23.Moline2009

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23.Moline2009
DE LA MANIÈRE
Nelly Flaux et Estelle Moline
Armand Colin | Langages
2009/3 - n° 175
pages 3 à 14
ISSN 0458-726X
Article disponible en ligne à l'adresse:
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Pour citer cet article :
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Flaux Nelly et Moline Estelle, « De la manière »,
Langages, 2009/3 n° 175, p. 3-14. DOI : 10.3917/lang.175.0003
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Nelly Flaux
Université d’Artois
GRAMMATICA, JE 2489
Estelle Moline
Université du Littoral – Côte d’Opale
HLLI-CERCLE, EA 4030
De la manière
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La notion de manière, si familière aux pédagogues et aux linguistes, nous a
semblé devoir être ré-interrogée 1, en raison même de son caractère familier, car
celui-ci peut cacher un grand flou. D’où ce numéro, qui présente sept articles à
elle tout entiers consacrés.
Qu’est-ce que la manière ? Est-ce une catégorie ontologique, comme le suggère, entre autres, M. Haspelmath (1997 : 29-30) à la suite de R. Jackendoff
(1983) ? Un primitif sémantique ? Si c’est le cas, il est vain de vouloir la définir.
S’il s’agit d’une catégorie ontologique, il est préférable de se mettre d’accord
sur ce qu’on entend par cette expression elle-même, avant d’essayer de caractériser la « manière » autrement qu’en utilisant le mot manière lui-même ou le mot
mode - ce qui revient au même 2.
Une fois établi le statut de cette notion, et précisé ce qui la distingue de
notions apparentées comme le moyen et l’instrument, ou plus vaguement liées,
* Nos vifs remerciements à Dejan Stosic dont les remarques critiques et les suggestions nous ont
été très utiles.
1. Pour une tentative stimulante de mise au point, voir M.-N. Gary-Prieur (1982).
2. Le Vocabulaire technique et critique de la philosophie d’A. Lalande ne consacre pas d’entrée au
terme manière. Est rappelée entre autres la définition cartésienne de mode « Lorsque je dis ici façon
ou mode, je n’entends rien d’autre que ce que je nomme ailleurs attribut ou qualité » (Descartes,
Principes de la philosophie I, 46, cité p. 637-638). « Manière » (« modus ») est l’objet d’une des premières « définitions » de l’Ethique de Spinoza : « Par manière, j’entends les affections d’une substance, autrement dit, ce qui est en autre chose, et se conçoit aussi par cette autre chose » (texte
latin : « Per modum intelligo substantiae affectiones, sive id, quod in alio est, per quod etiam
concipitur » trad. B. Pautrat : 14-15). Le nom manière utilisé dans la langue courante vient de
maniérer formé à partir de l’adjectif manier, « habile », lui-même, on le sait, issu du latin manus,
« main ». Selon Tesnière (1976 : 606), l’adjectif modal ne se rapporte à la manière qu’« en français
savant ». Sur le sens de modus en latin, voir D. Van de Velde ici même.
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Présentation*
De la manière
comme la qualification ou la caractérisation, on peut s’interroger sur la façon
dont elle est encodée dans les langues (selon leur type) : par la morphologie
(flexionnelle ? dérivationnelle ? 3) ; par le lexique : l’adverbe (pour les langues
qui possèdent cette problématique « partie du discours » : danser lentement 4),
l’adjectif – dans certaines constructions syntaxiques (boire son café (brûlant
+ tiède)), le nom (le nom manière lui-même, et ses « synonymes » : ils dansaient
(de manière + de façon) lente), ou les noms de qualité construits avec une préposition (ils dansaient avec lenteur) ; par la syntaxe : constructions verbales particulières comme le gérondif par exemple (elle est partie en courant 5), ou
certaines subordonnées en comme (elle chante comme un rossignol 6).
