N°9 - Province des îles Loyauté

Transcription

N°9 - Province des îles Loyauté
ENVIRONNEMENT : La déchetterie d’Ouvéa
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
PAGE 11
les Cahiers
N°9 - JUILLET 2015 - Revue d’information éditée par la province des îles Loyauté
© DIL - Ducandas
DOSSIER EAU
Ne peut être vendue
page 14
14
page
18
ELEVAGE
La technique d’attache
des animaux
20
EVENEMENTIEL
Organisation
de la fête du Waleï
22
TOURISME
Deux étoiles
dans le ciel d’Ouvéa
les Cahiers
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
ÉDITORIAL
Chères lectrices, chers lecteurs,
04 / Communiqué de presse
Organisation du concours
des miels 2015
05 / Portraits
Lucien Wadria, René Sawaza, Mado
Océane Qenegei, Marjorie Wejieme,
Omayra Naisseline.
08 / Informations
Directions DEI et DDDRA.
10 / Environnement
Les Garages se mettent au vert.
Une déchèterie à Ouvéa.
12 / Économie
L’application du code de
développement de la direction
de l’économie intégrée.
14 / DOSSIER
Une lentille au microscope.
Forages agricoles en promotion.
18 / Elevage
Recommandations pour
les animaux à l’attache :
Ne les négligez pas !
20 / Evenementiel
Le waleï en quête
de reconnaissance.
22 / Tourisme
Deux étoiles dans le ciel d’Ouvéa.
24 / Portfolio
Shabadran, perle du Pacifique.
Les évènements climatiques de ces derniers mois ont
considérablement impactés les productions agricoles, ayant
comme résultats, une chute sérieuse des quantités et de la
qualité des produits agricoles des îles Loyauté.
Modifié en 2012, le code de développement économique de
la province des îles Loyauté, prévoit un éventail de mesures
d’aides à l’exploitation mais aussi à l’investissement. Tous les
secteurs d’activités ainsi que leurs filières sont concernées par
cet outil de développement, les pages qui suivent synthétisent
les caractéristiques et conditions de son application.
La filière Tourisme des îles Loyauté n’est pas en reste, puisqu’elle
finance depuis plusieurs années maintenant des opérations
de valorisation et de promotion. Les richesses agricoles,
halieutiques, culturelles et patrimoniales sont régulièrement
mises à l’honneur dans le cadre des fêtes évènementielles, telles
que la fête de l’avocat, du lagon ou encore très prochainement,
la fête du Waleï et la foire des îles Loyauté, qui se déroulera
cette année sur Ouvéa.
Enfin, un porfolio vous est offert pour découvrir ou redécouvrir
les magnifiques paysages de la randonnée de Shabadran, à
Maré.
Une occasion de vous motiver pour une randonnée inoubliable,
lors de votre prochain passage sur l’île « qui parle à votre cœur »,
chaussures, maillot et appareil photo indispensables !!
Bonne lecture à tous,
Les Cahiers de l’agriculture et de l’environnement de la province des îles Loyauté • N.9 Juillet 2015
Une publication trimestrielle de la province des îles Loyauté (PIL) de la Direction du Développement Économique. Téléphone 45 51 71 - BP 50 Wé - 98820 Lifou - Directeur de la publication : Stéphane
Forrest - Secrétariat de rédaction : Meri Thupalua - Rédaction : J.M Estournes - Conception et fabrication : Images & Co. Tél. : 28 20 63 - [email protected] - Remerciements à la DIL et l’agence Demain
pour les photographies de S. Ducandas - Magazine imprimé à 4000 exemplaires - Impression IRN
Sommaire / éditorial
SOMMAIRE
La province des îles Loyauté a récemment vécu des changements
au sein de son organisation administrative, créant des directions
et des services nouveaux et en n’en modifiant d’autres.
L’organisation et les missions de la direction du développement
économique ont ainsi été révisées, rebaptisant cette dernière
direction de l’économie intégrée.
Le service de l’environnement précédemment attaché à la DDE
s’ajoute depuis le mois de décembre dernier, aux services d’une
direction nouvelle, la direction du développement durable et de
la recherche appliquée.
L’occasion dans ce numéro, de vous présenter de nouveaux
visages… ainsi que les dernières opérations pilotées par le
service de l’environnement.
03
les Cahiers
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
ORGANISATION DU CONCOURS DES MIELS 2015
LUCIEN WADRIA,
chef du service financier et administratif de la direction
de l’économie intégrée.
Le secret des chiffres
Lucien WADRIA est depuis le mois d’avril 2015 le nouveau chef du service financier et administratif de la direction de l’économie intégrée.
Originaire de Lifou et plus particulièrement de la tribu de Drueulu, Lucien se lance
dans la vie active avec en poche, un baccalauréat comptabilité obtenu en 1987.
Après son service militaire, Lucien rejoint les équipes du Trésor Public au service
des collectivités locales jusqu’en 1990, date à laquelle il réussi son concours pour
intégrer la fonction publique.
Cette même année, il est affecté à la Trésorerie de la province des îles Loyauté, où
il y consacrera onze années.
04
Une évolution professionnelle s’opère alors progressivement au sein des directions
de la province, car Lucien apprécie la diversité des missions et des fonctions qu’offre
les services de la collectivité.
À la demande du Comité de Foire de Bourail, le Centre de Promotion de l’Apiculture (CPA) organise le concours des miels
2015. Ce concours vise à promouvoir des miels aux caractères exceptionnels produits en Nouvelle-Calédonie. Texture,
couleur, goût, odeur seront passés au crible par un jury composé de « professionnels du palais » (chefs, restaurateurs, formateurs culinaires). La filière apicole s’inscrit pleinement dans
les « circuits courts » avec une commercialisation annuelle de
100 tonnes représentant 95% du miel consommé localement.
Les miels Calédoniens sont très diversifiés, ils dépendent de
la flore existante aux alentours des ruches. Un miel des îles
Loyauté se différencie d’un miel de l’île des pins, tout comme
un miel de maquis minier d’un miel de mangrove. Pour l’édition
2015, le concours des miels met en avant trois catégories : les
miels à dominante niaouli, les miels de forêt et les miels toutes
fleurs. Le concours des miels accompagne la professionnalisation de la filière. Afin de promouvoir les bonnes pratiques et
dans un soucis de renforcement de l’état sanitaire du rucher
calédonien, les apiculteurs désirant participer au concours
2015 devront déclarer leurs ruchers au réseau d’épidémiosurveillance apicole (RESA). Les participants s’engageront à
conserver 20 kg du miel présenté au concours. Les apiculteurs dont les miels seront primés, en plus des récompenses
habituelles, se verront remettre des étiquettes spéciales du
concours des miels 2015 qu’ils pourront apposer sur les pots
ou bouteilles correspondant au miel primé.
La date limite de partcipation
est fixée au 31 juillet 2015. Pour
les conditions de participations,
contacter le Centre de Promotion
de l’Apiculture (CPA) au 44 15 79.
Il souhaite ainsi pour sa nouvelle fonction, perfectionner ses connaissances sur les
aspects de la finance et acquérir une expérience en matière de management de
personnel et sur les aspects de la mise en œuvre des politiques du développement
économique.
Dynamique, disponible et polyvalent, Lucien
souhaite améliorer les relations et la réactivité
des actions de son service pour répondre aux
mieux aux attentes de la direction et des enjeux
économiques des filières de développement
RENÉ SAWAZA,
comptable au service financier et administratif de la direction
de l’économie intégrée.
Du développement à la comptabilité
René SAWAZA est un jeune homme
motivé et plein d’ambitions, qui a récemment pris les fonctions de comptable au
service financier et administratif de la direction de l’économie intégrée.
De retour sur le caillou, il est recruté par
la province des îles Loyauté à la direction
de l’équipement et de l’aménagement
où il occupe pendant un an, les fonctions de comptable.
Originaire de la tribu Kejenyi à Lifou, et
après un parcours scolaire riche, il a la
satisfaction aujourd’hui d’exercer son
métier sur son île natale.
Mais, René souhaite intégrer les services
de la direction de l’économie intégrée,
où les missions sont plus en adéquation
avec son parcours scolaires et ses diplômes.
En 2011, suite à l’obtention d’une licence en Droit, Economie et Gestion, il
quitte la Nouvelle-Calédonie pour poursuivre ses études en Métropole.
René est un jeune homme plein d’idées et de
projets, qui souhaite lier développement économique et aménagement du territoire.
En 2013 à Toulouse, il valide ainsi un
Master Economie du développement
des territoires.
En février 2015, l’opportunité de rejoindre la DEI se présente et René tente
sa chance !
Portraits
Communiqué de presse
A partir d’avril 2001, c’est le retour aux sources pour Lucien. Détaché à la province
des îles Loyauté, il est affecté pour son premier poste dans la collectivité provinciale
au service des finances comme « chargée de recette ».
