FICHE JURIDIQUE n3 renouvellement de concession
Transcription
FICHE JURIDIQUE n3 renouvellement de concession
FICHES JURIDIQUES ET FICHES DE PROCEDURE Page 1 sur 3 Mise à jour : 25 mai 2005 Qui peut renouveler une concession funéraire ? Le renouvellement n’est possible que depuis 1843 (date de création des concessions à durée limitée) car de 1804 à 1843, il n’existait que des concessions perpétuelles. 1/ DEFINITION DU RENOUVELLEMENT : un « renouvellement » de concession consiste, juridiquement, à « prolonger le contrat de concession funéraire pour la même durée ». Article L. 2223-15 § 2 du Code Général des Collectivités Territoriales : « les concessions temporaires, les concessions trentenaires et les concessions cinquantenaires sont renouvelables au prix du tarif en vigueur au moment du renouvellement » Si le demandeur veut changer de durée, il s’agit non d’un « renouvellement », mais d’une « conversion » (cf. la fiche juridique relative à la « conversion ». La conversion est un droit du concessionnaire, la commune ne peut refuser) Si le concessionnaire veut changer d’emplacement, il ne s’agit plus d’un simple renouvellement (le changement d’emplacement n’est pas un droit, la commune peut parfois refuser : manque d’emplacement, gestion des divisions, etc.) Si les conditions de renouvellement sont remplies (concession temporaire ou à durée limitée, capacité du demandeur à renouveler, acquittement du prix de renouvellement, délai à respecter…), le renouvellement est « de droit » (la commune ne peut juridiquement le refuser) 2/ QUAND PEUT-ON RENOUVELER UNE CONCESSION ? A/ à l’échéance du contrat de concession : En principe, le concessionnaire (ou ses ayants droit) ne peut renouveler qu’à l’échéance de sa concession. Par « échéance », on entend normalement « durant l’année avant expiration » (car il ne faudrait pas que des personnes tentent de renouveler à l’avance pour échapper à une hausse de prix) Le renouvellement prend effet à la date d’échéance du contrat de concession précédent, sinon cela reviendrait à créer des concessions de durée variable alors que le CGCT ne permet que des durées de 15 ans maximum (pour les concessions temporaires), 30 ans ou cinquante ans (exemples : durée de concession de 27 ans si le concessionnaire renouvelle par anticipation lors de la 27ième année ou durée de concession de 32 ans s’il renouvelle en retard au bout de 32 ans) Ainsi, si une concession expire au 31 décembre 2004, le renouvellement partira au 1er janvier 2005, que le concessionnaire ait renouvelé avant le 31 décembre 2004 ou dans les deux années suivantes. B/ le renouvellement anticipé : ATTENTION, la commune ne peut obliger les concessionnaires ou ayants droit à renouveler dans les cinq dernières années de la concession pour pouvoir inhumer. En effet, un arrêt du Conseil d’Etat l’interdit (CE 27 mai 1892, Petichet, DP, 1893, III, 82, Lebon, p. 483) Le Maire a obligation d’inhumer (art. R 2512-30 du CGCT) Rien, dans les textes, n’interdit à la commune d’accepter un renouvellement dans les deux ou trois années précédant l’échéance mais l’administration devra évaluer les motifs de la demande (exemple : concessionnaire gravement malade et seul, voulant s’assurer avant de disparaître que sa tombe sera bien renouvelée) 3/ QUEL DELAI POUR RENOUVELER ? L’article L. 2223-15 § 3 du CGCT prévoit les conséquences du « non renouvellement » et donne un délai pour renouveler. Ce délai est fixé à deux ans, jour pour jour, à l’expiration de la concession. file://C:\wamp\www\asso\FICHE JURIDIQUE n3 renouvellement de concession.htm 05/05/2006 FICHES JURIDIQUES ET FICHES DE PROCEDURE Page 2 sur 3 4/ QUI PEUT RENOUVELER ? A/ Du vivant du concessionnaire : s’il est vivant et en état de le faire, seul le concessionnaire (ou les concessionnaires en cas d’achat commun) peut renouveler. Attention : un concessionnaire pourrait ne plus être en état de