N°9 - Province des îles Loyauté
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N°9 - Province des îles Loyauté
ENVIRONNEMENT : La déchetterie d’Ouvéa PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ PAGE 11 les Cahiers N°9 - JUILLET 2015 - Revue d’information éditée par la province des îles Loyauté © DIL - Ducandas DOSSIER EAU Ne peut être vendue page 14 14 page 18 ELEVAGE La technique d’attache des animaux 20 EVENEMENTIEL Organisation de la fête du Waleï 22 TOURISME Deux étoiles dans le ciel d’Ouvéa les Cahiers PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ ÉDITORIAL Chères lectrices, chers lecteurs, 04 / Communiqué de presse Organisation du concours des miels 2015 05 / Portraits Lucien Wadria, René Sawaza, Mado Océane Qenegei, Marjorie Wejieme, Omayra Naisseline. 08 / Informations Directions DEI et DDDRA. 10 / Environnement Les Garages se mettent au vert. Une déchèterie à Ouvéa. 12 / Économie L’application du code de développement de la direction de l’économie intégrée. 14 / DOSSIER Une lentille au microscope. Forages agricoles en promotion. 18 / Elevage Recommandations pour les animaux à l’attache : Ne les négligez pas ! 20 / Evenementiel Le waleï en quête de reconnaissance. 22 / Tourisme Deux étoiles dans le ciel d’Ouvéa. 24 / Portfolio Shabadran, perle du Pacifique. Les évènements climatiques de ces derniers mois ont considérablement impactés les productions agricoles, ayant comme résultats, une chute sérieuse des quantités et de la qualité des produits agricoles des îles Loyauté. Modifié en 2012, le code de développement économique de la province des îles Loyauté, prévoit un éventail de mesures d’aides à l’exploitation mais aussi à l’investissement. Tous les secteurs d’activités ainsi que leurs filières sont concernées par cet outil de développement, les pages qui suivent synthétisent les caractéristiques et conditions de son application. La filière Tourisme des îles Loyauté n’est pas en reste, puisqu’elle finance depuis plusieurs années maintenant des opérations de valorisation et de promotion. Les richesses agricoles, halieutiques, culturelles et patrimoniales sont régulièrement mises à l’honneur dans le cadre des fêtes évènementielles, telles que la fête de l’avocat, du lagon ou encore très prochainement, la fête du Waleï et la foire des îles Loyauté, qui se déroulera cette année sur Ouvéa. Enfin, un porfolio vous est offert pour découvrir ou redécouvrir les magnifiques paysages de la randonnée de Shabadran, à Maré. Une occasion de vous motiver pour une randonnée inoubliable, lors de votre prochain passage sur l’île « qui parle à votre cœur », chaussures, maillot et appareil photo indispensables !! Bonne lecture à tous, Les Cahiers de l’agriculture et de l’environnement de la province des îles Loyauté • N.9 Juillet 2015 Une publication trimestrielle de la province des îles Loyauté (PIL) de la Direction du Développement Économique. Téléphone 45 51 71 - BP 50 Wé - 98820 Lifou - Directeur de la publication : Stéphane Forrest - Secrétariat de rédaction : Meri Thupalua - Rédaction : J.M Estournes - Conception et fabrication : Images & Co. Tél. : 28 20 63 - [email protected] - Remerciements à la DIL et l’agence Demain pour les photographies de S. Ducandas - Magazine imprimé à 4000 exemplaires - Impression IRN Sommaire / éditorial SOMMAIRE La province des îles Loyauté a récemment vécu des changements au sein de son organisation administrative, créant des directions et des services nouveaux et en n’en modifiant d’autres. L’organisation et les missions de la direction du développement économique ont ainsi été révisées, rebaptisant cette dernière direction de l’économie intégrée. Le service de l’environnement précédemment attaché à la DDE s’ajoute depuis le mois de décembre dernier, aux services d’une direction nouvelle, la direction du développement durable et de la recherche appliquée. L’occasion dans ce numéro, de vous présenter de nouveaux visages… ainsi que les dernières opérations pilotées par le service de l’environnement. 