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Bien que la notion de circonstance, comme l’a rappelé il y a longtemps déjà
J.-P. Golay (1959) 8, ne puisse en aucune façon s’appliquer à la fois à des compléments indiquant le temps ou le lieu et à des compléments exprimant l’idée
de manière, la grammaire traditionnelle continue à parler de « complément circonstanciel », aussi bien à propos des compléments « inessentiels » qui permettent de repérer un procès dans le temps et dans l’espace, qu’à propos des
compléments, « inessentiels » eux aussi, qui livrent une indication sur le mode
de déroulement du procès ou sur sa caractérisation. Ainsi sont analysés comme
« compléments circonstanciels » les termes qui figurent en gras dans les deux
exemples suivants :
En Normandie, dans la nuit du 6 juin 1944, bien des villes ont été bombardées sans
aucun discernement.
Nous avons reçu l’an dernier une expertise qui avait été faite avec une grande
désinvolture.
3. Ainsi, la terminaison -ment est-elle un suffixe dérivationnel ou un affixe flexionnel ? Cf. G. Dal
(2007).
4. Voir sur ce point l’article de D. Van de Velde ici même. La littérature « critique » à propos de
cette partie du discours présente dès Denys le Thrace (II ème siècle avant J.- C.) est immense.
5. Sur le gérondif et l’expression de la manière, voir entre autres O. Halmøy (2003 : 104-105), G.
Kleiber (2006) et E. Moline (à par.).
6. Sur ce type de construction en comme, voir notamment les travaux d’E. Moline (Cf. la bibliographie de son article dans le présent numéro).
7. Cf. entre autres G. Gallichet 1947, cit. J.-P. Golay (1959 : 65), M. Arrivé et al. (1986 : 100-104),
M. Grevisse (1988 : 498), J.-C. Chevalier et al. (1964 : 75 ; 185), M. Riegel et al. (1994 : 143). M. Grevisse
(1988, § 300) donne des compléments « circonstanciels » la liste suivante : temps, lieu, manière,
mesure, opposition, but, cause et condition.
8. « Dans tous les cas de complément de manière, nous voyons adjoindre au verbe un mot ou un
groupe de mots qui exprime un des caractères de l’événement ; ce caractère explicité est inhérent
à l’événement, comme le caractère exprimé par l’adjectif qualificatif est inhérent à l’être qu’il qualifie. Il est important de reconnaître que cette qualité, cette manière, est un des éléments constitutifs de l’événement ; le mot qui la traduit ne représente pas un être indépendant, mais il sert
simplement à dégager une manière essentielle de l’événement » (p. 68).
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On peut également s’interroger sur les relations qu’entretiennent la manière
comme notion sémantique et la fonction syntaxique communément appelée
« complément circonstanciel de manière » 7.
De la manière
Il s’ensuit que les compléments dits « circonstanciels » (pour ne parler que
de ceux-là) présentent les propriétés formelles les plus hétéroclites 9. Si l’on veut
maintenir les « compléments de manière » au sein des compléments « circonstanciels », il reste encore beaucoup à faire pour montrer à quel point ils s’en distinguent. Ou bien, prenant acte de la « contradiction » résultant de l’association
des termes de « circonstance » et de « manière » (J.-P. Golay, 1959), on peut y
renoncer, ce qui ne dispense pas d’une description précise des différents « compléments de manière », pas plus que d’une analyse rigoureuse de leur fonction
syntaxique.
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L’hétérogénéité sémantique et formelle — au sens large : de la distribution
aux caractéristiques prosodiques — s’agissant des adverbes dits « de manière »,
est bien connue. Même dans le paradigme homogène morphologiquement des
adverbes en - ment, il convient de distinguer, on le sait, plusieurs souscatégories. Les propositions de classement se sont multipliées. Avec le temps,
des convergences se dessinent, même à partir de « modèles théoriques » différents. Mais l’unité n’est pas encore réalisée, il s’en faut de beaucoup 11.
