1 Les Lakota , peuple de chasseurs, cueilleurs

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1 Les Lakota , peuple de chasseurs, cueilleurs
Les SIOUX LAKOTA
Les Lakota , peuple de chasseurs, cueilleurs, semi-nomade, ont une conception chamanique du
monde,
A l’intérieur de laquelle le bison tient une place essentielle à tous les niveaux.
Cela semble nous proposer des pistes de réflexion intéressantes par rapport à la préhistoire, d’autant
que l’on trouve gravures et peintures rupestres remontant à la Préhistoire dans un certain nombre de
sites des grandes plaines…
Les Lakota appartiennent à l’ethnie des Sioux qui constituaient la plus importante et la plus
indépendante des tribus des plaines ; ils s’appelaient eux-mêmes « oceti sakowin oyate » : « le peuple
des 7 feux » réparti en 3 grands groupes :
- Teton ou Lakota (les plus nombreux) au sud Dakota/Wyoming et comprenant
Hunkpapa, Oglala, Sicangu-brulé, Minneconjou, Itazipco, Ooenunpa, Sihasapa
- Santee ou Dakota : au Minnesota, sud et nord Dakota et comprenant Sisseton,
Wahpeton, Wahpekute, Mdewakanton
- Yankton ou Nakota : au sud Dakota, Montana, Canada et comprenant Ankton,
Assiniboine, Stoney, Yanktonnai
Il y a une langue propre à chaque tribu : (pour les Dakota, le « l » se prononce « d » ; pour les Nakota :
« l » et « d » se prononcent « n »).
Avant l’arrivée des Blancs, les tribus suivaient la migration des troupeaux de bisons à
pied, et les chassaient avec arcs et flèches (de même pour d’autres petits animaux) ; à
cette chasse était associée le pêche ainsi que la culture de la courge et du riz sauvage
dans les régions marécageuses . Il s’agissait donc d’un mode de vie semi-nomade en
fonction des saisons et de la migration des troupeaux.
A partir du XVIIIème , suite à l’arrivée des européens, l’introduction du cheval (chien
sacré) et du fusil va permettre plus de mobilité et faciliter la chasse ; il en résultera une
expansion dans les plaines vers l’ouest jusqu’au XIXème .
C’est un âge d’or autour de la chasse au bison et de la guerre (de prestige) qui dure
environ 75 ans.
En 1800, il y avait environ 200 000 indiens et 60 millions de bisons.
Le territoire traditionnel
Il comprenait les grandes plaines d’herbe grasse sur environ 2,5 millions de kms carrés,
du Mississipi (Est) aux Montagnes Rocheuses (ouest) sur plus de 200 kms, et du
Saskatchevan au Canada jusqu’au milieu du Texas.
L’économie
Elle reposait sur la chasse et la cueillette et nécessitait des déplacements fréquents pour
suivre les bisons.
Le travail s’articulait autour de la chasse et la pêche pour les hommes alors que les
femmes s’occupaient de la cueillette, du ramassage du bois et de l’entretien du foyer.
Cette économie reposait sur le respect et la protection de la terre et de ses ressources
afin d’éviter l’épuisement du milieu.
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L’organisation sociale
Elle repose sur la recherche d’équilibre entre la nécessaire cohésion du groupe et
l’épanouissement de chaque individu.
L’ organisation de la société entre hommes et femmes se base sur leur complémentarité
et leur dépendance mutuelle. Entre tribus alliées, les partenaires des couples se
choisissent et peuvent se séparer sur décision de l’un ou l’autre. Le tabou absolu est
celui d’un mariage au sein d’une même famille. C’est ce qui explique que le kidnapping
était pratiqué chez de nombreux peuples afin de permettre l ‘exogamie .
L’homme doit chasser , pêcher et protéger sa famille . Le courage représente donc une
valeur centrale.
S’il décide de se séparer de sa femme , le mari doit se trouver un remplaçant afin
d’entretenir son épouse.
La polygamie est possible si elle permet de subvenir aux besoins d’une femme seule.
La femme s’occupe du foyer et des enfants .
Ses tâches sont variées : elle va chercher l’eau et le bois, mais elle s’occupe aussi de la
cuisine, du perlage et du tannage des peaux.
Elle est propriétaire du tipi dont elle assure d’ailleurs le montage et le démontage.
En cas de mauvaise entente, elle peut mettre son mari à la porte : il ne part alors qu’avec
ses affaires.
Dans un autre ordre d’idée, la femme détient un pouvoir important ; en période
menstruelle elle est en relation avec l’univers, et elle possède alors une puissance si
forte qu’elle peut perturber les pouvoirs d’un homme-médecine, ce qui explique qu’elle
n’est alors pas autorisée à participer aux rituels .
Les enfants représentent la plus grande richesse du groupe.. Il arrive fréquemment
qu’ils soient élevés par les grands-parents.
Leur éducation se fait en suivant l’exemple des adultes, qui leur expliquent les choses .
Et s’ils ne sont jamais maltraités , on leur apprend aussi à être responsables de leurs
actions et à en assumer les conséquences.
Puis à la puberté intervient l’initiation.
