Le meilleur et le pire de l`investissement à faible volatilité
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Le meilleur et le pire de l`investissement à faible volatilité
LIVRE BLANC 2015 Document destiné aux investisseurs professionnels uniquement Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité David Blitz, PhD Matthias Hanauer, PhD, CFA Pim van Vliet, PhD Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 1 Toutes les actions à faible volatilité ne se valent pas Nous cherchons le plus souvent à développer la meilleure stratégie à faible volatilité. Pourtant, dans cet article, nous avons aussi tenté de construire une stratégie à faible volatilité non-performante. En comparant les bonnes et les mauvaises stratégies à faible volatilité, nous observons des écarts de performance élevés et significatifs, de 6% par an. Manifestement, toutes les actions à faible volatilité ne se valent pas. Nos résultats soulignent l'importance de la sélectivité lorsqu'il s'agit d'investir dans des actions à faible volatilité. Deux types d'approches d'investissement à faible volatilité L'investissement à faible volatilité repose sur la conclusion de recherches empiriques : les actions à faible volatilité affichent généralement une performance en ligne avec le marché voire meilleure. Cela va à l’encontre de la théorie selon laquelle il faut prendre davantage de risque pour obtenir de meilleurs rendements. 1 Nous pouvons globalement distinguer deux types de produits à faible volatilité disponibles sur le marché. Les stratégies à faible volatilité génériques investissent essentiellement dans un panier d'actions à faible volatilité bien diversifié. Ces stratégies sont communément appelées « smart bêta ». Des approches plus sophistiquées, telles que les stratégies Conservative Equities de Robeco, partent du principe que toutes les actions à faible volatilité ne se valent pas et que la volatilité statistique passée n’est pas la seule donnée dont il faut tenir compte pour acheter ou vendre un titre. En intégrant d'autres facteurs de risque 2 ou des facteurs liés à la performance prévisionnelle, tels la valeur et le momentum 3, les investisseurs peuvent éviter les actions à faible volatilité peu attractives. Le meilleur et le pire des stratégies à faible volatilité Nos simulations historiques montrent qu'il est possible de créer une stratégie à faible volatilité plus efficace qu’une approche générique. Notre historique de performance depuis 2006 confirme d'ailleurs ce résultat. Ce constat nous a amené à nous demander si nous pouvions également construire une stratégie à faible volatilité inefficace ; en d'autres termes, une stratégie à faible volatilité qui ne soit pas conçue pour surperformer mais pour sous-performer une approche générique. 1 Blitz et Van Vliet, « The Volatility Effect: Lower Risk Without Lower Return », Journal of Portfolio Management, 2007. Blitz, Hanauer et Van Vliet, « Predicting volatility », Document de recherche Robeco, décembre 2014. 3 Voir par exemple Van Vliet, « Enhancing a low-volatility strategy is particularly helpful when generic low volatility is expensive », Document de recherche Robeco, juin 2012 et Blitz, Van der Grient et Van Vliet, « When factors disagree », Document de recherche Robeco, octobre 2014. 2 Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 2 Pourquoi avoir créé une ‘mauvaise’ stratégie ? Si tout a commencé comme une plaisanterie, les résultats se sont révélés assez intéressants. Comparer une stratégie à faible volatilité efficace à une qui ne l’est pas est utile pour plusieurs raisons. Plus la différence entre ces deux stratégies est grande, par exemple, plus cela indique qu’il est important de faire preuve de sélectivité en investissant dans les actions à faible volatilité. En outre, notre analyse nous a permis de mieux comprendre ce qui différencie une approche à faible volatilité performante d'une approche non-performante. Enfin, la distinction de ces deux types de stratégies peut apporter un éclairage nouveau sur les moteurs de performance des stratégies à faible volatilité. Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 3 Le meilleur et le pire de la faible volatilité Nous avons simulé des stratégies à faible volatilité génériques, optimisée et nonperformantes. Pour notre stratégie générique, nous avons simplement classé les valeurs de l'indice FTSE World Developed en fonction de leur volatilité sur les trois dernières années. Pour notre stratégie optimisée, nous avons adopté une approche multidimensionnelle du risque en utilisant une large palette d'indicateurs statistiques de mesure du risque, ainsi que des modèles propriétaires mesurant le risque de dégradation d’un titre (distress risk). Nous avons également tenu compte des facteurs de valorisation et de momentum. Cela signifie que nous avions pour objectif d'éviter les actions à faible volatilité trop chères ou dont la performance récente avait été faible. Nous leur avons préféré des actions à faible volatilité faiblement valorisées et dont la performance récente a été bonne. Nous avons aussi retenu des valeurs hors indice qui répondaient à nos critères de liquidité. Pour la stratégie à faible volatilité non-performante, nous avons utilisé la même approche que celle de notre stratégie optimisée, mais avec des pondérations opposées sur la base des facteurs valeur et momentum. 