Les fluoroquinolones : un nouveau traitement pour la tuberculose ?
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Les fluoroquinolones : un nouveau traitement pour la tuberculose ?
INT J TUBERC LUNG DIS 2 (4): 265-271 © 1998 IUATLD REVIEW ARTICLE Les fluoroquinolones : un nouveau traitement pour la tuberculose ? S. H. Gillespie,* N. Kennedy*† † *Department of Medical Microbiology, Royal Free Hospital School of Medicine, London, Regional Infectious Diseases Unit, Fazakerley Hospital, Liverpool, UK _______________________________________________________________________RESUME Les fluoroquinolones se sont assurées un place importante dans la prise en charge des infections bactériennes : elles on une bonne absorption orale, se trouvent dans les sécrétions respiratoires à des concentrations supérieures à celles du sérum, et sont concentrées dans les macrophages. Ces agents sont bien tolérés et ont un excellent niveau de sécurité dans les thérapeutiques à long terme. Comme aucun nouvel agent antituberculeux n'a été développé depuis l'utilisation clinique de la rifampicine, l'on a investigué les fluoroquinolones pour leur efficacité potentielle dans la tuberculose. Les études in vitro ont démontré qu'elles sont actives contre Mycobacterium tuberculosis à des concentrations réalisables. Les études chez la souris ont démontré l'efficacité du traitement. Les études cliniques chez les humains sont rares, mais la ciprofloxacine a fait preuve d'une activité bactéricide précoce significative. Les régimes incluant une fluoroquinolone se sont avérés comparables aux autres régimes standard, bien que les résultats chez les patients séropositifs pour le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) soient significativement moins satisfaisants. L'on ne dispose pas encore de données cliniques suffisantes pour utiliser les fluoroquinolones dans les traitements de première ligne, mais elles peuvent trouver leur place dans la prise en charge des infections à germes multirésistants ou chez les patients qui ne tolèrent pas d'autres médicaments. MOTS-CLE : tuberculose ; chimiothérapie ; fluoroquinolones ; ciprofloxacine ; ofloxacine ; sparfloxacine ; levofloxacine ; la gyrase ADN ; mécanismes de résistance L’INCIDENCE CROISSANTE de la tuberculose dans le monde et la description récente de cas de tubercu-lose multirésistante (TB-MR) ont stimulé la recherche de nouveaux agents antituberculeux. Beaucoup de médicaments de première ligne donnent lieu à des effets collatéraux sévères, particulièrement chez les patients infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Aucun nouvel agent antituberculeux n’a été introduit depuis que la rifampicine devint accessible dans le courant des années 1960 ; par voie de conséquence, un intérêt considérable a été porté aux 4-fluoroquinolones dont on a démontré l’activité contre M. tuberculosis et d’autres mycobactéries. Cette revue résume certaines données in vitro, les études animales, les résultats des essais cliniques et la place des quinolones dans la chimiothérapie antituberculeuse actuelle. STRUCTURE ET ACTION Les quinolones sont une classe d’agents antimicro- biens dont la structure comporte un anneau 4-quinolone. Les quinolones interfèrent avec le système enzymatique topoisomérase bactérien. Pour permettre à l’organisme d’accumuler l’acide desoxyribonucleique (DNA) à l’intérieur de la cellule bactérienne, il est superenroulé par un processus dans lequel des cordons sont introduits dans la direction opposée à la rotation normale de la molécule vers la droite. Le système enzymatique topoisomérase est responsable de ce processus en formant un lien covalent transitoire séquentiel avec l’ADN, en brisant l’ADN, en passant l’ADN au travers de la cassure et finalement en réparant cette cassure. L’enzyme est un tétramère composé de deux de chacune des sous-unités GyrA et GyrB encodés par les gènes gyrA et gyrB. En interférant