N°145 - Province des îles Loyauté

Transcription

N°145 - Province des îles Loyauté
Éditorial
sommaire
Les décisions de la Province . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 4
La rentrée 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 8
Les lauréats de l’EPEFIP et du GRETA . . . . . . . . . . . p 11
La Coupe Yeiwene . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 12
A la conférence sur le plurilinguisme . . . . . . . . . . p 15
Un lotissement SIC à Xépénéhé . . . . . . . . . . . . . . . p 17
Plein succès pour la fête du letchi . . . . . . . . . . . . . p 19
Le gîte Sedaï de Roh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 21
Le Festival Tafea Kanaky . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 22
La consul kiwie en terre Drehu . . . . . . . . . . . . . . . p 25
Comment obtenir une bourse Néo-Zélandaise . . p 27
Maré s’ouvre aux paquebots de croisière . . . . . . . p 29
Les photographes de demain . . . . . . . . . . . . . . . . . p 31
Une journée pour les violences aux femmes . . . . p 31
Les productions musicales 2011 . . . . . . . . . . . . . . p 33
Le challenge foot Canal + . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 39
L’EENCIL en assemblée à Siloam . . . . . . . . . . . . . . p 41
Les 40 ans de l’AS Ponoz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 42
CONSTRUIRE LES LOYAUTE
10 rue Georges Clémenceau - B.P. 8591 - Nouméa
Tél. : 41 15 45 / 77 47 10 - Fax : 41 15 45
Email : [email protected] - ISSN n° 1169-4998
Directeur de la publication : Jacques Aïzik Wamalo
Rédacteur en chef : Jacques d’André - Réalisation : ADANIS
Reportages : Olivier Broutin - Angélique Rouquié
Marco Wanyano
Maquette PAO : J. Boufenèche
Régie Publicitaire : ACP (Tél. 24.35.20) Impression : Artypo
Abonnement :
Un an : 2350 cfp pour la Calédonie (hors Loyauté)
4500 cfp pour la métropole
Etranger : écrire B.P. 8591 Nouméa Cedex
Ce numéro évoque l’ambiance de la rentrée scolaire car, si le mois de février est
traditionnellement caractérisé par des températures en hausse, il correspond aussi à
la fin des congés scolaires et des activités comme les colonies de vacances ou les
manifestations sportives comme la Coupe Yeiwene.
Avec la rentrée scolaire, les problèmes d’enseignement et d’accompagnement sont
traditionnellement abordés par les différents acteurs et partenaires. Cela suscite des
satisfactions mais aussi par moment des contestations et des controverses. C’est le
jeu normal de la démocratie et de la liberté d’expression.
L’essentiel c’est de réunir un maximum de conditions pour favoriser l’épanouissement
de nos enfants dans le cadre scolaire. Chacun doit s’y employer : parents,
établissements, enseignants, personnel d’internat, transporteurs, collectivités, etc.
Au-delà des préoccupations matérielles, individuelles ou catégorielles qui peuvent
être légitimes, l’objectif principal est le bien-être de l’enfant dans son
environnement avec l’intime conviction que la recherche du dialogue par tous
indique, à terme, la voie du consensus.
En fin d’année dernière, une délégation de la Province des Iles s’est rendue à Tahiti
pour assister à la Conférence sur “l’école plurilingue en Outre-mer”. Ce colloque
a notamment proposé des pistes sur les manières de construire les savoirs et les
savoir-faire, avec une réflexion sur le plurilinguisme et sur les sociétés pluriculturelles.
Rentrée scolaire rime aussi avec avenir et donc avec espoir de développement
économique. A cet égard, l’Assemblée de la Province des Iles a fixé, pour l’année
qui commence, les normes budgétaires qui conduiront son action en matière sociale,
économique et culturelle. Vous lirez dans ce numéro les orientations de l’action
publique définie et arrêtée par les élus dans un budget primitif au contexte
prudentiel.
Tandis que les jeunes entrent dans la vie derrière un pupitre d’écolier, les Anciens
s’en vont vers le monde invisible. Ce fut le cas de notre compagnon Cézelin
Tchoeaoua qui nous a quittés en ce début d’année 2012. A la fois homme de
dialogue et pilier de notre engagement politique, cet élu UC a montré aux enfants
de Ouégoa comment s’adapter au monde moderne tout en restant à la tribu. Un
défi que nous partegeons tous. Il est parti “rejoindre les Vieux pour faire la danse
des morts”, comme a dit un de ses proches, mais nous garderons de lui le souvenir
d’un homme de conviction, engagé très jeune à faire entendre la voix Kanak, et
l’image d’un homme de dialogue mais fidèle à son idéal.
Des hommes comme lui nous rappellent que des crises sont encore vivaces dans
bien des parties de la planète, que la population mondiale augmente, avec un
niveau de vie qui se complique par des fléaux comme le sida ou la drogue, que
notre pays est encore relativement épargné par ce type de drames, et que nous
devons être conscients de la chance que nous avons de profiter de ce climat de
paix et de progrès, mais aussi de la manière dont cette situation a été préservée
tout au long de ces années.
Néko HNEPEUNE
Président de la Province des Iles Loyauté
les décisions de la province
17,6 milliards
pour un budget de vigilance
Les élus de la Province des Iles se sont retrouvés le 22 décembre dernier pour examiner une quinzaine
de dossiers parmi lesquels le Budget Primitif 2012 ainsi que des autorisations de programme
concernant notamment les aéroports, les équipements sportifs et le centre médical de Wé.
Vigilance et maîtrise des dépenses
Les élus ont donc adopté le Budget Primitif 2012 de la Province
des Iles, arrêté en recettes et en dépenses, à la somme de
17.611.908.446 CFP dont :
- 14.202.732.955 CFP en section de fonctionnement
- 3.409.175.491 CFP en section d’investissement.
Ce Budget Primitif 2012 illustre bien les orientations majeures de
la politique sociale, économique et culturelle de la Province. Le
contexte de la Nouvelle-Calédonie, bien que favorable, s’inscrit
dans une évolution prenant en compte les aléas de la croissance
internationale. Reste que cette croissance due à l’industrie du nickel
est dépendante de la demande internationale, notamment, des
besoins chinois. Ces besoins fluctuent et font, malgré tout, l’objet
d’une légère baisse. L’évolution du contexte international,
notamment, celui de la zone euro implique une conduite
prudentielle des politiques publiques. La France est concernée par
une crise sans commune mesure, que la Province a dû intégrer dans
ses prévisions de gestion. Si les engagements de l’Etat au travers des
contrats de développement demeurent inchangés, les mesures qui
appellent une défiscalisation dans les projets calédoniens, pourront
faire l’objet d’un ralentissement dans ce domaine.
Dans ce contexte, la Province des Iles appliquera des principes de
vigilance et de maîtrise sur ses dépenses obligatoires (personnel,
enseignement, santé) et sur celles qui viennent accentuer les
contraintes de fonctionnement mais qui sont néanmoins nécessaires :
l’aide au transport ainsi que le minimum vieillesse. La collectivité
doit également rattraper un niveau d’infrastructures et de remise à
niveau nécessaire afin que la vie économique puisse se développer
en tout quiétude. Tout comme il faut dynamiser la création
d’activités économiques, notamment les filières agricoles et
arboricoles dont le potentiel de besoin est bien connu. La pêche et
le tourisme sont autant d’activités qui méritent l’attention car elles
créent une valeur ajoutée à partir de notre environnement.
Les professionnels ont été outillés grâce aux moyens mis en œuvre
par la Province durant ces vingt dernières années.
En outre, l’adoption d’un nouveau code de développement
économique orientera l’action publique vers davantage de
productivité, clé d’une création de richesses mais aussi marque
d’une certaine autonomie de subsistance face à l’augmentation des
importations alimentaires et de la problématique de la cherté de la
vie. Le tissu économique, avec pas moins de 267 sociétés et près
de 1676 entreprises individuelles, constitue le creuset de notre
création de richesses et la base de notre emploi. La préservation et
le renforcement de leurs activités constituent une priorité.
Ainsi, dans ce contexte prudentiel, chaque dépense nouvelle
appellera une vigilance toute particulière afin qu’elle n’hypothèque
pas la capacité d’autofinancement de la collectivité. Le Président
Hnepeune a en outre indiqué qu’il sera attentif à un équilibrage des
opérations d’investissement entre les îles de la Province afin qu’une
cohésion soit maintenue à l’intérieur de la collectivité. Il a annoncé
qu’il veillerait à ce que la programmation des investissements obéisse
à ce principe. L’effort restera soutenu pour les engagements en
matière de santé et d’enseignement. Les dépenses liées à l’action
sociale (indispensables au maintien du principe d’équité)
constituent un engagement fort notamment en matière d’habitat, et
de mobilité des ressortissants de l’aide médicale. Le minimum
vieillesse, acte majeur du renforcement du pouvoir d’achat des
personnes âgées, répond à une politique de solidarité nécessaire.
Dans le même temps, l’environnement qui constitue une priorité tout
aussi importante que le développement économique, ne sera pas en
marge. L’action portera sur la maîtrise de la pollution, sur la
protection de l’environnement marin, une meilleure connaissance des
effets des phénomènes climatiques sur nos îles.
