approche indicielle disciplinée

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approche indicielle disciplinée
PROFIL
LES CONSEILLERS
PRIVILÉGIENT
LES FNB
QUI DONNENT
UNE EXPOSITION
À UN VASTE PANIER
DE TITRES.
Dans l’ordre habituel, James Parkyn et François Doyon La Rochelle, gestionnaires
de portefeuille chez PWL Capital.
APPROCHE
INDICIELLE
DISCIPLINÉE
PAR YAN BARCELO
14 Guide des FNB • Mai 2016 de Finance et Investissement
P
WL Capital a été un pionnier au
Canad­a dans la composition de portefeuilles essentiellement constitués
de fonds négociés en Bourse (FNB).
« Nous le faisons de façon étendue
depuis 2001 », souligne James
Parkyn, cofondateur de PWL Capital, gestionnaire de portefeuille et conseiller en placement.
Rien d’étonnant, puisque les FNB sont un outil
tout désigné pour concrétiser sa philosophie
d’investissem­ent. « Nous ne croyons pas du tout
qu’on peut prédire l’évolution des secteurs et des
marchés », affirme François Doyon La Rochelle,
gestionnaire de portefeuille et conseiller en placement chez PWL. Ces conseillers jugeaient « défectueuse » la gestion active par l’intermédiaire des
fonds communs de placement. « La recherche
montre que les gestionnaires ne réussissent pas à
battre les marchés d’une façon soutenue », affirme
James Parkyn.
Selon eux, la sélection de titres et la synchronisation des marchés ne sont pas susceptibles
d’ajouter de la valeur : l’approche la plus judicieuse consiste simplement à tirer parti des rendements des marchés mondiaux.
Ainsi, ils cherchent essentiellement à exposer
leurs clients à différentes catégories d’actif et de
marchés mondiaux qui sont non corrélées. « Nous
misons sur des catégories d’actif comme l’immobilier et sur de grandes régions géographiques,
note François Doyon La Rochelle. Nous achetons
alors l’ensemble des marchés boursiers, y compris
l’Europe, l’Asie, les États-Unis et le Canada. Et
nous évitons tous les FNB exotiques comme ceux
à effet de levier, à vente d’options de vente, etc. »
Les conseillers en placement sont donc à la
PHOTOS PAR JÉRÔME L AVALLÉE
recherc­he du rendement du marché ou du coefficient bêta du marché, plutôt que de l’alpha d’un
portefeuilliste, qui mesure la surperformance
d’un fonds par rapport à son indice de référence.
« Nous cherchons à réaliser un rendement qui
soit le plus proche possible de celui du marché,
nous n’essayons pas de le battre », fait ressortir
François Doyon La Rochelle.
Lorsque l’équipe de PWL choisit des FNB, elle
privilégie ceux de type broad market (marchés
étendus). Ces FNB visent une exposition à un
vaste panier de titres financiers.
Ainsi, les deux conseillers n’achètent pas un
FNB qui reproduit l’indice S&P 500, ni même le
Russell 3000, le panier de titres sous-jacents étant
trop restreint selon eux. Ils visent l’ensemble des
quelque 4 000 titres américains en achetant un
FNB comme le Vanguard Total Stock Market ETF
(symbole boursier VTI), qui englobe près de
100 % des titres américains négociés sur les marchés publics. Ce panier très diversifié comprend
des titres de toutes les tailles de capitalisation
boursière et qui sont autant associés au style
« valeu­r » qu’au style « croissance ».
Ils adoptent aussi le même genre d’exposition
lorsqu’ils investissent dans les autres marchés
internation­aux, en privilégiant par exemple le
Vanguard Total International Stock ETF (VXUS).
Ce dernier procure une exposition aux principales actions sur les marchés hors États-Unis.
Les conseillers s’exposent également à deux
secteurs, en raison de leur faible corrélation aux
marchés des actions et des obligations : l’immobilier surtout, et les services publics dans une certaine mesure.
Cette diversification très étendue évite qu’un
client ne soit exposé à un secteur ou à une région
géographique en déconfiture. Par exemple, la mauvaise tenue récente du marché canadien peut être
compensée par la vigueur du marché américain.
Les portefeuilles des deux partenaires abritent
aussi des fonds communs, mais d’un seul fournisseur : Dimensional Fund Advisors. « Ils ont une
grande expérience de développement d’outils de
niveau institutionnel à bas prix pour saisir les
primes de risque des titres de petite capitalisation
et de valeur », souligne James Parkyn.
Par ailleurs, il y a un certain biais dans leur
philosophie d’investissement, car leur portefeuille
privilégie deux dimensions des marchés : les
titres de valeur et de petite et moyenne capitalisation. « Nous cherchons à obtenir le meilleur du
marché », reconnaît François Doyon La Rochelle.
Cependant, il ne s’agit pas uniquement de sélectionner des FNB qui ont un biais « valeur » ou
« petite capitalisation ». Le simple fait de recourir
à des FNB broad market assure que la performance
des petites et moyennes capitalisations sera obtenue, de même que celle des titres de valeur,
puisque « c’est dans les petites/moyennes capitalisations qu’on trouve le plus de titres “valeur” »,
note François Doyon La Rochelle.