avec l’activité de la sous-unité A de la gyrase ADN bactérienne, les fluoroquinolones interrompent le processus de super-enroulement en inhibant la division de la cellule bactérienne et l’expression génique.1 Les plus anciennes quinolones non fluorinées, Auteur pour correspondance : Dr S H Gillespie, Department of Medical Microbiology, Royal Free Hospital School of Medicine, Rowland Hill Street, London NW3 2PF, UK. Tel: (+44) 171 794 0500. Fax: (+44) 171 794 0433. e-mail : [email protected] [Traduction de l'article "Fluoroquinolones: a new treatment for tuberculosis?" Int J Tuberc Lung Dis 1998; 2 (4): 265-271.] 2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease comme l’acide nalidixique et l’acide oxolinique, n’étaient actives que contre les bactéries à Gram négatif et étaient utilisées principalement pour le traitement des infections du tractus urinaire. La fluorination de l’anneau 4-quinolone en position 6 a donné à cette classe une activité antimicrobienne accrue et un spectre d’activité plus large.2 Le premier agent fluoroquinolone à large spectre décrit fut la norfloxacine développée en 1970 et utilisée en clinique en 1982. Un grand nombre d’agents du type fluoroquinolone ont été décrits à présent, notamment la pefloxacine, l’ofloxacine, la ciprofloxacine, l’enoxacine, la temofloxacine, la sparfloxacine et la levofloxacine.2 Cette revue va se concentrer sur les agents qui ont été proposés pour utilisation dans la prise en charge de l’infection par M. tuberculosis. ETUDES IN VITRO L’on a pratiqué beaucoup d’études in vitro pour tester ces composés contre M. tuberculosis et d’autres mycobactéries. Il a été démontré que, alors que la norfloxacine avait un certain degré d’activité contre M. tuberculosis, celui-ci n’était pas aussi important que celui de la ciprofloxacine. Un certain nombre d’études ultérieures ont confirmé l’importante activité de la ciprofloxacine in vitro. La plupart des souches sont inhibées à des concentrations entre 0,5 et 1 mg/L.3-6 L’ofloxacine, elle aussi, a une activité prometteuse avec des concentrations minimales inhibitrices (CMI) dans une même zone.7-8 L’activité de l’agent WIN 57273 s’avère équivalente ou supérieure à celle de l’ofloxacine et de la ciprofloxacine à un pH acide de 6,0 ; ceci pourrait être important dans l’environnement acide trouvé dans les zones de nécrose caséeuse.9 La sparfloxacine et l’agent AM 1155 ont une activité in vitro accentuée avec des CMI de une ou deux dilutions plus basses que la ciprofloxacine et l’ofloxacine.10,11 La levofloxacine, un iso- Tableau mère optique de l’ofloxacine, l’irfloxacine, la clinafloxacine et plusieurs autres composés expérimentaux ont également prouvé une activité utile.8,12-15 Ces données doivent être interprétées avec prudence, car les résultats dépendent fortement de l’inoculum et des méthodes utilisées. Le Tableau reprend une sélection des études in vitro. Les tests de sensibilité in vitro M. tuberculosis sont habituellement pratiqués en utilisant des dilutions du médicament incorporées dans un milieu de culture standard dans lequel l’organisme est inoculé ultérieurement ; mais ceci n’est probablement pas une représentation précise des conditions dans lesquelles les organismes viennent en contact avec les agents antimicrobiens. Chez l’hôte humain, le phagocyte mononucléaire est un habitat important pour M. tuberculosis.17 On trouve aussi beaucoup de bactéries dans les parois des cavités où le pH est bas. Donc, les test standard in vitro peuvent donner une indication imprécise de l’effet attendu in vivo contre les organismes qui se multiplient dans ces environnements.18 Les études ont montré que la ciprofloxacine est concentrée au sein des neutrophiles humains19 et au sein des macrophages péritonéaux de la souris et de l’homme.20 Elle reste biologiquement active contre les organismes intracellulaires, y compris M. fortuitum, M. tuberculosis et