COURS 9 PHYSIOPATHOLOGIE DE L`HYPERTENSION
Transcription
COURS 9 PHYSIOPATHOLOGIE DE L`HYPERTENSION
DEPARTEMENT III – SCIENCES FONCTIONNELLES Discipline de PHYSIOPATHOLOGIE Rue Tudor Vladimirescu, no. 14 300173 Timi oara, Tel/Fax: +40 256 493085 Année universitaire 2014-2015 COURS 9 PHYSIOPATHOLOGIE DE L’HYPERTENSION ARTERIELLE PLAN DU COURS: I. La tension artérielle - bref rappel physiologique II. L’hypertension artérielle (HTA) 1. Définition et classification 2. La pathogenèse générale III. Formes etiopathogéniques 1. L’HTA primaire (essentielle) 2. L’HTA secondaire IV. Les complications de l’HTA I. LA TENSION ARTERIELLE – bref rappel physiologique 1. DEFINITIONS La tension artérielle (TA) ou la pression artérielle (PA) est la force que le flux pulsatif du sang exerce sur les parois des vaisseaux artérielles, étant en même temps le facteur qui détermine la propulsion du sang et assure la perfusion normale des tissus. La tension artérielle systolique (TAS): représente la valeur maximale de la TA atteinte au cours de la systole ventriculaire (valeur normale 100 130 mmHg) dépend du volume systolique (directement proportionnelle) et de l’élasticité de l’aorte (inversement proportionnelle) augmente progressivement au cours du vieillissement (grâce à la diminution de l’élasticité artérielle), ainsi que l’HTA systolique isolée est fréquemment rencontrée chez les sujets âgés. La tension artérielle diastolique (TAD): représente la valeur minimale de la TA qui correspond à la diastole ventriculaire (valeur normale 60 90 mmHg) dépend de la résistance vasculaire périphérique (directement proportionnelle) 2. LES DETERMINANTS MAJEURS DE LA TENSION ARTERIELLE Les déterminants majeurs de la tension artérielle sont: le débit cardiaque et la résistance vasculaire périphérique. a. LE DEBIT CARDIAQUE Le débit cardiaque (DC) ou le volume de sang expulsé par le ventricule pendant une minute, représente le produit entre le volume systolique (VS) et la fréquence cardiaque (FC): DC = VS x FC le volume systolique (VS) dépend de: (1) l’inotropisme (la contractilité cardiaque), (2) la précharge (le retour veineux) et (3) la postcharge (la résistance vasculaire périphérique); la fréquence cardiaque (FC) dépend: (1) de l’innervation végétative cardiaque (sympatique avec un effet activateur et vagale avec un effet inhibiteur) et (2) du niveau de la sécrétion des catécholamines. À retenir! L’HTA par l’augmentation du DC (HTA volume dépendante) est déterminée par: l’augmentation de la contractilité et de la FC (la stimulation des récepteurs 1-adrénergiques miocardiques) l’augmentation du retour veineux par l’augmentation de la volémie (bilan positif du Na+ et de l’eau) ou du tonus veineux (la stimulation des récepteurs 1-adrénergiques vasculaires) b. LA RESISTANCE VASCULAIRE PERIPHERIQUE La résistance vasculaire périphérique (RVP) ou la force qui s’oppose au flux sanguin dans les vaisseaux varie directement proportionnelle avec la viscosité du sang ( ) et la longueur du vaisseau (L) et inversement proportionnelle à la quatrième puissance du rayon du vaisseau (r4): RVP = [8 x x L]/[ r4] Le secteur vasculaire avec la plus grande résistance au flux est celui artériolaire. Par conséquence, la RVP dépend du tonus de la musculature lisse artériolaire controlé par des mécanismes d’autorégulation, des facteurs nerveux et hormonaux. L’autorégulation du TONUS VASCULAIRE L’autorégulation du tonus vasculaire assure l’adaptation de la perfusion tissulaire aux nécessités métaboliques locales dans les conditions des variations de la pression artérielle moyenne entre 60 et 180 mmHg et se réalise par 3 mécanismes: le mécanisme METABOLIQUE la baisse de la perfusion tissulaire (hypoxie tissulaire) détermine la libération des métabolites vasodilatateurs locaux (lactate, adénosine, K+), avec la baisse de la résistance locale et le retour de la perfusion tissulaire dans des limites normales. le mécanisme ENDOTHELIAL la baisse de la perfusion tissulaire (hypoxie tissulaire) détermine la libération des facteurs vasodilatateurs locaux (NO et PGI2), avec la baisse de la résistance locale et le retour de la perfusion tissulaire dans des limites normales le mécanisme MIOGENIQUE l’augmentation de la perfusion tissulaire détermine l’augmentation de la résistance locale par l’augmentation du tonus artériolaire, avec le retour de la perfusion