Impact de l`endettement extérieur sur la croissance économique en

Impact de l’endettement extérieur sur la croissance économique
en Guinée (Résumé)
Par : Baïlo DIALLO
Publication : 2007
60 pages.
Après quarante huit années d'indépendance et nonobstant plusieurs décennies des programmes
d'aides publiques au développement, le résultat économique de la Guinée reste mitigé et loin
d'être adéquat. Le pays se trouve aujourd'hui dans une situation économique et financière très
précaire. Sur les 177 pays classés dans l'indice 2005 du développement humain du PNUD, il
arrive au 156é'ne rang et Tranparency International le classe au 4eme rang mondial des pays
les plus corrompus. Tous les indicateurs macroéconomiques sont en dessous des normes
acceptables : inflation incontrôlable, dépréciation continue de la monnaie, détérioration des
termes de l'échange, niveau de corruption élevé. Au plan social, il apparaît une pauvreté
grandissante, avec plus 40% de la population guinéenne vivant en dessous du seuil de
pauvreté et près de 70 % de cette population n'a pas accès à l'eau potable et à l'électricité.
La gestion des finances publiques est également confrontée à des difficultés dans la
mobilisation des recettes intérieures et le manque de concours extérieurs. Cela entraîne un
niveau élevé de l'endettement intérieur qui sert à financer le déficit budgétaire. Le niveau
d'endettement du trésor reste élevé vis-à-vis de la Banque Centrale empêchant ainsi
l'épanouissement du secteur privé. En 2004, le niveau d'endettement auprès de la Banque
Centrale était de 197,4 milliards de Francs Guinéens (GNF). L'importance de la dette
extérieure (qui est passée de 327. 8 à 3 456. 7 millions de dollars entre 1970 et 2003) et le
problème lié au service de la dette (passé de 15 à 131.1 millions de dollar au cours de la
même période) viennent ainsi s'ajouter aux nombreux maux dont souffre la Guinée ;
compromettant ainsi tout effort de développement. Faute de disponibilités de devises, l'Etat
guinéen honore difficilement ses échéances de dette extérieure. D'où le choix de ce thème afin
d'examiner l'impact de la dette sur la croissance économique et de proposer des solutions de
politiques économiques notamment en matière de gestion de la dette.
Afin d'évaluer l'effet de l'endettement extérieur sur la croissance, l'étude s'est inspirée du
modèle de Patillo et al. qui a été adapté conformément à la disponibilité des données et aux
réalités économiques de la Guinée. Les indicateurs de la dette extérieure choisis sont le ratio
du service de la dette sur exportations et celui de l'encours de la dette sur exportations. Il est à
rappeler que les ratios d'endettement ont été conçus principalement pour aider à indiquer les
risques potentiels liés à la dette et épauler ainsi une saine gestion de la dette. Plusieurs
variables susceptibles d'influencer de façon différente la croissance ont été intégrées dans le
modèle. Il s'agit du taux de croissance du PIB par habitant décalé d'une période, du taux de
croissance de la population, du taux d'investissement, du degré d'ouverture et du taux de
dépréciation de la monnaie. Une variable dummy a été également prise en compte pour capter
l'implication du changement de régimes avec toutes les politiques économiques qui ont
accompagné ce changement.
L'hypothèse de base formulée est que l'investissement affecte positivement la croissance
tandis que le ratio service de la dette sur les exportations l'affecte négativement. Divers tests
statistiques ont permis à l'aide du logiciel EVIEWS (version 5.1) de prouver les hypothèses
d'études. La vérification du test de stationnarité et celui de la cointegration a permis d'utiliser
la méthode économétrique la mieux adaptée pour l'estimation c'est-à-dire le Modèle à
Correction d'Erreur.
Les résultats de l'estimation du modèle dynamique indiquent que le ratio du service de la dette
négativement corrélé à la croissance économique. Toutefois, de par son coefficient,
l'accroissement du ratio de l'encours de la dette par rapport à la principale source de revenu
(les exportations) est la principale cause des faibles performances économiques de la Guinée.
Toutes les variables prises ensemble, ce sont le taux d'investissement et le développement du
capital humain qui sont les sources de la croissance tandis que le pays profite peu de son
ouverture commerciale et de la dépréciation de sa monnaie bien qu'étant toutes positivement
corrélées au taux de croissance du PIB par habitant. Le coefficient du terme d'erreur relatif à
l'équation de la croissance est négatif (-0.14) et statistiquement significatif. Ce qui signifie
qu'on arrive à ajuster 14% du déséquilibre entre le niveau désiré et celui effectif de la
croissance. Ce qui prouve également que la dette externe a eu des implications négatives sur
la croissance.
Il est indéniable qu'un endettement non soutenable est un frein pour la croissance. II exerce
une pression non négligeable sur les ressources domestiques qui autrement auraient pu servir
à financer les investissements essentiels, notamment en biens publics. II envoie de mauvais
signaux aux agents économiques quant à la stabilité de l'environnement macroéconomique.
L'endettement agit sur la croissance comme les autres variables de conjoncture telles que le
déficit budgétaire et le taux d'inflation. Ces variables peuvent gêner la croissance si elles ne
sont pas maîtrisées.
Pour réduire au minimum l'exposition de risque et aider à la restructuration de la dette et
assurer ainsi une croissance soutenable à long terme, un certain nombre de recommandations
ont été formulées. II s'agit entre autre de :
• gérer efficacement la dette extérieure et surtout l'utiliser à des fins d'investissement ;
• réduire le déficit d'infrastructures et diversifier la base d'exportation ;
• renforcer les capacités institutionnelles et humaines notamment la lutte contre la
corruption ,
• assurer un environnement macroéconomique stable afin de stimuler la croissance.
Enfin, le succès de l'Initiative PPTE réside dans sa capacité à créer les conditions de liquidité
et de solvabilité durables des pays qualifiés bénéficiant des financements extérieurs. Un fort
endettement qui ne s'accompagne pas d'investissements productifs demeure un désastre aussi
bien pour la Guinée que pour les créanciers. La conditionnalité de l'aide doit également être
axée sur la responsabilité fiduciaire et la transparence des rapports par le biais des systèmes
nationaux et moins sur les objectifs macroéconomiques de grande envergure et un
engagement plus solide de renforcement des institutions et des capacités nationales.
Descripteurs :
Guinée, croissance économique, endettement
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