La rose des vents

Transcription

La rose des vents
Préambule
Ce livre n’a aucune prétention si ce n’est celle de vous
distraire.
Au hasard des pages, vous rencontrerez des gens que
vous avez aimés ou connus. Peut-être vous
reconnaîtrez-vous parmi l’un de ces personnages ?
Certains d’entre eux naîtront dans les années
postérieures à cette histoire ; mais ils auront comme
moi la nostalgie du temps passé.
Les racines de ce roman ont bu à l’eau du Lot.
Portée par l’imagination, ma plume ainsi trempée a
fait appel à mes souvenirs d’enfance, peuplés de
personnages aimés. Vous les retrouverez, si vous les
cherchez bien, du côté de Moissac et de Malause, là
où le coteau, chargé de tous ses fruits, baigne à
l’automne ses flancs meurtris.
Là où les peupliers, tout de jaune vêtus, ressemblent
à de grands cierges qui, la nuit tombée, peuvent
guider les pas. Là où les platanes forment une haie
d’honneur à l’eau verte du canal du Midi.
Là où la Garonne déroule son ruban d’argent et où
vient mourir le souffle de l’Océan.
Cette histoire nous parle d’êtres humains et
d’animaux possédant une âme. Mais les choses, elles
aussi, ont une âme et des pouvoirs ; ne serait-ce que
le pouvoir d’embellir !
9
Un toit pour l’hiver
La main a de ces prolongements que l’on ne peut ou
ne sait imaginer : l’outil et l’instrument de musique
sont de ceux-là. Le simple fait de les toucher, de les
regarder, nous ouvre les portes de leur histoire. A la
seule pensée qu’un jour des personnes viendraient à
les redécouvrir, à les conserver, et essaieraient de
savoir ce qu’ils ont été, en cherchant à mettre un
visage sur celles ou ceux qui les ont animés, bon
nombre de vieux compagnons s’en seraient allés le
cœur moins gros.
Martial, Célestin Jaffard, Sauvageot, « Totole »,
Antoine Prouffat, Silvère Frijemont, Gustave Maret et
Humus étaient habités par la même passion.
Toute la sueur qu’ils ont su dépenser n’a
malheureusement pu sauver leurs créations : au
contraire elle devait noyer leurs illusions.
Heureusement les temps changent, et face au
danger, les consciences s’éveillent et ressuscitent le
passé, se chargeant de le protéger.
Celui qui va narrer cette histoire, le visage buriné par
le soleil, respire très fort. Il vient de s’asseoir et
réfléchit encore. Il sait que le savoir ne s’emporte pas
mais se transmet. Après une ultime réflexion, en
prenant soin de ne pas déformer ce qui lui a été
conté, il commence lentement à nous emmener dans
sa mémoire ; et c’est le début de ce qui va suivre.
10
La Rose des Vents
« Imaginez une ferme …, la Rose des Vents, pour ne
pas la nommer, nichée au cœur d’une vallée riante et
pourtant austère. Là, le paysan, pendant huit mois,
imitant en cela l’abeille, n’épargne pas sa peine.
L’hiver, il donne une place importante à l’art et aux
songes… »
Sauvageot, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est issu de
cette terre où il puise son inspiration. Sa famille, sa
maison, vivent au rythme des saisons.
Au moment où nous les retrouvons, c’est la froidure.
La cheminée rassemble, toujours rougeoyante. Mais
quelqu’un va troubler la quiétude de la demeure. Une
arrivée, pourtant prévisible, comme annoncée.
Maintenant, il est temps de s’habiller chaudement, de
se fondre dans l’univers glacé de la Rose des Vents,
et de suivre pas à pas chacun des personnages sans
modifier leurs destins.
Sans faire de bruit, nous serons guidés à travers ce
Quercy, aux chênes rabougris, à la roche d’une
blancheur marmoréenne et aux mille senteurs que le
soleil et la pluie intensifient et répandent.
Gérard SARREMEJANE