tissulaire dans des limites normales. À retenir! L’HTA par l’augmentation de la RVP (HTA de résistance) est le principale mécanisme qui contribue à la stabilisation et l’aggravation de l’augmentation des valeurs tensionales. L’augmentation de la perfusion des tissus (à la suite de l’augmentation du DC) détermine l’augmentation de la résistance artériolaire (RVP) pour protéger les capillaires de l’hyperperfusion et mène en temps à la persistance et l’aggravation de l’HTA. Facteurs nerveux de la régulation du TONUS VASCULAIRE Le système nerveux végétatif contrôle le tonus vasculaire par les 2 composants: sympathique à l’effet vasoconstricteur (la stimulation des récepteurs 1-adrénergiques vasculaires) parasympathyque à l’effet vasodilatateur (la stimulation de la libération de NO endothélial) Facteurs HORMONAUX de la régulation du TONUS VASCULAIRE Les facteurs hormonaux (humoraux) qui contrôlent le tonus vasculaire sont divisés dans 2 catégories: vasoconstricteurs systémiques angiotensine II (AII), catécholamines locaux endothéline 1 (ET-1), thromboxane A2 (TxA2), prostaglandines du group F, sérotonine vasodilatateurs systémiques peptides natriurétiques locaux NO, PGI2, prostaglandines du group E, kinines À retenir! La dysfonction endothéliale, qui consiste dans la libération predominante de facteurs vasoconstricteurs, contribue à l’aggravation de l’HTA et l’apparition de la lésion des ”organes cible” (HTA compliquée). 3. LES MÉCANISMES DE LA RÉGULATION DE LA PRESSION ARTÉRIELLE La régulation de la TA se réalise par 3 mécanismes: nerveux, hormonaux (humoraux) et rénaux. À retenir! La régulation à court terme (minutes, heures, jours) a à la base les mécanismes nerveux et hormonaux (humoraux), et la régulation à long terme (semaines, mois) a à la base le mécanisme rénal. I. Les mécanismes NERVEUX de la régulation de la PRESSION ARTÉRIELLE Les mécanismes nerveux de la régulation de la TA sont basés sur l’activité des barorécepteurs et chimiorécepteurs des zones réflexogènes sino-carotidienne et aortique et supposent l’apparition des réflexes presseurs et dépresseurs. a. Les réflexes BARORECEPTEURS sino-carotidiens et aortiques Définition: sont des réflexes dépresseurs déclenchés par l'augmentation de la TA Le mécanisme dépresseur: la fréquence accrue de déchargement des barorécepteurs artériels inhibe l’aire vasomotrice presseure (sympathique) et stimule l’aire vasomotrice dépresseure (parasympathique) du niveau du bulbe la réduction du tonus sympathique adrénergique diminue le DC (par la baisse de la FC et de la contractilité) et la RVP (par vasodilatation) Rôles: sont impliqués dans la régulation rapide et à court terme de la TA (ex, en passant du clinostatisme à l’orthostatisme, l'exercice, une hémorragie aiguë) sont inefficaces dans la prévention de l'apparition de l'HTA chronique en raison du phénomène de "remise à zéro" (‘reset’) des barorécepteurs (augmentation de la consigne de la pression artérielle moyenne pendant les premières 24-48 heures après l'apparition des augmentations de la pression artérielle) b. Les réflexes CHIMIORECEPTEURS sino-carotidiens et aortiques Définition: sont des réflexes presseurs déclenchés par l’hypoxémie ( PO2 artérielle), l’hypercapnie ( PCO2 artérielle) et l’acidose ( du pH artériel) Le mécanisme presseur: la fréquence accrue de déchargement des chimiorécepteurs artériels stimule l’aire vasomotrice presseure (sympathique) et inhibe l’aire vasomotrice dépresseure (parasympathique) du niveau du bulbe l’augmentation du tonus sympathique adrénergique augmente le DC (par l’augmentation de la FC et de l’inotropisme) et la RVP (par vasoconstriction) Rôles: sont impliqués dans la régulation de la ventilation pulmonaire peuvent aggraver une hypertension artérielle qui existe déjà, comme: (1) L'hypertension systémique chez les patients souffrants de l'apnée obstructive du sommeil, et (2) L'hypertension pulmonaire chez les patients souffrants de la bronchopneumopathie chronique obstructive. II. Les mécanismes HORMONAUX de la régulation de la PRESSION ARTÉRIELLE Les principaux mécanismes hormonaux (humoraux) de la régulation de la TA sont représentés par a. Le système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA) – effets locales et systémiques b. Les catécholamines (adrénaline) potentialise l'effet presseur du mécanisme nerveux sympathique c. L’hormone