03 les Cahiers les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ ORGANISATION DU CONCOURS DES MIELS 2015 LUCIEN WADRIA, chef du service financier et administratif de la direction de l’économie intégrée. Le secret des chiffres Lucien WADRIA est depuis le mois d’avril 2015 le nouveau chef du service financier et administratif de la direction de l’économie intégrée. Originaire de Lifou et plus particulièrement de la tribu de Drueulu, Lucien se lance dans la vie active avec en poche, un baccalauréat comptabilité obtenu en 1987. Après son service militaire, Lucien rejoint les équipes du Trésor Public au service des collectivités locales jusqu’en 1990, date à laquelle il réussi son concours pour intégrer la fonction publique. Cette même année, il est affecté à la Trésorerie de la province des îles Loyauté, où il y consacrera onze années. 04 Une évolution professionnelle s’opère alors progressivement au sein des directions de la province, car Lucien apprécie la diversité des missions et des fonctions qu’offre les services de la collectivité. À la demande du Comité de Foire de Bourail, le Centre de Promotion de l’Apiculture (CPA) organise le concours des miels 2015. Ce concours vise à promouvoir des miels aux caractères exceptionnels produits en Nouvelle-Calédonie. Texture, couleur, goût, odeur seront passés au crible par un jury composé de « professionnels du palais » (chefs, restaurateurs, formateurs culinaires). La filière apicole s’inscrit pleinement dans les « circuits courts » avec une commercialisation annuelle de 100 tonnes représentant 95% du miel consommé localement. Les miels Calédoniens sont très diversifiés, ils dépendent de la flore existante aux alentours des ruches. Un miel des îles Loyauté se différencie d’un miel de l’île des pins, tout comme un miel de maquis minier d’un miel de mangrove. Pour l’édition 2015, le concours des miels met en avant trois catégories : les miels à dominante niaouli, les miels de forêt et les miels toutes fleurs. Le concours des miels accompagne la professionnalisation de la filière. Afin de promouvoir les bonnes pratiques et dans un soucis de renforcement de l’état sanitaire du rucher calédonien, les apiculteurs désirant participer au concours 2015 devront déclarer leurs ruchers au réseau d’épidémiosurveillance apicole (RESA). Les participants s’engageront à conserver 20 kg du miel présenté au concours. Les apiculteurs dont les miels seront primés, en plus des récompenses habituelles, se verront remettre des étiquettes spéciales du concours des miels 2015 qu’ils pourront apposer sur les pots ou bouteilles correspondant au miel primé. La date limite de partcipation est fixée au 31 juillet 2015. Pour les conditions de participations, contacter le Centre de Promotion de l’Apiculture (CPA) au 44 15 79. Il souhaite ainsi pour sa nouvelle fonction, perfectionner ses connaissances sur les aspects de la finance et acquérir une expérience en matière de management de personnel et sur les aspects de la mise en œuvre des politiques du développement économique. Dynamique, disponible et polyvalent, Lucien souhaite améliorer les relations et la réactivité des actions de son service pour répondre aux mieux aux attentes de la direction et des enjeux économiques des filières de développement RENÉ SAWAZA, comptable au service financier et administratif de la direction de l’économie intégrée. Du développement à la comptabilité René SAWAZA est un jeune homme motivé et plein d’ambitions, qui a récemment pris les fonctions de comptable au service financier et administratif de la direction de l’économie intégrée. De retour sur le caillou, il est recruté par la province des îles Loyauté à la direction de l’équipement et de l’aménagement où il occupe pendant un an, les fonctions de comptable. Originaire de la tribu Kejenyi à Lifou, et après un parcours scolaire riche, il a la satisfaction aujourd’hui d’exercer son métier sur son île natale. Mais, René souhaite intégrer les services de la direction de l’économie intégrée, où les missions sont plus en adéquation avec son parcours scolaires et ses diplômes. En 2011, suite à l’obtention d’une licence en Droit, Economie et Gestion, il quitte la Nouvelle-Calédonie pour poursuivre ses études en Métropole. René est un jeune homme plein d’idées et de projets, qui souhaite lier développement économique et aménagement du territoire. En 2013 à Toulouse, il valide ainsi un Master Economie du développement des territoires. En février 2015, l’opportunité de rejoindre la DEI se présente et René tente sa chance ! Portraits Communiqué de presse A partir d’avril 2001, c’est le retour aux sources pour Lucien. Détaché à la province des îles Loyauté, il est affecté pour son premier poste dans la collectivité provinciale au service des finances comme « chargée de recette ». 