Pour les garçons elle consiste en une première quête vision qui lui donnera souvent son
nom d’adulte ;celui-ci sera en rapport avec l’élément intervenant lors de la vision
(animal, phénomène météo…) ; ce nom pourra changer plus tard en fonction des
évènements de sa vie.
En ce qui concerne la fille ,elle devient comme la terre-mère au moment de ses
premières règles, et doit comprendre le changement qui en découle . Elle sera dans un
premier temps marrainée par toutes les femmes du groupe qui lui enseigneront ses
nouvelles responsabilités et devoirs (maternité, perlage, cuisine…).
Puis, un peu plus tard, elle partira s’isoler sous la surveillance d’une « grand mère »,
afin de faire une quête de visions qui durera le temps de ses règles.
Le chef quant à lui assoie son autorité sur son courage, son côté exemplaire ,son
charisme, sa générosité et son statut repose sur le consensus du groupe.
On n’attend jamais d’un chef qu’il commande son peuple de façon autoritaire.
C’est pour cela qu’il se doit de posséder une qualité d’écoute et de sagesse qui lui
permettent de comprendre les positions de chacun , et trancher pour le bien du groupe
lors des décisions qu’il a à prendre.
L’homme-médecine ,le chamane : nous en reparlerons
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L’homme-femme , « winkte » : ce sont des hommes qui décident de devenir femme,
souvent parce qu’ils en ont eu la vision ou qu’ils se sentent profondément femme.
Ils adoptent alors un comportement féminin et pratiquent les activités des femmes. Ils
peuvent même se marier s’ils trouvent un homme prêt à les entretenir.
Il est intéressant de constater qu’ils sont tout à fait intégrés au groupe dans un statut
reconnu.
Par ailleurs , ils représentent une catégorie d’homme-médecine dont le pouvoir
spécifique est de trouver le nom intime, essentiel des enfants.
Le mode de vie traditionnel
Dans le conception indienne , l’univers doit rester intact et vierge ; les hommes ne
peuvent y vivre qu’en le respectant, sans le dégrader d’aucune manière.
Ce qui explique le nomadisme , seule façon d’être en phase avec le flux mouvant de la
vie .
Selon cette conception traditionnelle, les maisons en pierre de même que l’écriture
pétrifient, cristallisent et vont à l’encontre du mouvement sacré de la Création.
La chasse , dans ce mode de vie, est centrale: cerf, élan, antilope, oiseau, lapin, mais
surtout bison.
Pete Catches raconte un mythe fondateur de la fraternité bison-homme :
« Dans les temps anciens, dans le monde d’avant la venue de l’homme blanc, nous
appelions cette terre l’île de la Tortue. Les bisons paissaient dans la Prairie avec de
l’herbe jusqu’au garrot……Le plus âgé des bisons mâles entendit une voix qui criait
dans le vent… »A l’aide ! J’ai faim, je suis fatigué, je suis faible et j’ai froid.
C’était un caillot de sang. Le vieux bison l’adopta, le prenant pour jeune frère, il lui
dit :
Tu dis que tu as faim, que tu as froid, que tu es faible et fatigué. Je vais faire de toi mon
jeune frère et ainsi tu pourras tout obtenir de moi. Je vais me sacrifier pour que tu
puisses vivre……Utilise ma peau pour faire ton tipi, tes vêtements et tes mocassins.
Nourris-toi de ma chair, vis et sois fort. Et là, dans ma bosse, il y a une bonne
médecine. Utilise-la pour soigner ton peuple. Mon sang est le même que le tien. Nous
sommes frères de sang. Tu peux vivre de mon sang.
C’est de ce caillot de sang que descend le peuple lakota. »
Le bison est traité avec vénération pour sa générosité, mais aussi pour sa sagesse.
Il représente l’univers, la totalité des formes manifestées , l’harmonie spirituelle et la
nation indienne.
Un autre mythe explique qu’au début du cycle, un bison a été placé à l’ouest pour
retenir les eaux qui menacent la terre. Il perd un poil tous les ans, et une patte à chacun
des 4 âges cycliques du monde. Quand il aura perdu tous ses poils et pieds, les eaux
inonderont le monde et le grand cycle sera terminé.
Symboliquement, chaque partie du corps du bison représente une catégorie de la
création.
Mais chaque partie de cet animal a aussi une utilité :
Sa chair et son sang servent de nourriture ;
Les os, cornes, sabots d’armes, d’outils, de colle ;
La fourrure, le cuir pour les tentes et les vêtements ;
Les tendons comme liens ;
L’estomac, les boyaux comme récipients ;
L’estomac des veaux donne le lait caillé ;
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La cervelle sert pour le tannage ;
Le fiel pour la teinture ;
La bouse fait office de combustible combustible .
La chasse occupe une grande partie du temps .
Une relation de profond respect, d’amitié relie le chasseur au gibier .
Quand le chasseur tue, il se purifie, il offre du tabac à l’animal, demande pardon à l’âme
de la bête abattue . Ces rites de purification, de réconciliation ,de deuil doivent
permettre de rétablir l’équilibre rompu par la mise à mort de l’animal.
Il peut exister des tabous à l’encontre de certaines espèces auxquelles le chasseur est lié
dans le monde invisible.
