La chevauchée fantastique - Journal

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Merckx
La chevauchée fantastique
jeudi 1er septembre 2005
Eddy Merckx, légende du cyclisme, vient de fêter ses soixante
ans. Un anniversaire qui coïncide avec le 175e anniversaire de la Belgique.
Une occasion unique de retracer la carrière exceptionnelle d’un
coureur tout aussi exceptionnel exceptionnel qui est rare, pas dans les habitudes . Et ce
champion toutes catégories est
un Belge...
Eddy Merckx a fêté ses soixantes ans
Photo : Belga
Le palmarès de Monsieur Eddy en 19 ans de carrière ne sera jamais égalé,
loin s’en faut. Son talent et surtout son panache resteront dans la mémoire
de tous les passionnés de vélo. Il nous a fait hurler avec Luc
Varenne à la radio, serrer des poings dans les cols, retenir notre souffle
dans des descentes à tombeau ouvert. Très souvent, il nous a
tiré des larmes de joie dans les victoires. Merci à lui pour
cette superbe épopée.
1969 a peut-être été une grande année pour la chanson.
Elle l’a surtout été pour les fous de cyclisme que nous
sommes devenus grâce à Eddy Merckx. Cette année-là,
il participe pour la première fois au Tour de France. Il le remporte
de manière magistrale avec six victoires d’étape et 18
jours avec le maillot jaune sur les épaules. De plus, il prend aussi
le maillot vert (classement par points) et le grand prix de la montagne. La
Belgique n’en croit pas ses yeux et ses oreilles. C’est la liesse générale. Pourtant le champion est loin
d’être un
inconnu. C’est sa cinquième année chez les professionnels.
Il a déjà plus de 350 victoires à son actif. C’est
dire si on se méfie de lui dans le peloton. Mais le Tour, c’est
magique. Ce n’est pas une course comme les autres. Un très grand
champion doit absolument gagner un jour la « Grande Boucle ».
Merckx, dit « Le Cannibale »
Le champion belge doit ce surnom à la presse française qui supportait
mal de le voir tout gagner (ou presque) avec une classe infernale. Il manque
deux grandes épreuves à son glorieux palmarès : la classique classique habituel
Paris-Tours et une victoire aux jeux olympiques. Pour le reste, cela se résume
en deux chiffres : 525 victoires en 19 ans de carrière. Le tout avec
un style inimitable, unique. Merckx savait grimper les plus grands sommets
des Alpes ou des Pyrénées. Il volait dans les contre-la-montre.
Il quittait le peloton en vrai baroudeur, pour l’écraser dans
des échappées au long cours. Rares étaient ceux qui pouvaient
suivre son rythme infernal dans toutes les conditions météo.
Chaleur, pluie, neige -comme dans le Tour d’Italie (Giro) en 1968, où il
remporte une étape, et par là-même le Giro, dans une terrible
tempête de neige- rien n’arrête ce diable d’homme.
Les professionnels du peloton suent sang et eau pour suivre le Belge. Le journaliste
Luc Varenne a un jour obligé son pilote moto à ralentir la cadence.
Il était trop dangereux de suivre Merckx dans les descentes rapides
de cols.
Photo : Belga
Le secret : attaquer
Dans le langage d’aujourd’hui, on dirait de Merckx que c’est
un battant. Mais Eddy Merckx, c’était un coureur d’une autre époque.
Un cannibale sans doute, mais surtout un formidable bouffeur de bitume capable
d’exploits insensés même quand ce n’était pas
nécessaire pour la victoire. Uniquement pour le panache, pour la beauté du
geste. Résultat : il a été désigné plus grand
coureur du siècle et il le restera sans aucun doute. En effet, les courses
ne sont plus pareilles aujourd’hui, tout est savamment calculé,
y compris le calendrier des coureurs. Alors qu’Amstrong calcule sa saison
uniquement pour le Tour de France, Eddy Merckx a gagné trois années
de suite le Giro et La Grande Boucle. Sans compter de nombreuses grandes classiques.
Comparaison n’est pas raison, mais l’Américain arrive à remporter
un grand tour sans gagner d’étape, c’est la preuve d’un
grand talent de calculateur ! Eddy en 7 Tour de France, c’est 34 victoires
d’étape et 111 maillots jaunes. Merci Eddy.
Nicolas Simon