Ces orientations de base trouvent leur ancrage
et leur justification dans les travaux des chercheurs universitaires Eugene Fama, de l’Univer­
sité de Chicago, et Kenneth French, du Dartmouth
College, qui confirment la meilleure performance
à long terme des titres de valeur et des titres de
petite et moyenne capitalisation par rapport aux
titres de grande capitalisation. « La “valeur”, elle
Selon eux, la sélection de titres et la synchronisation des marchés ne sont pas susceptibles
d’ajouter de la valeur : l’approche la plus judicieuse consiste simplement à tirer parti des
rendements des marchés mondiaux.
aussi, performe mieux que la “croissance” à long
terme », souligne François Doyon La Rochelle.
MISER SUR LES HONORAIRES
Les conseillers de PWL utilisent également des
FNB en raison de leur mode de rémunération.
Dès sa fondation en 1996, PWL Capital adoptait
un mode de rémunération par honoraires. « Les
frais de gestion très bas des FNB s’intégraient
bien à notre approche, où les comptes étaient à
base d’honoraires, indique James Parkyn. Nous
voulions être du même côté que le client. »
Les conseillers choisissent également soigneusement leur FNB en fonction de leur ratio de frais
de gestion. Les deux partenaires recherchent les
frais les plus bas, ce qui les mène à privilégier les
produits de Vanguard qui, à titre de mutuelle, « ne
cherche pas à générer des frais sur le dos des investisseurs », signale François Doyon La Rochelle.
Les conseillers s’en tiennent uniquement aux
FNB de base dont l’indice sous-jacent reflète la capitalisation boursière (market cap weighted). « On
pense que les approches de type équipondérées
ou smart bêta sont seulement d’autres façons d’aller chercher les biais valeur et petite et moyenne
capitalisation, note François Doyon La Rochelle.
De plus, le besoin de préserver la pondération des
FNB accroît la nécessité de négocier, et cela réduit
leur efficacité fiscale. »
Malgré leur biais en faveur de la gestion passive, les conseillers gèrent certains éléments
propres au compte du client, notamment l’exposition aux devises étrangères.
Leur analyse est basée sur les tendances historiques. Par exemple, quand le dollar canadien
s’échangeait à un sommet par rapport à la devise
américaine il y a un peu plus d’un an et qu’il était
susceptible de plafonner, ils ont choisi de ne plus
couvrir la devise canadienne, une décision qui
s’est avérée très favorable.
Il faut dire que la décision de couvrir ou non le
risque de devise est un incontournable dans les
portefeuilles de clients qui, en général, sont investis aux deux tiers hors Canada.
Par ailleurs, les portefeuilles des clients sont
rééquilibrés périodiquement lorsqu’il y a un écart
par rapport à la pondération cible de la politique
de placement.
Aujourd’hui, PWL gère un actif total de 1,4 G$,
l’actif spécifique de James Parkyn et de François
Doyon La Rochelle s’élevant à 460 M$.
Quels résultats un tel travail procure-t-il ? PWL
Capital affiche sur son site Web divers portefeuilles modèles, bâtis selon cinq profils types de
clients : conservateur, prudent, équilibré, affirmé,
dynamique. Chaque client se voit assigner un
portefeuille différent à partir d’une sélection
d’une soixantaine de FNB et de fonds communs.
Pour sa part, le portefeuille modèle est composé
de 11 FNB et fonds communs, comme le Vanguard Canadian Short-Term Bond Index ETF, le
Dimensional Canadian Vector Equity Fund Class,
le iShares Core MSCI EAFE IMI Index ETF.
Au 31 décembre 2015, les rendements annualisés sur trois ans des cinq portefeuilles modèles
énumérés précédemment, allant du plus conservateur au plus dynamique, sont de 5,55 %, de
6,71 %, de 7,85 %, de 8,99 % et de 10,12 %, respectivement. Sur 10 ans, ils sont de 4,71 %, de 4,99 %,
de 5,24 %, de 5,45 % et de 5,62 %. Les plus faibles
rendements d’un an, comme il fallait s’y attendre,
remontent à la dernière crise financière, de mars
2008 à février 2009 : – 7,57 %, – 11,72 %, – 15,90 %,
– 20,12 %, – 24,38 %.
L’écart-type annualisé sur 20 ans des portefeuilles s’établit à 3,65 %, à 4,68 %, à 5,79 %, à
6,94 % et à 8,14 %, respectivement. Notons que
l’écart-type pour le S&P/TSX Composite sur
20 ans est de 14,2 %.
Enfin, les frais de gestion des fonds composant
les portefeuilles augmentent légèrement avec le
niveau de risque des portefeuilles, allant de
0,30 % pour le portefeuille conservateur à 0,37 %
pour le portefeuille dynamique.
« Il est évident que notre stratégie de placement
n’est pas particulièrement sexy, affirme James
Parkyn, mais elle demande de la discipline. Et les
clients qui restent disciplinés dans leur répartition
d’actif obtiennent les meilleurs rendements. »
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Guide des FNB • Mai 2016 de Finance et Investissement 15

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