Et pourtant elle tourne! - HES-SO
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Et pourtant elle tourne! - HES-SO
www.ingenieuse.ch/fr/dossier.html Et pourtant elle tourne! Elle s’appelle PHEDRE, mesure un mètre de diamètre par trente centimètres de largeur, tourne silencieusement sur elle-même et promet des week-ends douillets. Elle? La nouvelle perle de la HES-SO Valais, une roue à eau capable d’alimenter en électricité les mayens les plus reculés. Aaaah… Un week-end au mayen… La montée sac au dos, la raclette au feu de bois, s’endormir sur le chuchotement du ruisseau, se réveiller au son des cloches des vaches paissant dans le pré voisin… Séduisant ! Mais qui dit «endroit retiré» dit généralement aussi «pas d’électricité». Et donc pas d’eau chaude, pas d’éclairage, pas de scie circulaire pour couper le bois, etc. Mais PHEDRE est là! PHEDRE comme Picocentrale HydroElectrique Développée à partir d’une Roue à Eau.. Un petit ruisseau suffit Avec la participation des écoles d’ingénieur·e·s de la HES-SO et le soutien financier de l’OFFT offt : Programme Egalité des chances dans les HES Les écoles partenaires : EIG École d’Ingénieur-e-s de Genève Rue de la Prairie 4 CH-1202 Genève Tél. : +41 (0)22 338 04 00 Fax : +41 (0)22 338 04 10 www.eig.ch HEIG-VD Haute École d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud Route de Cheseaux 1 CH-1401 Yverdon-les-Bains Tél. : +41 (0)24 557 63 30 Fax : +41 (0)24 557 64 04 www.heig-vd.ch HE-ARC Haute École Arc - Ingénierie Rue Baptiste-Savoye 26 CH-2610 Saint-Imier Tél. : +41 (0)32 930 11 21 Fax : +41 (0)32 930 11 22 www.he-arc.ch EIA-FR École d’Ingénieur-e-s et d’Architectes de Fribourg Bd de Pérolles 80 - CP 32 CH-1705 Fribourg Tél. : +41 (0)26 429 66 11 Fax : +41 (0)26 429 66 00 www.eif.ch HES-SO Valais Haute École Valaisanne Sciences de l’ingénieur-e Route du Rawyl 47 CH-1950 Sion Tél. : +41 (0)27 606 85 11 Fax : +41 (0)27 606 85 15 www.hevs.ch Impressum Direction du projet Sylvie Villa, responsable du domaine des sciences de l’ingénieur-e à la HES-SO directrice du programme Égalité de la HEIG-VD, Anne de Montmollin, coordinatrice Rédaction Marie-Christine Pasche, Patricia Bernheim, Carole Pellouchoud Photos Jean-Philippe Daulte Conception et mise à jour du site Vincent Greset; Chrystelle Vanni HE-ARC Maquette et mise en page Sophie Jaton; Albena Basset, EIG 4 Impression Imprimerie St-Paul, Fribourg Edition Projet ingénieuse.ch, HEIG-VD, Rte de Cheseaux 1, 1400 Yverdon-les-Bains, [email protected] Tirage : 18’000 exemplaires Distribution : Apprenties de 1e et 2e années, étudiantes de 1e et 2e années des classes gymnasiales et d’école de culture générale en Suisse romande. « Le fonctionnement est très simple », explique son concepteur Yves Pigueron, ingénieur à l’institut Systèmes industriels de la HES-SO Valais à Sion : «il suffit de dévier une partie du débit d’un ruisseau ou d’un torrent, et de le diriger au-dessus de l’installation. Une génératrice placée à l’intérieur de la roue transforme l’énergie du mouvement en électricité, et celle-ci est ensuite stockée dans une batterie.» Ne reste plus qu’à relier la batterie à l’habitation. Simple, robuste, montée sur pieds, PHEDRE ne nécessite aucune infrastructure de génie civil. Et pas besoin d’un gros débit, huit litres par seconde suffisent à lui conférer une capacité de production optimale de 40 W. «Avec l’augmentation du prix des énergies fossiles, constate Serge Amoos, ingénieur à la HES-SO Valais et responsable de la valorisation de projets, ce type de ressources recèle un véritable potentiel. Le Groupement des équipementiers valaisans (GEVs) - six entreprises valaisannes dans des domaines divers - a financé la construction du prototype et souhaite produire et commercialiser PHEDRE.» Car l’installation ne représente pas seulement une aubaine pour un chalet valaisan isolé, mais aussi pour toute habitation située à l’écart du réseau, en Suisse ou n’importe où dans le monde. Plus efficace que le solaire Facilité d’utilisation, faibles coûts de fabrication et de maintenance: PHEDRE représente une alliée idéale. «Comparée au panneau solaire, indique Yves Pigueron, elle est plus efficace d’un point de vue énergétique, sa conception ne nécessite pas de technologies avancées de fabrication, et tandis que le panneau ne fonctionne que quelques heures par jour à rendement maximal, la roue tourne 24 heures sur 24.» Seule contrainte de PHEDRE: un