Enfin, le mauvais traitement du gibier peut mécontenter les esprits qui envoient alors en
réaction des maladies , des perturbations climatiques , ou autres déséquilibres sur le
groupe.
La chasse traditionnelle se faisait au moyen d’un arc : ce dernier était sacré et les
flèches qu’il décochait représentaient symboliquement des traits de lumière qui
dissipent les ténèbres.
La chasse correspondait donc aussi, symboliquement, à la destruction de l’ignorance .
Le tipi , tente circulaire faite de branchages et de peaux, répond à la nécessaire
souplesse de la vie nomade ; de plus, il représente l’univers, le cosmos et tout ce qui est
autour renvoie à l’infini. Il appartient à la femme et abrite en général une famille .
L’ensemble des tipis est organisé en cercle.
Le feu , symbole du Grand Esprit, est au centre de toute chose.
Traditionnellement, un « gardien du feu » dressait son tipi au centre du campement
circulaire. Lors des déplacements, il emportait le feu jusqu’au campement suivant et
chaque tente allumait son feu à partir de ce foyer central.
Ce feu n’était éteint et remplacé (rituellement) qu’en cas de catastrophe et de besoin de
purification totale.
La guerre , dans sa conception , ne réside pas tant dans le fait de tuer . Son aspect le
plus méritoire consiste à « compter les coups » , c’est-à-dire à toucher l’ennemi vivant
et en armes avec un bâton emplumé (ce qui est considéré comme un grand exploit , un
honneur de guerre récompensé par une plume d’aigle).
Black Elk explique :«En allant sur le sentier de la guerre, nous savons que nous faisons
quelque chose de mauvais ».
Dans ce sens, le rite de l’apparentage consistait à resserrer les liens avec les autres
tribus et mettre en place une paix durable .Il permettait l’élaboration d’une parenté
pacifique entre des nations, ce qui est souhaité par le Grand Esprit.
La religion
Elle s’articule autour de « Wakan Tanka » , qu’on peut traduire par « grand esprit,
grand mystère ».
Black Elk explique encore : « Nous devons bien comprendre que toutes les choses sont
l’œuvre du grand esprit. Nous devons savoir qu’il est en toute chose :dans les arbres,
les herbes, les rivières, les montagnes et tous les quadrupèdes et les peuples ailés ; et,
ce qui est encore plus important, nous devons comprendre qu’il est aussi au-delà de
toutes ces choses et de tous ces êtres. »
Pour les indiens, la religion est vécue à chaque seconde, dans chaque geste de la vie ,
« en marchant de manière sacrée ».
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Leur conception du monde est profondément chamanique ,dans le sens où les univers
naturel et surnaturel interfèrent en permanence .
L’homme fait partie intégrante de la nature au sein de laquelle tout ce qui existe a une
âme , toute chose est vivante et a un « pouvoir » avec lequel on peut communiquer par
les signes, les rêves, les visions, les cérémonies.
A partir de là, le devoir de l’homme consiste à préserver l’équilibre du monde en
conservant chaque chose à sa place. Une relation harmonieuse de l’Homme avec la
création et les esprits assure la continuité de l’univers. Les cérémonies et rituels
participent de cela.
Dans cette société chamanique, les difficultés (maladies, accidents, catastrophes
naturelles) ont pour origine les puissances surnaturelles, qui transmettent ainsi un
message, témoignent d’un déséquilibre, montrent un mécontentement par rapport à des
actions humaines qui remettent en question l’équilibre de la création.
Pour autant il s’agit d’une conception qui prend en compte l’aspect évolutif de la vie : il
est en effet de la responsabilité des hommes de modifier les choses si c’est dans le bon
sens (le meilleur exemple a été l’intégration du cheval) .
La création voulue par Wakan Tanka est en perpétuel mouvement et toute modification
bénéfique est valorisée par le monde indien. Ces changements peuvent découler d’ un
rêve, d’une vision, ou bien d’une idée qu’aura eu une personne et qui sera exposé à
l’homme-médecine.
De l’avis de ce dernier, seul à même d’évaluer le bien fondé d’un changement pour le
groupe, dépendra la décision finale .
L’homme-médecine ,« wichasha wakan » , le chamane :
Sa tâche, nous venons de le voir, est de veiller au maintien de tous les équilibres .
Sa désignation peut prendre différents aspects :
- Soit les esprits ou Wakan Tanka se manifestent par un rêve ou une vision, et lui
annoncent l’octroi de pouvoirs magiques, la capacité de guérir, ou le don de prophétiser.
- Soit un homme médecine déjà reconnu, transmet son pouvoir à un de ses descendants.
Archie Lame Deer témoigne :
« Juste avant de mourir ,mon père m’a appelé auprès de lui. Il a étendu ses mains sur
ma tête, m’a donné sa pipe sacrée et m’a transmis son pouvoir pour que je le garde
vivant en temps qu’homme médecine » .
Il existe des types spécifiques de chamane : l’Heyoka par exemple, qui signifie
« contraire »ou « clown sacré ».
Cet homme-médecine est désigné par un rêve dans lequel il rencontre les « êtrestonnerre » qui lui octroient un pouvoir considérable mais effrayant. En effet il doit tout
faire à l’envers : dire le contraire de ce qu’il pense, agir à l’inverse de ce qui devrait,
provoquer sans cesse .