antidiurétique (ADH) potentialise l'effet presseur du système RAA par la rétention d'eau et l’effet vasoconstricteur limité à la circulation splanchnique d. Les peptides natriurétiques –facteurs qui contrecarrent les effets du système RAA A. Le système RENINE-ANGIOTENSINE-ALDOSTERONE Classification on décrit 2 systèmes RAA impliqués dans la régulation de la TA : 1. Le système RAA classique c’est le principal système responsable de l'augmentation de la TA par vasoconstriction et rétention hydro-saline 2. Les systèmes RAA locaux ont été décrits au niveau myocardique, vasculaire, des glandes surrénales, du cerveau et sont responsables de la production de l'angiotensine II tissulaire. L'activation de ces systèmes est considérée comme maladaptative et contribue significativement à la progression de l'HTA et au remodélage cardio-vasculaire. Le mécanisme de l’activation du système RAA – comprend la séquence suivante: 1. La production de l’angiotensine I sous l'action de la rénine, libérée par l'appareil juxtaglomérulaire rénal, l’angiotensinogène ( 2-globuline d'origine hépatique) est converti en angiotensine I (inactive) 2. La production de l’angiotensine II (A-II) sous l'action de l'enzyme de conversion, à l’action maximale au niveau de l'endothélium des capillaires pulmonaires, l'angiotensine I est convertie en angiotensine II (le plus puissant facteur vasoconstricteur) 3. La production de l’angiotensine III sous l'action des angiotensinases plasmatiques et tissulaires, l'angiotensine II est convertie en angiotensine III (le plus puissant facteur de stimulation de la sécrétion d'aldostérone) La stimulation de la libération de RENINE est régulée par 3 mécanismes: 1. Le mécanisme barorécepteur déclenché par la baisse de la pression de pérfusion rénale 2. Le mécanisme chimiorécepteur déclenché par la baisse de la concentration de Na+ du liquide tubulaire du niveau de la macule densa 3. Le mécanisme nerveux déclenché par l’augmentation de la stimulation sympathique locale et l’augmentation de la concentration des catécholamines dans le sang (par les récepteurs 1adrénergiques du niveau de l'appareil juxtaglomérulaire rénal) Les récepteurs pour L’ANGIOTENSINE II A-II agisse sur deux types de récepteurs exprimés dans les vaisseaux sanguins, le système surrénale, le système nerveux sympathique périphérique, les tubules rénaux, le cerveau et le cœur : Les récepteurs AT 1 médient les effets défavorables, représentés par la vasoconstriction et la stimulation de la prolifération cellulaire Les récepteurs AT2 médient les effets favorables, représentés par la vasodilatation et l’inhibition de la prolifération cellulaire et possiblement ont un effet anti-ischémique Les effets SYSTEMIQUES de L’ANGIOTENSINE II A-II est responsable pour l’augmentation de la TA à court terme parce que elle induit: artérioloconstriction systémique par: i) mécanisme direct, d’augmentation de la RVP ii) mécanisme indirect, stimulant la libération de noradrénaline au niveau des terminaisons nerveuses périphériques sympathiques la stimulation de la sécrétion d'aldostérone de la surrénale la rétention de Na+ et de l’eau par: i) mécanisme direct, d’augmentation de la réabsorption de Na+ au niveau du tubule contort proximal ii) mécanisme indirect, d’augmentation de la libération d’aldostérone du niveau de la surrénale l’augmentation de la libération d’hormone antidiurétique (ADH) la stimulation de la sensation de soif Les effets LOCAUX de L’ANGIOTENSINE II A-II est responsable pour l’augmentation de la TA à long terme parce que elle induit: Un effet mitogène – agisse comme facteur de croissance dans le cœur et les vaisseaux sanguins, responsable de l'hyperplasie/hypertrophie cellulaire et du remodelage cardiovasculaire par: (1) l'hypertrophie des cardiomyocytes, (2) la prolifération de fibroblastes avec la synthèse du collagène et (3) la prolifération des cellules musculaires lisses vasculaires L’aggravation de la dysfonction endothéliale - augmente l'expression des molécules d'adhésion au niveau des cellules endothéliales Un effet prothrombotique - augmente l'adhésion et l'agrégation plaquettaire B. Les peptides NATRIURETIQUES Les peptides natriurétiques sont les principaux facteurs qui contrecarrent les effets du système RAA: Le peptide natriurétique atrial (ANP, "Atrial Natriuretic Peptide") est sécrétée par l'atrium droit dans