4 En d'autres termes, nous avons sélectionné des actions à faible volatilité chères et dont la performance récente a été faible. Pour l'ensemble de ces trois approches, nous avons ensuite appliqué des règles d'achat et de vente similaires et des limites de concentration en matière de valeurs, pays et secteurs individuels. Nous avons analysé les résultats sur une même période, à savoir de janvier 1986 à décembre 2013. Comparaison des différentes stratégies à faible volatilité Le Graphique 1 ci-après présente les caractéristiques de performance des trois approches sur le long terme. Les résultats de la stratégie générique sont en accord avec ceux de nombreuses études précédentes : par rapport à un portefeuille traditionnel, pondéré en fonction des capitalisations boursières, nous avons obtenu une volatilité sensiblement inférieure pour une performance supérieure, ce qui confirme une fois de plus l'anomalie de la faible volatilité. 4 Pour la stratégie à faible volatilité non-performante, nous utilisons les mêmes facteurs de risque que pour la stratégie optimisée, car nous aspirons à ce qu'elle affiche une mauvaise performance sans toucher à la volatilité. Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 4 Graphique 1 | Performance des différentes stratégies à faible volatilité sur le long terme Source : Robeco Quantitative Research. Simulations historiques, janvier 1986 – décembre 2013. Le graphique montre également que la stratégie optimisée parvient à réduire la volatilité comme l'approche générique, mais qu'elle ajoute plus de 2 % à la performance annuelle moyenne. Ce chiffre est globalement en ligne avec les résultats de nos stratégies réelles Conservative Equities par rapport à des indices de référence à faible volatilité couramment utilisés. Il est intéressant de noter que la stratégie générique se rapproche davantage de la stratégie optimisée que de la stratégie non-performante, ce qui confirme la conclusion selon laquelle les actions à faible volatilité sont de type « value » (rendement) plus souvent que de type « growth » (croissance) sur le long terme. 5 Les stratégies à faible volatilité non-performantes se révèlent un peu plus risquées La principale nouveauté du Graphique 1 est la performance de notre stratégie hypothétiquement non-performante. En comparant sa volatilité avec celle du marché, nous constatons qu’elle reste une stratégie à faible volatilité. Cependant, elle affiche une volatilité légèrement supérieure à celle des stratégies génériques et optimisées. Cela suggère que les actions à faible volatilité aux caractéristiques de valorisation et de momentum peu attractives ont tendance à être plus risquées que les actions à faible volatilité dont ces caractéristiques seraient meilleures. Ce résultat est cohérent avec notre conclusion récente indiquant que les facteurs ‘valeur’ et ‘momentum’ fournissent des informations sur la volatilité future de bien meilleure qualité que les informations données par des indicateurs comme la volatilité historique. 6 La stratégie à faible volatilité non-performante affiche une performance très décevante Le plus frappant reste les mauvais rendements obtenus par la stratégie non-performante. Le Graphique 1 montre qu'elle sous-performe la stratégie générique d'environ 4 % par an et celle optimisée de 6 % par an. Le fait que la stratégie non-performante se situe en 5 Voir Van Vliet, « Enhancing a low-volatility strategy is particularly helpful when generic low volatility is expensive », Document de recherche Robeco, juin 2012. 6 Blitz, Hanauer et Van Vliet, « Predicting volatility », Document de recherche Robeco, décembre 2014. Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 5 dessous de la ligne noire sur le Graphique 1 indique que sa performance est si faible qu'elle sous-performe le marché même sur une base corrigée du risque. Son alpha s'élève à -1,1 %. Sur la base de ces résultats, nous concluons que les actions à faible volatilité sont très hétérogènes. Différents groupes d'actions du segment à faible volatilité peuvent afficher des performances très variées, non seulement sur le court terme mais également à long terme. Il est à noter que la stratégie non-performante retenue ici correspond à notre première tentative de construire une stratégie à faible volatilité inefficace. De ce fait, il est possible que d’autres stratégies à faible volatilité aient produit des résultats encore plus mauvais. 