Abdelwahab Abousef. Département de la facilitation de la Douane
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Abdelwahab Abousef. Département de la facilitation de la Douane
La facilitation du transport international de marchandises entre les deux rives de la Méditerranée Occidentale Abdelwahab ABOUSEF Département de la facilitation de la Douane MAROC Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, Je suis très ravi et très heureux de représenter l’administration douanière marocaine dans ce séminaire consacré à la facilitation du trafic maritime. Et c’est avec un grand et un réel plaisir que je vais exposer les mesures d’assouplissement et vous faire partie de l’expérience marocaine en matière d’assouplissement des formalités douanières. Je ne serai pas long, mais je vais essayer de citer les principales mesures d’allégement qui ont été prises par mon administration. Les moyens et les méthodes traditionnels ayant révélé leurs limites, les aspects négatifs prenant le pas sur les côtés positifs, ces dernières années, l’administration des douanes marocaines a entrepris une refonte de son cadre juridique, de son organisation ainsi que de ses procédures et ses méthodes. Et ce, afin de répondre à l’évolution de son environnement. Je vais traiter les trois aspects, à savoir le plan juridique et le plan procédural, mais aussi le plan informatique. Sur le plan juridique, je me limiterai aux instruments juridiques. À savoir le code des douanes, qui a été revu et amendé, l’objectif visé étant de disposer d’un instrument juridique moderne basé sur les standards internationaux les plus performants, notamment les conventions conclues sur l’égide de l’OMD et de l’OMC. Il y a également la réglementation douanière qui a été révisée et simplifiée. Actuellement, le document qui comprend ces instructions présente l’avantage d’offrir aux différents opérateurs une réglementation claire et cohérente, accessible à tout un chacun. Il y a également le tarif des droits de douane, composé auparavant de deux documents, qui a été réduit à un seul et unique document, avec en sus la suppression de la taxe appelée «prélèvement fiscal». Sur le plan des procédures et des méthodes, je dirai que l’administration a entrepris une série de mesures visant à l’allégement des formalités de dédouanement et à la modernisation de ses instruments de travail. La simplification reste toujours un objectif et un chantier permanent. Dans ce cadre, je vais traiter un petit peu de la conduite et la mise en douane et, par la suite, des opérations de dédouanement. Mon intervention s’articulera sur deux axes, à savoir la conduite des marchandises et la mise en douane et, par la suite, le dédouanement proprement dit. La première mesure, c’est le dépôt par anticipation des déclarations sommaires. En ce qui concerne le pré-dédouanement, comme l’a bien précisé tout à l’heure notre confrère français, nous avons adopté le dépôt et permis aux opérateurs de déposer par anticipation la déclaration sommaire. Pour pallier les problèmes de rectificatif de cette déclaration et ainsi solutionner les litiges qui en découlent, des dispositions législatives, et légales ont été prévues, permettant d’apporter –sous certaines conditions, bien entendu- des rectifications à la déclaration sommaire, dans un délai de 20 jours, avec bien entendu la présentation des documents probants. À ce sujet, il n’est pas sans intérêt de signaler la mise en place d’une convention sur 163 La facilitation du transport international de marchandises entre les deux rives de la Méditerranée Occidentale l’application entre l’administration des douanes, l’ODEP, l’association et les agents maritimes de ce qu’on appelle la LEDI. Dans le cadre du développement technologique des moyens d’information, comme l’a mentionné mon collègue tout à l’heure, M. Alaoui, un projet pilote a été défini en concertation avec les différents intervenants du port de Casablanca, qui porte sur le manifeste et la préparation de l’escale des navires dans un cadre conventionnel signé par les acteurs concernés du port de Casablanca : la douane, les consignataires des navires et une société de services. Ce système permet aujourd’hui le transfert par traitement informatique des manifestes maritimes. Nous projetons d’étendre cette procédure aux ports de Tanger, Agadir et Nador dans les jours à venir, c’est-à-dire d’ici fin mai. Je parlerai également d’un produit qui a connu un grand succès et qui nous a permis de décongestionner les ports : il s’agit des magasins «aire de dédouanement». Compte tenu d’une part de l’évolution du commerce international et des modes de transport, notamment le transport terrestre, qui prend des proportions de plus en plus importantes, et d’autre part de la nécessité de décongestionner les ports et les aéroports pour une meilleure fluidité des opérations commerciales et donc une célérité dans le processus de dédouanement, la création de magasins «aire de