Régie du secteur socioculturel Activité cinéma Loriol sur Drôme
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Régie du secteur socioculturel Activité cinéma Loriol sur Drôme N°6 - SEPTEMBRE 2007 Parcours d’un réalisateur hors norme De la télévision au cinéma Né à Hong Kong en 1955, Johnnie To débute sa carrière en 1973 à la télévision. De 1977 à 1986 il produit et réalise de nombreuses séries pour cette chaîne et tourne son premier film en 1980, The Enigmatic Case, l'histoire d'un vagabond accusé d'un vol qu'il n'a pas commis. Le réalisateur, pas totalement satisfait du résultat, mettra huit ans avant de repasser avec succès derrière la caméra avec Happy ghost 3. S'ensuit plusieurs succès du boxoffice dont All About Ah Long ou encore Heroic trio. Le futur style de l’auteur se dessine : combats soigneusement chorégraphiés, cascades spectaculaires et détails « gore » distillés avec parcimonie. Johnnie To ou la renaissance du polar made in Hong Kong. Johnnie To n’en reste pas là. En 1995, il crée alors sa propre compagnie, Milkyway Image. Il se donne ainsi la possibilité de réaliser des œuvres plus personnelles. Après quelques incursions dans le domaine du drame et de la romance (Loving you, Lifeline), il revient aux sources en 1998 avec une sombre histoire de gangsters, A hero never dies. Dans ce film, les deux protagonistes, inséparables, se lancent des défis tout en sachant qu'un jour l'un des deux tiendra l'autre en joue. Ses polars au ton résolument réalistes vont donner un nouveau souffle au polar et à l’industrie cinématographique de Hong Kong. Dans ses films, les héros sont souvent des hommes d'action (gangsters, policiers, tueurs à gages, etc.) qui évoluent dans un univers violent obéissant à des codes spécifiques. Pourtant dans ce monde où l’honneur dicte la conduite de chacun, la loyauté n'est pas toujours au rendez-vous comme le prouve le dipty- que Election. Si les hommes de mains doivent faire preuve d’une fidélité à toute épreuve, leurs chefs s’en affranchissent plus facilement dès lors qu'ils n'ont plus besoin d'eux ! Chez Johnnie To les hommes de pouvoir sont sans scrupule... L’œuvre est sombre mais ses films sont parfois très drôles, les dialogues et l’attitude décalée de ses personnages y contribuent. Une renommée internationale naissante En 1999, Johnnie To signe successivement trois films dont The Mission qui le fait connaître en occident. Les recettes de ces films lui permettent de financer et de réaliser des projets plus ambitieux et plus personnels, tels Fulltime Killer ou Ptu. Breaking News est présenté en Sélection Officielle, hors compétition, au Festival de Cannes 2004. A la traditionnelle opposition entre gangsters et policiers, To introduit un troisième protagoniste : les médias dont le contrôle – et la manipulation - est le véritable sujet du film. Le plan séquence de dix minutes qui ouvre son film (une fusillade entre gangsters et policiers) fait sensation… Film hong-kongais – 2006 – 1h40 – Thriller réalisé par Johnnie To. Avec Anthony Wong Chau-Sang, Francis Ng Chun-Yu, Nick Cheung. Macao, 1998. Des tueurs à gages venus de Hong Kong débarquent pour liquider un des leurs, qui a trahit le milieu afin de changer de vie... Après une brève confrontation, ils vont s'associer pour combattre la tyrannie d'un chef de gang sans scrupule. Séances Exilé (VO/STF) Vendredi 7 septembre 20h30 Dimanche 9 septembre 19h00 Lundi 10 septembre 20h30 NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE La distance voire le détachement de la caméra contraste avec les scènes d’action, ce formalisme est la marque de fabrique de To : gestion parfaite de l'espace-temps et maîtrise totale des mouvements. Johnnie To, un esthète du 7ème art L’art de Johnnie To réside dans son sens consommé de la mise en scène. Les cadrages, le découpage des séquences, la distance de la caméra (la manière d’aborder son sujet avec détachement) créent un style visuel