Ingénieuse.ch No 2 - HES-SO

Transcription

Ingénieuse.ch No 2 - HES-SO
La technique, un défi au féminin
Numéro 2 / Octobre 2007
u Dossier
Sécurité biométrique à
Sion
u Portrait d’ingénieure
Surveillance au CERN
u
Portrait d’étudiante
Jamais sans mon ordi
u
Interview
Monica Bonfanti
u
Reportage
Ensemble au chevet des
malades
u
Avenir
Stage de découverte
Consultez notre site
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Lorsque les femmes
assurent la sécurité
Dans ce deuxième numéro, ingenieuse.ch plonge dans le monde de la sécurité.
Pour une fois, les femmes n’y apparaissent pas comme victimes, mais bien en tant
qu’actrices. Toutes celles qui témoignent ici voulaient mieux comprendre leur environnement. Cette envie les a conduites à maîtriser des logiciels complexes ou des
appareils sophistiqués. Regardez-les, elles se sentent parfaitement à l’aise dans cet
univers où la technique est omniprésente.
Et écoutez leur message: «Cela vaut la peine d’oser!»
Anne de Montmollin et Sylvie Villa
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Toc, toc, toc, qui est là?
u Bientôt les collaboratrices et collaborateurs du Service
cantonal d’informatique de Sion parleront à une borne
électronique pour obtenir l’autorisation de rejoindre leur
bureau. C’est du moins l’objectif visé par SABBUCA, un
projet futuriste développé à la HES-SO Valais.
Qui a vu «Minority Report», de Steven Spielberg ne peut
oublier la scène durant laquelle John Anderton se fait
changer les yeux pour passer les contrôles d’accès biométriques…! SABBUCA est, elle aussi, une application
biométrique. A la différence près qu’elle n’identifie pas
les gens sur la base de leurs pupilles, mais en analysant
leur visage et leur voix. Voyage dans le futur, au Service
cantonal de l’informatique de l’Etat du Valais: l’application
tourne grâce à une caméra, un micro, et un ordinateur, tous
intégrés dans une borne d’information au design élégant.
«Le contrôle d’accès se situe dans le hall d’entrée, explique
Michael Clausen, adjoint technique à la HES-SO
Valais. Avec SABBUCA, les employé-e-s doivent
se placer face à la borne, activer le processus
d’authentification sur l’écran tactile, puis dire
à haute voix: «Bonjour, je m’appelle Francis
Dupont, et je travaille au Service informatique
de l’Etat du Valais». Le visage et la voix sont comparés avec
la base de données – car il s’agit évidemment d’entrer au
préalable les profils de celles et ceux qui sont autorisés à
entrer dans le bâtiment –, et si la personne est reconnue,
elle peut entrer.» Et sinon ? «Si elle fait partie du personnel
du service et possède son badge, elle peut malgré tout passer le portique puisque nous sommes dans une phase test.
Le badge constitue donc toujours la principale clé d’accès.
Ce n’est qu’au cours de la phase II que les personnes non
reconnues par SABBUCA seront interdites d’entrée.»
Une équipe enthousiaste
Michael Clausen a trouvé au sein du service des cobayes
coopératifs. Mieux, participatifs! Claude-Alain Berclaz, Adjoint
et chef de la section «Direction et pilotage des systèmes
d’information», est enthousiaste. «Le Service informatique
est un secteur idéal pour tester ce type d’application. Non
seulement parce que nous abritons des données sensibles
et que nous cherchons en permanence à élever le niveau
de sécurité de nos locaux, mais aussi parce que c’est un
domaine qui intéresse tout le monde, et que du coup nous
jouons toutes et tous le jeu. »
Une première
Bien que le procédé d’identification biométrique soit connu
depuis plusieurs années déjà, SABBUCA consiste en une
petite révolution à plusieurs égards. Non seulement c’est la
première fois qu’une application propose une analyse simultanée de la voix et du visage, mais c’est également la première fois qu’un système de ce type fonctionne de manière
satisfaisante avec un petit micro et une caméra basique, de
type webcam. «D’autres systèmes existent, explique Michael
Clausen, mais ils sont dotés de caméras haute définition,
et dans l’idée d’une commercialisation à grande échelle, le
système devrait pouvoir être discret et installé facilement
n’importe où, même sur votre PC.»
Carole Pellouchoud
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Monica Bonfanti
Commandante de police
et scientifique
Murielle Savary
Jamais sans
mon ordi!
u Spécialiste reconnue dans le domaine des armes
à feu et de la balistique, Monica Bonfanti, 37 ans,
est aussi, depuis août 2006, cheffe de la police
cantonale genevoise.