dédouanement» en dehors des enceintes douanières portuaires ou aéroportuaires s’est avérée impérative. L’administration a adopté toutes les dispositions nécessaires pour assurer le développement de cette activité. Actuellement, ce mode de dédouanement connaît un succès important auprès des opérateurs, et il a été étendu aux exploitants exerçant même à l’intérieur des enceintes portuaires et aéroportuaires. Je passerai au niveau des opérations de dédouanement et je dirai qu’il y a un premier point concernant l’institution de nouvelles formes de déclaration en douane. Nous avons adopté actuellement la déclaration combinée : sur un seul support, une déclaration peut couvrir deux régimes douaniers, c’est-à-dire le régime de transit et le régime définitif assigné à la marchandise. Nous avons adopté également les déclarations simplifiées : les opérateurs peuvent enlever leur marchandise sur un simple document de transport ou un document commercial, et ils régularisent par la suite, selon une périodicité arrêtée bien sûr d’un commun accord avec la douane par une déclaration complémentaire, ceci bien entendu dans le cadre de l’accélération des opérations de dédouanement. Nous avons également adopté ce que l’on appelle la déclaration globale. C’est une procédure qui permet les envois fractionnés, c’est-à-dire que vous êtes en mesure de déclarer l’ensemble constitué dès l’arrivée des marchandises, combien même il y a des opérations d’importations qui sont fractionnées dans le temps. Il y a également le dépôt par anticipation de la déclaration en détail, qui a été réservé dans un premier temps à certaines catégories de marchandises -les marchandises en vrac et les marchandises périssables-. Actuellement, nous l’avons étendu à toutes les marchandises importées. Je passerai également au troisième point consistant au contrôle sélectif ou ciblé. L’administration a accordé une importance particulière à ce système de contrôle de dédouanement. Actuellement, notre système est organisé sur des paramètres, objectifs bien sûr, avec des critères, et aléatoires. Dans ce cadre, 85% des opérations sont admises pour confort et ne sont pas soumises à la vérification physique. C’est pourquoi je reviendrai sur la question qui a été tout à l’heure développée par mon collègue et mon confrère, M. Alaoui. Il y a la mise en place d’une procédure permettant le calcul de délais de dédouanement des 164 La facilitation du transport international de marchandises entre les deux rives de la Méditerranée Occidentale marchandises. C’est une procédure informatisée qui permet d’assurer un suivi précis des opérations de dédouanement, c’est-à-dire la traçabilité, aussi bien par l’administration que par les opérateurs économiques. À titre d’exemple, je vais vous donner des statistiques. Le délai moyen de dédouanement des marchandises, qui était environ en juin 97 de 5 jours et de 24 heures au mois de septembre 98, a été ramené à 7 heures en moyenne au mois d’août 99. Dans le second semestre de l’année 2000, le délai de dédouanement moyen enregistré est d’1 heure 30 minutes, et 75% des opérations ont obtenu leur mainlevée en moins d’heure. Quant au dédouanement à domicile, nous développons ce mode de dédouanement et nous essayons également de développer les centres de dédouanement dans les zones industrielles à grande concentration. Cela illustre bien entendu l’option de rapprochement de l’administration des usagers de ces services. Il y a également, pour les régimes douaniers voués à la promotion des exportations, un accompagnement qui a consisté en une meilleure maîtrise du suivi de ces opérations, une traçabilité en temps réel accessible aux services et à l’entreprise, l’édition de mainlevée dans l’entreprise, de nouvelles formes de fonctionnement mises en vigueur (je passerai brièvement, parce qu’en fin de compte, je ne peux pas développer ces modules), les contraintes liées à la transformation et à l’utilisation des entrants sont prises en charge. Nous tenons également le problème des tolérances à l’importation en ce qui concerne les aléas climatiques, les degrés hydrométriques et ce, pour le bois, pour les matières textiles, des tolérances en volume, en poids, en piétage, etc. Nous avons pris en considération ces normes et nous les appliquons dans le cadre des importations pour permettre d’éviter des contentieux inutiles aux opérateurs. Je parlerai également de la gestion personnalisée. Actuellement, dans un souci de simplification des modes de gestion des opérations, il a été décidé par mon administration d’instaurer une gestion personnalisée au profit de certaines entreprises présentant bien entendu les garanties requises. Ces fonds de gestion font l’objet d’une étude individualisée. Ils sont fixés au cas par cas en tenant compte des spécificités sectorielles aux branches d’activité. Je parlerai également de l’élaboration d’une procédure simplifiée spécifique pour les dédouanements de certains envois. Et je