Splendid`s”, le polar de Genet rutile comme un fantasme hollywoodien

Transcription

Splendid`s”, le polar de Genet rutile comme un fantasme hollywoodien
”Splendid’s”, le polar de Genet rutile comme un
fantasme hollywoodien
16/03/2016 | 09h57
J’aime
6
Tweeter
abonnez­vous à partir de 1€

© Frédéric Nauczyciel
Créé avec une troupe d’acteurs américains et le Français Xavier Gallais, Splendid’s de Jean Genet se découvre en anglais
dans la mise en scène d’Arthur Nauzyciel comme un film noir glamour.
”Si je voulais qu’ils fussent beaux, policiers et voyous, c’est afin que leurs corps éclatants se vengeassent du mépris où vous les tenez.” S’accordant au désir
de Jean Genet, la bande de gangsters réunie par Arthur Nauzyciel dans sa mise en scène de Splendid’s a fière allure.
Qu’ils portent smokings et vernis noirs ou exhibent leurs corps tatoués en brandissant des machine guns plaquées or, ces malfrats sont taillés à la mesure du
fantasme hollywoodien que Jean Genet s’inventait dans sa prison en écrivant cette pièce en 1948… Une dramaturgie à suspense dont le thème est une prise
d’otage.
L’action se déroule au dernier étage d’un grand hôtel. Cernée par les forces de la police, la bande retranchée dans le Splendid’s vient d’abattre sa dernière
carte en tuant la riche héritière qu’ils avaient séquestrée. Un policier infiltré dans leurs rangs joue les pousse­au­crime. L’assaut est imminent. C’est dans ce
temps arrêté que tout va se jouer.
Arthur Nauzyciel réalise le rêve de son auteur qui s’inspirait pour Splendid’s des scénarios des films noirs américains des années 40, et convoque une troupe
d’acteurs américains pour jouer les voyous… Il offre à Xavier Gallais le rôle du policier qui s’immisce parmi les preneurs d’otage pour mieux les faire tomber.
La voix de Jeanne Moreau Un coup de poker où Arthur Nauzyciel ramasse la mise en montant la pièce en anglais pour qu’on la découvre avec des surtitres comme un thriller visionné en
VO. Amie de Jean Genet, c’est la grande Jeanne Moreau qui pour notre plus grand bonheur incarne via les ondes la speakerine qui commente les événements
à la radio.
Pour poursuivre cet hommage à son auteur par le biais du cinéma, Arthur Nauzyciel programme en prologue à son théâtre, Un chant d’amour, le seul film
réalisé par Jean Genet, en 1950. Un court métrage muet, tourné en noir et blanc qui donne lui aussi dans le domaine du fantasme. Bravant la censure qui
condamna l’œuvre, qualifiée de pornographique, à n’être longtemps projetée que dans des circuits confidentiels, Jean Genet évoquait ses années
d’enfermement et filmait sans interdit des amours de taulards observés par un maton.
En réunissant Splendid’s et Un chant d’amour, Arthur Nauzyciel nous rappelle qu’après cette pièce et ce film, le fulgurant Genet des prisons va définitivement
tourner une page de sa vie, oublier flics et voyous pour devenir au grand jour un témoin engagé dans les luttes de son siècle.
Splendid’s de Jean Genet, mise en scène Arthur Nauzyciel. Avec Jared Craig, Xavier Gallais, Ismail Ibn Conner, Rudy Mungaray, Daniel Pettrow, Timoty
Sekk, Neil Patrick Stewart, James Waterston et la voix de Jeanne Moreau. En français et en anglais surtitré en français. La Colline­théâtre national du 17 au 26
mars, en français et en portugais surtitré en français. 01 44 62 52 52, www.colline.fr
par Patrick Sourd
le 16 mars 2016 à 09h57
abonnez­vous à partir de 1€
Tweeter
6
J’aime

Documents pareils