cours d’eau régulier et pas trop éloigné de l’habitation. Plus le câble est long, plus il y a de pertes d’énergies sur le trajet. Présentée en novembre 2006 à la foire Swisstech de Bâle, PHEDRE attend désormais d’être commercialisée. Si tout va bien, les amoureux de la nature devraient pouvoir se doter de cette installation en 2008. Carole Pellouchoud A suivre sur www.ingenieuse.ch www.ingenieuse.ch/fr/interview.html Alexandre Closset En quête d’ingénieures Alexandre Closset est directeur de Flexcell, entreprise qui fabrique des cellules solaires flexibles à Yverdonles-Bains et va y créer 80 emplois en 2008. Quel est le produit développé par Flexcell ? Ce sont des cellules photovoltaïques minces et flexibles que l’on dépose sur un film très fragile, puis le tout est encapsulé dans différentes couches de plastique résistantes aux ultraviolets, à la pollution et aux colles. Les avantages de cette technique ? Nous pouvons développer des produits photovoltaïques flexibles, légers et incassables, que l’on peut intégrer aux bâtiments ; sur un toit plat, ou bientôt dans une toile de tente par exemple. Et pour les gens ? Nous fabriquons des chargeurs solaires transportables partout, donc très utiles en randonnée et pour le camping. Cela permet de charger son téléphone, son GPS ou tout autre appareil n’importe où. Vous avez développé ce produit à la sortie de l’Ecole d’ingénieur-e-s du Locle. Y avait-il une fille dans l’équipe? Non : quand vous étudiez dans une école avec une fille pour cinq cents garçons, il y a peu de chances que vous ayiez une amie ingénieure avec qui faire de la recherche… Donc aucune femme dans l’équipe fondatrice? Dès que nous avons eu les moyens, nous avons engagé une personne pour s’occuper des finances et de l’administration. Et choisi une femme diplômée HES en économie et service. J’aimerais vraiment en employer davantage, mais je n’en trouve pas ! En Suisse, les écoles n’en forment pas assez. C’est différent dans les autres pays ? Oui. Lorsque j’ai cherché à engager au moins une collaboratrice pour le secteur développement des produits, j’en ai trouvé une en Suisse alémanique. Puis j’ai engagé deux françaises. J’ai le sentiment qu’elles sont plus nombreuses en France à suivre ce genre d’études. Pourtant, en Suisse, les études supérieures techniques leur sont accessibles depuis longtemps. Oui mais ce n’est pas encore vraiment dans les mœurs que des femmes fassent carrière dans l’industrie. Elles-mêmes n’y pensent pas ! Peut-être aussi parce que l’infrastructure permettant d’élever des enfants en travaillant est vraiment insuffisante, contrairement à la situation française. Marie-Christine Pasche A suivre sur www.ingenieuse.ch La technique, un défi au féminin www.ingenieuse.ch/fr/edito.html EDITO u Dossier Le courant au mayen u Portrait d’ingénieure Une fille branchée Découvrir les métiers techniques Dans ce deuxième numéro, ingenieuse.ch plonge dans le monde de la sécurité. Pour une fois, les femmes n’y apparaissent pas comme victimes, mais bien en tant qu’actrices. Toutes celles qui témoignent ici voulaient mieux comprendre leur environnement. Cette envie les a conduites à maîtriser des logiciels complexes ou des appareils sophistiqués. Regardez-les, elles se sentent parfaitement à l’aise dans cet univers où la technique est omniprésente. u Avenir Et écoutez leur message: «Cela vaut la peine d’oser!» u Portrait d’étudiante La fée électricité u Interview Alexandre Closseti u Reportage ????????? Consultez notre site www.ingenieuse.ch Anne de Montmollin et Sylvie Villa www.ingenieuse.ch/fr/portrait_ingenieuse.html Joëlle Fahrni Une fille branchée haute tension Ancienne étudiante à la HE-Arc, Joëlle Fahrni est aujourd’hui dispatcher chez EOS (Energie Ouest Suisse). Portrait d’une jeune femme qui occupe un poste clé dans l’approvisionnement en électricité de toute la Romandie. Depuis mai 2006, la jeune ingénieure exploitation de 25 ans est dispatcher au Centre d’Exploitation et de Gestion, un rôle clé au cœur du centre névralgique des activités d’EOS. Joëlle et ses collègues traitent une grande quantité d’informations en temps réel et en permanence et agit sur tous les aspects de la chaîne de l’énergie: production, transport, équilibre entre l’électricité produite et celle qui est consommée. En effet, l’énergie électrique ne se stocke pas. En agençant son cheminement sur des centaines de lignes à travers toute l’Europe, il faut