L`enseignement culinaire en hôtellerie restauration en lycée technique
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L`enseignement culinaire en hôtellerie restauration en lycée technique
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II – LE MIRAIL CENTRE D’ÉTUDES DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DES INDUSTRIES DE L’ALIMENTATION LICENCE PROFESSIONNELLE HÔTELLERIE - RESTAURATION PROJET TUTORÉ L’enseignement culinaire en hôtellerie restauration en lycée technique (BTN, BTS). Présenté par : Soulard Violaine Année universitaire : 2009-2010 Sous la direction de: Yannick Masson Le CÉTIA de l’Université de Toulouse II – Le Mirail n’entend donner aucune approbation, ni improbation dans les projets tutorés et mémoires de recherche. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur(e). L’Artiste Ainsi que l’exprime si bien le dicton populaire ; on n’en sait jamais trop. Plus on s’aperçoit qu’on a besoin d’apprendre encore et l’étude, outre qu’elle ouvre l’esprit de l’ouvrier, lui fournit un moyen facile de se perfectionner dans la pratique de notre art. Auguste Escoffier Le Visionnaire 1 Pour combattre les désastreux effets de la suractivité moderne sur les centres nerveux, elle (la cuisine) deviendra même plus scientifique et plus précise. Auguste Escoffier 1 Préface du guide culinaire première Editition, Novembre 1902 REMERCIEMENTS Tout d’abord, je tiens à remercier : Monsieur Yannick Masson, mon tuteur qui s’est montrée disponible et qui m’a guidée dans mes recherches avec gentillesse et une infinie patience. Tous les enseignants du CETIA qui m’ont aidée à évoluer tout au long de cette année universitaire. Monsieur Hervé This ainsi que tous les enseignants qui m’ont accordé des entretiens, qui ont été une véritable source d’informations et d’orientation pour mon analyse. Ainsi que Mme Couret et Monsieur Cinotti pour leurs conseils en typographie et mise en page. SOMMAIRE INTRODUCTION ..................................................................................................................... 7 1 L’enseignement en France aujourd’hui :.......................................................................... 10 1.1 Le référentiel : ........................................................................................................... 10 1.2 Les rôles de l’enseignant ........................................................................................... 11 1.3 L’enseignement technique ......................................................................................... 11 1.4 Les forces et les faiblesses de l’enseignement : ........................................................ 11 1.5 Les missions de l’enseignant .................................................................................... 12 1.6 Qu'est ce qu’enseigner ? ............................................................................................ 13 1.7 Les techniques pédagogiques .................................................................................... 14 1.8 Les formations proposées : ........................................................................................ 15 1.9 Les écoles Hôtelières : ............................................................................................... 17 1.10 Programme Prévisionnel des formations : ................................................................. 17 2 3 La restauration Aujourd’hui : ........................................................................................... 23 2.1 L’évolution du marché de la restauration hors foyer ................................................. 23 2.2 Évolution des courants culinaire de l’avant guerre à nos jours ................................ 27 2.3 Le Néo constructivisme ............................................................................................. 32 2.4 Utilisation de produits nouveaux : les additifs .......................................................... 35 2.5 Les classifications des nouvelles cuissons : .............................................................. 37 2.6 Les nouveaux matériels et ustensiles : ....................................................................... 39 2.7 L’industrialisation de la restauration : ....................................................................... 42 Comment intégrer ces évolutions dans l’enseignement de demain.................................. 46 3.1 Au niveau de l’enseignant : ....................................................................................... 47 3.2 Au niveau de l’institution : ........................................................................................ 52 3.3 Au niveau de l’élève : ................................................................................................ 57 CONCLUSION ....................................................................................................................... 64 Références bibliographiques .................................................................................................... 65 4 TABLE DES ANNEXES ................................................................................................. 69 ANNEXE 1 : LE PÔLE SAVOIR DU TRIANGLE DIDACTIQUE .......................................................... 70 ANNEXE 2 : LES LYCÉES TECHNIQUES D’HÔTELLERIE RESTAURATION EN FRANCE : ................ 71 ANNEXE 3 : LA RESTAURATION HORS FOYERS ........................................................................... 72 ANNEXE 4 : LES ADDITIFS ......................................................................................................... 73 ANNEXE5 : ENTRETIEN AVEC HERVÉ THIS ................................................................................ 74 ANNEXE 6 : GRILLE D’ENTRETIEN DES ENSEIGNANTS ............................................................... 79 TABLE DES FIGURES ET DES TABLEAUX ...................................................................... 88 5 INDEX ............................................................................................................................. 89 2 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 INTRODUCTION Souhaitant devenir enseignante en Hôtellerie Restauration dans le domaine culinaire, j’ai choisi d’élaborer mon projet tutoré sur l’enseignement culinaire en lycée technique pour le cursus BTS et BTN. Ce projet m’a permis d’approfondir ma recherche sur ce métier en pleine mutation, grâce au néo constructivisme et aux évolutions technologiques. L’enseignement en Hôtellerie Restauration2 doit aujourd’hui préparer l’élève à la pluralité des secteurs des métiers de la restauration et cela en 32 heures de cours afin d’en faire un élève autonome et poly-compétent. Afin d’optimiser l’enseignement, des séquences plus courtes, plus percutantes et surtout de manière plus ciblée sur l’évolution d’objectifs précis et concrets devraient être organisées. Il est important de prendre conscience que l’adaptabilité est primordiale au détriment du formatage à un emploi pré défini.3 Ne pouvant plus travailler par psittacisme, le développement de l’ingénierie culinaire a fait évoluer nos pratiques quotidiennes et nous a permis de comprendre de manière scientifique ce que font les cuisiniers de manière empirique et intuitive. Ce projet tutoré se déroule en trois parties : Dans les deux premières parties, la démarche exploratoire va permettre de constituer un cadre théorique donnant des éléments de réflexion et de compréhension sur les sujets qui nous intéressent. La troisième partie quant à elle va faire un état des lieux de l’enseignement ainsi que les solutions à apportées afin d’optimiser l’enseignement culinaire. En première partie, nous étudierons l’enseignement aujourd’hui, ses méthodes pédagogiques, ses forces et ses faiblesses, les formations qu’il propose ainsi que sa mise en application par le biais de programmes prévisionnels de formations. En deuxième partie la restauration aujourd’hui : Une extraordinaire mutation est en mouvement depuis une trentaine d’années dans le secteur de la restauration, poussée par des évolutions sociologiques suite à la généralisation du travail des femmes et à l’allongement des distances travail, domicile, du à la crise du logement ainsi que les nouveaux rythmes de travail, amenant les gens à se décentrer vers les campagnes. La grande majorité des ménages actifs déjeune hors de son domicile mais budget oblige, délaissant la restauration gastronomique au profit d’une restauration plus rapide, moins onéreuse. 2 D.DOUILLAC, Y.CINOTTI, Y.MASSON. Enseigner l’Hôtellerie Restauration. Paris : Jacques Lanore, 2002.125p. 3 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement. Toulouse, 2005.16p. 7 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Le temps et l’argent ont fait progresser ce type de restauration, un nouvel état d’esprit de consommation alimentaire est né. D’où une profonde mutation du métier de cuisinier qui nous oblige à prendre en compte la pluralité des secteurs professionnels et les divers champs d’application. En troisième partie nous étudierons le cas pratique de notre recherche, ce qui nous amènera à comprendre comment prendre en compte l’évolution du métier de cuisinier dans l’enseignement de demain et nous amènera à réfléchir aux moyens d’intégrer le réalisme de la profession dans l’enseignement culinaire. Le but est de former l’élève à l’adaptabilité, à l’autonomie et à la créativité au niveau de l’institution, de l’enseignement lui-même. Ce mémoire a pour objectif de révéler les éléments indispensables à l’enseignement d’aujourd’hui déjà appliqués pour la plupart et ce dans un but d’optimisation. 8 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 PARTIE 1 L’ENSEIGNEMENT EN FRANCE AUJOURD’HUI. L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 1 L’ENSEIGNEMENT EN FRANCE AUJOURD’HUI 4: Faisant le constat de l’enseignement aujourd’hui, nous pouvons mesurer chaque jour les avancées technologiques et techniques (l’évolution des techniques de cuisson, des matériels, des ustensiles).La notion de « technique de base » évolue constamment. Soyons5 conscients que la technique d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui, la cuisine du 21e siècle n’est plus celle d’Escoffier, Carême, ou encore Gouffé. Mais celle de Ferran Adria, Gagnaire,Klein… Cependant nous devons puiser dans leur enseignement tout ce qui est vrai et utile. La cuisine n’est plus faite de recettes, elle nous donne rarement l’intelligence de la gestuelle, du goût et du savoir. Les pratiques culinaires ne cessant de se diversifier, il n’y a plus de plat référencé mais un assemblage de fondamentaux élargi et réactualisé et une place de choix pour la créativité. La rénovation des termes et techniques culinaires dans les référentiels de formation est devenues nécessaire, comme nous le dit dans ses réponses Hervé This « je propose que le monde culinaire au lieu de propager paresseusement les bases classiques, recherche les véritables bases indispensables ». Nos interrogations vont ainsi sur ce qui est professionnellement utile à enseigner à l’élève. L’utilisation du référentiel est elle toujours judicieuse ? L’évaluation des élèves devrait se faire davantage sur les notions professionnellement utiles que sur les savoirs obsolètes et les techniques surannées. 1.1 Le référentiel : Base commune et véritable repère culturel des enseignants, il reste son outil de travail fondamental. Il constitue l’ensemble des compétences nécessaires à l’élève pour l’obtention de son diplôme, traduisant les activités en termes de compétences, de savoir, de savoir faire et de savoir être. De plus il fait une présentation du contexte professionnel et des postes que l’élève rencontrera lors de son évolution de carrière. Fournissant à l’enseignant des informations précieuses, il lui laisse toute latitude pour l’organisation d’apprentissage, n’imposant aucune directive dans l’articulation des séances, les évaluations et le temps mis à sa disposition. 4 D.DOUILLAC, Y.CINOTTI, Y.MASSON. Enseigner l’Hôtellerie Restauration. Paris : Jacques Lanore, 2002.125p. 5 Y.MASSON. Optimisation de notre enseignement. Toulouse, 2005.16p. 10 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 6 1.2 Les rôles de l’enseignant 2010 Le rôle principal de l’enseignant est de permettre à l’élève de s’intégrer dans la société, dans la profession en fonction de ses aptitudes au niveau intellectuel (du CAP au BTS). Pour cela l’enseignement doit coller « au réalisme professionnel ». Six points sont déterminants dans le rôle de l’enseignant : Rôle éducatif : En préparant l’élève à s’intégrer socialement. Rôle relationnel : En instaurant le dialogue entre les individus (parents, élèves, autres professeurs). Rôle de révélateur, de facilitateur : En intéressant les élèves, afin de susciter des questions et permettre la découverte de méthodes, de nouveautés. Rôle d’animateur, d’organisateur des travaux d’apprentissage, par la création de conditions favorables aux acquisitions et aux échanges. Rôle de médiateur entre l’élève et la société par l’acquisition ou non d’examens en fonction de ses acquis. Rôle professionnel par la reconnaissance de ses compétences techniques par le système éducatif ou par ses pairs. 1.3 L’enseignement technique L’enseignement technique est défini comme toutes les formes et tous les degrés du processus d’éducation où interviennent, outre l’acquisition de compétences pratiques, le savoir faire, les attitudes, les éléments de compréhension, en rapport avec les professions des divers secteurs de la vie économique et sociale. Connaissance, compétences, habitudes d’apprentissage : il faut préparer l’élève à étudier, à travailler et à acquérir les aptitudes nécessaires pour lui permettre de devenir un acteur économique actif. 1.4 Les forces et les faiblesses de l’enseignement : Les forces : L’intervention de la science dans la cuisine Les enseignants peuvent justifier les réactions et les expliquer à leurs élèves sans se cantonner à la réponse des anciens « C’est comme cela ». L’’appropriation plus facile des connaissances pour les élèves grâce à une multitude de supports. La création de cours et les recherches facilitées grâce au progrès découlant des innovations technologiques telles que l’outil informatique. L’intégration de nouveaux matériels facilitant la vie des enseignants et permettant l’épanouissement de la créativité par exemple la cuisson sous vide du foie gras, des légumes…) 6 Ibid. p.9 11 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Le libre choix par les enseignants du contenu de leurs séances de Travaux Pratique (TA) tout en restant en adéquation avec le référentiel. Les faiblesses : L’utilisation de la TA à mauvais escient lorsqu’elle est placée le même jour que le TP. Le décalage n’est pas suffisant pour permettre l’application des savoirs au cours des activités de production, leur mémorisation et le transfert des connaissances tant dans le savoir être que dans le savoir faire. L’enseignement d’idées fausses qui encombrent l’enseignement culinaire et freinent le développement culturel des jeunes tels que « les notions anciennes de cuisson par concentration ou par expansion ». Les formations en entreprise ou les stages ne sont pas toujours en phase, par manque de temps et donc d’écoute, avec les désirâtas des élèves, et la définition d’objectifs adaptés. L’accentuation du dogmatisme par certains enseignants pour la cuisine traditionnelle et gastronomique sans pendre en compte le réalisme de la profession. La transmission des savoirs et souvent faite sans l’évaluation périodique des élèves. 1.5 Les missions de l’enseignant 7 De nos jours, la mission fondamentale de l’enseignant est d’instruire mais surtout d’éduquer les élèves. La loi d’orientation sur l’éducation du dix juillet 1989, définit le droit à l’éducation et garantit à tous les citoyens une qualification et un niveau de culture générale adaptés. Par ce texte la mission de l’enseignant se compose de trois responsabilités. L’exercice au sein du système éducatif L’exercice dans la classe L’exercice dans l’établissement Afin d’être un bon enseignant en hôtellerie restauration, il est nécessaire de prendre en compte les attentes réelles de la profession, mais aussi ses débouchés actuels. Pour cela il est nécessaire de former les élèves à la pluralité des secteurs en réduisant le dogmatisme des enseignants. Il faut donc savoir transposer ses savoirs savants (alliance de savoirs scientifiques acquis lors de leur formation et les savoirs professionnels) de manière didactique et préparer l’élève au monde du travail et lui donner le bagage qui lui permettra tout au long de sa vie de faire face au changement, de le rendre plus mobile et capable d’actualiser ses connaissances. 7 Ibid.p.6 12 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 8 1.6 Qu'est ce qu’enseigner ? 2010 La pédagogie active Selon la définition de D.Douillac, Y.Masson et Y.Cinotti, former est la capacité d'amener un groupe d'élèves d'une situation initiale appelé pré requis vers une situation finale constituant l'objectif d'apprentissage, pour cela l'enseignant doit utiliser tous les moyens tels que (les supports, les méthodes), par l'évaluation de leur progression et de leurs acquis dans un temps limité au cours. Transmettre sa motivation, maintenir la motivation des élèves est nécessaire pour la réussite de la mission de l'enseignant. Cf. (Voir annexe 1) Le pôle savoir du triangle didactique. Afin d'instaurer une véritable méthode pédagogique moderne on pourra s'appuyer sur la représentation de la situation d'enseignement sous la forme du triangle de J,Houssaye. Il faut créer une stabilité entre les trois composantes du triangle. La transmission cognitive (le savoir) Elle rassemble l'ensemble des méthodes traditionnelles centré sur l'organisation cognitive, l'enseignement privilégie un apprentissage par distribution des connaissances sous la forme de cours magistral. La pédagogie par objectifs pour l'acquisition de savoir et évaluation des progrès des élèves. Ces deux méthodes de transmission des savoirs et inculcation ne favorisent pas l'esprit de synthèse, l'apprenant reste passif. La construction du savoir se fait par l'apprentissage, par les recherches réalisées par l'élève. L'enseignant est animateur, stimulateur et guide de l'élève, pour fixer et construire les savoirs. Aujourd’hui, le savoir est davantage un développement de compétences, l'enseignant est un coach et l'élève est acteur à part entière de sa formation. Cette construction se fait par le travail en groupes d'apprentissage crées par l'enseignant, ou par des activités diverses proposées telles que étude de cas, exposés, manifestations, visites d'entreprises, salons, débats, intervenants extérieurs, simulations de situations professionnelles, jeux d’entreprises… Les techniques de l'information et de la communication (TIC)9 ont largement contribué à remettre l'humain au cœur de la relation pédagogique. Aujourd’hui, l'ensemble des partenaires de la communauté éducative est immergé dans un espace pédagogique multidirectionnel. Les Tic fournissent des moyens novateurs, non seulement pour la diffusion des connaissances mais aussi pour l'exploration de stratégies d'apprentissage qui favorisent la construction des compétences. 8 Ibid. p.12, p. 25 9 Le nouveau rôle de l’enseignant [en ligne],.disponible sur : http : //wwwedu.ge.ch/cptic/prospective/projets/kctr/pdf/kctr-role-v2-f.pdf 13 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Face à une telle mutation, le perfectionnement et l'éducation permanente des enseignants doivent non seulement connaître les ressources offertes par les TIC mais ils doivent aussi pouvoir suggérer les voies de recherche à leurs élèves. De plus, compte tenu des impératifs liés à l'évolution du marché du travail, l'attention doit être portée sur la réforme et la rénovation des programmes de l'enseignement technique, la mise au point de matériels, la formation de personnels spécialisés de l'éducation, le développement des services de conseil et d'orientation. La pédagogie différentiée La pédagogie différentiée consiste à organiser la classe de manière à permettre à tous les élèves d'atteindre les mêmes objectifs pédagogiques par des méthodes différentes. Des classes hétérogènes tant au niveau scolaire qu'en origine sociale expliquent ce type de pédagogie qui permet à certains apprenants d'atteindre les objectifs du niveau considéré. 1.7 Les techniques pédagogiques10 Afin de stimuler ses élèves, l’enseignant doit mettre en œuvre des méthodes pédagogiques, c‘est à dire la mise en place d’activités durant les séances. Nous pouvons distinguer cinq types de méthodes La méthode expositive : Cette méthode est basée sur l’organisation des savoirs et la prépondérance du cognitif. Utilisable face à un public nombreux, en début de cours il nécessite une maîtrise parfaite du sujet, le langage doit être clair, explicite pour permettre une meilleur compréhension du message que l’on souhaite faire passer et éviter une lassitude de la part des élèves. Pour valoriser cette méthode l’enseignant doit exposer ses idées de manière logique et organisée, à l’aide de supports pertinents et variés. La méthode expositive avec questionnement : Elle permet de créer un dynamisme par le biais de questionnement auprès des élèves. Cette technique permet de savoir si tous les élèves intègrent le sujet donné, elle oriente vers l’objectif à atteindre, tout en favorisant un échange avec l’élève en lui transmettant des éléments utiles, elle lui permet d’évaluer la compréhension par exemple par la reformulation. Ce type de questions assez proche de l’évaluation formative doit être pertinente : elle permet d’évaluer si les objectifs sont atteints. La méthode démonstrative : Elle consiste à transmettre à l’élève un savoir faire par la reproduction identique du geste. Faisant appel à la mémoire visuelle et à la compréhension, elle peut être utilisée en TP quand l’enseignant manque de temps pour faire découvrir une méthode aux élèves. 10 Ibid. p.25/61 14 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 La méthode interrogative : Fondée sur l’expérience, elle montre à l’élève qu’il connait quelques éléments, de certains thèmes de cours et va lui permettre d’extérioriser son savoir. Garantis par ses questions, elle doit faire appel aux connaissances acquises lors des cours précédent, de l’expérience de sa vie quotidienne, elle met en avant l’intelligence et le bon sens de l’élève, lui permettant par un bon raisonnement, une bonne réinterprétation des choses. Cette valorisation de l’élève amène un véritable échange instauré sur le dialogue et la participation. La méthode expérimentale : Cette méthode passe par la réflexion, elle permet à l’élève à partir d’expérimentations la découverte de principes simples (physico chimique, relationnels, organoleptique.) De plus l’élève acquiert un raisonnement lui permettant de comprendre un ensemble d’applications. L’expérimentation est surtout utilisé en TA mais aussi en technologie lors d’un travail sur un article de presse professionnelle où l’élève doit extraire certains éléments. Elle est la démarche la plus appropriée pour l’acquisition de savoirs, cependant elle demande à l’enseignant beaucoup de travail préparatoire. 