Provisions
Les élus ont adopté une délibération permettant de constituer des
provisions (de l’ordre de 23.427.191 CFP) pour risques
financiers. Le provisionnement constitue l’une des applications du
régime de prudence budgétaire. Il s’agit d’une technique comptable
qui permet de prévenir d’éventuels risques financiers, liés
notamment à des affaires contentieuses.
Transport des sportifs
Les élus ont pris un texte qui fixe les dispositions générales et le
niveau de remboursement des frais de transports que la Province des
Iles pourra verser aux associations relevant du mouvement sportif
loyaltien ayant leur siège social sur les îles Loyauté, qui sont
amenées, elles ou une partie de leurs athlètes, à se déplacer dans
le cadre des championnats, des compétitions ou des présélections
organisées par leurs instances fédérales de tutelle.
4
Travaux achevés
Comme c’est l’usage chaque fois que les opérations qu’elle finance
sont achevées et soldées, la Province a clôturé six autorisations de
programme :
- Extension des centres administratifs (150 millions CFP).
- Restauration de l’église de Pénélo à Maré (85 millions CFP).
- Réfection du centre médical de La Roche à Maré
(150 millions CFP).
- Amélioration de la desserte aérienne de Tiga (370 millions CFP).
- Rénovation des infrastructures du stade de Hnassé à Lifou
(665 millions CFP).
- Réfection de la piste d’Ouvéa (260 millions CFP).
Maison de la Culture
Afin de compléter les équipements culturels existants (centre
culturel Yeiwéné et médiathèque Löhna), la Province des Iles a
décidé de créer un espace ouvert de rencontre, de promotion et de
rayonnement culturel. Le projet de construction d’une maison de la
culture sur Lifou consiste à créer un espace permanent pour la
culture. Le plan de financement global de l’opération est de
210.000.000 CFP avec une participation de l’état de
112.500.000 CFP. L’état d’avancement du programme laisse
apparaître un besoin de crédits de paiement de 50 millions CFP
pour 2012.
Rénover les stades
L’étude menée en 2010 sur les installations sportives des îles
Loyauté a fait apparaître la nécessité d’axer une politique
provinciale d’investissement autour de “pôles sportifs
pluridisciplinaires” en vue de mutualiser les moyens de
fonctionnement, d’assurer une sécurité et un suivi plus rigoureux de
ce type d’installation. Le patrimoine de la collectivité se compose,
sur chaque commune, au minimum d’un stade et d’une salle
omnisports. Ces équipements après rénovation et extension de leurs
infrastructures deviendront de véritables “pôles sportifs” à l’instar de
Hnassé sur Lifou utilisé dans le cadre des Jeux du Pacifique.
A Maré, la salle omnisport de Tadurem est située dans un complexe
sportif important, mais son état de vétusté nécessite des travaux de
rénovation et de remise aux normes. Le stade provincial de la Roche
quant à lui est impraticable. Une rénovation globale est programmée
en vue de remettre aux normes ces installations et de proposer un
plateau multisports couvert supplémentaire.
Sur Lifou, le stade de Hnassé rénové et aménagé pour les Jeux du
Pacifique présente des infrastructures neuves, mais des travaux
complémentaires sont nécessaires afin d’accueillir dans de bonnes
conditions les compétitions décentralisées dans les Iles.
A Ouvéa, le complexe de Nyimehë est composé d’une salle
omnisport et d’un terrain de Football. Si en 2009, le complexe a
été clôturé pour des problèmes de sécurité, le projet de
réhabilitation de ces équipements et la création d’un espace
multisports comprenant un plateau sportif et un terrain de beachvolley doit permettre une pleine utilisation de l’espace sportif et
accroître la multidisciplinarité de l’installation. Le stade d’Ulup,
implanté dans la zone de restriction de l’aérodrome, est quant à lui
composé d’un terrain de football et d’une piste d’athlétisme. Des
travaux sur la tribune ont déjà été effectués, mais une remise en état
est nécessaire pour le remettre en fonctionnement.
Fort de tous ces constats, la Province des Iles a décidé d’engager
un programme ambitieux de rénovation de ses stades, pour un coût
estimé à 1,5 milliard CFP. Les élus ont donc voté une autorisation
de programme de 500 millions CFP avec un premier crédit de
paiement de 150 millions CFP (100 millions pour le stade de
Nymehë à Ouvéa, 30 millions pour la remise aux normes de la salle
omnisport de Tadurem et 20 millions pour le stade de Hnassé à
Lifou).
Centre médical de Wé
L’Assemblée de Province a décidé d’augmenter l’autorisation de
programme concernant l’opération “Amélioration et rénovation du
centre médical de Wé à Lifou” d’un montant de 20 millions CFP
nécessaire aux travaux de l’ensemble des bâtiments du centre
médical. Cette autorisation de programme passe ainsi de 150 à
170 millions CFP.
Améliorer les aéroports
La Province des Iles dispose d’aérodromes provinciaux (La Roche
à Maré, Ulup à Ouvéa et Mélita à Tiga) permettant la desserte
aérienne de ces îles. Face à l’augmentation des flux de passagers, les
espaces communs d’attente sont devenus étroits et non
fonctionnels. La Province a décidé de les réaménager afin de
fluidifier les flux arrivée/départ et de les mettre aux normes de
sécurité en vigueur.
Le plan de financement global de l’opération est de 100 millions
CFP avec une participation de l’Etat de 80 millions, soit 80 %,
dans le cadre du contrat de développement 2011/2015.
Suite page 6 444
5
les décisions de la province
Soutien à Aircal
Dans le cadre de sa participation au transport aérien, la Province
des Iles intervient financièrement dans la société Air Calédonie à
travers les 25 % de parts sociales qu’elle détient dans le capital de
cette société. Au cours de son exercice 2010, l’assemblée de
Province a voté une enveloppe budgétaire d’un montant global de
159,6 millions CFP, à raison de 79 millions lors du budget primitif
et 80,6 millions au terme du budget supplémentaire. Compte tenu
de la problématique globale du transport aérien et de la situation
financière délicate d’Air Calédonie, l’assemblée a autorisé la
transformation de cet apport en compte courant d’associés de
159,6 millions en augmentation de capital de la société Air
Calédonie.
Développement touristique
Afin d’encourager le développement touristique et le maintien des
actions menées, la Province des Iles a voté l’autorisation
d’engagement destinée au fonctionnement du GIE “Destination îles
Loyauté” pour un montant de 210 millions CFP. Au titre de
l’année 2012, il est prévu un crédit de paiement de
165.620.000 CFP.
AMG : aide au transport
Dans le cadre de la mobilité des personnes titulaires de l’aide
médicale gratuite (AMG) de la Province des Iles, les élus ont
institué une aide au transport à caractère social pour leur
déplacement aller/retour vers Nouméa. Il s’agira de la prise en
charge, par la Province, d’au moins 50 % du tarif du titre de
transport. Cette aide est valable pour un nombre limité de voyages,
du lieu de résidence en Province des Iles au lieu de séjour sur
Nouméa, retour compris.
Minimum vieillesse
Par délibération du 15 janvier 2010, l’aide sociale aux personnes
âgées a été établie en Province des Iles à 31.000 CFP par mois.
Le Congrès de la Nouvelle Calédonie a adopté en décembre
2011, un minimum vieillesse à 85.000 CFP applicable dès janvier
2012. Pour les conjoints et les personnes pacsées ou en
concubinage, il s’établit à 130.000 CFP. L’incidence budgétaire
annuelle de cette augmentation pour la Province des Iles s’élève à
918 millions (au lieu de 323 millions en 2011) pour un effectif
moyen de 900 bénéficiaires, soit un surcoût de 595 millions, mais
l’agence sanitaire et sociale (ASSNC) participe au surcoût par voie
de convention. La recette de 595 millions attendue par la Province
des Iles sera versée à compter du mois d’avril 2012. Les élus
ont donc habilité le Président à signer cette convention avec
l’ASSNC.
Hôtel Cap des Pins
La Province des Iles a adopté le programme d’investissement d’un
montant d’un milliard CFP correspondant à la participation
provinciale pour la réalisation de l’hôtel Cap des Pins, un
établissement 5 étoiles à Mou (coût total : 3,2 milliards dont
1,8 milliard en défiscalisation). Par mesure de prudence toutefois,
aucun crédit de paiement n’est inscrit dans l’attente de la
confirmation par la SODIL de son dossier de défiscalisation.
disparition
Hommage à Cézelin Tchoeaoua
Mardi 10 janvier, Cézelin Tchoeaoua s’est éteint à l’âge de 56 ans à Nouméa. Originaire de Bondé,
à Ouégoa, où ont lieu ses obsèques, il restera une figure politique majeure du Nord notamment pour
son implication dans le développement économique.
La brutale disparition de cet homme politique
majeur a touché les cœurs et l’émotion était
vive lors de la séance du Congrès où Damien
Yeiwene, au nom de la Province des Iles, lui
a rendu hommage : “ Tendre la main à l’autre
sans renier ses convictions, c’est une des
caractéristiques de la personnalité de Cézelin
Tchoeaoua, parti très brutalement il y a
quelques jours. Le millier de personnes
présentes à ses obsèques à Bondé témoigne
de cette personnalité hors du commun qui a
marqué tous les esprits que l’on soit d’un
camp ou d’un autre.
