Les tests immunologiques de la tuberculose ayant l`objet d`un

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Les tests immunologiques de la tuberculose ayant l`objet d`un
Le quantiFERON : qu’est ce que c’est ? à quoi ca sert ?
Boubou CAMARA
Clinique des Voies Respiratoires, 24, chemin de Pourvourville,
CHU Rangueil-Larrey, Toulouse
[email protected]
La Tuberculose et son ampleur
La tuberculose, infection mycobactérienne chronique liée dans la majorité des cas à M. tuberculosis,
est la première cause de mortalité infectieuse dans le monde (prés de 3 millions de décès par an). On
estime à 9,27 millions le nombre de nouveaux cas de tuberculose en 2007 dont la majorité a été
enregistrée en Asie (55%) et en Afrique (31%), une petite proportion de cas dans la Région de la
Méditerranée orientale (6%), la Région européenne (5%) et la Région des Amériques (3%) [1]. Dans
90 % des cas, la prolifération de M. tuberculosis est arrêtée par les défenses immunitaires de l’hôte.
Les bacilles peuvent cependant rester vivants, sous forme latente dans l’organisme, d’où la notion de
tuberculose-infection latente. Dans 10 % des cas, la tuberculose-infection latente peut évoluer en
tuberculose active ou tuberculose-maladie avec une forme pulmonaire dans trois quarts des cas.Dans
les grandes agglomérations françaises, la prévalence et l’incidence restent élevées notamment dans
les zones rassemblant les populations à risque (personnes originaires de pays d’endémie
tuberculeuse, personnes en situation de précarité économique et sociale). L’incidence n’est pas
maîtrisée au sein de ces populations et l’Ile-de-France demeure la région où elle est la plus élevée [2].
Les tests diagnostiques
Le seul test diagnostique de la tuberculose-infection latente actuellement disponible est
l’intradermoréaction à la tuberculine (IDR). Ce test présente plusieurs limites (réalisation, lecture et
interprétation, …), dont la principale est certainement son manque de spécificité à l’égard du vaccin
par le bacille de Calmette et Guérin (BCG) (positivité de l’IDR si vaccination par le BCG).
L’intérêt pour nous cliniciens, c’est de disposer d’un test permettant de faire la différence entre un
sujet contact et un sujet vacciné par le BCG, entre un contage tuberculeux et une tuberculose maladie
et de pouvoir faire le diagnostic de tuberculose maladie formes pauci-bacillaires (formes extrapulmonaires, immunodépression).
Les avantages des tests immunologiques de la tuberculose sont la spécificité et la sensibilité, ainsi
que la rapidité et l’objectivité. Ils permettent en outre un suivi et une évaluation de l’efficacité
thérapeutique chez les patients atteints de tuberculose latente.
Les tests immunologiques de la tuberculose ayant fait l’objet d’un développement industriel sont des
tests in vitro évaluant les réponses cellulaires thymodépendantes (lymphocytes T). Deux tests sont
actuellement commercialisés : le QuantiFERON-TB GOLD
®
réalisable par un test ELISA et le
®
T.SPOT-TB qui nécessite pour sa réalisation un laboratoire spécialisé.
Le QuantiFERON-TB GOLD
®
est donc un test immunologique qui mesure la réactivité des
lymphocytes thymodépendants circulants mis en culture en présence d’antigènes spécifiques de M.
tuberculosis. Les 3 protéines retenues (Early secreted antigenic target 6kDa protein (ESAT-6), Culture
filtrate protein 10 (CFP-10), tuberculosis 7.7 (Tb 7.7)) sont des antigènes spécifiques du complexe M.
tuberculosis absents de toutes les souches vaccinales et de la plupart des mycobactéries non
tuberculeuses à l’exception de cinq mycobactéries atypiques impliquées en pathologie humaine M.
kansasii, M. marinum, M. szulagi, M. flavescens et M. gastrii [3]. Un orthologue du gène de ESAT-6
est présent chez M. leprae avec des possibilités de réactions croisées [4].
Le QuantiFERON mesure la production de cytokines, notamment l’Interféron-gamma (INF-γ), libérées
lors de l’activation lymphocytaire en présence d’antigène. Le choix de l’INF-γ comme cytokine
indicatrice est lié à son rôle dans la réponse protectrice vis-à-vis de M. tuberculosis et à sa présence
dans la réaction intradermique chez l’homme [5].
On peut cependant relever parmi les inconvénients de ces tests, l’existence de faux positifs, l’absence
de discrimination entre Tuberculose-maladie et une Tuberculose-infection, absence d’information sur
le risque de progression de la Tuberculose-infection vers la Tuberculose-maladie, la nécessité de
traiter rapidement les échantillons.
Bibliographie
1.
WHO, Rapport 2009 sur la lutte contre la tuberculose dans le monde. 2009.
2.
Antoine. D, C.D., Les cas de tuberculose maladie déclarés en France en 2006. BEH, 2008.
10-11: p. 69-72.
3.
Meier, T., et al., Sensitivity of a new commercial enzyme-linked immunospot assay (T SPOTTB) for diagnosis of tuberculosis in clinical practice. Eur J Clin Microbiol Infect Dis, 2005.
24(8): p. 529-36.
4.
Geluk, A., et al., Identification and characterization of the ESAT-6 homologue of
Mycobacterium leprae and T-cell cross-reactivity with Mycobacterium tuberculosis. Infect
Immun, 2002. 70(5): p. 2544-8.
5.
Kaplan, G., et al., The expression of a gamma interferon-induced protein (IP-10) in delayed
immune responses in human skin. J Exp Med, 1987. 166(4): p. 1098-108.

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