7 Toutefois, l’écart de performance est si important qu'il apparaît clairement que la qualité de la sélection effectuée par le gérant d'actions à faible volatilité est tout aussi importante que sa décision initiale d'investir dans des actions à faible volatilité. Heureusement, sur le long terme, la moyenne des actions à faible volatilité est plus proche du meilleur que du pire. 7 Par exemple, nous continuons à utiliser pour la stratégie non-performante le même panier de risque multidimensionnel que celui de la stratégie optimisé. Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 6 Le meilleur l'emporte sur le long terme Le Graphique 2 présente la performance cumulée de la stratégie à faible volatilité optimisée et de celle non-performante par rapport à la stratégie générique. Nous observons que la surperformance de la stratégie optimisée et la sous-performance de la ‘mauvaise’ stratégie sont constantes dans le temps. Statistiquement, la surperformance est significative, à un niveau de 1 % pour un ratio d'information supérieur à 1. Toutefois, si l'on s'intéresse de plus près aux années civiles, nous constatons que la stratégie inefficace parvient parfois à surperformer la stratégie générique ainsi que la stratégie optimisée. Tel est le cas en 1994 (hausse des taux d'intérêt) et en 2008 (crise du crédit). En revanche, elle n’offre pas de bonne protection contre le risque baissier. Lors d’années difficiles sur les marchés d’actions, comme en 1990 (première guerre du Golfe) et en 2002 (éclatement de la bulle Internet), la stratégie optimisée a surperformé la stratégie générique, alors que la ‘mauvaise’ stratégie l’a sous-performé sensiblement. Graphique 2 | Performance cumulée des stratégies à faible volatilité optimisée et nonperformante par rapport à la stratégie générique Source : Robeco Quantitative Research. Simulations historiques, janvier 1986 – décembre 2013. Le Graphique 3 montre que la stratégie optimisée surperforme la stratégie inefficace les deux-tiers du temps. Sur 12 mois glissants, sa probabilité de surperformance dépasse les 80 %. En revanche, bien que l'écart de performance et que la probabilité de surperformance soient élevés, les investisseurs doivent être préparés à l'imprévu 8 : le pire surperforme parfois le meilleur. 8 Voir Blitz et Van Vliet, « Low-volatility investing: Expect the unexpected », Document de recherche Robeco, octobre 2014. Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 7 Graphique 3 | Probabilité de surperformance de la stratégie à faible volatilité optimisée par rapport à la stratégie non-performante sur divers horizons de placement Source : Robeco Quantitative Research. Simulations historiques, janvier 1986 – décembre 2013. Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 8 Éviter les perdants qui coûtent cher La stratégie non-performante est identique à la stratégie optimisée à l'exception de l'importance accordée aux facteurs ‘valeur’ et ‘momentum’. De ce fait, l'écart de 6 % entre les performances moyennes historiques annualisées est exclusivement conditionné par les différentes expositions à ces facteurs. Dans les graphiques suivants, nous présentons le ratio C/B et la dynamique des cours à 1 mois des stratégies optimisées et inefficaces, toutes les deux mesurées par rapport au marché. Pour la stratégie à faible volatilité optimisée, nous utilisons ici notre stratégie Conservative Equities, ce qui explique pourquoi les chiffres débutent en septembre 2006, année de sa création. Du côté de l'indice de marché, nous avons retenu le MSCI World. Graphique 4 | Ratio C/B des stratégies à faible volatilité optimisées et non-performantes par rapport au marché Source : Robeco Quantitative Research, Factset. Le Graphique 4 montre que la stratégie inefficace coûte toujours plus cher que le marché. Généralement, son ratio C/B est supérieur d'environ 25% à celui du marché. D'autre part, le ratio C/B de la stratégie Global Conservative Equities est la plupart du temps inférieur à celui du marché. Par rapport à la stratégie inefficace, elle est systématiquement beaucoup moins chère. À noter que durant cette période spécifique, la stratégie générique ressort un peu plus onéreuse qu’à plus long terme, ce qui explique que l'intégration du facteur ‘valeur’ est plus importante aujourd’hui que sur d'autres périodes. 