Denis Pingaud L`EFFET BESANCENOT Paris, Le Seuil, 2008, 153 p
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Denis Pingaud L`EFFET BESANCENOT Paris, Le Seuil, 2008, 153 p
16-Reperes-02-2010:Mise en page 1 23/01/10 9:39 Page 192 Repères dérer comme une illusion sociale qu’on pourrait dissiper par une quelconque mesure symbolique ou l’affichage d’un volontarisme public. On peut la décrypter comme la prise de conscience, commune à tous les salariés, du décalage qui s’est installé entre une exigence de mobilité qui suppose de faciliter des parcours et des protections réparatrices qui ne traitent que des situations établies. On en revient, en somme, à la nécessité d’organiser la mobilité, de l’école à l’emploi, d’un emploi à un autre, en prenant en compte des parcours et non des positions et en organisant une protection qui, plus qu’elle ne compense les accidents, accompagne les changements et permette de se projeter dans l’avenir. trotskiste devenu inaudible en une dénonciation systématique du capitalisme, porté par un contexte de montée des inégalités, de progression du chômage, de malaise au travail et, récemment, de crise financière spectaculaire. Il est en outre particulièrement à l’aise dans les médias, auxquels convient bien son discours ajusté, répétitif en même temps qu’accessible à son électorat jeune et populaire sur la nécessité de « changer le monde ». Il ne manque jamais une occasion de critiquer le gouvernement actuel et le président au point d’apparaître aux yeux de l’opinion comme le « meilleur opposant » à Nicolas Sarkozy, aidé en cela par l’aphasie des socialistes préoccupés de leurs échéances internes. Il a su se créer un personnage, celui du facteur sympathique, en jean et baskets, proche des « gens d’en bas », diplômé (licence d’histoire) mais « sur le terrain », apparaissant auprès des « travailleurs en lutte » lors des grèves et des manifestations. Levé à 6 heures du matin pour un salaire modeste (il n’hésite jamais à montrer sa feuille de paye de temps partiel à 70 %), il ne bénéficie pas des facilités des élus ni des chefs de partis et cultive son image « proche des gens » qui remplace l’ancienne culture ouvriériste de son parti. À l’opposé de l’ancien modèle trotskiste de dévouement complet au parti, il revendique aussi une part de vie privée préservée de l’engagement politique. Cette évolution se marque finalement par la création d’un vrai parti, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui peut modifier, peut-être de manière significative, la donne politique à gauche. La revendication d’indépendance, elle, reste dans la ligne du refus de la prise de responsabilité politique et de la négociation ou de l’accord avec le parti socialiste, toutes tendances confondues. Cet isolationnisme fait office de feuille de route, et l’attente Marc-Olivier Padis Denis Pingaud L’EFFET BESANCENOT Paris, Le Seuil, 2008, 153 p., 16 € Spécialiste des enquêtes d’opinion et fin connaisseur de l’extrême gauche, l’auteur ne propose ici ni un portrait ni une biographie d’Olivier Besancenot mais s’interroge sur l’impact de l’ascension politique de Besancenot sur l’ensemble de la gauche. Celle-ci a été particulièrement rapide puisque cet homme jeune (35 ans), militant formé à l’école de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), s’est imposé dans le paysage politique français depuis sa candidature à l’élection présidentielle de 2002 où son score devançait celui des autres candidats d’extrême gauche (Arlette Laguiller, José Bové, MarieGeorge Buffet). S’il s’est installé si vite au premier plan de l’actualité politique, c’est, pour l’auteur, parce qu’il est arrivé au bon moment et qu’il « sait y faire ». Il a transformé un discours 192