Ahmad J amal | S amedi 13 décembre
Transcription
Ahmad J amal | S amedi 13 décembre
SAMEDI 13 DÉCEMBRE – 20H Ahmad Jamal Ce concert se déroulera sans entracte. Fin du concert vers 21h30. Ahmad Jamal | Samedi 13 décembre Ahmad Jamal, piano James Cammack, contrebasse Manolo Badrena, percussions James Johnson, batterie Ahmad Jamal : maître du suspens Un demi-siècle après être entré dans la légende au Pershing Lounge de Chicago, en 1958, en enregistrant l’album culte But Not For Me (plus d’un million de disques vendus !), Ahmad Jamal est toujours là, magnifique et unique. À soixante-dix-huit ans, il déborde de verdeur et de vitalité et n’a rien perdu de son élégance et de son actualité. Victoire du jazz 2008 pour son album It’s Magic (Dreyfus Jazz), il demeure, toujours vif et inventif, l’un des tout derniers « géants du jazz » sur la crête de la créativité permanente. Magicien des sons ! Voilà une appellation qui lui va comme un gant. Main de fer dans un gant de velours, bien sûr. Il faut le voir sur scène. Plus précisément, le voir écouter sa musique. Dos au public, face à ses musiciens, Jamal s’affirme très directif. « Je sais exactement ce que je veux. » Toujours aux aguets, il dirige son quartet avec autorité et vigilance, corrigeant d’un index impérieux l’écart imprévu d’un soliste. Ses musiciens le savent : rien ne lui échappe. C’est pour cela qu’ils aiment tant partager avec lui son aventure musicale. Ainsi, depuis vingt-sept ans, le contrebassiste James Cammack joue à la perfection « l’extension de sa main gauche ». Pour le concert de Pleyel, Ahmad Jamal a confié à un nouveau venu, James Johnson (comme par hasard natif de Pittsburgh), la dure tâche de remplacer derrière ses tambours le fidèle Idriss Muhammad, pour lui donner tout ce qu’il attend d’un batteur : « la sensibilité à la pulsation, le mouvement, le groove, la complexité ». En un mot, la danse. Quant à Manolo Badrena, ancien compagnon de Weather Report, il est le quatrième mousquetaire du groupe. Avec ses percussions toujours précises et pertinentes, il participe magnifiquement à la réactivité éprouvée, dévouée, enjouée du quartet. Ahmad Jamal se définit d’abord comme un « Pittsburgher » : « tous les habitants de Pittsburgh ont développé un truc qui les rend différents. » C’est dans cette cité minière qui a vu naître Art Blakey, Kenny Clarke, Ray Brown mais aussi d’importants pianistes (Earl Hines, Mary Lou Williams, Billy Strayhorn, Dodo Marmarosa et, bien sûr, son maître Erroll Garner) qu’il vit le jour en 1930, fils d’une mère femme de ménage et d’un père ouvrier. Il découvre le piano à l’âge de trois ans, compose à dix et débute professionnellement à onze en jouant des œuvres d’Ellington et de Liszt. À l’aube des années cinquante, il participe au Four Strings, quartet qui perdra vite son violon et troquera guitare contre batterie pour se transformer peu à peu, tout naturellement, en trio. En 1956, avec la complicité de Vernell Fournier à la batterie et Israël Crosby à la contrebasse, il expérimente une autre idée du trio piano-contrebasse-batterie. Chacun des trois musiciens y joue à égalité. Avec une science exacte des ruptures et des contrastes, ils peuvent ensemble, dans ce carcan élastique, inventer une manière libre et neuve de converser, d’écouter et de parler en même temps. En virtuose de la litote, Jamal donne à ce triangle miraculeux, grâce à la savante imbrication et la complémentarité des trois musiciens, une poétique et une dynamique, une coloration et une cohésion profondément originales. C’était soudainement l’intrusion du drame dans le piano-bar. 2 samedi 13 décembre « Beaucoup de musiciens de ma génération sont marqués par la notion de drame. Si ma musique est différente, c’est que ma musique a été depuis l’enfance marquée par la tragédie. C’est pour cela que ma musique est constamment tonale. » L’anecdote est devenue historique. Au milieu des années cinquante, Miles ne cessait de persécuter Red Garland, le pianiste de son quintette, en lui intimant l’ordre d’écouter chaque jour un disque d’Ahmad Jamal. C’est dire l’admiration que le trompettiste vouait au