Les yeux rencontrés au coin d`un bazar À quoi rêvaient-ils

Transcription

Les yeux rencontrés au coin d`un bazar À quoi rêvaient-ils
Les yeux rencontrés au coin d’un bazar
À quoi rêvaient-ils ces grands yeux bizarres
Ah Paris palpite après qu’il a plu
Plaira-t-il encore autant qu’il a plu
Dans l’eau du ruisseau des bouquets de fleurs
S’en vont effeuillant toutes les couleurs
Je verrai toujours la Chaussée-d’Antin
Ses trottoirs de Parme au pied des putains
Les indifférents le soir et les voitures
Les voilettes d’ombre et les aventures
On faisait trois pas vers la Trinité
Le temps d’hésiter on s’était quitté
Dans le brouhaha gare Saint-Lazare
Pourquoi pleurent-ils ces yeux de hasard
Ah Paris Paris tu ne chantes pas
Tu tournes la tête et traînes le pas
C’est l’heure du gaz et des imprudences
Les squares sont faits pour les confidences
C’est l’heure du gaz que n’allumes-tu
Que n’allumes-tu Mais Paris s’est tu
Louis Aragon, « L’inconnue du printemps », Il ne m’est Paris que d’Elsa, Seghers, 1975, réed., coll.
‘Poésie d’abord’ Paris, 2005

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