DHEA french

Transcription

DHEA french
FEUILLET d’information
LA DHEA
En bref
La DHEA est une hormone que certaines personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH/
sida) utilisent pour alléger les symptômes de la dépression, accroître leur énergie et
bâtir de la masse musculaire. Santé Canada considère la DHEA comme une drogue
contrôlée. Les produits contrôlés sont disponibles sur ordonnance seulement.
Qu’est-ce que la DHEA?
La DHEA (déhydroépiandrostérone) est une
hormone produite par les glandes surrénales,
lesquelles se situent au-dessus des reins. Les
chercheurs sont convaincus que la DHEA
contribue à la production des hormones
testostérone et estrogène. Ils ne peuvent
toutefois pas préciser les autres fonctions de la
DHEA. Le taux de DHEA atteint son plus haut
niveau chez les humains entre les âges de 20
et 30 ans. Après l’âge de 30 ans, le taux de
DHEA baisse graduellement pour atteindre
finalement ses concentrations minimales chez
les personnes âgées. Le fait de cette réduction
du taux de DHEA a amené certaines personnes
à attribuer une action « antivieillissement » à
cette hormone. Les expériences menées sur
des animaux et des personnes âgées n’appuient
malheureusement pas cette hypothèse.
Plusieurs études ont permis de constater un
taux de DHEA plus faible chez certaines
personnes séropositives que chez des
personnes séronégatives en bonne santé. De
plus, nous savons que le taux de DHEA
diminue au fur et à mesure que l’infection au
VIH progresse, atteignant son niveau le plus
faible lorsque le sida se déclare.
En réponse à une attaque virale, l’organisme
déclenche, entre autres, une chute du taux
de DHEA et une production accrue de
l’hormone cortisol. Les baisses du taux de
DHEA observées à court terme chez les PVVIH/
sida pourraient découler de cette réaction
normale. Pourtant, à long terme, la
combinaison d’un taux accru de cortisol et
d’un taux réduit de DHEA pourrait contribuer
à l’affaiblissement de l’immunité qui
caractérise le sida. Bien que la DHEA ait fait
preuve d’activité antivirale dans plusieurs
expériences de laboratoire, les études menées
sur des humains ne lui ont trouvé aucune
efficacité importante contre le VIH.
À quoi la DHEA sert-elle?
1. Pour alléger les états de dépression légers :
Certaines PVVIH/sida utilisent la DHEA pour
composer avec les symptômes des états de
dépression légers; elle est parfois associée à
des antidépresseurs à cette fin. Les doses de
DHEA utilisées lors des essais cliniques
contrôlés menés chez des gens déprimés ont
habituellement varié entre 30 mg par jour et
300 mg par jour. Certains chercheurs sont
d’avis que la DHEA peut améliorer l’humeur
en augmentant la production du
neurotransmetteur sérotonine dans le cerveau.
Il se peut aussi que la DHEA réduise le taux
de cortisol dans le cerveau. Toutefois, éÉtant
CATIE FEUILLET d’information
La DHEA, page 1 sur 5
donnée l’insuffisance des données sur l’effet
de la DHEA sur la dépression, il est impossible
de déclarer cette hormone bénéfique avec
certitude. De plus, selon quelques rapports,
la DHEA aurait provoqué des épisodes de
manie chez des personnes atteintes d’un
trouble bipolaire préexistant.
Avertissement
• Il n’est pas clair que la DHEA soit efficace
contre la dépression.
• La DHEA risque d’aggraver certains symptômes
de la dépression, y compris la manie.
Rappelons que les PVVIH/sida qui se croient
déprimées devraient faire confirmer leur état
par un médecin. Signalons aussi qu’il existe
des traitements efficaces contre la dépression.
2. Pour alléger la fatigue :
Les personnes qui prennent de la DHEA se
disent souvent moins fatiguées et plus
énergiques. Rappelons que la fatigue peut être
un symptôme de plusieurs autres problèmes
graves dont :
• taux de globules rouges inférieur à la
normale
• effets secondaires des médicaments
• déséquilibre des hormones thyroïdiennes
• infections
• mauvaise alimentation
Toute personne qui éprouve une fatigue
persistante devrait consulter un médecin.
3. Pour accroître la masse musculaire :
L’infection au VIH peut provoquer une perte
de masse musculaire. Certains personnes ont
recours aux suppléments de DHEA afin
d’accroître leur masse musculaire. Le
mécanisme précis qui permettrait à la DHEA
d’accroître la masse musculaire n’est pas
connu. Certains chercheurs estiment que la
DHEA aide l’organisme à faire un meilleur
usage de la testostérone qu’il produit.
