage collectif), 1999 – Poissons d’eau douce. Éditions Artemis. Collection
Découverte Nature. 127 p.
MATZ G. WEBER D., 1983.- Guide des amphibiens et reptiles d’Europe. Éd. Delachaux
et Niestlé. Paris, France. 292 p.
OLIVIER L., GALLAND J.-P., MAURIN H. & coll., 1995.- Livre rouge de la flore menacée
de France – Tome I : espèces prioritaires. Col. Patrimoines naturels, volume 24 – Paris,
Service du Patrimoine naturel / IEGB / MNHN, Conservatoire botanique national de
Porquerolles, Ministères de l’Environnement. Paris, France. 486 p + annexes.
Parc national de la Vanoise, 1998. - Atlas du Parc national de la Vanoise. Éd. Atelier 3,
Montpellier, France. 64 p.
PELLET G., DURAND D., PASQUET O., LAURENT A.-M., 1986.- Étude de
l’environnement naturel de Sainte-Foy-Tarentaise (Savoie). Travaux scientifiques du Parc
national de la Vanoise. Tome XV. pp271-304.
PÉNICAUD P., 2000.- Les chauves-souris et les arbres, connaissance et protection. Éd. du
Muséum d'histoire naturelle de Bourges. Dépliant.
200 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise
Belin, Paris, France. 431 p.
RAMADE F., 1993.- Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de
l’Environnement. Éd. Ediscience international. Paris, France. 822 p.
RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1989.- Flore forestière française. Guide
écologique illustré. Tome 1 Plaines et collines. Institut pour le Développement Forestier /
Ministère de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / École
Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p.
RAMEAU J-C., MANSION D. & DUMÉ G., 1993.- Flore forestière française. Guide
écologique illustré. Tome 2 Montagnes. Institut pour le Développement Forestier / Ministère
de l’Agriculture et de la Pêche / Direction de l’Espace Rural et de la Forêt / École Nationale
du Génie Rural, des Eaux et Forêts. Paris, France. 2 421 p.
ROCAMORA G., 1994.- Les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux en
France. Ligue pour la Protection des Oiseaux / Birdlife International / Ministère de
l’Environnement. Éd. de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. 339 p.
ROCAMORA G. & YEATMAN-BERTHELOT D., 1999.- Oiseaux menacés et à surveiller
en France. Listes rouges et recherches de priorités. Populations, tendances, menaces,
conservation. Société d’études ornithologiques de France / Ligue pour la Protection des
Oiseaux. Paris, France. pp 426-427.
ROUÉ S. & MARTINOT J.-P., 1997.- Connaître et protéger les chauves-souris en Savoie.
Éd. Parc national de la Vanoise. Chambéry, France. 50 p.
SCHAER J.-P., VEYRET P., FAVARGER C., DU CHATENET G., HAINARD R.,
PACCAUD O., 1989.- Guide du naturaliste dans les Alpes. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris,
France.
Société française d’orchidophilie, 1998.- Les orchidées de France, Belgique et Luxembourg.
Collection Parthénope. Éd. Biotope, Paris, France. 416 p.
TOLMAN T. & LEWINGTON R., 1999.- Guide des papillons d’Europe et d’Afrique du
Nord. Les guides du naturaliste. Éd. Delachaux et Niestlé. Paris, France. 320 p.
VINCENT S., 2002.- Les chauves-souris dans les bâtiments. Éd. CORA SAVOIE (Groupe
Ornithologique Savoyard). 30 p.
YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G., 1994.- Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de
France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris, France. 776 p.