M. avium-intracellulare à l’intérieur même des cellules phagocytaires en culture. L’on a démontré que l’ofloxacine est bactéricide contre M. tuberculosis dans les macrophages humains en culture à des concentrations proches de la CMI in vitro. Elle est apparue également comme efficace contre les bactéries en dehors de toute multiplication.21 L’activité intracellulaire de la levofloxacine dans les macrophages est deux fois supérieure à celle de l’ofloxacine. La sparfloxacine est active dans le modèle de macrophages murins en produisant la destruction mycobactérienne à des concentrations que l’on Etudes sélectionnées de l’activité des 4-fluoroquinolones à l’égard des isolats de Mycobacterium tuberculosis Produit No de souches Extrêmes mg/L CMI90 mg/L Méthodes Référence Ciprofloxacine 119 24 64 36 24 64 36 64 36 64 10 25 0.39-6.36 1.0* 0.063-1 0.3-1.2 1.0* 0.125-1.0 0.3-1.2 2-32 0.3-2.5 1-16 NR NR ND ND 1.0 1.2 ND 0.5 1.2 16 1.2 4 0.5 0.39 Ratio de résistance Sensibilité disques Dilution agar Proportions Sensibilité disques Dilution agar Proportions Dilution agar Proportions Dilution agar Proportions Dilution agar Collins6 Berlin4 Van Caekenberghe16 Davies3 Berlin4 Van Caekenberghe16 Davies3 Van Caekenberghe16 Davies3 Van Caekenberghe16 Ji10 Saito14 Ofloxacine Irloxacine Pefloxacine Sparfloxacine Levofloxacine * Mode de CMI CMI = concentration minimale inhibitrice ; ND = non disponible ; NR = non réalisé Les fluoroquinolones : un nouveau traitement pour la tuberculose ? peut atteindre.22,23 Ces données suggèrent que les résultats prometteurs obtenus in vitro avec les fluoroquinolones contre M. tuberculosis pourraient être reproduits in vivo. RESISTANCE Le gène gyrA, codant pour la sous-unité gyrA a été séquencé dans M. tuberculosis et dans d’autres espèces mycobactériennes et s’avère hautement stable. Les séquences d’acides aminés qui en résultent sont identiques sauf pour l’acide aminé 83 qui est fréquemment impliqué dans la résistance acquise aux quinolones dans beaucoup d’espèces, y compris les mycobactéries. Sept mycobactéries ont de l’alanine dans cette position ; il s’agit des espèces qui ont la CMI la plus basse pour l’ofloxacine : M. tuberculosis, M. bovis, M. leprae, M.avium, M. kansasii, M. chelonei et M. smegmatis. L’on a mis en évidence un résidu de serine dans M. fortuitum et M. aurum, qui ont une CMI élevée.24 Une grande diversité de mutations a été trouvée dans les isolats cliniques résistants à plus de 2 mg/L de ciprofloxacine. On les a toutes trouvées dans la même région d’acides aminés 88 à 94.25 Les mutations spontanées apparaissant expérimentalement se développent à une fréquence entre 2 x 10-6 et 10-8. Ce taux est confirmé dans une autre étude expérimentale qui elle aussi a montré que les mutations survenaient dans des positions similaires.26 Les mutations de gyrA ne s’observent pas dans tous les organismes résistants aux quinolones ; certains de ceux-ci développent une résistance en raison d’une diminution de l’absorption de la quinolone, une caractéristique qui concerne tous les agents de la classe.27 Les mutations en un échelon n’ont pas pu être provoquées pour la sparfloxacine, peut être en raison de sa plus forte activité, mais les mutants résistants à un haut niveau qui ont été observés ont des mutations dans gyrA et gyrB. Ceci suggère que des mutations sont indispensables dans plus d’un gène pour qu’une résistance significative apparaisse à l’égard de la sparfloxacine. ETUDES CHEZ L’ANIMAL On a pratiqué un petit nombre d’études animales, la plupart du temps sur le modèle murin. Chadwick et coll. ont trouvé qu’une monothérapie de 16 semaines à base de ciprofloxacine à 300 mg/kg et par jour, une dose très élevée, réduit les décomptes de M. tuberculosis viables dans le foie et la rate, par comparaison avec les contrôles ; mais ceci s’avère marginalement moins efficace que l’isoniazide à la dose de 20 mg/kg et moins efficace que