“Je voudrais rappeler, car c’est d’actualité,
qu’au mois de juillet l’année dernière, avec
Cézelin nous avons effectué un déplacement
sur Wallis à l’occasion de la célébration du
cinquantenaire du statut de ce Territoire.
Avant le départ, notre groupe s’est réunit
à plusieurs reprises pour préparer ce
6
déplacement, Cézelin est beaucoup
intervenu sur la citoyenneté en proposant
d’expliquer à la communauté Wallisienne
que nous sommes en train d’écrire une
nouvelle page de notre histoire commune.
Cézelin ne voulait laisser personne sur le
bord du chemin, il était entier et a su garder
le cap jusqu’au bout en mettant en avant ce
pour quoi il s’était battu.
Je voudrais, au nom de notre groupe, saluer
la mémoire de notre camarade et collègue,
et remercier aussi les représentants des
groupes politiques de notre institution de
leur présence aux obsèques de Cézelin et
leur dire que, quelles que soient nos
divergences politiques, il faut toujours
rechercher un espace pour dialoguer, car
c’est dans le dialogue que l’on fait avancer
les choses. C’est le message que nous laisse
Cézelin en ce début d’année 2012”.
la rentrée 2012
Retour en classe
pour 6200 élèves
Lors de cette rentrée scolaire, plus de 6200 élèves de la Province des Iles ont repris leur
cartable pour 153 jours de classe, de la maternelle au lycée, dans le public et le privé.
A noter que depuis 2010, les effectifs en primaire remontent doucement.
La volonté de la Province est de favoriser la réussite scolaire,
notamment dans les filières générales : scientifiques, littéraire,
ou économiques et sociale. Dès le primaire, la Direction de
l’Enseignement et de la Jeunesse travaille autour de cette
ambition. Il s’agit de créer les conditions matérielles de
réussite, tant pour les enseignants que pour les élèves.
Au-delà de l’aspect pédagogique, le rôle des services
provinciaux est aussi de créer les conditions matérielles de
réussite, tant pour les enseignants que pour les élèves. Il faut
dire que les mairies des trois îles offrent de très bonnes
conditions matérielles aux élèves, au niveau des locaux, mais
aussi des équipements. La réussite passe aussi par la formation
continue des enseignants, la création d’outils pédagogiques,
notamment pour les Langues et Cultures Kanak.
La Province des Iles soutient cet enseignement des langues
kanak. Dans le contexte des Loyauté, en particulier, apprendre
à l’école sa langue maternelle permet de ne pas être coupé de
la réalité de la vie à la maison, mais aussi de cultiver l’estime
de soi, et la confiance nécessaire à toute réussite. Lifou
participe depuis deux ans déjà à une expérimentation,
“EcolPom”, qui a pour but de démontrer les atouts du
plurilinguisme. (Voir notre reportage sur la conférence de
Tahiti en page 15).
A Ouvéa, Jacqueline Deteix, Présidente de la Commission
de l’Enseignement et de la Jeunesse à la Province des Iles,
Cyriaque Alosio, 1er adjoint au Maire d’Ouvéa, Boniface
Wahiobé, gestionnaire des internats publics pour la Province
des Iles Loyauté ont présenté des coutumes pour la première
rentrée du tout nouveau collège publique Françis Tiaou.
“C’est un formidable outil au service des enfants de l’île, a dit
Mme Deteix, c’est aussi des créations d’emploi et une
possibilité de choix pour les parents, c’est un souhait de
longue date qui se concrétise”.
Le jeudi, le jour même de la Rentrée, après qu’ait été
solutionné coutumièrement un blocage de protestation sur des
embauches, la présidente Jacqueline Deteix, accompagnée du
maire d’Ouvéa Maurice Tillewa et d’une importante
délégation conduite par le Directeur de l’Enseignement Pierre
Trotro, ont insisté sur “la nécessité pour les élèves de bien
travailler pour piloter et construire le pays et de prendre un
grand soin de leur collège qui servira pour les plus jeunes dans
l’avenir”.
Pour cette importante délégation provinciale, la Rentrée s’est
poursuivie à Maré le lendemain et à Lifou le lundi.
8
Jacqueline Deteix et le Principal (à gauche) avec les professeurs,
surveillants, CPE, intendant et agents.
Tout commence par un contôle des niveaux.
Présentation de
l’emploi du temps.
Regroupement dans la cour du collège de Tadine.
“On se tait et on se met en rang” !
Province et Commune ont présenté un geste coutumier à Lékine
pour l’ouverture du nouveau collège.
“A l’appel de son nom,
on répond présent” !
Les cantines étaient opérationnelles dès le premier jour de classe.
A la récré, c’est top de retrouver les copains !
9
plan de formation
publications
Les lauréats de l’EPEFIP
“Parlons Iaaï”
par Daniel Miroux
Mi décembre, l’EPEFIP félicitait les jeunes ayant mené à bien leur
plan de formation 2011, parmi lesquels, Jean-Marie Wamo
admis à l’IFM-NC, et Christophe Cabin, sélectionné pour une
formation en Génie Civil au Québec.
A l’heure où le gouvernement dresse un bilan mitigé de la formation professionnelle,
la Province des Iles semble plutôt satisfaite des actions de formation qu’elle a mise
en place. “Six cents personnes ont été formées sur l’année”, a noté Alfred Xowie,
le directeur du Service de la Femme, de la Formation, de l’Insertion Professionnelle
et de l’Emploi.
Encadrés, formés, hébergés pour ceux de Maré et Ouvéa qui suivaient la formation,
les 21 jeunes sélectionnés ont également perçu une petite indemnité journalière de
800 francs, qui leur a permis de se consacrer pleinement à leur concours. Cinq
d’entre eux ont été admissibles, mais la concurrence était sévère, avec seulement
quinze places à pourvoir, pour 470 candidats. Pour autant, Albert et Ornella ne
s’avouent pas vaincus : “On présentait le concours pour la première fois, c’est déjà
bien d’avoir été admissible. On sait maintenant ce qu’il nous reste à travailler pour
l’an prochain”.
A l’honneur également, Christophe Cabin, lauréat pour une formation “Cegep
mobilité Québec”, dans le domaine du Génie Civil. Depuis, le jeune homme s’est
envolé pour trois ans de formation.
Angélique Rouquié
EPEFIP et GRETA ont œuvré toute l’année pour offrir les conditions de réussite à leurs
candidats : Christophe Cabin est en formation au Québec, et Jean-Marie Wamo entre
à l’IFM-NC.
Après le succès, en 2003, de “TUSI HWEN
IAAI”, manuel de conversation français-iaaï, puis la
parution de “TUSI HWEN IAAI AE GAAN”,
dictionnaire français-iaaï, édité en 2007, et enfin
“TUSI HWEN IAAI AE THEP”, guide historique
et linguistique de Iaaï, édité en 2010 avec le
concours de l’Académie des Langues Kanak, Daniel
Miroux vient de publier “PARLONS IAAI”, paru
en novembre 2011 aux éditions L’HARMATTAN
à Paris.
Outre le descriptif de la langue ainsi que l’histoire du
pays IAAI, l’ouvrage contient deux lexiques très
denses avec 4750 entrées pour le français-iaaï et
5210 entrées pour le iaaï-français.
Langue austronésienne d’Océanie, le iaaï appartient
au groupe des langues de la Nouvelle-Calédonie,
plus particulièrement à l’île d’Ouvéa. Langue
d’origine mélanésienne, le iaaï est riche de par sa
phonologie et sa morphologie verbale. Elle se
caractérise également par un système de déclinaisons
très élaboré dans les classificateurs possessifs. Sa
pérennité semble assurée grâce à son enseignement
dans les établissements scolaires d’Ouvéa.
11
sport, échange et rencontre
Un nouvel élan pour la Coupe Yeiwene
La 21ème édition de la Coupe Yeiwene a été, cette année encore, rendue possible grâce à une
collaboration étroite entre l’association Coupe Yeiwene, la Direction des sports et des loisirs de la
Province des Iles, les référents des disciplines inscrites au programme de l’épreuve et les comités sport
et loisirs des Loyauté.
Les objectifs assignés ont toujours été d’organiser des compétitions
sportives favorisant les échanges, les rencontres et le fair-play. Cette fête
du sport se devait de rester fidèle à l’esprit insufflé lors de sa création et
de rechercher à mobiliser le plus grand nombre de jeunes en leur offrant
la possibilité de s’impliquer dans le plus important événement sportif mis
en œuvre aux Loyauté. D’ailleurs, pour l’année 2012, un ambitieux
challenge a été de mettre en œuvre de nouvelles dispositions en vue de
garantir un meilleur déroulement des compétitions et de prétendre aux
objectifs de détection des talents sportifs loyaltiens.
Par contre, de manière exceptionnelle pour cette année, et après
concertation avec le mouvement sportif de l’île de Maré, seules les
communes de Lifou et Ouvéa ont participé à l’événement à l’échelon
provincial. Mais, il faut souligner la participation du Nord avec la
commune de Canala (foot masculin et féminin, volley-ball féminin) et
celle du Sud avec l’équipe féminine de la section Football de
l’Olympique de Nouméa.
Les phases éliminatoires se sont déroulées du 2 au 18 janvier sur chacune
des deux îles.