9 Bien que les caractéristiques de momentum d'une stratégie ne soient généralement pas prises en compte, nous les considérons tout aussi importantes que les indicateurs de valorisation. Le Graphique 5 montre que la stratégie inefficace affiche la plupart du temps 9 Voir notre livre blanc « Enhancing a low-volatility strategy is particularly helpful when low-volatility is expensive », Document clientèle Robeco, Pim van Vliet, juin 2012. Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 9 un momentum de cours inférieur à celui du marché. D'un autre côté, la stratégie Conservative Equities affiche la plupart du temps un meilleur momentum que le marché. Toutefois, il existe également des périodes où la situation s’inverse. Cela peut se produire lorsque la quasi-totalité des actions à faible volatilité tirent relativement bien leur épingle du jeu, comme en 2008, ou lorsque qu’elles sous-performent presque toutes le marché, comme en 2009. Toutefois, la stratégie optimisée affiche régulièrement un meilleur momentum que la stratégie non-performante. Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 10 Graphique 5 | Momentum des stratégies optimisées et non-performantes par rapport au marché Source : Robeco Quantitative Research, Factset. Stratégie générique ≈ Stratégie optimisée + Stratégie non-performante Les approches optimisées et non-performantes représentent deux extrêmes de l'univers des actions à faible volatilité. La stratégie générique peut être interprétée comme l'approche qui sélectionne les deux types de valeurs, à savoir les performantes et les nonperformantes. Il est cependant important de noter que la proportion d'actions à faible volatilité performantes et non-performantes n'est pas constante dans le temps. À certains moments, la majorité des actions à faible volatilité peuvent avoir des caractéristiques de valeur et de momentum favorables alors qu'elles peuvent être défavorables à d'autres moments. Sur le long terme, les actions à faible volatilité sont généralement moins chères que le marché et leur momentum est plutôt meilleur, mais les 5 dernières années ont été particulièrement difficiles pour l'approche générique, dont les valorisations ont été supérieures et le momentum faible. Fin 2014 par exemple, l'indice MSCI World Minimum Volatility était plus cher que le marché sur base du ratio C/B et présentait un momentum plus faible. L'indice S&P Low Volatility (SPLV) présentait un ratio C/B similaire au marché américain assorti d'un faible momentum. Dans un même temps, les stratégies mondiales et américaines Robeco Conservative Equities affichaient un ratio C/B inférieur au marché et un meilleur momentum. Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 11 Être sélectif Dans cet article, nous avons montré que les actions à faible volatilité présentaient des caractéristiques de performance très différentes. Une approche à faible volatilité qui intègre les facteurs ‘valeur’ et ‘momentum’ a tendance à surperformer une approche générique, mais une approche à faible volatilité qui s'écarte intentionnellement de ces facteurs sous-performe sensiblement. Au cours des dernières décennies, l'écart de performance entre les deux approches se serait élevé à un niveau de 6 % par an. Sur la base de ces résultats, il est clair que les investisseurs ne devraient pas acheter uniquement des actions sur la base de leur volatilité (ou autre mesure de risque), mais qu'ils doivent également tenir compte de facteurs réputés pour avoir un impact significatif sur la performance, comme la valorisation et le momentum. Les approches génériques à faible volatilité se composent généralement d'un ensemble de valeurs attractives et nonattractives sur la base de ces facteurs. En définitive, les expositions d'une approche générique à d'autres facteurs ne sont pas obligatoirement neutres, mais peuvent également manquer d'attractivité. David Blitz, PhD Matthias Hanauer, PhD, CFA Pim van Vliet, PhD Responsable Recherche quantitative actions Analyste quantitatif Gérant de portefeuille Le meilleur et le pire de l'investissement à faible volatilité | 12 Informations importantes Ce document possède un caractère privé et confidentiel ; il est à l’usage exclusif de la personne à laquelle il a été remis par Robeco. Cette présentation n’est donnée qu’à titre indicatif et ne présente aucune valeur contractuelle. Elle ne peut être diffusée, reproduite ou publiée partiellement ou intégralement à destination de tout tiers sans l’accord écrit préalable de Robeco. Ce document a été réalisé dans un but d’information uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation en vue de la souscription à ce produit ; l’investisseur étant seul juge de l’opportunité des opérations qu’il pourra être amené à conclure. 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