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 201
Annexes
PRELLI R., 2001.- Les fougères et plantes alliées de France, et d’Europe occidentale. Éd.
ancolie des alpes
+
androsace alpine
+
androsace helvétique
+
cobrésie simple
G
G
G
G
G
2
génépi jaune
1
H
G
génépi vrai
1
G
H
génévrier sabine
gentiane utriculeuse
G
1
+
géranium blanc
1
grassette à éperon étroit
1
hédysarum des Alpes
H
2
G
G
G
G
1
laîche à petite arête
+ +
3
G
laîche bicolore
+
1
G
laîche de Lachenal
+ +
2
laîche maritime
+ +
3
G
laîche rouge-noirâtre
+ +
4
G
lis martagon
1
lis orangé
2
G
G
G
G
G
lycopode des Alpes
+
1
orchis nain des Alpes
+
1
H
orpin velu
+
2
G
G
H
paronychie à feuilles de renouée
1
pédiculaire arquée
1
G
pédiculaire d’Allioni
2
H
pédiculaire du Mont-Cenis
2
G
pédiculaire tronquée
+ +
potamot des Alpes
+
1
primevère du Piémont
+ +
2
saule bleuâtre
G
G
3
1
H
G
G
H
G
saule de Suisse
+ +
2
G
saule glauque
+
1
G
202 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise
Glaciers et névés
Rochers et falaises
H
G
2
+
Eboulis, moraines
et glaciers rocheux
Pelouses et combes à neige
Aulnaie verte
et mégaphorbiaie
Landes, landines et fourrés
de saule d4altitude
Forêts de connifère
Prairies de fauche
Zones humides d’altitude
Cours d’eau et lacs
Village, hameaux et abords
Les grands types de milieux de Sainte-Foy-Tarentaise
3
coincye de Richer
cortuse de Matthiole
Priorité pour le Parc
(ordre croissant d’importance)
Liste des plantes d’intérêt patrimonial
Protection
Livre rouge tome 1
Annexes
Sommaire
+
3
saxifrage fausse mousse
+
1
+
1
saxifrage tronquée
silène de Suède
G
G
+ +
3
G
trichophore nain
+
3
G
violette des marais
1
violette singulière
1
Glaciers et névés
G
tofieldie boréale
1
H
G
1
véronique d'Allioni
Rochers et falaises
G
4
streptope à feuilles
embrassantes
H
G
G
G
Légende
G : habitat* principal à Sainte-Foy-Tarentaise
H : autre habitat* à Sainte-Foy-Tarentaise
Le livre rouge national de la flore menacée de France est un ouvrage de référence qui
dresse un bilan des connaissances actuelles sur les espèces rares et menacées de la flore
française et identifie clairement les urgences en matière de conservation. Le tome I
s’intéresse aux espèces jugées prioritaires.
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 203
Annexes
Eboulis, moraines
et glaciers rocheux
Pelouses et combes à neige
Aulnaie verte
et mégaphorbiaie
Landes, landines et fourrés
de saule d4altitude
Forêts de connifère
Prairies de fauche
Zones humides d’altitude
Cours d’eau et lacs
Village, hameaux et abords
Priorité pour le Parc
(ordre croissant d’importance)
Protection
Livre rouge tome 1
saxifrage fausse diapensie
Les grands types de milieux de Sainte-Foy-Tarentaise
Annexes
Sommaire
Index des noms d’espèces
(Noms français par ordre alphabétique)
Cette liste mentionne uniquement l’ensemble des espèces citées dans le présent document.
Flore
MOUSSES, ALGUES, ET LICHENS
Nom français
Nom scientifique
Aulacomnium sp.
Calliergon sp.
Chara sp.
Chlamidomonas nivea
Cratoneurum sp.
Letharia vulpicida
chara
chlamydomonas des neiges
lichen des loups
Nom patois
PLANTES SUPÉRIEURES
Nom français
aconit-tue-loup
adénostyle à feuilles blanches
airelle à petites feuilles
airelle rouge
alchémille à cinq folioles
ancolie des Alpes
androsace alpine ou a. des Alpes
androsace helvétique
apiacées ou ombellifères
arnica des montagnes
asplénium septentrional ou doradille alpine
aulne vert
azalée naine ou azalée des Alpes
bourrache officinale
brome érigé
camarine hermaphrodite
campanule du Mont-Cenis
capillaire des murailles ou c. rouge
centaurée
chénopode bon-Henri ou épinard sauvage
Nom scientifique
Aconitum altissimum
Adenostyles leucophylla
Vaccinium uliginosum subsp.