les conditions de l’augmentation de la pression de remplissage auriculaire et abaisse la TA par : l’augmentation de la natriurèse et la diurèse, la vasodilatation et l'inhibition de la libération d'ADH Le peptide cérébral natriurétique (BNP, „Brain Natriuretic Peptide”) Est libéré par les cardiomyocytes ventriculaires dans des conditions d'insuffisance cardiaque et diminue la TA par l’augmentation de la natriurèse et de la diurèse Est considéré comme un marqueur pour le diagnostic et le traitement de l'insuffisance cardiaque Le peptide natriurétique de type C est libéré par l'endothélium vasculaire et diminue la TA par vasodilatation III. Les mécanismes RENAUX de la régulation de la PRESSION ARTÉRIELLE Débit urinaire (x normal) Apport de sel et d’eau (x Le rein est impliqué dans la régulation à long terme de la TA en contrôlant le volume de liquide extracellulaire dans le cadre de 2 relations de proportionnalité directe: la relation pression artérielle moyenne - diurèse appelée aussi courbe pression-diurèse(Fig.1A) - la relation pression artérielle moyenne - natriurèse ou la courbe pression-natriurèse (Fig.1B) Pression artérielle moyenne (mmHg) Point d’équilibr Pression artérielle moyenne (mmHg) Figure 1. Le rôle du rein dans la régulation de la TA : A– la courbe pression diurèse, B– la courbe pression natriurèse (Modifié après Guyton & Hall, Texbook of Medical Physiology, 11th Ed, 2006) Principe – si l’apport de sel et d’eau reste constant, le débit urinaire (Fig.1.A) et l’excrétion rénale de Na+ et d’eau (Fig.1.B) sont strictement dépendants de la pression artérielle moyenne: - à une pression artérielle moyenne de ~ 100 mmHg – la courbe de l’apport de sel et d’eau et la courbe de l’excrétion rénale de Na + et d’eau (Fig.1.B) s’intersectent dans un point d’équilibre (à cette pression l’excrétion rénale de Na+ et d’eau équilibre l’apport de sel et d’eau et le débit urinaire est normal) - à une pression artérielle moyenne de > 100 mmHg - le débit urinaire (Fig.1.A) et l’excrétion rénale de Na+ et d’eau (Fig.1.B) augmentent pour reduire la pression artérielle moyenne à la valeur normale du point d’équilibre (~ 100 mmHg) II. L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE 1. LA DÉFINITION ET L’ÉPIDÉMIOLOGIE DE L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE Définition: L’HTA est définie par l’augmentation persistente des valeurs de la TAs 140 mmHg et/ou des valeurs de la TAd 90 mmHg (valeurs qui représentent aussi les cibles de la thérapie antihypertensive) Épidémiologie: l’HTA est considérée la plus fréquente affection du monde il y a dans le monde plus d’ 1 milliard de patients hypertensifs ( 75% de la population âgée) beaucoup d’eux sont asymptomatiques pour une longue période de temps la prévalence de l’HTA augmente en même temps que l’âge et elle est plus fréquente parmi la population de couleur l’HTA est le plus important facteur de risque pour la maladie coronarienne, l’accident vasculaire cérébral, l’insuffisance cardiaque, l’artériopathie périphérique et la maladie rénale chronique et le dépistage des valeurs tensionelles représente une priorité dans la prévention cardiovasculaire. 2. LA CLASSIFICATION DE L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE La classification ÉTIOPATOGÉNIQUE L’HTA primaire (essentielle, idiopatique): dans 92-95% des cas, d’étiologie inconnue L’HTA secondaire: dans 5-8% des cas, d’étiologie connue II. La classification en fonction des VALEURS TENSIONNELLES Le Tableau 1 comprend la classification dans les catégories des valeurs de la tension artérielle selon le Guide pour le Management de l’Hypertension Artérielle, 2007 (European Heart Journal 2007;28:14621536). Tableau 1. La classification dans les catégories des valeurs de la tension artérielle Catégorie TA optimale TA normale TA normale haute HTA degré 1 (légère) HTA degré 2 (modérée) HTA degré 3 (sévère) HTA systolique isolée TAs (mmHg) 120 120-129 130-139 140-159 160-179 180 140 et et/ou et/ou et/ou et/ou et/ou et TAd (mmHg) 80 80-84 85-89 90-99 100-109 110 90 3. LES MÉCANISMES PATHOGÉNIQUES MAJEURS DANS L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE A. L’hypertension du DEBIT L’HTA du débit (ou de volume) apparaît principalement chez les personnes jeunes et elle este nommée la phase initiale hyperkinétique de l’HTA. Le mécanisme pathogénique: l’augmentation du DC