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TRADUIRE AU QUÉBEC : VERS UN NOUVEL IMAGINAIRE?
COLLOQUE ANNUEL DE L’ACADÉMIE DES LETTRES DU QUÉBEC
Vendredi 18 octobre 2013
Centre d'archives de Montréal (BanQ)
535, avenue Viger Est
Montréal
Métro Berri-UQAM ou Champ-de-Mars
ENTRÉE LIBRE
Informations: [email protected]
9h 00:
Mot de bienvenue, Pierre Nepveu, membre du comité organisateur
Ouverture du colloque, Émile Martel, Président de l’Académie des lettres du
Québec
Présentation du conférencier d’honneur, David Bellos, par Françoise
Guénette, animatrice de la journée
Françoise Guénette est journaliste indépendante et animatrice. Elle a été
reporter à la radio de Radio-Canada, animatrice d’émissions de télévision et corédactrice en chef du magazine La Vie en rose.
9h 15 :
Conférence du professeur David Bellos, Université Princeton, auteur de Le
Poisson et le bananier, une fabuleuse histoire de la traduction (Flammarion
2012), biographe et traducteur de Georges Perec, auteur d’études sur Romain
Gary et Jacques Tati, traducteur plusieurs fois primé.
10h 45-11h 00 : Pause-café
11h 00-12h 30 : Panel : La traduction littéraire au Québec
Participants :
Lori Saint-Martin, romancière, critique, et traductrice avec Paul Gagné d’une
quarantaine d’ouvrages de littérature canadienne-anglaise.
Hugh Hazelton, poète et traducteur de l’espagnol, du français et du portugais
vers l’anglais. Il est directeur du programme de traduction littéraire au centre
Banff.
Dominique Fortier, traductrice et romancière. Elle a publié une vingtaine de
traductions littéraires, d’écrivains canadiens et étrangers et elle est l’auteure de
trois romans : Du bon usage des étoiles, Les larmes de saint Laurent et La porte
du ciel.
12h 30 : Déjeuner
14h 15 : Panel : La traduction au théâtre
Participants :
Jean-Marc Dalpé, dramaturge, romancier, poète, comédien et traducteur. Il
a œuvré au Théâtre du Nouvel Ontario avec Brigitte Haentjens avant de
développer une œuvre forte, diversifiée, couronnée par de nombreux prix. Sa
traduction du Hamlet de Shakespeare au Théâtre du Nouveau Monde en 2011 a
été saluée par la critique.
Paul Lefebvre, traducteur, metteur en scène et professeur de théâtre. Il a
travaillé au Centre national des Arts comme directeur artistique fondateur de la
biennale Zones Théâtrales et adjoint artistique de Denis Marleau, après avoir été
directeur littéraire au Théâtre Denise-Pelletier. Il est conseiller dramaturgique au
CEAD depuis janvier 2010.
Maryse Warda, traductrice en français de plusieurs pièces de théâtre de langue
anglaise, notamment de George F. Walker, Daniel Brooks, David Hare, John
Mighton, Harold Pinter et Philip Ridle. Longtemps collaboratrice du Théâtre de
Quat’sous, elle a été Directrice générale adjointe de l’École nationale de théâtre
de 2002 à 2004.
Lorraine Pintal est directrice artistique et générale du Théâtre du Nouveau
Monde à Montréal depuis 1992.
15h 45-16h 00 : Pause-café
16h 00-17h 30 : La traduction : quel rôle pour la culture québécoise?
Participants :
Pierre Anctil, traducteur d’une dizaine d’ouvrages du yiddish au français,
essayiste et auteur de plusieurs études sur les relations interculturelles au
Québec.
Kevin Tierney, auteur et producteur notamment du film à succès, Bon Cop, Bad
Cop. (2006)
Abla Farhoud, dramaturge et romancière, auteure, entre autres, des romans Le
bonheur a la queue glissante, Le fou d'Omar et Le Sourire de la Petite Juive.