microphyllum
Vaccinium vitis-idaea
Alchemilla pentaphylla
Aquilega alpina
Androsace alpina
Androsace helvetica
Apiaceae
Arnica montana
Asplenium septentrionale
Alnus viridis
Loiseleuria procumbens
Borago officinalis
Bromus erectus
Empetrum nigrum subsp.
hermaphroditum
Campanula cenisia
Asplenium trichomanes
Centaurea sp.
Chenopodium bonus-henricus
204 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise
Nom patois
le paté
vessetta
le rosette / rosetta
lo pourta rosà
ancolie
androsace
les cornets
arnica
la drouza
bourrache
parze roze
lu vercouino
Clematis alpina
cobrésie simple
Kobresia simpliciuscula
coincye de Richer
Coincya richeri
cortuse de Matthiole
Cortusa matthioli
cuscute d’Europe
Cuscuta europaea
cuscute
dactyle aggloméré
Dactylis glomerata
dactyle
digitale à grandes fleurs
Digitalis grandiflora
digitale jaune
Digitalis lutea
doradille noire ou capillaire noire
Asplenium adiantum-nigrum
edelweiss = étoile des neiges
Leontopodium alpinum
étoile des neiges
épicéa commun
Picea abies
lo sapin
épilobe de Fleischer
Epilobium fleischeri
épipactis pourpre-noirâtre
Epipactis atrorubens
érable sycomore
Acer pseudoplatanus
euphraise officinale
Euphrasia officinalis
fléole bulbeuse
Phleum bulbosum
fléole des prés
Phleum pratense
frêne commun
Fraxinus excelsior
franio
génépi (genépi) jaune ou g. blanc
Artemisia mutellina
génépi
ou g. femelle
ou A. umbelliformis
génépi (genépi) vrai ou g. noir ou g. mâle
Artemisia genipi
genévrier nain
Juniperus nana
genévrier commun
Juniperus communis
genévrier sabine
Juniperus sabina
gentiane ciliée
Gentiana ciliata
gentiane jaune
Gentiana lutea
gentiane pourpre
Gentiana purpurea
gentiane à feuilles d’asclépiade
Gentiana asclepiadea
gentiane à feuilles orbiculaires
Gentiana orbicularis
gentiane utriculeuse ou g. à calice renflé
Gentiana utriculosa
géranium blanc
Geranium rivulare
géranium des bois
Geranium sylvaticum
grand boucage
Pimpinella major
grassette à éperon étroit
Pinguicula leptoceras
hédysarum des Alpes ou sainfoin sombre
Hedysarum hedysaroides
joubarbe des toits
Sempervivum tectorum
koelérie pyramidale
Koeleria pyramidata
laîche
Carex sp.
laîche à petites arêtes
Carex microglochin
laîche bicolore
Carex bicolor
laîche fétide
Carex foetida
laîche maritime
Carex maritima
laîche rouge-noirâtre
Carex atrofuscae
laitue des Alpes
Cicerbita alpina
linaigrette de Scheuchzer
Eriophorum scheuchzeri
linaire des Alpes
Linaria alpina
Annexes
clématite des Alpes
casse-lunettes
lo zeneivro
einsanna zona
la laissï
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 205
Annexes
lis
Lilium sp.
lis martagon
Lilium martagon
lis orangé
Lilium croceum
lotier corniculé
Lotus corniculatus
lycopode des Alpes
Lycopodium alpinum
mélèze d’Europe
Larix decidua
la brinzé
merisier
Prunus avium
lo siri / temel
merisier à grappes
Prunus padus
millepertuis perforé
Hypericum perforatum
millepertuis
myrtillier
Vaccinium myrtillus
louisrer / la louisri
nard raide
Nardus stricta
la blansetta
nerprun nain
Rhamnus pumila
nigritelle
Nigritella sp.