avec RVP normale Causes: l’augmentation du tonus veineux par: (1) stimulation sympato-adrénergique et (2) activation excessive du système RAA la surcharge liquidienne de l’organisme par: (1) apport excessif de sel et d’eau et (2) la rétention rénale de Na+ et d’eau avec l’altération de la relation pression-natriurèse B. L’hypertension de RÉSISTANCE L’HTA de résistance apparaît principalement chez les personnes âgées et elle est responsable de la stabilisation et l’aggravation de l’HTA (l’instalation de l’HTA compliquée). Le mécanisme pathogénique: l’augmentation de la RVP avec DC normal Causes: la vasoconstriction fonctionnelle représente l’augmentation réversible de la RVP par: (1) la stimulation sympato-adrénergique, (2) stimulation excessive du système RAA et (3) défauts génétiques des transporteurs de Na+ du niveau des membranes cellulaires l’hypertrophie vasculaire structurale représente l’augmentation irréversible de la RVP par: (1) la persistence de la vasoconstriction fonctionnelle et (2) l’insulino-résistance avec hyperinsulinisme compensatoire. III. LES FORMES ETIOPATHOGÉNIQUES DE L’HTA A. L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE PRIMAIRE 1. Etiologie: plurifactorielle et implique des: facteurs génétiques (non modificables) et facteurs de risque liés au style de vie (modificables). a. Les facteurs GÉNÉTIQUES (non modificables) La contribution des facteurs génétiques (30–40%) au développement de l’HTA se manifeste par les aspects suivants: la prédisposition héréditaire prévalence augmentée chez les sujets avec une histoire familial d’HTA la dépendence de la race prévalence et sévérité augmentée de l’HTA à la race noire dépendence de l’âge et du sexe prévalence augmentée de l’HTA au sexe masculin, pour des âges sous 55 ans et au sexe féminin, pour des âges au-dessus de 55 ans affection polygénique qui suppose l’association avec des polymorphismes des gènes qui codifient les composants du système RAA (l’angiotensinogène, l’enzyme de conversion de l’angiotensine, les récepteurs AT1), les récepteurs adrénergiques, les transporteurs membranaires de Na+ et Ca2+ (défauts associés à la sensibilité vis-à-vie du régime hypersodé) b. Les facteurs de risque liés au STYLE DE VIE (modificables) Les facteurs de risque liés au style de vie qui conduisent à l’augmentation supplémentaire de la TA sont: L’obésité et le syndrome métabolique (associés à l’insulino-résistance et l’hyperinsulinisme) Le diabet sucré type 2 La dys-/hyperlipidémie (hypercholestérolémie) La consommation augmentée de sel (valeur recommandée de 6 g/jour) Le stress psychique La consommation d’alcool en grandes doses La baisse de l’apport en potassium, magnésium, calcium 2. Pathogenèse: À la base du développement de l’HTA primaire on a l’alteration de ces 3 mécanismes regulatoires: nerveux, hormonaux (humoraux) et rénaux. A. Le rôle des MÉCANISMES NERVEUX Le mécanisme nerveux responsable de l’HTA primaire est représenté par la stimulation sympatoadrénergique excessive (hyperactivité nerveuse sympathique périphérique) par la libération de catécholamines du niveau des terminaisons nerveuses adrénergiques (noradrénaline) et du niveau de la médulosurrénale. Causes: les facteurs génétiques (la prédisposition héréditaire) le stress psychique le syndromul d’apnée obstructive du sommeil l’activation des chémorécepteurs artériels par épisodes répétés d’hypoxémie/hypercapnie détermine l’HTA par l’augmentation du tonus sympathique Effets: cardiaques l’augmentation du DC par effet inotrope positif et cronotrope positif (la stimulation des récepteurs 1-adrénergiques cardiaques) vasculaires artériolo-constriction, augmentation du tonus veineux et de la précharge (stimulation des récepteurs 1 - adrénergiques vasculaires) rénaux activation de la libération de rénine (stimulation des récepteurs 1 – adrénergiques du niveau de l’appareil juxtaglomérulaire rénal) Formes cliniques d’HTA associées à la stimulation excessive sympato-adrénergique: HTA chez l’adulte jeune HTA chez les patients obèses avec apnée obstructive du sommeil HTA des stades incipients du diabète sucré B. Le rôle DES MECANISMES HORMONAUX (HUMORAUX) Caractéristiques : Les mécanismes hormonaux impliqués dans la pathogène HTA primaires sont l’activation du système RAA et les troubles liés à la sécrétion / l’action de l’insuline associée à l’obésité et au syndrome