et narratif unique que d’aucuns trouvent un peu trop voyant voire tape-à-l’œil… L’aridité de PTU, polar âpre qui se déroule dans un Hong Kong nocturne et vertical, contredit ses détracteurs. Soigné, le style tutoie les sommets de la beauté formelle ainsi que l’illustre la scène de fusillade au milieu d’un centre commercial désert dans The mission. Johnnie To utilise l’espace (poteaux, escalators, espaces vides) pour structurer la séquence. L’occident découvre peu à peu Johnnie To lequel a été sélectionné dans les plus grands festivals internationaux. Désormais la sortie de ses films fait date. Exilé, le dernier d’entre eux, témoigne du talent et de la maîtrise du réalisateur hongkongais. Olivier VENET, Directeur de la régie Exilé : un western moderne Macao, 1998. Parmi les truands, chacun est obsédé par l’idée de faire fortune au plus vite avant la rétrocession de la colonie portugaise à la Chine populaire. Dans cette ambiance de fin de règne, trois tueurs à gage venus de Hong Kong débarquent pour liquider un des leurs, qui a trahi le « milieu » afin de changer de vie... Il ne s’agit pas d’un banal règlement de comptes mais de l’histoire d’hommes qui veulent s’affranchir de leur condition (de leur patron) pour suivre leurs rêves. Dans sa note d’intention, To cite James Joyce dans Portrait of the artist as a young man : « Je ne servirai pas ce en quoi je ne crois plus, qu'il s'agisse de mon foyer, de ma patrie ou de mon église. Je tenterai de m'exprimer à travers un art ou une façon de vivre, aussi librement que possible, en employant pour ma défense les seules armes que je m'autorise : le silence, l'exil, et l'astuce ». Mais dans Exilé l’histoire importe peut-être moins que la mise en scène. L’influence de Melville, Leone, Peckinpah et Kurosawa est palpable. Les déplacements, la lumière, l’alternance de temps forts et de temps morts font de ce film un joyau. « Cette dialectique entre montées et baisses de tension, compression ou dilatation du temps est sans doute le vrai sujet et l’une des beautés du film. Exilé est un film de peintre, de topographe, de chorégraphe, de musicien, un éblouissement formel… » (1). (1) Extrait d’un article de Serge Kaganski paru dans Les Inrockuptibles du 10 juillet 2007 (numéro 606). PERSEPOLIS : LE FILM... Marjane a 8 ans et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes, cultivés et occidentalisés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les événements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du shah. Mais avec l'instauration de la République islamique débute le temps de la répression, de l'absence de liberté et du contrôle des tenues et des comportements. Obligée de porter le voile, Marjane s’imagine maintenant en révolutionnaire. Bientôt, la guerre contre l'Irak entraîne bombardements, privations et disparitions de proches. La répression intérieure devient insoutenable et le caractère rebelle de Marjane devient problématique. Ses parents décident alors de la protéger en l'envoyant en Autriche. A Vienne, l'adolescente de 14 ans vit une autre révolution: celle de l'amour, des sentiments, mais aussi celle de la solitude, de l'exil et du choc des cultures. Dans sa partie autrichienne, le film confronte ainsi avec une vraie intelligence le nihilisme punk visant la société de consommation à la révolte contre la répression religieuse. Avec, comme constat enragé, que toutes les rébellions ne se valent pas et que les petites revendications de gosses de riches peuvent paraître indécentes au regard de populations privées de la liberté de vivre et de penser selon leurs propres termes. D'où un maelström de sentiments qui fait passer le spectateur, sans crier gare, du rire aux larmes... & LA BD Pour les bédéphiles, Persepolis est avant tout le nom d'un chefd'œuvre du 9ème art. Car c'est en bande dessinée que Marjane Satrapi a, dès l'an 2000, couché son histoire sur papier. Un dessin noir et blanc plutôt