1.8 Les formations proposées : Le secteur de l'hôtellerie restauration offre un large panel de formations accessible à tous les individus. Nous pouvons rencontrer l’alternance, le contrat de professionnalisation, et l'apprentissage que l'on retrouve le plus souvent. En ce qui nous concerne, de nombreux diplômes sont reconnus par l'Etat amenant chaque élève à un cursus et une orientation différente. On peut distinguer trois cycles de formation11 : • Le cycle très court avec le certificat d’aptitudes professionnelles. • L e cycle court avec le Bac professionnel. • Le cycle long avec les BTS. 11 D.DOUILLAC, Y.CINOTTI, Y.MASSON. Enseigner l’Hôtellerie Restauration, Paris : Jacques Lanore, 2002.p.43/46 15 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Nous pouvons répertorier trois niveaux de diplômes classés de la manière suivante : Tableau 1 : Tableau des formations en Hôtellerie Restauration. Niveau 5 Certificat d'aptitude professionnelle (cap) Il permet d'entrer rapidement dans la vie professionnelle avec une formation de base. Il se prépare sur une période de deux ans et se divise en trois options. Option A cuisine : approvisionnement en première, confection et présentation des plats. matière Option B restauration : préparation des tables, accueil, service. Option C hébergement : réservation, réception, accueil. Brevet d’études professionnelles (BEP) Il permet l'acquisition d'une formation technique dans un secteur professionnel, tout en ayant la possibilité de continuer jusqu'au Baccalauréat ou de s'insérer dans la vie active. Il se prépare directement après la classe de troisième et dure deux ans. Mentions complémentaires au CAPet BEP Elle permette à l'élève de se spécialiser en acquérant un complément de formation. Elles se préparent en une année. Niveau 4 Niveau 3 Baccalauréat professionnel (Bac, Pro) Il permet aux élèves titulaire du CAP et BEP d'acquérir un diplôme de niveau 4.Ils se preparent en deux ans, et à pour objectif premier l'insertion professionnelle. Mention complémentaire de niveau 4 Seule la mention complémentaire accueil réception est homologuée au niveau 4, elle se réalise après un Bac technologique, professionnel ou général. Baccalauréat technologique (Bac Techno) Diplôme généraliste, il se déroule sur une période de trois et a pour objectif la continuité ver le BTS, ou une mention complémentaire. Brevet de technicien supérieur (BTS) Il se prépare pendant deux ans, il dispose de deux options : option A (gestion hôtelière et marketing) et option B (art de la table) Nous nous intéresserons plus en détail à l'enseignement technique concernant les BAC technologique et les BTS. Le Baccalauréat technologique 12: Formation très généraliste, elle se déroule en trois ans elle amènera à l'élève des compétences professionnelles solides (cuisine, service, hébergement), et un enseignement général très soutenu représentant 2/3 du coeffient au Baccalauréat. Cette formation prépare des généralistes de la restauration et de l'hôtellerie souhaitant, une fois leur diplôme obtenu, soit travailler, soit poursuivre leurs études vers un BTS. A la fin de leur formation, les bacheliers sont devenus des professionnels polyvalents, pouvant accéder à des postes d'opérationnels de service, cuisine et d'hébergement. Mais cette 12 . STUDYRAMA. Les bacs technologiques. [en ligne] .Disponible sur : < http : //www.studyrama.com > 16 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 formation sert surtout de tremplin pour poursuivre ses études compte tenu de son côté très général. Le Brevet de technicien supérieur13 : La formation forme l'élève à la poly compétence et à l'autonomie dans toutes les formes de restauration. De plus elle apprend à l'élève à raisonner en tant qu’encadrant. Le titulaire du BTS Hôtellerie Restauration est à la fois un spécialiste puisqu'il a acquis la maitrise technique et une pluralité de compétences et à la fois un généraliste puisqu'il a acquis une culture générale lui permettant de faire face à des postes en contact avec la clientèle et de management. Sa fonction peut l'amener à occuper des postes d'encadrement ou même de chef d'entreprise. Les métiers où le BTS peut occuper ses fonctions sont : 14 • Chef de partie, second de cuisine, chef de cuisine. • Responsable de salle, directeur d'hébergement et restauration. • Chef d'équipe, gérant, chef de production. 1.9 Les écoles Hôtelières : Ce sont des écoles spécialisés dans les métiers de l’Hôtellerie Restauration. Elles assurent une formation poly sectorielle des élèves. Nous pouvons rencontrer deux types de lycée hôtelier : Les lycées professionnels : Ils forment au CAP et BEP Les lycées techniques : Ils forment au BEP, BAC PRO, BTN, BTS, MC En ce qui nous concerne, voici une présentation des lycées technique d’hôtellerie restauration. (cf. : les lycées techniques annexe 2) 1.10 Programme Prévisionnel des formations : Afin de faciliter les apprentissages, il est nécessaire d'articuler plusieurs types de séances. Nous en dénombrons trois : • • • La TA Le TP La technologie 13 S.RAYNAUD. CHNRH. Référentiels BTS et Bac technologique. Versailles,[en ligne].[réf du 24/006/09]; disponible sur : < http://www.hotellerie-restauration.ac-versailles.fr/spip.php?rubrique4> [réf du 3/11/2009], disponible sur : http://www.hotellerie-restauration.ac-versailles.fr/spip.php?article11 14 L’HÔTELLERIE RESTAURATION. Infos Diplômes, École hôtelière et formations en Hôtellerie Restauration[en ligne], disponible sur : < http://www.lhotellerie-restauration.fr/ecole-formation/diplomes/bac-technologique.asp> 17 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 A. La Technologie Appliquée (TA)15 : Base de l'ingénierie culinaire et de la découverte des phénomènes physico-chimique. Elle permet une réalisation plurielle d'un apprentissage raisonné. Ses intérêts : Elle permet l'analyse et l'explication des phénomènes dans un cadre rigoureux : milieu, méthodes, matériels, matières. Le développement et l'utilisation d'un vocable plus rigoureux avec l'usage d'un vocabulaire adapté comme par exemple les différences entre les mousses et émulsions. L'identification pour chaque technique des caractéristiques de réussite et des conditions d'obtention. Expliquer la gestuelle et les accords. Relier la TA au TP et à la technologie. On rencontre trois types de TA : 15 - L'expérimentale : s’appuyant sur des bases scientifiques, elle permet l'étude des phénomènes physico-chimiques et la maitrise de leur réactions. Elle est indispensable avant les TP afin que l'élève comprenne pour mieux appliquer. On peut rencontrer lors de cette TA (l’étude des protéines, des lipides, des glucides, analyses sensorielles,) - La TA analyse technique : s'appuyant sur la maitrise des procédures, elle permet la maitrise des principaux gestes et techniques fondamentales tout en restant capable de s’adapter à différentes contraintes (matériels, produits,). Grâce à une méthodologie générale clairement explicitée elle permet la découverte et l’apprentissage raisonné d'une technique et ses dérivés par la méthode ARMPC (mise en évidence des ponts clés de réussite, anticiper les risques d'échecs, de difficulté, faire comprendre le pourquoi du comment. - La TA approfondissement technique : Elle a pour objectif d'approfondir les techniques réalisées en TP, afin d'élargir la maîtrise professionnelle ou découvrir et approfondir des concepts technologiques. Elle recherche les techniques, les concepts ou les produits qui sont à l’origine de nombreuses applications exemple : le sous vide, la cuisine allégée. Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005. 18 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 B. Les Travaux pratiques16 Nous distinguons trois types de TP : • Les travaux pratiques d'initiation (TPI) • Les travaux pratiques d'application (TPA) et les activités professionnelles de synthèse Les travaux pratiques d'initiation 17: Ils permettent à l'élève la mise en application des savoir-faire et savoir être soit par l'acquisition d'une démarche raisonnée en TA soit après une phase d'apprentissage se déroulant pendant les TPI. Dans cette séance l'élève doit améliorer sa technicité et devenir autonome. Les travaux pratiques d'application (TPA) et les activités professionnelles de synthèse Ces séances sont une mise en situation professionnelle, construite sur les acquits des élèves et à partir des progressions des TP. Elles sont basées sur l'autonomie de l'élève, et doivent rassembler le savoir, savoir faire et savoir être qu'ils ont acquis. Elles ont pour fonction de rendre l'élève apte à travailler dans une entreprise par l'intégration de conditions professionnelles. Les Technologies18 : Les cours technologiques de synthèse permettent la globalisation des savoirs perçus mais aussi l'approfondissement des connaissances sur les cinq M (matières premières, le milieu, la méthode, les matériels, la main d'œuvre) ainsi que les procédés. De plus ces cours permettent par des évaluations prédictives, informatives et sommatives, de connaitre le niveau de la classe et permettent au professeur d'adapter son enseignement, de mettre en place des actions pédagogiques et des actions correctives. L’enseignant est investi d’une mission très difficile car il doit guider l’avenir des élèves pour la meilleure réussite sociale possible. Ainsi il possède non seulement l’art d’enseigner, de faire passer des méthodes, du savoir, du savoir être, de l’initiative, de la motivation mais aussi l’art de la maitrise technique enseignée. Sa maitrise, acquise par le professionnalisme transmet sa dynamique sur les élèves. L’enseignant est vraiment le trait d’union entre le monde des professionnels et leurs attentes et le monde de la future main d’œuvre ou matière grise du monde de travail. Guider les jeunes vers le métier où ils s’épanouiront et où ils atteindront une réussite professionnelle doit être l’aboutissement du métier de l’enseignant tout en donnant à l’élève l’envie de rendre l’effort du professeur par un intérêt et une motivation sincère et non dictée par le besoin du diplôme en premier lieu. Ainsi il ne faut pas éliminer ce qui relève de la culture générale pour fabriquer des gestionnaires. 16 DOUILLAC, Y.CINOTTI, Y.MASSON. Enseigner l’Hôtellerie Restauration. Paris : Jacques Lanore Ibid p.88/p.94 18 Ibid p.95 17 19 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 PARTIE 2 LA RESTAURATION AUJOURDH’HUI L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 2 LA RESTAURATION AUJOURD’HUI : 2.1 L’évolution du marché de la restauration hors foyer19 D'après une étude effectuée par le GIRA Food service, le marché de la restauration française en 2008 représente 72 milliards d'euros hors taxes. Soit : - 3,7% du PIB Français - 1/3 de l'ensemble du budget alimentaire des ménages - 8% du budget des ménages D’après une étude menée par le Gira Food Secteur, la restauration en 1958 représentait 1 repas sur 20, en 2008, elle en dénombrait 5 repas sur 20. (Voir annexe3 figure 1 la restauration hors foyer) Nous pouvons voir sur ce graphique un démarrage modéré de 1958 à 1978, puis une accélération des 30 dernières années. On peut répondre à cette évolution par une période de transfert, a l’époque on parlait de budget choisi en terme de restauration, de nos jours, on apparente plus la restauration à une activité alliant le plaisir et le loisir. 2.1.1 Les divers pôles de consommations Le marché des 8,9 Milliards de prestations repas se résume en 3 pôles : La restauration commerciale. Ce secteur est représenté par 160 000 structures (24 000 repas par an) NAF 55 3A que sont les restaurants traditionnels, les cafés restaurants, les restaurants à thème. La restauration commerciale représente un CA de 46,4 milliards d'€ HT soit : 3,8 milliards de repas, ou 43% de la fréquentation ou un ticket moyen de 12,20 €. La restauration collective. Avec ses 70 000 structures de restauration, la France compte un niveau record de restauration de collectivité. Ce secteur pèse pour 25% du CA du marché soit 40% des prises alimentaires ou un ticket moyen de 5,10€ avec des structures en entreprises, dans les écoles, dans les structures sanitaires et sociales. Le marché des CVA (Circuit de Vente Alternatif) Ce marché regroupe les structures dont le métier de base n'est pas d'offrir une prestation restauration, mais qui ont adjoint à leur activité une offre alimentaire à consommer de suite (boulangeries, pâtisseries, boucheries, traiteur) Il comprend aussi les ambulants (camions pizza), des circuits tels que les kiosques presse, les bureaux de tabacs et les GMS et magasin de proximité qui proposent une offre snacking. 19 REMI VILAINE, Gira Food service. La restauration en France vit une époque formidable.2009.Disponible sur : http : //www.girafoodservice.com/actualites.php 23 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Les aliments sont à emporter ou à consommer sur place, et sont présentés dans des conditionnements jetables. Ce marché en 2008 représente 160 000 établissements : - 1,5 milliard de prestations - 10% du CA global de la restauration 2.1.2 L’évolution du marché de la restauration La restauration en France 20est un marché structurellement en croissance. Bien qu'en retrait sur le plan européen, le marché de la restauration n'est plus en croissance linéaire et les ruptures conjoncturelles s'accélèrent. Les postes budgétaires des ménages changent. La part du budget consacré à la restauration augmente alors que celui des dépenses alimentaires à domicile décroit. On observe donc un transfert de consommation vers une consommation de restauration hors foyer. Une profonde mutation s'opère depuis une trentaine d'années suite à l'apparition de facteurs sociologiques et économiques. 1. Les conséquences de la progression du taux d'activité des femmes sont multiples A domicile - Diminution du temps consacré à la préparation du repas familial et augmentation de l'utilisation de produits prêts à cuisiner. - Déstructuration des horaires de prise de repas dans la cellule familiale. - Simplification des repas du soir (plat unique). - Développement des achats de repas livrés à domicile. Hors domicile - La clientèle féminine recherche l'efficacité alimentaire. - Appréciation différente de la restauration (qualité et variété valent mieux que quantité.) - Essor de la restauration d'entreprise, des sandwicheries, restauration boulangerie, pâtisseries. - Développement de la demi-pension pour les enfants scolarisés 2. L'allongement du temps et du trajet domicile-travail. Cet allongement des distances et des temps de déplacement favorise la restauration hors foyer (domicile trop éloigné du lieu de travail et recherche d'une restauration économique favorable à l'équilibre des dépenses.) 3. Urbanisation de l'emploi. Les villes concentrent les emplois et entrainent un inter relation entre zones de travail et zones commerciales (restaurants). 20 20 REMI VILAINE, Gira Food service. La restauration en France vit une époque formidable.2009. [en ligne].Disponible sur : http : //www.girafoodservice.com/actualites.php 24 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 4. Tertiarisation de la société. La plupart des créations d'emploi se sont portés sur le secteur tertiaire et avec elles le développement des titres restaurants(TR). Il y a une corrélation très étroite entre le taux de croissance du chiffre d'affaire de la restauration rapide et le taux de croissance de la valeur des T.R mis en circulation. Le créneau de la restauration est porteur d’espoir bien qu’en retrait sur le plan Européen. En effet, il existe un potentiel naturel latent avec de réelles réserves de croissance. Ainsi que le montre le graphique annexe 3 cf. (des cycles qui s’accélèrent) le marché est structurellement en croissance mais n'est pas à l'abri de ruptures conjoncturelles. Après un marché à progression tranquille avec des cycles de croissance ponctuée de ruptures, on assiste à une accélération de ces cycles. Cette accélération des cycles est due à un ensemble de mutations qui guident le marché.(voir Annexe 3) 2.1.3 Les mutations du marché21 On mange de moins en moins cher. L'évolution du ticket moyen d'un repas consommé en restauration commerciale est passée en l'espace de 30 ans, de 17€ à 10,50€ sous l'impulsion de la croissance de la restauration « économique ». Les formules chères de 12€ à 30€ régressent (1% par an) au profit des formules économiques (moins de 8 €) avec encore une prévision de croissance de 3 points pour les années à venir. Le marché se décale donc vers le bas du fait des arbitrages des consommateurs en termes de prix. Ils cherchent à limiter les dépenses restauration et le prix est devenu un critère prépondérant dans le choix d'un restaurant. On mange de plus en plus fonctionnel. La fonctionnalité alimentaire se retrouve d'abord en consommation hors domicile. Le déjeuner va renforcer sa position dans ces prochaines années car il constitue l'essentiel des occasions de consommation de repas hors domicile. Devant les budgets des ménage qui diminuent, le choix de la restauration du soir se fera en positionnement de fonction loisirs ou avant ou après une autre fonction loisirs. La restauration se doit d'être de plus en plus fonctionnelle d'où l'importante progression du snacking. De plus en plus, le consommateur fait du nomadisme alimentaire, préférant faire quelque chose en mangeant plutôt que de prendre du temps à table, d'où une simplification de la formule alimentaire. La formule plat – dessert ou même plat unique sont choisies au déjeuner. 21 Ibid 25 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 On mange de plus en plus vite. Les consommateurs ont tendance à moins aimer passer du temps pour un repas pris à l'extérieur. Le temps est perçu comme un moment perdu et non comme un temps qualitatif. On mange de mieux en mieux. Le consommateur aspire à manger mieux du fait des crises traversées par le monde alimentaire (OGM culture, ESB épidémie animale grippe aviaire, bactéries en ostréiculture, pollutions diverses air et mer) et du fait de la médiatisation du nutritionnellement correct (obésité, santé par les fruits et légumes, sport...). On assiste à un nouvel état d'esprit de la consommation alimentaire où manger bien c'est manger moins et manger mieux. Cette logique est de plus en plus investie par la restauration rapide. Le consommateur tend à se culpabiliser quant à la consommation responsable pour le respect de la planète et de l'environnement. Cette notion d'éthique devient une tendance durable et la demande consommateur change qualitativement. 2.1.4 Les perspectives 2012 : Le contexte économique et une conjoncture peu favorable peuvent laisser présager une orientation avec des perspectives différentes selon les secteurs du marché. La restauration rapide moderne devrait poursuivre son développement avec une multitude de nouveaux concepts tels que le bio food, le fast food, le pasta food, le liquid food ou l'ethnic food. La restauration à thème devrait également se développer en se positionnant sur de nouveaux concepts proposant un réel dépaysement culinaire ou avec une dimension loisirs, culture, ambiance spectacle. La baisse de la TVA devrait favoriser les cafétérias. Le positionnement des cafés en centre ville devrait continuer de séduire grâce à leur côté fonctionnalité alimentaire. Seule la restauration traditionnelle continuera à subir la mutation de l'architecture du marché. Le marché de la restauration structurellement en croissance dispose de réserves de croissance et la crise économique est un des facteurs d'énergie dynamisant pour ce secteur. Bien que la restauration traditionnelle subisse les différentes mutations du marché, elle se doit de conserver les titres de noblesse de notre bonne gastronomie française et d'en porter les couleurs au niveau international. Par contre, elle risque d'être réservée à une élite de population plus argenté que la moyenne au niveau national. 26 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 2.2 Évolution des courants culinaire de l’avant guerre à nos jours 22 Tableau 2 : Les courants culinaires PERIODES Avant guerre COURANTS La grande Cuisine Classique 1950-1970 La cuisine Bourgeoise La cuisine du Terroir 22 22 EXPLICATION La grande cuisine classique est inspirée par Auguste Escoffier considéré comme le maître incontestable de la cuisine moderne. Elle apparait réellement lors de la naissance de l’industrie hôtelière, avec l’apparition de palaces, théâtre, casinos ou l’épicurisme s’impose dans l’aristocratie européenne. La cuisine est très technique, mais peu créative exigeant un savoir faire important. Elle est très opulente avec des produits nobles. Le matériel utilisé est très traditionnel, les brigades se forment sous une organisation hiérarchisée où chaque cuisinier à son poste. La cuisine classique était une cuisine synthétique et d’osmose où les sauces étaient savamment construites et avaient pour objectifs de faire ressortir le goût des aliments. C’est une cuisine familiale et festive où la cuisine est mijotée, elle est transmise de génération en génération par la cellule familiale, où le savoir n’était que base des transmissions des coutumes ancestrales. Les repas sont organisés autour de produits courant frais et à coût modique pour la plus grande utilisation de chacun. La cuisine bourgeoise est valorisée dans les établissements régionaux qui se transformeront en temple de la gastronomie. Les trois grands noms précurseurs de la cuisine Bourgeoise sont : « la mère Brazier au col de la Luère, Alexandre Dumaine à la Côte d’Or à Saulieu, Fernand Point à la Pyramide à Vienne. C’est une cuisine du territoire marquée par des produits agricoles originel, représentés par des marqueurs (AOP), chaque région possède des produits et agriculture propres. Elle est constituée de produits de qualité, basée sur un savoir faire régional, cet ancien plat du pauvre est devenu un véritable patrimoine de la cellule familiale. C’est une cuisine simple, roborative, saine, rustique, où chaque temps passé à préparer cette cuisine ancestrale est du temps offert à ses convives. Elle est très conviviale, et se sert en grande quantité dans un plat unique pour toute la table. Y.MASSON, Les courants culinaires, Toulouse, 2004 JP POULAIN, E NEIREINCK, Histoire de la Cuisine et des Cuisiniers, Paris, Édition Jacques Lanore, 2004. 