Les phases finales se sont tenues du 23 au 27 janvier sur deux sites
différents : sur Ouvéa les phases finales de cricket, de planche à voile,
de beach-volley et l’initiation au rugby, et sur Lifou les phases finales de
football à 7, de volley-ball, de tennis et l’initiation à l’athlétisme.
Soit un total de 145 équipes engagées avec 1576 compétiteurs sur la
phase éliminatoire.
En conclusion, cette 21ème édition a été une grande réussite. En effet,
l’objectif premier de la Coupe Yeiwene étant la rencontre de la jeunesse
loyaltienne, ce rendez-vous a pleinement atteint son but. D’ailleurs, la
venue de délégations extérieures à la Province des Iles reflète l’intérêt des
responsables à conduire sa jeunesse vers l’échange et la rencontre. De
plus, il convient de souligner le bon comportement des athlètes durant le
temps de la manifestation en dépit des enjeux compétitifs importants.
12
La troupe du Wetr pendant
la cérémonie d’ouverture.
Les supporters de Luecilla étaient venus avec leur mascotte.
Le palmarès
FOOTBALL 16-18 ans
Homme : AS Qanono
Femme : Luecilla
VOLLEZ BALL 13-18 ans
Homme : Nugini
Femme : Neibash
Charles Juni, directeur de l’EPEFIP
a animé un atelier.
Hnadrune Yeiwene, marraine de la Coupe,
avec la vice-présidente Eliane Caihe.
La Coupe Yeiwene, une fête du sport fidèle à l’esprit de l’échange et du fair-play.
TENNIS 13-15 ans
Homme : Sio Waimi
Femme : Sio Lonelzy
CRICKET 13-18 ans
Homme : JS Muj
Femme : Hapetra
PLANCHE À VOILE 13-18 ans
Homme : Leroy Jean
Femme : Wejieme Deborah
BEACH VOLLEY 13-18 ans
Homme : Moustik 2
Femme : Luecila
Les footballers de la JS Traput.
Les volleyeurs de Shenor, finalistes de la Coupe.
Les footballeuses de Bethel Sport.
Les finales du saut en longueur.
13
conférence
“L’école plurilingue en Outre-mer”
Une délégation de la Province des Iles, composée de Jacqueline Deteix, Présidente de la commission
de l’Enseignement et de la jeunesse, Isabelle Bearune, Présidente de la commission de la Culture,
Eliane Cahie, membre de la commission de l’Enseignement, Jean Wejieme, Chef du service de
l’Enseignement et Jean-Claude Read, chargé de la Vie Scolaire, a assisté à la Conférence sur “L’école
plurilingue en Outre-mer” qui s’est déroulée à Papeete du 14 au 17 novembre 2011.
Ce colloque s’inscrivait dans le prolongement du séminaire de
Nouméa, en juillet 2010 qui avait comme thème “Vers une école
plurilingue en Océanie francophone”, ainsi que le séminaire
international de Nouméa, en octobre 2010 sur “L’école plurilingue
dans les communautés du Pacifique”.
Le colloque de Tahiti a offert aux participants un bilan final du
programme de recherche ECOLPOM, ainsi que les conclusions
des enquêtes sociolinguistiques. Ces données ont permis de savoir
si les hypothèses en matière “d’avantage bilingue” sont vérifiées
dans les contextes polynésiens, calédoniens et guyanais.
Afin d’allier la pratique à la théorie, des outils et des expériences
pédagogiques innovantes, aussi bien en langues locales qu’en
français langue seconde, ont été présentées par des praticiens de
Polynésie française, de la Nouvelle-Calédonie et plus
particulièrement de la province des Iles Loyauté avec l’outil
“Munemekune”, produit d’une recherche en ethno mathématiques,
initié par un enseignant chercheur, Richard Waminya.
Premiers acteurs de la promotion du plurilinguisme et du
pluriculturalisme dans l’espace scolaire, les enseignants polyvalents
du premier degré et les enseignants de langues du second degré
doivent, au-delà des compétences indispensables dans les langues
enseignées, disposer de connaissances générales sur les cultures, sur
l’acquisition du langage et des langues, sur les propriétés communes
ou divergentes des langues enseignées, sur la didactique des langues
et des cultures.
L’enseignement des langues et plus particulièrement leur usage
scolaire à l’écrit nécessite une normalisation orthographique. Leur
nouveau statut de langues d’enseignement appelle également un
enrichissement de leur vocabulaire dans les différentes disciplines, en
même temps que sont produits de nouveaux supports.
Le processus de reconnaissance des langues locales passe aussi par
leur inscription dans les instructions officielles. Il convient
d’apprécier la marge de manoeuvre dont disposent les autorités
pédagogiques d’outre-mer en matière d’adaptation aux réalités
linguistiques locales.
En Nouvelle-Calédonie le problème ne se pose plus, dans la
mesure où elles sont déjà reconnues officiellement comme langues
d’enseignement, au même titre que le français.
Cette conférence a mis en lumière les points d’achoppement de cet
enseignement et la plupart des résultats obtenus dans des travaux
scientifiques internationaux sur le bi et le plurilinguisme précoce,
tendent à mettre en évidence plutôt des effets de transferts positifs
réciproques entre la langue maternelle et la langue seconde, lorsque
les deux langues sont valorisées.
Contrairement à la Province Sud, la Province des Iles, comme la
province Nord, a aujourd’hui généralisé l’enseignement des langues
locales.
Les débats sur le plurilinguisme se sont déroulés
à l’université de Polynésie Française.
Autour de Jacqueline Deteix, la délégation de la Province des Iles.
15
la SIC en terre coutumière
Un projet locatif sur Xépénéhé
La SIC va construire 5 logements locatifs, grâce à un partenariat signé fin novembre par la Province
des Iles Loyauté, la commune de Lifou, la SIC et M. Whanapo, propriétaire foncier.
Le statut particulier des terres coutumières (terres inaliénables,
incessibles, incommutables, insaisissables), rend complexe la
construction de logements locatifs sur ce type de foncier. Pourtant,
le besoin existe : aujourd’hui, les personnes de passage à Lifou
(personnel enseignant, médical…) peinent à trouver un logement
locatif. Pour répondre à leur demande, 5 logements locatifs seront
construits d’ici 2013 à Xépénéhé.
Le principe du montage retenu implique la mise à disposition à la
SIC par le propriétaire foncier coutumier, au travers d’une
convention, d’un terrain pour la réalisation d’un programme de
Au nom de la Province, le geste coutumier de Damien Yeiwene à la SIC.
constructions. Le principe de compensation de la mise à disposition
du terrain est basé sur une durée maximale de 25 ans d’exploitation
par la SIC des biens construits, nécessaires à leur amortissement,
puis leur rétrocession gratuite au propriétaire foncier.
La durée annoncée de 25 années d’amortissement du prêt, relatif à
la réalisation des biens construits, est conditionnée par l’équilibre
financier de l’opération.
Les parties sont donc convenues de fixer et de préciser dans le
cadre de la convention de partenariat technique et financière,
le programme indicatif d’aménagement des opérations à mener, son
mode opératoire, son calendrier et leurs engagements techniques et
financiers respectifs pour la réalisation du programme de
construction sur le terrain de Alfred Wahnapo à la tribu de
Xépénéhé sur la commune de Lifou.
La province des Iles Loyauté, la mairie de Lifou et la SIC
soutiennent cette opération pour laquelle la SIC est désignée maître
d’ouvrage. L’opération de viabilisation et de construction est
estimée à 113.600.000 CFP.
Le plan de financement de l’opération est le suivant :
SIC - Emprunt AFD (4 % - 20 ans) : 82.203.174 CFP
Fond propre PIL : 28.000.000 CFP
Fond propre Commune : 9.296.826 CFP (desserte électrique)
Total : 119.500.000 CFP
Par conséquent, la collectivité s’engage à soutenir financièrement
l’opération pour un montant de 28.000.000 CFP, représentant
25 % du coût prévisionnel de l’opération.
17
production agricole
Le letchi en fête à Hnacaöm
Mi décembre, la tribu de Hnacaöm a organisé sa première fête du letchi. Avec plus de 1,8 tonnes
de letchis récoltés, il y en a eu pour tout le monde.
Charnus, sucré et juteux, les letchis de Lifou ont tenu leur promesse. Tout le monde a participé à
l’opération, y compris les tribus alentours. Lilas Nyipie, chargée de filière tourisme à la Province des
Iles, et vivant à Hnacaöm, a apporté son expérience en matière d’organisation d’événements.
Charnus, sucré et juteux, les letchis de Lifou ont tenu leur promesse.
Tout le monde a participé à l’opération, y compris les tribus
alentours. Lilas Nyipie, chargée de filière tourisme à la Province des
Iles, et vivant à Hnacaöm, a apporté son expérience en matière
d’organisation d’événements.
Chaque famille a cueilli ses fruits, qui ont été pesés et apportés à
l’UCPA (Unité de Conditionnement des Produits Agricoles) de
Traput. Des jeunes ont été embauchés pour aider les veuves et les
personnes âgées. L’amicale de la tribu a participé à hauteur de
400.000 francs pour les frais d’organisation. L’UCPA a fourni les
cageots en plastique et géré le stockage en chambre froide.
Sur le site, la vente était centralisée sur un seul stand. A 800 francs
le kilo, les pochons sont bien partis. 700 francs ont été reversés au
producteur, 100 francs sont allés à l’amicale de la tribu. Pas de
perte, puisque le surplus a été acheté par l’UCPA qui en a assuré
la commercialisation.
