Meyssat en rêve la nuit

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Meyssat en rêve la nuit
VENDREDI 2 DÉCEMBRE 2016 LE PROGRÈS
SPORTS LYON ET RÉGION
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T R AIL S A IN TÉ LYON
Meyssat
en rêve la nuit
Installé à Larajasse à six kilomètres du parcours de la SaintéLyon, l’international de course en
montagne entretient une relation
d’amour à sens unique avec
l’épreuve solo (72 km) qu’il n’a
jamais terminée. Un an après sa
victoire dans la Saintexpress, il
s’y essaye à nouveau à 36 ans.
n Emmanuel Meyssat lors de la SaintéLyon 2010 qu’il avait abandonnée, tétanisé par le froid alors qu’il était en tête. Photo Maxime JEGAT
« J’
étais maudit. Je m’étais même
dit que je ne la referai plus. »
De guerre lasse, Emmanuel Meyssat
avait laissé tomber l’idée de briller un
jour dans la nuit de la SaintéLyon. Trop
long pour lui, le spécialiste des cross et
trails courts, pilier de l’équipe de France de course en montagne. Et puis, il y
avait tous ces mauvais souvenirs.
Quatre fois il l’avait préparée d’arrache-pied au début des années 2010.
Quatre fois il a échoué, deux fois en se
blessant avant le départ, deux fois en ne
voyant pas l’arrivée. En tête de la course en 2010, il avait dû abandonner les
muscles tétanisés par le froid. L’année
suivante, il avait vidé ses tripes dans un
fossé de SaintChristo-en-Jarez
après vingt
bornes.
Quelle ingratitude de
la part de la doyenne pour qui il voue un Alors quand il a constaté que les jambes
culte ! « La SaintéLyon, dit-il, c’est sen- tournaient encore pas mal à l’orée de
timental. Cette course m’habite. Je ne l’automne, il s’est dit “pourquoi pas ?”.
m’explique pas vraiment pourquoi, «Après ma 12e place aux Mondiaux de
c’est comme ça. J’aimerais aller au bout course de montagne en Bulgarie, de
loin mon meilleur résultat, je me suis dit
au moins une fois. »
Il y est comme chez lui. Du temps où il que j’avais encore de beaux restes. J’ai
hésité parce que ça fait
courait avec le maillot
un an que je n’ai pas
de l’AC Ondaine
La SaintéLyon, fait de coupure. Mais
Firminy, c’était un renje suis quand même redez-vous annuel en re- c’est sentimental.
parti pour une Saintélais à quatre. Et depuis
Cette course
Lyon, sans pression,
quelques années, il
en me disant que je
s’est installé dans une m’habite ~
jolie petite ferme à LaEmmanuel Meyssat commençais la préparation et que je verrai
rajasse, à six kilomèbien si ça tient justres à peine de SainteCatherine, épicentre du trail nocturne. qu’au bout. L’idée, c’était de ne pas se
L’an passé, il avait vaincu une première prendre la tête et de s’inscrire au tout
fois la malédiction en triomphant de la dernier moment. »
SaintExpress. « Mais ce n’est pas Il s’est donné les moyens à coup de sor“THE” SaintéLyon, la vraie, de ties de quatre heures, inédites pour lui,
mais nécessaires pour digérer les 72 ki72 km », reconnaît-il.
} lomètres : « Pour un coureur de courtes distances, deux mois, c’est un peu
juste physiologiquement, confie-t-il.
Mais je me dis que c’est une course de
“seulement” 5 heures. Ça peut tenir. Il y
a trois semaines, j’étais encore très bien.
Depuis deux semaines, les sensations
ne sont plus exceptionnelles. J’espère
que je ne suis pas passé de l’autre côté
de la tranche… »
Réponse dans la nuit de samedi à dimanche dans l’une des éditions les plus
ouvertes de ces dernières années.
Benjamin Steen
n Programme (3-4 décembre)
SAINTÉLYON solo et relais 72 km : départ à
23 h 40
SAINTEXPRESS 44 km (Ste-Catherine - Lyon) :
23 h 00
SAINTÉSPRINT 22km : (Soucieu-Lyon) :
23 h 00
SAINTÉTIC 12 km (Chaponost-Lyon) : 23 h 00
Stuck, la tête à l’envers
n Yoann Stuck. Photo Pierre AUGROS
RHO - 1
Yoann Stuck s’est décidé la semaine
dernière à courir la SaintéLyon. Sur
un coup de tête, parce que c’est
ici que tout a commencé pour le
Lyonnais il y a quatre ans :
« C’était ma première sortie
longue », se souvient-il.
Depuis, le traileur le plus
barbu du circuit a fait du
chemin : 13e en 2013,
8e en 2014 de la classique nocturne, deux fois
deuxième de l’Eco trail
de Paris (2015 et 2016), etc. Devenu
ambassadeur pour un équipementier, il court désormais la planète
dans tous les sens. Rien qu’en novembre, il s’est aligné au Trail de Rodrigues dans l’Océan indien avant de repasser par Charles-de-Gaulle et de
s’envoler dans la foulée pour un
50 km à… Santiago du Chili. Bonjour
le jetlag ! « J’ai eu du mal à digérer,
admet-il. Du coup, j’ai été victime
d’un gros étourdissement en course.
J’ai dû dormir trois heures avant de
repartir… Ensuite, je suis resté une
semaine sur place pour en profiter.
J’ai fait l’ascension d’un volcan. Malheureusement, je me suis fait mal à
une côte en descendant en luge. »
C’est dans cet état incertain qu’il se
présente au départ de la SaintéLyon.
A priori, ce sera dur de se mêler à la
bagarre. Mais on ne sait jamais sur ce
parcours qui convient à ses qualités :
« Je ne viens pas faire une balade, ditil. Je vais partir devant et on verra. »
B.S.
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