minimaliste, des textes à la fois enfantins et extrêmement adultes dans les messages qu'ils font passer: le style Satrapi a conquis le cœur d'innombrables lecteurs. Et pas seulement des grands. Graphiste de formation, Marjane Satrapi ne pensait pas faire de la BD. Sa rencontre avec David B. (auteur de L'ascension du haut mal) lui permet une approche de cet univers. Son style en est d'ailleurs fortement influencé. Puisant dans un imaginaire enfantin et adolescent, Marjane Satrapi adopte un ton souvent caustique, ironique, qui trouve son originalité dans une certaine distanciation et la conscience permanente de l'absurdité des dogmes. Avec l'éditeur L'Association, elle publie les quatre volumes de «Persepolis» entre 2000 et 2003, et reçoit plusieurs prix prestigieux (dont l'Alph-Art du meilleur premier album et du meilleur scénario). Bruno RUEDA, Coordinateur culturel Iran : d’une révolution à l’autre La Révolution constitutionnelle Les premières tentatives iraniennes de modernisation commencent sous Nasseredin Shah. L’influence du clergé chiite et des puissances étrangères diminuent. La pression de la rue et la demande de réforme mènent le pays à la révolution constitutionnelle de 1906. L’Iran devient le premier pays moyen-oriental à faire une révolution et à se doter d’une constitution. Peu de temps après, un coup d’État fait changer le pouvoir de main, au profit d’un officier, Reza Khan (Reza Shah Pahlavi). S’appuyant sur un gouvernement centralisé et fort, il modernise l’I- Née en 1969 dans une famille progressiste de Téhéran, elle vit, en tant qu'enfant, la restriction grandissante des libertés individuelles et les conséquences dans la vie quotidienne des événements politiques de l'époque, particulièrement la révolution islamique et les débuts de la guerre Iran-Irak. En 1983, à l'âge de 14 ans, elle est envoyée par ses parents à Vienne, en Autriche pour fuir la guerre et le régime iranien. Elle avait déjà étudié au lycée français de Téhéran. Elle continue son cursus scolaire au Lycée français de Vienne, puis retourne en Iran afin de suivre des études supérieures. Elle part ensuite en France et fait des études à l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Elle réside actuellement à Paris. Du 5 au 11 septembre PERSEPOLIS Mercredi 5 20h30 Samedi 8 18h00 Dimanche 9 17h00 Mardi 11 20h30 ran : économie, éducation (création d’un système public), justice (création du code civil iranien), santé, etc. En 1935, le port du voile est interdit et les hommes doivent porter un habit « à l’occidentale ». En même temps, Reza Khan s’efforce de diminuer l’influence de la Grande-Bretagne et de la Russie… Inquiets de ses rapprochements avec l’Allemagne, les Britanniques forcent Reza Shah à abdiquer en faveur de son fils Mohammad Reza Pahlavi en 1941. Ayant déclaré la guerre à l’Allemagne en 1943, l’Iran se rapproche des puissances occidentales. La même année, la conférence de Téhéran voit Churchill, Roosevelt et Staline réaffirmer leur engagement sur l’indépendance de l’Iran. En 1953, le premier ministre Mohammad Mossadegh nationalise le pétrole. Il est alors éloigné du pouvoir à la suite d’un complot orchestré par les ser- vices secrets britanniques et américains (c’est l'opération Ajax). Après sa chute, Mohammad Reza Shah Pahlavi met en place un régime autocratique fondé sur l’appui américain. Mohammad Reza Shah modernise l’industrie et la société grâce aux revenus du pétrole et à un programme nommé la Révolution blanche. Ce programme abolit le système agraire (lequel profitait au clergé) et accorde le droit de vote aux femmes…L’Iran entre dans une période de prospérité fulgurante et de modernisation accélérée. Mais l'inflation augmente au même rythme. L’économie iranienne en pâtit d’autant plus que le pays traverse une période trouble entre manifestations et répression. La chute du Shah Faisant face à une opposition grandissante des leaders religieux, le Shah