27 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 1973 La nouvelle cuisine23 La Cuisine Spectacle24 1990 La cuisine Découverte ou Cuisine Refuge Elle est née grâce à Michel Guérard, Henry Gault et Christian Millau qui lancent la formule Nouvelle Cuisine. Basée sur l’ascétisme alimentaire, les modèles corporels ont changés, l’heure est au culte du corps et à l’esthétique corporelle de minceur. Elle est ciblée sur une symbolique féminine avec des produits délicats, et la recherche de légèreté et d’exubérance. C’est la révolution des cuisiniers, ils vont se mettrent à vivre leur cuisine, l’innovation est le maître mot de leur créativité. La nouvelle cuisine est une cuisine légère marqué par son individualisme, son modernisme des présentations, son allègement des plats avec des justes cuissons, des produits alliant formes, couleur, volume ainsi qu’avec des textures où le contraste mou, salé, sucré, fait illusion. Les sauces sont devenus spécifiques, les jus sont réduits, les sauces lourdes disparaissent. Il y a plus de légumes, d’épices, d’herbes d’où l’intégration de cuisine exotique. Ce courant est basé sur l’aptitude à la transformation de produits à faible coût mais qui s’adapte à la créativité. Ce courant culinaire est un concept innovant et performant où la cuisine devient un art de la scène et le spectacle prend le goût. Cette cuisine sait mêler les produits locaux tout en fusionnant avec les épices et les traditions du monde entier. Elle est conviviale, et ludique, c’est une cuisine où l’on doit faire du cinéma autour de son assiette. La cuisine spectacle est une cuisine de fabrication ou de finitions en flux tendus devant le client, que l’on fait participer en l’impliquant par le choix de ces produits et de son type de cuissons. On peut rencontrer dans ce type de cuisine : des brochettes, des rôtisseries, des grillades mais aussi des wok, pierrades….. Ce nouveau courant est marqué par un marketing fort, un service efficace, une excellente communication. Celle ci est souvent reconnue en restaurant de chaînes, que l’on cible à partir d’un logo et une tenue vestimentaire caractéristique symbolique du concept. C’est une cuisine thématique basée sur un produit, une technologie de cuisson, sur une ambiance où un produit. Ce concept utilise intensément le marketing en jouant sur l’adéquation du décor, de l’ambiance, du service, des produits, des prix variant entre quinze à trente euros 23 JP POULAIN, E NEIREINCK, Histoire de la Cuisine et des Cuisiniers, Paris, Édition Jacques Lanore, 2004 Y.MASSON, Les courants culinaires, Toulouse, 2004 OLIVIER, Coq en toque, [en ligne], [réf 2009], disponible sur :< http://www.coqentoque.be/Spectacle.html> 24 La world Food, [en ligne]. [réf 2007]. Disponible sur : < http : //www.carrefour-des-patrimoines.net> 28 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 1990- La cuisine à influence 2000 Internationale25 2000 La world Cuisine C’est une cuisine d’inspiration, utilisant des techniques du bout du monde ainsi que des modes de cuissons atypiques (induction, vapeur, wok, plancha, rôtissoire, grillade, cocotte).Cette cuisine multi ethnique à permis la création de plats inédit grâce aux accompagnements et condiments. Les influences dominantes de la cuisine internationale sont la cuisine des îles et des Indes par les épices et arômes, la cuisine latino américaine avec le tex mex, le sucré salé, grillades, hamburger, produits exotiques. La cuisine de l’extrême Orient et d’Asie, avec ses découpes aux grammages près, le cru, ses cuissons courtes, ses sautées devant le client, ses décors travaillés. .La cuisine aux influences internationales est une cuisine inspirée du classicisme modernisé où le mélange des saveurs du monde est un véritable carrefour des patrimoines culinaires. C'est une cuisine métissée ou patchwork qui retrace le métissage de la société s'appuyant sur des courants d'influences. Cette cuisine d'influence valorise la cuisine du monde et va chercher aux delà des frontières les plats à succès amenant le dépaysement. Elle est basée sur la recherche de la qualité du produit alliant service et découverte. Composé de juxtapositions, associations, de combinaisons de saveurs d'origines variées. Elle se développe dans les années 2000 ou la mode est à la déstructuration des repas et à la multiplication des prises alimentaires à n'importe quel moment. Les Courants d’Aujourd’hui26 : Fooding27 : C'est un néologisme inventé en 1999 par Alexandre Cammas, journaliste épicurien du magazine Nova. Ce mouvement à été créer afin de lutter contre l'ennui à table et la bistronomie, le terme fooding résulte du mot anglais « Food », et de feeling « sentiment. » L'idée du fooding est d'offrir aux consommateurs une cuisine française vivante modernisée afin de la rendre plus sexy comme la mode ou le design. Elle est mise en avant au cours de grand rassemblement alliant dégustation (de façon susceptible à combler nos cinq sens), et initiation gastronomique. Cette nouvelle façon d'aborder l'art de la table, mélange de junk food et de grande cuisine, elle a su faire adhérer un certains nombre d’adeptes à travers le monde. C’est une cuisine politiquement incorrecte, parfois blasphématoire qui est devenue à la mode, elle a su rompre avec une vision étriquée et trop conservatrice du plaisir de la table mais aussi avec l’art de cuisiner et de manger dans certaines conditions d'esprit. Elle à pour objectifs de se défaire des diktats culinaires afin de laisser les chefs cuisiniers émanciper leurs imaginations dans la tradition et dans la modernité. 25 Y.MASSON, Les courants culinaires, Toulouse, 2004 NAVIMAG, « Le fooding », [en ligne], [réf 2008], disponible sur : < http : //www.navi-mag.com/le-foodingid-2331.html> YVES GENEZOU, Acces, « Le Fooding »,[en ligne],[réf du 9/05/2009],disponible sur : < http://www.journalacces.ca/article-i211216-Le-fooding.html> DAVID ALEXANDRE, Le journal des femmes, « Le Fooding », [en ligne], disponible sur : http://www.linternaute.com/femmes/cuisine/magazine/itvw/it_cammas.shtm 25 29 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 La Street Food ou Snacking: 28 C'est un courant culinaire basé sur une cuisine de rue, populaire et multiculturelle. Cet art de manger avec les doigts, né grâce aux changements de rythmes de vie où les pauses déjeuners sont devenues plus courtes et la volonté de manger à n'importe quelle heure. On peut rencontrer le fish chips Anglais, la tortas mexicaine, le hot dog new York. Il reste le courant le plus en vogue en ce moment, il a longtemps été identifié à une surconsommation alimentaire entre les repas. De plus il se substitue aux repas traditionnels. C’est un mode d'alimentation fractionné fondée sur des prises alimentaires multiples étalé dans une journée complète. La Street Food chic : 29 Les chefs détournent la cuisine de rue en réalisant des plats chic et sophistiqués en imaginant le snacking à la hauteur de leur image. La Slow Food30 : C’est un mouvement international fondé en Italie en 1989 par Carlo Pétrioni s'opposant aux effets dégradant de l'industrie et de la culture Fast Food standardisant les goûts. La slow food vise à allier le plaisir avec un véritable sens des responsabilités à l'égard de l'environnement et du monde de la production agricole. Les tenants de ce mouvement prônent les effets bénéfiques d'une alimentation saine et agricole, estimant que le patrimoine alimentaire de l'environnement est mis en péril par l'industrie agroalimentaire. Ce mouvement veut protéger les circuits courts éco régionaux privilégiant les animaux, les semences, les plantes, il reste très élitiste, on peut l’identifier au Greenpeace de la fourchette. Fast Good31 : Nouveau concept culinaire crées par Ferran Adria et les hôtels NH, ce concept permet de répondre à une clientèle moderne et pressée tout en offrant une nourriture saine, rapide de qualité de service. Nous pouvons rencontrer des plats comme des hamburgers, de la viande bovine ou encore des salades avec des sauces originales. La World Food 32: La cuisine du monde est un mélange de recettes, de plats, de produits mais aussi d'épices appartenant au patrimoine culinaire des cinq continents. Ce mélange culturel réuni dans un concept présente quelque chose de nouveau, réunissant un décor hors du commun, des recettes originales et le mélange des épices dans une cuisine métissé . 28 Y.MASSON, Les courants culinaires, Toulouse, 2004 Fureur de vivre n°5. « Les nourritures vagabondes ». Street Food Chic, [en ligne], [réf de Mai 2006], disponible sur : < http://www.fureurdesvivres.com/news/street-food-chic> 30 P.LEFRANCOIS ET M.M.MANTHA. « La slow Food », [en ligne], [réf du 03/10/05], disponible sur :< http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/ArticleComplementaire.aspx?doc=slow_food_def_do> 31 Le Fast Good, [en ligne], [réf du20/02/2010], disponible sur : http://www.nhhotels.com/site/fastgood/en/home.htm 32 La world Food, [en ligne], [réf de 2007], disponible sur : < http : //www.carrefour-despatrimoines.net/Cuisines-et-saveurs-du-monde.html > 29 30 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 La Fusion Food : Ce concept consiste à mettre toute les influences de la world food dans la même assiette. La bistronomie 33: C'est la contraction de bistro et gastronomie. Elle fut inventée au début des années 1990 par le journaliste chroniqueur Demorand Sébastien du magazine Zurban afin de définir un restaurant alliant le côté convivial et décontracté d'un bistrot et le côté grand restaurant au niveau de la cuisine. La bistronomie met en avant la qualité et l'authenticité de la gastronomie sans tomber dans le luxe et la pédanterie. Elle vise à dépasser les pratiques stéréotypées de la communication en restaurant gastronomique se résumant à la fonction phatique et où l'ambiance est souvent trop froide et trop guidée pour laisser place à une atmosphère où les clients ont l'impression de manger à la maison, où ils peuvent s'exprimer, boire et manger à prix raisonnable et accessible à toute les bourses. Le concept à été introduit en France par le Chef Yves Candeborde dans son restaurant le Comptoir des Relais Bistrot du sixième arrondissement. Il fut le premier à proposer des menus unique, audacieux aux prix relativement abordables. La Finger Food 34: Ce concept est une ode au goût et à la découverte, il comprend toutes les préparations culinaires qui se picorent avec les doigts. Il s'agit ainsi de plateaux de bouchés individuelles à partager. Après des siècles de gastronomie guidée, les doigts opèrent leur grand retour en tant que médiateur entre notre bouche et l'assiette. Il réhabilite un manger charnel et improvise le zapping gustatif. La finger food sait séduire par son panel de suggestions, mixé par les saveurs d'ici et d’ailleurs, il est utilisé surtout lors du déjeuner, où il permet de goûter un maximum de mets au goût inédit en un minimum de temps. Il fut longtemps déshonoré par les tenants du bien manger. Le grignotage bannissant la fourchette fait son grand retour et fait honneur à une société toujours pressée mais soucieuse de qualité et d'esthétique. Cette nouvelle tendance est une bonne alternative entre apéritifs et diners reprenant les recettes classiques de la cuisine française en version mini. La finger food est représentée par de petites verrines, de petites brochettes, roulé, des cuillères… La cuisine allégée : C'est une cuisine de bien être qui doit allier plaisir et équilibre tout en garantissant le goût, la texture, la présentation, les odeurs. Cette cuisine permet de cuisiner différemment les recettes 33 My Tendance, « La bistronomie », [en ligne] disponible sur : < http : //www.mytendance.com/Labistronomie-un-concept.html> FRANCE 24, « La bistronomie ». [en ligne]. [réf du 15/09/09], disponible sur : http://www.france24.com/fr/20080910-gastronomie-bistronomie-democratisation-haute-cuisine-bistrot-qualitechefs&navi=Bienvenue_en_France> Allo Resto, « La bistronomie », [en ligne], disponible sur : http://blog.alloresto.fr/livraison-repas/branche/lagastronomie-est-morte-vive-la-bistronomie/ 34 ESTELLE BURGET, Luxe Magazine, « Finger Food la révolution gastronomique », [en ligne], [réf de 09/2007], disponible sur :< http://www.luxe-magazine.com/default.php?FCT=A&A=2145&R=5> 31 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 classiques par la substitution d'ingrédients plus légers sur le plan alimentaire. La constitution de la cuisine allégée doit permettre l'excitation des sens du client par une préparation sans matière grasse grâce aux nouvelles techniques de cuisson, avec un grand choix de produits, une substitution d'ingrédients par des purées de légumes ou des réductions de fond. La restauration durable : Ce concept très en vogue prend de l'ampleur par l'envie des français de manger sainement mais aussi par le fait d'être poussé par le Grenelle de l'environnement. Le développement durable est très à la mode. Les piliers du développement durable comprenant environnement, économie, sociale sont fédérateurs de toute une société et générateurs d'économies. La cuisine Biologique : Elle est basée sur une alimentation saine, sans pesticides ni OGM, et privilégie des producteurs locaux. A l'époque elle était associée à la cuisine allégée et diététique, aujourd'hui elle est associée au développement durable. Cette cuisine se développera par son utilisation dans des restaurants certifiés BIO par Ecocert Label AB. En ce qui concerne la collectivité, elle intègre les produits bio soit 15 % dans les menus en 2010 et 20% en 2012. Les produits éthiques :35 Ce sont des produits issus du commerce équitable, c'est à dire qui veille à protéger les petits producteurs des cinq continents, ce sont des produits locaux ou d'origine biologique. Les produits éthiques doivent répondre à un ensemble de critères sociaux et environnementaux pour pouvoir être commercialisés. Ils sont inhérents au développement durable et à la responsabilité sociale des salariés. 2.3 Le Néo constructivisme 2.3.1 La science au service de la cuisine » Depuis de nombreuses années, une multitude de domaines tels que la musique, la peinture, l’architecture ont puisé les avantages de la science, afin d’améliorer leur qualité et leur productivité. Aujourd’hui un célèbre physico chimiste nommé Hervé This comme Antoine Lavoisier l’a fait pour la chimie, a désiré rénover notre discipline en nous formant à l’évolution technologique et scientifique. Cette remise en cause36 de l’ensemble de nos pratiques, de nos savoirs n’est source que d’enrichissement et de perfectionnement, elle n’est qu’évolution des techniques et non pas démolition de notre passé. Nous verrons dans cette sous partie la distinction entre la gastronomie moléculaire et la cuisine moléculaire, ses intérêts, ses rôles. 35 JOSSELINE ABADIE, Ethique attitude, « Qu’est ce qu’un produit éthique ? »[en ligne], [réf du 15/08/09], disponible sur : http://ethic-attitude.com/produits-ethiques-ecologiques-equitables.htm 36 Y.MASSON, De l’Intérêt de la science pour évoluer dans notre enseignement, Ingénierie Culinaire, Toulouse, 2004. 32 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Pour présenter la gastronomie moléculaire, il est nécessaire dans un premier temps de se rapprocher des définitions données par l’INRA37, et le chimiste Hervé This. Nous détaillerons par la suite l’intérêt de la science pour le monde culinaire de « la pratique à l’enseignement ». Dans une seconde partie nous nous consacrerons à la maitrise des techniques par l’utilisation de nouvelles matières. Dans une troisième partie, nous étudierons les nouvelles compréhensions des techniques culinaires. 2.3.1.1 La cuisine moléculaire : Hervé This caractérise la cuisine moléculaire, par un mode culinaire utilisant les résultats de la science par l’introduction de nouveaux ingrédients, de nouvelles méthodes, de nouveaux ustensiles afin de faciliter la vie du cuisinier et de mieux comprendre les réactions culinaires. 2.3.1.2 La gastronomie moléculaire : Introduite en 1988, par le physicien britannique Nicolas Kurtis et par le chimiste français Hervé This, la gastronomie moléculaire est définie par Hervé This sous la forme d’une discipline scientifique, branche de la physio chimie explorant les pratiques et les transformations culinaires, cherchant les mécanismes des phénomènes qui surviennent lors de l’activité culinaire. D’après une définition de l’Inra, on définit : « la gastronomie moléculaire comme la science de la gastronomie, elle explore les pratiques et les transformations culinaires cherchant des phénomènes qui surviennent lors de l’activité culinaire. » Chaque connaissance nouvelle produite par cette discipline est l’occasion de transferts technologiques et d’applications pédagogiques par exemple : l’introduction fondée sur l’analyse des techniques et gestes culinaires de nouveaux matériels, de nouvelles méthodes, ingrédients, l’invention de nouveaux plats par l’analyse des mets classiques revisités, la présentation des sciences au public, par des conférences et sur le site de l’INRA, 2.3.2 Le rôle de la science38 : Elle permet d’identifier pour chaque technique culinaire, leur caractéristique de réussite, en cherchant leur condition d’obtention afin de mieux maîtriser les points critiques. Pour illustrer cette maîtrise des risques « le guide des bonnes pratiques de l’hygiène en restauration » est un véritable outil de référence utilisé par les professionnels de la restauration. De plus comme nous le montrent, les grands chefs tels de Ferran Adria, Pierre Gagnaire, et bien d’autres par leurs créations culinaires, elle permet de développer la sapiction de manière 37 INRA, H.THIS, la cuisine moléculaire,[en ligne], [réf du 27/05/09].,disponible sur : <http://www.inra.fr/la_science_et_vous/apprendre_experimenter/gastronomie_moleculaire/cours 38 H.THIS, Traité Élémentaire de Cuisine, Paris, Edition Belin, 2002 33 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 originale par la simulation visuelle, olfactive, tactile et gustative pour cela elle utilise de nouvelles matières tels que les gélifiants pour jouer sur les textures ou de nouveaux matériels tels que le siphon ou la pipe à fumée. La science permet 39: De remettre en cause les savoirs, les pratiques culinaires pour ne devenir qu’enrichissement, évolutions, et perfectionnement des pratiques et des techniques de la cuisine. Le chimiste Hervé This nous la démontré par l’expérience de la cuisson de viande en immersion départ à froid ou départ à chaud un résultat identiques au poids et en concentration aromatique. Le recensement et l’exploration de manière expérimentale des dictons populaires ainsi que des tours de mains. Par l’étude des soufflés, technique difficile à réaliser, Hervé This nous montre comment réaliser parfaitement un soufflé bien monté. De comprendre les réactions physico chimique des nutriments (lipides, glucides, protéines…) afin de perfectionner les techniques et les procédures. Par exemple par l’étude des graisses et leurs fusions, nous savons que le beurre est une émulsion car il contient 8% d’eau, et que les températures de solidication à la fusion sont de 10°C à 50°C. La rénovation d’un vocable devenu obsolète et non adapté aux techniques, permettant une source d’évolution et de progrès (voir annexe) avec l’osmazôme, cuisson par expansion, concentration, caramélisation des sucs. Elle permet d’avoir moins de certitudes non justifiées tels que le syndrome du steak salé, grâce à l’aide de la science on sait que l’on peut saler avant et après la cuisson, le pouvoir de dégorgement varie en fonction de la nature de la viande, le sel ne fait aucunement sortir le jus en cours de cuisson mais plutôt durant la cuisson. Elle permet de développer la créativité par l’utilisation d’additifs permettant la création de nouvelles textures, nouveaux gouts (mousses, écumes, gelée chaude…) Par la théorie de l’œuf dur, Hervé This, nous montre comment réussir un œuf dur parfait40, en évitant la fêlure de la coquille avec un blanc et un jaune parfait par la cuisson à une température de 68 °C, il nous démontre par cette illustration que la science est une source de maitrise démystifiant la réussite de la cuisine par le coup de main. 39 .MASSON, De l’Intérêt de la science pour évoluer dans notre enseignement, Ingénierie Culinaire, Toulouse, 2004 40 H.THIS, Traité Élémentaire de Cuisine, Paris, Edition Belin, 2002 Y.MASSON, De l’Intérêt de la science pour évoluer dans notre enseignement, Ingénierie Culinaire, Toulouse, 2004 34 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 2.4 Utilisation de produits nouveaux : les additifs41 Dune dizaine d’années l’apport des techniques de la gastronomie moléculaire, ont amené progressivement l’utilisation jusque là inconcevable d’additifs dans la restauration commerciale. Selon le SYNPA42, nous pouvons classer les intérêts des additifs alimentaires sous la forme de quatre buts But technologique : Ils permettent de faciliter la fabrication de l’aliment But sanitaire : Ils assurent une meilleure conservation des produits But organoleptique : Ils permettent l’amélioration ou le maintien des qualités sensorielles (consistance, texture, couleur, goût.) But nutritionnel : Ils ont pour mission de conférer de nouvelles valeurs nutritives à l’aliment. L’utilisation de ces additifs à permis de susciter la créativité et l’innovation auprès de chefs connus tels que Thierry Marx, Ferran Adria. Par l’application de cette gastronomie moléculaire, ils sont su répondre à l’attente de nouveauté de la part de la clientèle, mais aussi aux soucis de santé par l’utilisation de produits naturels. De nombreux produits de l’industrie agroalimentaire sont transférés dans la restauration commerciale. Nous pouvons apercevoir quelques exemples d’additifs naturels : cf. (voir annexe 4 les additifs) permettant de refréner les craintes des clients à l’égard de l’impact des additifs sur leur santé Les épaississants : L’Arrow root (racine de maranta) La gomme de guar (légumineuse) > épaississant à froid La gomme de tara (légumineuse) > épaississant à froid Le xanthane (bactérie) Le konjac (tubercule) Le pouvoir sucrant : Le Fructose Le glucose Exhausteur de goût : Le mono glutamate de sodium 41 La cuisine moléculaire, « ‘Les produits », [en ligne], [réf du 20/03/2010], disponible sur :< http://www.cuisinemoleculaire.com/index.php?option=com_virtuemart&page=shop.browse&category_id=1&Ite mid=67> http://www.cuisinemoleculaire.com/index.php?option=com_virtuemart&page=shop.browse&category_id=1&Ite mid=67> 42 SYNPA, l’intérêt des additifs alimentaire. [en ligne]. Disponible sur : < > http://www.synpa.org/accueil/espace_reglementation/alimentation_humaine/additifs_alimentaires/presentation/s chema__interet_des_additifs_en_alimentation_humaine> 35 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Les liants : La caroube (fruit du caroubier)> liant à froid Les carraghénanes (algues rouges) La gélification à chaud : L’agar agar La sphérification : L’alginate de sodium (algues brunes) Émulsifiant et support pour les arômes : La gomme arabique (provenant de certaines variétés d’acacias.) Les fonctions des additifs, nouvellement implantés en cuisine sont réparties en 24 catégories, elles peuvent être schématisées de la manière suivante. Voir annexe 2.4.1 Les émulsions43 : Elles correspondent à une dispersion de gouttelettes de matière grasse dans une solution aqueuse, ou inversement. L’émulsion permet de maintenir de manière dispersée les gouttelettes dans un liquide, empêchant leur coalescence et la déstabilisation de l’émulsion. Par exemple la mayonnaise, la mousse au chocolat, la crème sont des émulsions. Hervé This à transposé la technique de l’émulsion sur le fromage. Le fromage est composé de matière grasse donc en ajoutant de l’eau et en le faisant fondre, nous obtenons une béarnaise de fromage, une fois refroidi sur un lit de glaçons, en fouettant on obtient du fromage chantilly. Cette technique de l’émulsion permet de réaliser une multitude de textures différentes et une grande créativité de la part des cuisiniers. 2.4.2 Les chantilly : Ce sont des mousses de crème stable, réalisées à partir d’une émulsion visqueuse (matière grasse et micelles de caséines en suspension dans de l’eau) et d’une adjonction d’air. Les chantilly sont réalisables avec d’autres matières grasses comme le chocolat, le fromage, le foie gras… 2.4.3 Les mousses 44: C’est un système formé de bulles d’air dans un liquide, on obtient une mousse lorsque l’on introduit des bulles de gaz dans une préparation. Nous pouvons distinguer des mousses solides ou liquides qui sont stables ou instables. La stabilité d’une mousse qui lui donne sa texture solide dépend de la viscosité d’un liquide et de la taille des bulles près des parois. Plus les bulles sont petites plus la mousse est stable. 43 Y.MASSON, De l’Intérêt de la science pour évoluer dans notre enseignement, Ingénierie Culinaire, Toulouse, 2004 44 H.THIS, Traité Élémentaire de Cuisine, Paris, Edition Belin, 2002 36 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 L’émulsion est une mousse liquide stable. La meringue est une mousse solide stable. 