la man de Diou
noyer
Juglans regia
noyére
orchis des monts Sudètes
Dactylorhiza sudetica
orchis nain des Alpes
Chamorchis alpina
orchis pâle
Orchis pallens
ortie dioïque
Urtica dioica
orpin velu
Sedum villosum
paronychie à feuilles de renouée
Paronychia polygonifolia
pâturin des prés
Poa pratensis
pédiculaire arquée
Pedicularis gyroflexa
pédiculaire du mont Cenis
Pedicularis cenisia
pédiculaire tronquée
Pedicularis recutica
pétasite blanc
Petasites albus
petite astrance
Astrantia minor
pensée éperonnée ou p. des Alpes
Viola calcarata
phégoptéris à pinnules confluentes
Phegopteris connectilis
pin cembro ou arolle
Pinus cembra
l’aroula
pin sylvestre
Pinus sylvestris
daille
pissenlit officinal
Taraxacum officinale
la salada
potamot des Alpes
Potamogeton alpinus
primevère du Piémont
Primula pedemontana
primevère hérissée
Primula hirsuta
pyrole à feuilles rondes
Pyrola rotundifolia
raisin d’ours commun ou busserolle
Arctostaphylos urva-ursi
lu rigin dors/rosetta
reine des prés ou fausse spirée
Filipendula ulmaria
spirée
renouée bistorte
Polygonum bistorta
lo lingabou
renouée du Japon
Reynoutria japonica
rhinanthe
Rhinanthus sp.
rhododendron ferrugineux
Rhododendron ferrugineum
lu bruie
rhubarbe des moines ou rumex des Alpes
Rumex alpinus
lu touè
rubanier
Sparganium sp.
rue des murailles
Asplenium ruta-muraria
rumex oseille
Rumex acetosa
sagine glabre
Sagina glabra
206 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise
lys
ourtiés
le violete / violetta
parze verta
Tragopogon sp.
Abies alba
Salvia pratensis
Salix sp.
Salix retusa
Salix reticulata
Salix caesia
Salix helvetica
Salix daphnoides
Salix glaucosericea
Salix herbacea
Salix myrsinifolia
Saxifraga diapensioides
Saxifraga muscoides
Scabiosa sp.
Sibbaldia procumbens
Silene suecica
Silene vulgaris
Soldanella alpina
Streptopus amplexifolius
lo barbaboc
lo sapin
sauge
l’aven
Thymus serpyllum
Tofieldia pusilla
Trichophorum pumilum
Trisetum distichophyllum
Trisetum flavescens
Tussilago farfara
Veratrum album
Veronica allionii
Veronica spicata
Viola palustris
Viola mirabilis
lo prinpussett
lu carcavelin
pas d’ano
lu varoro
violetta
Faune invertébrée
INSECTES : LÉPIDOPTÈRES
Nom français
aurore
azuré de l’oxytropide
azuré des soldanelles
azuré du sainfoin ou sablé du sainfoin
azuré du serpolet
cuivré de la verge d’or
Nom scientifique
Anthocharis cardamines
Polyommatus eros
Agriades glandon
Polyommatus damon
Maculinea arion
Lycaena virgaureae
Nom patois
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 207
Annexes
salsifis
sapin blanc ou s. pectiné
sauge des prés
saule
saule à feuilles émoussées
saule à réseau
saule bleuâtre
saule de Suisse
saule faux daphné
saule glauque
saule herbacé
saule noircissant
saxifrage fausse diapensie
saxifrage fausse mousse
scabieuse
sibbaldie couchée
silène de Suède
silène enflée
soldanelle des Alpes
streptope à feuilles embrassantes ou sceau
de Salomon noueux
thym serpolet
tofieldie boréale ou t. naine
trichophore nain
trisète distique
trisète jaunâtre
tussilage pas d’âne
vérâtre blanc ou hellébore blanc
véronique d’Allioni
véronique en épi
violette des marais
violette singulière
Annexes
cuivré écarlate
Lycaena hippothoe
cuivré fuligineux
Lycaena tityrus