la 3 rifampicine à 40 mg/kg. Toutefois, la combinaison de ciprofloxacine et de rifampicine est significativement plus efficace pour stériliser les tissus à 12 semaines que la combinaison standard de rifampicine et d’isoniazide.28 L’ofloxacine révèle une activité dans le modèle murin, mais la réponse est liée à la dose : 300 mg/kg quotidiennement a un effet thérapeutique nettement supérieur aux doses plus faibles.29,30 Pefloxacine et WIN 57273 montrent peu d’activité in vivo, mais la sparfloxacine aux doses de 50-150 mg/kg par jour s’avère très efficace dans le modèle murin et est six à huit fois plus efficace que l’ofloxacine sur la base poids à poids.10 Tout comme pour l’ofloxacine, l’activité de la sparfloxacine est dose-dépendante, les doses les plus élevées montrant l’effet le plus important. A la dose de 300 mg/kg de levofloxacine, on observe un effet bactéricide égal à celui de la sparfloxacine dans ce modèle.23 Il y a lieu d’être prudent dans l’interprétation des études sur modèle animal, car certains agents antituberculeux ne montrent aucune activité utile chez l’animal mais sont valables dans la maladie humaine et vice versa. ETUDES CHEZ L’HOMME L’activité des quinolones contre M. tuberculosis est favorisée par leur pharmacocinétique. Les fluoroquinolones sont rapidement absorbées et ont une biodisponibilité élevée après administration orale. Dans le cas de la ciprofloxacine, des doses uniques de 500 et de 1 000 mg per os produisent des pics de concentration sérique moyens de 2,7 et 5,5 mg/L respectivement. Les taux sériques se comparent de façon favorable avec la CMI de la ciprofloxacine contre M. tuberculosis (entre 0,5 et 1 mg/L). La ciprofloxacine et les autres fluoroquinolones sont concentrées dans les tissus de l’appareil respiratoire, dans les liquides organiques et les macrophages alvéolaires, et atteignent des niveaux plus de cinq fois supérieurs à ceux obtenus dans le serum.31 L’ofloxacine pénètre dans les épanchements pleuraux tuberculeux à des concentrations efficaces.32 L’absorption orale de l’ofloxacine est plus importante que celle de la ciprofloxacine, puisqu’une dose orale de 500 mg donne un pic de concentration sérique de 10 mg/L. La sparfloxacine produit des taux sériques de 0,7 mg/L et 1,8 mg/L après des doses orales de 200 et 400 mg respectivement. Les pharmacocinétiques ainsi que les dosages maximaux tolérés chez l’homme doivent être pris en compte lorsqu’on compare l’activité des agents du type fluoroquinolone sur la base des études in vitro et chez l’animal.31,33 4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease ETUDES CLINIQUES Les coûts et la complexité des essais cliniques en tuberculose ont eu pour conséquence que l’évaluation clinique de l’efficacité des fluoroquinolones dans le traitement de la tuberculose est restée bien en arrière par rapport aux études in vitro et chez l’animal. Jusqu’ici, très peu d’essais cliniques ont été pratiqués. La plupart de ceux-ci ont concerné des patients porteurs de M. tuberculosis résistant aux médicaments, où le traitement avec des agents standard avait échoué antérieurement et où un agent fluoroquinolone a été ajouté à des médicaments de seconde ligne ou, dans certaines de ces études, ajouté à lui seul à un régime défaillant. Par conséquent, la résistance aux fluoroquinolones s’est développée facilement. Beaucoup de combinaisons différentes avec d’autres agents ont été utilisées et il a été dès lors difficile d’interpréter les résultats de ces études. Ofloxacine C’est en 1985 que Tsukamura et coll. ont fait état de la première utilisation de l’ofloxacine dans le traitement de la tuberculose pulmonaire. Un groupe de 19 patients, porteurs de souches multirésistantes et atteints de tuberculose cavitaire chronique ont été traités pendant 6 à 8 mois avec 300 mg d’ofloxacine par jour, habituellement ajoutée à un régime défaillant que le patient prenait déjà. Il n’est pas