05
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
MADO OCÉANE QENEGEI,
chargée de filière tourisme à la direction de l’économie intégrée
Entre environnement et culture
Aînée d’une famille de quatre frères et sœurs, Mado Océane Qenegei grandit à Hapetra et décroche un bac ES au lycée
polyvalent des Iles. Au cours de sa troisième année de licence économie et gestion à l’UNC, elle répond à un appel à candidature de la direction de l’Enseignement relatif au dispositif BSIL*. Elle s’envole bientôt pour la ville de Mende (Lozère), où
elle obtiendra une licence, puis un master 1 et 2, d’économie et management, mention tourisme. Mado produit à l’occasion
un mémoire sur la contribution de la culture kanak dans une démarche de développement touristique.
Revenue en Calédonie fin 2012, elle
enchaîne les boulots : conseillère à
l’ADIE** sur la zone Boulouparis-Yaté-Thio-Païta, chargée d’étude à l’IAC
où elle se penche sur l’impact socio-économique et culturel d’un projet
d’hôtel de grand standing aux Loyauté,
et chargée de mission à la SODIL*** où
elle organise, entre autres, une charte
de bonne conduite pour l’ensemble des
acteurs de ce même projet d’hôtel.
Portraits
Structurer les activités
Le 5 janvier 2015, elle succède à Lilas Nyipie comme chargée de la filière
tourisme à la DEI****. « En 2009, lors
de l’octroi de la bourse, j’avais pris un
engagement avec la Province : vous
m’aidez, et à mon retour je travaillerai
pour vous. » Aujourd’hui Mado œuvre
à développer une stratégie touristique
provinciale. Elle gère les partenariats
conventionnés entre la DEI et les orga-
© Photos : JME
06
nismes de professionnels ou encore les
chambres consulaires, comme la réalisation des audits des hôtels et des accueils en tribu assurés par la CCI*****,
poursuit les chantiers précédents en
y ajoutant « une touche culturelle »
pour cibler « une clientèle éco-responsable ». Elle juge les randonnées pédestres méconnues, aimerait structurer
les activités pleine nature (former des
guides pour la découverte de grottes
par exemple), accompagne le développement des activités aussi bien terrestres que nautiques. « Une politique
touristique doit commencer par la mise
en place d’activités de loisirs, affirme-telle, c’est ce que recherche d’abord le
visiteur ».
* BSIL : Bourse spécifique des Iles ;
** ADIE : Association pour le Droit
à l’Initiative économique.
*** SODIL : Société d’investissement
des îles Loyauté
**** DEI : Direction économique Intégrée
***** CCI : Chambre du Commerce
et de l’Industrie
Enquête de notoriété
En novembre 2014, Marjorie est engagée comme responsable qualité et
communication au service de l’environnement. Une création de poste. « Je
l’avoue, j’étais un peu perdue au début,
vu l’ampleur du chantier à mener. » Côté
com, elle commence par établir un diagnostic, avec enquête de notoriété du
service auprès de la population. « Aujourd’hui il nous faut définir une vraie
stratégie de communication externe »,
indique-t-elle. Et lancer des supports
thématiques – gestion des déchets,
biodiversité… – destinés, en particulier,
aux actions de sensibilisation.
Depuis avril, Marjorie planche aussi sur
un système de management qualité
en vue d’optimiser le fonctionnement
du service. Objectif, la certification
ISO 9001 pour début 2016. Celle qui
s’adapte à toutes les situations ne s’inquiète pas trop : « Mes collègues ont
déjà des tableaux de bord, une bonne
méthodologie, il suffira de retravailler
certains détails ».
OMAYRA NAISSELINE,
technicienne tourisme à la DEI, mise à
disposition d’Initiative Nouvelle-Calédonie
Toujours plein de projets
Originaire de Lifou, Omayra Naisseline (29 ans) exerçait depuis 2009 comme technicienne dans les secteurs du tourisme et de la PME-PMI, à la direction de l’Économie intégrée. À l’antenne de La Roche, instruction, montage et accompagnement des projets constituaient son plus gros pain quotidien. Parmi ces dossiers,
ceux aidés par Initiative NC, chaque année plus nombreux. Pour Isabelle Laran,
directrice de l’association, cela devenait compliqué d’en assurer elle-même un suivi efficace. Alors, la Province a mis Omayra à disposition d’Initiative NC. Toujours
salariée de la collectivité – l’association supportant les frais de déplacement –, elle
a pris ses nouvelles fonctions en janvier.
« Motivée, dynamique, authentique », cette
jeune maman qui fêtera ses 30 ans en septembre, pratique le volley-ball et le cricket à
Bethel Sport. Et bientôt la pétanque !
MARJORIE WEJIEME,
responsable qualité et communication
au service environnement
Retour aux sources
Après un bac SVT à Blaise-Pascal, Marjorie Wejieme suit « par défaut » un Deug
à Nouville. « Je ne voulais pas partir en Métropole, mais ce que je faisais ici ne me
plaisait pas du tout. » Alors l’enfant de Lifou choisit une licence biologie des organismes à Toulouse, enchaîne avec une maîtrise biologie de la conservation. Mais
sans conviction. Elle rentre à Nouméa et intègre en 2006 le service environnement
de la Province, en pleine pré-inscription des atolls d’Ouvéa et Beautemps-Beaupré
au Patrimoine mondial. À la même époque, le schéma de gestion des déchets se
dessine doucement.
Difficile pour Marjorie de dissocier communication et qualité : « Pour inciter les collègues à
mettre en place de nouvelles procédures, il faut
avoir des compétences de bon communicant ».
À l’issue d’une année sabbatique, elle
revient au pays fin 2013. « La reprise
a été dure, j’ai galéré un an pour retrouver du boulot. » Elle postule un peu
partout, avant d’effectuer un retour aux
sources à Lifou : plantation d’ignames,
réapprentissage des pratiques traditionnelles…
Quatre ans plus tard, Marjorie décide de regoûter aux études. Via Cadres Avenir,
elle part pour Troyes en master 1 et 2 ingénierie et management de l’environnement
du développement durable, qu’elle boucle par un stage de six mois dans une société d’ingénierie automobile dont elle réalise notamment le bilan carbone.
Portraits
les Cahiers
Des articles sur Facebook
À Nouméa, la chargée de mission s’occupe comme avant des porteurs de
projets loyaltiens, ceux de Lifou et Ouvéa en plus. « À Maré, on finance un
service de gamelles, une dame qui fait
de l’élagage, un monsieur qui loue des
scooters… Sur Lifou, nous soutenons
l’accueil en tribu et, avec la remise aux
normes des bus, plusieurs transporteurs. Et à Ouvéa une ambulance, la
distillerie de santal… ». Seule différence
notoire, « maintenant j’ai également les
secteurs pêche et agriculture ».
Chaque mois, Omayra rédige sur la
page Facebook d’Initiative NC des articles consacrés aux personnes aidées.
La convention de mise à disposition a
été signée pour un an, renouvelable.
«J’espère qu’elle sera reconduite, lance
Isabelle. Cela nous permet d’être plus
présents sur le terrain, plus proches
des gens. Et puis Omayra passe très
bien. Elle est avenante, à l’écoute, intelligente, volontaire… » N’en jetez plus !
07
Prêt et accompagnement
Omayra et Isabelle, directrice d’Initiative NC,
analysent les dossiers, en parlent ensemble et
trouvent des solutions.
Initiative NC aide les porteurs d’un
projet professionnel à financer leur
apport personnel auprès d’une
banque, par des prêts sans garantie, ni intérêts ni frais de dossier. Elle
assure gratuitement leur accompagnement jusqu’à ce qu’ils soient autonomes. En huit ans, l’association
a soutenu 400 projets (en photo la
table d’hôte de Sera Paala à Maré),
avec un taux de pérennité de 94 % à
trois ans. Lancé en 2013, le dispositif
Dom Création, tourné vers les jeunes,
s’étend cette année aux Loyauté.
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
Directions de l’ Économie Intégrée (DEI) et du DDRA*
Suite aux élections provinciales du 11 mai 2014 et afin de tenir compte des
nouvelles orientations et priorités politiques fixées par le nouvel exécutif, il
est proposé de réaménager les différentes directions et services de l’administration provinciale.
La Direction du Développement Durable et de la Recherche Appliquée (*DDDRA) a pour mission d’accompagner et mettre
en œuvre la stratégie provinciale en matière de développement durable et comprend, outre le secrétariat de la direction, deux
services, un pôle et une section à savoir :
-
Le service de développement des énergies renouvelables ;
Le service de l’environnement ;
Le pôle recherche pour le développement ;
La section administrative et financière.
Chef de service : Georges KAKUE
Le Service de l’environnement met en
œuvre les orientations stratégiques
provinciales en matière d’environnement.