sans relâche faire correspondre offre et demande. Adolescente, Joëlle ne se projette pas dans le domaine de la haute tension. Si elle accomplit son gymnase en section scientifique, à la Chaux-de-Fonds, c’est pour devenir médecin. Une fois son bac en poche, c’est pourtant vers l’école d’ingénieur-e-s qu’elle se dirige dans le but de devenir chronométreuse sportive. Lors de l’année de connaissances professionnelles permettant de raccorder vers une formation HES technique, elle découvre d’autres horizons. Très attirée par les énergies renouvelables et l’environnement, elle s’inscrit finalement à l’HE-ARC, au Locle, en génie électrique, orientation énergie. Son travail de diplôme porte sur « l’augmentation de la consommation d’électricité en Suisse due à la climatisation ». A peine terminé, elle est engagée par EOS. vant provoquer de nombreux déclenchements de ligne. Les signaux d’alarme se succèdent sur les écrans, mais la présence d’automatismes permet de résoudre rapidement le problème dans la plupart des situations, par exemple un fort coup de vent ou une branche qui frôle une ligne . » D’autres cas sont plus épineux. « Lorsqu’un arbre tombe sur une ligne, le ré-enclenchement n’est pas possible. On doit alors mettre en sécurité l’élément du réseau, demander une intervention sur le terrain et trouver d’autres voies pour acheminer de l’énergie électrique. » Seule femme de l’équipe Quelques exemples parmi beaucoup d’autres. Le travail de l’ingénieure est loin d’être répétitif. « Les tâches sont tellement nombreuses et variées que l’un de mes collègues, qui vient de prendre sa retraite, n’en a accompli certaines qu’une seule fois en 35 ans de maison! », conclut en riant Joëlle Fahrni. Travailler dans un milieu masculin ne la dérange pas, au contraire : « J’ai été super bien accueillie, comme s’ils se disaient: chouette, une femme! » Cela tombait bien: son chef actuel cherchait quant à lui à apporter une touche féminine à son équipe. Pour assurer un approvisionnement 24 heures sur 24, les dispatchers peuvent à tout moment modifier le plan de production en fonction des besoins ou des incidents. Ainsi, lorsque la foudre frappe, Joëlle et ses collègues sont au front. « Ce sont de grosses perturbations pou- www.ingenieuse.ch/fr/portrait_etudiante.html Mary-Laure Matthey La fée électricité Novembre 2007, Haute école d’ingénieur-e-s et d’architectes de Fribourg, bâtiment G, laboratoire de machines électriques. Face à un énorme tableau de bord truffé d’écrans, d’interrupteurs et de fils électriques, Mary-Laure se tient droite, attentive au moindre détail tandis qu’elle allume ici, éteint là, aiguillant le courant sur l’une ou l’autre ligne en fonction des besoins, dans une sorte de gestuelle synchronisée. La jeune neuchâteloise de 22 ans termine sa formation d’ingénieure dans quelques semaines. Excellente élève, elle a consacré son travail de diplôme à l’étude du fonctionnement des transformateurs déphaseurs. L’objectif? «Les lignes sont aujourd’hui sous dimensionnées par rapport aux flux. En modélisant trois lignes entre Breite et Sils ainsi que les transformateurs, nous avons voulu trouver un système qui permette de contrôler la surcharge et de la répartir sur toutes les lignes.» Dans la pratique, ces travaux pourraient permettre d’éviter les black-out tels que l’Allemagne ou l’Italie en ont connus. Mary-Laure n’a jamais craint la cohabitation avec ses collègues masculins. «C’est comme ça depuis que je suis petite. Dans ma région, j’étais pratiquement la seule fille de ma volée. Aux cours d’apprentissage idem, et ici nous sommes deux sur environ 25 personnes. Ça s’est toujours bien passé. 2 Ensuite? Son visage s’illumine: Mary-Laure connaît déjà le nom de son futur employeur. « Je commence en décembre 2007 chez BKW FMB Energie SA (ndlr: les forces motrices bernoises) comme ingénieure en développement de réseaux ». Carole Pellouchoud A suivre sur www.ingenieuse.ch Patricia Bernheim A suivre sur www.ingenieuse.ch www.ingenieuse.ch/fr/reportage.html Stage WIN’S Découvrir les métiers techniques dans la bonne humeur Destinés aux filles de 8e et de 9e, les stages WINS leur donnent l’occasion de découvrir différents aspects des métiers de l’ingénierie. Reportage à la Haute École d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD) et à la HES-SO Valais. u Yverdon, HEIG-VD. D’année en année, le succès pour les stages WIN’S (Women IN Science) ne se dément pas. Cette année, 162 filles se sont inscrites, toutes curieuses de découvrir quelques facettes des métiers techniques. 