métabolique. Ces mécanismes sont responsables du développement, de la stabilisation (HTA chronique) et de la progression HTA (HTA compliquée). Modifications pathologiques : L’ACTIVATION excessive du système RAA – voir les rôles de l’angiotensine II. Le rôle de l’INSULINORESISTANCE et de L’HYPERINSULINISME L’insulinorésistance/l’hyperinsulinisme contribue à la progression de l’HTA primaire par l’aggravation de la dysfonction endothéliale et de l’athérosclérose par les mécanismes suivants: La stimulation de la prolifération de la musculature lisse vasculaire Augmentation supplémentaire de l’activation sympathique La diminution de la production endothéliale de NO La potentialisation des effets de remodélage vasculaire de l’A-II Effet pro-inflammatoire et pro-thrombotique Le rôle de L’OBESITE ABDOMINALE & du SYNDROME METABOLIQUE L’obésité abdominale (centrale, androïde) est définie par l’augmentation de la circonférence abdominale 94 cm chez les hommes européens et 80 cm chez les femmes européennes secondairement à la présence du tissu adipeux prépondérant au niveau abdominal et viscéral. Elle contribue au risque hypertensif par les mécanismes suivants: L’hypersécrétion de la leptine par les adipocytes qui détermine des modifications hémodynamiques par l’augmentation de la stimulation sympathique au niveau central et par l’activation du système RAA La libération de l’angiotensinogène des adipocytes, détermine l’augmentation du substrat du système RAA La synthèse d’un précurseur du fibrinogène par les adipocytes détermine l’augmentation de la viscosité du sang Le syndrome métabolique (cardiométabolique) est défini par la présence de l’obésité abdominale (critère obligatoire) plus minimum 2 des critères suivants: - L’augmentation des TG 150 mg/dl - La réduction HDL - cholestérol < 40 mg/dl chez les hommes < 50 mg/dl chez les femmes - L’augmentation de la TAS 130 et / ou TAD 85 mmHg ou HTA diagnostiquée - La glycémie à jeun 110 mg/dl ou DS type II diagnostiqué. D. Le rôle DES MECANISMES RENAUX Dans l’HTA essentielle il y a une incapacité génétique et / ou acquise du rein d’éliminer le Na+ et l’eau en excès, manifestée par l’altération de la relation pression - natriurèse. Dans l’HTA SENSIBLE AU SEL, l’excess de Na+ dans l’organisme détermine: Au niveau extracellulaire l’augmentation de la volémie, de la pré-charge et du DC Au niveau intracellulaire – l’accumulation de Na+ au niveau des parois vasculaires, qui peut avoir les suivantes conséquences: au niveau de l’intime vasculaire détermine l’aggravation de la dysfonction endothéliale au niveau de la média vasculaire détermine l’augmentation du tonus de la musculature lisse vasculaire et la réactivité vers l’action des catécholamines et de l’AII au niveau des zones barorécepteurs détermine l’endurcissement des parois artérielles et la diminution de la sensibilité des barorécepteurs b) L’HYPERTENSION ARTERIELLE SECONDAIRE 1. Définition: l’HTA secondaire est causée par toute affection qui augmente le DC ou la RVP. 2. Etiologie L’hypertension secondaire RENALE L’hypertension secondaire ENDOCRINE L’hypertension secondaire DE CAUSE MECANIQUE (la COARCTATION D’AORTE) L’hypertension SECONDAIRE RENALE A. L’hypertension RÉNALE PARENCHYMATEUSE (rénoprive) Définition : L’HTA rénoprive représente la cause la plus fréquente de HTA secondaire à l’adulte et elle est déterminée par la réduction du parenchyme rénal et la diminution de la filtration glomérulaire. Causes: - la néphropathie diabétique (la plus fréquente) - les glomérulonéphrites chroniques - les pyélonéphrites chroniques - le rein polykystique Mécanismes pathogéniques: mécanisme PRINCIPAL l’altération de la fonction rénale d’excrétion détermine la diminution de la capacité d’élimination de Na+ et d’H2O, l’augmentation de la volémie et du DC mécanisme secondaire activation du système RAA dans les conditions de la baisse de la filtration glomérulaire, qui détermine la stabilisation et l’aggravation de l’augmentation initielle de la TA Investigations biochimiques: Rénine plasmatique augmentée Créatinine sérique augmentée Sommaire d’urine pathologique par la présence de la protéinurie et / ou de l’hématurie ou de la leucocyturie B. L’hypertension RÉNOVASCULAIRE Définition : L’HTA rénovasculaire est la conséquence de la sténose uni- (rarement bilatérale) de l’artère rénale. Causes: La maladie