Discours de Guy Hagège, président de Nexem, lors de la soirée

Transcription

Discours de Guy Hagège, président de Nexem, lors de la soirée
Discours du président Guy HAGEGE
Lancement de Nexem,
le 14 décembre 2016, Musée d’Art moderne de la ville de Paris
Madame la Ministre en charge du Commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale
et solidaire,
Madame l’adjointe au Défenseur des Droits,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Député,
Monsieur le Secrétaire général du Comité interministeriel du handicap,
Madame la directrice de la CNSA,
Madame la représentante de la Direction générale de la Cohésion sociale,
Monsieur le Directeur de l’ARS ile de France,
Monsieur le représentant de la Direction de la Protection judiciaire de la jeunesse
Mesdames et Messieurs, chers adhérents, chers amis
Je suis très honoré et très heureux de vous accueillir tous ce soir au Musée d’Art Moderne, ce haut lieu de
la culture parisienne et française, lieu chargé d’histoire qui, depuis plusieurs décennies, nous permet de
découvrir de grands artistes qui ont marqué le XXème siècle.
Je vous accueille cette fois-ci au nom de Nexem, une nouvelle organisation professionnelle d’employeurs
du secteur sanitaire, social et médico-social à but non lucratif. Cette naissance s’inscrit dans une
dynamique et un mouvement irrépressible, ceux d’un monde en mutation qui remodèle profondément nos
modes de pensées et d’action
L’accompagnement des personnes handicapées et des personnes âgées, la lutte contre l’exclusion, la
protection de l’enfance, au sein d’une société inclusive (expression qui pour moi est pléonastique) portés
par une économie sociale et solidaire, voilà, en quelques mots, une représentation de ce que sera
Nexem.
Nexem, c’est tout d’abord une nouvelle organisation des acteurs de l’action publique, impliquant une
nouvelle répartition de leurs rôles. L’État est naturellement l’acteur premier de l’action publique, la France
en ayant depuis longtemps consacré la prééminence dans l’identification de l’intérêt général et la
traduction dans les politiques publiques.
Siège social : 14, rue de la Tombe-Issoire - 75014 Paris I Bureaux : 3, rue au Maire - 75003 Paris
Tél. 01 55 45 33 00 - Fax : 01 55 45 33 01 - [email protected]
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Cette prééminence n’a cependant jamais signifié une forme d’exclusivité : l’État a en effet depuis toujours
partagé l’appréhension de l’intérêt général avec d’autres acteurs, publics pour certains, avec en premier
lieu les collectivités territoriales privés pour d’autres (syndicats, organisations professionnelles,
associations, et bien d’autres).
Ce partage, nécessaire pour l’effectivité de l’action publique, exige une responsabilité des acteurs
concernés les uns envers les autres et une nécessaire complémentarité des rôles et missions. C’est cette
répartition qui est interrogée aujourd’hui, par un questionnement sur la représentativité des acteurs et sur
leur légitimité à porter les intérêts et attentes du collectif. Cette interrogation est utile, si elle vise à
construire une nouvelle manière de construire et de vivre ensemble. Elle est destructrice, si elle n’est pas
porteuse de propositions et de dépassement.
C’est ensuite une interpellation sur ce que l’on appelle, peut-être un peu facilement, « un modèle
social ». On constate partout dans le monde la montée des inégalités et la remise en cause de la
solidarité. Alors même que nous vivons l’augmentation constante et l’émergence de besoins sociaux
nouveaux, la réponse accordée par la société est sans cesse réinterrogée, pour des raisons politiques ou
économiques. Là aussi, cette interrogation est salutaire, si elle permet la reconstruction du lien social. Elle
est funeste, s’il s’agit d’abandonner tout espoir d’offrir un monde meilleur aux personnes les plus fragiles.
C’est enfin l’émergence d’un nouveau monde technologique, où le numérique révolutionne notre
société, nos moyens de transport, nos habitations, nos loisirs et notre environnement professionnel mais
aussi nos pratiques en matière d’accompagnement. Un nouveau monde, dans lequel le numérique
accélère le temps pour faire, penser, vivre. Un nouveau monde qui fait appel à de nouveaux modes de
pensées, de vie, de travail, qui remet en question nos savoirs, nos métiers et finalement nos certitudes.