89 ont finalement été retenues pour intégrer un des 6 ateliers proposés: énergie électrique, électronique, robotique, économie d’énergie, informatique et télécommunications. Après un peu de théorie, on passe très vite à la pratique. Le temps compte si les participantes veulent rentrer chez elles avec un objet qu’elles auront réalisé. Les unes s’attellent à la fabrication d’un chargeur d’accus solaire, d’autres au montage d’un petit robot réagissant au bruit, ou à la construction d’un instrument de musique dont on joue sans le toucher. Un groupe se penche sur la consommation d’énergie des appareils domestiques et un autre se lance dans la création d’une page Web, tandis que les dernières construisent un microphone miniature permettant d’émettre sa propre voix à distance. Il va où ce « gligli » ? Le premier jour, elles vont donc souder, assembler, se tromper, dessouder et, finalement, surmonter toutes les difficultés. L’ambiance est bonne, les rires fusent. Les remarques aussi: « Super, on n’est pas des nulles ! On comprend. » Solidaires, celles qui ont pris de l’avance aident les autres. Les questions se succèdent. Comme les termes techniques n’ont pas tous été mémorisés, les ingénieur-e-s qui les encadrent se déplacent de table en table pour comprendre quels sont les « gliglis » ou les « machins » qui posent problème. En économie d’énergie, les filles découvrent qu’une TV regardée trois heures par jour coûte 17 frs 50 par an, auxquels il faut ajouter 23 frs si elle reste en standby le reste du temps ! A 17 heures, fin des ateliers, mais pas de la journée. Toutes les participantes se retrouvent afin d’évoquer les différentes voies pour devenir ingénieur-e et les raccordements possibles. Après le repas, l’heure est venue de discuter avec des diplômantes de la HEIG-VD ainsi qu’avec des ingénieures travaillant en entreprise. Un plaisir partagé Après une (courte) nuit dans un abri de la protection civile, retour dans les ateliers pour finaliser les projets. Robots, chargeurs et instruments de musique sont en phase de test. « Génial, ça marche! » En économie d’énergie, les filles terminent la liste des appareils gloutons et les solutions pour les rendre moins voraces. Reste encore à présenter le projet aux autres groupes et à faire le bilan. L’équipe d’encadrement est enchantée: « Elles se sont vraiment données, c’était très enrichissant. » Du côté des stagiaires, leurs discussions animées ne laissent place à aucun doute: elles aussi ont eu beaucoup de plaisir. Sion, HES-SO Valais. Ici aussi, le stage WIN’S a été pris d’assaut. La preuve: 70 filles sont inscrites, mais 73 sont présentes ! Six laboratoires les attendent: électronique digitale, mécanique, électronique analogique, informatique, télécommunications et robotique (automation). Ici aussi, elles écoutent un brin de théorie, avant de passer au menu principal de la journée, la pratique. Certaines créeront et programmeront un affichage digital. En mécanique, les filles vont concevoir une boîte à bijoux par CAO (conception assistée par ordinateur) puis réaliser le prototype et le graver à leur nom. Bataille de boules de neige En robotique, une dizaine de petits robots-crabes qui se déplacent vers la lumière vont voir le jour. Les stagiaires informaticiennes vont créer un jeu de bataille de boules de neige pour jouer en réseau ou contre l’ordinateur. En télécom, elles s’apprêtent à concevoir un émetteur/récepteur pour converser ou écouter la radio. Enfin, en robotique, les filles ont pour mission de réaliser un véhicule à quatre roues ou à chenillettes en Lego puis de le programmer afin qu’il se déplace dans le lieu de leur choix. Les véhicules et leurs conceptrices s’affronteront lors d’une course d’adresse en fin de stage. L’occasion de mesurer les quelques erreurs commises lors de la conception et de la programmation. Comme à Yverdon, le stage se termine par une présentation des différentes professions de l’ingénierie, des possibilités de formation offertes par l’école, ainsi que la formation intermédiaire pour y arriver (apprentissage et/ou école). Une visite de l’École des métiers et une séance de laboratoire avec des étudiant-e-s de 1ère année mettra un terme à une expérience « très intéressante et plutôt rigolote ». Patricia Bernheim A suivre sur www.ingenieuse.ch 3