Les critères utilisés pour identifier les « compléments de manière » qui
n’appartiennent pas à la classe des adverbes correspondent globalement à ceux
initialement retenus pour circonscrire, au sein des adverbes en - ment, les
« adverbes de manière » 12. Parmi ceux-ci, peuvent être citées la possibilité
d’apparaître dans une construction clivée, de répondre à une question intro9. Cette distinction a donné lieu à une très abondante littérature. Citons C. Guimier (éd) 1993, L.
Mélis (1993), D. Leeman, 1990 (éd) et 1998, S. Rémi-Giraud et A. Roman 1998 (éds), entre autres.
Côté « générativiste », les travaux sur la question sont innombrables. Parmi les plus récents :
l’ouvrage de vulgarisation de C. Laenzlinger (2003), et le recueil de travaux édités par E. Lang, C.
Maienborn, C. Fabricius-Hansen (2003) sous le titre Modifying Adjuncts. Il faut mentionner aussi
dans le n° 114 de Lingua (2004), l’éditorial d’A. Alexiadou et l’article de J. Costa.
10. Par exemple, à la différence d’un adverbe en –ment (Il se comporte intelligemment), d’un syntagme prépositionnel (Il se comporte (avec intelligence + en héros)) ou d’une comparative en comme
(Il se comporte comme un enfant), une forme gérondive ne peut apparaître dans la dépendance d’un
verbe sous-catégorisant un « complément de manière » (*Il se comporte en pleurant). Alors que les
adverbes peuvent facilement être insérés entre l’auxiliaire et le participe passé, cette position ne
peut, dans un énoncé sans pause, être occupée par un syntagme prépositionnel à fonction « complément de manière » ou par un gérondif (Il a gentiment répondu / *Il a avec gentillesse répondu / *Il
a en criant répondu).
11. Comme on peut le constater en comparant M. Gross (1990), H. Nølke (1990), M. Nøjgaard
(1995), C. Guimier (1996), D. Van Raemdonck (1996, 1997, 2005), C. Molinier & F. Lévrier (2000),
B. Kampers-Mahne (2001), T. Ernst (2002, 2003, 2004), B. Shaer (2003), Cinque (1999, 2004), C. Vet
(2000) et S. Dick, K. Hengeveld, E. Vester & C. Vet (2005).
12. Les critères retenus par H. Nølke (1993) et par C. Guimier (1996) caractérisent la classe plus
générale des « adverbiaux verbaux » (H. Nølke), i. e. des adverbes « intraprédicatifs » (C. Guimier),
à laquelle ressortiraient les adverbes dits « de manière ».
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Les mots et les séquences exprimant l’idée de manière ne présentent pas non
plus des propriétés formelles homogènes 10, ce qui signifie que le terme adverbial
de manière dont usent depuis quelques décennies pas mal de linguistes exige
encore quelques éclaircissements.
De la manière
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Le nom manière apparaît aussi dans le métalangage grammatical pour définir
le lien tôt remarqué dans certaines langues, entre adjectif épithète et adverbe de
manière : l’un et l’autre expriment une qualité 18. Nombreux sont les grammairiens qui ont mis l’accent sur cette relation. Ainsi, J.-P. Golay (1959) propose
d’analyser l’adverbe de manière comme une « épithète du verbe » (Ibid. : 69), un
« adverbe qualificatif (de manière) » (Ibid. : 70), hypothèse reprise par
M. Nøjgaard (1995) pour décrire le rôle syntaxique des « adverbiaux qualificatifs » (i. e. des « adverbes de manière ») en - ment. Cette analyse est fondée sur le
parallélisme entre la relation qui unit le nom et l’adjectif épithète (une marche
silencieuse) et celle qui unit le verbe et l’adverbe de manière (marcher silencieusement). Nilsson-Ehle (1941 : 29) rappelle de son côté la définition d’A. Sechehaye
(1926) : « La manière est […] l’idée de la qualité appliquée à des idées essentiellement verbales : elle est la qualité du procès » 19. Cependant, l’analyse du « complément de manière » en tant qu’épithète du verbe convient pour les adverbes
13. Sur la distinction entre manière et moyen, cf. D. Van de Velde (2009).
14. Exemple de Malraux cité par le Petit Robert. Sur ce point, cf. B. de Cornulier (1974) et H. Korzen
(1985). Sur les interro-négatives introduites par comment, cf. P. Larrivée & E. Moline (à par.).