2.4.4 Les gels 45: On défini le gel comme une dispersion d’un solide dans un liquide. Ce collagène existe dans tous les aliments (tels que le blanc d’œuf, la viande, le poisson, les fruits…) ou sous la forme de gélatines. En élevant la température, le gel fond et forme, lors de la baisse de la température, des réseaux de segments à triples hélices. Hervé This classe les gels en deux grandes catégories : Les gels réversibles : Ce sont des gels réalisés à partir de protéines (gélatines), de glucides (agar agar, pectines) qui se distinguent par la capacité de ses composants (les molécules de gélatine dans une gelée capables de se lier ou délier selon la température en raison de leurs types de liaisons.) Ils sont utilisés pour la réalisation de glaçages, des gélifications chaudes… Les gels irréversibles : Ces gels se différencient des autres gels par la nature de leur liaison chimique forte, ils sont réalisés à partir de protéines de blanc d’œuf, de poissons, de viandes, à partir de glucides tels que l’alginate, la pectine...) On retrouve ses gels par exemple dans la crème anglaise où les protéines de l’œuf au contact de la chaleur se solidifient et créent une crème veloutée liée. 2.5 Les classifications des nouvelles cuissons46 : Tableau 3 : Les nouvelles cuissons. MODE DE CUISSON CUISSON avec brunissement A HAUTE TEMPERATURE T°>100°C A BASSE TEMPERATURE T°>100°C TYPE DE CUISSON Mode de cuisson utilisant les propriétés d’absorptionrestitution de chaleur des fluides (de type air, graisse) et de certains matériaux, voire des propriétés d’élévation de températures par certains rayonnements, pour des cuissons courtes (à l’exception de la cuisson basse –température) -Par contact avec un gaz (air) : rôtir (four naturelle ou forcée), cuire en croûte de sel, d’argile,…) -Par contact avec un solide : rôtir (cas des fours à pain), sauter, sauter déglacer, sauter à sec_ à la plancha, griller -Par contact avec un liquide : frire -Par rayonnement : rôtir à la broche, grillée, cuire à la salamandre -Par contact avec un gaz (air) : fumer à chaud (air chargé en composés carbonés), séchage (air sec à 45 CRNHR, D.HERRERO, G.ETIENNE, « Traité scientifique et artistique », Les Nouvelles Influences de la Pâtisserie et de la Cuisine, [en ligne]. [réf du 25/01/09], disponible sur : < http://www.hotellerie-restauration.acversailles.fr/spip.php?article1172> 46 Ibid 37 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 CUISSON SANS BRUNISSEMENT DEPART T°BASSE DEPART T° HAUTE AUTRES CUISSON en atmosphère combinée CUISSON ATMOSPHERE SECHE puis HUMIDE CUISSON ATMOSPHERE HUMIDE PUIS SECHE BASSE TEMPERATURE JUSTE TEMPERATURE AUTRES MODES DE TRAITEMENT conduisant à des résultats comparables à des cuissons sans l’action de la chaleur température> 100°C) -Par contact avec un gaz (vapeur d’eau) : cuire à basse –température (généralement couplé à une coloration en surface par rayonnement sous salamandre) perte limitée de l’ordre de 15 à 20 %), tendreté et jutosité caractéristiques. Mode de cuisson utilisant le principe de vaporisation de l’eau soit extérieur au produit (dans l’enceinte), soit intérieur (eau de constitution) Remarque : Perte limitée des composés aromatiques des produits sous l’action de : la température, la concentration du liquide de cuisson dans certains cas, d’une barrière entre le produit et son environnement extérieur -Par contact avec un liquide : pocher à froid, Pocher au court bouillon simple, Pocher à court mouillement, Réalisation de bouillons, cuire des féculents (légumes : pommes de terre, légumes secs), braiser des légumes, glacer des légumes, cuisson sous vide à juste température (appliquée aux poissons,…) Par contact avec un liquide : Pocher à chaud, cuire à l’anglaise (légumes, pâtes alimentaires, féculents), cuire à blanc, cuire dans un blanc, cuire à la nage/au court bouillon à chaud, cuire sous vide (produits sans pré cuisson type poisson, volaille suprême,…) -Par contact avec un gaz (vapeur d’eau) : Cuire à la vapeur, étuvé, cuire en papillote -Par rayonnement : cuire au four à micro-ondes Mode de cuisson associant une cuisson en atmosphère sèche et une cuisson en atmosphère humide -Poêler -Poêler moderne -Cuire en ragoût, braiser (viande, gibier) Perte d’une partie de la graisse, hydratation partielle -Rôtir (technique de pocher la viande, la volaille, avant de la rôtir) Technique ancestrale, encore utilisé par quelques professionnels Cuisson –conservation sous-vide Adéquation du couple temps température/température à l’aliment traité NB : Cuisson basse température ( T°C< 68°C non applicable aux légumes) cuisson variable entre 80 à 90°C -Action d’agents chimiques *Acide *Alcool *Sucre, sel provoquant une déshydratation total eou partielle du produit *Enzymes (dont les enzymes protéolytiques) présentes dans la papaye (papaïne), ananas (bromé line), figue,… 38 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 -Action de la pression Exemple en industrie (fabrications de gâteaux apéritifs) : le principe de la cuisson –extrusion (système utilisant dans un tunnel confiné, l’action combinée d’une température et d’une pression, de l’ordre de 140 fois la pression atmosphérique, permettant de provoquer une forte expansion d’un produit dès sa sortie du tunnel). Ce tableau extrait du livre « la cuisine professionnelle »de Yannick Masson et Jean Luc Danjou, nous montrent les techniques revisitées des cuissons grâce à l’usage de la science. Depuis 1980, on parlait de cuisson par expansion ou par concentration, alors que rien ne se concentrait dans la cuisine par concentration et que rien ne gonflait dans la cuisson par expansion. Depuis l’intervention d’Hervé This, la cuisine à essayé de compenser son retard et ses erreurs. Ce tableau nous montre la mobilisation d’enseignants de productions culinaires, qui mettent en application le changement de termes et des expressions qui n’ont pas de rapport direct avec l’action qu’ils décrivent. Hervé This a classé les cuissons simples en douze types, or ces cuissons peuvent être cumulées, c’est ce qu’il appelle plus communément le tableau des doubles cuissons.Il a pour fonction l’innovation et la mise en application de cuissons n’ayant pas été encore travaillées. Grâce à ses études de phénomènes sur les températures, il offre aux cuisiniers la possibilité une cuisson parfaite des aliments à leur juste température dans l’objectif de leur garder leurs qualités organoleptiques, mais aussi afin de découvrir de nouvelles textures, goûts et couleurs. En jouant sur les dégradés de cuisson, Hervé This nous montre comment faire évoluer nos pratiques culinaires. L’exemple le plus spectaculaire est celui de l’œuf à 63°C La cuisson par le froid 47: Appelé la coction, cette technique permet de réaliser des cuissons grâce à l’usage d’azote liquide, tels que le fameux moelleux au chocolat de Thierry Marx ou encore la meringue. L’usage d’azote liquide permet aussi la création de glace de manière instantanée et rapide, en liquéfiant à – 200°C l’appareil, elle réalise de fins cristaux, des composés aromatiques et permet par l’utilisation du Paco jet une augmentation du foisonnement par grande agitation et une glace d’une texture de meilleur qualité. 2.6 Les nouveaux matériels et ustensiles : Afin de répondre à l’évolution des courants culinaires et à l’évolution des techniques, nous verrons dans cette partie, l’ensemble des nouveaux matériels que nous pouvons rencontrer dans les écoles hôtelières et dans les restaurants. Ces matériels innovants permettent de répondre aux besoins des cuisiniers dans l’application des nouvelles techniques. 47 Y.MASSON, De l’Intérêt de la science pour évoluer dans notre enseignement, Ingénierie Culinaire, Toulouse, 2004 39 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 48 Les matériels : Le thermomètre : Outil permettant la maitrise de la température de chaque cuisson par l’usage de la sonde. • Le sous vide 49: Procédé industriel destiné à conserver les denrées alimentaires solides et liquides dans leur état d'origine sous vide d'air dans un temps déterminé. Cette technique permet la conservation des aliments par l’extraction totale de l’air entre la denrée et le conditionnement, mais aussi des cuissons. Le sous vide permet d'effectuer des cuissons dans le conditionnement entre 65° et 100°.Les qualités de la cuisson sous vide sont la préservation des flaveurs, des vitamines par la cuisson à basse température, des nutriments. Elle permet la valorisation et le traitement des morceaux de troisième catégorie à braiser où à bouillir. • Le Paco jet 50: Utilisé comme une glacière ou une sorbetière, il fabrique un produit de grande qualité en utilisant des produits frais et naturels. • Le Pacossage : Il broie et mélange les produits encore surgelés sans devoir les décongeler afin de produire des mousses d'un goût très intensif et à une température idéale de dégustation. • Le siphon : Il permet de réaliser, mousses et chantilly, il est constitué d'une bouteille à double paroi permettant une isolation thermique maximal (8 heures pour les produits froid, 3 heures pour les produits chauds.) Le wok : Utilisé dans la cuisine spectacle, il permet une cuisson des aliments courte, sautée, à la fois saine, rapide et équilibrée. Il est de forme demi sphérique permettant une cuisson nécessitant peu de matière grasse. On peut utiliser le wok pour faire frire les aliments, les faire sauter et les faire cuire à la vapeur. Le fumoir : Cet appareil de cuisson permet un fumage du poisson, de la viande, des coquillages. Il permet de réaliser une cuisson saine et diététique, alliant saveur du bois de hêtre et texture. Il existe deux techniques : Le fumage à froid destiné à fumer des pièces tels que le saumon, la viande, de manière suspendu. Le fumage à chaud qui permet de cuire en même temps que fumer des pièces. 48 POLITEC, Au service de la restauration, [en ligne], disponible sur : < http : //www.politec-france.com/> LYCÉE HÔTELIER ADUMA. Le sous vide.[en ligne]Disponible sur : <Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide.> 49 50 Ibid 40 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 La plancha à induction : Véritable progrès technologique en matière de cuisson, il permet de réaliser des cuissons et rôtissages parfaits grâce à une température spécialement mise au point et surveillée électroniquement. La plancha induction permet une cuisson souple et efficace, courte et saine c’est l’avenir de la technique « griller ». Le thermoplongeur : Cet appareil permet de disposer d’un bain marie à la température que l’on souhaite, celle-ci est contrôlée, uniforme, stable et ultra précise. Il est idéal pour les cuissons sous vide à basse température. Le Gastro Vac 51 : Par la création d’une atmosphère artificielle à basse température, ce système réduit les températures de cuisson et de friture permettant une préservation de la texture, de la couleur et des éléments nutritifs des aliments. L’aliment absorbe le liquide environnant, permettant une multitude de combinaison d’aliments et de saveurs du liquide grâce à l’imprégnation. Par exemple les pommes au goût de menthe, les poires au vin, les ananas au goût de coco. Le QCBAG : 52 Il permet d’envisager les avantages diététiques et gustatifs de la cuisson en papillote en cuisant sans graisse et en conservant les composants originaux des aliments. Sa fenêtre transparente et escamotable permet de juger de la cuisson sans ouvrir l’emballage ; Il s’adapte à toutes les formes de cuisson (four, poêle anti adhésive, barbecue), le film plastique de la fenêtre est thermorésistant jusqu’à 230°C. Le film carta fata53 : Remplaçant de la papillote, il permet grâce à son film transparent thermorésistant jusqu’à 230 °C, de cuire les aliments sans graisse en maintenant les qualités organoleptique et nutritionnelle. On peut l’utiliser dans un four, à la poêle ou encore à la friteuse. Ce concept permet la présentation de mets originaux et diététiques. Les pipettes : Elles permettent de sublimer les recettes par l’association de différentes saveurs et de donner un côté ludique et stylé aux plats par des réductions, des coulis … 51 Ibid Les nouveaux matériels, [en ligne].disponible sur :<http://www.sensgourmet.com/pages/produits.php?id_lien=13> 53 La cuisine moléculaire, [en ligne], [réf du 20/03/2010],.disponible sur : http://www.cuisinemoleculaire.com/index.php?option=com_virtuemart&page=shop.browse&category_id=2&Ite mid=40 52 41 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Les ustensiles 54 : La cuillère de ramassage : Utilisée pour la spécification, elle permet la formation de billes grâce au trou de la cuillère, elle sert à recueillir le produit venant d’être formé. La seringue et la cuillère de dosage : Utilisée pour la spécification, elles permettent de mesurer la quantité de produit que l’on veut former. Le spaghetto kit : Il permet de créer des spaghettis originaux de n’importe quels arômes par la technique de gélification. La pipe à fumée : Elle permet la création de fumées originales qui parfument les ingrédients. Par ce procédé la fumée est rejetée sous pression ce qui permet de contrôler son application avec précision ou de l’enfermer dans des cloches transparentes pour un effet optique et gustatif en salle. Le lyophilisateur : Afin de créer de nouvelles textures, cet appareil permet la transformation d’aliments en paillettes surgelées. 2.7 L’industrialisation de la restauration : Dans un contexte de crise économique, avec une concurrence accrue, des règles d’hygiène de plus en plus strictes, les restaurateurs utilisent de plus en plus de produits semi élaborés tels que les fonds, PAI…. Quant à la restauration de masse, avec les mêmes contraintes d’hygiène, elle doit veiller à toute réduction des coûts afin de satisfaire une clientèle qui a souvent des petits budgets. L’utilisation des produits semi élaborés, ou même des produits finis, permet des économies de main d’œuvre et ainsi un prix concurrentiel pour les produits vendus. Face à l’industrialisation de la restauration, le marché agro alimentaire offre à ce secteur plusieurs gammes de produits alimentaires, allant du produit brut au produit prêt à l’emploi en passant par des produits semi élaborés. La Cuisine Moléculaire, [en ligne], [réf de 2009], disponible sur : http://www.lacuisinemoleculaire.fr/ 42 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Nous pouvons les classer de la manière suivante : Tableau 4 : Les gammes de produits alimentaires55. Origine des produits Animale et végétale État Transformation Brut Colisage Animale et végétale Appertisé Animale et végétale Surgelé Quatrième gamme Végétal Cinquième gamme Animale et végétale Cru, épluché et conditionné sous atmosphère contrôlée Cuisiné prêt à être servis et conditionné Produits d’épicerie semi- élaborés Animale et végétale Gamme Première gamme Deuxième gamme Troisième gamme Déshydraté prêt à être hydraté ou assemblé Température de stockage Réfrigérée et ambiante Durée de conservation Courte Appertisation Ambiante Longue Épluchage, lavage, parage, blanchiments congélation ou surgélation. Épluchage, lavage, parage, taille et ensachage -18°C Plusieurs mois +4°C 4 à 8 jours Cuisson, conditionnement, refroidissement +3°C Déshydratation ou lyophilisation Ambiante 6 jours, 21 jours, 45 jours selon le traitement des produits Plusieurs mois Cette diversité détermine un mode d’organisation est un type d’équipements différents selon la gamme ou les gammes employées. Ainsi nous distinguerons trois types d’organisations. La cuisine traditionnelle et cuisine traditionnelle avec assemblage d’opportunité La cuisine d’assemblage La cuisine 45 La cuisine traditionnelle et cuisine traditionnelle avec assemblage d’opportunité : 56 Cette organisation nécessite un zonage de travail spécifique et des équipements de stockage appropriés au stockage et à la transformation, ainsi que tous les matériels nécessaires à chaque mode de cuisson. La cuisine traditionnelle utilise surtout des produits bruts. La cuisine traditionnelle avec assemblage d’opportunité fonctionne de la même façon que la cuisine traditionnelle à la seule différence que pour certaines raisons de surcroit occasionnel d’activité ou inversement de sous activité temporaire, ou de sous effectif suite à de l’absentéisme de personnel ou encore une panne d’appareil, cette cuisine utilise des produits semi élaborés. Cette utilisation permet une correction du décalage du rapport charge/capacité et peut faire bénéficier des opportunités du marché des produits intermédiaires. 55 JP POULAIN, G LARROSE, Abrégé d’Ingénierie Hôtelière et Touristique, Paris, Éditions Jacques Lanore.2003. p.95/p100 43 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 La cuisine d’assemblage : Cette organisation de fabrication est basée sur l’utilisation de produits semi élaboré&s mais non finis sans éliminer les phases de cuisson, de finition des plats ainsi que le dressage. Deux avantages majeurs quant à cette organisation : Gain de temps : épluchage, lavage, parage, taille sont éliminés Personnalisation des produits grâce au temps gagné par l’utilisation de ces gammes. En effet le cuisinier peut accorder davantage de temps aux cuissons, finitions et dressage. Ainsi les zonages destinés au stockage et à la transformation diminuent ainsi que certains matériels spécifiques. L’assemblage 4.5 et concept 4.5 Mixte : Cette organisation est réduite à la simple remise en température et au dressage des plats hors d’œuvre et desserts. Seules les grillades prévues sur la carte sont réalisées sur place. Les zones de stockage sont organisées en fonction des températures de conservation. Quand aux équipements ; deux espaces l’un pour les préparations chaudes avec le four mixte, micro ondes, bain marie, l’autre pour les préparations froides La liaison différée : 57 Grâce à l’utilisation de la liaison différée, il est possible de nos jours de produire pour consommer quelques jours après, ou encore de produire dans un lieu et consommer dans un autre. Ce système à pour objectif de différer le service et la consommation de tout ou d’une partie de la fabrication. Nous développerons deux types de liaisons me paraissant les plus utilisées. La liaison chaude : La production est déconnectée de la consommation et la conservation des aliments se fait par le maintien en température inférieure à 65°C en moins de deux heures, dans l’intervalle de temps séparant la fabrication de la consommation. La liaison froide : Utilisant comme moyen de liaison la réfrigération des repas qui s’opère directement après la cuisson, cette technique consiste à faire descendre la température de 65 à + 10°C en moins de deux heures. Cette méthode permet la déconnection complète de l’organisation dans la production et dans les rythmes de consommation. 57 Ibid. 44 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 PARTIE 3 COMMENT INTÉGRER CES ÉVOLUTIONS DANS L’ENSEIGNEMENT DE DEMAIN. L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 3 COMMENT INTÉGRER CES ÉVOLUTIONS DANS L’ENSEIGNEMENT DE DEMAIN. Cf. :( Voir annexe 6 : grilles d’entretiens enseignants) Cf. :(Voir annexe 5 : entretien avec Hervé This) La cuisine est une discipline séduisante, intéressante qui ne cesse d’évoluer.58 Comme nous le disait Escoffier « La cuisine évoluera comme la société sans cesser d’être un art. » C’est pour cela qu’il est nécessaire d’exploiter cet intérêt pour la cuisine, en faisant évoluer nos pratiques culinaires. Par l’évolution des courants culinaires et de l’industrie agroalimentaire, l’évolution des mets se trouve soumise à des lois d’instantanéité qui laissent derrière elles les procédés de nos pères. Aujourd’hui pour être enseignants il faut essayer de comprendre avant d’apprendre aux élèves, il faut développer une démarche raisonnée sur le pourquoi des actes, afin de pouvoir justifier ceux ci et permettre de mieux réaliser les techniques et préparations. Nous devons aujourd’hui faire évoluer : Notre enseignement dans ces pratiques et ces techniques à enseigner. Notre discipline en nous formant à l’évolution technologique et scientifique. Notre dogmatisme pour la gastronomie traditionnelle vers un réalisme plus éclairé. La cuisine doit être aujourd’hui enseignée en prenant compte : La préparation à l’adaptabilité (des bases, des méthodes, une large ouverture sur les métiers, une polyvalence, un développement de la compréhension plutôt que le psittacisme afin de s’adapter aux différents marchés.) La préparation à la créativité (apprentissage des techniques, ouverture pour chaque technique vers les différents champs d’application, présentation des dérivés et transfert.) Facilité leur chance de réussite et leur intégration professionnelle (importance des stages, développement des partenariats, pédagogie de la réussite, approche conceptualisée des différents métiers grâce à l’ouverture des référentiels.) La préparation à l’autonomie par les projets pluridisciplinaires, les TP d’application. Nous verrons dans cette troisième partie comment intégrer ces évolutions dans l’enseignement de demain. 58 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005. 46 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 N’oublions pas cependant que l’enseignement est réalisé par des têtes pensantes et que de nombreuses actions sont réalisées pour coller au réalisme de la profession, il s’agit aujourd’hui d’ouvrir notre esprit et d’optimiser notre enseignement. 3.1 Au niveau de l’enseignant : 3.1.1 Intégrer de nouvelles techniques 59 : Il est nécessaire de faire évoluer les pratiques et les techniques enseignées, c’est pour cela qu’il faut intégrer de nouveaux enseignements tout en tenant compte des innovations technologiques. Il est important pour l’enseignant, de ne pas être dépassé par les évolutions, mais au contraire d’intégrer ces nouveaux savoirs dans notre enseignement. Suite à mes recherches et à mes entretiens individuels sur le terrain, j’ai pu remarquer que certaines nouvelles techniques étaient utilisées dans les écoles hôtelières mais encore pas suffisamment, en voici quelques exemples : L’utilisation du thermomètre me parait très importante, véritable progrès technologique, cet outil permet la maitrise parfaite de la température et donc de la cuisson. Certains enseignants adhèrent parfaitement à l’usage de celui-ci comme Monsieur Basse qui trouve cet outil idéal car on ne peut se tromper sur les cuissons, et la vie de l’élève et de l’enseignant sont facilitées. Quand à Monsieur Bertolinot, il le trouve indispensable et s’en sert pour chaque cuisson. Cependant il est encore trop peu utilisé et son utilisation devrait être étendue autant dans les TA que dans les TP. Ainsi l’utilisation du support d’Hervé This, le tableau des douze cuissons devrait amener l’élève non seulement à utiliser ce matériel comme une nécessité mais encore à connaitre la température du produit par exemple la cuisson idéale pour une viande saignante. L’enseignement de la cuisine à basse température semble judicieux pratiqué par certains enseignants mais encore pas assez sollicité comme nous l’explique Hervé This dans ses réponses, un réel effort doit être réalisé par les enseignants pour l’intégration de cette technique. La cuisson des viandes à basse température permet la valorisation des viandes à braiser, peu onéreuse mais au rendu merveilleux. Monsieur Bertolinot valorise lors de chaque TP ce type de cuisson, mais aussi par la formation d’élèves au concours du bœuf. Selon Monsieur Basse outre la réalisation de cuissons parfaites avec des produits peu couteux, un autre intérêt de ce mode de cuisson est une perte moindre du volume du produit, et une productivité accrue car il permet un gain en personnel et une commodité de l’envoi. L’utilisation du sous vide est de plus en plus prisée par les professionnels de la restauration en tous genres, non seulement pour ses vertus de conservation, de cuisson, ou de qualité de résultat. Il parait une nécessité de développer la formation de l’élève à l’utilisation de ce procédé 59 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005. 