tente de reprendre le contrôle de la société iranienne (culte de la civilisation perse préislamique et censure des publications marxistes et musulmanes). Pour faire face à la crise économique, le gouvernement impose des mesures d'austérité à l'été 1978 (gel des salaires). Ces mesures attisent le mécontentement de la population. La classe ouvrière rejoint peu à peu les étudiants et la classe moyenne dans leur opposition au régime. En septembre, les manifestations se multiplient. Le Shah les interdit (loi martiale). Le vendredi 8 septembre, une manifestation massive a lieu à Téhéran. Des centaines de manifestants sont tués. Ce jour reste connu sous le nom de Vendredi noir lequel sape le crédit du Shah auprès de la population et de ses alliés à l'étranger. Les manifestations continuent. Le 12 décembre, plus de deux millions de personnes défilent dans les rues de Téhéran pour protester contre la politique du Shah. Ce dernier, affaibli par la maladie et abandonné par les grandes puissances étrangères, ordonne à l'armée de cesser le feu et nomme Shapour Bakhtiar au poste de premier ministre. Le 16 janvier 1979 le Shah quitte l'Iran. Après l’Egypte et le Maroc, le couple impérial part pour le continent américain. La présence du Shah aux Etats-Unis sert de prétexte pour la prise d'otage de l'ambassade américaine de Téhéran (cf. infra). L’errance se poursuit. Le Shah, gravement malade, meurt le 27 juillet 1980 en Egypte. Khomeiny et la révolution iranienne Entretemps, Shapour Bakhtiar tente de rétablir la situation en tentant d’obtenir le soutien des parti- sans de Khomeiny, en vain. Le 1er février 1979, Khomeiny revient en Iran. Il nomme Mehdi Bazargan premier ministre et lui demande de former un gouvernement… Le conflit armé entre les deux factions semble dès lors inévitable (cf. l’épisode de la garnison Doshan Tappeh). L'armée décide de rester neutre dans le conflit. Shapour Bakhtiar doit s’enfuir. Le soir du 11 février 1979, l'Ayatollah Khomeini est au pouvoir et Mehdi Bazargan est son premier ministre. Cette date marque alors la fin de l'Empire d'Iran. Les premières années voient le développement d'un gouvernement bipolaire entre laïcs libéraux et religieux mais les tensions grandissent entre les deux factions. Les théologiens prennent le contrôle du pays avec l’aide des Gardiens de la Révolution. Un référendum organisé fin 1979 met en place la république islamique. Khomeiny en devient le guide suprême. Bazargan démissionne. La République islamique La crise iranienne des otages (prise en otage du personnel de l’ambassade des États-Unis à Téhéran entre le 4 novembre 1979 et le 20 janvier 1981) pousse l’administration Carter à rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran puis à imposer des sanctions économiques le 7 avril 1980. Le 22 septembre 1980, en raison de différends territoriaux (territoires riches en gisements pétroliers), l’Irak envahit l’Iran mais cette guerre n'entraîne aucun changement de frontière. La révolution et la guerre avec l’Irak ont beaucoup pesé sur l’économie du pays. L’échec des politiques économiques et de la modernisation de l’Etat voit l’élection de Mohammad Khatami, un religieux modéré, en 1997. Khatami est réélu en juin 2001 mais échoue dans ses tentatives de réforme. Le maire ultraconservateur de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad est élu président en 2005 (le Conseil des Gardiens ayant invalidé plus de 1000 candidatures). On observe alors un durcissement du discours nationaliste par le président qui vise notamment à justifier le programme nucléaire iranien… Tarif plein : 6 euros Tarif réduit (lundi & mercredi) : 5 euros Films « jeune public » : 4 euros Abonnement de 10 places : 50 euros. Nous acceptons les chèques vacances, les chèques cinéma, les ciné chèques et la carte M’ra ! Programme disponible sur camerapress, cinefil.com, allocine.fr & loriol.com Info. / horaires : 08 92 68 07 46 (0,34 € / mn)