Le Moulin, Pozières (Français) - Australians on the Western Front

Transcription

Le Moulin, Pozières (Français) - Australians on the Western Front
Le Moulin, Pozières
Le Chemin de mémoire australien permet aux visiteurs de mieux comprendre la part
qu’a jouée l’Australie dans l’effort de guerre allié sur le Front occidental durant la
Première Guerre mondiale, et à découvrir les récits de soldats ayant combattu à cet
endroit. Il propose à cet effet douze sites, de Passchendaele en Belgique à divers
lieux où la Force impériale australienne a mené ses derniers combats en France,
autour de Péronne en 1918.
Ce bref enregistrement audio traite de l’un des douze emplacements du Chemin de
mémoire australien. Des informations sur les douze emplacements sont disponibles
au téléchargement depuis le site ww1westernfront.gov.au.
À cet endroit précis, votre guide personnel : Le Moulin, Pozières
Ce site marque l'emplacement de l'ancien moulin de Pozières. Perché sur l'arête
derrière le village, les vents venus de l'Atlantique soufflaient par-delà les plateaux
ouverts de la Somme et faisaient autrefois tourner ses ailes. Tout comme Pozières,
le moulin fut anéanti par les bombardements d'artillerie pendant la Bataille de la
Somme en 1916.
Depuis le moulin en ruines, on aperçoit le village et à droite, l'emplacement de la
ferme du Mouquet, à 1,8 kilomètre environ, l'œil découvre la campagne ouverte qui
selon l'historien de guerre officiel, Charles Bean, était « plus semée du sacrifice
australien que n'importe quel autre endroit au monde ». Cette métaphore reflète les
quelque 23 000 pertes subies par les Forces armées impériales australiennes entre
le 23 juillet et le 4 septembre 1916. Plus de 6700 de ces soldats moururent au
champ d'honneur ou des suites de leurs blessures. En 1932, Bean persuada le
Mémorial australien de la guerre d'acheter les ruines du moulin. C'est à cet
emplacement que l'on creusa alors le sol français pour en tirer une poignée de terre
que l'on jeta par la suite sur le cercueil du Soldat inconnu inhumé au Mémorial le
11 novembre 1993.
Bean ne connaissait que trop bien les efforts désespérés qu’il avait fallu faire pour
creuser des abris dans la terre grevée d'obus autour de Pozières et de son moulin
entre le 29 juillet et le 3 août 1916. Les 28 et 29 juillet, la 2e Division australienne
échoua dans ses efforts pour prendre l'arête. Pour renouveler cette offensive, il fallut
construire un réseau de tranchées de communication permettant aux hommes de
s'approcher des tranchées de rassemblement, à l'abri des mitrailleuses et des tireurs
embusqués. Les soldats chargés de creuser étaient cependant une cible facile pour
l'artillerie allemande et ces travaux constituèrent de véritables opérations militaires.
La nuit du 31 juillet, le lieutenant John Raws du 23e Bataillon d'infanterie australienne
mena ses hommes dans le No Man's Land. Des fusées éclairantes allemandes
illuminaient le ciel nocturne, mais les hommes creusaient sans relâche, dans une
atmosphère décrite par Raws comme un « ouragan d'obus explosifs » qui déchirait la
terre autour d'eux et les enterrait vivants. Raws fut plusieurs fois renversé et deux
fois enterré avec les morts et les mourants. Il poussa ses hommes jusqu'à la limite
de leur endurance et à l'aube refusa de partir, même lorsqu’il en reçut l'ordre d’un
autre officier. « La tranchée n'était pas finie, écrit-il, et je pris la difficile décision
d’insister auprès des hommes pour qu’ils restent en leur disant que tout homme qui
cesserait de creuser serait abattu ». Sur le retour, Raws porta le seul homme blessé
qui n'avait pas été enseveli : « Le trajet fut terrible. L’homme était délirant. J'attachai
une de ses jambes à sa besace avec l'une de mes bandes molletières. » Raws
passa alors deux heures de plus sous les tirs d'obus à chercher d'autres blessés. Le
soir du 4 août 1916, alors qu'il faisait encore jour, la deuxième Division australienne
prit l'arête, et avec elle le moulin en ruine.
Le 31 juillet 1916, Bean se rendit sur le front et ce qu'il vit le choqua profondément.
« Partout gisaient des corps noircis, entiers ou déchirés, sans vie depuis des jours ».
Le 28 août, Bean emmena Ernest Brook, photographe britannique officiel, derrière
Pozières où avaient été creusées toutes ces tranchées. Les clichés pris par Brooks
se trouvent aujourd'hui dans le Mémorial australien de la guerre. Bien plus tard, en
mai 1917, Bean traversa le champ de bataille déserté en compagnie du poète et
journaliste anglais John Masefield qui trouva et donna à Bean un ancien panneau de
tranchée australienne indiquant la Route centrale (Centre Way), l'une des principales
tranchées de communication creusées durant l'offensive du 4 août 1916. Ce fut le
premier objet français que recueillit Bean et qui devait faire partie d’une collection
destinée plus tard au Mémorial australien de la guerre.