Mise en page 1 - Trek Segafredo

Transcription

Mise en page 1 - Trek Segafredo
À LA UNE
FABIAN CANCELLARA
UNE CARRIÈRE EN CINQ ÉMOTIONS
Dans le contre-la-montre de la 1re étape du Tour de France 2015, Utrecht-Utrecht, le coureur de Trek a terminé à la 3e place, derrière Rohan Dennis et Tony Martin.
VM : Quoi qu’il arrive, vous avez marqué l’histoire de
votre sport…
F.C. (il coupe) : Ce n’est pas fini. Cette saison, je peux
rejoindre les Belges Tom Boonen et Roger De Vlaeminck, qui ont remporté quatre fois Paris-Roubaix,
devenir aussi le premier coureur à gagner quatre
Tour des Flandres et pourquoi pas le premier également à faire trois fois le doublé Tour des Flandres Paris-Roubaix. Cette année, c’est également la
100e édition du Tour des Flandres, c’est historique.
De plus, cette saison, il y a le Tour de France qui
passe par Berne, ma ville, et les Jeux Olympiques à
Rio.
VM : On a l’impression que vous n’avez pas terminé votre
histoire avec Milan-San Remo, qui se refuse à vous une
deuxième fois. Avez-vous ce sentiment ?
F.C. : C’est l’impression que j’ai aussi. Pourtant, ce
n’est pas faute d’avoir essayé et d’y avoir mis tout
mon cœur. Il me reste une dernière chance. À moi
d’être fort. De toute manière, je n’ai pas l’intention
de faire ma dernière saison en me disant que c’est
la dernière fois que je fais cette course. Je ne suis
pas là pour dire au revoir mais pour gagner. Je veux
prendre du plaisir, courir avec mon cœur, certes,
mais j’ai aussi un devoir de résultat.
40 / VÉLOMAGAZINE n° 537 / Février 2016
VM : À une époque, vous aviez émis l’idée de remporter les
cinq monuments du cyclisme, c’est-à-dire ajouter à votre
palmarès Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie.
Cela demandait trop de remise en question ?
F.C. : Non, tout simplement, j’aime trop le Tour des
Flandres et Paris-Roubaix pour ne pas les disputer.
C’est aussi simple que ça. Débuter une saison en me
disant que je n’y serai pas, c’est impossible pour moi.
On me reparle souvent du record de l’heure et du
fait que je ne l’ai finalement jamais tenté. C’est bien
normal mais, à partir du moment où l’UCI a changé
à nouveau les règles, ça ne me convenait plus.
VM : C’était vous comparer à Merckx qui vous intéressait ?
F.C. : Oui, bien sûr, mais pas seulement. Il faut se rendre compte qu’avec l’évolution du matériel tout sera
pipé dans cinq ans. Dans quelques années, la prestation du matériel fera qu’il sera plus facile de battre
le record de Bradley (Wiggins), ce qui signifie
qu’athlétiquement on pourra être moins fort. Quand
on a connu la révolution du carbone comme moi,
on sait que l’évolution du matériel peut très vite
faire la différence. C’est ça la réalité.
VM : Respecter les valeurs du cyclisme, ça a toujours été
une constante chez vous. Je me souviens que, pour les
VM : Depuis presque dix ans, vous êtes, très souvent, le
porte-parole du peloton. D’une manière ou d’une autre,
allez-vous continuer après votre carrière ?
F.C. : Ceci va dépendre de beaucoup de choses.
Après ma carrière, il est clair que je veux redonner
quelque chose au cyclisme car il m’a beaucoup
donné. Que faire ? Je ne sais pas exactement. Il y a
peu, un de vos confrères me voyait déjà président
de l’UCI (rires). Aujourd’hui, quand j’en parle, c’est
un peu flou. Je ne veux pas complètement sortir du
vélo et, en même temps, j’aimerais découvrir les
coulisses d’autres sports et d’autres métiers. Attention, je ne veux pas être banquier ni assureur (rires) !
Ce qui est certain, c’est que je veux vivre des choses.
En 2017, je serai de l’autre côté, comme on dit. Ça