05 les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ MADO OCÉANE QENEGEI, chargée de filière tourisme à la direction de l’économie intégrée Entre environnement et culture Aînée d’une famille de quatre frères et sœurs, Mado Océane Qenegei grandit à Hapetra et décroche un bac ES au lycée polyvalent des Iles. Au cours de sa troisième année de licence économie et gestion à l’UNC, elle répond à un appel à candidature de la direction de l’Enseignement relatif au dispositif BSIL*. Elle s’envole bientôt pour la ville de Mende (Lozère), où elle obtiendra une licence, puis un master 1 et 2, d’économie et management, mention tourisme. Mado produit à l’occasion un mémoire sur la contribution de la culture kanak dans une démarche de développement touristique. Revenue en Calédonie fin 2012, elle enchaîne les boulots : conseillère à l’ADIE** sur la zone Boulouparis-Yaté-Thio-Païta, chargée d’étude à l’IAC où elle se penche sur l’impact socio-économique et culturel d’un projet d’hôtel de grand standing aux Loyauté, et chargée de mission à la SODIL*** où elle organise, entre autres, une charte de bonne conduite pour l’ensemble des acteurs de ce même projet d’hôtel. Portraits Structurer les activités Le 5 janvier 2015, elle succède à Lilas Nyipie comme chargée de la filière tourisme à la DEI****. « En 2009, lors de l’octroi de la bourse, j’avais pris un engagement avec la Province : vous m’aidez, et à mon retour je travaillerai pour vous. » Aujourd’hui Mado œuvre à développer une stratégie touristique provinciale. Elle gère les partenariats conventionnés entre la DEI et les orga- © Photos : JME 06 nismes de professionnels ou encore les chambres consulaires, comme la réalisation des audits des hôtels et des accueils en tribu assurés par la CCI*****, poursuit les chantiers précédents en y ajoutant « une touche culturelle » pour cibler « une clientèle éco-responsable ». Elle juge les randonnées pédestres méconnues, aimerait structurer les activités pleine nature (former des guides pour la découverte de grottes par exemple), accompagne le développement des activités aussi bien terrestres que nautiques. « Une politique touristique doit commencer par la mise en place d’activités de loisirs, affirme-telle, c’est ce que recherche d’abord le visiteur ». * BSIL : Bourse spécifique des Iles ; ** ADIE : Association pour le Droit à l’Initiative économique. *** SODIL : Société d’investissement des îles Loyauté **** DEI : Direction économique Intégrée ***** CCI : Chambre du Commerce et de l’Industrie Enquête de notoriété En novembre 2014, Marjorie est engagée comme responsable qualité et communication au service de l’environnement. Une création de poste. « Je l’avoue, j’étais un peu perdue au début, vu l’ampleur du chantier à mener. » Côté com, elle commence par établir un diagnostic, avec enquête de notoriété du service auprès de la population. « Aujourd’hui il nous faut définir une vraie stratégie de communication externe », indique-t-elle. Et lancer des supports thématiques – gestion des déchets, biodiversité… – destinés, en particulier, aux actions de sensibilisation. Depuis avril, Marjorie planche aussi sur un système de management qualité en vue d’optimiser le fonctionnement du service. Objectif, la certification ISO 9001 pour début 2016. Celle qui s’adapte à toutes les situations ne s’inquiète pas trop : « Mes collègues ont déjà des tableaux de bord, une bonne méthodologie, il suffira de retravailler certains détails ». OMAYRA NAISSELINE, technicienne tourisme à la DEI, mise à disposition d’Initiative Nouvelle-Calédonie Toujours plein de projets Originaire de Lifou, Omayra Naisseline (29 ans) exerçait depuis 2009 comme technicienne dans les secteurs du tourisme et de la PME-PMI, à la direction de l’Économie intégrée. À l’antenne de La Roche, instruction, montage et accompagnement des projets