Mot de la fin: Sherry Simon, membre du comité organisateur
17h 30 : Vin d’honneur
Argumentaire
La question de la traduction, de ses enjeux intellectuels et esthétiques, n’a
guère préoccupé les écrivains québécois jusqu’à une date assez récente. En
1975, Jacques Brault faisait figure de pionnier en joignant à ses traductions de
poésie canadienne-anglaise et américaine, dans Poèmes des quatre côtés, une
réflexion sur l’acte de traduire et sur le « décentrement » qu’il suppose. Jusque
là, c’est surtout sous l’angle de l’usage public, trahissant la dépendance et la
précarité du français au Québec, qu’était envisagée la question. Que ce soit sur
le plan de la pratique quotidienne ou sur celui de la littérature, « les clefs de la
traduction appartiennent aux puissants », remarquait d’ailleurs Brault, en
songeant sans doute au fait que les langues hégémoniques nous obligent à les
traduire, mais qu’elles ont aussi le pouvoir de traduire, comme en témoigne le fait
que c’est essentiellement par la France que nous avons toujours eu accès aux
œuvres littéraires étrangères, y compris la plupart des œuvres nord-américaines.
Quelle peut être la place de la traduction dans une petite littérature
comme celle du Québec? Que dit-elle de la vitalité de la langue et de la culture
où elle se pratique? Chose certaine, la situation linguistique et littéraire a
beaucoup évolué depuis la fin des années 1970. À Montréal surtout, jamais le
français ne s’est trouvé autant en rapport avec d’autres langues, jamais aussi il
n’a autant assumé sa propre diversité d’accents et de registres. Sur le plan
littéraire, la légitimité nouvelle du français et de sa variante québécoise,
inséparable d’une culture et d’une sensibilité propres, a forcément entraîné une
revalorisation de la traduction, notamment dans le domaine du théâtre, où il est
devenu habituel de traduire ici les pièces étrangères. L’essor se manifeste
également dans le domaine du roman : si un Jean Simard faisait plutôt figure
d’exception, dans les années 1950-1960, en tant que romancier traducteur, il
n’en est plus de même aujourd’hui où plusieurs écrivains québécois ont une
pratique de la traduction romanesque et donnent des versions de qualité de
romans écrits surtout en anglais, la réciproque étant d’ailleurs vraie puisque
Montréal est aussi un haut-lieu de la traduction en anglais des œuvres
québécoises.
La poésie n’est pas en reste, puisque depuis les années 1980, la plupart
des principaux éditeurs, comme aussi certaines revues, proposent des œuvres
traduites de l’anglais, de l’espagnol, de l’italien, voire du persan et du coréen,
etc. La représentation de l’acte de traduire, dans un film récent de Bernard
Émond où le personnage principal travaille à traduire un poète polonais, paraît à
cet égard significatif d’un phénomène plus large, d’une circulation et d’un
entrecroisement des langues et des imaginaires caractérisant les créations
culturelles québécoises aujourd’hui. Cela est particulièrement sensible au
cinéma, notamment par la présence fréquente d’autres langues (l’anglais, les
langues amérindiennes, l’arabe, l’espagnol) traduites par des sous-titres. Que
penser en outre des « effets de traduction » qu’implique l’adaptation
cinématographique de la pièce Incendie de Wajdi Mouawad par Denis Villeneuve
et de la relation intime qui s’y joue entre le français et l’arabe?
Sans prétendre aborder tous les aspects de la question, le présent
colloque voudrait prendre acte de cette pratique importante de la traduction
littéraire et artistique au Québec et en mesurer la signification et la portée. Quel
est l’apport de la traduction à la culture québécoise actuelle? Que disent ces
pratiques très diverses de la circulation entre les langues et les imaginaires?
Que tirent les écrivains eux-mêmes de leur expérience de la traduction, y
compris lorsqu’ils sont eux-mêmes traduits? Bref, c’est une brève enquête sur
cet espace de relation et de transaction ouvert par l’acte de traduire que nous
voudrions au moins amorcer.

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