Il s’ensuit un rôle profondément déstabilisant mais en même temps sain pour le groupe,
dans le sens où il réagit contre le danger de la rigidité, et du dogmatisme, inhérent à
toute société.
On les considère comme de puissants guérisseurs, des comédiens cosmiques détenteurs
de sagesse et d’un grand pouvoir de prédiction.
Mais face à de telles responsabilités, certains chamanes tentent de fuir leur rêve-destin,
parfois pendant des années. Ils disent pourtant être suivis par leur rêve et un jour obligés
de l’accepter sous peine de destruction par les esprits.
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A partir de cette désignation, les rôles de l’homme-médecine peuvent être de plusieurs
ordres:
- soigner en tant que médecin-guérisseur , « pejuta », qui soigne le corps à partir
d’herbes médicinales, mais aussi l’âme ;
- transmettre des connaissances sur les plantes, les chants, les cérémonies sacrées ;
- Interpréter les rêves ou les visions ;
- Décider des cérémonies et les présider ;
- Intervenir dans le monde des esprits : grâce à son contact avec le monde invisible, il
peut rééquilibrer les dysfonctionnements ,éviter les catastrophes, provoquer des
phénomènes bénéfiques ;
- prophétiser.
Dans tous les cas, c’est un homme de connaissance, de sagesse, de conseil, apprécié
pour son humilité, sa disponibilité, sa générosité, et toujours au service de son peuple et
du monde invisible.
Le rêve, la vision, nous l’avons vu, sont au centre de la vie et du monde amérindien ; ils
sont le moyen d’entrer en contact avec l’au-delà (esprits, ancêtres, animaux), de
recevoir des messages, des informations, des aides, des signes.
C’est par eux que certains rites ont été révélés aux hommes.
Mais ils permettent aussi d’acquérir des connaissances, des pouvoirs (dans des
domaines aussi variés que la chasse, la guerre, la danse, la médecine…).
Ils ont donc un caractère particulièrement sacré.
Pourtant, rêves et visions sont à la portée de tous, quelque soit l’âge, le sexe, la position
sociale, et chacun les recherche tout au long de sa vie.
Lorsque quelqu’un a un rêve ou une vision, il va demander à l’homme-médecine de
l’interpréter.
Il peut s’agir d’un message personnel ou collectif : dans ce dernier cas, le message sera
transmis au groupe qui en tiendra compte (lors d’une danse du soleil, Sitting Bull , à la
fois chef référent et chamane, avait eu la vision de la victoire de Little Big Horn).
Le message d’un rêve doit obligatoirement être suivi sous peine d’être puni par les
esprits.
Par ailleurs, les personnes qui rêvent des mêmes esprits-animaux se réunissent en
« association de rêveurs » ( biche : art , érotisme ; ours : soins) .
les 6 directions
l’ouest : (enfance, eau, oiseau-tonnerre) là vivent les êtres-tonnerre qui envoient sur
terre la pluie et le tonnerre; ils sont représentés par l’éclair qui joint le ciel et la terre.
Ce sont les messagers des esprits, des » grands pères » .
Ils apportent aux hommes la révélation qui peut être violente, destructrice, puis la
renaissance.
Ils inspirent la plupart des visionnaires chamanes et heyokas.
Le nord :(adulte, froid, bison) là réside le grand vent blanc qui purifie et donne la force.
L’est : (vieillesse, terre, cerf) d’où vient la lumière du soleil et de l’étoile du matin, qui
apporte aux hommes la connaissance, la sagesse et les mène à la paix.
Le sud : (mort, chaleur ,rapace nocturne) l’été , source de vie et pouvoir de croissance,
de beauté, de bonheur ; mais aussi la direction empruntée par les morts.
Ces 4 directions tracent une croix sacrée au centre de laquelle réside Wakan Tanka.
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Le ciel: le père, le concept masculin, l’aigle.
Y est associé le soleil, source de lumière, de connaissance, force de vie, représentant
Wakan Tanka.
La terre : la mère , la matrice humble et nourricière d’où sort toute vie (quadrupèdes,
ailés, bipèdes), avec comme animaux sacrés la tortue et la taupe . On ne doit la blesser
d’aucune manière (hache, bêche, charrue ne doivent pas être utilisées).
La lune lui est liée : sa croissance et sa décroissance renvoient à l’ignorance humaine
qui va et vient.
La pleine lune ,de son côté, illustre la lumière éternelle du grand esprit sur la création.
Ciel et terre forment un couple que dépasse Wakan Tanka dans son unité.
Les principaux rituels
Ils rythment la vie du groupe et permettent de progresser sur la « voie rouge ».
La pipe sacrée : « chanunpa wakan » est l’objet le plus sacré ; principal instrument de
prière et objet initial, elle est au centre de la religion de nombreuses tribus nord
américaines.
Un mythe fondateur dit qu’elle fut donnée il y a fort longtemps aux Lakota par
« femme-bisonne –blanche », venue par l’ouest. Celle-ci leur révéla le caractère
particulièrement sacré de la pipe, mais aussi quand et comment l’utiliser.