constituaient son plus gros pain quotidien. Parmi ces dossiers, ceux aidés par Initiative NC, chaque année plus nombreux. Pour Isabelle Laran, directrice de l’association, cela devenait compliqué d’en assurer elle-même un suivi efficace. Alors, la Province a mis Omayra à disposition d’Initiative NC. Toujours salariée de la collectivité – l’association supportant les frais de déplacement –, elle a pris ses nouvelles fonctions en janvier. « Motivée, dynamique, authentique », cette jeune maman qui fêtera ses 30 ans en septembre, pratique le volley-ball et le cricket à Bethel Sport. Et bientôt la pétanque ! MARJORIE WEJIEME, responsable qualité et communication au service environnement Retour aux sources Après un bac SVT à Blaise-Pascal, Marjorie Wejieme suit « par défaut » un Deug à Nouville. « Je ne voulais pas partir en Métropole, mais ce que je faisais ici ne me plaisait pas du tout. » Alors l’enfant de Lifou choisit une licence biologie des organismes à Toulouse, enchaîne avec une maîtrise biologie de la conservation. Mais sans conviction. Elle rentre à Nouméa et intègre en 2006 le service environnement de la Province, en pleine pré-inscription des atolls d’Ouvéa et Beautemps-Beaupré au Patrimoine mondial. À la même époque, le schéma de gestion des déchets se dessine doucement. Difficile pour Marjorie de dissocier communication et qualité : « Pour inciter les collègues à mettre en place de nouvelles procédures, il faut avoir des compétences de bon communicant ». À l’issue d’une année sabbatique, elle revient au pays fin 2013. « La reprise a été dure, j’ai galéré un an pour retrouver du boulot. » Elle postule un peu partout, avant d’effectuer un retour aux sources à Lifou : plantation d’ignames, réapprentissage des pratiques traditionnelles… Quatre ans plus tard, Marjorie décide de regoûter aux études. Via Cadres Avenir, elle part pour Troyes en master 1 et 2 ingénierie et management de l’environnement du développement durable, qu’elle boucle par un stage de six mois dans une société d’ingénierie automobile dont elle réalise notamment le bilan carbone. Portraits les Cahiers Des articles sur Facebook À Nouméa, la chargée de mission s’occupe comme avant des porteurs de projets loyaltiens, ceux de Lifou et Ouvéa en plus. « À Maré, on finance un service de gamelles, une dame qui fait de l’élagage, un monsieur qui loue des scooters… Sur Lifou, nous soutenons l’accueil en tribu et, avec la remise aux normes des bus, plusieurs transporteurs. Et à Ouvéa une ambulance, la distillerie de santal… ». Seule différence notoire, « maintenant j’ai également les secteurs pêche et agriculture ». Chaque mois, Omayra rédige sur la page Facebook d’Initiative NC des articles consacrés aux personnes aidées. La convention de mise à disposition a été signée pour un an, renouvelable. «J’espère qu’elle sera reconduite, lance Isabelle. Cela nous permet d’être plus présents sur le terrain, plus proches des gens. Et puis Omayra passe très bien. Elle est avenante, à l’écoute, intelligente, volontaire… » N’en jetez plus ! 07 Prêt et accompagnement Omayra et Isabelle, directrice d’Initiative NC, analysent les dossiers, en parlent ensemble et trouvent des solutions. Initiative NC aide les porteurs d’un projet professionnel à financer leur apport personnel auprès d’une banque, par des prêts sans garantie, ni intérêts ni frais de dossier. Elle assure gratuitement leur accompagnement jusqu’à ce qu’ils soient autonomes. En huit ans, l’association a soutenu 400 projets (en photo la table d’hôte de Sera Paala à Maré), avec un taux de pérennité de 94 % à trois ans. Lancé en 2013, le dispositif Dom Création, tourné vers les jeunes, s’étend cette année aux Loyauté. les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ Directions de l’ Économie Intégrée (DEI) et du DDRA* Suite aux élections provinciales du 11 mai 2014 et afin de tenir compte des nouvelles orientations et priorités politiques fixées par le nouvel exécutif, il est proposé de réaménager les différentes directions et services de l’administration provinciale. La Direction du Développement Durable et de la Recherche Appliquée (*DDDRA) a pour mission d’accompagner et mettre en œuvre la stratégie provinciale en matière de développement