damier de l’alchémille
Hypodryas cynthia
écaille martre
Arctia caja
gazé
Aporia crataegi
grand apollon
Parnassius apollo
grande tortue
Nymphalis polychloros
grand nacré
Argynnis aglaja
lépidoptères ou papillons
Lepidoptera
machaon
Papilio machaon
moiré blanc-fascié
Erebia ligea
moiré cendré
Erebia pandrose
moiré chamoisé
Erebia gorge
moiré des pâturins
Erebia melampus
moiré fauve
Erebia mnestra
moiré frange-pie
Erebia euryale
moiré lancéolé
Erebia alberganus
moiré sylvicole
Erebia aethiops
moiré variable
Erebia manto
moiré velouté
Erebia pluto
paon du jour
Inachis io
petit apollon
Parnassius phoebus
piéride de l’arabette
Pieris bryoniae
satyrion
Coenonympha gardetta
solitaire
Colias palaeno
virgule
Hesperia comma
le parpioule
INSECTES : ODONATES
Nom français
Nom scientifique
æschne des joncs
Aeshna juncea
cordulie des Alpes
Somatochlora alpestris
leste dryade
Lestes dryas
sympétrum noir
Sympetrum danae
Nom patois
INSECTES : ORTHOPTÈRES
Nom français
Nom scientifique
arcyptère bariolé
Arcyptera fusca
criquet des clairières
Chrysochraon dispar
criquet des genévriers
Euthystira brachyptera
criquet des pâtures
Chorthippus parallelus
criquet duettiste
Chorthippus brunneus
criquet ensanglanté
Stethophyma grossum
208 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise
Nom patois
Stauroderus scalaris
Omocestus viridulus
Metrioptera roeselli
Metrioptera brachyptera
Decticus verrucivorus
Gomphocerus sibiricus
Miramella alpina
Bohemanella frigida
Podisma pedestris
Oedipoda germanica
Orthoptera
Tettigonia cantans
Tetrix bipunctata
Annexes
criquet jacasseur
criquet verdelet
decticelle bariolée
decticelle des bruyères
dectique verrucivore
gomphocère des alpages ou criquet de Sibérie
miramelle alpestre
miramelle des frimas
miramelle des moraines ou criquet marcheur
oedipode rouge
orthoptères
sauterelle cymbalière
tétrix calcicole ou criquet à capuchon
lu seuitoun
Faune vertébrée
POISSONS
Nom français
chabot
cristivomer
omble de fontaine
truite arc-en-ciel
truite fario ou truite de rivière
vairon
Nom scientifique
Cottus gobio
Salvelinus namaycush
Salvelinus fontanilis
Oncorhynchus mykiss
Salmo trutta fario
Phoxinus phoxinus
Nom patois
truita
AMPHIBIENS
Nom français
grenouille rousse
triton alpestre
Nom scientifique
Rana temporaria
Triturus alpestris
Nom patois
le renoie / ranoille
tritoun
REPTILES
Nom français
coronelle lisse
lézard des murailles
Nom scientifique
Coronella austriaca
Podarcis muralis
Nom patois
lézard vert
Lacerta viridis
le larmouige /
larmuge
le larmouige / lézar
lézard vivipare
orvet fragile
vipère aspic
Lacerta vivipara
Anguis fragilis
Vipera aspis
orvett
vipéra
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 209
Annexes
OISEAUX
Nom français
Nom scientifique
accenteur alpin
Prunella collaris
accenteur mouchet
Prunella modularis
aigle royal
Aquila chrysaetos
l’agli / aglié
alouette des champs
Alauda arvensis
alouette
bec-croisé des sapins
Loxia curvirostra
bergeronnette grise
Motacilla alba
bouvreuil pivoine
Pyrrhula pyrrhula
bruant fou
Emberiza cia
bruant ortolan
Emberiza hortulana
cassenoix moucheté
Nucifraga caryocatactes
càssa - nuy
chocard à bec jaune
Pyrrhocorax graculus
lo corbai / savié
chouette de Tengmalm ou nyctale de T.