15. Nos remerciements à P. Larrivée, qui a attiré notre attention sur cet emploi de comment très
fréquent en français québécois.
16. Sur ce point, cf. E. Moline (2009).
17. Cf. entre autres G. Gallichet (1947), J.-C. Chevalier et al. (1964), M. Arrivé et al. (1986), M.
Grevisse (1988), M. Riegel et al. (1994), D. Denis & A. Sancier-Chateau (1994), P. Le Goffic (1993)
et M. Wilmet (1997).
18. Aristote, Organon, I. Les catégories. Le terme manière a également une origine rhétorique dont il
faudrait tenir compte car elle a joué un grand rôle, en relation avec celle de circonstance, dans
l’élaboration de la tradition grammaticale. Sur ce point voir, entre autres, A. Chervel (1979) et
G. Délechelle (2004).
19. Signalons que les langues qui ignorent l’opposition verbo-nominale ne connaissent pas non
plus d’opposition entre adjectif qualificatif et adverbe de manière (K. Hengeveld et al. 2004). En
vietnamien par exemple, l’emploi prédicatif ou non prédicatif d’un terme n’est pas morphologiquement marqué, et le modifieur de ce terme a une forme strictement identique dans les deux
cas : Môt hoc cham chi (un/élève/appliqué, un élève appliqué) Paul hoc cham chi (Paul/apprendre/
appliqué, Paul apprend studieusement) (exemples et traductions repris d’une communication orale
de D. T. Do-Hurinville 2005).
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duite par comment, de constituer le foyer de la négation ou de l’interrogation,
l’impossibilité d’occuper une position détachée en tête d’une phrase négative,
etc. Aucun de ces critères n’est cependant à lui seul définitoire. À titre
d’exemple, rappelons que comment, outre l’interrogation sur la manière, permet
également d’interroger sur le moyen (Comment a-t-il appris la nouvelle ?) 13, la
qualité (Il est comment, le nouveau ?), la « cause » (Comment n’êtes-vous pas avec
les autres ? 14), l’état résultant (Comment a-t-elle peint ses fenêtres ?), la quantité —
dans certaines variantes du français (Comment ça coûte ? 15) etc 16. De même, la
possibilité de constituer le foyer de la négation ou de l’interrogation, ou
d’entrer dans une construction clivée, concerne un nombre important de « compléments » du verbe. Seule la présence simultanée d’un faisceau de critères
convergents permet de reconnaître un « complément de manière » 17.