durable et comprend, outre le secrétariat de la direction, deux services, un pôle et une section à savoir : - Le service de développement des énergies renouvelables ; Le service de l’environnement ; Le pôle recherche pour le développement ; La section administrative et financière. Chef de service : Georges KAKUE Le Service de l’environnement met en œuvre les orientations stratégiques provinciales en matière d’environnement. SECTION GESTION DES CARRIÈRES & GESTION INTÉGRÉE ET DURABLE DE LA RESSOURCE EN EAU Informations • Gestion des carrières : 08 - Réglementation, gestion des dossiers d’exploitation de carrières - Mise en place et suivi du schéma provincial des carrières - Missions d’information et de sensibilisation des exploitants et de la population. • Gestion intégrée et durable de la ressource en eau : - Protection des ressources en eau - Mise en place d’un outil d’aide à la décision - Suivi des subventions des forages agricoles - Appui aux communes pour la réalisation des schémas directeurs eau et/ou assainissement - Communication et sensibilisation relative à la problématique de l’eau dans les îles. SECTION RÉGLEMENTATION ENVIRONNEMENTALE - Elaboration des règlementations en matière d’environnement (Code de l’environnement) SECTION BIODIVERSITÉ • Sous-section Protection de la mer et du littoral : - Dossier Patrimoine Mondial : Protection des lagons d’Ouvéa et Beautemps-Beaupré, - Domaine public maritime : réglementation et délivrance des autorisations d’exploration, de gestion des ressources naturelles biologiques et non-biologiques, - Conservation et sauvegarde de la biodiversité, des écosystèmes et des paysages : participation au conservatoire des espaces naturels, plan de gestion des réserves... - Valorisation de la biodiversité et de sensibilisation du public. • Sous-section protection des milieux naturels terrestres : - Gestion des menaces des espèces envahissantes - Protection des espèces et des paysages : • réalisation d’études et de plans de gestion sur la faune, la flore et les écosystèmes • adaptation de la réglementation: chasse, récolte, aires protégées... - conservation des espèces, des écosystèmes et des paysages : • participation au conservatoire des espaces naturels, plan de gestion des réserves... - Valorisation de la biodiversité terrestre et sensibilisation du public • aménagement de sentiers de botaniques … • communication et sensibilisation. La DEI est chargée de la mise en œuvre des orientations définies en matière de développement économique et notamment en ce qui concerne les domaines du tourisme, des PME-PMI, de la pêche et des ressources marines ainsi que du développement rural. Sont rattachés à la DEI les services et la section qui suivent : • Le Service de Développement de Lifou (SDL) • Le Service de Développement • Le Service de Développement Chef de Service : Monsieur Robert TRUIJIJ Tél. : (687) 45.51.71 Chef de Service : Monsieur André HMAE Tél. : (687) 45.49.20 Chef de Service : Monsieur Bernard IHAGE Tél. : (687) 45.52.55 Les services de développement sont plurisectoriels dont les missions sont : • Tourisme : La Direction est assurée par Monsieur Joseph WAIKEDRE. Le Service de l’Environnement : Relative à l’organisation des directions et services provinciaux (Délibération n° 2014-20/API) il est créé en Octobre 2014 la Direction de l’Economie Intégrée (DEI) anciennement Direction du Développement Economique (DDE). SECTION DE LA PRÉVENTION DES RISQUES ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS • Gestion des déchets : - Elaboration et mise en œuvre du schéma directeur de gestion des déchets - Mise en place d’un réseau de déchèteries sur les îles - Suivi de la réglementation déchets - La réhabilitation d’anciennes décharges sauvages / Opération d’évacuation des déchets historiques - Prévention et sensibilisation • Gestion des ICPE* : - Réglementation, gestion des dossiers ICPE - Organisation et suivi des enquêtes publiques administratives - Instruction des dossiers ICPE concernant les élevages et les ouvrages de traitement et d’épuration des eaux résiduaires et domestiques - Communication et sensibilisation * ICPE : Installations classées pour la Protection de l’Environnement Budget DDDRA hors