Tout au long de la journée, Arbofruits, Biocalédonia, le CFPPA,
la Maison de la Vanille, l’UCPA ou encore SNN pour le Santal,
ont proposé des animations et des démonstrations de marcotage,
de semis, de repiquage.
Le petit chef de la tribu de Hnacaöm, Halo Nyipie, se souvient de
l’arrivée des deux premiers pieds de letchis dans sa tribu : “C’était
en 1954, je devais avoir dix ans. Un jeune de la tribu travaillait sur
la grande terre, au sanatorium du col de la pirogue. Il a rapporté
les premiers plants à Hnanemuhaetra et Hnacaöm”. La tribu compte
aujourd’hui environ soixante-dix arbres productifs. L’an prochain, les
cinq vergers de plus de cinquante pieds, plantés par les agriculteurs
de la tribu, devraient commencer à produire. La deuxième édition
de la fête du letchi semble donc en bonne voie...
échanges
Mucaweng a accueilli le RIMAP
Début décembre, une section du RIMAP-NC a passé une semaine
à Lifou, en immersion dans la tribu de Mucaweng. Durant cette
mission, le capitaine Chiaroni commandait une section de 19
militaires, parmi lesquels des mécaniciens, des transmetteurs, des
approvisionneurs, des auxiliaires sanitaires, un peintre et un
éducateur sportif.
La section avait pour mission particulière de participer à la
construction d’une dalle en béton qui servira de support à un faré
destiné aux cérémonies coutumières. Le petit chef de la tribu de
Mucaweng, Guillaume Waminya a en effet le projet de construire
un complexe autour de la salle commune, avant sa réfection : faré,
podium, cuisine, sanitaires et terrain de sport.
Le Général Parlanti, commandant supérieur des FANC, en visite à
Lifou le jeudi 1er décembre, s’est rendu à Nathalo pour effectuer
une coutume en présence des trois grands chefs de Lifou, avant de
déguster les bougnas et le cochon au four kanak, sans oublier la
spécialité de la tribu de Mucaweng : le pahatr (fougère
comestible). L’après-midi, une course d’orientation et une initiation
aux premiers secours a permis de prolonger l’échange entre les
militaires et les habitants de l’île.
19
tourisme en tribu
Le gîte Sedaï :
entre nature, culture et tradition
Situé à Roh (“le Nord” en Nengone) dans le district de Guahma, le gîte Sedaï est tenu par la famille
Wadehnane qui accueille les visiteurs dans un cadre paradisiaque et bien préservé.
Outre sa tradition de pêche au vivaneau fêtée tous
les ans, Roh est aussi un lieu de mémoire : l’évangile
y est arrivé avec les premiers “teachers” dans les
années 1840, et un monument y commémore
l’événement.
Accueilli au gîte, on peut simplement y poser sa
tente (l’emplacement de camping à 1150 F) ou
pour ceux qui privilégient le confort, loger dans de
petites cases bien aménagées (2000 francs la nuit).
L’une des cases, particulièrement demandée, a déjà
acquis une certaine célébrité car Christian Karembeu
y posait récemment ballon au pied : c’est la case
“Bellevue”, posée sur un petit îlot rocheux et
accessible par une passerelle.
Dans un grand faré, les visiteurs peuvent se régaler de
la cuisine familiale à base de produit de la mer comme
les langoustes et les popinées. Parfois, après le repas,
les enfants conduisent les touristes au bord du lagon
pour nourrir un napoléon quasi apprivoisé. La famille
Wadehnane propose de nombreuses activités. Les
amateurs de plongée apprécieront les ballades en
masque et tuba le long d’un impressionnant tombant,
et les pêcheurs participeront à des sorties en mer
pour traquer le fameux vivaneau avec des lignes de
fond de plusieurs centaines de mètre. Pour découvrir
la vie traditionnelle de Nengone, Jacques fait visiter
des champs d’igname, à valeur symbolique et
coutumière. Il aime aussi faire partager sa passion de
la sculpture dans son atelier : on peut acquérir ses
œuvres où s’essayer soi-même au ciseau à bois.
Des ballades magnifiques sont possibles, souvent
chargées de traditions ancestrales. Ceux qui
s’intéressent à l’histoire découvriront dans les herbes
folles et la végétation entrelacée, les tombes et les
restes des fours de baleiniers anglais qui vivaient de
leurs trafics, à la fin du XIXème siècle.
Il est préférable de réserver au 45.02.25.
Olivier Broutin
21
première culturelle
Lifou a reçu le Festival Tafea Kanaky
Début décembre s’est tenu à Wanaham sur le site de Ukeinessö le Festival Tafea Kanaky. Il s’agissait
du 3ème échange entre la Nouvelle-Calédonie et les îles océaniennes de Tanna, Futuna, Eromango,
Aniwa.
En 2009 déjà, une délégation calédonienne s’était déplacée à
Tanna. Au total 116 invités arrivés directement de Tanna et de
Port Vila se sont préparés toute une matinée pour présenter leur
geste coutumier à la délégation qui les accueillait.
“Nous sommes heureuses, nous les femmes de Tanna, de nous
rapprocher de Lifou et de renforcer nos liens avec les gens de
Drehu”, a commenté Céline Nako de Tanna. Etienne Ruatru a
ajouté : “nous sommes les mêmes, nous sommes frères, on se sent
comme à la maison”. Robert de Tanna a précisé : “nous avons les
mêmes traditions, les mêmes langues, la même spiritualité…. On ne
rejette pas la France, on veut garder le lien avec elle car elle fait
partie de notre histoire, on espère que la Nouvelle-Calédonie
devienne indépendante tout en gardant des liens avec la France et
l’Amérique car nous n’oublions pas que 1.000 personnes de Tanna
sont venues défendre la Nouvelle-Calédonie aux côtés des
américains”.
Du côté Drehu, Adrien a expliqué : “nos parents, nos grandsparents ont toujours su accueillir les autres, nos voisins, et nous
voulons garder cette qualité d’échanges”.
Michel de Nathalo a noté : “on peut vouloir garder la coutume
mais on doit aussi accepter la modernité si nous devenons
Les offrandes des femmes de la province de Tafea.
22
indépendants, or, les autres pays kanak du Pacifique accusent un
peu de retard, il nous faudra tous aller dans le même sens demain”.
Ensuite, après les séances de maquillage et d’habillage, le défilé
haut en couleurs a débuté avec des chants remplis de douceur et
toute l’assemblée a été émue par ce rassemblement de frères
mélanésiens offrant leurs taros, le café de Tanna et les nattes tressées
en pandanus.
Pascal Sihaze le Grand Chef du district de Wetr a remercié le geste
et a adressé ce message : “Quand on fait cette coutume, on tisse
la relation, aujourd’hui et depuis 2009 le cœur de l’Océanie
palpite, il nous faut réfléchir au sens de cet échange, au moment où
la démocratie semble faiblir, la coutume doit persister et se
renforcer”.
La fête pouvait commencer avec les officiels l’après-midi, la levée
des drapeaux et une séance de théâtre. Le lendemain, à 9H30 un
symposium animé par l’ADCK et l’ALK était au programme. Puis
durant quatre jours, de nombreuses animations traditionnelles se
sont déroulées sur le site de Ukeinessö dans un authentique partage
culturel entre peuples océaniens.
;
Joëlle Dutertre
Entouré des coutumiers du Wetr, le Gra
3
Mêmes traditions, même spiritualité,
des Océaniens se sont retrouvés pour
continuer à tisser des liens de fraternité
au sein de la Mélanésie.
and Chef Sihaze a remercié le geste.
Dans les préparatifs des danses, le maquillage tient une place importante.
23
micro projets et formation
La consul kiwie a découvert Lifou
Consul Général de Nouvelle-Zélande par intérim, Jennifer Troup était à Lifou fin janvier pour une
journée organisée sur deux axes : l’aide aux micro-projets et les bourses de formation du gouvernement
néo-zélandais. (Voir page 27)
Accueillie à Wanaham par Lilas Nyipie, responsable du service du
tourisme à la Province des Iles et Eric Fauvellières de la CCI, la
consul a d’abord partagé un petit déjeuner de travail au gîte
Fenepaza, puis elle a visité une plantation de vanille sur Nathalo
avant de se rendre chez Elisa Hnamano (sentier guidé “öni Wael”).
En fin de matinée, elle a d’abord rencontré Charles Juni, Directeur
de l’EPEFIP et Marie Waikata qui s’occupe des dossiers de bourse
kiwie, puis a été reçue par Michel Créchet, le Commissaire
Délégué.
Le déjeuner “au coeur de lito”, a été l’occasion d’un contact avec
Mme Goué qui a bénéficié de l’aide HOMF pour la création de
son accueil en tribu. Et l’après-midi a été consacrée à une rencontre
avec les responsables coutumiers du district de Gaïca, avant le
retour sur Nouméa en fin de journée.
Le gîte de Mme Goué a bénéficié d’une aide Kiwie.
Michel fait visiter le sentier guidé “öni Wael”.
25
formation à l’étranger
Comment obtenir une bourse
de Nouvelle-Zélande ?
En quoi consiste la bourse néo-zélandaise ?