étonnant que la résistance médicamenteuse à l’ofloxacine soit apparue, puisqu’il s’agissait essentiellement d’une monothérapie à l’ofloxacine. Toutefois, chez beaucoup de patients, on a observé une diminution de la quantité de mycobactéries viables et la négativation de l’expectoration est survenue chez cinq patients.34 Deux autres études ont examiné l’utilisation d’ofloxacine pour la tuberculose multirésistante. Yew et coll. ont traité 22 patients pendant 9-12 mois avec des régimes contenant 300 ou 800 mg d’ofloxacine par jour, habituellement en combinaison avec divers médicaments de seconde ligne. Deux patients ont reçu l’ofloxacine à raison de 800 mg par jour en monothérapie. La négativation des cultures a été obtenue chez 5/10 et 8/12 patients dans les groupes traités par 300 et 800 mg respectivement. Si l’on exclut les patients recevant de la monothérapie, une négativation des cultures a été acquise chez 8 des 10 patients du groupe à 800 mg. La négativation des cultures s'avère plus rapide avec la dose la plus élevée d'ofloxacine.7 Une étude non contrôlée de l’ofloxacine par le Hong Kong Chest Service et le British Medical Research Council a également trouvé que l’ofloxacine a raison de 800 mg par jour est efficace dans certains cas de tuberculose multirésistante.35 Parmi les 14 patients porteurs de souches sensibles à l’ofloxacine ou chez qui les tests de sensibilité n’étaient pas disponibles, 10 ont répondu au traitement : six des dix avaient mal répondu préalablement à la rifabutine. En outre, parmi les quatre patients où aucune réponse n’était apparue, trois avaient été traités en monothérapie à l’ofloxacine. Les réponses furent habituellement temporaires et trois seulement des 14 patients ont eu des cultures régulièrement négatives après une période de suivi de 14 à 32 mois.35 Deux études ont examiné les traitements à l’ofloxacine chez les patients porteurs de souches de M. tuberculosis complètement sensibles aux agents standard. Tsukamura et coll. ont traités 17 patients avec l’ofloxacine en combinaison avec la rifampicine et l’isoniazide. Ce groupe a été comparé à deux régimes dans lesquels une combinaison de rifampicine et d’isoniazide était donnée avec soit la streptomycine, soit l’ethambutol. La durée moyenne avant la négativation des cultures d’expectorations est virtuellement identique dans les trois régimes.36 Une étude randomisée plus importante, impliquant plus de 120 patients, a montré également que l’ofloxacine s’avère un substitut efficace à l’ethambutol dans les traitements combinés. Dans cette étude, un traitement de neuf mois à base d’éthambutol, rifampicine et isoniazide a été comparé avec la même combinaison d’isoniazide et rifampicine mais avec substitution de l’ethambutol par l’ofloxacine. L’ofloxacine a été donnée à une dose de 600 mg par jour pendant deux mois et ensuite à raison de 300 mg par jour. Les taux de négativation à l’examen direct et à la culture ont été virtuellement identiques pour les deux régimes et aucune rechute n’a été observée au cours d’une période de suivi de deux ans.37 Pefloxacine Un seul essai non contrôlé de la pefloxacine en combinaison avec l’isoniazide et la thiacetazone associés à d’autres médicaments a été conduit chez 14 patients dont les germes étaient résistants à deux drogues conventionnelles de première ligne ou davantage, dont le traitement standard avait échoué ou qui ne l’avaient pas supporté. Une réponse favorable au traitement a été observée chez dix patients, un patient a été perdu de vue, deux ont interrompu le traitement pour intolérance et un échec a été observé.38 Ciprofloxacine La ciprofloxacine a suscité un intérêt considérable comme nouvel agent pour le traitement de M. tuberculosis chez l’homme. Le premier rapport Les fluoroquinolones : un nouveau traitement pour la tuberculose ? anecdotique concernant les succès de l’utilisation clinique de la ciprofloxacine contre