47 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 révolutionnaire, permettant de tout réaliser de la cuisson du foie gras à la conservation de l’artichaut jusqu’à confire les ananas. En plus de vanter ses fonctions, avantages et inconvénients en TA, on devrait apprendre l’utilisation appropriée des différentes poches (conservation, cuisson). Ainsi un foie gras devra être bien serré sans air pour une meilleure conservation et un maintien de la forme tandis que du gruyère râpé ne devra pas être mis sous pression au maximum pour ne pas être écrasé et ressembler à la fin à un bloc. Il est nécessaire de connaître ces petites spécificités pour maitriser cette technique. Cette dernière permettrait d’anticiper sur les TP, comme l’a bien compris monsieur Bertolinot, par exemple dans les TA sur le poisson, on peut lever les filets, les portionner et les mettre sous vide. Cependant cette technique est peu utilisée d’une part car elle est très onéreuse en accessoires (poches) et d’autre part par manque de savoir de la part des enseignants, d’autre part (comme nous le dit Monsieur Basse « le sous vide est mal utilisé par manque de formation. ») L’usage des nouveaux matériels pour réaliser des cuissons courtes est à mettre en avant. Ces matériels utilisés sont dans les ¾ des restaurants pour la majorité « des cartes et des menus » mais aussi dans les nouveaux concepts par exemple la cuisson au wok avec la word food ou encore l’utilisation de la plancha dans tous les secteurs à thème, gastronomie, traditionnelle, rapide. Au lycée hôtelier de Toulouse, Monsieur Bertolinot et Madame Massat utilisent des poêles anti adhésives, ainsi que le wok, la salamandre pour réaliser des cuissons courtes. Ils souhaiteraient disposer d’une plancha mais les budgets de l’établissement n’ont pas pu satisfaire leurs demandes. Ils enseignent donc la technique griller sur des grills. Monsieur Basse quant à lui, utilise la plancha car il trouve intéressant ce matériel pour la cuisson de certains produits par exemples snacker des saint jacques. Il utilise le wok lors de TP d’initiation sur des thèmes et s’en sert également pour les fritures. Pour ma part je pense qu’il serait nécessaire de développer ces cuissons courtes par une TA expliquant à l’élève toutes les techniques de ces cuissons selon les produits. Il est important que l’élève sache maitriser ces techniques pour être immédiatement opérationnel et sache apporter sa créativité dans l’entreprise lors de son évolution de carrière. Afin de pouvoir inculquer un maximum de techniques aux élèves il faut que les enseignants organisent des TA très complètes et très bien préparées. Comme nous le dit M.6 Fourcadet dans ses réponses, les professionnels attendent de vraies connaissances en ce qui concerne les techniques de base simples et complexes. Or nous sommes conscients qu’aujourd’hui les heures de TA sont de deux heures par quinzaine et de un TP par quinzaine soit 6 heures en première année et 8 heures en seconde année. 48 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 L’enseignant doit être très inventif et avoir une gestuelle précise. L’utilisation de PAI dans les séances doit permettre aux élèves de gagner du temps sur les préparations de base, et d’acquérir des connaissances sur les produits de se concentrer sur l’apprentissage des techniques. Cette démarche est déjà effectuée dans certainS établissement, les TA doivent avoir une approche scientifique sur les paramètres physico chimiques des aliments et s’appuyer sur les travaux d’Hervé This, afin de gagner du temps sur ce qu’il n’est plus nécessaire d’enseigner aux élèves. Afin d’aborder les techniques par elles mêmes nous devons utiliser des TET (Tableau d’études techniques), ce tableau nous permettra d’établir des progressions sur la technique et la maîtrise de ces risques. Comme nous l’avons vu précédemment, des techniques sont développées comme la cuisson sous vide, au lycée d’Orvault à Nantes, afin de se familiariser avec les matériels et les applications pouvant y être réalisées. Une séance de cuisine sous vide a été instaurée une fois par semaine. 3.1.2 Prendre en compte la restauration de masse et ses spécificités.60 Il est nécessaire que les enseignants arrêtent leur dogmatisme pour la gastronomie traditionnelle et évoluent vers un réalisme professionnel plus éclairé. Encore trop peu d’écoles hôtelières prennent en considération la restauration de masse et ses spécificités et ont tendance à la dénigrer ne la trouvant pas assez clinquante au regard des élèves. Or les enseignants doivent diriger les élèves vers les métiers où ils trouveront des emplois. Selon une étude du CEREQ (Centre d’Etudes et Recherches sur les Qualifications.) plus de la moitié des élèves en section hôtelière ira travailler dans les chaines de restauration en collectivité. L’utilisation des produits de troisième ou quatrième gamme, tels que les petits pois ou encore les cuisses de poulets ne sont pas travaillés en grande quantité mais juste utilisés pour des questions de gestion de coûts et de temps. L’abandon des préjugés vis-à-vis de la collectivité devient une nécessité. Il faut devenir un vecteur d’une formation de qualité dans ces domaines. D’autant que, de plus en plus de restaurateurs ont recours à la cuisine d’assemblage et utilisent de multiples produits semi élaborés tels que les fonds, les ovo produits, ou encore les PAI. L’apprentissage du choix et de l’utilisation des produits de l’agroalimentaire doit être transmis en fonction du contexte de production. Ainsi rares sont les lycées hôteliers qui apprennent la liaison différé de manière pertinente. Il est réellement nécessaire d’apprendre aux élèves la liaison froide et la liaison chaude afin qu’ils ne soient pas surpris lors de la pratique sur le terrain. Cette pratique est intégrée lors de passage au self par certains professeurs comme 60 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005. 49 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Monsieur Basse chez les BEP ou les CAP. Elle ne l’est jamais dans les TP ou TA de bac technologique ou BTS. Il est notamment judicieux d’apprendre aux élèves, l’utilisation des produits semi élaborées, de deuxième, troisième, quatrième ou cinquième gamme, car il est impératif que ces produits soit travaillés, améliorés ou encore personnalisés. Beaucoup de restaurateurs utilisent mal ces produits, c’est pour cela que l’élève doit savoir les utiliser et de la meilleur des façons possibles. Les élèves doivent être capables de faire face à une production en grande quantité et d’adapter le type de cuisson approprié selon le produit et le type d’établissement en en restauration collective. Ainsi on ne cuira pas de la même façon un rôti destiné à une collectivité comme les écoles, les collèges qu’un rôti destiné à une collectivité comme une maison de retraite. Ils doivent pouvoir réaliser un régime sans sel ou sans féculents pour les diabétiques ou même savoir ce qu’est un mixé. L’élève, par son raisonnement devra savoir diversifier une technique de base en utilisant le produit et le matériel en adéquation avec son contexte de production et être opérationnel immédiatement face à chaque spécificité. Prenons un exemple le glaçage des oignons61. La méthode classique appliquée en restauration traditionnelle, ou gastronomique : Produit : oignons grelots frais épluchés Méthode : cuisson avec eau, beurre, sucre puis couverture par un papier sulfurisé jusqu’au glaçage. Matériel : un sautoir La restauration collective médicale : Produit : oignons grelots congelés. Méthode : cuisson à la vapeur, finition au four avec eau, huile végétale, saccharose et sel. Matériel : four La restauration collective classique : Produit : oignons grelots congelés. Méthode : cuisson avec eau, margarine, saccharose et sel. Matériel : sauteuse. L’utilisation des produits et des techniques de cuisson sont différentes selon le contexte, l’élève doit donc savoir travailler dans n’importe qu’elle type d’activité par la compréhension d’un mécanisme d’où l’importance des TA. 61 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005. 50 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Il doit savoir travailler le goût et faire preuve de créativité quelque soit l’environnement de restauration, les produits utilisés, la façon de les utiliser. 3.1.3 Prise en compte des intervenants 62 : La nécessité première est de former les élèves à l'ensemble des métiers qu'offre l'hôtellerie restauration. Comme nous le dit Monsieur Fourcadet, un des rôles de l'enseignant est d'ouvrir la connaissance de l'élève aux larges champs de la restauration (gastronomique, traditionnelle, collectivité Fast Food, thèmes.) Pour cela des conférences encore en trop petit nombre sont réalisées au sein d'établissements hôteliers. L'organisation de conférences intéressant l'ensemble des secteurs de la restauration et l'invitation d'intervenants de chaque secteur sur l'ensemble des métiers proposés aux futurs détenteurs du BTS, mettraient l'élève en contact réel avec le monde professionnel. Il en découlerait une meilleure connaissance de la diversité des secteurs et des métiers et une orientation possible pour l'élève encore indécis à la fin de sa formation. 3.1.4 Développement des actions pluridisciplinaire : Ces actions ont pour but de rendre l'élève véritable acteur de sa formation dans le réalisme professionnel et de le rendre autonome. Comment articuler ces actions ? Tout d'abord appuyons nous sur la définition que nous donne Eduscol 63du ministère de l'éducation nationale. Le projet pluridisciplinaire à caractère professionnel permet : D'acquérir connaissances et savoir faire. De mettre en relation des connaissances et des savoirs faire. De développer la motivation de l'élève et de l'aider à mieux définir son projet professionnel. De renforcer le caractère professionnel de la formation. De développer les capacités faisant appel à l'initiative, au sens de l'organisation, à la créativité. Pour mettre en application cela, il est nécessaire de développer des actions pluridisciplinaires par : l’interdisciplinarité par la mise en collaboration de plusieurs disciplines en vue de l'atteinte d'objectifs communs. Il est nécessaire de mettre en place l'interdisciplinarité en : 62 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005. EDUSCOL. Les projets pluridisciplinaires, [en ligne]. [réf du 14 /07/09/].d disponible sur :< http://eduscol.education.fr/pid23187-cid45808/les-caracteristiques-du-projet-pluridisciplinaire-a-caractereprofessionnel.html > 63 51 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Co animation avec la gestion sous forme de jeux d'entreprise, d'étude de la rentabilité, de construction d'une carte, d'une étude de faisabilité, déjà pratiquée dans certaines écoles hôtelières, elle donné un challenge à l'élève et une mise en situation simulation dans le cadre de la création de sa propre entreprise. Co animation avec les sciences appliquées lors de TA, la conception de menu équilibré, l'hygiène, l'ergonomie et la sécurité, les labels des produits. Co animation avec les arts appliqués : Afin de développer chez l'élève une sensibilité, un art dans le mariage des couleurs, lors du dressage des assiettes. Par la mise en place de projet éducatif : par exemple par la participation des élèves dans les salons alimentaires tels que le SIRHA ou encore le SISQUA autant en tant qu'acteur que visiteur. Par la présentation de produits réalisés par les élèves dans les autres écoles professionnelles. Le développement d'actions pluridisciplinaire sous entend que l'établissement soit très actif et maintienne des relations constantes avec le monde professionnel, non seulement par la visite d'établissements de restauration mais aussi par la visites d'usines ou de lieux de production. La mise en place de concours au sein de l'établissement (concours du bœuf réalisé par Monsieur Bertolinot dont un élève sélectionné, concours du foie gras Rougié par Monsieur Basse.) Mais aussi par la création de clubs au sein de l'établissement hôtelier comme le club du chocolat, le club du sucre filé, le club de la sculpture sur fruits… L’autonomie est développée dans chaque action pluridisciplinaire que l’enseignement met en œuvre pour intégrer le réalisme professionnel, déjà réalisé dans l’ensemble des établissements, il est nécessaire d’optimiser les PPCP par la prévision, l’organisation, la gestion, la réalisation et l’évaluation. 3.2 Au niveau de l’institution : 3.2.1 Améliorer l’utilisation du référentiel : Le référentiel étant une donnée quasi immuable et pour en faire un usage pertinent, les enseignants doivent faire des choix stratégiques et abandonner certains savoirs dogmatiques en élargissant vers une démarche scientifique, permettant un enseignement raisonné et être ainsi davantage en adéquation avec le réalisme de la profession. Ils ne doivent pas occulter les notions essentielles pour la carrière de l’élève. Maitres de l’apprentissage, ils doivent savoir gérer le temps qui leur est imparti dans l’enseignement de certains savoirs dogmatiques. 3.2.2 Prise en compte de la restauration plurielle64 : Les spécificités et la pluralité des secteurs exigent une formation spécifique pour développer l’adaptabilité de l’élève à différents type de restauration. 64 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005. 52 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Les champs d’application pluriels doivent être diversifiés (restaurant gastronomique, traditionnel, thématique, collectivité) pour une mise en situation professionnelle en restauration d’application, en brasserie et au self. Ainsi le cadre professionnel de référence, la finalité de l’apprentissage, la typologie des produits utilisés, les moyens financiers et humains, les organisationnels disponibles, l’objectif professionnel étudié peuvent être définis clairement avec la spécificité de chaque secteur et les autres applications dans d’autres environnements du secteur. Un exemple : le secteur de la collectivité> mise en application par : Le self Les spécificités sont : La mise en place de l’HACCP en prenant en compte les 5 M (matière, méthodes, main d’œuvre, matériel, milieu.) L’importance de la productivité. Les différents matériels et pour quel mode de cuisson (sauteuse, four mixte, vapeur…) La connaissance des gammes de produits de l’industrie agro alimentaire (fond, conserve…) Ces ateliers de restauration 65sont indispensables en tant qu’outils de formation et permettent un équilibre des dépenses et des recettes en matière d’œuvre. Pour la prise en compte de la restauration plurielle, la France est en retard par rapport à d’autres pays. Comparons l’ensemble de l’école hôtelière de Lausanne en Suisse avec le lycée hôtelier de Toulouse. Cette école aborde l’ensemble des restaurations que l’élève sera amené à rencontrer durant sa carrière professionnelle. Elle dispose : D’un restaurant gastronomique de 80 places assises. D’un restaurant de 260 places financé en partenariat avec Compass appelé le Food Coort où les élèves apprennent la restauration rapide thématisée (Méditerranéen, Asie, Orient, rôtisserie, Fitness.) Dans ces thèmes transparaissent l’influence des courants culinaires d’aujourd’hui (cuisine allégé avec le fitness, la world food avec (les thèmes Asie, Orient..) mêlant la cuisine spectacle avec la rôtisserie. Les élèves apprennent à travailler en brigade, en autonomie et à tour de rôle assument le rôle d’encadrant en nommant le chef du jour. D’un restaurant de 60 à 80 places appelé la Ferme où est proposée une cuisine de Terroir à la fois campagnarde et traditionnelle. 65 D.DOUILLAC, Y.CINOTTI, Y. MASSON, Enseigner l’Hôtellerie Restauration, Paris, Éditions Jacques Lanore, 2002. 53 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 D’un restaurant bar appelé la passerelle où les élèves apprennent l’univers du bar et du snacking, mêlant plusieurs courants culinaire (finger food, cuisine allégé, version salon de thé) et proposent des plats de pâtes, des sandwichs frais, une formule santé et diverses petites douceurs. Le lycée hôtelier de Toulouse dispose : D’un restaurant d’application gastronomique de places. D’un restaurant d’initiation brasserie traditionnelle et thématisée de 150 places. D’un service de vente à emporter. Aujourd’hui les apprentissages de restauration de collectivité sont insuffisants. Certains PAI, fonds ou surgelés sont employés non dans un objectif d’apprentissage mais pour un gain de rapidité et donc de temps face à la diminution croissante des horaires de cours. Ce système de fonctionnement n’est pas propre au lycée hôtelier de Toulouse, il s’applique pratiquement à tous les établissements techniques hôteliers. L’enseignement français certes excellent sur le plan gastronomique est trop condensé mais pas assez ouvert sur les champs d’application. Les points forts de notre enseignement gastronomique : Les élèves doivent : Apprendre toute la technicité de base en s’appuyant sur des méthodes de travail raisonnées. Développer la notion de plaisir. Connaitre les produits spécifiés à ce secteur : produits nobles (homard, St jacques) légumes oubliés (cerfeuil tubéreux, panais) épices (fèves tonka, saté) qui feront naitre chez eux imagination et créativité. Utiliser de nouveaux matériels tels que le Paco jet, le sous vide, la plancha… En ce qui concerne l’enseignement de la restauration collective, il en est encore au balbutiement, les équipes enseignantes ne souhaitant pas perdre du temps sur ce type de restauration. Les élèves de BTS n’ont pas de réelle formation à part l’usage de quelques produits semi élaborés. Ce secteur de restauration collective étant en pleine expansion, la création d’un pôle cafétéria permettrait d’apprendre les spécificités de ce secteur à savoir : 66 L’hygiène par l’apprentissage de HACCP en fonction des 5 M. L’intégration de la notion économique, gestion de la productivité en fonction d’un coût par personne (connaissance des grammages, formes et découpes.) L’intégration de nouvelles technologiques et matériels. 66 D.DOUILLAC, Y.CINOTTI, Y. MASSON, Enseigner l’Hôtellerie Restauration, Paris, Éditions Jacques Lanore, 2002. Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005 54 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Le travail des gammes de produits alimentaires et leur conservation. Choix et maitrise des différentes cuissons. Maitrise de la liaison différée et références techniques. Échantillonnage. Organisation de la brigade. Il serait intéressant d’intégrer sous formes de thèmes quelques courants culinaires tels que la cuisine allégée, la finger food, la création de soupes, bagels … Pour atteindre tous ces objectifs et familiariser les élèves aux différentes spécificités, il faudrait thématiser la totalité des TP en BTS. C’est en optimisant les acquisitions cognitives et pratiques et en travaillant les applications plurielles en TP que l’on rendra les futurs titulaires de BTS poly compétents. 3.2.3 La création de programmes de spécialités adaptées à la restauration d’aujourd’hui : Aujourd’hui la mutation du métier de cuisinier nous oblige à prendre en compte la pluralité des secteurs pour être en adéquation avec le marché. Certains programmes ont déjà été instaurés dans les écoles d’Hôtellerie et de Restauration tels que la mention complémentaire « Art de la cuisine allégé » (niveau 5.)67 Selon le référentiel, cette mention permettra à l’élève de se spécialiser en tant que professionnel de la cuisine saine équilibrée tant sur le plan nutrition, gustatif, qu’esthétique. Cette formation donnera à l’élève la capacité de choisir ses produits en fonction de la prestation voulue, d’adapter ses techniques culinaires afin de répondre aux besoins spécifiques de la clientèle. Cette spécialisation amène les écoles hôtelières à fournir des stages de formation dans les lieux offrant ce type de prestation comme la thalassothérapie, le thermalisme, la restauration collective médicale. Ces stages se déroulent pendant une durée de quinze semaines fractionnée en trois périodes dont deux dans des établissements différents mais pratiquant la cuisine allégée. Deux écoles ont déjà lancé ce programme l’école de Biarritz et celle de Souillac, mais elles n’ont pas encore conquis le cœur des élèves vu leur faible succès. Faisant appel à un micro marché de la restauration, elle sera certainement en voie de développement, car les français sont de plus en plus sensibilisés par leur santé et leur forme physique. La cuisine allégée est abordée en BTS en technologie culinaire et appuyée en interdisciplinarité avec les professeurs de sciences appliquées. La spécialisation en restauration rapide ou de masse n’existe plus. Elle était présente il y a trente ans sous la forme d’un BTS collectivité. Vu le fort développement de la restauration collective, ce cursus trouverait sa place dans l’enseignement et permettrait aux élèves de BTS de devenir des chefs de secteur à la sortie de leur diplômes. 67 CRNHR. Référentiel MC Allégé. [en ligne], [du 1 octobre 2008].Disponible sur :< http://www.hotellerierestauration.ac-versailles.fr/spip.php?article212> 55 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 La cuisine moléculaire est très prisée par un micro marché de la restauration tels que les restaurants gastronomiques avec l’adhésion de certains grand chefs tels que Thierry Marx, Pierre Gagnaire et d’autres, il serait intéressant de créer une mention complémentaire « cuisine moléculaire » cette spécialisation permettrait aux élèves d’apprendre les nouvelles textures et nouvelles techniques de la cuisine moléculaire. Des stages pourraient être organisés dans les cuisines de chefs pratiquant cette chimie de la cuisine et permettrait par la suite l’intégration de ces grandes maisons, en apportant leur créativité. 3.2.4 Ouvrir les stages vers des secteurs prometteurs d’emplois futurs : Les stages en entreprise sont une excellente occasion de contextualisation68 nécessaire à l’adaptabilité de l’élève. L’intérêt de ces périodes d’insertion en milieu professionnel est de familiariser l’élève avec ce que sera son métier plus tard. Ces stages en entreprise ont pour fonction d’évaluer le potentiel de l’élève, son comportement professionnel ainsi que ses capacités d’évolution. Selon le cursus choisi par l’élève, la durée du stage est différente, en ce qui nous concerne le Bac technologique l’élève doit effectuer, une période de huit semaines sur l’ensemble de sa formation soit six semaines en fin de première année. Dans les enquêtes que j’ai pu effectuer selon les écoles,69 les bons élèves sont envoyés dans les lieux prestigieux et les moyens dans les cafétérias, les collectivités et les chaines, les petits restaurants traditionnels. Cette démarche n’est pas la bonne, étant donné qu’un bon stage pour l’élève se résume par son environnement, la volonté et le désir d’intégration de la part de l’élève et la disponibilité et le désir de former de la part de l’entreprise. Les élèves sont polarisés par la réussite de leur examen et le côté prestigieux de la cuisine gastronomique que l’on voit à la télévision, et les enseignants sont trop souvent auteurs de préjugés envers la restauration collective, alors qu’ils devraient être un vecteur de formation de qualité dans ces domaines. Il est temp de changer les esprits, afin de favoriser l’insertion des élèves dans les secteurs en plein développement et enrayer ce partis pris pour les métiers qui n’auront plus d’avenir ou minime pour une clientèle d’élite. Monsieur Fourcadet à Nantes, nous explique qu’afin de familiariser les élèves avec la restauration de masse, un stage est imposé en première année technologique pendant une période de 68 D.DOUILLAC, Y.CINOTTI, Y. MASSON, Enseigner l’Hôtellerie Restauration, Paris, Éditions Jacques Lanore, 2002. 68 CRNHR, D.HERRERO, G.ETIENNE, « Traité scientifique et artistique », Les Nouvelles Influences de la Pâtisserie et de la Cuisine, [en ligne], [réf du 25/01/09] .disponible sur : http://www.hotellerie-restauration.acversailles.fr/spip.php?article1172 69 DOUILLAC, Y.CINOTTI, Y. MASSON, Enseigner l’Hôtellerie Restauration, Paris, Éditions Jacques Lanore, 2002. Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005 56 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 trois semaines et un court rapport sur leur stage leur est demandé à son issue. En début d’année à Orvault, certains enseignants expliquent la réalité du terrain et ses spécificités selon les secteurs. Monsieur Basse préconise de faire un stage de découverte à l’élève de CAP hors de sa période de formation permettant de découvrir le métier sous différentes formes pendant trois semaines : 1 semaine dans la restauration gastronomique, deuxième semaine dans la restauration traditionnelle, troisième semaine collectivité, mais rien n’est fait pour les Bac technologiques ou BTS pour orienter le choix de leur stage. Certes il faut continuer à demander à l’élève son attente quant au choix de stages, mais il faut pouvoir lui imposer comme le font certains établissements, ce secteur inconnu malgré les références des uns et des autres car ne l’oublions pas ce sera le premier secteur à fournir des emplois face à l’industrialisation de notre métier. 3.2.5 L’ouverture vers des stages de formations pour les enseignants : Afin de prendre à compte le réalisme de notre profession et d’intégrer les notions évolutives de notre métier dans l’enseignement, il est nécessaire d’intégrer ces notions non seulement Dans l’expérience professionnelle que les enseignants ont pu acquérir pendant leur activité de cuisinier, mais aussi par le biais de formations. Il est d’autant plus nécessaire de développer des stages de formation pour les jeunes enseignants qui comme nous le dit Monsieur Fourcadet ont une meilleur approche scientifique mais une maitrise des techniques moindre. Cela leur permettrait d’avoir une meilleur technicité et une meilleur gestuelle, et pour les anciens enseignants de prendre plus en compte de ce qui se fait aujourd’hui et de s’éloigner d‘ un dogmatisme certain. Certains enseignants auraient compris que pour rester de bons enseignants, il était nécessaire de se rapprocher des évolutions qui nous entourent. M.6 Fourcadet quant à lui fait des stages techniques chez Ducasse, cacao Barry ou encore Valrhonna, et inspire sa cuisine culturellement en effectuant des formations à l’étranger (Amérique du Sud, Espagne). Certains enseignants auraient la volonté de réaliser ces formations mais elles coûtent trop cher, vu que ce sont eux qui financent leurs stages. Une réforme devrait être envisagée afin de donner des moyens pour permettre aux enseignants de les concrétiser. 3.3 Au niveau de l’élève : 3.3.1 Intégrer et moderniser notre vocable professionnel 70: Grâce à l’intervention d’Hervé This71 dans le référentiel de CAP et dans le monde culinaire, le vocable professionnel s’est modifié en cuisine. Dans son livre « les traités élémentaires » il nous démontre que nombre de termes dont l’étymologie ne correspond plus à la signification réelle sont encore enseignés bien qu’ils ne soient pas significatifs et qu’ils fassent référence à des théories culinaires fausses. 70 71 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005 H.THIS, Traité Élémentaire de Cuisine, Paris, Edition Belin, 2002 57 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Quelques exemples : On cisèle de l’estragon au couteau et non au ciseau, on saute un filet de poisson dans une poêle mais un pôelage ne s’effectue pas dans une poêle, un roux n’est pas de couleur rousse. Une réforme doit être engagée afin de rénover le langage culinaire et opérer une révolution étymologique et de cette façon aider le cuisinier à mieux comprendre ce qu’il réalise et lui permettre de mieux retenir le nom des techniques. L’introduction de la cuisine moderne, et de ses nouveaux matériels et techniques ont permis également l’évolution de certains termes. Cette rénovation du vocable professionnel aurait de réels avantages sur le plan de l’enseignement. Le temps perdu par les élèves à cause de la confusion de termes pourrait être compensé par des expérimentations ou des explications sur la différenciation des termes tels que le brunissement ou caramélisation. Les enseignants sont acteurs du vocable professionnel. Ils doivent le faire évoluer et le moderniser. Pour cela les enseignants doivent bien maitriser les termes et faire la distinction entre chaque terme pour bien les inculquer à l’élève. Par exemples : Ne pas faire comme certains professionnels qui font la confusion entre mousse et émulsion. Certains enseignants en sont réellement conscients et réalisent déjà un travail dans ce sens. Ainsi Monsieur Bertolinot apporte toujours le vocabulaire précis tant à l’oral qu’à l’écrit. Ces modifications, ces modernisations du vocable professionnel doivent être intégrées dans les séances de TA, TP, TK. Par exemple : En TA : Développer un vocable plus rigoureux dans les explications, en employant les termes rénovés (poêler, rôtir, sauter…) en réalisant des études sur les protéines (cuisson avec ou sans brunissement) sur les lipides (émulsions, mousses…) En TP : Développer et mémoriser le vocable par un travail préliminaire de préparation avant le TP (remplissage de fiches techniques) et finaliser par les feuilles de synthèse pour permettre à l’élève la mémorisation des termes nouveaux. En TK : Vérification de l’intégration du vocable par des évaluations systématiques en début ou fin de cours et explication des thèmes à partir de vocabulaire en adéquation avec le référentiel. 3.3.2 Préparer l’élève à la créativité : La cuisine ne s’appuie plus simplement sur des recettes mais elle est devenue un assemblage de techniques, de fondamentaux élargis ou revisités. Technologie appliquée et démarche expérimentale sont les deux supports nécessaires pour la maîtrise de la technique. 58 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Les techniques de base doivent être parfaitement comprises avant de pouvoir diversifier ses champs d’application. L’incitation à la créativité passe par : 3.3.3 La modernisation des champs d’applications 72 : Avant de réaliser de multiples dérivés, une bonne compréhension des techniques et des bases est primordiale et de ce fait l’enseignant doit être capable d’élargir ses modes opératoires. S’appuyant sur les 5 M et par la maîtrise des fondamentaux culinaires, l’élève doit être capable de réaliser une infinité de réalisations techniques. Prenons l’exemple de la purée de légume : La technique de base : Pulpe de légumes pochés riche en amidon + un liquide + de la matière grasse + des épices. La mise en application : Les légumes : Tous les légumes que l’on désire (pomme de terre, potiron, marron, haricot vert…) et adjonction d’amidon si légumes riches en eau. Les cuissons : Pocher, vapeur, rôti. Le liquide : le lait, l’eau, le bouillon de poule, la crème… La matière grasse : beurre, saindoux, margarine… Les épices : la muscade, le poivre, le paprika, le curry… Finition : au moulin à légumes ou au cutter pour avoir une pulpe fine, à la fourchette ou au pilon pour avoir une pulpe grossière. Par exemple : Purée de potiron à la cardamome (Potiron + pomme de terre +bouillon de poule+beurre+ crème+ moulin à légume.) Par exemple : Mousseline de cerfeuil tubéreux (Cerfeuil tubéreux+ lait+ bouillon de poule+beurre +crème+cutter.) Prenons l’exemple d’Hervé This avec ses pâtes feuilletées par la modification des farines et des matières grasses. Il dit « En effet je ne cesse de m’amuser à faire des feuilletages au beurre de cacao, de croissants à l’huile, des brioches à la margarine. Je mélange sans vergogne de l’huile et du chocolat, ou du beurre et du foie gras, rien n’est interdit à condition de savoir s’y prendre. » 3.3.4 Intégrer la notion des coûts 73: La notion de coût est très importante dans la gestion d’un établissement, l’élève doit être capable à la sortie de son BTS de savoir gérer une futur entreprise en prenant en compte les matières, la main d’œuvre, le milieu, le matériel, les méthodes.) 72 73 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005 59 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Pour cela l’enseignant doit faire intégrer à l’élève la notion économique au quotidien dans l’ensemble de ces séances (TA, TP, TK). Il doit lui faire prendre conscience de la notion de rendement, en lui expliquant quel produits commander, combien commander, quand commander en fonction du nombre de clients. Par exemple l’élève doit être capable de savoir organiser un buffet de 100 personnes sans être déstabilisé. Lors des TA, l’enseignant doit montrer à l’élève la notion de perte à la préparation mais aussi à la cuisson en pesant les préparations avant et après, par exemple une blanquette d’agneau qui fait 900 grammes au départ, une fois préparée n’en fait plus que 700 grammes et à la cuisson n’en fait plus que 500 grammes. L’élève doit savoir gérer son temps en fonction du degré de préparation, il doit être organisé Pour cela l’enseignant doit lui faire réaliser un planning ou l’élève devra noter la progression de ses préparations, de ses cuissons, de son dressage, de son nettoyage. Lors de son passage dans les différents pôles d’application l’élève doit savoir quelle marge est réalisable en fonction des produits et du type de restauration, quel prix de vente potentiel il va présenter aux clients, quelle valeur ajouté il va en tirer suivant le produit utilisé. A chacun des TP, l’enseignant doit dire à l’élève le coût matière de chacun des plats qu’il à réalisé d’où l’intérêt de la construction d’une fiche technique valorisée en fonction d’une mercuriale. En ce qui concerne la notion de coût de personnel, l’enseignant doit expliquer à l’élève la notion de personnel en fonction du nombre de couverts. La notion de coût est déjà réalisée en co-animation avec le professeur de gestion mais son application sur le terrain doit être soulignée. 3.3.5 Prendre en compte la réalité économique à l’aide des TIC Les enseignants doivent connaître et maitriser les TICE74, pour permettre aux élèves d’être en mesure de percevoir l’ensemble des phénomènes et des situations que l’on représentait auparavant sans support graphique précis. Les Tic sont des outils indispensables à l’enseignant qui doit guider les élèves sur les différentes avenues de recherche et d’exploration, et faire appréhender la réalité économique du terrain grâce à l’usage de logiciels tels que Janus ou Astoria mais malheureusement trop peu usités. 74 Le nouveau rôle de l’enseignant, [en ligne], disponible sur : < http : //wwwedu.ge.ch/cptic/prospective/projets/kctr/pdf/kctr-role-v2-f.pdf> 60 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Grâce à cet outil, l’élève à sa sortie de BTS et en tant que futur dirigeant doit savoir : Établir des menus sur plusieurs semaines. Savoir commander les denrées en fonction des menus et de la prévision du nombre de clients. Gérer son stock. Gérer son personnel en fonction d’un planning et assurer les rotations. Ce logiciel75 est doté d’une fonction « export et import de fiche » de la mercuriale, du fichier client et d’un reclassement sur de véritables fiches techniques grâce à un codage automatique. Il possède également des fiches « argumentation de vente restaurant » pour apprendre à vendre et à commercialiser un produit de la carte ou d’un menu. Grâce à ce logiciel, l’enseignant peut établir un véritable lien d’apprentissage continu avec l’élève. Il peut saisir et éditer les contrats de formation cuisine avec les techniques étudiées, les conditions d’évaluation et les exigences notées des fiches techniques. L’élève peut consulter à tout moment, perfectionner ses techniques et combler ses éventuelles lacunes. Des séances de co-animation avec le professeur de gestion peuvent être réalisées sur la gestion des stocks, les études de cas. L’utilisation du logiciel permet une mise en situation professionnelle de l’élève et les notions fondamentales sur les valeurs de stock par denrée, par fournisseur ou par périodes combinées à la gestion des achats et des plannings donneraient à l’élève la vision des tâches et des connaissances indispensables à un futur gestionnaire de restaurant. Ces simulations sont traitées au travers d’études de cas où la mise en situation virtuelle permettra l’acquisition et la maitrise de l’ensemble des compétences d’un futur encadrant à savoir : Création de fiches techniques de fabrication. Gestion des menus. Gestion des coûts. Gestion des stocks. Gestion des fiches technique de finition et de commercialisation. Analyse marketing de la carte. Gestion de planning personnel. Analyse des ventes. 75 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005 61 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 3.3.6 Par le développement de la notion de plaisir chez l’élève. 3.3.6.1 En préparant à travailler davantage sur le goût. La TA expérimentale permettra de développer le palais de l’élève grâce à l’analyse sensorielle. Les résultats de cette analyse sensorielle devront être transcrits sur un carnet de notes où l’élève notera les résultats de ses expérimentations qu’il pourra mettre en application sur la création d’un plat ou lors de son examen avec le panier création en BTS. L’enseignant développera la sapiction de l’élève par l’association de saveurs avec des produits et il instaurera des fiches descriptives de saveur. Une étude des épices (si possible avec l’intervention d’un spécialiste permettra de faire connaitre les multitudes de saveurs ainsi que les associations réalisables.) Par exemple : le curry avec le chou, ou la fève tonka avec l’omble chevalier. Trop d’élèves se retrouvent comme j’ai pu le constater lorsque j’étais en activité professionnelle, dans l’incapacité d’attribuer certains produits à des noms, ou bien sont dans la confusion entre deux produits comme le cerfeuil ou la coriandre ou encore le curry et le paprika. L’analyse sensorielle doit impérativement se développer, elle n’est qu’une illusion si elle n’intègre pas la qualité organoleptique du produit fini. Comme nous le souligne les auteurs de « Enseigner l’Hôtellerie Restauration », l’analyse sensorielle est essentielle dans pour avoir une connaissance des produits, et permettre d’acquérir une culture olfactive et gustative, de plus elle est primordiale pour des élèves n’étant pas initiés à cette culture dans leur domaine familiale. 3.3.6.2 En rendant l’élève fier de ses premières réalisations.76 L’enseignant devra susciter l’intérêt de l’élève pour ses applications et amplifier sa notion de plaisir de cuisinier. Comment y parvenir ? En écourtant les préliminaires (usage de produits de gamme différents, préparation préalable des produits bruts par les secondes technologiques.) En accentuant l’importante des techniques réalistes et professionnelles (cuisson courtes avec l’usage de nouveaux matériels : (poêle, wok, plancha…) les applications modernes (intégration de produits actuels, décoration et service à l’assiette.) L’élève sera sensibilisé à la notion de gestion des coûts au quotidien par des fiches techniques valorisées. En faisant déguster la préparation réalisée par l’élève et en l’incitant à la refaire chez lui. 76 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005 62 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 3.3.6.3 En réalisant une TA sur les additifs et une mise en application culinaire des émulsions. La création de mets originaux, de texture, de saveurs ou d’odeurs nouvelles est rendue possible par les propositions technologiques. Une TA pourra être réalisé sur l’usage des additifs et la mise en application des émulsions et la créativité de l’élève sera stimulée : Par le jeu sur les textures.77 -En lui apprenant à travailler les différentes émulsions, les suspensions, les mousses ou encore les pâtes. -En les faisant jouer sur la diversité des émulsions, sur l’utilisation des gels sur les émulsions ou sur l’air pour la formation de mousse, sur des structures différentes, sous des températures différentes. -En leur faisant appliquer les applications des émulsions comme la sphérification. -En jouant sur les dégradés de cuissons comme a cuisson à l’unilatéral.… Par le développement des saveurs des aliments par exacerbation des molécules. -Par l’utilisation du sous vide, pour augmenter la concentration des aliments -En utilisant les concentrés sapides (aromes d’amende amère, de rose…) -Par l’apprentissage des techniques de macération, de décoction mais aussi d’infusion. -Par le développement de contraste par la juxtaposition de produits inattendus tels que l’alliance terre et mer (langoustine- veau), ou encore de textures (sec et humide, dur et mou.) -Par la variation autour d’un thème, d’une saveur (amer, piquante) ou encore sur la déconstruction d’un produit (cru ou cuit.) En intégrant l’ensemble des paramètres de l’ingénierie culinaire, l’élève est capable de faire partager ses sensations dans ses argumentaires de vente, en valorisant ses plats et en incitant la vente. En fonction, du contexte de production, on peut assister à une très grande diversité d’applications (artisanat, industrie, art.) Beaucoup d’enseignants n’adhèrent pas à la cuisine moléculaire et pourtant sans le vouloir ils en font sans le savoir par l’utilisation des siphons par exemple. D’autres n’adhèrent pas complètement mais sont curieux face a ce courant culinaire. Ainsi Monsieur Fourcadet nous explique que grâce à une collaboration avec L’ENITIA (école des ingénieurs de l’agroalimentaire) de Nantes, ils ont fait venir Hervé This avec qui ils ont réalisé un menu à partir des produits de Ferran Adria. 77 Y.MASSON, Optimisation de notre enseignement, Toulouse, 2005 63 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 CONCLUSION epuis la fin du 19ème siècle, une profonde mutation est en marche dans les métiers de l’hôtellerie restauration. Du temps d’Escoffier, Gouffé, ou encore Carême, on devenait cuisinier par un long apprentissage chez les grands maîtres de cet art. On apprenait la gestuelle, le tour de main, la tradition des recettes. D Avec l’apparition des écoles hôtelières, la vision de la cuisine et du cuisinier a changé en même temps que la façon de se nourrir évoluait. Les machines ont enlevé le côté physique et pénible de beaucoup de travaux et les hommes ont eu besoin de manger différemment, plus léger. La cuisine s’est adaptée à ce changement de façon de vivre en même temps que le temps réservé aux loisirs commençait à augmenter. Les écoles culinaires ont commencé leur enseignement pour un apprentissage plus fonctionnel et davantage dictée par la réflexion. Le but des écoles, par le biais de leurs enseignements est transmettre l’amour d’un métier –art à des élèves et de leur permettre à chacun de devenir un acteur économique épanoui dans son secteur. Ces métiers sont d’avenir car les besoins et la demande du marché sont forts et croissants surtout dans la restauration collective. Les enseignants dirigent leurs élèves vers les filières et les diplômes les mieux adaptés pour leur aspirations professionnelles. Le travail des enseignants est généreux tant que la tache est ardue. Révolution technique, révolution technologique, révolution informatique viennent à leur aide. Hervé This nous montre le chemin d’une autre révolution, la cuisine moléculaire. L’enseignement de cette gastronomie est encore balbutiante mais il marque le début d’une autre façon d’enseigner la cuisine par la compréhension des réactions chimiques qui s’opèrent lors d’un « acte culinaire ». Cela va permettre de cuisiner à coût sûr et peut être à moindre coût et en permettant une grande créativité. Hervé This a ouvert une voie, nos enseignants nous ont inculqué le savoir et une faculté de réflexion, suivons les et créons pour le bonheur des papilles de tous les gourmets et gourmands. 64 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES LIVRES D.DOUILLAC, Y.CINOTTI, Y. MASSON, Enseigner l’Hôtellerie Restauration, Paris, Éditions Jacques Lanore, 2002. H.THIS, Traité Élémentaire de Cuisine, Paris, Edition Belin, 2002 JP POULAIN, G LARROSE, Abrégé d’Ingénierie Hôtelière et Touristique, Paris, Éditions Jacques Lanore, 2003. 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ANNEXES ................................................................................................. 69 ANNEXE 1 : LE PÔLE SAVOIR DU TRIANGLE DIDACTIQUE........................................................... 70 ANNEXE 2 : LES LYCÉES TECHNIQUES D’HÔTELLERIE RESTAURATION EN FRANCE : ................ 71 ANNEXE 3 : LA RESTAURATION HORS FOYERS ........................................................................... 72 ANNEXE 4 : LES ADDITIFS ......................................................................................................... 73 ANNEXE5 : ENTRETIEN AVEC HERVÉ THIS ................................................................................ 74 ANNEXE 6 : GRILLE D’ENTRETIEN DES ENSEIGNANTS ............................................................... 79 TABLE DES FIGURES ET DES TABLEAUX ...................................................................... 88 5 INDEX ............................................................................................................................. 89 69 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 ANNEXE 1 : LE PÔLE SAVOIR DU TRIANGLE DIDACTIQUE Figure 1 : Le triangle didactique SAVOIR ENSEIGNEMENT- APPRENANT- Source : Enseigner l’hôtellerie Restauration de Y.Cinotti et Yannick Masson. 70 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 ANNEXE 2 : LES LYCÉES TECHNIQUES D’HÔTELLERIE RESTAURATION EN FRANCE : AVESNES-SUR-HELPE BASTIA BAZEILLES BEUVRY BIARRITZ cedex BLOIS cedex BOURGES cedex CHAMALIERES cedex CLICHY CONGIS-SUR-THEROUANNE DARDILLY DIJON cedex DINARD cedex 1 DUGNY GERARDMER cedex GRANVILLE GRENOBLE GUEBWILLER GUYANCOURT ILLKIRCH-GRAFFENSTADEN cedex LA ROCHELLE LE HAVRE cedex LE TOUQUET LILLE LIMOGES cedex LOUVIERS cedex MARSEILLE cedex 08 METZ NICE cedex 3 ORVAULT cedex PARIS PERPIGNAN cedex POLIGNY SAINT-PAUL (La Réunion) SISTERON SOUILLAC TAHITI TALENCE THONON-LES-BAINS TOULON cedex TOULOUSE cedex VILLERS-LES-NANCY HEROUVILLE-ST-CLAIR cedex PARIS LYCEE POLYVALENT JESSE DE FOREST LYCEE PROFESSIONNEL FRED SCAMARONI LYCEE D'HOTELLERIE ET DE TOURISME LYCEE POLYVALENT HOTELIER MARGUERITE YOURCENAR LYCEE HOTELIER DE BIARRITZ LYCEE TECHNIQUE D'HOTELLERIE ET DE TOURISME LYCEE POLYVALENT JACQUES COEUR LYCEE POLYVALENT DE CHAMALIERES LYCEE RENE AUFFRAY LYCEE TECHNIQUE PROFESSIONNEL DU GUE-A-TRESMES LYCEE HOTELIER FRANCOIS RABELAIS LYCEE HOTELIER LE CASTEL LYCEE HOTELIER LYCEE HOTELIER ET COMMERCIAL FRANCOIS RABELAIS LYCEE POLYVALENT MIXTE HOTELIER LYCEE TECHNIQUE HOTELIER MAURICE MARLAND ECOLE HOTELIERE DE GRENOBLE LYCEE ECONOMIQUE ET HOTELIER JOSEPH STORCK LYCEE D'HOTELLERIE ET DE TOURISME DE ST-QUENTIN-ENYVELINES 59440 20600 8140 62660 64204 41033 18026 63407 92110 77440 69570 21033 35802 93440 88407 50400 38100 68500 LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT 78280 LT LETP D'HOTELLERIE ET DE TOURISME DE STRASBOURG LYCEE TECHNIQUE HOTELIER DE LA ROCHELLE LYCEE PROFESSIONNEL JULES LECESNE LYCEE D'ETAT HOTELIER LYCEE PROFESSIONNEL MICHEL SERVET LYCEE JEAN MONNET LYCEE TECHNIQUE HOTELIER DECRETOT LYCEE TECHNOLOGIQUE HOTELIER DE MARSEILLE LYCEE TECHNIQUE HOTELIER REGIONAL LYCEE TECHNOLOGIQUE HOTELIER DE NICE LYCEE POLYVALENT NICOLAS APPERT LYCEE HOTELIER JEAN DROUANT LYCEE HOTELIER "MOULIN A VENT" LYCEE PROFESSIONNEL HYACINTHE FRIANT LYCEE PROFESSIONNEL LA RENAISSANCE LYCEE HÔTELIER REGIONAL PAUL ARENE LYCEE HOTELIER "QUERCY-PERIGORD" LYCEE TECHNIQUE D'HOTELLERIE ET DE TOURISME DE TAARONE LYCEE TECHNOLOGIQUE HOTELIER DE TALENCE LYCEE TECHNIQUE HOTELIER SAVOIE-LEMAN LYCEE TECHNIQUE HOTELIER SAINT LOUIS LYCEE TECHNIQUE D'HOTELLERIE ET DE TOURISME LYCEE POLYVALENT REGIONAL STANISLAS LYCEE HOTELIER FRANÇOIS RABELAIS LYCEE TECHNIQUE HOTELIER 67404 17022 76085 62520 59000 87065 27406 13295 57070 6203 44702 75017 66102 39800 97460 4203 46200 PIRAE 33405 74203 83098 31026 54600 14202 75019 LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT LT 71 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 ANNEXE 3 : LA RESTAURATION HORS FOYERS Figure 2 : Évolution de la restauration Hors Foyers. 