Pourquoi avoir choisi des études de criminologie ?
J’avais fait des études scientifiques et je cherchais une
formation alliant la recherche et la résolution de problèmes dans le domaine scientifique, afin de pouvoir
travailler dans un milieu comme la police ou l’armée.
L’Ecole de sciences criminelles m’offrait cette ouverture. Il y faut de la rigueur, comme en sciences, avec
un protocole à suivre. Cela me plaît.
Qu’évoque pour la cheffe de la police, le terme de sécurité ?
Je suis frappée par le nombre de personnes qui se
sentent très peu en sécurité sans que ce sentiment
ne soit toujours lié à un danger objectif. Les médias
jouent un rôle important en stigmatisant beaucoup
la délinquance, par exemple celle des étrangers. Ces
articles induisent un fort sentiment d’insécurité face
aux personnes de couleur, dont on s’imagine qu’elles
sont toutes criminelles en puissance. Le courrier que
nous recevons en témoigne.
Comment lutter là-contre?
Cela constitue une grande partie du travail de la police
de proximité. Nous avons par exemple reçu une lettre
d’une dame d’un certain âge qui voulait une présence
policière dans le parc où elle se promenait parce qu’un
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groupe de jeunes y avait pris ses habitudes. Grâce à
l’îlotier, elle a fait connaissance avec ces jeunes et
depuis, elle n’a plus peur.
Que dites-vous aux jeunes filles tentées par la profession ?
Il n’y a plus de différences entre hommes et femmes.
Dans la vie, il faut essayer. Si on échoue, on pourra se
dire qu’on a au moins essayé.
L’envie de savoir « dialoguer avec un ordinateur »
pousse Murielle Savary à
entrer en section informatique, à l’EPFL puis à la
Haute Ecole d’Ingénierie et
de Gestion du Canton de
Vaud (HEIG-VD). La conception du programme de formation la séduit : « Tout ce
qui est enseigné est directement utile. Et à la fin, on
a un métier, on peut tout de
suite entrer sur le marché du travail. »
Quels sont les avantages à être une femme à ce poste?
Quelques membres de l’équipe préfèrent parler avec
une femme de certains problèmes. Lors de discussions,
une femme amène un autre point de vue et sa présence
peut faire aussi baisser le ton. Par ailleurs, j’apprécie
que mon adjoint soit un homme avec des expériences
différentes. Cela nous rend très complémentaires.
A 28 ans, Murielle suit sa dernière année d’études et planche sur
son travail de diplôme, lié à la sécurité informatique. « Je travaille à
remonter les filières criminelles de spammeurs de manière à pouvoir
bloquer les courriers indésirables à l’origine. » La jeune femme sait
déjà qu’elle aimerait bien trouver un emploi dans ce domaine. C’est
une passionnée qui ne quitte jamais son ordinateur. «Il est toujours
allumé de manière à profiter de chaque minute de libre. J’aime que
ce métier me permette de travailler n’importe où: chez moi, dans le
train, dans un café. Cela offre tellement de possibilités ! D’ailleurs, l’un
de mes rêves serait de garder des chèvres en Corse tout en bossant
dans l’informatique ! »
PATRICIA BERNHEIm
PATRICIA BERNHEIm
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Idelette Floret
A la traque des
rayons nocifs
Poussée par son désir de comprendre comment fonctionnait son
environnement, Idelette Floret est devenue ingénieure en radioprotection au CERN près de Genève. Une trajectoire qui s’est
« dessinée toute seule » dit cette jeune femme aux yeux aussi rieurs
que son discours est sérieux.
u A 26 ans, Idelette Floret évolue dans un monde peu
commun et très sécurisé, celui du CERN, le plus grand
laboratoire de physique des particules. Un paradis pour
la recherche de pointe où des scientifiques du monde
entier tentent de progresser dans la compréhension
de la matière, notamment par la découverte des plus
petits éléments qui constituent notre univers à l’aide
du grand collisionneur de particules LHC (Large Hadron
Collider).
Ces travaux scientifiques ne sont évidemment pas sans
risques pour l’être humain puisqu’ils produisent de la
radioactivité. Le CERN est soumis aux réglementations
de ses deux pays hôtes, la Suisse et la France. La plus
grande prudence est requise sur le site, surveillé par
Idelette et ses collègues.
La faible radioactivité naturelle présente dans notre
environnement est inoffensive. Mais une irradiation trop
importante pourrait devenir néfaste pour la santé.
Il s’agit en effet de surveiller en permanence les données d’appareils de mesure étalonnés en fonction du
type de rayonnement pour donner l’alerte en cas de
dépassement des valeurs admises. Les résultats collectés sont également étudiés et permettent d’analyser les
risques, de rédiger des rapports techniques, d’édicter
des procédures, de mettre en place des signalisations,
de préparer des recommandations pour les équipes
concernées.