athérosclérotique dans 2/3 des cas, prédominant chez les personnes âgées La dysplasie fibromusculaire de la média dans 1/3 des cas, prédominant chez les jeunes femmes Mécanisme pathogénique: l’activation du système RAA secondaire à la diminution de la perfusion rénale Manifestations cliniques: souffle abdominal (épigastrique) à haute tonalité Investigations biochimiques: Rénine plasmatique augmentée Hypokaliémie (par hyper ALDO secondaire) L’hypertension SECONDAIRE ENDOCRINE A. L’hypertension du PHÉOCHROMOCYTOME Cause: tumeur du tissu chromaffine (elle contient des terminaisons nerveuses sympathiques qui peuvent être mises en évidence par la coloration avec du chrome) de la médullosurrénale (85% des cas) et des ganglions sympathiques (15% des cas) du niveau abdominal Mécanisme pathogénique: la décharge excessive de catécholamines par la stimulation sympathique Manifestations cliniques: crises paroxystiques de HTA associées avec la triade: céphalée, palpitations, transpirations profuses (plus de 50% des cas) ou HTA stable Investigations biochimiques: élimination urinaire augmentée des catécholamines et des métabolites de ceux-ci (normétanéphrine, metanéfrine, l’acide vanilmandélique) B. L’hypertension de L’HYPERALDOSTÉRONISME PRIMAIRE Cause: tumeur de corticosurrénale (adénome unilatéral, le syndrome Conn) ou hyperplasie glandulaire bilatérale Mécanismes pathogénique: l’hypersécrétion primaire de corticoïdes minéraux (aldostérone) détermine l’HTA par la rétention hydrosaline Investigations biochimiques: niveau plasmatique d’aldostérone augmenté rénine plasmatique diminuée (les effets de l’excès d’aldostérone inhibent la libération de la rénine) hypokaliémie alcalose métabolique C. L’hypertension du SYNDROME de CUSHING Cause: l’hyperplasie diffuse de corticosurrénale (déterminée par l’hypersécrétion d’ACTH par un adénome hypophysaire ou une tumeur périphérique) ou l’adénome de corticosurrénale Mécanismes pathogénique: l’hypersécrétion primaire de glucocorticoïdes (cortisol) détermine l’HTA par rétention hydrosaline et la stimulation de la synthèse des éléments du système RAA Des manifestations cliniques: hypertension (> 80% cas) associée à un aspect “cushingoid” (facies „de lune pleine”, obésité centrale, l’atrophie de la musculature des extrémités, hirsutisme) Investigations biochimiques: Le test de suppression à dexaméthasone négatif Le cortisol dans l’urine / 24 heures augmenté D. L’hypertension du traitement avec des ANTICONCEPTIONNELS ORAUX Cause: l’administration d’anticonceptionnels œstrogéniques Mécanisme pathogénique: les œstrogènes augmentent la synthèse hépatique d’angiotensinogène, et l’excès de substrat détermine l’HTA par l’activation excessive du système RAA L’hypertension SECONDAIRE D’ORIGINE MECANIQUE (de la COARCTATION D’AORTE) Cause: mécanique par la sténose de l’isthme aortique (l’étroitement congénital du lumen de l’aorte, le plus fréquent dans la portion initiale de l’aorte descendante) Mécanismes pathogéniques: L’augmentation de la TA proximal de la coarctation détermine l’endurcissement des parois artérielles du niveau de la crosse aortique (l’hyperplasie de la tunique moyenne et ATS accélérée) et la désensibilisation des barorécepteurs La diminution de la TA distal de la coarctation détermine la diminution de la perfusion rénale et l’activation du système RAA Manifestations cliniques: hypertension systolique au-dessus de la sténose (membres supérieurs, l’extrémité céphalique) diagnostiquée dans l’enfance ou l’adolescence, accompagnée par un souffle mésosystolique à irradiation inter-scapulaire hypotension artérielle sous le niveau de la sténose (membres inférieurs, tronc) à pulse fémoral diminué / absent ou attardé par rapport au pulse radial IV. LES COMPLICATIONS DE L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE 1. Caractéristiques: HTA primaire est asymptomatique pour une période relativement longue de temps Dans le moment de son apparition, la symptomatologie est la conséquence des effets de l’HTA à long terme du niveau des organes «cible»: cœur, cerveau, rein, artères et yeux (rétine) (Tableau 3). Tableau 3. Les lésions des organes cible et les mécanismes responsables pour l’HTA compliquée Organe cible Myocarde Mécanismes pathogéniques L’augmentation de la postcharge et du travail mécanique L’augmentation du nécessaire de O2 Effets pathologiques Hypertrophie