Contrôle Directe du couple de la Machine Asynchrone basé sur Mli
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Contrôle Directe du couple de la Machine Asynchrone basé sur Mli
35 Volume 53, Number 1, 2012 Contrôle Directe du couple de la Machine Asynchrone basé sur Mli vectorielle Discrétisée (DSVM-DTC) M. NEFSI, A. MASSOUM, A. MEROUFEL and P. WIRA Résumé – Nous présentons dans cette étude une amélioration de la commande DTC. La commande est appelée (Discrete Space Vector Modulation – DTC) ou tout simplement DSVM. Elle analyse le problème des fluctuations introduites au niveau du couple et du flux dans la DTC classique. Le nom DSVM provient du fait que chaque période d'échantillonnage est divisée en trois intervalles de temps égaux de sorte à produire la technique MLI vectorielle. Ainsi, le nombre de vecteurs de tension augmente d’où une amélioration de la trajectoire du vecteur flux et par conséquent une réduction des ondulations, justifié par une étude comparative entre la DTC classique et la DSVM-DTC. Mots clés : Moteur à induction, onduleur de tension à deux niveaux Comparateur à hystérésis, DSVM-DTC 1. INTRODUCTION Le contrôle directe de couple (DTC) proposé par Depenbrock et Takahashi [1,2] est une solution pour les problèmes du contrôle vectoriel. En effet, dans cette dernière les grandeurs de commande que sont le flux statorique et le couple électromagnétique, sont calculées à partir des seules grandeurs liées au stator et ceci sans l’intervention du capteur mécanique. Le principe de base du DTC est qu'on doit choisir directement des vecteurs de tension statorique selon les différences entre les références du couple et du flux statorique et leurs valeurs réelles. Les contrôleurs du courant suivi d'un comparateur à MLI ne sont pas utilisés dans des systèmes de commande DTC et les paramètres de la machine ne sont pas utilisés également exception faite pour la résistance statorique du moteur. Ainsi la DTC possède l’avantage d’être moins dépendante des paramètres de la machine, de fournir une réponse de couple plus rapide en comparaison au contrôle du couple via des contrôleurs de courant à modulation de largeur d’impulsions, et une configuration plus simple. D’autre part, cette loi de commande en couple s’adapte par nature à l’absence de capteur mécanique connecté à l’arbre du moteur (vitesse, position). Des travaux se sont donc multipliés sur ce sujet, initialement basés sur les principes de contrôle énoncés par I. Takahashi et donnant lieu à diverses évolutions de stratégies. De façon générale, l’absence de maîtrise des harmoniques de couple a généré de nombreux problèmes liés à la compatibilité électromagnétique de l’équipement. Tel que le niveau parfois excessif de bruit audible et l’excitation de certains modes mécaniques résonants (problème des couples pulsatoires) pouvant entraîner un vieillissement précoce du système. Certains travaux se sont donc consacrés à l’obtention d’une meilleure maîtrise des harmoniques et/ou de la fréquence de commutation des interrupteurs de l’onduleur. La technique DTC classique implique un fonctionnement de l’onduleur 2 niveaux standard avec une fréquence de commutation variable, parfois élevée et incompatible avec des applications de forte puissance du fait du niveaux des pertes par commutation. D’autre part, les récentes structures de convertisseurs continu - alternatif multiniveaux [3] semblent bien adaptés pour des applications de forte puissance, du fait qu’elles permettent l’utilisation des semi-conducteurs rapides (IGBT) [4] sans risque sur la sûreté de fonctionnement du système. Le but de ce travail est l’étude des ondulations du couple et du flux de la commande DTC classique en vue de proposer la commande DSVM-DTC [5,6]. 