Enfin, tout un travail de sensibilisation auprès du personnel doit être entrepris. « Une information est donnée
aux collaborateurs et collaboratrices, qui doivent suivre
nos recommandations: dans les ateliers de maintenance, ce peut être se tenir à une distance suffisante
de l’appareil qui a été exposé, informer le personnel sur
les conduites à tenir lors de la manipulation de matières »
explique Idelette.
« Nous analysons chaque projet, dans le but d’éviter
au maximum l’exposition aux rayons ionisants, depuis
le choix des matériaux utilisés jusqu’au temps passé à
travailler. Rationaliser les méthodes de travail est très
important pour limiter les risques. »
Le plaisir d’apprendre
Pour Idelette, son parcours s’est dessiné « très naturellement ». Moyennant une confiance acquise auprès de
la famille et des enseignant-e-s « on éprouve du plaisir
à comprendre, on a envie d’apprendre pour aller plus
loin. J’aimais déjà comprendre mon environnement, j’ai
donc choisi l’option physique jusqu’au baccalauréat français, puis passé deux ans dans un Institut Universitaire
de Technologie en mesure physique, pour me familiariser avec des applications plus concrètes de la branche.
A l’Ecole d’ingénieur-e-s de Genève en physique appliquée, j’ai eu l’occasion de réaliser mon travail de diplôme
au CERN et d’en découvrir ainsi les travaux et le site. Après
des années et autant d’efforts, aujourd’hui j’y travaille ».
A la question de savoir si ce monde est rude pour la minorité de femmes qui y exercent, elle s’étonne: « pas du tout,
l’ambiance est très bonne. Je suis parfois même étonnée
lorsque des collaborateurs très expérimentés obéissent
à mes consignes sans broncher. Je suis jeune, femme,
mais ils respectent mes connaissances et la responsabilité de ma fonction. Ce ne doit pas être toujours simple
de se sentir observé dans ses moindres gestes, minuté
lors d’une intervention dans un accélérateur, par une
jeune comme moi qui débarque. Et pourtant ça marche.
Il suffit d’une bonne qualité de dialogue pour établir une
relation de confiance. Et ça, ça n’a rien à voir ni avec le
sexe, ni avec l’âge ! ».
Marie Christine Pasche
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Projet égalité Arc-Idée
Filles et garçons au chevet des malades
Lorsque se crée la Haute Ecole Arc, qui regroupe les forces
HES des cantons de Neuchâtel, du Jura et de la partie francophone du canton de Berne, germe l’idée d’un projet en
commun, pour que professeur-e-s et étudiant-e-s apprennent
à mieux se connaître. Et comme deux branches au moins
- les soins infirmiers et l’ingénierie - sont très connotées
féminin-masculin, on se lance dans une aventure favorisant
l’égalité des chances.
En 2005, quatre filles et quatre garçons, accompagnés de
professeur-e-s des deux sexes démarrent la conception d’un
instrument utile pour les soins infirmiers, en agissant comme
toute équipe de recherche d’une entreprise privée: recenser
les besoins, les étudiant-e-s en soins infirmiers s’en chargent.
Les économistes entament l’étude de marché et de coût, puis
les ingénieur-e-s planchent sur la technique, tandis que les
designers conçoivent « l’emballage ». Chacun-e apprécie de
partager ses compétences, de bétonner son argumentation
lors de controverses entre l’esthétique et l’ergonomie, la performance et le coût. Un exemple? « Les ingénieur-e-s ont mis
du temps à comprendre pourquoi, même si cela leur posait
un problème technique supplémentaire, il fallait absolument
une lampe à deux intensités. Une pour déambuler dans la
Les écoles partenaires :
HEIG-VD
Haute École d’Ingénierie et de Gestion
du Canton de Vaud
Route de Cheseaux 1
CH-1401 Yverdon-les-Bains
Tél. : +41 (0)24 557 63 30
Fax : +41 (0)24 557 64 04
www.heig-vd.ch
EIA-FR
École d’Ingénieur-e-s et d’Architectes
de Fribourg
Bd de Pérolles 80 - CP 32
CH-1705 Fribourg
Tél. : +41 (0)26 429 66 11
Fax : +41 (0)26 429 66 00
www.eif.ch
HES-SO Valais
Haute École Valaisanne Sciences de l’ingénieur-e
Route du Rawyl 47
CH-1950 Sion
Tél. : +41 (0)27 606 85 11
Fax : +41 (0)27 606 85 15
www.hevs.ch
Avec la participation des écoles d’ingénieur·e·s
de la HES-SO et le soutien financier de l’OFFT
offt : Programme
Egalité des chances
dans les HES
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Un seul regret
Suite à l’étude de marché effectuée auprès du corps infirmier, l’appareil devait cumuler des fonctionnalités horaires
telles qu’un chronographe, une alarme de rappel, le calcul
rapide de débit (pour les perfusions), la prise de pouls avec
alarme, une lampe à deux intensités.