SECTION GESTION DES CARRIÈRES
& GESTION INTÉGRÉE ET DURABLE
DE LA RESSOURCE EN EAU
Informations
• Gestion des carrières :
08
- Réglementation, gestion des
dossiers d’exploitation de carrières
- Mise en place et suivi du schéma
provincial des carrières
- Missions d’information et de
sensibilisation des exploitants et de
la population.
• Gestion intégrée et durable de la
ressource en eau :
- Protection des ressources en eau
- Mise en place d’un outil d’aide à
la décision
- Suivi des subventions des
forages agricoles
- Appui aux communes pour la
réalisation des schémas directeurs
eau et/ou assainissement
- Communication et sensibilisation
relative à la problématique de l’eau
dans les îles.
SECTION RÉGLEMENTATION
ENVIRONNEMENTALE
- Elaboration des règlementations
en matière d’environnement (Code
de l’environnement)
SECTION BIODIVERSITÉ
• Sous-section Protection de la mer et
du littoral :
- Dossier Patrimoine Mondial :
Protection des lagons d’Ouvéa et
Beautemps-Beaupré,
- Domaine public maritime :
réglementation et délivrance des
autorisations d’exploration, de
gestion des ressources naturelles
biologiques et non-biologiques,
- Conservation et sauvegarde de
la biodiversité, des écosystèmes
et des paysages : participation au
conservatoire des espaces naturels,
plan de gestion des réserves...
- Valorisation de la biodiversité et
de sensibilisation du public.
• Sous-section protection des milieux
naturels terrestres :
- Gestion des menaces des
espèces envahissantes
- Protection des espèces et des
paysages :
• réalisation d’études et de plans
de gestion sur la faune, la flore et
les écosystèmes
• adaptation de la réglementation:
chasse, récolte, aires protégées...
- conservation des espèces, des
écosystèmes et des paysages :
• participation au conservatoire
des espaces naturels, plan de
gestion des réserves...
- Valorisation de la biodiversité
terrestre et sensibilisation du public
• aménagement de sentiers de
botaniques …
• communication
et sensibilisation.
La DEI est chargée de la mise en œuvre des orientations définies en matière de développement économique et notamment
en ce qui concerne les domaines du tourisme, des PME-PMI, de la pêche et des ressources marines ainsi que du développement rural. Sont rattachés à la DEI les services et la section qui suivent :
• Le Service de Développement
de Lifou (SDL)
• Le Service de Développement
• Le Service de Développement
Chef de Service :
Monsieur Robert TRUIJIJ
Tél. : (687) 45.51.71
Chef de Service :
Monsieur André HMAE
Tél. : (687) 45.49.20
Chef de Service :
Monsieur Bernard IHAGE
Tél. : (687) 45.52.55
Les services de développement sont
plurisectoriels dont les missions sont :
• Tourisme :
La Direction est assurée par Monsieur Joseph WAIKEDRE.
Le Service de l’Environnement :
Relative à l’organisation des directions et services provinciaux (Délibération n° 2014-20/API) il est créé en Octobre 2014 la
Direction de l’Economie Intégrée (DEI) anciennement Direction du Développement Economique (DDE).
SECTION DE LA PRÉVENTION DES
RISQUES ET LUTTE CONTRE LES
POLLUTIONS
• Gestion des déchets :
- Elaboration et mise en œuvre du
schéma directeur de gestion des
déchets
- Mise en place d’un réseau de
déchèteries sur les îles
- Suivi de la réglementation
déchets
- La réhabilitation d’anciennes
décharges sauvages / Opération
d’évacuation des déchets
historiques
- Prévention et sensibilisation
• Gestion des ICPE* :
- Réglementation, gestion des
dossiers ICPE
- Organisation et suivi des
enquêtes publiques administratives
- Instruction des dossiers
ICPE concernant les élevages
et les ouvrages de traitement et
d’épuration des eaux résiduaires et
domestiques
- Communication et sensibilisation
* ICPE : Installations classées pour la Protection de l’Environnement
Budget DDDRA
hors budget supplémentaire
:
Investissement :
24 000 000 F
Fonctionnement
: 248 507 000 F
- L’information et l’appui
au promoteur
- L’instruction et le suivi des
dossiers en collaboration avec
la SODIL en matière
d’investissement touristique
- L’instruction et le suivi des
dossiers en collaboration avec
le GIE** « destination îles Loyauté »
pour la promotion touristique
- L’élaboration et le contrôle
des aides octroyées en matière
de tourisme
- L’instruction et le suivi des
dossiers en matière de tourisme
- La promotion et l’animation
des activités dans les domaines
du tourisme.
de Maré (SDM)
• PME-PMI :
- L’information et l’appui
aux PME/PMI des îles Loyauté
- L’instruction et le suivi des
dossiers des entreprises locales
- L’élaboration et le contrôle
des aides octroyées aux
entreprises locales.
• Développement rural :
- L’information et l’appui au
promoteur en matière d’agriculture,
d’élevages et de forêts
- L’instruction et le suivi des
dossiers en matière d’agriculture,
d’élevages et de forêts
- L’élaboration et le contrôle
des aides octroyées en matière
d’agriculture, d’élevages
et de forêts
- L’assistance à la gestion
auprès des entreprises locales.
** GIE : Groupement d’Intérêt économique
Le Service Administratif et Financier (SAF)
Chef de Service :
Monsieur Lucien WADRIA
Tél. : (687) 45.51.70
Le Service Administratif et Financier
a pour missions :
- La gestion des aides octroyées
dans le domaine de l’insertion
socio-économique, de l’emploi et
pour l’expansion économique
- La gestion administrative et
financière de l’ensemble des
services de la direction
- La préparation, le secrétariat
et le suivi des travaux de la commission à laquelle est rattachée la
direction
- Le suivi des contrats de
développement pour les opérations
relevant de la direction.
LA SECTION DES ETUDES ECONOMIQUES ET STATISTIQUES (SEES)
Chef de Section :
Monsieur Upan KAEMO
Tél. : (687) 45.51.79
La Section des Etudes Economiques
et Statistiques a pour missions :
- L’élaboration d’outils
et d’indicateurs économiques
- L’expertise, le contrôle et la
veille économiques
- L’élaboration d’outils statistiques, la collecte et le traitement
des
données statistiques
- La création et le suivi
d’indicateurs socio-économiques
de la province
- La réalisation d’enquêtes
économiques et sectorielles
d’Ouvéa (SDO)
• Pêche et ressources marines :
- L’information et l’appui
au promoteur
- L’instruction et le suivi
des dossiers en collaboration
avec la SODIL en matière
d’investissement de pêche
- L’élaboration et le contrôle
des aides octroyées
- L’instruction et le suivi des
dossiers en matière de pêche
- La promotion et l’animation
des activités dans les domaines
de la pêche artisanale
et industrielle.
Budget DEI
hors budget supplémentaire
:
Investissement :
605 637 085 F
Fonctionnement
: 677 567 584 F
- La gestion des outils de suivi
des aides économiques
(Logiciel KATRU).
La direction est assurée par Monsieur
Robert WAYARIDRI.
Au même titre que le DEI, en octobre
2014, il est créé la Direction du Développement Durable et de la Recherche
Appliquée (DDDRA), qui était anciennement le service de l’Environnement,
rattaché à la Direction du Développement Economique.
Informations
les Cahiers
09
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
Les Garages se mettent au vert
Environnement
La spécificité de l’environnement loyaltien n’est plus à démontrer. L’équilibre entre le milieu naturel et les activités humaines est un impératif pour
continuer à préserver cet environnement loyaltien.
10
Initiée dans le cadre du programme de
mise aux normes des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE), la province des îles Loyauté accompagne aujourd’hui la mise en
conformité des ateliers de réparation et
d’entretien des véhicules.
Ces installations sont soumis au régime
de la déclaration et devra donc établir
un dossier à transmettre au service provinciale compétent en la matière et respecter ainsi les prescriptions générales
n°2013-25/BAPI du 18 janvier 2013.
Dans ce contexte, la province des Iles
Loyauté en partenariat avec la CCI en
Nouvelle-Calédonie ont réalisé une
mission d’audit ICPE et de mise aux
normes des 5 ateliers mécaniques
suivants :
Chez ROMMY (Lifou)
LOCA V (Lifou)
Garage MURDI (Lifou)
Garage AUTOPRO (Lifou)
Golf de Wabao (Maré).
L’activité de garagiste est aujourd’hui
considérée juste derrière les centrales
électriques et les centres d’enfouissement techniques comme une activité à
risque sur les îles Loyauté en raison de
la nature des produits utilisés et surtout
de la forte perméabilité du sol karstique
loyaltien.
En effet, l’objectif majeur de cet accompagnement à la mise en conformité des
ateliers mécaniques est :
• de sensibiliser les garagistes à la
préservation de l’environnement,
• de régulariser les ateliers mécaniques,
• de fournir un dossier de déclaration,• de fournir une estimation des
actions à mener et une estimation
sommaire des investissements à
engager sur les équipements.