2. PRINCIPES DYNAMIQUE DU CONTROLE DE COUPLE [7] 2.1. Modélisation vectorielle de la machine et du convertisseur Côté stator : Vs Rs I s Côté rotor : 0 Rr I r d s dt ds j r dt (1) (2) Le vecteur tension Vs est délivré par un onduleur de tension triphasé, dont l’état des interrupteurs, Manuscript received December 10, 2011. © 2012 – Mediamira Science Publisher. All rights reserved. 36 ACTA ELECTROTEHNICA supposés parfait, est représenté en théorie par trois grandeurs booléennes de commande. S j j a, b, c telles que : S j 1 : Interrupteur haut fermé et interrupteur bas ouvert. S j 0 : Interrupteur haut ouvert et interrupteur bas Si pour simplifier, on considère le terme Rs I s comme négligeable par rapport à la tension Vs (ce qui se vérifie lorsque la vitesse de rotation est suffisamment élevée), on constate que sur l’intervalle de temps 0, Te , l’extrémité du vecteur s se déplace sur une droite dont la direction est donnée par Vs . s fermé. Ainsi, le vecteur tension Vs peut s’écrire sous la forme : Vs 2 4 j j 2 U C S a Sb e 3 S c e 3 3 Vs V3 (3) s s so V4 V1 t 0 V5 Les combinaisons des trois grandeurs Sa Sb Sc permettent de générer huit positions du vecteur Vs dont deux correspondent au vecteur nul : Sa Sb Sc 1 1 1 ou 0 0 0 , V2 V3 t Te V6 s Fig. 2. Exemple de l’évolution de l’extrémité de pour négligeable. comme le montre la figure (1). 2.3. Contrôle du couple électromagnétique On peut établir une équation du couple en fonction du flux rotorique et statorique, soit : Cem P M Im s r* Ls Lr (6) à l’instant t0 0 , C0 P M sin 0 Ls Lr s 0 r 0 (7) A l’instant t0 et en appliquant un vecteur Vs adéquat, on impose à la vitesse de rotation de s un échelon de pulsation s1 . Immédiatement après t0 , on peut noter les expressions du flux statorique et rotorique, soit : à partir de l’onduleur de Fig. 1. Elaboration des vecteurs de tension 2.2. Contrôle du vecteur flux statorique s (t ) t V 0 s Rs I s dt (4) Sur un intervalle périodique de contrôle 0, Te , correspondant à une période d’échantillonnage Te , les commandes Sa Sb Sc sont fixes. Ainsi on peut écrire : s (t ) s 0 Vs t Rs e j s e j s 0 s s s s0 j r 0 r j r r r e r 0 r e Avec : s s 0 s1 t t0 . La figure (3) montre l’évolution des flux statorique et rotorique après un échelon de pulsation s1 . Ainsi, immédiatement après t0 , l’expression du couple (6) est modifiée et peut s’écrire sous la forme suivante : t 0 I s dt (5) Où s 0 est vecteur flux à t =0, et avec l’hypothèse que la résistance Rs reste constante. (8) Cem P M Ls Lr s 0 r 0 sin 0 (9) Ce qui peut également s’écrire : Cem P M Ls Lr s 0 r 0 sin 0 P M Ls Lr s 0 r 0 cos 0 s1 t t0 37 Volume 53, Number 1, 2012 3. COMMANDE DSVM - DTC 3.1. Structure générale du contrôle La plupart des blocs existants dans la commande DSVM-DTC sont identiques à ceux du contrôle par DTC classique. Les nouveaux blocs seront examinés cidessous. Fig. 3. Evolution des flux et après un échelon de pulsation Et : Cem C0 C1 (10) Les variations du couple peuvent donc être, dans ces conditions contrôlées uniquement à partir de la vitesse de rotation s , comme le présentent les figures (4, (a) et (b)). Cem C0 C0 C0 C1 t t (a) faible moyen -1/6 -1/2 moyen +1/6 élevé rs +1 +1/2 Fig. 6. Régions de la tension induite [p.u] Pente= s1 0 Pente= s1 0 Fig. 4 Progression du couple élevé -1 Cem C0 C1 3.1.1. Vitesse de la tension induite Dans la DTC classique il y a une asymétrie dans le comportement du couple à cause de la tension induite créée par la vitesse sous un flux constant. La technique DSVM calcule cette tension et l'utilise pour choisir un vecteur tension. La plage d'accélération de zéro à l'endroit où la tension induite est égale au vecteur tension appliqué est divisée en trois régions; faible, moyen et élevé. 