C’est un nouveau monde porteur d’espoir et de progrès pour qui sait l’investir, de désillusion et de perte
pour qui ne veut ou ne peut l’appréhender. C’est une révolution technologique qui exige tout autant qu’elle
permet la découverte et l’innovation.
Le secteur social et médico-social et sanitaire à but non lucratif se trouve aujourd’hui au carrefour de ces
mutations et interrogations. Il est donc confronté à un double enjeu : le premier est celui de son
adaptation à ce monde qui change, pour bénéficier de son aspiration et ne pas subir ses contraintes.
Pour ce faire, il doit se doter d’une capacité d’anticipation. Le second enjeu est de celui de sa
participation au mouvement, pour peser dans les décisions et les choix qui vont structurer la société de
demain. Pour ce faire, il doit se doter d’une capacité d’action. Pour répondre à ces enjeux, il faut une
dynamique.
L’histoire de cette dynamique, c’est l’histoire de Nexem.
Il y a deux ans, un peu plus de deux ans, une dizaine de personnes se sont retrouvées pour échanger sur
les enjeux de notre secteur. Profitant d’un cadre champêtre et d’un climat avenant, le petit groupe
échange sur le secteur, son histoire et son avenir. Partageant le constat d’un monde en mouvement, les
participants ont bien conscience que le secteur n’est pas prêt, à cet instant, à affronter les mutations en
cours et à venir. Trop d’histoires entre les acteurs qui le représentent et l’incarnent, trop de
désorganisation, trop de dispersion. Trop d’acteurs peut-être ? De cette question, nait peu à peu l’idée
d’un projet, d’un élan qui pourrait entraîner le secteur du sanitaire, social et médico-social à but non
lucratif dans la modernité et l’inscrire dans l’avenir : et s’il était possible de créer une nouvelle organisation
professionnelle, forte de la légitimité de ses fondateurs mais débarrassée de leur passé peut-être
encombrant ? Une idée intéressante mais saugrenue, entre les représentants de deux organisations, la
Fegapei et le Syneas, qui n’ont pas partagé les meilleures relations jusqu’alors.
Une proximité objective se fait jour progressivement : un cadre conventionnel les réunit, puisque les deux
organisations sont signataires d’une même convention collective ; son obsolescence aussi !
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Par ailleurs, elles se sont fixées les mêmes missions : outre le dialogue social, elles accompagnent leurs
adhérents au quotidien et investissent les politiques publiques qui les impactent. Enfin, toutes deux sont
dotées d’un projet politique et stratégique avec la société inclusive comme horizon, et l’action comme
moyen d’y parvenir.
Le petit groupe en est convaincu : il est non seulement possible mais nécessaire de pousser l’idée d’un
rapprochement des deux organisations pour créer une nouvelle organisation professionnelle
d’employeurs. Vient alors le temps d’une ambition commune et le début d’un processus qui va occuper
pendant de nombreux mois toutes les équipes des deux organisations : les représentants politiques, les
délégations régionales, les collaborateurs, les adhérents.
Tous vont travailler à cet élan, à cette dynamique qui va permettre de transformer une idée estivale en
projet politique, présenté et validé à une très grande majorité en 2015, puis en projet opérationnel, voté en
juillet 2016 par les assemblées générales.
En deux ans, le constat d’un monde qui change et la volonté d’y participer ont permis à la Fegapei
et au Syneas de créer la première organisation professionnelle d’employeurs du secteur sanitaire,
social et médico-social à but non lucratif. Elle représente 10 000 établissements et services, qui
emploient plus de 300 000 salariés, et couvre tout le périmètre du secteur : handicap, personnes
âgées, protection de l’enfance, insertion, protection juridique des majeurs, sanitaire.
Et pour illustrer cette irruption dans ce monde qui change, cette nouvelle organisation s’est trouvé un nom
fort, un nom qui marque, un nom qui entraîne : Nexem. Un nom nouveau, inventé pour incarner ce projet
d’avenir, un nom qui traduit au gré des langages l’idée de lien, d’avenir, de proximité entre les êtres, et
une signification qu’on retrouve dans la charte graphique choisie pour l’exprimer.