la tuberculose et d'autres infections mycobactériennes a été publié en 1988, mais les détails quant aux régimes de traitemment utilisés et aux résultats ne sont pas clairs.39 Kahana et Spino ont fait état de l’utilisation de ciprofloxacine dans le traitement de 11 patients atteints de tuberculose et de quatre autres atteints d’infections par les mycobactéries non tuberculeuses. Les patients tuberculeux avaient été considérés comme ne relevant pas de la chimiothérapie standard en raison d’une résistance médicamenteuse, de réactions collatérales antérieures défavorables ou du manque de réponse à la chimiothérapie standard. Tous les isolats étaient sensibles à la ciprofloxacine. La ciprofloxacine a été administrée à une dose de 500-750 mg par jour en combinaison avec un ou deux autres agents antituberculeux pendant des périodes de 620 mois. Dix des 11 patients atteints de tuberculose ont eu une réponse favorable au traitement sans rechute après achèvement de la chimiothérapie.40 Dans un essai randomisé, aux Indes, chez 60 patients atteints d’une tuberculose pulmonaire à bacilloscopie positive et récemment diagnostiquée,41 un régime standard comportant streptomycine, isoniazide, rifampicine et pyrazinamide pendant 2 mois et suivi pendant 4 mois par l’isoniazide et la rifampicine a été comparé avec un régime similaire dans lequel la seule modification était la substitution de 750 mg de ciprofloxacine par jour à la rifampicine. Malheureusement, les données de culture et de sensibilité ne sont pas mentionnées et la réponse clinique a été appréciée uniquement par bacilloscopie. En outre, un grand nombre de patients a été perdu de vue avec 35 traitements complets seulement. Les deux régimes furent considérés comme efficaces, avec des taux de négativation bacilloscopique de 95% et 100% après 6 mois respectivement pour les régimes d’essai et de contrôle. Les taux de rechute furent plus élevés avec le régime à la ciprofloxacine qu’avec le régime standard (3/18 versus 1/17), quoique cette différence ne soit pas significative.41 Notre groupe a utilisé la ciprofloxacine dans le traitement de patients atteints de tuberculose pulmonaire en Tanzanie. Dans une étude initiale, nous avons comparé l’activité bactéricide précoce de la ciprofloxacine à raison de 750 mg, associée à 300 mg d’isoniazide par jour chez 10 patients sur un période de sept jours. Le traitement à la ciprofloxacine a entraîné une chute quotidienne moyenne des unités viables (CFU) de 0,2 log CFU/jour qui était seulement légèrement inférieure au 0,25 log CFU/jour obtenu par l’isoniazide.42 L’isoniazide est considéré comme ayant l’activité bactéri- 5 cide précoce la plus importante de tous les agents en usage actuellement.43 Notre observation d’activité bactéricide précoce a été confirmée par un groupe Sud-africain qui a étudié 28 patients. Une activité bactéricide précoce significative a été trouvée chez 10 patients auxquels la dose de 1 000 mg de ciprofloxacine avait été administrée, mais pas chez ceux ayant reçu des doses plus faibles.44 Nous avons également étudié l’activité stérilisante au cours des deux mois initiaux de traitement avec la ciprofloxacine en combinaison avec d’autres médicaments. Vingt patients ont reçu un régime standard de rifampicine, isoniazide, ethambutol et pyrazinamide ou un régime d’essai comportant rifampicine, isoniazide et ciprofloxacine. La ciprofloxacine a été administrée à nouveau à la dose de 750 mg par jour. Le taux de négativation des cultures s’avère plus rapide avec le régime standard par comparaison avec le régime comportant la ciprofloxacine, mais cet effet ne fut marqué que chez les patients séropositifs pour le VIH. Si l’on ne prend en compte que les patients séronégatifs pour le VIH, il y a peu de différence de réponses entre les deux régimes.42 Comme le nombre de patients impliqués dans l’appréciation initiale de l’activité stérilisante était faible, les