3.1.2. Utilisation des secteurs La commande DSVM-DTC utilise douze secteurs au lieu de six. Tous les six secteurs de la commande DTC sont divisés en deux. Douze secteurs seront utilisés pour la gamme à grande vitesse. Tandis que la gamme à faible et moyenne vitesse seulement six secteurs sont utilisés. (b) +2 -3 . -2 +3 -4 +1 +4 -1 -5 +6 +5 -6 Fig. 7. Secteurs de la DSVM – DTC. Fig 5 . Schéma de la structure générale de la commande DSVMDTC. 3.1.3. Comparateur à hystérésis du couple La commande DSVM-DTC peut produire plusieurs vecteurs de tension, et s’ils sont correctement appliqués on aura moins ondulations dans le couple et le flux. Pour y parvenir, on utilise un comparateur à hystérésis à 5 niveaux au lieu de deux pour le couple. Si l’erreur du couple est petite donc l’hystérésis est à l’état 0. Dans ce cas, un vecteur de tension est choisi pour maintenir le couple à son niveau actuel. Si l'hystérésis est à l’état +1 ou - 1, le vecteur choisi doit être moyen pour hisser le couple dans la petite région. Lorsque l'hystérésis est à l’état +2 ou - 2, le vecteur choisi pour compenser l'erreur du couple le plus vite possible doit être assez grand. 38 ACTA ELECTROTEHNICA d'échantillonnage ou utiliser la modulation de largeur d'impulsion pour générer un vecteur. Par exemple, le vecteur U223 est synthétisé par l'application U222 dans les deux premiers intervalles, puis U333. Ccpl +2 +1 Cem1 Cem 2 4. 0 c Cem ref Cem Cem1 Cem 2 em -1 -2 3.1.4. Tableaux de commutation Dans ce type de commande la table de commutation a pour entrée quatre variables qui sont l’état d’hystérésis du flux, du couple, numéro du secteur et la tension induit par la vitesse. Étant donné que, la commande choisit les vecteurs de tension en fonction de la tension induite donc chaque région de vitesse utilise une table de commutation correspondante. Lorsque la commande fonctionne dans la région à vitesse élevée deux tableaux de commutations sont utilisés pour chaque secteur à cause d’une asymétrie introduite par la tension induite. Les tableaux de commutation utilisés dans ce cas sont aussi asymétriques. Pour la commande en basse et moyenne vitesse un seul tableau est utilisé pour chaque secteur. Ainsi différentes tables de commutation peuvent être utilisées selon le sens de rotation. 3.1.5. Onduleur de tension En commande DSVM-DTC chaque période d'échantillonnage est divisée en trois intervalles de temps égaux. Dans chaque intervalle est appliqué soit un vecteur actif soit un vecteur nul. L'onduleur doit donc travailler à trois fois la fréquence U332 U223 Le vecteur tension Vs est proche de zéro quand il est dans région à faible vitesse. Les vecteurs de commutation sont choisis symétriquement autour de zéro selon la table suivante. Ccplx -2 -1 0 1 2 -1 U555 U500 U000 U300 U333 1 U666 U600 U000 U200 U222 Cflx 4.2. Région à moyenne vitesse Table 1. Tableaux de commutation pour moyenne positive vitesse, secteur +/- 1. Ccplx Cflx -2 -1 0 1 2 -1 U555 U000 U300 U330 U333 1 U666 U000 U200 U220 U222 4.3. Région à haute vitesse Dans la région à haute vitesse, Vs Vn / 2 chaque secteur est divisé en deux et tous les vecteurs disponibles sont utilisés. Table 3. Tableaux de commutation pour haute positive vitesse, secteur -1. Ccplx Région à haute r 0 U320 U230 U220 Région à moyenne r Région à basse r 0 U300 -1 0 1 2 -1 U555 U300 U230 U332 U333 1 U666 U200 U220 U222 U222 Cflx U200 +1 0 Où Région à moyenne r -2 U220 r 0 -1 0 U500 U550 Région à haute r r 0 U222 4.1. Région à basse vitesse Table 1. Tableaux de commutation pour faible positive vitesse, secteur +/- 1. Fig 8 . Blocs d’hystérésis de couple du DSVM-DTC. U333 SELECTION DES VECTEURS TENSIONS Table 4. Tableaux de commutation pour haute positive vitesse, secteur +1. U600 U560 U650 Ccplx -2 -1 0 1 2 -1 U555 U300 U330 U333 U333 1 U666 U200 U230 U223 U222 U660 0 Cflx U555 U556 U665 U666 Fig. 9. Les vecteurs tension pour premier secteur. 