De la manière
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Si la grande majorité des travaux consacrés à la manière se sont focalisés sur sa
réalisation syntaxique, il ne faut pas perdre de vue que ce concept est souvent inscrit dans le sens lexical même des mots. Et que ces mots n’appartiennent pas seulement à la catégorie du nom, de l’adverbe et de l’adjectif (cf. supra). Ainsi,
nombreux sont les verbes qui impliquent, par leur sens, la « composante »
manière – on parle souvent dans la littérature de « verbes de manière de déplacement » (courir, boiter, patiner, sauter, etc. vs se déplacer), de « verbes de manière de
parler » (hurler, chuchoter, bafouiller, marmonner vs parler), etc. D’une approche
sémantique à l’autre cependant, la lexicalisation de la manière est traitée différemment. Dans les analyses en termes de décomposition du prédicat, la manière est
considérée comme une des catégories ontologiques qui interviennent dans la
représentation du sens lexical en tant que « modifieur » du prédicat verbal (voir,
entre autres, B. Levin (2008) ; B. Levin & M. Rappaport Hovav (2007) ; J. Beavers,
B. Levin & S.W. Tham (2007) ; R. Jackendoff (1983)). Dans l’approche typologique
de L. Talmy et de ses successeurs, la manière est une des six « composantes » fondamentales des descriptions linguistiques de la localisation et du mouvement
(voir entre autres L. Talmy (2000) ; D. I. Slobin (2006) ; M. Hickmann, P. Taranne &
P. Bonnet (2008)). Ces travaux montrent que l’aptitude d’une langue à utiliser un
verbe de manière de déplacement comme verbe principal de la phrase rend la
notion de manière cognitivement plus saillante : c’est le cas de l’anglais où l’on
dirait, par exemple, to swim across, mais pas du français, où le fait de dire traverser
(à la nage) pour décrire le même déplacement, marginalise en quelque sorte la
« composante » manière. Dans les langues appartenant au même type que le français, la spécification de la manière est d’ailleurs souvent omise. Enfin, s’intéressant
à la notion de manière dans une perspective tout à fait différente, G. Miller &
C. Fellbaum (1992) affirment que sa lexicalisation est tellement répandue dans le
lexique verbal des langues qu’elle mérite d’être considérée comme une véritable
relation lexicale : « manière » serait au verbe ce que « sorte » est au nom (marcher
est ‘une manière de se déplacer’, tout comme chat est ‘une sorte d’animal’) 20.
Toutefois, contrairement à ce à quoi l’on pourrait s’attendre, la notion de
manière n’est pas beaucoup mieux lotie en sémantique qu’en syntaxe. Même si
20. La contribution de D. Stosic développe plus en détail les problèmes liés à la lexicalisation de
la manière que nous venons d’évoquer. Sur la distinction genre/ espèce rapportée au verbe, voir,
entre autres, D. Van de Velde (2009).
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de manière « prototypiques », ceux qui qualifient effectivement le déroulement
du procès. Mais déjà H. Nilsson-Ehle (1941 : 29 et sq.) indiquait l’existence de
« différents types de rapports » entre le verbe et « l’adverbe de qualité », « selon
le caractère de l’idée verbale » (Ibid. : 29), i. e. en fonction des propriétés sémantiques du prédicat verbal (cf. écrire lisiblement vs écrire clairement, manger gloutonnement vs dîner excellemment, etc.), ce que soulignent également, parmi d’autres,
L. Mélis (1993), W. Geuder (2000, 2006) et D. Van de Velde (dans ce numéro). Un
vaste champ de recherche s’ouvre donc à l’étude : celui des contraintes sélectionnelles qui s’exercent entre le sens du verbe, le type de caractérisation exprimé
par le terme de manière et les arguments du prédicat verbal eux-mêmes.
De la manière
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On pourrait essayer de préciser la notion de manière par d’autres biais,
beaucoup plus indirects mais peut-être révélateurs : de l’intérieur de la langue,
pour ainsi dire. Une piste, parmi beaucoup d’autres, pourrait être d’étudier la
distribution du mot manière lui-même, dans un corpus d’énoncés pertinents
(« ciblés »). Par exemple : Pierre court (de manière lente + d’une manière (très étonnante + qui m’étonne) + à la manière d’une gazelle)/ La manière dont Pierre court
m’étonne/ De quelle manière Pierre court-il ?/ Pierre a une manière très spéciale de
courir/ Pierre a plusieurs manières de courir/ Pierre court à sa manière (à lui)/ Pierre
a une manière de lenteur quand il court, même vite/ Pierre a une de ces manières de
courir !/ D’une manière lente, Pierre s’est mis à courir/ Est-ce de manière lente que
court Pierre ?/ Quelle est la manière dont Pierre court ?/ Est-ce une manière de
courir !/ Pierre a vraiment la manière de courir !/ Pierre ne participera à la course en
aucune manière/ D’une certaine manière, on peut dire que Pierre a couru 21/ En
manière de course, Pierre ira jusqu’au village en pressant le pas/ Pierre court de
manière à se faire remarquer. Etc.