renouveler s’il a été placé par exemple sous tutelle ou curatelle. Dès lors c’est à son représentant légal d’agir. Le motif du grand âge ne suffit pas pour que le cimetière accepte qu’un enfant ou un proche du concessionnaire renouvelle à sa place (par contre, l’enfant ou le proche, muni d’une procuration, peut faire les démarches pour le concessionnaire mais la demande de renouvellement, les documents, le chèque… doivent être au nom et signés par ce dernier) B/ Au décès du concessionnaire : un, plusieurs ou tous ses ayants droit à la concession peuvent renouveler (selon qu’ils se connaissent, sont d’accord entre eux, etc.) Cela suppose qu’ils aient d’abord fait reconnaître leurs droits auprès du Bureau des Concessions et présentent au cimetière leur attestation d’ayant droit. Attention : une personne peut hériter des biens du concessionnaire, sans hériter de la concession (que ce dernier peut avoir léguée ou donnée à un seul enfant ou une tierce personne – par « legs universel » ou « legs à titre universel » ou « legs à titre particulier » ou donation entre vifs) Un enfant du concessionnaire n’est pas forcément son héritier (exemple : sanction d’indignité – article 727-1 nouveau du Code Civil) Le cimetière ne doit donc pas préjuger de la qualité d’ayant droit d’un enfant du concessionnaire. C/ En l’absence de concessionnaire ou d’ayants droit : en principe, seul le concessionnaire ou les ayants droit peuvent renouveler une concession. Mais dans l’intérêt des familles, certaines communes acceptent le renouvellement par des tiers sous certaines conditions : - le délai de deux ans après échéance de la concession doit être écoulé le fait de payer le renouvellement ne donne aucun droit sur la concession à la personne qui renouvelle (utilisation, travaux…) il doit être écrit clairement sur les documents de renouvellement que la personne agit agît pour le compte du concessionnaire ou de ses ayants droit et que le renouvellement ne lui confère aucun droit sur la concession Toutefois, cette manière de faire est « hors du droit » et il convient de garder à l’esprit que si la concession cause un dommage, la responsabilité de la commune sera engagée (le concessionnaire ou l’ayant droit de la concession n’ayant pas manifesté sa volonté de renouveler la concession, leur responsabilité ne saurait être engagée) Il vaut mieux donc si la concession n’est pas en bon état, que la commune refuse le renouvellement par un tiers (sauf s’il la remet en état préalablement – mais là encore, en cas de dégâts lors des travaux, la situation pourrait devenir juridiquement complexe : en principe, l’assurance de l’entrepreneur jouerait... mais quid en cas de blessures ou de mort ?) 5/ LE PRIX DU RENOUVELLEMENT ? le prix à acquitter est celui du jour où on renouvelle, et non celui du jour de l’expiration de la concession (Cour Administrative d’Appel de Paris 14 avril 2005 PUJOL c/ Ville de Paris : où un concessionnaire du cimetière parisien de Bagneux qui renouvelait avec quinze ans de retard sa concession trentenaire, exigeait de bénéficier en 2005 du tarif en 1990) 6/ QUI PAIE LE PRIX DU RENOUVELLEMENT ? un seul des ayants droit, s’il le désire, peut prendre l’initiative de renouveler. Mais le fait de payer seul le prix du renouvellement, ne prive pas les autres de leurs droits sur la concession. L’ayant droit qui a renouvelé, conserve la possibilité de se retourner vers les autres ayants droit pour leur faire partager les frais. S’ils refusent, il peut saisir le juge. 7/ LES DIVISONS « NRSP » : depuis un arrêt du Conseil d’Etat du 27 mai 1892, la commune ne peut imposer un changement d’emplacement de la concession lors du renouvellement. Cette file://C:\wamp\www\asso\FICHE JURIDIQUE n3 renouvellement de concession.htm 05/05/2006 FICHES JURIDIQUES ET FICHES DE PROCEDURE Page 3 sur 3 position a été confirmée par le juge (CE 12 janvier 1917, Devonvoux, où le