Rappelons que les injections de testostérone
et de stéroïdes anabolisants se sont révélées
efficaces comme moyen de bâtir de la masse
musculaire. Cependant, contrairement à ces
derniers, la DHEA n’a pas été éprouvée à cette
fin chez des humains dans le cadre d’essais
cliniques contrôlés.
4. Pour maintenir le niveau de testostérone :
Selon quelques rapports anecdotiques, certains
hommes séropositifs d’âge moyen prennent des
suppléments de DHEA pour accroître leurs taux
de testostérone et de DHEA. Pourtant, selon
les études publiées, la DHEA ne donnerait lieu
à aucune augmentation importante du taux de
testostérone chez les hommes vivant avec le
VIH.
Traitement
Selon la majorité des rapports anecdotiques
dont nous avons pris connaissance, les
hommes séropositifs prennent la DHEA à raison
de 25 mg à 50 mg par jour au début du
traitement. Les femmes ont tendance à utiliser
une dose moins forte, soit 15 mg par jour. Il
importe de faire mesurer le taux de DHEA dans
un échantillon de sang ou de salive avant
d’amorcer le traitement. La DHEA existe sous
deux formes : la DHEA et la DHEA-S (la DHEA
sulfatée). Chacune des formes est convertie
en l’autre, et elles sont donc considérées
comme identiques. Comme la DHEA-S se
trouve relativement couramment dans
l’organisme, plusieurs laboratoires mesurent
cette forme de l’hormone.
Certains médecins déconseillent un traitement
continu à la DHEA et recommandent des
congés thérapeutiques à leurs patients.
Certains PVVIH/sida prennent la DHEA trois
fois par semaine, à savoir les lundis, mercredis
et vendredis. La meilleure posologie (dose et
fréquence des prises) n’est pas connue.
Avertissements et
préoccupations
Les femmes enceintes, les enfants, les jeunes
adolescents et les personnes atteintes des
cancers suivants – et celles qui y sont
particulièrement vulnérables – ne devraient
jamais utiliser la DHEA. (Il y a risque de
CATIE FEUILLET d’information
La DHEA, page 2 sur 5
progression de ces cancers advenant une
exposition importante à l’hormone.)
•
•
•
•
•
cancer du sein
cancer du col
cancer de la prostate
cancer utérin
mélanome malin
Comme nous l’avons déjà mentionné, la DHEA
risque de provoquer des épisodes de manie,
comportements suicidaires y compris, chez les
personnes atteintes d’un trouble bipolaire. De
telles personnes ne devraient donc pas utiliser
la DHEA. La DHEA semble avoir contribué à
alléger la dépression dans le cadre d’études
de faible envergure et de courte durée, mais
cet effet doit être confirmé par des études de
plus grande envergure. De plus, la majorité
des participants aux études de la DHEA ont
été d’âge moyen ou avancé. L’innocuité de la
DHEA chez les personnes plus jeunes n’est
donc pas connue. Enfin, l’innocuité pour les
PVVIH/sida d’un traitement durant plus de
quatre mois n’est pas connue.
Effets secondaires
Les personnes séropositives qui ont utilisé de
la DHEA pendant plus de quatre mois ont
éprouvé au moins un des effets secondaires
suivants. Les effets constatés ont varié en
fonction de la dose utilisée :
•
•
•
•
•
•
•
•
acné
fatigue
maux de tête
nausée
congestion nasale
taux élevé d’ALAT (enzyme du foie)
douleurs aux articulations
difficulté à s’endormir
Comme le nombre d’études sur la DHEA chez
les PVVIH/sida est limité, il est possible que
cette hormone provoque aussi des effets
secondaires non mentionnés. L’effet de la DHEA
sur les signes et les symptômes du syndrome
de lipodystrophie n’est pas connu. Nous
ignorons aussi de quelle façon la DHEA est
susceptible d’interagir avec les médicaments
couramment utilisés par les PVVIH/sida.