Quant à la fonction « complément de manière », elle pourrait être précisée
avec plus de rigueur peut-être grâce à une autre approche, toujours « interne à
la langue ». Cette approche a donné déjà lieu à des études 22, mais non exhaustives du point de vue envisagé ici ; il s’agirait de comparer les différentes
expressions à base nominale susceptibles d’exprimer cette fonction. Deux structures se proposent : celle de type I qui se présente sous la forme préposition
+ N de qualité ou préposition + un + N de qualité + Modifieur (avec avidité/
sans discernement/ avec une voracité peu commune) ; et celle de type II, qui se caractérise par le fait que le nom tête est le mot manière lui-même : de + une
+ manière + Modifieur (d’une manière avide/ d’une manière très avide/ d’une
manière dont l’avidité m’a frappée). L’étude systématique de ces deux types de
structures devrait permettre de relever les cas de lacunes lexicales (Marie mange
de manière goulue vs Marie mange avec ?/ Paul juge avec discernement vs Paul
juge de manière ?) ; mais surtout elle contribuerait à mettre au jour le fonctionnement complexe des restrictions de sélection 23.
21. Voir C. Schnedecker (2008 a et b).
22. Déjà suggérée par les auteurs de la Grammaire de Port-Royal puis de manière plus explicite par
N. Beauzée. La distribution du mot manière (souvent rapproché de façon) a été étudiée partiellement par A. Balibar-Mrabti (1980). Sur ces deux noms, voir aussi, dans une perspective très différente, J.-M. Léard (1998) et C. Fuchs (2007).
23. Elle ferait également apparaître les différences sémantiques entre les deux constructions.
I. Choi-Jonin (2000) a montré, par exemple, qu’un syntagme prépositionnel de forme avec N
(consommer avec modération) n’est pas l’exact synonyme du syntagme comportant l’adverbe correspondant (consommer modérément).
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les sémanticiens s’en servent couramment dans la description du sens lexical
des mots, ils ne prennent pas toujours le soin de la définir ; dans le meilleur des
cas, ils lui attribuent un statut catégoriel sans le justifier vraiment (catégorie
ontologique, composante sémantique fondamentale, etc.), afin de pouvoir
l’intégrer soit dans des modèles de représentation du sens lexical, soit dans des
« modèles de lexicalisation » (L. Talmy (1985)).
De la manière
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D. Van de Velde montre que les restrictions qui pèsent sur l’emploi des
« adverbes de manière » peuvent s’expliquer dans le cadre d’une analyse
lexico-conceptuelle fine des prédicats verbaux. En effet, l’examen des faits
révèle que ces adverbes lexicalisent deux types de propriétés. Soit des propriétés inhérentes du prédicat verbal (Pierre a réparé sa voiture rapidement) ; et
alors, elles ne se rencontrent qu’avec les prédicats actifs, ces derniers étant les
seuls à avoir une structure interne complexe, condition sine qua non pour la
qualification en général, adjectivale ou adverbiale. Soit des propriétés héritées
par le prédicat de son sujet, la condition pour que cet héritage soit possible
étant que ce sujet assume un rôle qui rende ses propriétés transmissibles : rôle
d’agent ou de proto-agent (le malade gémissait faiblement). La transmissibilité
des propriétés du sujet au prédicat explique que certains prédicats statifs
(l’exemple analysé ici est celui des verbes de sentiment) puissent prendre des
« adverbes de manière » (Marie aime tendrement ses enfants).
M. Fohlin examine « l’adverbe de manière » dérivé « modifieur » de
l’adjectif (fabuleusement riche), et s’intéresse à la détermination du sens de
l’adverbe dans cette position : l’adverbe devient-il intensif, ou bien son sens
lexical de base est-il encore pertinent dans la modification d’un adjectif subséquent ? L’auteure adopte un point de vue comparatif (suédois-français), les
deux langues présentant des difficultés similaires quant à la délimitation de
« l’adverbe de manière » et de l’adverbe intensif. Elle étudie également les paramètres qui infléchissent l’interprétation. Enfin, à l’aide de quelques exemples
tirés d’un corpus composé de textes suédois et de leurs traductions françaises,
elle montre que, selon la solution adoptée par le traducteur, l’élément qualitatif/intensif de l’adverbe suédois est plus ou moins saillant dans le correspondant français.