résultats doivent être interprétés avec prudence. Maintenant nous avons traité plus de 200 patients, soit par un régime standard d’isoniazide, rifampicine, pyrazinamide et ethambutol (HRZE), soit par un régime d’essai comportant isoniazide, rifampicine, ciprofloxacine (HRC). Le régime standard comportait pyrazinamide et ethambutol pour les quatre premiers mois. Le bras d’essai incluait la ciprofloxacine pendant les quatre premiers mois. Dans les deux bras de traitement, la rifampicine et l’isoniazide ont été poursuivis pendant 6 mois.45 Tous les patients ont atteint une guérison clinique et bactériologique, mais la durée avant la négativation de l’expectoration s’est avérée significativement plus longue après HRC. Cette différence était due principalement à la mauvaise réponse chez les patients séropositifs pour le VIH, puisque les patients séronégatifs avaient une réponse similaire dans les deux groupes. La rechute s’avère plus fréquente dans le bras HRC.45 Ces données indiquent que la ciprofloxacine n’a pas une activité stérilisante égale à celle du pyrazinamide associé à l’ethambutol. Le régime contenant la ciprofloxacine a été bien toléré, sans accroissement des réactions collatérales par rapport au bras standard.46 Ceci est en accord avec les observations antérieures concernant la sécurité de la ciprofloxacine et d’autres fluoroquinolones dans les traitements au long cours.47,48 Une étude a démontré que les patients 6 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease tuberculeux atteints de dysfonctionnement hépatique peuvent être traités sans risque avec l’ofloxacine.49 Une revue rétrospective récente de 103 patients atteints de diverses maladies myco-bactériennes a démontré que l’ofloxacine ou la ciprofloxacine étaient mieux tolérées que d’autres agents de seconde ligne.50 Levofloxacine Une étude à grande échelle de la levofloxacine a visé à investiguer l’effet de l’adjonction de la levofloxacine à un régime standard de quatre médicaments chez les individus séropositifs pour le VIH. Elle a concerné au total 101 patients atteints d’une tuberculose confirmée par culture et avec infection concomitante à VIH. La réponse au traitement au cours des huit premières semaines a été comparée entre les régimes à quatre et à cinq médicaments. Les deux régimes ont été bien tolérés et le régime standard à quatre médicaments s’est avéré hautement efficace. La lévofloxacine n’a semblé apporter aucun avantage complémentaire dans ces conditions.51 CONCLUSION Les fluoroquinolones ont une activité utile in vitro contre M. tuberculosis, ce qui a été confirmé par des études dans les modèles animaux. Cette classe de médicaments est bien tolérée pendant les périodes prolongées nécessaires à un traitement antituberculeux efficace. Les résultats de certains essais thérapeutiques suggèrent que ces agents peuvent contribuer au succès des régimes antituberculeux. Il est clair qu’il n’y a pas assez de données pour défendre l’utilisation de fluoroquinolones comme agents de première ligne pour le traitement de la tuberculose. Des essais randomisés ultérieurs importants, portant sur diverses combinaisons remplaçant la rifampicine ou l’isoniazide, sont indispensables. La dose optimale de fluoroquinolones doit encore être définie en matière de tuberculose. Depuis l’élaboration de notre propre essai, des doses plus importantes de ciprofloxacine ont été utilisées régulièrement. Ces doses devraient être évaluées pour apprécier si une activité bactéricide précoce additionnelle et une activité stérilisante pourraient être obtenues. Les données déjà disponibles suggèrent que la ciprofloxacine, l’ofloxacine ou la levofloxacine peuvent avoir un rôle dans les régimes antituberculeux comme substituts d’agents de première ligne à l’égard desquels existent une résistance primaire ou une intolérance. Références 1 Luttlinger A. 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