La réalisation de l’audit ICPE est en
cours de réalisation et la restitution des
dossiers se fera au début du troisième
trimestre de l’année 2015.
Le programme « MANI » Mise Aux
Normes des ICPE traduit une volonté
provinciale de prendre en compte les
exigences environnementales dans le
secteur du développement économique,
une volonté d’impulser une dynamique
de développement économique respectueuse de l’environnement.
Une déchèterie
à Ouvéa
Après celle de Lifou et en
attendant la petite sœur à
Maré, la déchèterie d’Ouvéa entrera bientôt en service. Objectifs : endiguer
les décharges sauvages,
inciter les populations au tri
et en profiter pour éliminer
les stocks historiques.
Au nord de Hwadrilla, les travaux
conduits par l’entreprise Arbé ont démarré fin 2014 et devraient s’achever
en juillet ou août. Maître d’ouvrage, la
province des Iles a investi 70 millions
dans le projet. Ils couvrent la réhabilitation du site, la déchèterie étant
construite sur un ancien dépotoir sauvage. Elle accueillera le même type de
déchets que celle inaugurée à Lifou en
octobre 2013 : batteries, piles, huiles
usagées, DEEE*, métaux, canettes en
aluminium et véhicules hors d’usage
(VHU). Autant de déchets présentant
un danger immédiat pour l’environnement et n’étant pas acceptés par un
CET* ou une ISD*. Comme à Lifou, les
quais d’apport volontaire seront en fait
des conteneurs maritimes, ceci afin de
limiter la manutention entre l’arrivée du
déchet et son évacuation par bateau
Ornella Hmana, chargée de gestion des déchets au service environnement de la Province.
L’objectif de la déchèterie est d’endiguer les décharges sauvages en offrant une alternative
à la population.
vers les centres de traitement de Nouméa. Piles et batteries seront réceptionnées dans des bacs en plastique, et
les huiles conditionnées dans des fûts.
Deux ou trois personnes œuvreront
dans la structure : l’accueil, la pesée, le
stockage, la gestion administrative. La
déchèterie sera gratuite pour les particuliers ; professionnels et artisans devront s’acquitter d’un forfait annuel de
10 000 F, quel que soit le tonnage apporté. Une probabilité pour les boîtes
en alu, l’instauration d’un système de
rémunération proportionnel au volume
déposé.
Changer les habitudes
« En parallèle, nous avons entamé une
campagne de sensibilisation afin d’informer la population – assez consciente de
la fragilité du contexte – de l’existence
de la déchèterie et des sortes de déchets à y transporter », indique Ornella
Hmana, chargée de gestion des déchets au service environnement de la
Province. Destinée « à tenter d’endiguer
les décharges sauvages, zones non
réglementaires progressivement fermées et réhabilitées », la stratégie vise
aussi à « capter les stocks historiques,
pour les acheminer vers les déchèteries
puis les centres de traitement agréés ».
Jusque-là, certains déchets interdits à
l’ISD de Hulup – ferrailles, VHU, DEEE…
– étaient évacués ponctuellement par
barge, dans le cadre d’opérations diligentées par la Province avec l’aide de
prestataires privés. Quant à la collecte
et au transport des piles, huiles et batteries, ils faisaient l’objet d’une convention
entre la Province et l’éco-organisme Trecodec, des points d’apport volontaire
ayant été installés dans les garages,
stations-services, écoles, dispensaires
et mairies.
La déchèterie d’Ouvéa ouvrira vraisemblablement début 2016, une fois le
mode de gestion arrêté et les différents
équipements (contenants, presses, kits
de dépollution…) livrés. « Elle devrait
changer pas mal les habitudes, espère
Ornella Hmana, et contribuer à maintenir l’intégrité d’un site inscrit au patrimoine mondial ».
* DEEE : déchets d’équipements électriques et
électroniques ; CET : centre d’enfouissement technique ; ISD : installation de stockage de déchets.
236 tonnes en 2014 à Lifou
En 2014, la déchèterie de Pihniyp, à Lifou, a accueilli 236 tonnes de déchets
dont 84 t de métaux en mélange, 42 t
de véhicules hors d’usage, 34 t de
batteries, 30 t d’huiles usagées, 19 t
de gros électroménager hors froid
(gazinières, micro-ondes, machines à
laver…) et 10 t de froid (réfrigérateurs,
congélateurs…), 5 t de canettes en
aluminium, 2 t de piles usagées… Sur
les Iles, 300 kg de déchets (tous types
confondus) sont produits en moyenne
par an et par habitant.
Environnement
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
© Photos : JME
les Cahiers
11
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
L’application du code de développement
de la direction de l’économie intégrée.
Le CODEV de la province des îles Loyauté a été révisé en 2012 afin de
mieux répondre aux attentes et aux besoins des entreprises et des futurs
entrepreneurs souhaitant investir dans les îles Loyauté.
Au delà de participer financièrement au développement du tissu économique des îles de Maré, Lifou et Ouvéa, le CODEV vise indirectement à fixer
la population active dans ses îles et à accroitre les revenus des foyers.
Etendu à l’ensemble des secteurs d’activités et de leurs filières, le CODEV propose un éventail d’aides qui varie en
fonction du montant et de la nature du
projet.
Économie
D’une manière générale, le CODEV
s’applique aux personnes physiques ou
morales (autre qu’une association soumise à la loi 1901) qui exerce une activité
économique sur les îles Loyauté :
• les personnes physiques doivent être
majeures et non scolarisées et ne doivent
pas posséder le statut d’agent public ;
• les sociétés doivent avoir leur siège social et leur activité enregistrés et basés
sur le territoire des îles Loyauté.
Il existe deux catégories de projets, les
projets d’économie sociale et les projets
structurants.
PROJETS D’ÉCONOMIE SOCIALE
12
ASSIETTE
D’INTERVENTION
KIT DE
PRODUCTION
AIDE SOCIOÉCONOMIQUE
Assiette plafonnée
à 150 000 frs
Projet dont le montant est
inférieur ou égale à 1,5 millions
TAUX DE
PARTICIPATION
100% du projet
Le tableau ci-dessous présente les
conditions et caractéristiques du dispositif de ces deux catégories de projets
ainsi que des aides qui y sont attachées :
60% du projet
PROJETS ÉCONOMIQUES
STRUCTURANTS
Projet dont le montant est supérieur à 1,5 millions
et inférieur ou égale à 50 millions.
Base de 25%, majoré de :
+ 10% si personne physique âgé de 45 et moins,
ou + 10% si personne morale,
+ 15% si secteur ou filière prioritaire,
+ 10% si promoteur est un handicapé officiellement
reconnu
TYPOLOGIE DES AIDES
ATTACHÉES AUX PROJETS
ÉCONOMIQUES STRUCTURANTS
Aides préalables à l’investissement
• Aide aux frais d’étude préalable, taux
de 60% dans la limite de 2 millions
• Aide aux études visant les installations
classées pour la protection de l’environnement (ICPE), taux de 80% dans la
limite de 1 million
Aides à l’investissement
Soutien aux entreprises
• aide aux frais de création, taux de 60%
dans la limite de 600 000 frs
• aide aux entreprises en difficulté, après
état de la situation
• aide à l’équipement, taux défini par le
montant du projet (25% de base + majorations)
• soutien à l’emploi, aide limitée sur 24
mois : 100% des charges patronales
pour les 12 premiers mois et 50% pour
les 12 mois suivants.
• aide aux infrastructures primaires, taux
de 70% dans la limite de 2 millions
• aide pour les équipements de protection de l’environnement, taux de 80%
dans la limite de 2 millions sur la liste des
équipements définis
• mise aux normes, après état de la
situation.
CODE DES INVESTISSEMENTS DE LA PROVINCE DES ÎLES LOYAUTÉ
EN 2014
Nombre de dossiers
Agriculture/Elevage
31
Pêche
5
Tourisme
3
Services, Commerce, Artisanat
19
TOTAL
58
Investissement
3
27,8
33,8
168,0
233
Subvention accordée
3
13,5
13,5
65,5
96
Part de la subvention (%)
100,0%
48,6%
39,9%
39,0%
41
Investissement
77
47
104
429
657,0
Subvention accordée
44
24
51
188
307,0
Part de la subvention (%)
57,1
51,1
49,0
43,8
46,7
Investissement
71,0
100,5
63,3
1 029,5
1 264,3
Subvention accordée
34,1
79,6
37,8
460,8
612,3
Part de la subvention (%)
48,0
79,2
59,7
44,8
48,4
En 2013
Nombre de dossiers
Agriculture/Elevage
76
Pêche
7
Tourisme
7
Services, Commerce, Artisanat
36
TOTAL
126
EN 2012
Nombre de dossiers
Agriculture/Elevage
68
Pêche
13
Tourisme
7
Services, Commerce, Artisanat
53
TOTAL
141
Chiffres en Millions de F Cfp.- Source : Direction du Développement de l’Economie Intégrée.