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Les études rassemblées ici s’efforcent de contribuer à mieux caractériser la
notion de manière, notion si fondamentale et insaisissable à la fois, tant sur le
plan sémantique (y compris lexical) que sur le plan syntaxique. Elles font toutes
apparaître, à des titres divers, l’urgence qu’il y a à mieux définir ce concept.
Elles mettent au jour la nécessité de proposer des critères formels plus opératoires, capables de distinguer la fonction « complément de manière » de la fonction « attribut de l’objet/du sujet », quitte à proposer ensuite des hypothèses
susceptibles de rendre compte de l’impression de continuum qui se dégage à
l’observation de certains exemples. D’autres questions de fond sont abordées,
notamment celle de la compatibilité des « adverbes de manière » avec la catégorie syntaxico-sémantique à laquelle appartient le prédicat verbal, le(s) type(s)
de manières susceptible(s) d’être associé(s) à un même verbe, les relations entre
manière et intensité, ou encore les rapports entre la manière et la sémantique
du déplacement. Plusieurs articles montrent l’intérêt des études contrastives : la
notion de manière rapportée aux verbes (ou à certains verbes) ou à des adjectifs
(en de certaines positions) n’est pas « instanciée » à l’identique selon les langues. Il s’agit donc de proposer des outils pour décrire la « paramétrisation ».
Reste à savoir si le « fond commun » est purement cognitif ou partiellement
linguistique.
De la manière
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A. Dagnac analyse la fonction syntaxique des compléments en en dans les
structures du type Elle a teint ses rideaux en rouge, et les situe au sein d’autres
constructions résultatives. Ces compléments répondant à la question comment ?,
l’auteur examine, puis rejette, la possibilité de les considérer comme des
« adverbiaux de manière » orientés vers l’objet. Ils sont ensuite rapprochés des
attributs de l’objet identifiés dans d’autres constructions résultatives. Mais ils se
distinguent des compléments de verbes intrinsèquement résultatifs comme
mettre (mettre X en colère/ mettre X enceinte), qui sélectionnent directement soit
un SP en en soit un SAdj. L’auteure conclut qu’ils fonctionnent sur le modèle de
transformer (transformer X en crapaud) : le complément constitue une augmentation résultative de la structure argumentale du verbe, où en est une tête fonctionnelle résultative sélectionnant soit un SN (transformer en N), soit un SAdj
(teindre en Adj).
J. Goes compare l’expression de la manière en français et en néerlandais. En
français, non seulement il existe une parenté entre l’adjectif qualificatif et les
adverbes en - ment qui en sont dérivés, mais on peut également constater que
les « élargissements » du sujet et de l’objet (Les enfants écoutent attentifs, Elle
ouvrit tout grands ses yeux purs) ont potentiellement une interprétation
« manière ». De plus, certains « compléments adverbiaux de manière » ont une
portée qui s’étend vers le sujet ou l’objet, ce qui les rapproche des « élargissements attributifs ». Les deux constructions peuvent ainsi entrer en concurrence
(La neige tombe abondamment/ abondante ; Il a planté ses thuyas trop serrés
≠ serré) et de fines nuances peuvent être exprimées (Il part joyeux ≠ il part
joyeusement). En néerlandais, adjectifs attributs et adverbes revêtent exactement la même forme. Peut-on alors distinguer « l’élargissement attributif »
(bepaling van gesteldheid) du « complément adverbial de manière » (bijwoordelijke
bepaling van hoedanigheid), et exprimer les mêmes nuances dans cette langue ?