L’appareil existe, mais il est contenu dans une boîte ordinaire, faute de finances pour réaliser le boîtier rond ou
ovale, de la taille d’un téléphone portable, conçu par les
spécialistes du design. Voilà le seul regret de l’équipe à
l’issue de cette expérience réussie !
Marie Christine Pasche
A suivre sur www.ingenieuse.ch
Avenir
WINS: Une opportunité à saisir
EIG
École d’Ingénieur-e-s de Genève
Rue de la Prairie 4
CH-1202 Genève
Tél. : +41 (0)22 338 04 00
Fax : +41 (0)22 338 04 10
www.eig.ch
HE-ARC
Haute École Arc - Ingénierie
Rue Baptiste-Savoye 26
CH-2610 Saint-Imier
Tél. : +41 (0)32 930 11 21
Fax : +41 (0)32 930 11 22
www.he-arc.ch
chambre de nuit, l’autre pour examiner la pupille des malades », explique Christophe, étudiant infirmier.
Bodonirina, étudiante en ingénierie, a aimé la mixité, elle qui
est habituée à vivre à deux ou trois filles dans des classes
de quinze. « C’est pour elles que j’ai envie de dire aux filles
d’oser et de persévérer. Souvent, c’est faire le premier pas
qui est difficile».
Les 18 et 19 février prochains, l’Ecole d’Ingénieurs et d’Architectes et la Faculté des sciences de Fribourg se
préparent à accueillir les collégiennes de 3ème année du Canton de Fribourg durant deux jours de stages WINS
(pour Women IN Science and technology).
Impressum
Direction du projet
Sylvie Villa, responsable du domaine
des sciences de l’ingénieur-e à la HES-SO
directrice du programme Égalité de la HEIG-VD,
Anne de Montmollin, coordinatrice
Rédaction
Marie-Christine Pasche, Patricia Bernheim,
Carole Pellouchoud
Photos
Jean-Philippe Daulte
Conception et mise à jour du site
Vincent Greset; Chrystelle Vanni HE-ARC
Maquette et mise en page
Sophie Jaton; Albena Basset, EIG
Impression
Imprimerie St-Paul, Fribourg
Edition
Projet ingénieuse.ch, HEIG-VD,
Rte de Cheseaux 1, 1400 Yverdon-les-Bains,
[email protected]
Tirage : 18’000 exemplaires
Distribution : Apprenties de 1e et 2e années,
étudiantes de 1e et 2e années des classes
gymnasiales et d’école de culture générale
en Suisse romande.
Avec l’organisation des stages
WINS, les deux institutions entendent offrir aux collégiennes qui le
souhaitent une occasion de se familiariser avec des domaines scientifiques et techniques, tels qu’ils sont
pratiqués à la HES et à l’Université.
Cela dans le but d’élargir le spectre
des perspectives professionnelles
et d’études habituellement envisagées par les jeunes filles, et de les
encourager à s’inscrire dans une de
ces filières.
Durant ces deux jours, sont organisés plus d’une trentaine de stages
concernant tous les domaines d’études offerts par les deux institutions,
par exemple « bâtir son environnement », « la chimie des cosmétiques »
ou encore « les coulisses du blog ».
Travaillant en petits groupes, les participantes ont un
contact direct avec le domaine choisi et bénéficient d’un
encadrement personnalisé.
Comment s’inscrire?
Une séance d’information sera organisée dans chaque collège du
canton de Fribourg pour présenter le projet et permettre aux jeunes filles de s’inscrire. Pour en savoir plus dès maintenant, le site
www.unifr.ch/wins est à votre disposition.
Pour les jeunes filles du Canton de Vaud qui sont en 8ème
ou 9ème année du cycle secondaire obligatoire, la HEIGVD organise, dans le même but, des stages WINS les 7-8
novembre 07 et 21-22 novembre 07 à Yverdon-les-Bains
(information sur http://egalite.heig-vd.ch).
De même, dans le Canton du Valais, les jeunes filles de
2ème et 3ème du cycle pourront se familiariser avec différentes facettes du métier d’ingénieure en Systèmes Industriels les 15-16 novembre 07 à la HES-SO Valais, à Sion
(information sur www.hevs.ch/wins).