Les personnes souhaitant créer, développer ou transmettre une
activité économique peuvent se rapprocher des services de la direction
de l’économie intégrée aux coordonnées suivantes :
Antenne DEI de Maré à La Roche
Antenne DEI d’Ouvéa à Wadrilla
Secrétariat : 45 49 20
Chef du service Mr André HMAE
Tél : 45 49 12 ou 74 90 60
email : [email protected]
Secrétariat : 45 52 55
Chef du service Mr IHAGE Bernard
Tél : 45 52 74 ou 74 73 51
email : [email protected]
Direction de l’économie intégrée
à Lifou
Secrétariat : 45 51 71
Chef du service Mr TRUIJIJ Robert
Tél : 45 51 62
email : [email protected]
Économie
les Cahiers
13
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
de la lentille. Gérer durablement une
ressource particulièrement vulnérable
passe donc par un travail conséquent
de sensibilisation des populations et
le lancement de programmes de recherches pluridisciplinaires.
Une lentille au
microscope
14
Les anciens prélevaient l’eau dans les
trous de roche, les grottes, les cavités,
lieux de résurgence naturelle de la lentille d’eau douce. Quelques-uns ont
conservé leurs habitudes, malgré l’apparition des forages qui ont creusé des
puits dans le sol de Maré et de Lifou et
pompent désormais la nappe à plus de
20 jusqu’à 40 m de profondeur sur Lifou
et de 30 à 70 m de profondeur sur Maré
pour fournir l’eau potable aux habitants
des deux îles. La ressource disponible,
qui se renouvelle au gré des précipitations, excède très largement les besoins
de la population. À Lifou par exemple, le
volume théorique de la lentille se chiffre
à environ 420 millions de m3, le volume
extrait par pompage pour la consommation s’élevant à peine à 0,4 % (SAGE
2004). Sur Ouvéa, l’épaisseur de la
lentille s’avère en revanche insuffisante
pour permettre une exploitation. La
population est très sensibilisée à la rareté de l’or bleu, et chaque maison est
flanquée d’une citerne de récupération
d’eau de pluie. Comme sur Ouvéa, Tiga
possède désormais une unité de dessalement faisant suite à l’utilisation sur son
haut plateau d’un « impluvium », vaste
bassin qui capte et stocke lui aussi la
pluie tombée du ciel.
Lifou et Maré comptent aujourd’hui chacune environ une trentaine de forages
© Photo DIL - Stéphane DUcandas
Un nouvel outil pour 2016
« Aujourd’hui, nous actualisons les
bases de données fournies en 2004,
comme les cartes de vulnérabilité de
Maré et Lifou », explique Nicolas Wright.
Spécificité des Loyauté
Trous (ici celui de Bone, à Maré), grottes, cavités composent les lieux de résurgence naturelle de la
lentille d’eau douce.
communaux dédiés à l’adduction d’eau
potable. Généralement un par tribu.
« Depuis plusieurs années, la politique
communale consiste à étendre et mailler
les réseaux existants, à éviter les pertes,
les fuites », indique Nicolas Wright, chargé d’études eau et carrière au service de
l’environnement de la province des îles
Loyauté.
Programmes ADAGE et SAGE
De son côté, la Province s’efforce de
protéger la ressource, en veillant sur la
pérennité et la qualité de la lentille d’eau
douce fragilisées par les pressions anthropiques : croissance démographique,
développement agricole, artisanal et touristique… « Les pollutions de surface,
liées aux activités industrielles, à l’élevage
et à l’assainissement collectif ou individuel représentent les plus gros risques »,
poursuit Nicolas Wright. De par la nature
très perméable des terrains calcaires, les
substances polluantes peuvent en effet s’infiltrer facilement jusqu’à la nappe
et l’impacter. Avec le réchauffement climatique, l’eau salée pourrait également
remonter, au détriment de l’épaisseur
© PIL
DOSSIER - EAU
Fragile, vulnérable, la
lentille d’eau douce,
seule ressource en eau
potable des Loyauté, doit être préservée.
C’est l’une des missions
du service environnement de la province
des îles Loyauté. Mais
pour la protéger efficacement, il faut d’abord
bien la connaître…
En 1999, la province des îles Loyauté
a mis en place à Lifou un premier outil de préservation baptisé ADAGE,
comme Aide à la Décision en Aménagement et Gestion de l’Environnement,
en vue d’acquérir des données sur la
ressource en eau disponible, et sur sa
qualité en différents endroits de l’île.
Cinq ans plus tard, en partenariat avec
l’IRD (Institut de la Recherche et du Développement) et l’UNC (Université de
la Nouvelle-Calédonie), le programme
SAGE (Système d’Aide à la Gestion
des Eaux), financé par un contrat de
développement avec l’État, a permis de
mieux comprendre la ressource aux îles
Loyauté, de modéliser certains phénomènes liés à la circulation de l’eau dans
le sous-sol, ou encore de mieux cerner
les conséquences d’une pollution sur
la nappe. Ce programme constitue un
précieux outil d’aide à la décision, avant
toute implantation d’une structure touristique, d’une zone d’habitation, d’une
parcelle agricole, etc.
À Ouvéa, où la lentille est insuffisamment épaisse pour permettre des forages, une large majorité de
la population boit l’eau de pluie récupérée dans les citernes près des habitations.
Ces cartes indiquent, selon les endroits,
la plus ou moins grande vulnérabilité de
la ressource. « Elles vont nous aider
dans l’aménagement et le contrôle des
activités à risques : agriculture, garages,
dépôts d’hydrocarbures, centrales électriques, centre d’enfouissement des
déchets, stations-service, projets industriels… » Dans ces zones, la province
assurera une plus grande vigilance à
l’égard des activités en surface (lixiviats,
lisiers de porc, intrants…) et déterminera
des points de suivi de la ressource afin
d’optimiser la réactivité en cas d’inci-
dent. Révisée en 2012, la réglementation
des ICPE prend par ailleurs en compte
les spécificités des Loyauté et adapte
les seuils de tolérance à la taille des unités, en renforçant les contraintes (études
d’impact, mesures compensatoires…).
Destiné aux techniciens, aux gestionnaires et à l’exécutif provincial, un nouvel outil d’aide à la décision, élaboré à
partir de bases de données réactualisées, et piloté par Nicolas Wright, devrait ainsi être finalisé pour le début de
l’année 2016.
DOSSIER - EAU
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
© Photo JME
les Cahiers
15
De nature calcaire avec un sol poreux et
perméable, Maré, Lifou, Ouvéa et Tiga
n’ont pas de réseau hydrographique
de surface, mais disposent d’une
nappe d’eau douce ou saumâtre qui
« flotte » au-dessus de l’eau salée de
l’océan, grâce à sa plus faible densité
et à la faible miscibilité des deux
liquides. Formée par l’accumulation de
l’eau de pluie infiltrée dans un soussol percé de nombreuses fissures et
cavités et caractérisé par la présence
d’un important réseau de grottes,
gouffres et rivières souterraines, cette
nappe appelée « lentille d’eau douce »
constitue un grand réservoir, unique
ressource en eau des Loyauté. Plus
faible sur les zones littorales, son
épaisseur diffère d’un endroit à l’autre.
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
Forages agricoles en promotion
Des compétences éclatées
En matière d’eau, voici comment se
répartissent aux Loyauté les compétences entre collectivités :
Comment optimiser l’exploitation des forages agricoles, des ouvrages qui
s’abîment et deviennent une menace pour la lentille d’eau douce en cas de
sous-utilisation par les promoteurs ? C’est la question à laquelle la province
des îles Loyauté tente d’apporter des réponses.
16
Les réseaux d’eau sont étendus pour permettre le raccordement de nouvelles exploitations situées
à proximité des forages existants.
© Photo : JME
DOSSIER - EAU
Payer pour dépenser moins
De compétence provinciale, les forages
agricoles (photo) sont utilisés pour
l’irrigation des cultures des producteurs
de Maré et Lifou. Entourées d’un
périmètre de sécurité, les stations
de pompage fonctionnent suivant
le même principe que les forages
destinés à l’adduction d’eau potable.
La capacité des réservoirs varie de
3 000 à 10 000 litres.
À Maré, l’eau potable est devenue
payante en 2012. Pour amener la
population à comprendre pourquoi
la fin de la gratuité avait sonné,
pour l’inciter à fermer plus souvent
le robinet, à traquer les fuites et à
réparer le cas échéant, des tournées
de sensibilisation ont été effectuées.