5% 7% 1958 1968 9% 12% 14% 17% 1978 1988 1998 2008 Source : GIRA Food service Figure 3 : Des cycles qui s’accélèrent. +4%/ an Essoufflement+coup d’arrêt +4%/ 6,5 +2.1%/an 6,6 7,1 7,7 7,9 8,6 8,9 8,6 9 5,7 3,8 2,5 19 58 2,9 19 68 19 78 19 88 19 94 19 96 19 98 20 00 20 02 20 06 20 08 20 10 20 12 72 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 ANNEXE 4 : LES ADDITIFS Source : Sympa. 73 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 ANNEXE5 : ENTRETIEN AVEC HERVÉ THIS Des questions passionnantes, à propos de l'enseignement culinaire 78 Un correspondant m'interroge à propos de l’enseignement : faut-il introduire plus de science dans l'enseignement culinaire? Faut-il enseigner l'usage des nouveaux ustensiles, ingrédients, méthodes? Autrement dit, faut-il enseigner la cuisine moléculaire dans les lycées hôteliers et autres établissements analogues? En réalité, j'ai répondu dès 2001 avec mon Traité élémentaire de cuisine... mais je viens de répondre plus en détail : il s'agit ici de faire publiquement état de mes doutes : réfléchissons beaucoup avant de répondre. Voici en tout cas ce que j'ai envoyé Face à l'évolution du marché de la restauration, à l'évolution des techniques, à l'aide de la science dans la cuisine, comment doit-on intégrer ces évolutions dans l'enseignement ? Comment « doit-on »… intégrer les évolutions dans l’enseignement ? En réalité, « devoir » est un verbe bien fort ! « On » (c’est qui, on ?) fait ce que l’on peut et ce que l’on veut, car le professeur, il faut le redire, est maître dans sa classe… à condition de respecter les référentiels de formation, et les consignes générales que l’institution met en place. Cela dit, j’espère (je devrais dire « je crois ») que l’ « on » fait toujours les choses parce que l’on espère contribuer à faire grandir les enseignés ! Cela étant, arrêtons-nous d'abord sur la première observation. Oui, le marché de la restauration évolue, notamment parce que la cuisine moléculaire ne cesse de se développer. Elle se développe en même temps qu'elle s'impose même chez des cuisiniers qui se disent classiques : ils se mettent à utiliser les siphons, par exemple. L'évolution des techniques : même les plus retardataires ont de l'induction, des robots, des pacojets ou autres... Tout le monde n'utilise pas encore d'azote liquide... Mais ça viendra, ou pas, peu importe. De toute façon, s’imposeront progressivement des matériels utiles, qui remplaceront –c’est un vœu- des matériels mal faits ou archaïques. Et puis, il y a tout ce qui est nouveau mais qui ne nécessite pas de matériels ou d’ingrédients nouveaux : voir certaines de mes inventions comme les priestleys ou les vauquelins, le sel glace ou le chocolat chantilly, par exemple. Comment les enseignants doivent-ils intégrer la science dans l'enseignement? 78 HERVE THIS. Des questions passionnantes, à propos de l’enseignement culinaire, [en ligne],[réf du 31 janvier 2010],disponible sur : < http : //gastronomie-moleculaire.blogspot.com> 74 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Les enseignants forment un corps hétérogène : il y a des professeurs de cuisine, des professeurs de sciences (je propose d'abandonner définitivement l'expression de « sciences appliquées », pour suivre Louis Pasteur qui distinguait la science, d’une part, et les applications de la science, d’autre part). Les professeurs qui enseignent aujourd'hui la « science appliquée » sont soit des professeurs de science (et il faut dire que la science expérimentale ne se fait pas en chambre : il faut de l’expérimentation, comme on l’a bien dit dans le cadre des Ateliers expérimentaux du goût ou des Ateliers science & cuisine), soit des professeurs de technologie. Les professeurs de cuisine, eux, sont soit des professeurs de technique, soit des professeurs d'art ; nommons les plus simplement professeurs de… cuisine. Les divers professeurs, de science, de technologie, de cuisine ont tout à gagner, à mon avis, à enseigner ce qu'ils savent, et non ce qu’ils ignorent : que les professeurs de science enseignent la science, et que les professeurs de technologie enseignent la technologie, que les professeurs de cuisine enseignent la cuisine. Mais il peut y avoir des séances de co-animation, non ? Et il peut aussi exister des relations fortes dans les équipes pédagogiques ? Cela dit, je propose de partir d'abord de l'élève. Que lui souhaite-t-on ? D'être capable de cuisiner dans les circonstances professionnelles variées (restauration commerciale, restauration collective...) où il se trouvera. Autrement dit, les enseignants doivent le rendre capable de s'adapter aux environnements variés où il exercera ses talents (je n’ai pas dit que c’est facile). Pour être adaptable, le jeune cuisinier devra être cultivé ; si certaines techniques sont universelles, il existe des centaines de façons d’être « cuisinier ». Et voici pourquoi, à mon avis, ce serait une grave erreur que les cuisiniers n’apprennent que la cuisine ; il leur faut de l'histoire, de la géographie, du français, de l'anglais, de l'économie, de la technologie, de l'art, de la science... Et je déteste l'idée que, pendant leurs études, ils soient limités au tournage des champignons, au levage des filets de sole ou au flambage de la crêpe Suzette. D'ailleurs, un individu intelligent qui fait un geste se demande nécessairement pourquoi il le fait, comment il le fait, comment il peut le faire mieux. D'autre part, il y a la question de la « recherche ». Imaginons un jeune qui entre dans un établissement d'enseignement. Supposons que ses professeurs se contentent de lui interdire de mettre un couvercle sur des haricots verts en train de cuire (on généralisera facilement) ; à la sortie, il saura ne pas mettre le couvercle sur les haricots verts, ce qui est idiot d'une part, et limité d'autre part. Considérons le même élève qui entre maintenant dans un établissement d'enseignement où on l'invite à faire des expériences, par exemple à cuire les haricots verts avec ou sans couvercle. À la sortie de son école, non seulement il saura qu'il n'y a pas de différence entre des haricots verts cuits avec ou sans couvercle, mais, de surcroît, il aura appris... la méthode merveilleuse qui consiste à apprendre, à toujours apprendre, encore apprendre (ce qui, espérons-le, rendra modestes même ceux qui 75 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 auront une étoile au Michelin !). D’ailleurs, moi-même : qui suis-je pour oser répondre à vos questions avec tant d’assurance ? En réalité, je ne suis pas fou au point d’être assuré de mes propres certitudes ; contentonsnous d’être intellectuellement honnête, et ce sera déjà beaucoup. La science dans tout ça ? Oui, pourquoi pas de la science… mais c'est bien secondaire par rapport à la « méthode ». D'autre part, la science produit des connaissances, et ce sont donc les connaissances rénovées produites par la science qui seront utiles aux élèves, plutôt que la pratique de la science elle-même. Je crois qu’il n'est pas inutile de transmettre les connaissances nouvelles plutôt que les connaissances périmées et fausses, d'une part, mais ce serait sans doute une erreur de ne pas transmettre en même temps des méthodes pour utiliser les connaissances nouvelles, ce qui se nomme la technologie. On peut donc faire de la technologie de deux façons : en partant de la technique et en se posant des questions en vue de perfectionner cette technique, ou bien en partant des connaissances scientifiques nouvelles, et en cherchant à les appliquer. Face à l'évolution du marché de restauration, sur quels axes doivent insister les enseignants afin de faciliter l'insertion professionnelle de l'élève? Je crois avoir répondu à cette question dans le paragraphe précédent. Cela dit, il faut tenir compte des goûts du public. Si le public veut de la cuisine moléculaire, autant lui en donner… quitte à être capable de changer quand les goûts du public changeront. Ceci a pour conséquence que les élèves doivent apprendre à utiliser de l'azote liquide, à faire des perles d'alginate, etc. Mais la phrase précédente a aussi comme conséquence qu’il faut surtout donner des bases permanentes, qui ne changeront pas avec la mode. Et là, une question merveilleuse s’impose : quelles sont les bases ? La mayonnaise ? Pourquoi pas, mais pourquoi ? Les fonds ? Pourquoi pas… mais pourquoi ? Je propose que le monde culinaire se reprenne et, au lieu de propager paresseusement les bases classiques (que veut dire ce mot ; Bocuse, Escoffier, Carême ? Menon ? Taillevent ?), que nous cherchions quelles sont les véritables bases indispensables. Je ne suis pas contre l’idée de contribuer à la discussion, si je peux me rendre utile. Pour vous comment les enseignants doivent-ils expliquer aux élèves les réactions physico chimiques? Ici, la question est vaste, et je laisse à chaque enseignant le soin de déterminer sa méthode pédagogique. Pour ce qui me concerne, je cherche toujours à partir d'une expérience ou d'une question. L'expérience, parce qu'elle montre des phénomènes et qu'elle suscite des questions. 76 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 La question, parce que c'est une invitation à chercher la réponse. Dans mon cas particulier, j'ai l'ambition démesurée de faire monter le savoir du ventre à la tête. J'appâte l'élève avec de la gourmandise, et, par des questions, par des observations des phénomènes qui surviennent lors des expériences faites avec l'élève, je le conduis vers des considérations historiques, géographiques, chimiques, physiques, littéraires... gastronomiques en un mot. Encore de la culture, quoi ! Quand je suis dans un chemin physico-chimique, je ne peux m'empêcher d'y ajouter du calcul, par ce que mon prosélytisme irrésistible me pousse à montrer que c'est une chose simple. Pour le monde culinaire, je crois que c’est à l’enseignant en sciences de répondre à votre question. Et je me contente de signaler les Séminaires de gastronomie moléculaire, les Ateliers expérimentaux du goût, les Ateliers science & cuisine, mes livres, mes articles, mes conférences toujours assorties d’expérience. Beaucoup de matériel se trouve (gratuitement !) sur : http : //sites.google.com/site/travauxdehervethis Comment les enseignants doivent-ils faire évoluer le vocabulaire professionnel? Prenons la différence entre mousse et émulsion, pour commencer. Il me semble essentiel que les enseignants soient les premiers à ne pas faire la confusion. Une mousse, c'est un système formé de bulles d'air dans un liquide. Une émulsion, c'est un système formé de gouttelettes de matière grasse dans un liquide. Un chat n'est pas un chien, un marteau n’est pas un tournevis, et il me semble tout à fait indispensable que les enseignants soient les premiers à bien faire la distinction, sans quoi, nous nous retrouverons, comme c'est le cas parfois encore aujourd'hui, avec des professionnels qui sont dans le doute et risquent de confondre. De même, il n'y a pas des émulsions stables et émulsions instables : toutes les émulsions sont instables, pourtant trop de manuels encore en vente aujourd'hui parlent d'émulsions stables. J’en passe, et des meilleures. Je dois dire ici je suis très heureux d'avoir participé à la rénovation des Certificats d’Aptitude Professionnelle (CAP cuisine tout particulièrement), grâce à l'inspecteur général Christian Petitcolas, en charge des filières Hôtellerie-restauration et Métiers de l’alimentation, qui a mené les choses de façon intelligente et efficace, malgré de nombreuses résistances. Les notions anciennes de cuisson par concentration ou de cuisson par expansion étaient fausses, et je m'étonne qu'aujourd'hui encore certains professionnels ou certains enseignants osent les propager. Cela me semble être un scandale inacceptable, et j'espère que nous serons très rapidement débarrassés des idées fausses qui encombraient les cuisines, qui encombrent l'enseignement culinaire et qui sont des freins au développement culturel des jeunes cuisiniers. A noter que, quand ces questions se sont posées, j’ai produit le livre « Traité élémentaire de cuisine » (Editions Belin), comme une sorte de manuel de la réforme. Je ne renie pas ce livre, aujourd’hui ! 77 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Quels sont les nouveaux matériels qui doivent être mis en avant face à l'évolution des techniques? Je préfère répondre de façon beaucoup plus générale : il est temps que collectivement, les acteurs du monde culinaire réfléchissent, regardent les ustensiles qu’ils utilisent et cherchent plutôt des ustensiles efficaces au lieu de se satisfaire des actuels dont les fonctions et efficacité sont souvent dépassés. Cela fait des décennies que je milite pour l'induction, dont le rendement énergétique est bien supérieur à celui des plaques gaz ou des plaques électriques classiques. Les catalogues de matériel pour laboratoires sont bourrés de produits qui pourraient s'imposer en cuisine : je ne cesse de le dire depuis 1984 mais votre question me rassure, parce qu'elle montre que le monde professionnel, enseignant en l'occurrence, commence à se poser la question. Créons des groupes de travail qui réuniront des enseignants, des professionnels : lors de réunions de travail, identifions les fonctions, les gestes de la cuisine ; et l'on pourra ensuite voir collectivement les fabricants pour leur demander des appareils enfin adaptés aux fonctions nécessaires. Je vous renvoie, pour ce point, à un séminaire extraordinaire que nous avions eu il y a quelques années à ce propos. Quelles nouvelles techniques de cuisson doit on intégrer dans l'apprentissage de la cuisine? La cuisson à basse température est un moyen merveilleux de valoriser des viandes à braiser, peu coûteuse, mais au goût merveilleux. Cet enseignement doit être bien donné sans quoi nous aurons des accidents. Je crois donc qu'il y ait un vrai effort à faire dans l'enseignement de ce côté-là, notamment. Que pensez vous qu'il serait nécessaire d'intégrer au référentiel de BTS face aux évolutions du marché, des techniques et matériels nouveaux? Oui, l'enseignement des techniques et des usages de matériels nouveaux s'impose. Mais il faut redire ici que, si les référentiels des CAP ont changé, ceux du BEP n'ont pas encore été modifiés. Non seulement il faut introduire de nouveaux matériels de nouvelles techniques, mais il faut aussi éradiquer toutes les erreurs anciennes. PUBLIÉ P AR HE RVÉ THIS À L'ADRE SSE 78 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 ANNEXE 6 : GRILLE D’ENTRETIEN DES ENSEIGNANTS PROFESSEURS INTERROGÉS : M.6 Bertolinot Robert professeur au lycée hôtelier de Toulouse en LT Mme Massat Nathalie professeur au lycée hôtelier de Toulouse en LT M.6 Basse Laurent professeur au lycée hôtelier de Souillac dans le lot en LP M.6 Fourcadet Marc professeur au lycée hôtelier de Nantes en LT CONTEXTE : Depuis la fin du 19 siècle, une profonde mutation est en marche dans les métiers de l’hôtellerie restauration. Pour vous quelles sont les évolutions marquantes de la restauration et de la cuisine ces dernières années ? Comment les professeurs de LT intègrent-ils l’évolution de la cuisine dans l’enseignement ? (BAC. BTS) OBJECTIFS : Déterminer comment les enseignants intègrent ces évolutions dans leurs cours, et trouver des pistes afin d’optimiser notre enseignement. DÉROULEMENT DES ENTRETIENS Réunion individuelle Durée 1h15 min RÉPONSES Suite à l’évolution du marché et de ses techniques, sur quels axes insistez-vous afin de faciliter l’insertion professionnelle de l’élève ? Pouvez-vous me donner des exemples de prise en compte du réalisme professionnel et de l’évolution de la restauration dans votre enseignement M.6 Basse : Je pense que les axes à développer sont les nouvelles techniques de cuissons, l’important est de savoir adapter une cuisson à chaque produit, l’usage du thermomètre. M.6 Fourcadet : Aujourd’hui comme hier les professionnels attendent des élèves ou étudiants de vraies connaissances des techniques de base simples et complexes. L’insertion est facilitée car notre champ d’application est très large. Nous formons nos élèves pour qu’ils soient très polyvalents. Tout nos élèves ne se destinent pas à la restauration gastronomique (3 à 5% seulement pour les formés en école hôtelière), notre rôle est bien d’ouvrir le large champ de la restauration (gastronomique, traditionnel, collectivité, fast food, thème…) L’utilisation des PAI nous permet de gagner du temps dans l’acquisition des techniques et la connaissance des produits. Les heures de pratique ont énormément diminué au fil des réformes d’où l’efficacité de la technologie appliquée. Techniquement le stage apporte plus de pratique qu’une année scolaire, donc nous devons être inventifs et cela passe par des séances 79 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 de TA très complètes et bien préparées. Actuellement vous n’êtes pas sans savoir que les heures de pratique en BTN sont de 2h de TA cuisine par Quinzaine et de 1 TP cuisine par quinzaine, pour le BTS ce sont 6 heures en 1ere et 8 heures en 2ème/semaine Donc pour le BTN les TA doivent être très bien préparées, en ayant une approche assez scientifique sur les réactions physico-chimiques des aliments (les cuissons, le froid, les amidons, les aliments…) utilisez des TET (tableau d’études technique) lorsque l’on aborde les techniques par elles-mêmes. Avoir une gestuelle précise et cohérente. Tout ceci bien sur validé doit être validé par l’équipe des profs de cuisine. Exemple : découpage à cru d’une volaille, habiller fileter un poisson rond, plat, Il faut donc établir des progressions par niveau de classe et par année qui permettent une montée crescendo des apprentissages. M.6 Bertolinot: Les changements de la restauration pour moi sont : Toutes les enseignes qui font de la restauration, qui n’ont pas de vocations mais qui prennent le marché. Le fait de tout vouloir revisiter, ave les mousses, les nouvelles textures. Les phénomènes de mode comme la cuisine moléculaire, pour moi la science prend trop de place, il faut rester des cuisiniers et non des chimistes. Afin de faciliter l’insertion professionnelle, j’insiste sur le respect des techniques, il faut je le pense rester attaché à ses sources (la cuisine des anciens. Il faut être capable de réagir afin de pouvoir se repositionner. Je reste convaincu que celui qui sait faire de la bonne cuisine traditionnelle et qui sait maitriser ses techniques de bases sait se repositionner dans n’importe quel secteurs de la restauration. Mme Massat : L’évolution des approvisionnements, aujourd’hui tout est piècé, les délais de pêche sont longs. On ne travaille plus de travail de boucherie, à cause de la sécurité des élèves, le coût et le temps. En BTS : On découpe des petites pièces telles que les selles, les carrés. En BAC : On utilise directement les cuisses de poulets pour les sautés, les morceaux de veau pour les ragoûts. On fait intervenir un boucher chaque année pour montrer l’importance de la technicité pour la diversité de ces réalisations. On insiste sur l’éducation, la tenue, l’hygiène. En BTS : TA créativité avec un panier pour chaque élève, ou ils travaillent la déstructuration des produits et se préparent à l’examen Avant on avait un pôle self, mais qui a été fermé car le corps enseignant de Toulouse ne voyait l’intérêt de continuer, et ne voulait pas prendre des heures sur leur TP pour enseigner la restauration de masse. Que pensez vous de la science de la gastronomie ? (l’importance prise par les principes scientifiques > évolution du vocable, des techniques, importance de la gastronomie moléculaire.) M.6 Fourcadet : Pour ma part il faut raison garder. En effet l’approche scientifique est importante, car elle permet d’expliquer les réactions, transformations, échecs… en cuisine. Lorsque j’ai fait l’école hôtelière on était loin de toute cette approche scientifique que ce soit à l’école ou dans l’entreprise. On pouvait poser une question au prof ou au chef sur un phénomène particulier (ex pourquoi une béchamel se détend si elle est portée trop longtemps à ébullition,…) la floculation, le brunissement enzymatique, le durcissement du collagène à 80 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 haute température …La réponse était simple « parce que c’est comme ça ». Toutes ces connaissances que nous avons aujourd’hui n’avaient que très peu d’explications scientifiques. Les réponses sont aujourd’hui connues et établies, on peut apporter aux élèves des réponses et des explications claires. Maintenant je dis aussi que nous sommes avant tout des cuisiniers et n’oublions pas ce rôle nous apprenons un métier manuel qui se construit autour de connaissances techniques et scientifiques, et je rappelle que nous n’avons plus beaucoup d’heures pour passer toutes les connaissances que doivent avoir acquis les élèves en fin de formation et là je crois que les professeurs de sciences appliquées jouent leur rôle. Il me parait très important de travailler en binôme. La formation des enseignants dans notre domaine a énormément évolué depuis les années 80 à 90, ouverture du CFPT, de la licence et de L’IUFM ont permis une meilleur approche scientifique, mais par contre nous avons perdu techniquement en permettant aux étudiants issue de BTS de devenir profs dès la sortie du de l’IUFM. M.6 Bertolinot : La science nous apporte les manières de nous exprimer, son arrivée nous permet d’avoir des réponses. Cependant les experts de cette science voient un peu trop loin dans la modification de son langage. Mme Massat : Je pense qu’il ne faut pas jouer les apprentis sorciers mais il faut surtout se concentrer sur les bases. M.6 Basse : je pense que ce n’est que des mots, je pense que l’élève doit avoir un vocabulaire réductif plutôt que de ne pas en avoir du tout. Cependant c’est un besoin pour l’élève par rapport à l’examen, je mets en place les deux méthodes pour les cuissons avec brunissement, concentration. La science permet de ne pas dire des choses fausses. Quels sont les nouveaux matériels utilisés face à l’évolution des courants culinaires ? (utilisez vous ou pensez vous qu’il faille utiliser en lycée, les nouveaux matériels : le wok, plancha, Paco jet …) Comment les utilisez-vous en TP ? Comment l’élève, à défaut peut-il apprendre à les utiliser ? M.6 Fourcadet : D’abord il faut que l’école possède ces matériels, pour nous à Nantes c’est le cas. De plus, toutes les entreprises n’ont pas ces matériels et lorsqu’elles les possèdent les élèves ont à ce moment là tout à loisir de les connaître et les utiliser. Nous,,nous pouvons intégrer leur utilisation dans nos TP surtout en restaurant d’application et nous faisons aussi des démos en TA. L’important étant que les élèves aient la connaissance de l’existence de ces matériels même s’ils ne les’ont utilisés qu’une fois (Paco jet par exemple). Je connais des LEP et lycées qui n’ont pas de Paco. Là n’est pas l’essentiel de la formation. La technologie permet aussi d’aborder les connaissances théoriques sur ces matériels. M.6 Bertolinot : j’utilise la cuisson sous vide basse température en TP à travers le paleron qui ressemble à un rumsteck grâce à ce procédé et le suprême de pintade avec lequel j’obtiens un moelleux incomparable, la science rentre dans la progression de ces procédés ; le wok pour les cuissons courtes, (sauter des légumes), J’ai demandé la plancha et un gastrovac mais non fournis depuis des années à cause de moyens financiers alors je me sers du grill. Mme Massat : le sous vide, la salamandre, les poêles anti adhésives, la mandoline pour les juliennes, le Paco jet, le thermo mix, le cutter. 