juge a réaffirmé que le renouvellement devait se faire sur place) 8/ LES CONSEQUENCES DU RENOUVELLEMENT ? Le concessionnaire (ou ses ayants droit) prolonge tous ses droits sur la concession. Il doit donc en assumer également les obligations (entretien, décence, gestion, etc.) Attention : le renouvellement permet au concessionnaire ou aux ayants droit de changer de durée ou éventuellement d’emplacement de concession. Par contre, lors du renouvellement, et sous réserve d’une décision contraire d’un juge, les ayants droit ne peuvent de changer la « nature » de la concession (exemple : si la concession est de nature « familiale », ils ne peuvent en faire une concession « collective » pour y accueillir des étrangers, car cela ne respecterait pas la volonté du concessionnaire d’origine – cf. fiche n°2) Attention : la commune ne peut obliger un concessionnaire (ou ses ayants droit) à remettre en état la concession avant renouvellement. La solution, si la sépulture est en mauvais état, est : soit de dresser procès verbal sur le fondement des prescriptions du règlement général des cimetières et du CGCT (le maire est garant de l’ordre et de la décence des cimetières) soit d’utiliser la procédure de péril si l’état de la tombe le justifie. 9/ POUR QUELLE DUREE RENOUVELER ? Le concessionnaire (ou ses ayants droit) qui renouvelle sa concession, peut choisir la durée qui lui convient parmi celles proposées par la Commune (à Paris, 10, 30, 50 ans et perpétuelle) y compris s’il s’agit d’une durée plus courte (notamment dans le cas des concessions centenaires puisque cette durée a été supprimée par une ordonnance de 1959) 10/ LES CONSEQUENCES DU NON RENOUVELLEMENT ? Le concessionnaire (ou ses ayants droit) perd tout droit sur la concession. Il n’a plus non plus aucune obligation vis à vis de la sépulture, ni responsabilité. La commune redevient propriétaire du terrain et des biens abandonnés. La commune doit en principe, assez rapidement, exhumer le(s) corps (sauf si le dernier corps a été inhumé il y a moins de cinq ans) et démolir le monument. Attention : si la commune ne libère pas le terrain (exhumation, démolition) et que le concessionnaire (ou un ayant droit) se présente, même plusieurs années après l ‘échéance, elle risque d’être obligée de le laisser renouveler (CE 12 janvier 1917 Devoncoux, Lebon, p.38, ou, CE 21octobre 1955 Demoiselle Méline, Lebon, p. 491 : dans ces deux affaires, des particuliers qui ont saisi le juge du refus de renouvellement par la commune après échéance de leur concession et écoulement du délai de deux ans, ont obtenu gain de cause) Attention : après reprise du terrain abandonné, la commune ne peut réattribuer le terrain, que libre de corps et de monuments, même à quelqu’un de la famille (CE 21 juin 1985, Consorts Fougeroux, req. N°29398 ; CE 26 juillet 1985, Lefevbre et autr es, Dr. Adm., 1985, n°465 ; Lebon, p. 524) Pour ce qui est de la présence du caveau lors de la revente de la concession : on devrait en principe le démolir et le combler (ce qui entraîne des frais inutiles pour l'acheteur qui devrait avant toute construction nouvelle, faire déblayer et évacuer les gravats) Le nouveau concessionnaire n’attaquera donc pas la commune du fait de la présence d'un caveau, sauf si le nouveau concessionnaire décide de faire une pleine terre. Le cimetière serait alors obligé de démolir le caveau à ses frais (et en principe aussi obligés de remblayer avec de la terre) D’autre part, la commune peut (puisqu'elle est devenue propriétaire de la sépulture reprise) revendre le caveau. Cela nécessitera cependant avant toute décision de revente, un examen technique de l'état du caveau et une estimation financière du prix de vente ou la fixation d’un prix forfaitaire (par délibération) Le produit de la vente ira au budget de la commune. file://C:\wamp\www\asso\FICHE JURIDIQUE n3 renouvellement de concession.htm 05/05/2006