Avant une période de facturation “ à
blanc ” destinée à montrer le coût
réel des consommations. « Certaines
familles en avaient pour plus de
300 000 F par trimestre !, rapporte
Nicolas Wright. Souvent en raison
d’un tuyau sectionné, parfois par
gaspillage. Depuis les gens font
davantage attention. C’est une bonne
façon de responsabiliser tout le
monde sur la ressource ». Depuis mai
2015, l’eau n’est plus gratuite à Lifou
non plus, après deux ans de factures
à blanc. Sur Ouvéa, la commune a mis
en service une usine de dessalement
à Hwadrilla (photo), qui récupère
l’eau de mer, la traite pour en faire
de l’eau potable livrée par camionciterne. Son coût de fonctionnement
se répercute inévitablement sur le prix
au mètre cube, plus élevé que sur les
autres îles.
Une dizaine à Lifou, autant à Maré, les
forages agricoles des Loyauté ont été
réalisés par la province des îles Loyauté au début des années 1990 sur des
terrains mis à disposition par des agriculteurs. Il y a quatre ans, la filière environnement et énergie établissait un
diagnostic de l’état de ces forages.
Objectifs, répertorier les risques de
pollutions aux alentours des différents
ouvrages ainsi que leur état de dégradations, lesquelles représentent une
source potentielle de contamination
chimique ou bactériologique de la lentille d’eau douce, et proposer des actions de maintenance. Cette étude fut
suivie, en 2012, de la rénovation des
forages considérés comme prioritaires
par rapport à l’activité des promoteurs
aux alentours et aux degrés de risques
identifiés, travaux s’élevant à hauteur
de 50 millions de francs, financés à 80
% soit 40 millions de francs dans le
cadre des contrats de développement
État-Province.
La relève manque
« Aujourd’hui, la tendance n’est pas à
la création de nouveaux forages, mais
à l’extension souterraine du réseau et
au raccordement d’autres exploitations
situées à proximité des ouvrages existants », explique Nicolas Wright, chargé
d’études eau et carrière au service de
l’environnement de la province. D’autant que l’utilisation des forages demeure assez basse : à peine 20 à 30 %
en moyenne des capacités de prélèvement. Et une pompe ou un surpresseur
qui ne fonctionne pas se détériore très
vite. « Avec le renouvellement actuel des
contrats d’entretien et de maintenance
passés auprès de prestataires privés,
nous aurons une idée plus précise des
volumes réels et de la sous-exploitation
de certaines installations. »
En vingt ans, plusieurs cultivateurs, arboriculteurs, maraîchers ou éleveurs de
Maré et Lifou ont disparu. D’autres, retraités, n’ont pas réussi à transmettre
le flambeau. La relève manque, le statut des terres ne favorisant pas les reprises. Alors la filière agriculture de la
province, en collaboration avec le service environnement, a décidé de mettre
en place cette année un plan de gestion
des forages agricoles. Il devrait permettre de dessiner une stratégie susceptible d’optimiser leur exploitation.
Aujourd’hui la province réfléchit à la
façon d’intégrer les promoteurs dans
la gestion de ces vingt ouvrages dont
le coût annuel de fonctionnement se
chiffre en millions. Les faire s’acquitter
d’une facture de consommation ?
Leur demander de réserver une partie
de leur production à l’alimentation
des filières ? Un “geste” de leur
part aiderait la collectivité à mieux
supporter les dépenses d’entretien et
de maintenance.
Autrefois en tôle et placés au sommet d’une
tour, les réservoirs sont désormais en bois et
posés sur le sol.
DOSSIER - EAU
Nicolas Wright, pilote du nouvel outil d’aide à la
décision et à la gestion durable de la ressource
en eau.
Intégrer les producteurs
dans la gestion
des ouvrages
© PIL
Les cartes de vulnérabilité de la ressource en eau
de Lifou et Maré ont été réactualisées.
Depuis quelques années, la province
travaille en étroit partenariat avec les
communes dont les forages, harmonieusement répartis sur les îles de Lifou
et Maré, peuvent fournir aux services
provinciaux de précieuses informations
sur le niveau et la qualité de la nappe.
© Photo : JME
© PIL
• Communes : salubrité publique, adduction d’eau potable et
assainissement.
• Province des Iles : protection de la
ressource en eau.
• Gouvernement : gestion de la ressource en eau (prélèvements, points
de suivi…), hygiène publique et santé.
• État : salubrité publique, déclarations d’utilité publique (de terrains par
exemple).
© Photo DIL - Stéphane DUcandas
les Cahiers
17
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
Recommandations pour les animaux
à l’attache : Ne les négligez pas !
Quelle sont les techniques ?
La conduite des ruminants (bovins et chèvres) à l’attache est le mode d’élevage le plus répandu dans les îles Loyauté, permettant à la fois de nourrir
l’animal et de défricher des petites surfaces en bord de route ou pour les
cultures. Réclamant un investissement minimal, cette conduite traditionnelle
est parfois considérée comme peu productive, contraire au bien-être animal et consommatrice de temps. Pourtant, elle peut être bien raisonnée et
permet une gestion agro-écologique optimisée des surfaces et du cheptel,
adaptée au mode de vie pluriactif des agriculteurs loyaltiens souvent très
attachés à leurs animaux.
corde solide ou un câble sur lequel
viendra glisser un anneau. De cet anneau part une autre corde, attachée au
cou de la chèvre qui grâce à ce système ne sera pas obligée de tourner en
rond pour pâturer.
1 ) Attacher directement la corde ou la
chaîne à un piquet, un arbre ou un rocher : 5 mètres minimum pour un bovin,
3 mètres minimum pour une chèvre.
© www.catalogue-fr
2 ) Planter deux piquets reliés par une
Attache trop serrée.
Élevage
• Changer d’emplacement au minimum
1 fois par jour et jusqu’à 3 ou 4 fois selon les besoins de l’animal (lactation,
taille…), la surface de pâturage et la
nourriture disponible. Les besoins en
fourrage d’une vache adulte vont de 6 à
15 kg de matière sèche (0% d’eau) par
jour soit 12 à 35 kg d’herbe environ par
jour selon sa taille, son stade de lactation éventuel et la qualité de l’herbe.
• Donner à boire tous les jours : 15 à
30 litres par jour pour une vache, 2 à 5
litres pour une chèvre selon la teneur en
eau du pâturage et son stade physiologique (lactation…)
18
• La conduite à l’attache permet de
savoir précisément ce que consomme
votre animal et si la quantité est suffisante ou s’il pourrait en manger plus. Il
faut être observateur !
© Photos Antoine BARNAUD
• Prévoir une partie ombragée dans la
zone d’attache,
Attache sangle manille émerillon.
• Ne pas trop serrer le collier et le
changer ou l’agrandir au fur et à mesure de la croissance de l’animal. Vous
devez pouvoir passer une main entre le
cou et le collier.
• L’idéal pour le collier est une sangle
de 5 cm de largeur (ex : sangle de camion, ceinture de voiture) ou une corde
insérée dans une gaine de plastique
(tuyau d’arrosage) qui protégera la
peau de l’animal contre les frottements.
Les plaies d’attache, qui peuvent être
très profondes et douloureuses, sont
toujours la conséquence d’un collier
inadapté.
• Ne pas utiliser un nœud coulant !
• Ne pas utiliser la chaîne comme collier
(lourd et coupant),
• Pour que l’attache tourne, donc que
l’animal puisse bouger librement, il est
recommandé d’ajouter une ou deux
manilles tournantes (une au début et
une à la fin),
• Familiariser très tôt les jeunes animaux à l’attache et sélectionner les
plus dociles,
• Attention aux taureaux qui peuvent
provoquer des étranglements en tournant autour des vaches en chaleur,
• Attention aux plantes toxiques ! Ainsi le lantana ou l’avocatier sont potentiellement mortels pour les ruminants
(nombreux cas dans les îles Loyauté).
Si les animaux les évitent instinctivement, un jeune animal peu expérimenté
ou un adulte qui n’a plus rien d’autre
à se mettre sous la dent peut malencontreusement s’intoxiquer. De même,
un noyau de mangue peut étouffer une
vache.
• Adapter la longueur d’attache et le
lieu en fonction de la saison (sèche ou
humide) et des besoins de l’animal. Ainsi les fougères de forêt sont riches en
eau, ce qui est utile en saison sèche.
• Ne pas attacher l’animal à côté d’un
trou ou d’une falaise. Il pourrait glisser
et s’étrangler.
• Attention aux chiens ! Les chèvres et
les veaux en particulier deviennent très
vulnérables lorsqu’ils sont attachés.
Et les cochons ?
• Eviter de les attacher par une patte.
Le nœud finit très souvent par se serrer,
formant un garrot fatal pour le membre
et bien souvent l’animal.
• Attention à la peau de vos animaux :
les blessures dues à une corde trop
serrée ou une chaîne coupante sont
fréquentes, peuvent s’infecter et provoque une douleur telle que l’animal
devient incontrôlable et méfiant.
Attache patte cochon trop serrée.
