Denis Pingaud L`EFFET BESANCENOT Paris, Le Seuil, 2008, 153 p

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Denis Pingaud L`EFFET BESANCENOT Paris, Le Seuil, 2008, 153 p
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Repères
dérer comme une illusion sociale qu’on
pourrait dissiper par une quelconque
mesure symbolique ou l’affichage d’un
volontarisme public. On peut la
décrypter comme la prise de conscience, commune à tous les salariés,
du décalage qui s’est installé entre une
exigence de mobilité qui suppose de
faciliter des parcours et des protections
réparatrices qui ne traitent que des
situations établies. On en revient, en
somme, à la nécessité d’organiser la
mobilité, de l’école à l’emploi, d’un
emploi à un autre, en prenant en
compte des parcours et non des positions et en organisant une protection
qui, plus qu’elle ne compense les accidents, accompagne les changements et
permette de se projeter dans l’avenir.
trotskiste devenu inaudible en une
dénonciation systématique du capitalisme, porté par un contexte de montée
des inégalités, de progression du chômage, de malaise au travail et, récemment, de crise financière spectaculaire.
Il est en outre particulièrement à l’aise
dans les médias, auxquels convient
bien son discours ajusté, répétitif en
même temps qu’accessible à son électorat jeune et populaire sur la nécessité de « changer le monde ». Il ne
manque jamais une occasion de critiquer le gouvernement actuel et le président au point d’apparaître aux yeux
de l’opinion comme le « meilleur opposant » à Nicolas Sarkozy, aidé en cela
par l’aphasie des socialistes préoccupés de leurs échéances internes.
Il a su se créer un personnage, celui
du facteur sympathique, en jean et baskets, proche des « gens d’en bas »,
diplômé (licence d’histoire) mais « sur
le terrain », apparaissant auprès des
« travailleurs en lutte » lors des grèves
et des manifestations. Levé à 6 heures
du matin pour un salaire modeste (il
n’hésite jamais à montrer sa feuille de
paye de temps partiel à 70 %), il ne
bénéficie pas des facilités des élus ni
des chefs de partis et cultive son image
« proche des gens » qui remplace l’ancienne culture ouvriériste de son parti.
À l’opposé de l’ancien modèle trotskiste de dévouement complet au parti,
il revendique aussi une part de vie privée préservée de l’engagement politique. Cette évolution se marque finalement par la création d’un vrai parti,
le Nouveau parti anticapitaliste (NPA)
qui peut modifier, peut-être de manière
significative, la donne politique à
gauche. La revendication d’indépendance, elle, reste dans la ligne du refus
de la prise de responsabilité politique
et de la négociation ou de l’accord avec
le parti socialiste, toutes tendances
confondues. Cet isolationnisme fait
office de feuille de route, et l’attente
Marc-Olivier Padis
Denis Pingaud
L’EFFET BESANCENOT
Paris, Le Seuil, 2008, 153 p., 16 €
Spécialiste des enquêtes d’opinion
et fin connaisseur de l’extrême gauche,
l’auteur ne propose ici ni un portrait ni
une biographie d’Olivier Besancenot
mais s’interroge sur l’impact de l’ascension politique de Besancenot sur
l’ensemble de la gauche. Celle-ci a été
particulièrement rapide puisque cet
homme jeune (35 ans), militant formé
à l’école de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), s’est imposé dans le
paysage politique français depuis sa
candidature à l’élection présidentielle
de 2002 où son score devançait celui
des autres candidats d’extrême gauche
(Arlette Laguiller, José Bové, MarieGeorge Buffet). S’il s’est installé si vite
au premier plan de l’actualité politique, c’est, pour l’auteur, parce qu’il
est arrivé au bon moment et qu’il « sait
y faire ». Il a transformé un discours
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