La bourse du gouvernement néo-zélandais est destinée à aider les
jeunes de Nouvelle-Calédonie, de foyers défavorisés, à suivre une
formation et à développer leurs connaissances professionnelles en
Nouvelle-Zélande. Le programme vise également à donner
l’occasion aux jeunes de la Nouvelle-Calédonie de mieux connaître
l’un de ses voisins du Pacifique et donc à contribuer à l’intégration
du Territoire dans la région.
Le but de la bourse ?
Le but principal c’est de suivre une formation en Nouvelle-Zélande
et au retour au pays de contribuer à son développement.
Quelles sont les conditions?
Les candidats doivent être de nationalité française et être soit né en
Nouvelle-Calédonie, soit y avoir suivi leurs études secondaires. De
bonnes bases en anglais sont exigées. La priorité sera donnée aux
demandes comportant un projet professionnel bien ciblé qui
correspond aux besoins du développement de la NouvelleCalédonie.
Quelle est la durée de la bourse?
La bourse comprend des cours intensifs d’anglais de quatre à cinq
mois suivis d’une formation d’un an maximum, dans un institut
professionnel/technique ou une université.
Quels types de formation sont proposés?
Il est préférable que la formation souhaitée en Nouvelle-Zélande
soit en lien avec des compétences déjà acquises. Il est essentiel que
la formation corresponde à votre projet professionnel. Les domaines
d’études sont variés parmi lesquels les différents secteurs du
tourisme, agriculture, marketing, communication, secrétariat,
technicien de son, sérigraphie, informatique, les arts etc. Le lieu et
le contenu de la formation seront décidés par une agence officielle
basée à Wellington.
Peut-on faire de l’anglais et un stage pratique ?
Des programmes spécifiques d’enseignement professionnel ou de
stage pratique de plus courte durée peuvent être également
envisagés à condition qu’ils répondent au profil et au projet
professionnel du candidat.
Que couvre la bourse?
La bourse couvre les frais d’études ainsi que les frais d’hébergement,
le billet d’avion, les frais de visa, une allocation financière et une
couverture médicale.
Comment se donner plus de chances pour être
présélectionné?
Pour réussir le test de présélection il faut avoir un projet
professionnel très solide et montrer des capacités à le réaliser. Le
plus tôt les démarches entamées le plus de chance de votre côté,
y compris vous donner l’opportunité de discuter avec des
professionnels des secteurs envisagés et l’obtention de lettres de
soutien en rapport avec vos projets. Une bonne base en anglais sera
également nécessaire.
Démarche Initiale
Prenez contact auprès des services de l’EPEFIP, B.P. 253 Lifou,
Tél : 45 10 98, Fax : 45 18 98. Mail : [email protected]
Maré : Tél : 45 49 41. [email protected]
Ouvéa : Tél : 45 52 58. [email protected]
Le Dossier
Les candidats intéressés auront à remplir un formulaire de demande
de bourse et fournir un certain nombre de pièces justificatives.
Présélection
Les étudiants sont présélectionnés par les autorités provinciales,
en accord avec le Consulat Général de Nouvelle-Zélande, et
participeront à une évaluation de leur niveau d’anglais et à un
entretien au Consulat Général. Selon les résultats des entretiens,
le Consulat Général fera des recommandations au service compétent
du Ministère des Affaires Etrangères à Wellington, qui prendra
la décision finale.
Dates importantes en 2012
16 mai - Date limite d’inscription
29 mai - Remise des dossiers par les Provinces
mi-juin - Evaluation du niveau d’anglais
mi-juin - Entretiens avec les candidats au Consulat
fin août - Résultats communiqués aux lauréats
fin sept / début oct - Date de départ en Nouvelle-Zélande
Consulat Général
de Nouvelle-Zélande
2° étage, 4 boulevard Vauban,
tél : 27 25 43
Mail : [email protected]
(Horaires : du lundi au vendredi de 13h30 -17h00)
27
le pari du tourisme
Elodie et Gilbert, totalement
confiants sur le succès de la
“destination Nengone”.
Maré s’ouvre aux paquebots de croisière
Après le succès du tourisme de croisière à Lifou, Maré va prochainement connaître un développement
de ce type et le ponton de Tadine, actuellement en construction, pourrait bien recevoir rapidement
autant de touristes que Easo. Le projet est en bonne voie.
C’est en 1995, à Lifou, sous l’impulsion du grand chef du Wetr,
Paul Sihaze, que la décentralisation de ce secteur a évolué. La
Province des Iles, la Mairie de Lifou et l’Etat se sont unis pour créer
la destination Easo dans le district du Wetr. Toute l’organisation
avait été confiée à Gilbert Thong.
Aujourd’hui associé à Elodie Jaunay, jeune calédonienne spécialiste
des opérations portuaires, ce doyen du tourisme a créé l’Agence
Kenua (la Pirogue) grâce à laquelle sont nées les destinations de
Poum dans le Grand Nord, puis Hienghène, suivies d’Ouvéa.
Aujourd’hui, Kenua représente 98 % du marché de la croisière
avec des géants mondiaux du secteur, comme Carnival Cruises
Australia (P&O), Royal Caribbean International ou Holland
America.
En visite à Nouméa début février, la présidente de P&O a annoncé
1 million de croisiéristes dans le Pacifique en 2020, soulignant que
les destinations calédoniennes, proches des marchés australiens et
kiwis, sont en première position pour accueillir des centaines de
milliers de croisiéristes.
Le nouveau pari de la P&O et de l’Agence Kénua, c’est d’ouvrir
le 15 avril prochain la destination Nengone. La société Fondacal
travaille actuellement à la construction d’un ponton de plus de 50
mètres (financé par la Province à hauteur de 120 millions CFP) qui
permettra le débarquement des chaloupes remplies de touristes.
D’autre part la Province des Iles va réaliser à Tadine des decks
offrant aux croisiéristes deux piscines naturelles en attendant de
découvrir les plages de Maré.
Une grande réunion d’information était prévue les 25 et 26 février
pour sensibiliser la population à l’intérêt des croisières. Des
représentants d’Australie, de Nouméa, de l’Ile des Pins et surtout
une importante délégation de Lifou (destination de référence)
étaient invités à exposer aux gens de Maré ce qu’attendent les
visiteurs étrangers venus à la découverte de leur paradis.
Au niveau de l’impact écologique, il est à noter que la P&O a
financé une étude scientifique environnementale pour gérer les sites
d’accueil et prendre toutes les mesures pour préserver la faune et la
flore du lagon.
29
formation à Ouvéa
Graines de photographes
Jules Hmaloko, photographe professionnel a
encadré mi-novembre à Ouvéa un stage initié
par la Province des Iles pour former des
photographes.
Pendant dix jours, une dizaine de jeunes d’Ouvéa, intéressés par la
photo, et bien décidés à valoriser les paysages de leur île, et les
événements culturels, ont sillonné l’île, armés de leur Nikon dernier
cri. Jules Hmaloko leur a prodigué ses conseils techniques et
artistiques.
Le projet mûrissait depuis un an déjà, à l’issu du Festival des Arts
du Pacifique. Le coup d’accélérateur a été donné par Laétitia
Majele, la responsable de la médiathèque municipale.
Pour Jean-Jérôme Toulangui, du service culturel, “c’est important
de pouvoir valoriser nous-même la richesse de l’île, et faire parler
d’Ouvéa. La formation est riche et très complète. La Province a mis
les moyens pour organiser ce stage et fournir du matériel
professionnel”. Une chance que les jeunes issus de différentes
associations de l’île, entendent mettre à profit en transmettant à
d’autres les conseils reçus. Jules Hmaloko et son assistant Aman
Poani ont tout abordé, de la prise de vue à la retouche numérique
sur les ordinateurs de la médiathèque.
On peut penser que certains y auront trouvé leur voie et seront
peut-être les photographes officiels du prochain Festival des Arts du
Pacifique... ou plus simplement qu’ils deviendront des
collaborateurs de “Construire les Loyauté” comme correspondants
photographes. (Nous contacter).
une journée pour dire stop
Non aux violences faites aux femmes !
Dans le cadre de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le service de la
Femme de la Province des Iles organisait sur chaque île, le 25 novembre, une journée de prévention
et d’échanges. A Lifou, une cinquantaine de femme se sont retrouvées à Hapetra.
Des femmes de tous âges ont participé à cette journée contre les
violences. Après l’exposé des différentes formes de violences,
physiques, psychologiques, économiques, ce sont les témoignages
qui ont retenu l’attention des participantes. “Quand on parle de
violence, on pense tout de suite aux coups, mais la violence peut
prendre d’autres formes, confiait Lyne. J’aurais aimé que les femmes
de ma tribu viennent pour entendre”.
Au fil de la journée, beaucoup de femmes ont témoigné, sur leur
propre expérience ou celle d’une proche : “Beaucoup de femmes
sont blessées intérieurement, a expliqué l’une d’elles, et c’est
important de partager ce qu’on a gardé en nous”. Les grand-mères,
elles aussi, ont apporté leur expérience : “Nos témoignages, ça aide
les autres femmes”. De l’avis général, c’était une journée très
émotionnelle. Pendant le repas, les discussions se sont poursuivies,
sources de réconfort parfois, de ne plus se sentir isolée.