Accessibilité
La DHEA n’a pas été approuvée par les
organismes de réglementation canadiens. Santé
Canada considère la DHEA comme une
substance contrôlée. Les produits ainsi
catégorisés ne sont disponibles que sur
ordonnance. L’importation de la DHEA pour
usage personnel est interdite au Canada. Si vous
et votre médecin décidez d’avoir recours à la
DHEA pour maintenir votre santé, votre médecin
doit s’adresser au Programme d’accès spécial
de Santé Canada par téléphone au (613) 9412108 (du lundi au vendredi entre 8 h 30 et 16
h 30, heure de l’Est) ou au (613) 941-3061
(après 16 h 30) ou par courriel à l’adresse •
[email protected].
Si vous désirez plus d’information sur la DHEA,
vous voudrez peut-être consulter un ou une
endocrinologue, c’est-à-dire un médecin qui
se spécialise dans l’étude des hormones.
Crédits
Auteur : Sean R. Hosein
Traducteur : Alain Boutilier
Création : mars 2001
Design : Renata Lipovitch
References
Baulieu E-E, Thomas G, Legrain S, et al.
Dehydroepiandrosterone (DHEA), DHEA sulfate, and aging:
contribution of the DHEAge study to sociobiomedical issue.
Proceedings of the National Academy of Sciences USA
2000;97(8):4279-4284.
Brown RC, Cascio C and Papadopoulos V. Pathways of
neurosteroid biosynthesis in cell lines from the human brain.
Journal of Neurochemistry 2001;74(2):847-859.
Christeff N, Melchior J-C, de Truchis P, et al. Lipodystrophy
defined by a clinical score in HIV-infected men on highly active
antiretroviral therapy: correlation between dyslipidaemia and
steroid hormone alterations. AIDS 1999;13(16):2251-2260.
Dean CE. Prasterone (DHEA) and mania. Annals of
Pharmacotherapy 2000;34(12):1419-1422.
CATIE FEUILLET d’information
La DHEA, page 3 sur 5
Dyner TS, Lang W, Geaga J, et al. An open-label dose-escalation
trial of oral dehydroepiandrosterone tolerance and
pharmacokinetics in patients with HIV disease. Journal of
Acquired Immune Deficiency Syndromes 1993;6(5):459-465.
Ferrando SJ, Rabkin JG and Poretsky L. Dehydroepiandrosterone
sulfate (DHEAS) and testosterone: relation to HIV illness stage
and progression over one year. Journal of Acquired Immune
Deficiency Syndromes 1999;22:146-154.
Legrain S, Massien C, Lahlou N, et al. Dehydroepiandrosterone
replacement administration: pharmacokinetic and
pharmacodynamic studies in healthy elderly subjects. Journal of
Clinical Endocrinology and Metabolism 2000;85:3208-3217.
Horowitz S. Decoding the role of DHEA in health and longevity.
Alternative and Complementary therapies 2000;June:129-134.
Hunt PJ, Gurnell EM, Huppert FA, et al. Improvement in mood
and fatigue after dehydroepiandrosterone replacement in Addison’s
disease in a randomized, double blind trial. Journal of Clinical
Endocrinology and Metabolism 2000;85(12):4650-4656.
Jacobson MA, Rusaro RE, Galmarini M and Lang W. Decreased
serum dehydroepiandrosterone is associated with an increased
progression of human immunodeficiency virus infection in men
with CD4 cell counts of 200-499. Journal of Infectious Diseases
1991;164(5):864-868.
Markowitz JS, Carson WH and Jackson CW. Journal of
Biological Psychiatry 1999;45(2):241-242.
McQuade R and Young AH. Future therapeutic targets in mood
disorders: the glucocorticoid receptor. British Journal of
Psychiatry 2000;177:390-395.
Moffat SD, Zonderman AB, Harman SM, et al. The relationship
between longitudinal declines in dehydroepiandrosterone sulfate
concentrations and cognitive performance in older men. Archives
of Internal Medicine 2000;160:2193-2198.
Morley JE, Kaiser F, Raum W, et al. Potentially predictive and
manipulable blood serum correlates of aging in the healthy
human male: progressive decreases in bioavailable testosterone,
dehydroepiandrosterone sulfate, and the ratio of insulin-like
growth factor 1 to growth hormone. Proceedings of the National
Academy of Sciences USA 1997;94:7537-7542.
Mulder JS, Frissen PH, Krijnen P, et al. Dehydroepiandrosterone
as predictor for progression to AIDS in asymptomatic human
immunodeficiency virus-infected men. Journal of Infectious
Diseases 1992;165(3):413-418.
Norbiato G, Bevilacqua M, Vago T and Clerici M. Glucocorticoid
resistance and the immune function in the immunodeficiency
syndrome. Annals of the New York Academy of Sciences
1998:840:835-847.
