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Une vie de princesses ? AVEC LA GUERRE, LES MARQUISES « DE GRAND AIR » ET CONSORTS QUI N'ONT JAMAIS TRAVAILLÉ, PRIVÉES SOUVENT DE SOUTIEN DE FAMILLE, SONT CONTRAINTES DE RECHERCHER UN EMPLOI. Colette, dans sa chronique de guerre, décrit une agence pour ce type de femmes : « Il y a une œuvre, à Paris, qui veut donner du travail à domicile à des mains blanches, soignées, naguère oisives... Elles font cet effort, qui leur coûte plus cher qu'une journée sans pain, de venir chercher et rendre un travail facile, honorablement payé. Elles s'apprivoisent...». La marquise de « Grand Air » et sa bonne Bécassine N'AYANT PAS PARFOIS LA PLUS ÉLÉMENTAIRE NOTION DE LA VALEUR DE L'ARGENT, ELLES ACCEPTENT AU DÉPART DES SALAIRES DÉRISOIRES. Grâce à cette expérience, elles s'habituent à l'idée d'une survie indépendante de subsides familiaux, ce qui aura une influence inestimable sur les rapports entre les sexes après la guerre. A PARTIR DE LA FIN 1917, L'ARRIVÉE À PARIS DES ARISTOCRATES RUSSES DÉMUNIES, FUYANT LES BOLCHEVIQUES, GROSSIT LES RANGS DE CES DEMANDEUSES D'EMPLOI D'UN NOUVEAU GENRE. Elles sont totalement prises au dépourvu. C'est le cas de la GRANDE-DUCHESSE MARIA PAVLOVNA, cousine du tsar Nicolas II. En 1914, elle suit un cours de peinture à Paris mais rentre bientôt en Russie pour être infirmière volontaire sur le front pendant 2 ans et demi, comme un grand nombre de princesses. Quand la Révolution éclate, un périple la mène à Bucarest puis à Paris : « Je n'avais jamais eu de l'argent sur moi, ni écrit un chèque. Je connaissais à peu près le prix des robes et des bijoux, mais je n'avais pas la moindre idée de combien coûtaient le pain, la viande et le lait ». Deux visages de la grande-duchesse Maria PAVLOVNA Ces jeunes filles de bonne famille, toutes francophones, font appel à leurs quelques compétences monnayables, le plus souvent la couture et la broderie, tandis que LEURS COMPAGNONS QUI, À SAINT-PÉTERSBOURG, ONT CONDUIT DES AUTOMOBILES DE LUXE, DEVIENNENT SIMPLES CHAUFFEURS DE TAXI... C'EST AINSI QUE DES PRINCESSES, RÉFUGIÉES POLITIQUES ET ARTISTES, SE RETROUVENT À BRODER ET SURFILER DES PERLES PAR MILLIERS, DANS DE GLACIALES CHAMBRES D'HÔTELS. L'écrivain Nina BERBEROVA témoigne : « Je me suis alors à enfiler des perles. Beaucoup d'entre nous le faisaient, même Elsa TRIOLET... C'était une activité un peu plus rentable que les points de croix... ». Nina BERBEROVA Elsa TRIOLET La grande-duchesse Maria PAVLOVNA ouvre, avec succès, une maison de couture, avenue Montaigne à Paris, spécialisée dans des broderies fines ; d'autres la suivent. LA MINCEUR ET LA PÂLEUR DE CES PRINCESSES DÉNUTRIES LEUR PERMETTENT D'ÊTRE LES PREMIERS MANNEQUINS DE CETTE NOUVELLE MODE QUI S'ADRESSE AUX JEUNES FEMMES LONGILINES ET FINES, DÈS LA FIN DE LA GUERRE. L'obligation, pour ces femmes des classes aisées, de s'occuper directement de tâches ménagères aura comme conséquence une SIMPLIFICATION CONSIDÉRABLE DU TRAIN DE VIE ET DE « L'ÉTIQUETTE ». Aux décors encombrés de l'avant-guerre se substitueront des intérieurs clairs, meublés de façon épurée, bien plus faciles à entretenir. La géométrie ordonnée du Bauhaus succèdera aux sinuosités de l'Art nouveau. La mode suivra, caractérisée par le r EJET EN BLOC DE TOUTES LES CONTRAINTES QUI ONT ASSERVI LES FEMMES JUSQUE LÀ . Et pour la première fois, les élégantes pourront se vêtir sans l'assistance de bonnes.