Aegolius funereus
la chevrella
crave à bec rouge
Pyrrhocorax pyrrhocorax
lo corbai / savié
faucon crécerelle
Falco tinnunculus
pouibletta
faucon pèlerin
Falco peregrinus
fauvette à tête noire
Sylvia atricapilla
fauvette babillarde
Sylvia curruca
fauvette des jardins
Sylvia borin
gélinotte des bois
Bonasa bonasia
grand-duc d'Europe
Bubo bubo
grive
Turdus sp.
griva
hirondelle de cheminée ou h. rustique
Hirundo rustica
hirondella
lagopède alpin ou perdrix des neiges
Lagopus mutus
l’arbina / arbenna
linotte mélodieuse
Carduelis cannabina
martinet noir
Apus apus
merle à plastron
Turdus torquatus
merlo
mésange bleue
Parus caeruleus
mésange
mésange boréale
Parus montana
mésange charbonnière
Parus major
mésange huppée
Parus cristatus
mésange noire
Parus ater
moineau domestique
Passer domesticus
monticole merle de roche
Monticola saxatilis
niverolle alpine ou pinson des neiges
Montifringilla nivalis
niverolla
perdrix bartavelle
Alectoris graeca
bardavella
pic épeiche
Dendrocopos major
pioc
pic noir
Dryocopus martius
pic vert
Picus viridis
pie-grièche écorcheur
Lanius collurio
pipit des arbres
Anthus trivialis
pipit spioncelle
Lanius collurio
pouillot de Bonelli
Phylloscopus bonelli
pouillot véloce
Phylloscopus collybita
210 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise
Nom patois
peudjiat
Regulus regulus
Regulus ignicapillus
Erithacus rubecula
Phoenicurus ochruros
Acrocephalus palustris
Carduelis flammea
Saxicola rubetra
Carduelis spinus
Tetrao tetrix
Tichodroma muraria
Oenanthe oenanthe
Troglodytes troglodytes
peudjiat
lu polet / faïjanpolett
MAMMIFÈRES
Nom français
barbastelle
belette
blaireau européen
bouquetin des Alpes
campagnol des neiges
campagnol terrestre
cerf élaphe
chamois
chevreuil
écureuil roux
fouine
hermine
lérot
lièvre brun
lièvre variable
marmotte alpine ou m. des Alpes
martre des pins
musaraigne carrelet
renard roux
sanglier
Nom scientifique
Barbastella barbastellus
Mustela nivalis
Meles meles
Capra ibex ibex
Microtus nivalis
Arvicola terrestris
Cervus elaphus
Rupicapra rupicapra rupicapra
Capreolus capreolus
Sciurus vulgaris
Martes foina
Mustela erminea
Elyomis quercinus
Lepus capensis
Lepus timidus
Marmotta marmotta
Martes martes
Sorex araneus
Vulpes vulpes
Sus scrofa
Nom patois
beletta
lo tachoun / tachon
boquessaïn
rata
cerf
lo boc / samu
chevreuil
la verdachi/verdache
fouïna
hermïnna
zario
la livra / lévra
le blansoun
la marmota
martre
lo mouzett
lo reinard
sanglier
Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise - 211
Annexes
roitelet huppé
roitelet triple-bandeau
rougegorge familier
rougequeue noir
rousserolle verderolle
sizerin flammé
tarier des prés ou traquet tarier
tarin des aulnes
tétras-lyre ou petit coq de bruyère
tichodrome échelette
traquet motteux
troglodyte mignon
Annexes
Ce document a été rédigé par :
Virginie Bourgoin, Christine Garin - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie.