Puis après avoir annoncé qu’elle veillerait sur le peuple lakota durant les 4 âges de
l’humanité et qu’elle reviendrait à la fin des temps, la femme repartit, et se transforma
en 4 bisons successifs correspondant aux 4 âges, avant de disparaître au loin.
Black Elk dit que le retour de « Femme bisonne blanche » à la fin du 4ème temps, «est
un événement que nous indiens savons ne plus être très éloigné » .
La pipe sacrée originelle se trouve toujours entre les mains du descendant de la tribu :
Arvol Looking Horse, et ce depuis19 générations ; cependant, elle est actuellement trop
fragile pour être fumée.
Le rôle du « chanunpa » est fondamental. Symboliquement, la pipe contient toute la
création et permet par la fumée, la communication entre les mondes visible et invisible
et d’être en relation avec tout ce qui existe et avec Wakan Tanka.
Elle scelle la paix entre tout et témoigne de l’équilibre universel.
C’est donc un symbole d’unité et d’harmonie.
Lors de la cérémonie, l’officiant commence par bourrer la pipe d’écorce de cornouiller
sanguin, de tabac, de feuilles de busserole et de sumac rouge . Chaque grain de tabac
représente un être vivant .
Chaque pincée de tabac offerte successivement à chacune des six directions afin
d’appeler toutes les entités qui demeurent dans le monde.
Puis il purifie la pipe par de la fumée d’herbe aromatique sacrée.
Il offre ensuite la pipe aux six directions.
La pipe circule alors dans le sens de rotation des planètes (aiguilles d’une montre), le
tuyau vers les parois du tipi qui représentent l’univers.
Utilisée lors de toutes les cérémonies importantes, il est impossible pour un Indien de
mentir ou de tricher en sa présence.
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La loge de sudation : Inipi signifie « naître encore » ou « renouveau de vie « .
C’est le rite le plus ancien, commun à pratiquement toutes les tribus amérindiennes du
nord .
Les Mayas et les Aztèques prenaient déjà des bains de vapeur. Chez les Inuits d’Alaska,
elle est le centre de la vie religieuse et sociale.
Les sioux la tiennent de Pte-sanwin : » femme- bisonne- blanche ».
Black Elk explique: « La sweat lodge fait appel à tous les pouvoirs de l’univers, à la
terre, et à ce qui émane d’elle…l’eau, le feu et l’air.. »
Ce rituel permet une purification du corps et de l’esprit, une « renaissance » à une
conscience et une lucidité nouvelles quant à son rôle et son destin ; il permet aux
hommes d’accéder à la purification sacrée que les femmes vivent à travers leurs
menstruations.
Ce rite est aussi utilisé pour adresser des prières ou préparer un autre cérémonial
religieux :un rituel de puberté, une chasse, une bataille, la danse du soleil , une quête de
visions ou autre cérémonies sacrées.
Pour la cérémonie, un feu extérieur est construit, orienté vers l’ouest et représentant
le soleil ; on y dispose des pierres pour les faire chauffer.
Une hutte circulaire est bâtie, en forme de dôme , d’une hauteur de 1,20m à 1,50m ;
sa charpente est constituée de 12 (usage privé) ou 16(usage collectif) jeunes bois de
saule ( arbre qui guérit les maux de tête), souples et courbés, recouverts de peaux de
bisons (ou couvertures) : la hutte représente la terre .
Puis on tapisse le sol de sauge, à l’exception du foyer central où on disposera les
pierres chauffées lors de la cérémonie.
Un chemin relie la hutte au feu extérieur , chemin qu’il ne faut pas le traverser.
Un petit monticule est placé non loin de la hutte : il représente la lune et on peut y
déposer des objets pendant la cérémonie dont la pipe sacrée.
Les participants entrent dans la hutte à 4 pattes dans le sens des aiguilles d’une
montre et s’assoient autour du foyer central.
Les pierres brûlantes sont alors introduites par l’ »homme du feu » (qui restera à
l’extérieur devant la porte pendant toute la cérémonie) et disposées dans le foyer
central . La personne dirigeant la cérémonie (assise près de l’entrée) referme ensuite
la porte, la seule lumière étant celle dégagée par les pierres rougeoyantes.
L’officiant verse de l’eau sur les pierres, ce qui dégage une vapeur brûlante,
purificatrice.
Chants, prières, paroles, musiques alternent ensuite .
Il y a en général quatre « portes » , c’est-à- dire 4 moments de rituels entre fermeture
et ouverture de la porte: elles correspondant aux 4 points cardinaux et aux 4 âges . (4
est un nombre sacré : 4 âges individuels ou généraux ; les 4 couleurs de la race des
hommes…)
Avant une autre cérémonie, les couvertures de la hutte sont retirées et nettoyées.
La quête de visions : « Hanblecheya » signifie « pleurer pour une vision » ,
implorer Wakan Tanka pour qu’il envoie une vision qui éclairera l’avenir, aidera à
la résolution d’un problème ( le parallèle peut être fait avec les prophètes s’isolant
dans le désert pour entrer en contact avec Dieu).
C’est un rite très ancien, antérieur au « chanunpa », et pratiqué autant par les
hommes que par les femmes.
Les visions ainsi obtenues concernent généralement la personne, mais d’autres, les
« grandes visions » sont des messages destinés au groupe.
