Arthur Nauzyciel met en scène avec intelligence et grâce la
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Arthur Nauzyciel met en scène avec intelligence et grâce la
Philippe Chevilley / Chef de Service | Le 21/03 à 07:00, mis à jour à 14:53 Théâtre : « Splendid’s » ballet de mort à La Colline ©Frédéric Nauczyciel Arthur Nauzyciel met en scène avec intelligence et grâce la sulfureuse pièce de Jean-Genet, transformée en cérémonial funèbre du désir masculin. D’abord il y a le film, « Un chant d’amour », projeté sur grand écran dans la salle de la Colline : 24 minutes de sexe, de douleur et de passion entre taulards, sous l’œil voyeur du maton _comme une loupe grossissante posée par Jean Genet sur ses fantasmes homoérotiques. A la fin du moyen-métrage, on aperçoit sous l’écran les pieds nus des comédiens. Ils prennent place, non dans des cellules, mais devant les chambres du palace où sont retranchés les gangsters de « Splendid’s ». La pièce écrite en 1948 sera déchirée par son auteur, un double sera retrouvé en 1993. Le film réalisé en 1950 lui sera longtemps censuré. Arthur Nauzyciel a eu l’idée lumineuse d’enchaîner les deux œuvres sur un plateau de théâtre Lorsque dévoile l’écran le se décor lève et fantastique signé Riccardo Hernandez -un couloir en biseau d’un beau vert aquatique, avec brunes ses et ses portes appliques en cristal-, la messe est dite. Le fantasme sexuel fait place aux rêves de mort et de gloire posthume. L’amour entre les deux prisonniers séparés par un mur n’est plus qu’une ombre portée sur le mur de l’hôtel. Ils sont sept gangsters demi-nus et un policier, qui les a rejoints. Ils sont sinistres et beaux, fragiles et forts, ils se jaugent, ils s’effleurent, se pavanent avant la reddition ou la mort. Nauzyciel nous fait passer d’Eros à Thanatos. Le chant d’amour devient ballet de mort. Elle est difficile à entendre cette pièce. A cause de sa violence équivoque. Une prise d’otage (une jeune héritière assassinée), des criminels armés de mitraillette sans foi ni loi... En ces temps de guerre et de terrorisme, monter un texte qui semble glorifier le crime pourrait paraître déplacé. Mais le metteur en scène a su fort justement éviter toute ambiguïté, en faisant fi du réalisme et en traitant ce texte scandaleux comme un poème onirique et désespéré. Les comédiens flottent, dansent, évoluent parfois au ralenti -telles des statues animées. Quand l’un d’entre eux est travesti avec les vêtements de la jeune morte, il est porté comme une poupée ou un pantin. A cela s’ajoute l’étrangeté de la langue. Le directeur du CDN d’Orléans a réuni les acteurs américains qui avaient interprété son « Jules César » pour jouer les gangsters. Un Français, le talentueux Xavier Gallais joue avec fièvre, en anglais, le policier, qui retourne deux fois- sa veste. La narratrice s’exprime, elle, en français (la voix de Jeanne Moreau s’échappant d’une radio des années 1950 posée au sol). Le spectacle, avec ses sous-titres projetés sur le décor, est donc bilingue, même si c’est le parlé yankee, le parlé des gangsters qui domine. L’atmosphère fantomatique, la gestuelle chorégraphiée, le phrasé lyrique des comédiens font de « Splendid’s » une cantate d’amour et de mort presque abstraite, gommant les scories d’un texte parfois un brin emphatique et répétitif. La douleur du désir s’exprime en un troublant cérémonial. Désir au masculin singulier à la Colline avec ce « Spendid’s » de Nauzyciel, désir au féminin pluriel au même moment à l’Odéon avec les « Phèdre(s) » de Warlikowski (1). Tous les vertiges de l’amour se sont donnés rendez-vous sur les scènes parisiennes. 1) critique dans les Echos du 22 mars SPLENDID’S de Jean Genet. Mise en scène d’Arthur Nauzyciel. Créé au CDN d’Orléans. A Paris, Théâtre de la Colline (01 44 62 52 52) du 17 au 26 mars. Puis au Théâtre Vidy-Lausanne (Suisse) du 19 au 21 avril ; au CDDB de Lorient (27-28 avril). @pchevilley CinémaAprès le succès d’« Hippocrate », Thomas Lilti signe un nouveau film sur la médecine. Une réussite incarnée par un épatant duo... La foire est incontournable au-delà du Moyen-Orient.Les galeries se multiplient dans l'émirat.... Krzysztof Warlikowski a tenu sa folle promesse. Son « Phèdre(s) » à l’affiche...