pianiste. Pourquoi ? Personne avant lui n’avait su développer un tel sens de l’espace et du silence, du passage de la frappe la plus puissante au toucher le plus léger. Ce n’est pas par hasard si Keith Jarrett le désigne toujours comme son influence majeure. Après une longue éclipse due à la faillite de son club chicagoan l’Alhambra en 1961 et à ce que l’on appelle des « problèmes personnels », Ahmad Jamal est finalement revenu, il y a vingt ans, sur le devant de la scène. Grâce à l’opiniâtreté et l’amitié d’un Français passionné, mort en 2005 : Jean-François Deiber. C’est lui qui, en juin 1988, eut la lumineuse idée d’inviter ce pianiste alors oublié dans son festival de Boulogne-Billancourt, le TBB Jazz. C’est lui qui sut alors le convaincre de retrouver le chemin des studios et les feux de la rampe. Pour le remettre enfin à sa vraie place : en plein soleil. Mission accomplie ! Depuis, Ahmad Jamal a retrouvé une seconde jeunesse, ne cessant d’enregistrer, de tourner et de triompher de par le monde. Comme le 26 octobre 1996 dans cette même salle, lors d’un concert éblouissant dont un disque Live in Paris (Birdology) porte heureusement témoignage. « Maintenant, dit-il, si je m’assois au piano, c’est d’abord pour me faire plaisir. » Jamal a-t-il donc changé ? Oui et non. Son toucher est toujours d’une sensualité sans pareille. Alternant les attaques percussives et les chapelets de perles cristallines délicatement égrenées, il joue comme personne de l’étendue de son clavier. Sa musique concilie aujourd’hui l’économie de moyens du pianiste qu’il était dans les années cinquante (beaucoup d’espace) et la brillance extravertie dont il sait faire preuve. Avec encore plus d’évidence qu’hier, elle allie intuition et délicatesse, « ordre et beauté, luxe, calme et volupté ». Doué d’un swing ailé, avec un sens inné de l’architecture et de l’épure (« ma pensée musicale est d’abord orchestrale »), il construit ses improvisations comme des collages ou des poupées gigognes. Il introduit, décale, comble, relâche, cisèle, étire, renverse, bouscule ses solos avec un art très allusif de la mise en scène. Troué de fusées d’arpèges, pailleté de fulgurances rythmiques, son jeu sait aussi se nacrer d’irisations harmoniques inouïes. Avec l’énergie d’un jeune homme, Ahmad Jamal impose aujourd’hui son style flamboyant fait de suspensions et de réitérations contrôlées. Comme un vrai maître du suspens. Pascal Anquetil 3 Salle Pleyel | Prochains concerts DU mercredi 17 AU mardi 23 décembre 2008 MERCREDI 17 DÉCEMBRE, 20H JEUDI 18 DÉCEMBRE, 20H Richard Dubugnon Concerto pour violon (commande de Musique nouvelle en liberté, création) Gustav Mahler Das Klagende Lied (version originale de 1880) Orchestre de Paris Esa-Pekka Salonen, direction Janine Jansen, violon Melanie Diener, soprano Lilli Paasikivi, alto Jon Villars, ténor Sergei Leiferkus, basse Didier Bouture, Geoffroy Jourdain, chefs de chœur SAMEDI 20 DÉCEMBRE, 20H MARDI 23 DÉCEMBRE, 20H Cecilia Bartoli Récital Autour de Rossini Taraf de Haïdouks Maskarada Cecilia Bartoli, mezzo-soprano Sergio Ciomei, piano Airs et mélodies de Gioacchino Rossini, Vincenzo Bellini, Gaetano Donizetti, Maria Malibran et Manuel del Pópulo Vicente García. DIMANCHE 21 DÉCEMBRE, 16H Piotr Ilitch Tchaïkovski Concerto pour violon Dmitri Chostakovitch Symphonie n° 8 Taraf de Haïdouks, ensemble tsigane de Roumanie Gheorghe Falcaru, flûte Anghel Gheorghe, Robert Gheorghe, violons Sébastien Giniaux, violoncelle Paul Giuclea, Constantin Lautaru, voix, violons Ilie Iorga, voix Marin Manole, accordéon P. Marin Manole, voix, accordéon Ion Tanase, grand et petit cymbalum Viorel Vlad, contrebasse Filip Ankov Simeonov, clarinette et invités VENDREDI 19 DÉCEMBRE, 20H Esa-Pekka Salonen Concerto pour piano (création) Jean Sibelius Les Légendes de Lemminkäinen Orchestre Français des Jeunes Dennis Russell Davies, direction Laurent Korcia, violon Imprimeur SIC | Imprimeur FRANCE REPRO | Licences 7503078, 7503079, 7503080 Orchestre Philharmonique de Radio France Mikko Franck, direction Yefim Bronfman, piano Mécène de l’art de la voix Les partenaires média de la Salle Pleyel