Élevage
les Cahiers
19
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
Le waleï en quête de reconnaissance
La 6e Fête du waleï se déroulera du 14 au 16 août à la tribu de Heo, dans le
district de Saint-Joseph. L’occasion de découvrir un tubercule appelé aussi
« igname sucrée », fleuron de l’agriculture à Ouvéa, qui mériterait d’être valorisé en dehors des frontières de Iaai.
La volonté est également de fédérer autour de cette manifestation toutes les
tribus du nord d’Ouvéa : Heo, Takedji,
Mekili, Weneki, Ougnat et Gossanah.
Proposés par la DIL, des forfaits de trois
jours prévoient ainsi une formule accueil
chez l’habitant. Ils incluent une activité offerte aux visiteurs : au choix la randonnée
de Nimek, le trou bleu de Hanawa, les
falaises de Lekiny, une sortie en mer vers
les Pléiades du nord, etc.
Dans les restaurants
de Nouméa ?
Evènementiel
© Photos JME
Durant trois jours, danseurs, chanteurs,
concours (culinaire, de bûcherons, d’épluchage et grattage de cocos, élection de la
Miss maman waleï…) et diverses animations rythment la fête sur le site de Heo.
Pour la sixième édition, Gérald Kalepe a
concocté une petite surprise. Derrière l’un
des vingt-cinq stands, Gabriel Poulawa,
jeune de Mouli qui seconde le chef du Paradis d’Ouvéa, relèvera le défi de préparer
une douzaine de plats différents à base
de waleï ! « Afin de montrer aux mamans
tout ce que l’on peut faire avec ce tubercule. » Mais Gérald a une autre idée derrière la tête : exporter le waleï en dehors
d’Ouvéa et, grâce à Gabriel, l’accrocher
aux menus des restaurant et hôtels de
La Foire des Iles
à Hnyimëhë
20
Le waleï compte une dizaine de variétés : Sina, Megu, Bolo, Waniahotr, Katifala, Ouinya…
Dans son champ de Hwadrilla, Simonin Adjougniope déterre les premiers
waleïs de l’année. « C’est une culture
spécifique à Ouvéa, assure-t-il. À Maré
et Lifou, ils ont beau planter, ça ne
marche pas ! Ici, je ne sais pas pourquoi, c’est peut-être l’air et la terre, plus
salés, qui favorisent la culture ». Entre
patate douce et igname, « le waleï a
un peu le goût de la châtaigne ». Il se
conserve plusieurs mois sans s’abîmer.
« Après la récolte, on attend l’autorisation d’un clan de la chefferie pour pouvoir le manger, puis on se réunit avec
toute la tribu, et un clan de la mer apporte le picot. »
Une fois par an, Simonin se rend à
Heo pour la Fête du waleï. Là, près de
Saint-Joseph, sur la terre des descendants des populations qui vivaient sur
les îles Beautemps-Beaupré avant l’arrivée des missionnaires, les semences
s’arrachent à 500 ou 600 F le kg.
Lancée en 2009 par l’association des
femmes de Heo baptisée Manu Aliki
(« l’oiseau du chef »), la manifestation
avait pour objectif de « promouvoir ce
tubercule, seul produit phare d’Ouvéa à
ne pas être valorisé jusque-là, et mettre
en avant le travail des agriculteurs »,
selon Véronique Watiligone, présidente
de l’association. Au même titre que la
commune, la direction de l’Économie
intégrée de la PIL verse un million de
francs aux organisateurs. Parallèlement, le service tourisme de l’antenne
provinciale
d’Ouvéa
accompagne
Manu Aliki et veille à la bonne utilisation
des fonds alloués : nettoyage du site,
construction des stands, mise en place
de la sécurité… « On travaille en synergie avec les organisateurs, avec la DIL
pour la promotion de la fête et la mise en
place des packages pour une centaine
de touristes. La préparation nécessite
environ quatre mois », indique Gérald
Kalepe, agent provincial en charge du
secteur tourisme sur Ouvéa.
Après Maré en 2014, la 25e Foire des
Iles se tiendra cette année à Ouvéa.
Du 11 au 13 septembre, le traditionnel rendez-vous agricole des Loyauté accueillera sur le site de Hnyimëhë
un gros marché interdistrict dans lequel les associations de producteurs,
de Mouli à Saint-Joseph, exposeront
leurs plus belles pièces. Waleïs, taros, patates, vanille, cocos… Principale innovation au programme, un
défilé de bovins et d’engins. Comme
à Bourail ! Les organisateurs tablent
sur une cinquantaine de stands, la
Province apporte une contribution
de 4 millions de francs au comité de
foire. Le jeudi 10 au soir, un repas de
bienvenue réunira les quelque 300
personnes formant les délégations
visiteuses de Maré, Lifou, Tiga, Nouméa et du nord de la Grande Terre.
Ce sont les femmes de Heo qui sont à l’origine de la manifestation.
Nouméa. « On constate après chaque
édition que le soufflé retombe. Et nous,
on aimerait que le waleï reste d’actualité
toute l’année, comme l’avocat de Maré.
Il le mérite. »
Depuis 2011, la tribu de Gossanah accueille les
touristes venus de Nouméa pour la Fête du waleï.
Frit, cuit à la braise,
en gratin…
Farineux, très sucré, le waleï est surtout cultivé dans le nord d’Ouvéa qui
a la réputation de fournir les meilleurs
spécimens. Il en existe une dizaine de
variétés, dont le Sina (chair blanche),
le Megu (chair mauve), le Bolo (gros
Sina), le Waniahotr (petit et arrondi), le
Katifala (une très longue tige) ou encore le Ouinya (qui serait originaire de
Yaté). Aliment de base, il se consomme
de diverses façons. En bougna, en friture, bouilli dans l’eau avec sa peau (à
l’ancienne), en gratin, enrobé dans du
chou kanak et cuit à la braise, ou encore coupé en fines tranches, arrosé
de lait de coco ou saupoudré de coco
râpé, et enveloppé dans des feuilles
de cordyline (recette dite Chalachala).
Une partie de la récolte est réservée
aux cérémonies coutumières, le waleï,
placé en-dessous de l’igname, lui servant de support.
Une culture peu exigeante
Plantation en août ou septembre,
récolte en juin ou juillet, le waleï présente le même cycle que l’igname. Il
apprécie les sols argileux associés
à des particules sableuses, caractéristiques du nord d’Ouvéa. Les
semences sont plantées à une profondeur de 10 cm environ, parfois à
peine enfoncées et recouvertes de
terre en forme de cône. Des feuilles
de pandanus ou de cocotier séchées
fournissent un très bon paillage qui
sert à garder l’humidité, limiter les
mauvaises herbes et filtrer les brûlures du soleil. Un tuteur autour duquel s’enroule la tige du waleï permet
de booster la croissance. Ensuite,
très peu d’entretien sinon désherber
de temps à autre en vérifiant que la
tige ne touche pas le sol. Vraiment
pas fragile, le waleï résiste bien aux
intempéries et aux maladies. Miracle
de la nature, chaque semence donne
une grappe pouvant porter jusqu’à
une douzaine de tubercules de belle
dimension.
Evènementiel
les Cahiers
21
Baie de Fayaoué, tribu de Hnyimëhë,
un emplacement stratégique, à
mi-chemin ou presque entre Mouli et
Saint-Joseph. Bâti en 1983, le gîte
Beaupré a longtemps été la structure
hôtelière la plus performante d’Ouvéa. Mais depuis plusieurs années, « il
était souvent plein et nous n’arrivions
plus à satisfaire la demande », indique
Wilfried Hong Yen, directeur d’exploitation. D’où l’idée d’augmenter sa
capacité et d’accompagner ainsi l’essor touristique des Loyauté. Pour la
Sodil, partenaire du projet, il s’agissait
de « s’inscrire dans les objectifs de la
Province qui souhaitait renforcer l’offre
hôtelière », comme l’explique Michel
Gau, son directeur financier.
Alors, le gîte est devenu hôtel deux
étoiles, déflorant ainsi une gamme de
prix et de confort manquante, un intermédiaire entre le luxueux Paradis d’Ouvéa, à Mouli, et les nuits sous la case
en tribu. Pour cela, il a fallu déboiser la
forêt à l’arrière du gîte, faire un terrassement et fermer l’établissement le temps
des travaux, de septembre 2013 à janvier 2015. Une parenthèse qui a permis
d’envoyer le personnel en formation au
sein de différentes structures de la Sodil.
En cours de réflexion, l’éventuelle installation de
la climatisation, dans des bungalows naturellement ventilés.
Des débuts prometteurs
Fin avril, la CCI a audité l’hôtel Beaupré et attribué le nombre de points nécessaire au classement
deux étoiles de l’établissement.