Ce soir, après deux années de travail, de joies et d’efforts, le Syneas et la Fegapei font place à Nexem. Et
si nous avons choisi de fêter cette naissance, c’est moins pour marquer la fin d’un processus que le début
d’une aventure.
Nexem, plus qu’une intention, doit être une réalité.
Nexem, plus qu’une promesse, doit être une force en mouvement.
Nexem, plus qu’un projet, doit être une évidence. L’évidence d’être un acteur incontournable du
secteur, une évidence pour nos adhérents, qui veulent être accompagnés dans un monde qui s’ouvre et
se complexifie et représentés pour faire vivre leurs valeurs et leurs attentes. Une évidence pour les
pouvoirs publics, qui doivent voir en Nexem un acteur qui interpelle, qui propose, qui développe,
un acteur qui critique aussi, non pour refuser mais pour construire.
En tant que Président de Nexem, cette évidence est mon objectif. À l’aube d’un monde qui change,
Nexem se veut être un acteur du changement. C’est un message fort que je souhaite relayer ici, au nom
d’une volonté inébranlable : Nexem veut et va agir dans l’espace public et politique :
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pour une branche professionnelle forte et reconnue, dotée d’un environnement
conventionnel commun à la hauteur des enjeux et des attentes ; il s’agit de construire une
nouvelle convention collective unique, dans le cadre d’un dialogue social serein et responsable. Il
s’agit aussi de penser l’écosystème dans lequel doit s’inscrire cette future convention collective,
en interrogeant, par exemple, les notions d’opposabilité ou de financement ;
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pour une économie sociale et solidaire davantage prise en compte et investie dans les
politiques publiques. Si les employeurs de l’économie sociale et solidaire sont maintenant
reconnus par le législateur et les pouvoirs publics, la concrétisation de cette reconnaissance doit
se poursuivre. Nexem, vous le savez, est adhérent à l’UDES. ( j’ en profite pour saluer son
président, Hugues Vidor ) ;
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pour une meilleure appréhension de notre secteur dans toutes les politiques publiques qui
le concernent, avec un regard employeur en lien et complémentarité avec les autres fédérations
et unions. C’est en effet grâce à une meilleure coordination de l’action collective que nous
pourrons apporter à notre secteur la reconnaissance et la prise en compte qu’il mérite. Des
complémentarités résolument modernes, qui font passer le contenu avant le contenant, les
projets politiques avant les outils, un regard vers le futur et non un retour à un passé dépassé, et
qui mettent en priorité les actions communes au profit des personnes avant toute question sur je
ne sais quelle légitimité à agir.
Le secteur social et médico-social et sanitaire à but non lucratif représente plus de 30 000 établissements,
qui emploient 700 000 salariés.
C’est un secteur économique parmi les plus importants de notre pays, avec une implantation forte sur
tout le territoire, tant citadin que rural.
C’est un lieu essentiel de construction et de maintien du lien social, nos associations intervenant
auprès des personnes les plus vulnérables et fragiles de la société, au service d’une plus grande
solidarité.
C’est un secteur indispensable à la mise en œuvre des politiques publiques, sur des sujets
sociétaux aussi importants que le vieillissement, le handicap, la jeunesse ou l’insertion. Et pourtant, c’est
un secteur peu visible, discret, presque caché, par pudeur, par peur d’embarrasser, par manque de
volonté peut-être.
Le monde de demain, le monde d’aujourd’hui exige un secteur social, médico-social et sanitaire à la
hauteur de son apport à la société.
Nexem se réclame de cette exigence, certes pour les associations et organisations du secteur non
lucratif qu’il représente, mais aussi et surtout pour les personnes les plus fragiles que nous
accompagnons et accueillons chaque jour dans nos établissements et dans leur vie quotidienne.
Madame la ministre, merci à nouveau de votre présence parmi nous et de l’intérêt que vous portez à notre
secteur et à notre organisation.
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