39 Volume 53, Number 1, 2012 5. SIMULATION 9 0.5 0.55 t [Sec] 0.6 1.01 1 0.99 0.5 0.55 t [Sec] 0.6 Cem-est [N.m] 10 9 0.5 0.55 t [Sec] 0.5 1 1.5 2 2.5 t [Sec] DC component = 0.9898 , THD= 0.18% 1 0.99 1 0.5 0 0.55 t [Sec] 0 0.6 0.6 Fig. 10. Ondulations du couple et du flux. 6. 0 -20 -40 1.01 0.5 20 flux-est[Web] 10 11 INTERPRETATION DES RESULTATS 0 0.5 1 1.5 2 2.5 1.5 2 2.5 t [Sec] 150 Wr [rad/Sec] Cem [N.m] 11 flux statorique [Wb] flux statorique [Wb] Cem [N.m] DC component = 0.2818 , THD= 42.12% 40 100 50 0 -50 On remarque, que les fluctuations du couple et du flux restent toujours à l’intérieur des bandes d’hystérésis, dans le cas DSVM-DTC (figure 11) et que les réponses de ces variables de contrôle sont rapides avec moins d’ondulations comparativement à la commande DTC classique (figure 12). 7. 0 0.5 1 t [Sec] trajectoire du flux statorique 1 0.5 0 -0.5 CONCLUSION -1 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. TAKAHASHI, T.NOGUCHI: « A new quick-reponse and highefficiency control strategy of An induction motor», IEEE Transactions on Industry Applications, IA-22(5), 1986. Y.A. CHAPUIS, D. ROYE, ET S. COURTINE : «Commande directe de couple d’une machine asynchrone par le contrôle direct de son lux», Journal de physique, III (6), 1995. C. MARTINS «Contrôle direct du couple d’une machine asynchrone alimentée par un onduleur de tension multiniveaux à fréquence imposée», In JCGE’ 98, Paris, 1998. F. Labrique, G. Séguier et R. Bausière : « Les convertisseurs de l’électronique de puissance – Tome 4 : La conversion continuealternatif » Technique et Documentation lavoisier, 1995. D. CASADEI, G. SERRA, A. TANI : « Improvement of Direct Torque Control by Using a Discrete SVM Technique », IEEE 1998. D. CASADEI, G. SERRA, A. TANI : « Implementation of a Direct Torque Control Algorithm for Induction Motors Based on Discrete Space Vector Modulation », IEEE TRANSACTIONS ON POWER ELECTRONICS, VOL. 15, NO. 4, JULY 2000. N. MUSTAPHA : « Commande directe du couple d’une machine asynchrone sans capteur mécanique», Thèse de Magister de l’université Djillali-Liabes de Sidi-Bel-Abbès, Dpt .2008. D. CASADEI, A. TANI, G. SERRA, T, Luca Zarri, et F. Profumo: « Performance Analysis of a Speed-Sensorless 0 0.5 1 Uas[V] 0 -200 0.5 0.55 0.6 t [Sec] 0.65 0.7 1 flux statorique [Wb] 1. -0.5 200 0.5 0 -0.5 -1 0 0.5 1 1.5 2 2.5 t [Sec] Fundamental (50Hz) = 1.146 , THD= 76.42% 20 Ias [A] REFERENCES -1 0 -20 0 0.5 1 1.5 2 2.5 t [Sec] Amplitudes des harmoniques [V] Dans cet article, nous avons présenté la structure du contrôle direct du couple discrétisé de la machine à induction. Dans le but d’améliorer les performances de ce contrôle (réductions d’ondulations flux et couple, fréquence de commutation stabilisé, temps de réponse rapide). Des testes de simulation de la DSVM-DTC par variation et inversement de vitesse durant les trios plages de vitesse (faible, moyenne, élevé), ont été présentés. Les résultats obtenus montrent que la DSVMDTC avec régulation de vitesse est très performante. Fundamental (50Hz) = 91.96 , THD= 124.36% 100 50 0 5 10 15 20 25 30 Rang d'harmoniques 35 40 45 50 Fig. 11. Réponse de vitesse, couple, flux et trajectoire du flux statorique. 40 ACTA ELECTROTEHNICA Induction Motor Drive Based on a Constant-SwitchingFrequency DTC scheme» IEEE TRANSACTIONS ON INDUSTRY APPLICATIONS, VOL. 39, NO. 2, MARCH/APRIL 2003. Abdelhakim HAMMOUMI Ahmed MASSOUM Abdelkader MEROUFEL Laboratoire ICEPS département d'électrotechnique Université Djillali Liabes de Sidi Bel-Abbès, Algeria E-mail: [email protected] Patrice WIRA Laboratoire MIPS-TROP, Mulhouse Université de Haute Alsace, France