citerai à titre d’exemple l’utilisation d’un seul crédit d’enlèvement couvrant exclusivement les opérations au niveau des bureaux douaniers informatisés, au lieu de plusieurs crédits locaux, et l’institution de circuits verts et rouges au profit des voyageurs empruntant, soit les aéroports, soit les gares maritimes ou portuaires. Ces actions illustrent l’effort de simplification, de souplesse et de transparence dans la gestion des opérations. Au niveau des méthodes, parce qu’en fin de compte nous avons parlé des procédures, nous avons adopté une approche participative qui constitue la norme pour l’adoption de toute mesure ayant un impact interne et sur l’entreprise. Ainsi, les grandes réformes introduites ces dernières années sont le fruit de la concertation directe avec toutes les parties concernées, publiques et privées. La révision des codes illustre parfaitement cette approche car, pour ce faire, il a été fait appel à tous les départements administratifs et aux associations professionnelles concernés, ainsi qu’à des expertises internationales. Par ailleurs, la concertation actuellement est institutionnalisée, tant au niveau central que local, notamment via des commissions prévues par le code des douanes, tel qu’il a été modifié. Dans un souci d’efficacité et de célérité, nous avons opté également pour la déconcentration, en tant que pratique administrative. Les services extérieurs sont dotés actuellement des 165 La facilitation du transport international de marchandises entre les deux rives de la Méditerranée Occidentale pouvoirs les plus larges pour la prise en charge sur le site opérationnel. L’administration centrale se consacre actuellement à des missions de conception, d'instruction, de contrôle et d'évaluation et, bien entendu, de recours et d’arbitrage. La création de directions régionales appelées à encadrer, à harmoniser et à dynamiser les services relevant de leurs circonscriptions territoriales, constitue une illustration de cette approche. Nous avons également opté pour la formation et l’information. C’est dans ce sens qu’actuellement, la formation et l’information requièrent un soin particulier pour une mise à niveau des services et des professionnels intéressés, en particulier lors de lancements de nouveaux produits. Tous les moyens sont utilisés : il y a des cycles de formation spécialisée, des séminaires, des rencontres avec la presse, on a recours aux technologies modernes de l’information (site Internet, le numéro vert, l’e-mail). Il y a également la rationalisation et la maîtrise, c’est-à-dire la gestion de tous les régimes douaniers. Je passerai au plan informatique pour parler des nouvelles technologies de l’information et de la communication, et j’insiste pour rappeler à ce propos que l’utilisation de l’informatique permet le traitement avec célérité et fiabilité des opérations de dédouanement. À ce sujet, il convient de signaler les actions suivantes (elles sont citées à titre d’exemple). Il y a l’optimisation de l’outil informatique dans le processus de dédouanement. Il y a le dépôt informatique de la déclaration sommaire et de la déclaration en détail, comme je l’ai annoncé tout à l’heure. Il y a l’informatisation de la totalité du circuit de dédouanement. Il y a l’informatisation de la gestion des comptes sous régimes économiques et des quotients. Il y a l’édition informatique des fiches d’imputation, des fiches qui permettent l’apurement des comptes sous régimes économiques dans le cadre des exportations ; ces fiches, qui étaient initialement servies manuellement, se font actuellement par le truchement de l’informatique. Il y a la mise en place d’un système interactif permettant à l’opérateur de se renseigner dès le dépôt de sa déclaration sur l’évolution de l’opération de dédouanement et sur la situation de ses comptes. Il y a la consultation par les entreprises des soldes de leurs comptes sous régimes économiques. Il y a l’édition des mainlevées. Il y a également la cotation automatique et la liquidation des droits et des taxes, le suivi des délais de dédouanement. Nous avons opté également pour la transparence et, à ce sujet, je dirai qu’il y a l’utilisation du site web de l’administration pour une meilleure transparence au niveau des passations de tous les appels d’offre, etc. Il y a également la mise en place d’une rubrique des douanes servant à mettre en ligne certains produits intéressants pour les usagers de l’administration. Cette rubrique est la première phase du programme qui vise la dématérialisation, parce qu’actuellement, nous allons lancer incessamment un produit sur la dématérialisation totale de l’ensemble des opérations douanières. C’est un programme très ambitieux. Nous tablons sur ce programme et nous souhaitons dans un premier temps nous limiter à cinquante entreprises –nous les avons ciblées- pour l’étendre éventuellement à l’ensemble des opérateurs qui effectuent leurs opérations de dédouanement. Je vous remercie. 166