Le service de la Femme de la Province des Iles (tél : 45.52.18),
en lien avec le Conseil des Femmes de la Province des Iles, réfléchit
à la mise en place d’un point écoute, tel qu’il existe à la Maison
de la Femme à Nouméa. La condition de la femme est importante
pour développer le pays : il faut être bien dans son environnement
familial pour pouvoir penser à l’avenir et aux projets.
“Il y a toujours des femmes qui pensent que c’est culturel, mais la
coutume n’implique pas la violence, a souligné une maman. La
coutume, c’est le respect”. Toutes celles qui n’ont jamais subi de
violences, étaient là pour en témoigner. Le message de cette journée
était avant tout de dire aux femmes : ne vous isolez pas, parlez-en
à quelqu’un de confiance ou à un professionnel du social ou de la
santé.
Angélique Rouquié
31
productions locales
Tour d’horizon sur les musiques 2011
L’année 2011 aura été prolifique pour les productions musicales, avec même des albums primés aux
“Flèches de la Musique” en décembre dernier, ou le Prix des meilleures ventes en 2011 pour Dick
et Hnatr avec l’album “Angaishola”.
Voici un retour sur les principaux albums sortis l’an dernier.
WE CE CA
Kölö Ini Mama Tim
On ne présente plus
cette troupe de danse
professionnelle qui participe depuis maintenant
15 ans à la vie culturelle
et touristique du pays. We Ce Ca qui veut dire
“la première lueur du jour” est composé de 12
danseurs, chanteurs et musiciens professionnels.
A l’occasion de ses 15 ans, la troupe sort un
nouvel album “Kölö ini Mama Tim” avec la
participation de Tim Sameke (ancien et cofondateur de We Ce Ca) à qui le groupe a dédié
le titre de l’album pour le remercier de son
engagement dans cette belle aventure durant plus
de 10 ans.
Dick et Hnatr
Angaishola
L’histoire de Dick et
Hnatr est étroitement
liée à celle de Gurejele,
probablement le groupe
de Kaneka le plus
populaire du Pacifique,
reconnaissable entre tous par ses harmonies très
travaillées. Dick et Hnatr évoluent en Duo depuis
2001, participant à de nombreux événements
culturels. Leur son a dépassé les frontières : une
tournée en France (2008), le festival du Désert
au Mali (2010). Les festivals de Musique de
l’Hay les Roses, Musiques Métisses et Timitar au
Maroc en 2011.
L’année 2011 a marqué un nouveau tournant
pour les artistes avec un nouvel album enregistré
sous la direction de Camel Zekri, musicien de
renom qui œuvre depuis de nombreuses années
pour la promotion de la World Music.
La Compil trop Cool !
Pour les fêtes de fin
d’année, les studios
Mangrove ont réuni
dans un même album les
tubes de l’année
2010-2011 qui ont
fait bouger le pacifique.
Justin Wellington, Naio, Dick et Hnatr, DMP, III
Kings, Tim Sameke, Roumadyval, Cada, Sumaele,
Toa’ Ura …
NODEAK
Uyene
Originaire de Maré, Nodeak qui en 2009 avait reçu
le prix du Meilleur album kaneka lors des Flèches de la
Musique, revient sur la scène musicale calédonienne
avec des compositions riches en arrangements vocaux et
instrumentaux.
Pour ce 7ème album, l’arrivée de jeunes musiciens au sein
du groupe (Saxo et Ukulélé) apporte un nouveau souffle et de nouvelles couleurs
musicales avec 2 compositions reggae qui surprendront les fans habitués aux
sonorités Kaneka du groupe.
YENU
Wecene Inu
Les 2 premiers albums de Yenu étaient l’oeuvre de
2 pasteurs, Bane Kofi et Honoré Bearune. “Wecene
Inu” est l’oeuvre d’Honoré “Warisine” Bearune, album
dans lequel il rend hommage à son épouse, disparue l’an
dernier. Beaucoup d’émotion se dégage tout au long
des chansons qui composent cet album sur lequel on
entend également les enfants du Pasteur chanter sur le titre “Mon monde à moi”.
On pourra retrouver Honoré “Warisine” Bearune sur les scènes du pays avec le
projet “Wawen”.
CÖRENOD
Lever les Barrières
Apres 12 ans d’absence, Le groupe Cörenod,
originaire de Tiga, revient avec un nouvel opus intitulé
“Lever les barrières”. Un message fort dédié à toutes les
communautés vivant dans ce pays. “La musique restera
le trait d’union entre les peuples”. Avec ce nouvel
Album, Cörenod revisite la musique contemporaine Kanak, en créant un
compromis entre les rythmiques festives des formations musicales de la grande
terre et des mélodies typiquement Loyaltiennes.
Puiono I ZEOULA
Le mariage du grand chef
Un double événement car c’est la première fois que les
artistes du district de Gaïca à Lifou, se regroupent pour
faire un album, ensuite c’est pour célébrer le mariage du
grand chef Puiono”, qui a eu lieu le 27 mai à Dueulu.
On y retrouve les artistes majeurs du district, comme
Edou & Mexem, Lexis et de nouveaux venus sur la scène
Musicale comme Koolgroove et Tran.
33
AIRCAL INFOS
La sécurité des vols :
une préoccupation quotidienne
Le Système de Gestion de la Sécurité (SGS) a été préconisé par
l’Organisation Civile de l’Aviation Internationale après plus de
15 années d’études et d’expérience.
Il consiste à identifier les risques pouvant produire un accident
pour les anticiper et déclencher les actions correctives avant
même que les incidents ne se produisent.
Air Calédonie s’est lancée dans la grande aventure du SGS dès
2010. Cette obligation réglementaire représente une véritable
avancée pour la compagnie, et permet d’améliorer encore un
peu plus le niveau de sécurité déjà élevé.
Un groupe de travail, des “Experts Compagnie” a répertorié
toutes les menaces possibles (appelées “événements
indésirables”), évalué les risques associés à ces menaces et mis
en place les actions correctives permettant de les maîtriser.
L’ensemble des personnels de la compagnie, tous services
confondus, a pu bénéficier d’une formation au SGS en 2011,
grâce à un formateur qui s’est déplacé sur toutes les escales.
Le système est maintenant en place depuis le 1er janvier 2012.
Au feu !... mais c’était pour un exercice
Mi octobre, les pompiers de Magenta ont réalisé un exercice incendie dont le scénario était un feu sur un
ATR lors de l’opération d’avitaillement (remplissage des réservoirs).
Le camion-citerne s’étant connecté, un chiffon rouge a été fixé sur la carlingue, symbolisant un départ
d’incendie. Le chauffeur du camion-citerne ayant vidé un extincteur, mais sans succès, l’alerte a été
donnée, avec déclenchement de la sirène et intervention des pompiers à bord de véhicules incendie à
poudre et à mousse.
Munis de deux lances, les pompiers ont attaqué et éteint le (faux) feu puis ont vérifié dans la cabine de
l’appareil que personne ne se trouvait à bord. A la fin de l’exercice, 16 minutes seulement s’étaient
écoulées.
Plusieurs points positifs ont été relevés : respect des procédures d’alerte, mise en situation des pompiers
avec de bons réflexes, et une excellente coordination entre l’Aviation Civile, Air Calédonie, les pompiers et
la société pétrolière d’avitaillement.
34
Soutien à Air Vanuatu à Lifou !
(Photos : Blandine Sio)
A l’occasion du festival Tafea Kanaky, une centaine de festivaliers sont arrivés directement de Tanna sur
Lifou à bord d’un ATR 72 d’Air Vanuatu.
Air Calédonie a apporté son soutien logistique, et toute l’escale de Lifou s’est mobilisée pour assister les
4 rotations d’Air Vanuatu, soit 2 vols à l’arrivée le 6 décembre et surtout les 2 vols mis en place pour le
départ le 13 décembre.
L’escale de Wanaham a ainsi connu une affluence inhabituelle ! Le représentant en Nouvelle-Calédonie
d’Air Vanuatu était présent aux côtés de James Adjou, le chef d’escale pour l’enregistrement de la
délégation à destination de Tanna.
Un départ haut en couleurs !
Nouveaux uniformes
Après les personnels navigants, c’est au
tour des personnels commerciaux d’Air
Calédonie de présenter à la clientèle de
nouveaux uniformes. Dominante bleue et
impressions océaniennes habillent
désormais les agents de vente dans
toutes les escales, aux îles, à l’agence
Manhattan comme à Magenta, à la
billetterie de dernière minute et au Point
Info.
35
clin d’oeil
Le marché d’Iguilan
Un samedi de début février, quelques Vieilles et des couples se
sont retrouvés devant l’ancien magasin “Lolo Tapé” à la tribu de
Xépénéhé. A sept heures du matin, Wiwane Kalimane était déjà
sur place pour préparer les étals et commençait à présenter ses plus
beaux légumes en attendant les autres habitués de ce petit marché
de tribu.
