BBVA déploie un nouveau dispositif de banque d`affaires en Europe

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BBVA déploie un nouveau dispositif de banque d`affaires en Europe
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BBVA déploie un nouveau dispositif
de banque d’affaires en Europe
Le groupe espagnol vient de nommer deux nouveaux patrons en France
et en Italie. Et renforce ses activités de banque de gros et de gestion d’actifs.
PAR
L’intention n’est pas nouvelle.
Comme pour sa rivale, Santander, dont
l’équipe française, d’une quarantaine
de personnes, a aussi affirmé à L’Agefi
Hebdo (22 juillet 2010) avoir « vocation à croître rapidement ». Celle de
BBVA France pourrait désormais chercher à se renforcer, en particulier autour
de sa plate-forme en fusions-acquisitions et en equity capital markets.
Elodie Cuzin, à Madrid
omme l’annonçait L’Agefi
Edition de 14h le 11 mai,
François Wohrer, spécialiste de
la banque d’affaires (ex-DC Advisory
Partners et UBS Investment Bank), vient
de prendre les rênes de BBVA France.
Début mai, c’est le bureau italien de la
banque espagnole qui voyait arriver
un nouveau country manager (patron
pays), Edoardo Toscani, également
venu, via Barclays Capital et Lehman
Brothers, de la banque de financement
et d’investissement (BFI).
Si le groupe présente ces nominations comme des « sujets séparés », celles-ci semblent pourtant bien s’inscrire
dans l’ambitieux plan triennal visant à
renforcer les activités de banque de gros
et de gestion d’actifs (WB&AM dans
ses sigles anglais) annoncé par BBVA fin
2010. Le projet d’expansion de la division, dirigée au niveau mondial par José
Barreiro, passe par 1.000 embauches
d’ici à trois ans et 400 millions d’euros
d’investissement dans sa plate-forme
technologique. Quelque 40 % des
4.000 employés actuels étaient jusqu’ici
basées en Espagne. En outre, BBVA est
en train de boucler la « délocalisation »
à Londres d’une cinquantaine de spécialistes des marchés de titres à taux fixes
qui ont quitté Madrid pour rejoindre
la petite demi-douzaine de professionnels œuvrant jusque-là à la City. BBVA
modifie ainsi ses équilibres.
C
Face à face avec Santander
Grâce à un « ADN » fortement centré sur la banque de détail, le groupe
n’a pas été « contaminé » par les
actifs toxiques et a pu sortir de la
crise financière relativement indemne. Il espère désormais pouvoir mettre à profit la solidité de son bilan
pour développer ses activités de BFI.
Wohrer : « Avec plus de la moitié de
ses revenus en provenance des marchés
émergents, BBVA est idéalement placé
pour aider les entreprises françaises à
accéder ou à renforcer leurs positions
dans les pays en forte croissance. »
BBVA a privilégié le Mexique, qui
a contribué à hauteur de 30 % à ses
résultats du premier trimestre, tandis que Santander a misé sur le Brésil.
Un premier trimestre 2011 chahuté
BBVA - Eurasie
(En euros)
Santander Banque de gros mondiale
(Global Wholesale Banking)
Santander - Gestion d'actifs
et Assurances
Bénéfices nets
198 mns
641 mns
119 mns
Crédits clients
32,2 mds
67,9 mds
471 mns
Dépôts clients
28 mds
93,8 mds
4,6 mds
Marge nette d'intérêt
104 mns
572 mns
71 mns
26,2 % (30,6 % au T1 2010)
29,5 % (25 % au T1 2010)
nc
Coefficient d'exploitation
Source : sociétés
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STRATÉGIES
BBVA a créé sa division Eurasie au premier trimestre 2011. En plus de sa banque de gros et sa gestion, elle inclut Garanti
en Turquie (25 % du capital détenus), BBVA Portugal, Consumer Finance Italie et Portugal ainsi que l’activité commerciale
des bureaux de Paris, Londres et Bruxelles.
Son marché domestique peine certes
à se relever de l’explosion de la bulle
immobilière, mais BBVA peut aussi
compter sur sa diversification géographique. En plus de l’Amérique latine,
où elle a acquis une grande expertise,
la banque est également présente en
Turquie (depuis la prise de contrôle
de Garanti), en Chine, en Europe et
aux Etats-Unis. Pour attirer les investisseurs internationaux, le pont qu’elle
peut offrir entre l’Europe, l’Amérique
et l’Asie apparaît ainsi comme un
atout. Santander bénéficie d’ailleurs du
même. « Leur présence en Amérique
latine peut être d’autant plus attractive pour une clientèle européenne
que les deux groupes y ont démontré
une réelle volonté de permanence en
rachetant des banques locales, souligne Pablo García, directeur Equity
chez Oddo Securities. Ils offrent une
porte d’entrée fiable sur ces marchés. »
Une analyse partagée par François
L’avantage pourrait aller à ce dernier
aux yeux des clients européens : « Le
Mexique est plutôt perçu comme étant
le marché naturel des Etats-Unis, tandis
que le Brésil intéresse aussi beaucoup les
Européens », remarque Pablo García.
Le directeur du secteur financier de
l’IE Business School, Manuel Romera,
relève pour sa part un lien culturel qui
pourrait jouer, a contrario, en faveur
de BBVA à Paris car la banque basque,
« peut-être du fait de son origine, a une
longue expérience de gestion d’une
clientèle francophone ». BBVA peut
en outre faire valoir sa salle de marché
parisienne, opérationnelle depuis douze
ans et qui emploie une vingtaine de spécialistes sur la centaine d’employés du
bureau, déjà performants sur les activités obligataires, le financement de projets et le trade finance. Mais il va sans
doute falloir attendre quelques semaines
pour qu’elle présente au grand jour ses
projets. „
du 19 au 25 mai 2011 / L’AGEFI HEBDO
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