ventriculaire gauche concentrique (dysfonction diastolique) Insuffisance cardiaque gauche (dysfonction systolique) Artères coronaires La diminution du flux sanguin coronaire et de l’offre de O2 Athérosclérose accélérée Cerveau La diminution du flux sanguin cérébral Athérosclérose accélérée Reins La lésion des parois vasculaires AVC hémorragique Anévrisme cérébral La démyélinisation de la substance blanche sous corticale La stimulation de la sécrétion de rénine et aldostérone Démence vasculaire La diminution du flux sanguin rénal La baisse de la filtration glomérulaire L’augmentation de la pression dans les artérioles rénales Artériolosclérose hyaline Aorte Artères périphériques des membres inférieures Rétine Angine de poitrine Infarctus du myocarde Mort subite Accidents ischémiques transitoires AVC ischémique Lacunarisme cérébral La lésion du paroi vasculaire La diminution du flux sanguin périphérique Athérosclérose accélérée Augmentation de la pression artériolaire Legende: AVC = accident vasculaire cérébral Rétention hydrosaline et l’aggravation de l’hypervolémie Néphrosclérose Maladie rénale chronique Insuffisance rénale Anévrisme disséquant Claudication intermittente Gangrène Artériopathie hypertensive (sclérose vasculaire avec l’étroitement du lumen vasculaire) Rétinopathie hypertensive (exsudats et hémorragies rétiniennes, oedème papillaire) 2. Mécanismes pathogéniques l’altération structurale et fonctionnelle des organes «cible» est déterminée principalement, par: L’augmentation de la post -charge responsable pour l’augmentation secondaire du travail mécanique cardiaque et du nécessaire d’O2 du myocarde (Fig.2) La lésion des parois artérielles déterminée par la combinaison entre: (1) l’augmentation chronique de la pression exercée sur les parois artérielles avec l’hypertrophie du muscle lisse vasculaire, la dysfonction endothéliale et l’altération des fibres élastiques, et (2) l’athérosclérose accélérée Les lésions vasculaires participent à l'initiation et la progression de l'HTA par : la dysfonction endothéliale (diminution de NO / augmentation de l'ET-1) mais sans pouvoir préciser si ça c'est la cause ou la conséquence de l'HTA le remodélage vasculaire - augmente l’épaisseur de la média artérielle (un marqueur du remodélage vasculaire dans l'HTA) par rapport au diamètre du lumen vasculaire l’augmentation de la rigidité artérielle – explique l’HTA systolique isolée chez les personnes âgées Post-charge Dysfonction systolique Lésions artérielles Nécessaire de O2 Dysfonction diastolique A. coronaires A. cérébrales Offre de O2 Insuffisance cardiaque Altération des parois vasculaires ATS accélérée Aorte A. cérébrales A. rénales A. ophtalmiques AVC ischémique Anévrisme et dissection Ischémie et infarctus du myocarde AVC hémorragique Néphrosclérose et insuffisance rénale Rétinopathie Figure 2. Pathogenèse des principales lésions d’organe cible de l’HTA compliquée. (Modifiée après Lilly et al., Pathophysiology of Heart Disease, 2011) 3. L’hypertension MALIGNE (HTA accélérée) Définition: l’augmentation sévère d’HTA, potentiellement fatale, caractérisée par l’augmentation rapide des valeurs TAd 130 mmHg et compliquée par l’affectation rapidement progressive des organes «cible» Etiologie: elle est fréquemment rencontrée chez les femmes comme une complication de la grossesse, chez les patients jeunes ayant des maladies rénales ou de collagène et chez les jeunes hommes nègres Mécanisme pathogénique: la lésion vasculaire caractéristique est la nécrose fibrinoïde des parois des artères de petit calibre et des artérioles Manifestations cliniques: hémorragies, exsudats rétiniens (± œdème papillaire) sont mis en évidence à l’examen du fond d’œil vasoconstriction cérébrale intense c’est l’expression du mécanisme myogénique d’autoréglage de la circulation cérébrale et de protection du cerveau contre les valeurs pressionnelles augmentées encéphalopathie hypertensive (± œdème cérébral) signifie le dépassement du mécanisme myogénique d’autoréglage et il se manifeste par la céphalée sévère, des vomissements, des troubles visuels (cécité transitoire), paralysies transitoires, convulsions, stupeur, coma insuffisance rénale progressive se manifeste par oligurie, rétention azotée, acidose métabolique, protéinurie insuffisance cardiaque progressive résistance relative au traitement anti-hypertensif