Peet M and Peters S. Drug-induced mania. Drug Safety
1995;12(2):146-153.
Prendergast PT. Agents for the arrest and therapy of retroviral
infections. United States Patent 4956355 issued 11 September
1990.
Rabkin JG, Ferrando SJ, Wagner GJ and Rabkin R. DHEA
treatment for HIV+ patients: effects on mood, androgenic and
anabolic parameters. Psychoneuoendocrinology 2000;25:53-68.
Schifitto G, McDermott MP, Evans T, et al. Autonomic
performance and dehydroepiandrosterone sulfate levels in HIV1-infected individuals. Archives of Neurology 2000;57:10271032.
Wolkersdöfer GW, Lohmann T, Marx C, et al. Lymphocytes
stimulate dehydroepiandrosterone production through direct
cellular contact with adrenal zona reticularis cells: a novel
mechanism of immune-endrocrine interaction. Journal of
Clinical Endocrinology and Metabolism 1999;84(11):42204227.
Wolkowitz OM, Reus VI, Keebler A, et al. Double-blind treatment
of major depression with dehydroepiandrosterone. American
Journal of Psychiatry 1999;156:646-649.
Yang J-Y, Schwartz A and Henderson EE. Inhibition of HIV-1
latency reactivation by dhydroepiandrosterone (DHEA) and an
analog of DHEA. AIDS Research and Human Retroviruses
1993;9(8):747-754.
Déni de responsabilité
Toute décision concernant un traitement médical particulier
devrait toujours se prendre en consultation avec un professionnel
ou une professionnelle de la santé qualifié(e) qui a une expérience
des maladies liées au VIH et des traitements en question.
Le Réseau canadien d’info-traitements sida (CATIE) fournit, de
bonne foi, des ressources d’information aux personnes vivant
avec le VIH/sida qui, en collaboration avec leurs prestataires
de soins, désirent prendre en mains leurs soins de santé. Les
renseignements produits ou diffusés par CATIE ne doivent
toutefois pas être considérés comme des conseils médicaux.
Nous ne recommandons ni appuyons aucun traitement en
particulier et nous encourageons nos clients à consulter autant
de ressources que possible. Nous encourageons vivement nos
clients à consulter un professionnel ou une professionnelle de
la santé qualifié(e) avant de prendre toute décision d’ordre
médical ou d’utiliser un traitement, quel qu’il soit. Nous ne
pouvons garantir l’exactitude ou l’intégralité des renseignements
publiés ou diffusés par CATIE, ni de ceux auxquels CATIE permet
l’accès. Toute personne mettant en application ces
renseignements le fait à ses propres risques.
Ni CATIE ni Santé Canada ni leurs personnels, directeurs, agents
ou bénévoles n’assume aucune responsabilité des dommages
susceptibles de résulter de l’usage de ces renseignements.
Les opinions exprimées dans le présent document ou dans
tout document publié ou diffusé par CATIE, ou auquel CATIE
permet l’accès, sont celles des auteurs et ne reflètent pas les
politiques ou les opinions de CATIE ou de Santé Canada. Les
opinions exprimées dans le présent document sontcelles des
auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue
officiels de Santé Canada.
Pugh TD, Oberly TD and Weindruch R. Dietary intervention at
middle age: caloric restriction but not dehydroepiandrosterone
sulfate increases lifespan and lifetime cancer incidence in mice.
Cancer Research 1999;59(7):1642-1648.
CATIE FEUILLET d’information
La DHEA, page 4 sur 5
La reproduction de ce
document
Ce document est protégé par le droit d’auteur. Il peut
être réimprimé et distribué à des fins non
commerciales sans permission, mais toute modification
de son contenu doit être autorisée. Le message suivant
doit apparaître sur toute réimpression de ce document
: Ces renseignements ont été fournis par le Réseau
canadien d’info-traitements sida (CATIE). Pour plus
d’information, appelez-nous au 1.800.263.1638.
Communiquez avec nous
par téléphone
1.800.263.1638
416.203.7122
par télécopieur
416.203.8284
par courriel
[email protected]
via le World Wide Web
http://www.catie.ca
par la poste
505-555, rue Richmond Ouest
Case 1104
Toronto, Ontario
M5V 3B1
Canada
Financé par Santé Canada dans le cadre de la
Stratégie canadienne sur le VIH/sida.
CATIE FEUILLET d’information
La DHEA, page 5 sur 5