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La première quête de vision se pratique au moment de la puberté ; elle permet de
tester sa force morale, son courage et sa résolution spirituelle. Elle donne aussi
accès au sens de sa vie ; c’est un moment où sa « vocation » peut-être dévoilée.
La quête de visions se pratique de la même façon aux moments importants de la vie,
pour aider à trouver le sens d’un évènement, à effectuer le choix juste dans une
épreuve.
Mais surtout elle permet d’expérimenter l’unité avec tout ce qui vit et avec Wakan
Tanka.
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En ce qui concerne le déroulement du rituel, il comprend plusieurs temps :
tout d’abord, la personne désirant faire une quête de vision va voir l’hommemédecine pour lui demander d’accompagner la quête et lui offre du tabac.
puis intervient la purification par l’inipi (2 portes seulement)
ensuite se déroule la quête proprement dite : elle consiste en un isolement pendant 4
jours et 4 nuits dans un endroit sacré et solitaire( sommet d’une colline, grotte,
fosse…) sans manger ni boire, en prière et disponibilité aux signes envoyés par
Wakan Tanka (visite d’un animal, rêve, vision, phénomènes météo …)
après la quête, il y a à nouveau purification par l’ inipi (2 dernières portes)
enfin, après un certain temps, la personne rencontre l’homme-médecine et lui
raconte son expérience ; le chamane interprète alors les signes reçus pendant la
quête.
La danse du soleil : « Wiwanyank Wachipi » ou plutôt « la danse qui regarde le
soleil ».
Elle constitue un des rites les plus importants des indiens des plaines .
Elle a été révélée lors d’une vision comme moyen de prier .
Elle consiste en une offrande du corps et de l’esprit du danseur,soit à une cause
(guérison d’un malade, soutien à un proche emprisonné, protection du groupe, de la
terre-mère…) soit à Wakan Tanka.
Dans le passé, c’était aussi une rencontre annuelle permettant de consolider les
alliances, de décider des mariages…
Actuellement elle représente un moyen d’exprimer et de renouveler son attachement
à la culture indienne et sa foi en Wakan tanka.
Elle se déroule en juin ou juillet autour du solstice d’été, au moment de la pleine
lune , lorsque les merises sont mûres . Cela donne lieu à des rassemblements entre
tribus.
Les danseurs qui y participent s’engagent pour 4 années consécutives et sont
préparés par l’homme-médecine.
C’est une façon pour les hommes d’expérimenter le courage et le don de soi que
vivent les femmes lors de l’accouchement.
Le déroulement de ce rituel se passe en 2 temps : 4 jours de préparation et 4 jours de
cérémonie proprement dite.
Lors de la préparation, une aire de danse (sacrée) est aménagée . On installe en son
centre un peuplier choisi, coupé, et transporté (sans toucher terre) de manière
rituelle et qui représente l’axe du monde, Wakan Tanka, centre de tout.
Cet espace de danse est délimité par 28 perches formant un cercle et figurant les 28
jours du mois lunaire, mais aussi toutes les parties de la création. Cette aire
circulaire représente donc l’univers dans son ensemble.
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Lors de la cérémonie, les danseurs (après s’être purifiés) vont danser pendant 4 jours
de l’aube au crépuscule sans boire ni manger, et donc en état de transe.
Le dernier jour, les hommes se font percer la poitrine par des crochets en bois reliés
au mât central par des lanières de cuir. D’autres se font accrocher dans le dos des
crânes de bisons qu’ils tireront en dansant.
C’est une danse réservée aux hommes. Des femmes y participent parfois lorsqu’elles
vivent seules avec leurs enfants, ou pour relayer l’engagement de 4 ans d’un homme
disparu. Elles se font alors percer aux bras.
Tous danseront jusqu’à ce que leur peau se déchire et les libère.
La chair représentant l’ignorance, sa déchirure renvoie à la libération face à cette
ignorance.
Durant la cérémonie, les danseurs soufflent dans des sifflets en os d’aigle exprimant
la voix de Wakan Tanka.
La part d’épreuve pour le corps (chaleur, jeûne, mortification) provoque une
séparation du moi d’avec les choses du monde et facilite le contact avec l’au-delà.
Autour de l’enceinte réservée à la danse, sont installés les autres membres des tribus
qui assistent à la danse. Des tambours accompagnent les danseurs, rythmant leurs
pas sur les pulsations de la terre-mère.
Au XIXème , la mortification de la chair et la souffrance des danseurs a choqué les
Blancs qui interdirent la cérémonie en 1879. Les indiens qui continuèrent furent
inculpés pour « délit d’indien », ce qui n’empêcha pas le rituel de se célébrer en
secret jusqu’à sa légalisation en 1934.
Depuis les années 60, ce rituel connaît une réelle expansion et actuellement,
plusieurs danses du soleil se déroulent chaque été dans chacune des réserves lakota.
C’est à la fois une réaffirmation de son appartenance, une initiation et une offrande
de soi à la création et à WK.
Mais revenons à l’Histoire du XIXéme
L’arrivée des européens et la conquête des territoires qui s’en est suivi, a bouleversé l’équilibre de
l’univers indien.