D. Stosic s’intéresse à la réalisation purement lexicale de la manière. Il
montre qu’il ne s’agit pas d’une primitive sémantique, mais plutôt d’un concept
complexe, susceptible d’être décomposé en plusieurs valeurs élémentaires.
L’hypothèse de la compositionalité de la notion de manière est vérifiée à partir
du domaine de la sémantique de l’espace, et l’auteur cherche à identifier les
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E. Moline étudie, à propos d’un petit nombre de verbes (parler et les verbes
de « manière de parler » ayant trait au volume sonore), les types de
« manières » susceptibles d’être activé(e)s par une comparative en comme.
L’étude repose sur deux hypothèses préalables : d’une part, les comparatives
intraprédicatives en comme sont des « adverbiaux de manière », d’autre part, les
« adverbiaux de manière » activent un argument sémantique de la structure
conceptuelle du prédicat verbal (cf. W. Geuder 2000, 2006). Après avoir exposé
les points communs et les différences entre les comparatives en comme et les
« adverbes de manière en - ment », tant sur le plan syntaxique que sur le plan
sémantique, l’auteure examine plus précisément les constructions en jeu, en
distinguant les cas dans lesquels la comparative vise plus spécifiquement
l’interlocuteur (parler à SN1 comme à SN’1), le thème (parler de SN2 comme de
SN’2) et le locuteur (parler comme SN0).
De la manière
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W. Geuder s’intéresse également à la sémantique de l’espace dans une perspective contrastive, et considère les langues germaniques, dans lesquelles tous
les verbes de « manière de mouvement » peuvent se construire avec un syntagme prépositionnel indiquant une direction pour référer à un évènement
télique (p. ex. The hunters walked into the forest), et les langues romanes qui
n’autorisent une construction analogue qu’avec certains verbes (p. ex. glisser ou
sauter). L’auteur développe l’hypothèse selon laquelle, dans les langues
romanes, une construction directionnelle télique (Il grimpa sur un tronc d’arbre)
doit être fondée sur un « verbe de manière » qui dénote une relation « homomorphique » entre manière et déplacement, ce qui découle de façon naturelle
de la théorie de la télicité proposée par S. Rothstein (2004). Il se penche en outre
sur ce fait curieux : le verbe de « manière de mouvement » klettern/grimper
peut, en allemand, dénoter un mouvement vers le haut ou vers le bas, tandis
qu’il est limité en français à un mouvement vers le haut. L’auteur montre que
ce phénomène découle de la même hypothèse.
Ces contributions permettent de mesurer l’ampleur ce de qui reste à
explorer s’agissant de la manière. Les pages qui y introduisent ne pouvaient,
pour cette raison, ne pas être partiellement programmatiques. Les études
contrastives donnent également une idée du travail qui attend les chercheurs
soucieux d’avancer en matière de typologie des langues. Enfin, il faut relever
que la dimension diachronique aurait pu être prise en compte, aussi bien du
point de vue de l’évolution lexicale que de certaines constructions syntaxiques.
Il eût fallu doubler le volume… On se contentera donc, pour finir, d’insister sur
le fait que la manière ouvre un champ très fertile pour tester les théories de la
grammaticalisation : la « grammaticalisation de la manière ».
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traits sémantiques qui permettent de considérer certains verbes comme des
verbes de « manière de déplacement » ou de « manière de localisation ».
Fondée sur un corpus d’environ 150 verbes de « manière de déplacement » en
français, son étude met au jour dix paramètres qui activent l’interprétation de
manière (ex. VITESSE – courir, FORCE – jaillir, MOYEN – chevaucher, etc.). En ce qui
concerne les verbes de « manière de localisation » (ex. être couché), l’auteur
s’appuie sur les faits de plusieurs langues (français, serbe, anglais, tzeltal), pour
montrer que la valeur de « manière » qu’ils impliquent résulte de l’intégration,
dans leur sens, des traits liés à la forme, à la posture, à la disposition, à la couleur, etc. dont sont porteuses les entités mises en relation.
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