ne me fait pas peur. Mais, là aussi, je vais devoir prendre du temps pour passer ce cap. Comme après une
saison pleine, finalement… Il sera vital pour moi de
repartir avec le couteau entre les dents dans un nouveau projet. Mais, pour l’instant, je suis coureur à
100 %. Mon histoire n’est pas terminée.
PASCAL RONDEAU
TIM DE WAELE
certes, mais c’est surtout pour moi des émotions très
personnelles. Quand je regarde tel vélo aujourd’hui,
je revis l’instant car j’ai tout mémorisé. Je dis aux
jeunes coureurs qu’il est important de ne jamais perdre de vue notre histoire à un moment donné de
notre carrière. On oublie vite les choses, croyez-moi,
et ce n’est pas bon ! J’ai également gardé beaucoup
de maillots, avec mes dossards, comme certaines
tuniques des courses à étapes et une vingtaine de
maillots jaunes, mes trophées et des cadeaux que
certains fans m’ont faits. C’est important pour moi.
Mon père a retrouvé mon vélo Colnago de mon
année 2000 à la Mapei et, en ce moment, il tente de
retrouver mon vélo de 1998. C’est un Greg LeMond,
mais peut-être qu’il n’existe plus.
2010, les supporters suisses,
d’habitude discrets, sortent
les drapeaux dans les secteurs
pavés de Paris-Roubaix.
Ils croient en leur champion
et ils ont raison puisque
Cancellera est en route vers
un deuxième succès une
semaine après avoir gagné
le Tour des Flandres.
BERNARD PAPON
STÉPHANE MANTEY
VM : Garder les vélos avec lesquels vous avez gagné vos
plus belles courses, c’est justement garder une trace
concrète de votre propre histoire ?
F.C. : Ça, c’est très personnel. C’est mon histoire,
Aussi populaire en Suisse
qu’un Roger Federer,
sa notoriété gonfle d’un coup
dans son pays quand il devient
champion olympique du contrela-montre en 2008, à Pékin.
Une juste récompense pour celui
qui est également quatre fois
champion du monde
de la discipline (2006, 2007,
2009 et 2010).
2014, Cancellara a attaqué dans
le Vieux Quarémont et seul
Sep Vanmarcke est en mesure
de lui offrir une timide opposition. Personne ne peut lui barrer
le chemin vers une troisième
victoire dans le Tour
des Flandres. « Spartacus »
rêve d’un troisième triplé ParisRoubaix–Tour des Flandres.
Ce sera un échec. À l’heure
actuelle, c’est son dernier
succès dans une classique.
FRÉDÉRIC MONS
toire de notre sport et j’ai du respect pour ça,
comme j’ai toujours été attentif à la transmission de
ses valeurs propres. Mais, aujourd’hui, il y a des
jeunes qui pensent être des champions avant
l’heure. Ce n’est pas bon du tout. Des garçons
comme Pozzato ou Boonen, de ma génération, ont
commencé par travailler pour les autres, c’est la tradition. Dans notre sport, il faut donner avant de recevoir. Si on ne fait que prendre, alors on ne fera pas
une longue carrière.
2006, Fabian Cancellara a quitté
la Fassa Bortolo pour le
team CSC de Bjarne Riis.
Spécialiste du chrono, le Suisse
bascule dans l’autre registre
qui sied à ses qualités de rouleur
et devient un homme des
classiques. Une entrée par
la grande porte avec une victoire
à Paris-Roubaix.
Drame sur la route du Tour 2015 :
déjà privé au printemps des
classiques à cause d’une double
fracture mineure aux vertèbres,
il tombe dans l’étape qui mène
à Huy. Diagnostic : nouvelles
fractures sur deux vertèbres
lombaires ! Son… 29e jour
en Jaune aura été synonyme
de poisse.
STÉPHANE MANTEY
besoins d’un sujet, nous vous avions apporté l’Espada d’Indurain pour l’essayer. Vous nous aviez alors demandé de
remettre les boyaux utilisés par Miguel, alors remplacés
car crevés. Pourquoi ?
F.C. : C’était le vélo d’Indurain. C’est tout. C’est l’his-
Février 2016 / VÉLOMAGAZINE n° 537 / 41

Documents pareils