Avec l’aide d’un groupe de travail :
Raymond Bimet – Mairie de Sainte-Foy-Tarentaise • Alain Chaudan, Jérôme Empereur, Henri Emprin, Elie Excoffier, Simone
Mercier, Pascale Odin-Guichon, Claude Parry, Claudine Parry – Habitants de Sainte-Foy-Tarentaise • Roland Emprin –
Association communale de chasse agréée • Jean-Yves Vallat – Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique du
canton de Bourg-Saint-Maurice • Jean-Louis Bradel, Suzanne Carbonnell, Henri Anselme – Association pour la restauration du
patrimoine de Sainte-Foy • Laurent Ottobon – Ecole de ski française • Anne Royer – Office de tourisme de Sainte-Foy • Christian
Fauges - Office national des forêts • Christian Balais, Jean-Paul Ferbayre, Stéphane Mélé - Parc national de la Vanoise.
Comité de lecture :
Christian Balais, Jean-Paul Ferbayre, Stéphane Mélé - Parc national de la Vanoise • Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du
patrimoine naturel de la Savoie.
Nous remercions toutes les autres personnes et structures ayant participé de près ou de loin à ce travail :
Thierry Delahaye, Patrick Folliet, Jean-Pierre Martinot, Véronique Plaige - Parc national de la Vanoise • Emmanuelle Saunier,
Jean-Pierre Feuvrier - Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie • Michel Savourey - entomologiste • Manuel Bouron Miramella • Pierre Guelpa – Chambre d’agriculture de la Savoie • Pierre-Jean Chambard – Direction départementale
de l’agriculture et de la forêt • Nadège Boulay – GEDA de haute Tarentaise.
Sans oublier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation des observations de la faune
et la flore de Sainte-Foy-Tarentaise :
Christian Balais, Hervé Blanchin, Danièle Bonnevie, Michel Bouche, Marie-Geneviève Bourgeois, Manuel Bouron, Jeannette
Chavoutier, Thierry Delahaye, René Delpech, Annie Ferbayre, Jean-Paul Ferbayre, Frédéric Fima, Henri Flandin, Christine Garin,
Pierre Gensac, Irène Girard, Christophe Gotti, André Griot, Ludovic Imberdis, Régis Jordana, Laurence Jullian, Jean-Pierre
Martinot, Stéphane Mélé, Philippe Pellicier, Véronique Plaige, Jean-Philippe Quittard, René Roche, Clotilde Sagot, Michel
Savourey, Jacques Simond, Henri Suret, Robert Talbot, Nicolas Valy, Malorie Vergneau, Régis Villibord.
Financement :
Parc national de la Vanoise • Région Rhône-Alpes.
Réalisation des cartes :
Charlène Bouillon, Service SIG du Parc national de la Vanoise.
Source IGN : BD Carto - 2002 et BD Alti - 2002.
Maquette :
Pages intérieures : Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise • Emmanuelle Saunier - Conservatoire du patrimoine naturel
de la Savoie.
Couverture : Vizo Studio – Grenoble (Isère) • Patrick Folliet - Parc national de la Vanoise
Mise en page intérieure & impression :
Kalistene - 5 route de Nanfray - 74960 Cran-Gevrier • [email protected] • Tél. +33 (0)4 50 69 01 97
Photos :
- Première de couverture : Anne Royer
- Quatrième de couverture :
Faucon Pèlerin
Gabriel Rasson
Laîche à petite arête
PNV – Philippe Benoît
Saule helvétique
PNV – Maurice Mollard
Genévrier sabine
PNV – Christian Balais
Gentiane à feuilles
d’asclépiade
PNV – Christian Balais
Chevreuil
PNV – Sandrine Lemmet
Truite fario
CSP – A. Richard
Barbastelle
PNV – Christophe Gotti
Triton alpestre
Christine Garin
Imprimé sur papier blanchi sans chlore
ISBN 2-901617-25-5
Dépôt légal : 4e trimestre 2007
212 - Découvrir le patrimoine naturel de Sainte-Foy-Tarentaise
Avec le concours financier de :

Documents pareils