L’expansion des européens se déroule tout au long du XIXéme : c’est « la conquête de
l’ouest » où les frontières reculent toujours plus loin dans les grandes plaines,
matérialisées par l’installation des colons sur les terres indiennes, la construction des
forts militaires et l’avancée du chemin de fer.
Les Indiens essaient alors de réagir entre combats et traités :
1851 : le traité de Fort Laramie, non respecté par les Blancs provoquera une réaction
indienne
1862 : découverte d’or dans le Montana débouchant sur la ruée des colons sur les
territoires indiens . Il y aura une tentative de récupération des terres sous la direction de
Crazy Horse ; l’armée exterminera alors les troupeaux de bisons afin d’affamer les
Indiens et de faire avorter leur combat.
1874 : invasion des Black Hills (territoire sacré où l’on a aussi trouvé de l’or) sous la
protection du général Custer ;cette action est une violation du deuxième traité de Fort
Laramie.
1876 : victoire des Lakota menés par Sitting Bull à Little Big Horn contre la cavalerie
de Custer.
Apparition de la « Danse des fantômes »
1890 : massacre des indiens à Wounded Knee ;mort de Sitting Bull, fin du combat
indien et fin de la « Frontière » . L’aide humanitaire remplacera désormais l’armée.
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La politique des Blancs consiste tout au long de cette histoire en une appropriation
abusive de la terre pour des entreprises lucratives et un pillage des richesses (peau, or).
Ils éprouvent du mépris pour les peuples autochtones considérés comme des sauvages,
barbares, à peine humains.
Il y a incompatibilité entre les valeurs du monde blanc et celui des indiens.
Ces derniers se considèrent comme les gardiens-usufruitiers de la terre dont ils doivent
préserver l’équilibre, et en aucun cas comme ses propriétaires .«La terre n’appartient
pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre » .
De plus au sein de cette terre reposent « les ossements des ancêtres » .
Une ordonnance en 1787 a pourtant reconnu la souveraineté des tribus, et la validité des
traités ; mais ces principes seront constamment violés ,ce qui pour les indiens étaient
incompréhensible car les traités étaient des textes sacrés…
Guerres, massacres, traités bafoués et soumission des indiens par la faim, l’alcool et la
propagation volontaire de maladies (petite vérole) ébranlent fondamentalement tout
l’univers lakota.
La disparition de l ‘économie traditionnelle (territoire et bisons) débouche peu à peu sur
le parcage des Indiens dans des réserves constamment revues à la baisse à force de
traités bafoués en fonction des nouveaux intérêts (l’or dans les Black hills).
Les tribus désormais sous la tutelle du gouvernement , sont souvent déportées dans des
réserves aux terres pauvres, impropres à l’agriculture, à l’élevage, et où le gibier est
insuffisant pour survivre (Bad Lands).
Les tribus deviennent alors dépendantes des dons et rations du gouvernement, souvent
insuffisantes et détournées par les fonctionnaires corrompus du Bureau des Affaires
Indiennes.
La perte de la terre entraîne pour les indiens la suppression du sentiment de
responsabilité sur le monde et par là-même la perte de la sensation d’appartenance
humaine .
Du côté des blancs, il faut au pire anéantir les indiens, au mieux les « civiliser », les
assimiler.
Les conséquences sont désastreuses: on assiste à un effondrement démographique des
populations jusqu’en 1917.
La destruction progressive du milieu, l’alcool, l’acculturation des enfants par une
scolarisation forcée dans des pensions tenues par des missionnaires, la perte des langues
maternelles amènent à la désintégration sociale..
Pour les indiens s’ensuit un sentiment profond, quasiment mystique d’une rupture de
l’équilibre de l’univers et d’une violation de la terre sacrée.
Ils éprouvent à la fois colère, amertume, impuissance, désespoir et honte de n’être plus
rien.
S’accentuent alors encore la désagrégation de la religion et du mode de vie,
l’alcoolisme, la drogue, le suicide.
La société lakota aujourd’hui :
Au cours du XXème, les indiens ont peu à peu repris confiance dans leur culture et
revendiqué leurs droits et traditions.
Dans les années 70 l’AIM (« American indian mouvement ») a mené de nombreuses
actions symboliques sur la scène politique dans un climat favorable. Les membres de
l’AIM ont su faire appel aux anciens et aux hommes-médecine traditionnels qui leur ont
apporté soutien et légitimité.
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Cela a eu une influence salutaire sur les réserves débouchant sur une fierté retrouvée et
le rétablissement des traditions.
Des nouveaux programmes gouvernementaux ont alors permis aux indiens d’accéder
aux études supérieures : juridiques, artistiques, littéraires.
En découlèrent des actions victorieuses pour récupérer des terres historiques et la
diffusion d’un message écologiste d’actualité. Mais il y eu aussi des réactions violentes
de la part des intérêts blancs allant jusqu’à l’assassinat de certains indiens .
Les réserves :on en compte actuellement plus de 350 en Amérique du nord.
Dans leur fonctionnement ,les réserves sont sous la tutelle du gouvernement (le Bureau
des Affaires Indiennes relève du ministère de l’intérieur), reçoivent une assistance
financière, et bénéficient d’une autonomie interne .
Depuis 1978 existe une loi sur la liberté religieuse.