81 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Je parle de tous ces nouveaux matériaux en technologie mais aussi en leur faisant créer un dossier de presse. M.6 Basse : j’utilise le sous vide pour ses vertus de conservation et de cuisson sous vide pour moi grâce à ce procédé on perd moins de produit, c’est utile pour la commodité de l’envoi, et permet de faire le gain de personnel. Mais je pense que la technique du sous vide est mal maitrisée par certains professeurs à cause du manque de formation. J’utilise aussi le Paco jet mais très rarement, c’est surtout les MC pâtisserie qui s’en servent. Quelles nouvelles techniques de cuissons intégrez-vous dans l’apprentissage de la cuisine ? Quels sont les thèmes de TA qui permettent de comprendre les phénomènes physico chimiques que vous mettez en place dans votre progression ? M.6 Basse : La cuisson basse température, les cuissons en four mixtes pour le self, les cuissons sautés avec le wok, la cuisson snacké avec la plancha, la cuisson à la vapeur avec l’usage du QCBAG. Les thèmes de TA que je développe sont par exemple les œufs et ses propriétés, l’étude des phénomènes physico chimiques des glucides, des protides, des lipides… M.6 Fourcadet : La cuisson à basse température, la cuisson au maigre, la cuisson sous vide. Lorsque l’on aborde en TA les modes de cuissons par thèmes La concentration La cuisson mixte La cuisson par expansion Là on abordera donc les types de cuisson (que vous connaissez) leurs réactions, les transformations, les températures à respecter les matériels les mieux adaptés… C’est la raison pour laquelle une TA se prépare à l’avance et nécessite une connaissance très pointue. M.6 Bertolinot : En ce qui concerne les Bac techno, les techniques de base comme les sauces émulsionnées, la cuisson des viandes (fricassée, ragout, pocher), et pour les BTS, l’apprentissage des gestes et la confirmation du geste. Exemples : Habillage du poisson plat> différentes mousselines> APPLICATION Habiller un carré> apprentissage du phénomène rôtir. Mme Massat : La cuisson à basse température sur le poisson, la cuisson des légumes sous vide, les cuissons courtes à la salamandre. Les thèmes que j’aborde sont la cuisson des œufs, des légumes secs, je suis obligée de m’adapter selon le niveau des élèves. Que pensez vous qu’il serait nécessaire d’intégrer au référentiel de BTS face à l’évolution du marché ? face à l’évolution des techniques et des matériels nouveaux ? M.6 Fourcadet : Cette question montre que nous sommes parfois à l’avance ou en retard par rapport au marché. 82 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Notre BTS n’est pas trop mal fait je crois que l’on devrait mettre moins de gestion au profit de l’enseignement technique. Le référentiel n’est pas mal fait et il laisse une certaine liberté , surtout en première année, d’intégrer les évolutions techniques. Par exemple à Orvault nous avons mis en place une séance de cuisine sous vide 1/ par semaine. La refonte du BTS est dans l’air du temps en sachant qu’elle passera par une réforme du BTN. Je vous rappelle que l’on à tendance à réduire les heures de pratique car elles coutent très cher. M.6 Bertolinot : Il faut réintégrer les choses traditionnelles, revenir sur les bases. M.6 Basse : Je pense que le référentiel du BTS est plus élargi que les autres diplômes, c’est la suite logique du bac technologique. C’est le professeur qui construit son cours à partir des pistes que lui donne le référentiel et qui doit s’adapter en fonction Des thèmes imposés par le référentiel ne sont plus réalisés dans la vie active telle le bridage d’une volaille. Quels sont les modes opératoires de construction modélisables des TA expérimentales ? M.6 Fourcadet : Comme je l’ai dit plus haut la préparation en amont est très importante, les expériences, démos doivent être testées et validées avant de monter le cours. C’est dans ce domaine que l’on peut travailler en collaboration et en co-animation avec les professeurs de sciences appliquée. De plus on peut aussi suivant ses domaines de prédilection travailler avec les autres collègues de cuisine pour que les TA modélisées soient utilisées par tous suivant les niveaux. Par exemple chez nous on est responsable d’un niveau à 2 (exemple : 2° btn) donc on prépare tout ce qui concerne la progression de ce niveau TA, TP, Techno. Ceci étant utilisable par tous les collègues. Le savoir doit être partagé entre nous. Comment intégrer vous les nouveaux courants culinaires dans les programmes ? M.6 Fourcadet : A quoi pensez-vous ? Ferran Adrian, JF Piège, A Ducasse … Ceci on l’intègre en BTS à la fois en techno et surtout en TP au restaurant d’application en travaillant sur des menus spécifiques. A Orvault en collaboration avec l’ENITIA (école des ingénieurs de l’agroalimentaire) de Nantes qui a fait venir Hervé THIS nous avons fait un menu à base des produits de la gamme Ferran Adria.. M.6 Bertolinot : J’intègre la cuisine allégée en BTS par l’utilisation du sous vide mais je reste sur des outils classiques, en ce qui concerne la cuisine moléculaire je ne suis pas séduit. Mne Massat : Je l’intègre dans les cours de technologie, mais aussi dans les choix de mes menus, mais aussi en intégrant cuisine moderne à l’hôtel d’application, en première année je fais travailler la cuisine allégée, la cuisine spectacle avec le wok, l’enfance mais seulement en TPI. 83 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 En ce qui concerne la collectivité, j’utilise des produits de quatrième et cinquième gammes, mais surtout cela me permet d’utiliser les mêmes fiches toute l’année, car je trouve tous les produits en surgelés. Comment formez-vous l’élève à l’adaptabilité ? M.6 Fourcadet : C’est ce que l’on fait tous les jours l’adaptabilité. Et en général c’est ce que disent les professionnels lorsque nos élèves vont en stage en entreprise. Nos élèves s’adaptent bien, grâce au notre large champ d’application, à l’autonomie, aux stages, aux conférences… Nous devons former nos élèves à l’hôtellerie et à la restauration avec un grand H et un grand R Nos élèves selon leur projet personnel pourront se diriger vers tel ou tel métier. Comme je le disais plus haut nous ne formons pas que pour la gastronomie. C’est aussi cela notre métier Mme Massat : En développant son intelligence en TA, en adaptant l’élève aux contraintes par exemple : on travaille pour 20, et 30 personnes arrivent en plus, on fait de la vente à emporter, en s’adaptant par le changement de la matière première. En faisant créer un menu aux élèves, les meilleurs plats et fiches techniques sont récompensés par la mise en application en TP initiation. M.6 Bertolinot : En leur donnant toutes les pistes très disparates, c‘est à dire en leur donnant un enseignement de la cuisine classique, des incursions de modernité, de nouveaux matériels, on sépare la classe en 3 groupes avec un professeur différent, les TP ne durent plus que 3heures et on ne fait qu’un plat. On a 1 TP toutes les semaines. 1 groupe fait les entrées, l’autre les plats, l’autre les desserts. Je pense que l’on doit révolutionner l’organisation des TP, par l’organisation que j’utilise Cela. nous permet de mieux connaitre les élèves et de les diriger en fonction. Grâce à ce fonctionnement les résultats à l’examen sont positifs, en leur donnant les marchandises et la fiche technique, ils sont aujourd’hui capables de sortir un service à l’heure. M.6 Basse : je développe l’adaptabilité de l’élève en travaillant en co animation avec le professeur de science appliquée, je veille toujours à me réunir avec l’autre professeur avant les TA afin d’éviter les redit et d’appuyer les informations que l’on transmet aux élèves. Comment intégrez-vous les notions évolutives de notre métier ? M.6 Fourcadet : Ceci dépend de chacun d’entre nous et de l’approche de notre métier. L’expérience professionnelle que l’on a acquise (j’ai travaillé 10ans en gastronomique avant de rentrer dans l’enseignement), des stages de formation que l’on fait (moi personnellement je travaille toujours dans la profession en tant que consultant pour des entreprise, je fais des formations à l’étranger (Amérique du sud, Espagne), je fais des stages techniques (cuisine (exemple : Ducasse, Pâtisserie, Cacao Barry, Valrhonna). J’enseigne aussi en licence. Tout cela me permet de continuer à me former, à former et à intégrer dans ma pédagogie de tous les jours les évolutions du métier. Comment faites vous évoluer notre vocable professionnel ? M.6 Fourcadet : Justement en fonction de mon évolution et de mes nouvelles connaissances. 84 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Mme Massat : En parlant de manière riche et explicite, il faut faire attention à l’utilisation des mots savants. , à chaque mot technique que j’utilise je montre le geste. M.6 Bertolinot : En renouvelant le vocabulaire dans mes supports d’enseignement exemple : la cuisson par concentration, diffusion, je veille à ce que les termes soient bien utilisés. Est-ce que vous assistez à la conférence d’Hervé This afin de vous tenir au courant des évolutions de la science au service de la cuisine ? Si non comment faites vous pour intégrer ses connaissances ? M.6 Fourcadet : J’ai fait un stage chez DUCASSE cela m’a permis d’assister à un module de travail avec lui, il est venu 2 fois à Nantes à la fac de sciences et j’ai assisté à ses 2 conférences à 2 ans d’intervalle et This à refait exactement la même chose. Je crois que son apport a été très intéressant et profitable à ses débuts Aujourd’hui il a fait évoluer les choses et les mentalités, on s’en sort bien aussi sans lui aussi et heureusement. Mme Massat : j’ai assisté une fois à une conférence d’Hervé This, j’intègre mes connaissances par les livres, la Télévision, la radio, les magazines. M.6 Bertolinot : j’ai assisté deux fois aux conférences mais il fait toujours la même démonstration. M.6 Basse : J’ai assisté deux fois à ses démonstrations que j’ai renouvelées avec mes élèves en remontant des œufs grainés, ou en les remontant quatre fois c’est une expérience que j’aime partager avec mes élèves : c’est une découverte commune. Face à l’évolution de la restauration collective, que faites-vous pour former vos élèves ? M.6 Fourcadet : Nos élèves de 1ts partent 3 semaines en stage obligatoire en restauration collective et font un mini rapport qu’ils présentent comme à l’épreuve de rapport de l’examen du BTS. M.6 Basse : Nous faisons faire à l’entrée des élèves un stage découverte hors de la période de formation 1 semaine en collectivité, 1 semaine en gastronomique, 1 semaine en traditionnel. Je fais travailler les élèves de CAP au self, mais les BTS et Les Bac ne touchent pas le self. Je leur montre que l’on n’utilise pas les mêmes techniques avec les cuissons ou encore avec les produits utilisés en collectivité. Quelles nouvelles matières utilisez vous pour réaliser la cuisine moléculaire ? M.6 Fourcadet : Nous utilisons tous les produits mis à disposition par l’agroalimentaire et aussi d’un peu d’inventivité. Attention au tout moléculaire, les professionnels ne sont pas tous et loin s’en faut là dedans. La majeure partie d’entre eux ne connait pas la cuisine molécu85 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 laire. Ils attendent des élèves qu’ils sachent ciseler un oignon, fileter un poisson…On est dans la technique pure. Sur quels types de restauration orientez vous vos stages, faites vous référence au réalisme du métier ? M.6 Fourcadet : Le réalisme du métier est abordé dès l’entrée de nos élèves en lycée. Quelles connaissances ont-ils du métier, les horaires, les styles de restaurations ? Cela dépend des profils et du projet personnel des élèves ou étudiants. Mme Massat : Cela dépend du niveau de l’élève, on convoque l’élève pour savoir l’orientation qu’il désire prendre, très peu d’élèves veulent aller en collectivité ça ne fait pas rêver. M.6 Basse E n restauration traditionnelle. M.6 Bertolinot : En fonction des choix des élèves. Il y a des carrières à faire dans toutes les voies.La collectivité pour moi a toute sa noblesse, je sort moi-même d’un BTS collectivité. Que pensez vous qu’il serait nécessaire d’intégrer dans les programmes face à la montée de la restauration collective ? (exemples régimes diététiques, apprentissages selon les domaines (hôpital, scolaire …)). M.6 Fourcadet : Ces domaines sont abordés en BTS (pour preuve nous donnons aux étudiants de BTS de 1ère année de découvrir ce milieu à travers un stage de 3 semaines). Cela leur permet après d’effectuer des choix. A Orvault nous avons mis en place toujours avec l’ENITIA une licence pro gestion des grandes cuisines Après il existe des formations post BTS spécifiques, ce sont d’autres domaines. Notre rôle est aussi parfois de susciter des vocations. M.6 Basse : Il serait nécessaire de faire un socle commun sur les savoirs être sur toute les restaurations, de faire des diplômes qualifiant pour chaque types de secteurs. On devrait imposer des stages plus longs, et intégrer le matériel dans le référentiel. 86 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION ..................................................................................................................... 7 1 L’enseignement en France aujourd’hui :.......................................................................... 10 1.1 Le référentiel : ........................................................................................................... 10 1.2 Les rôles de l’enseignant ........................................................................................... 11 1.3 L’enseignement technique ......................................................................................... 11 1.4 Les forces et les faiblesses de l’enseignement : ........................................................ 11 1.5 Les missions de l’enseignant .................................................................................... 12 1.6 Qu'est ce qu’enseigner ? ............................................................................................ 13 1.7 Les techniques pédagogiques .................................................................................... 14 1.8 Les formations proposées : ........................................................................................ 15 1.9 Les écoles Hôtelières : ............................................................................................... 17 1.10 Programme Prévisionnel des formations : ................................................................. 17 2 La restauration Aujourd’hui : ........................................................................................... 23 2.1 2.1.1 Les divers pôles de consommations ................................................................... 23 2.1.2 L’évolution du marché de la restauration ........................................................... 24 2.1.3 Les mutations du marché.................................................................................... 25 2.1.4 Les perspectives 2012 : ...................................................................................... 26 2.2 Évolution des courants culinaire de l’avant guerre à nos jours ................................ 27 2.3 Le Néo constructivisme ............................................................................................. 32 2.3.1 La science au service de la cuisine » .................................................................. 32 2.3.2 Le rôle de la science : ......................................................................................... 33 2.4 3 L’évolution du marché de la restauration hors foyer ................................................. 23 Utilisation de produits nouveaux : les additifs .......................................................... 35 2.4.1 Les émulsions : ................................................................................................... 36 2.4.2 Les chantilly : ..................................................................................................... 36 2.4.3 Les mousses : ..................................................................................................... 36 2.4.4 Les gels :............................................................................................................. 37 2.5 Les classifications des nouvelles cuissons : .............................................................. 37 2.6 Les nouveaux matériels et ustensiles : ....................................................................... 39 2.7 L’industrialisation de la restauration : ....................................................................... 42 Comment intégrer ces évolutions dans l’enseignement de demain.................................. 46 86 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 3.1 Au niveau de l’enseignant : ....................................................................................... 47 3.1.1 Intégrer de nouvelles techniques : ..................................................................... 47 3.1.2 Prendre en compte la restauration de masse et ses spécificités. ......................... 49 3.1.3 Prise en compte des intervenants : .................................................................... 51 3.1.4 Développement des actions pluridisciplinaire : ................................................. 51 3.2 Au niveau de l’institution : ........................................................................................ 52 3.2.1 Améliorer l’utilisation du référentiel : ............................................................... 52 3.2.2 Prise en compte de la restauration plurielle : .................................................... 52 3.2.3 La création de programmes de spécialités adaptées à la restauration d’aujourd’hui : .................................................................................................................. 55 3.2.4 Ouvrir les stages vers des secteurs prometteurs d’emplois futurs :.................... 56 3.2.5 L’ouverture vers des stages de formations pour les enseignants : ..................... 57 3.3 Au niveau de l’élève : ................................................................................................ 57 3.3.1 Intégrer et moderniser notre vocable professionnel : ......................................... 57 3.3.2 Préparer l’élève à la créativité : .......................................................................... 58 3.3.3 La modernisation des champs d’applications : ................................................. 59 3.3.4 Intégrer la notion des coûts : .............................................................................. 59 3.3.5 Prendre en compte la réalité économique à l’aide des TIC ................................ 60 3.3.6 Par le développement de la notion de plaisir chez l’élève. ................................ 62 CONCLUSION ....................................................................................................................... 64 Références bibliographiques .................................................................................................... 65 4 TABLE DES ANNEXES ................................................................................................. 69 ANNEXE 1 : LE PÔLE SAVOIR DU TRIANGLE DIDACTIQUE .......................................................... 70 ANNEXE 2 : LES LYCÉES TECHNIQUES D’HÔTELLERIE RESTAURATION EN FRANCE : ................ 71 ANNEXE 3 : LA RESTAURATION HORS FOYERS ........................................................................... 72 ANNEXE 4 : LES ADDITIFS ......................................................................................................... 73 ANNEXE5 : ENTRETIEN AVEC HERVÉ THIS ................................................................................ 74 ANNEXE 6 : GRILLE D’ENTRETIEN DES ENSEIGNANTS ............................................................... 79 TABLE DES FIGURES ET DES TABLEAUX ...................................................................... 88 5 INDEX ............................................................................................................................. 89 87 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 TABLE DES FIGURES ET DES TABLEAUX Figure 1 : Le triangle didactique .............................................................................................. 70 Figure 2 : Évolution de la restauration Hors Foyers. ............................................................... 72 Figure 3 : Des cycles qui s’accélèrent. .................................................................................... 72 Tableau 1 : Tableau des formations en Hôtellerie Restauration. ............................................. 16 Tableau 2 : Les courants culinaires .......................................................................................... 27 Tableau 3 : Les nouvelles cuissons. ......................................................................................... 37 Tableau 4 : Les gammes de produits alimentaires. .................................................................. 43 88 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 5 INDEX A adaptabilité, 46 C créativité, 46 D dogmatisme, 46 E évolution technologique et scientifique, 46 I intégration professionnelle, 46 L l’autonomie, 46 89 L'enseignement culinaire en Hôtellerie Restauration en lycée technique 2010 Face à de profondes mutations au niveau sociologique, technologique et scientifique, le métier de cuisinier vient à se modifier. Les enseignants doivent aujourd’hui prendre en compte dans leur enseignement l’industrialisation économique de la restauration, afin de faciliter les chances de réussite de ses élèves mais aussi leur intégration professionnelle. L’arrivé du néo constructivisme à permis un enrichissement du savoir et une réelle progression dans le monde culinaire. Nous verrons comment faire évoluer notre enseignement dans ces pratiques et techniques à enseigner, notre discipline en nous formant aux multiples évolutions, notre dogmatisme pour la gastronomie vers un réalisme plus éclairé. L’enseignement technique en BTS doit fournir des futurs encadrant au monde de l’hôtellerie Restauration, ce projet tutoré vous montrera comment optimiser notre enseignement afin de fournir à l’élève une formation de qualité, et de le rendre poly compétents, autonome et créatif dans l’ensemble des secteurs de la restauration, car ne l’oublions pas, comme nous disait Escoffier « la cuisine évoluera comme la société sans cesser d’être un art ». The job of cook is undergoing several changes caused by deep transformations on sociological, technological and scientific levels. Today, teachers have to take into account the industrialization of the catering industry in their teaching in order to help their students succeed and make their professional integration easier. The emergence of neo-constructivism has led to a better knowledge and a real improvement in the world of cooking. We shall see how to adapt our teaching to these new working methods by training ourselves and shift from our dogmatism for the gastronomy to a more informed realism. Vocational courses in BTS have to supply the accommodation and catering industry with new managers and executives. This tutored essay will also show how to make our teaching the most efficient possible to make our students skillful in every field, autonomous and creative. Let’s never forget that, as Escoffier said, “cooking will evolve with the society, but it will always remain an art.”