“Ce marché a lieu normalement tous les mercredis matins, et
aujourd’hui on devait être à la maison commune pour la foire aux
affaires organisée tous les ans avant la rentrée des classes, mais
l’opération a été annulée alors nous sommes venus ici”, a expliqué
le vieux Utine, l’un des habitués de ce petit marché tribal. Devant
la véranda de l’ancien magasin, on avait étalé des nattes afin
d’exposer le linge vendu aux enchères, tandis que sur les étals
étaient exposés les produits du terroir : concombres, choux de
chine, cocos verts, bananes vertes et mûres, etc. Et quand tout a
été prêt, les Mamies se sont installées sous la véranda pour jouer
au bingo en attendant les clients.
publication
Les “Cahiers de
l’économie et de
l’environnement”
rencontre jeunesse
En colo à Lifou
Sous la houlette d’Alcide Buama, la Direction du
Développement Economique vient de publier les deux
premiers numéros des “Cahiers de l’économie et de
l’environnement”, une revue de 20 pages en couleurs
destinée aux agriculteurs, éleveurs, pêcheurs.
Le contenu en est confié à un comité de rédaction provincial
assisté par Angélique Rouquié pour les photos et certains
textes.
On y trouve des articles sur les techniques agricoles, les
problèmes d’environnement, les questions touchant à la
pêche ou des sujets sur l’élevage.
Distribués gratuitement, les “Cahiers de l’économie et de
l’environnement” sont diffusés par la Province des Iles.
Fin janvier, deux groupes d’adolescents sont arrivés à Lifou
accompagnés de leurs animateurs pour une immersion totale de deux
semaines en tribu. Ces jeunes venaient des différents quartiers de
Nouméa et de Dumbéa, de Païta et du Mont-Dore. En reprenant
l’ATR d’Aircal pour rentrer à Nouméa, ils ont confié qu’il avait de
la peine à quitter Lifou, “car notre séjour ici a été formidable” !
Cette colo à Lifou était organisée par l’association “Wahnahaso” en
collaboration avec la mairie de Nouméa pour permettre aux enfants
des autres ethnies de mieux connaître la culture et la vie d’un jeune
de Lifou dans sa tribu. Sur ce point, Simane, un des responsables
de l’association, s’est dit satisfait de l’organisation et pense déjà aux
prochaines éditions prévues aux vacances scolaires.
37
pour l’amour du football
Le 6ème
Challenge
Benjamin
CANAL +
Ils ont tous témoigné de leur joie d’apprendre à jouer et
de ce que leur avait apporté cette activité sportive.
La 6ème édition du Challenge
Benjamin organisée par Canal +
Calédonie, en partenariat avec la
Fédération
Calédonienne
de
Football, a réuni 84 jeunes, mi
novembre, sur le stade de Hnassé à
Lifou. L’an prochain, on prévoit
d’organiser ce Challenge dans
chaque île des Loyauté en plus de la
grande Terre.
“Les jeunes âgés de 8 à 12 ans sont encadrés par
10 éducateurs qui ont reçu une formation de 5
jours prise en charge par la Fédération de Football,
explique le Conseiller technique fédéral Kamali
Fitialeata, ils constatent tous une augmentation des
effectifs dans leurs clubs respectifs, il est certain
que les Jeux du Pacifique ont eu une influence sur
cette augmentation”.
Cette journée avait pour but de se faire plaisir et
de sensibiliser les plus jeunes au football et surtout
la catégorie Benjamin qui est l’âge d’or des
acquisitions techniques et du comportement en jeu.
Joëlle Dutertre
Paul Kokone,
11 ans, de Xépénéhé :
“J’avais le choix avec le cricket mais j’ai
préféré le foot. J’aimerais être sélectionné
quand je serai grand car cela me
permettrait d’aller dans les grands pays
comme la France, j’aimerais réussir dans le
foot pour faire plaisir à mon pays”.
Fredy Kaemo,
10 ans, de Xépénéhé :
“Depuis la maternelle je fais du foot,
c’est mon sport préféré, car il faut mettre
du sien dans ce sport ; mon oncle qui
nous entraîne a conseillé aux jeunes qui
vont mal dans la tribu, qui fuguent ou qui
ont envie d’arrêter l’école, de jouer au
foot et ça va mieux pour eux. Et c’est
bon aussi pour ceux qui sont obèses”.
Alice Ajapuhnya,
10 ans, de Jozip :
“J’ai choisi le foot car ça me donne de la
force pour l’attaque ; il faut bien écouter,
on apprend la défense aussi”.
Aurélia de Qanono :
“Le foot, c’est bon pour la santé”.
39
vie religieuse
Les jeunes protestants en assemblée
Des jeunes protestants de l’EENCIL (Eglise Evangélique de la Nouvelle-Calédonie et des Iles
Loyauté) de toutes les régions se sont retrouvés pendant une semaine, mi janvier, à la tribu de Siloam
au nord de Lifou pour leur assemblée générale sur le thème “Qui dites-vous que je suis”.
Cette année, plus de trois cent jeunes ont assisté à cette assemblée où plusieurs
ateliers ont été mis en place pour permettre aux adultes de transmettre aux jeunes
leurs savoirs au niveau biblique, social et culturel, sans oublier des ateliers de
tressage, de couture, de sculpture et des ateliers sur la santé, la délinquance et les
problèmes qui touchent la jeunesse. La présidente du mouvement des jeunes de la
région Drehu, Haocas Wapica s’est dite satisfaite : “Ce sont des moments forts
qu’on passe ensemble ici à Siloam entre jeunes car certains y trouvent des réponses
et des solutions à leurs problèmes”.
Pour ce qui est de l’intendance, les différentes paroisses de Lifou sont venues chaque
jour pour assurer la cuisine pour permettre aux jeunes de profiter pleinement des
ateliers et des activités collectives.
L’atelier tressage animé par
les femmes de pasteurs.
Le “Vivre Ensemble”
de l’EENCIL
Sur le même thème, le synode de
l’EENCIL (Eglise Evangélique de la
Nouvelle-Calédonie et des Iles
Loyauté) qui s’est déroulé du
22 au 26 octobre dernier, a publié
une motion d’une belle portée
philosophique et spirituelle :
“La Nouvelle-Calédonie aborde
une des pages importantes de son
histoire politique. Au regard des
événements graves qui ont marqué
nos populations, le synode général
de l’Eglise Evangélique en
Nouvelle-Calédonie et aux Iles
Loyauté réuni à la paroisse de
Wanap du 22 au 26 Octobre
2011, s’est engagé à mener des
réflexions sur la problématique
“Evangile et culture” afin de
contribuer au projet du “vivre
ensemble”. Les situations de crise,
les conflits non maîtrisés et
l’instabilité sociale, nous interpellent
tous, en tant qu’enfants de Dieu et
frères en Christ. Ces réflexions nous
ont conduits à rappeler les
fondamentaux qui fondent et
consolident notre existence dans le
rapport avec le prochain.
“De ce fait, le synode général incite
chacun à s’affirmer dans une altérité
chrétienne et culturelle éclairée par
le texte de Mathieu chapitre 16 /
verset 15 : “Qui dîtes-vous que je
suis” ?
Du désespoir à l’espoir, Jésus nous
invite à la source. Il est le poteau
central du “vivre ensemble”.
L’Eglise Evangélique en NouvelleCalédonie et aux Iles Loyauté en
appelle au génie de la population et
à l’unité de toutes les forces vives
du pays (responsables religieux,
politiques et coutumiers etc..) pour
instaurer les conditions favorables au
projet du destin commun”.
41
anniversaire
Les 40 ans de l’AS Ponoz
Samedi 3 décembre, l’AS
Ponoz a fêté ses quarante
ans.
Créé en 1971, le club de
la tribu de Hunöj a fait ses
débuts dans le football, et
s’est ensuite ouvert au
cricket dans les années 90.
A l’occasion de cette
journée,
les
anciens
footballeurs avaient été
invités. Les vétérans ont
volontiers participé aux
matchs de gala, avant de
couper le gâteau des
quarante ans.
La grande famille de l’AS Ponoz était réunie pour ce quarantenaire.
6
Comme nous l’avons déjà fait dans notre
précédent numéro, voici un poème extrait du
recueil de poésies et de contes nés sous la
plume de W. Teji, un auteur ne Drehu.
Les vétérans, toujours fidèles au rendez-vous.
Un bonheur mal acquis
Les instants sont vécus au rythme des saisons
Le creuset où se frictionne l’alchimie des sentiments
Un endroit d’ombre mouvant et de silence lancinant
La lune a promis au soleil de veiller sur nos sommeils
Juste le temps d’un répit ou d’un entracte mérité
C’est que la vie est prise entre l’enclume et le marteau
La recherche d’un bonheur immédiat sans vergogne
Une illusion qui transcende les exigences du réel.
Nostalgie : l’équipe de cricket de l’AS Ponoz en 1990.
Nous martelons nos envies sur le caisson des instincts
Nos penchants nous mènent sur des sentiers sans mœurs
Nous vivons bien au-dessus de ce qui nous est permis
Nous empruntons des trésors pour de futiles raisons
Nous dilapidons une fortune pour un bien-être improbable
Nous entretenons notre confort sur des avoirs hypothéqués
Nous imitons le train de vie éphémère des millionnaires
Nous consumons notre âme sur le bûcher des passions.
Et puis viendra le jour où le soleil se lèvera éclatant
Pour éclairer la tristesse de notre existence miséreuse
Les charognards viendront disputer leur part sur nos soucis
Les médisances pleuvront sur nos carcasses dépouillées
Nous aurions, par mégarde, légué à nos enfants nos erreurs
Nous avions trôné pour une notoriété sans lendemain
Puis il ne nous restera que nos larmes pour nous laver.
L’équipe de foot de 2011.
42