L’option kitchenette
Le 4 mars, l’hôtel Beaupré “ouvrait ses
portes”, doublant la quantité de bungalows (12 contre 6 unités auparavant), sa
capacité d’accueil (40 personnes, une
vingtaine jusque-là) et le nombre d’employés (13 aujourd’hui).Un des anciens
bungalows, à proximité du restaurant,
est également remis aux normes et
aménagé pour les personnes à mobilité réduite. Derrière son ordinateur,
l’architecte Philippe Jarcet a dessiné
un pont enjambant le trou d’eau naturel
qui a été conservé, puis conçu la passerelle aux branches tentaculaires qui
conduisent aux différentes habitations,
pendant que Marjorie Tiaou, de Lekiny,
sculptait quelques pièces monumentales plantées plus tard dans les jardins.
L’ensemble possède un cachet indiscutable, la végétation, un peu rabougrie
les premières semaines, reprend ses
droits. Et bravo pour l’idée lumineuse
des trois ouvertures percées entre le
plafond des bungalows et l’auvent des
terrasses !
Ce serait pourtant dommage de ne pas
tester le restaurant au moins un soir.
Rompu aux cuisines du Petit Café, du
1881 et d’autres tables nouméennes
réputées, Timothé, le chef, sans révolutionner la carte – basée sur les produits
du lagon –, a su transformer l’assiette
tant au niveau de la préparation que de
la présentation. Au menu, salade tahitienne, de trocas, crevettes, loche, rouget, langouste (en saison) et le must, un
crabe de cocotier géant susceptible de
sustenter la famille entière !
Les retours culinaires positifs affluent,
comme en témoigne le dithyrambique
livre d’or de l’établissement qui loue
Une partie du personnel, en compagnie de Kojia Gnipate (à droite), adjointe de direction.
aussi le charme des bungalows, le sourire du personnel ou encore les balades
et visites suggérées à la réception :
trou de Hanawa ou Anubet, falaises de
Lekiny, Pléiades, perruches… ou mythique pont de Mouli. En mars, le taux
de remplissage s’élevait à 72 %, pour
atteindre 80 % en avril. Des clients de
tous les horizons, Italie et Québec compris, pour des débuts prometteurs. «
Je suis contente, c’est beau comme
ça, ça change », confie Suzanne, maman de Wilfried, qui a ouvert la structure familiale avec Raymond il y a trente
ans. Avant d’envisager d’éventuelles
améliorations, son fils veut prendre son
temps : « C’est un peu tôt. Pour l’instant, on va s’efforcer de tenir le rythme.
Après, dans six mois ou un an, on fera
le point ».
Un investissement
de 400 millions
En échange de 14 900 F la nuit, le visiteur dispose d’une chambre douillette
– aménagée pour trois personnes dans
les huit constructions individuelles et
pour quatre dans les quatre bungalows
communicants (deux fois deux) –, d’un
salon spacieux doté d’un brasseur d’air
Avantages et inconvénients du bois
« J’ai beaucoup apprécié les bungalows 100 % bois, leur côté nature et leur intégration dans l’environnement, témoigne Meryl, cliente du Beaupré. Les terrasses
disposent d’un nombre conséquent de fauteuils, chaises, bancs et tables, eux
aussi tout en bois ». Même option pour le deck du restaurant dissimulé de la route
littorale par une haie de pandanus, cocotier et faux tabac, où tout le mobilier est
en bois. Mais dans les bungalows jumelés, le recours à ce matériau a ses limites
si vous n’êtes pas venus avec toute la famille, et que les voisins ont le pas lourd,
la voix de stentor et/ou le geste brusque : « Tout résonne, on entend bien ce qui
se passe à côté ». Alors un conseil, si vous désirez séjourner au Beaupré seul ou
en couple, demandez un bungalow individuel. Comme Meryl la prochaine fois…
La rénovation-extension du Beaupré
a été portée par Sana Paradise, SAS
créée en partenariat entre la Sodil
(55 %) et la famille Hong Yen (45 %),
propriétaire du foncier et de l’ancien
gîte. D’un montant de 400 millions de
francs, elle a bénéficié de la double défiscalisation, a fait l’objet d’un emprunt
auprès de la BNC, la Sodil apportant
le dernier tiers. À terme, la Sodil qui
a également garanti financièrement le
projet a pour vocation de se retirer de
Sana Paradise.
Tourisme
Tourisme
Jusque-là structure familiale, le gîte Beaupré
est devenu début mars
un hôtel deux étoiles.
Il propose désormais
une offre intermédiaire,
entre luxe du Paradis
d’Ouvéa et accueil chez
l’habitant.
et d’une télé à écran plat, d’une salle de
bains bleue et blanche, petite mais très
mignonne, et d’une kitchenette. Tout
équipée – micro-ondes, réfrigérateur,
plaques chauffantes, ustensiles… –,
celle-ci offre une appréciable alternative
au restaurant, en particulier à l’heure du
petit déjeuner. « L’idée de la kitchenette
nous est venue en route, précise Wilfried Hong Yen. Elle permet de proposer
une offre plus économique aux familles
nombreuses ou aux personnes qui résident plusieurs jours à l’hôtel ».
© Photo : JME
Deux étoiles
dans le ciel
d’Ouvéa
22
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
© Photos DIL - Stéphane Ducandas
les Cahiers
23
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
Portfolio
Portfolio
© Photos DIL - Stéphane Ducandas
les Cahiers
24
25
Shabadran, perle du Pacifique
Bien sûr il y a la mystérieuse baie d’Upi et la piscine enchantée d’Oro, à
l’île des Pins. Les plages alanguies de Mouli à Ouvéa, et de Luengoni à
Lifou. L’énigmatique poule de Hienghène ou encore les paysages surnaturels autour du lac de Yaté. Autant de trésors qui font la réputation
de notre Caillou. Mais, pour nous, le plus bel endroit de Nouvelle-Calédonie, le plus insolite et sans doute le plus méconnu, se trouve au
sud-est de Maré. Découverte, en photos, des sublimes terrasses de
Shabadran.
La crique de Shabadran (prononcer “Chabadjane”), inaccessible en bateau, secrète et inviolée. Point d’orgue d’une inoubliable randonnée le long des falaises sauvages de Maré.
les Cahiers
les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
Damas, Célestin ou l’un de leurs cousins
de la tribu de Kurine appelé comme guide,
dégoupille une poignée de cocos vertes.
L’eau fraîche dégouline au fond de la gorge,
sa pulpe recharge en énergie. Pause roborative. Au loin, une pointe rocheuse
fend les flots. La descente tranquille mène
à une première plage protégée de la furie
de l’océan. De grosses patates aux formes
alambiquées émergent de l’eau émeraude
ou turquoise.
PORTFOLIO
Portfolio
Cette petite crique n’est qu’un
avant-goût du bouquet final offert au visiteur au sortir de l’ultime
cocoteraie. Une anse déserte de
sable immaculé doux comme la farine, ourlée de pins colonnaires au
garde-à-vous, des eaux au dégradé
inépuisable de verts et de bleus, à
nouveau des rochers étranges posés ça et là dans le paysage, dissimulant d’étroites langues de sable,
un récif frangeant semblable à une
gigantesque coquille d’huître. Et
surtout les fameuses terrasses…
Portfolio
© Photos J-ean-Marc Estournès
Sept kilomètres d’une épaisse cocoteraie, debout dans la benne du 4x4, à
déjouer les ornières, zigzaguer entre les
branches qui fouettent la carrosserie.
Au bout du tunnel végétal, la randonnée se profile, le long d’une corniche
corallienne aux blocs gris anthracite
tranchants comme une lame. Haute
parfois d’une centaine de mètres, la falaise plonge dans le bleu profond d’un
océan en colère qui se fracasse sur un
platier en terrasses et lance des gerbes
d’eau blanches à l’assaut d’un mur infranchissable.
26
27
Un sentier étroit et accidenté serpente
avec prudence sur une lande verdoyante
aux parfums de Cornouailles, pour cinq
kilomètres et deux heures d’une marche
iodée, parfois sportive. À l’image de ce
mur de corail escarpé dont l’ascension
soudaine nécessite quelques acrobaties.
La seule réelle difficulté du parcours.
Ne pas s’approcher du récif, au
risque de se faire aspirer et entraîner vers le large. À l’abri d’un rocher, regarder le spectacle, peutêtre unique au monde, de trous
souffleurs et de rafales de vagues
qui giflent des vasques sculptées en étages, suspendues par
le temps, le vent et les marées.
L’écume laisse éclater sa rage,
l’eau ruisselle en cascade, remplit
les baignoires de corail éphémères,
aussitôt vidées par le reflux. Irrésistible envie d’accrocher son hamac
entre deux cocotiers et de passer
la nuit sur la plage, au paradis de
Shabadran.

Documents pareils

N°139 - Province des îles Loyauté

N°139 - Province des îles Loyauté Province a signé une convention avec la Société “Serei No Nengone” où travaille un jeune chercheur des îles, compétent en la matière, Jean Waikedre. Cette convention a pour but d’organiser la gesti...

Plus en détail