Certaines sont immenses (Rosebud, Pine Ridge) : ce sont pour la plupart des prairies
onduleuses non cultivables et souvent louées à des ranchers blancs comme pâturages.
Elles sont en général excentrées, et difficiles d’accès.
20 000 sioux y vivent dans des maisons précaires (mobil-homes, caravanes en mauvais
état), se déplacent avec des voitures vétustes et cabossées, dans un environnement à
l’abandon.
Les routes sont en très mauvais état.
Les villes des réserves se réduisent souvent à un supermarché aux prix élevés (géré par
des blancs car le principe de partage et de solidarité indien met en faillite tout commerce
tenu par les natifs), un bureau de poste, une laverie libre-service.
Le taux de chômage atteint les 80%. En découlent une pauvreté endémique, de
l’alcoolisme, un taux de suicide élevé. La plupart des indiens (hommes ou femmes)
entre 30 et 50 ans ont connus des problèmes d’alcool ou drogue.
Certaines réserves ont pourtant profité d’une législation qui leur est favorable pour
monter des casinos (non taxés par l’état) ; des petites réserves se sont ainsi fortement
enrichies, avec des contrecoups assez néfastes par manque de clairvoyance.
En ce qui concerne les grandes réserves, elles ont mieux su gérer la nouvelle richesse, et
ont investi dans des projets : une université indienne a ainsi vu le jour à Rosebud ainsi
que des écoles en langue lakota.
Des expériences de culture du chanvre pour fabriquer des matériaux écologiques ont été
tentées mais pour le moment ont toujours été détruites sur ordre gouvernemental.
En ce qui concerne les nouvelles générations , on constate une fierté retrouvée ,une ré
appropriation de la culture et des traditions avec un retour de la langue, des rituels,
d’une éducation prenant en compte la spiritualité, le sens du partage, la générosité, les
rencontres .
Un certain nombre d’indiens des villes gardent le lien avec les réserves..
Celles-ci demeurent un endroit protégé où le mode de vie traditionnel peut se vivre.
L’ »ancien » y réside : c’est celui qui possède le savoir traditionnel et la sagesse du
cœur ; il représente la dignité du monde indien indépendamment de la pauvreté.
Beaucoup d’indiens évoluent entre ces deux univers, traditionnel et moderne, pour
préserver l’ancien.
Dans le même temps, la maîtrise de l’anglais a développé le panindianisme et la
connaissance du fonctionnement de la société américaine a permis la défense des droits
au niveau politique, juridique, social…
On retrouve aussi les Indiens sur la scène internationale (ONU) dans des revendications
territoriales, juridiques (autodermination), économiques(exploitation des ressources
tribales) et écologiques.
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Actuellement beaucoup d’indiens ont le sentiment d’entretenir des rapports privilégiés
avec la terre, d’en être les gardiens, et de devoir apprendre au monde blanc les valeurs
essentielles pour la survie de l’homme au troisième millénaire.
Nombre de leaders politiques, artistes, écrivains intègrent cette dimension
philosophique et spirituelle à leur action.
Conclusion Pour finir , il est intéressant de constater que les Lakota , peuple traditionnel de
chasseurs-collecteurs , ont su traverser les tourmentes de leur Histoire sans sombrer, et
qu’au jour d’aujourd’hui, ils appellent à une société chamanique et moderne.
Profondément concernés par l’équilibre du monde, et le respect de toute forme de vie,
ils proposent, face à une terre malade et une société occidentale en déséquilibre
d’apporter l’éclairage de leur conception du monde…
Sitting bull disait « Je veux l’homme blanc à mes côtés, non au-dessus ».
Et Pete Catches : « Vient un temps où la Terre retrouvera son unité, et où indiens et
non-indiens seront en communion d’esprit ».
Bibiographie
BLACK ELK « Les rites secrets des indiens sioux » - Le Mail- 1987J.G. NEIHARDT : « Elan noir parle » - Le Mail- 1932R. ERDOES : « Par le pouvoir du rêve » - Le Mail- 1990J.M.G. LE CLEZIO : « Peut-être sommes-nous frères » in « Terre indienne » - Autrement – 1991P. JACQUIN
: « De l’Amérique indienne à l’Amérique blanche » in « Terre indienne » - AutrementR.M. UTLEY : « La guerre des Sioux dans l’ouest américain » in « Terre indienne » - AutrementJ. ROSTKOWSKY : « Chronique d’un défi à l’oubli » in « Terre indienne » - Autrement- 1991D. VAZEILLES : « Rêves sioux » ;« La danse du soleil » in « Terre indienne » - Autrement- 1991« Chamanes et visionnaires sioux » éditions du Rocher – Le MailS. JOHNSON : « Le livre des Anciens » - Albin Michel - Terre indienne- 1996M. CROW DOG : « Lakota woman » - Albin Michel – Terre indienne- 1992T.C. MC LUHAN “Pieds nus sur la terre sacrée” – Denoël- 1971M. REBEIX : « Rêveurs-de-tonnerre » - Albin Michel – Terre indienneC. TAYLOR : « Les Indiens d’Amérique du nord – Inter-Livres – 1995C. TAYLOR et W. STURTEVANT « Les Indiens d’Amérique du nord » - Solar – 1992-
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