budget supplémentaire : Investissement : 24 000 000 F Fonctionnement : 248 507 000 F - L’information et l’appui au promoteur - L’instruction et le suivi des dossiers en collaboration avec la SODIL en matière d’investissement touristique - L’instruction et le suivi des dossiers en collaboration avec le GIE** « destination îles Loyauté » pour la promotion touristique - L’élaboration et le contrôle des aides octroyées en matière de tourisme - L’instruction et le suivi des dossiers en matière de tourisme - La promotion et l’animation des activités dans les domaines du tourisme. de Maré (SDM) • PME-PMI : - L’information et l’appui aux PME/PMI des îles Loyauté - L’instruction et le suivi des dossiers des entreprises locales - L’élaboration et le contrôle des aides octroyées aux entreprises locales. • Développement rural : - L’information et l’appui au promoteur en matière d’agriculture, d’élevages et de forêts - L’instruction et le suivi des dossiers en matière d’agriculture, d’élevages et de forêts - L’élaboration et le contrôle des aides octroyées en matière d’agriculture, d’élevages et de forêts - L’assistance à la gestion auprès des entreprises locales. ** GIE : Groupement d’Intérêt économique Le Service Administratif et Financier (SAF) Chef de Service : Monsieur Lucien WADRIA Tél. : (687) 45.51.70 Le Service Administratif et Financier a pour missions : - La gestion des aides octroyées dans le domaine de l’insertion socio-économique, de l’emploi et pour l’expansion économique - La gestion administrative et financière de l’ensemble des services de la direction - La préparation, le secrétariat et le suivi des travaux de la commission à laquelle est rattachée la direction - Le suivi des contrats de développement pour les opérations relevant de la direction. LA SECTION DES ETUDES ECONOMIQUES ET STATISTIQUES (SEES) Chef de Section : Monsieur Upan KAEMO Tél. : (687) 45.51.79 La Section des Etudes Economiques et Statistiques a pour missions : - L’élaboration d’outils et d’indicateurs économiques - L’expertise, le contrôle et la veille économiques - L’élaboration d’outils statistiques, la collecte et le traitement des données statistiques - La création et le suivi d’indicateurs socio-économiques de la province - La réalisation d’enquêtes économiques et sectorielles d’Ouvéa (SDO) • Pêche et ressources marines : - L’information et l’appui au promoteur - L’instruction et le suivi des dossiers en collaboration avec la SODIL en matière d’investissement de pêche - L’élaboration et le contrôle des aides octroyées - L’instruction et le suivi des dossiers en matière de pêche - La promotion et l’animation des activités dans les domaines de la pêche artisanale et industrielle. Budget DEI hors budget supplémentaire : Investissement : 605 637 085 F Fonctionnement : 677 567 584 F - La gestion des outils de suivi des aides économiques (Logiciel KATRU). La direction est assurée par Monsieur Robert WAYARIDRI. Au même titre que le DEI, en octobre 2014, il est créé la Direction du Développement Durable et de la Recherche Appliquée (DDDRA), qui était anciennement le service de l’Environnement, rattaché à la Direction du Développement Economique. Informations les Cahiers 09 les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté Les Garages se mettent au vert Environnement La spécificité de l’environnement loyaltien n’est plus à démontrer. L’équilibre entre le milieu naturel et les activités humaines est un impératif pour continuer à préserver cet environnement loyaltien. 10 Initiée dans le cadre du programme de mise aux normes des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE), la province des îles Loyauté accompagne aujourd’hui la mise en conformité des ateliers de réparation et d’entretien des véhicules. Ces installations sont soumis au régime de la déclaration et devra donc établir un dossier à transmettre au service provinciale compétent en la matière et respecter ainsi les prescriptions générales n°2013-25/BAPI du 18 janvier 2013. Dans ce contexte, la province des Iles Loyauté en partenariat avec la CCI en Nouvelle-Calédonie ont réalisé une mission d’audit ICPE et de mise aux normes des 5 ateliers mécaniques suivants : Chez ROMMY (Lifou) LOCA V (Lifou) Garage MURDI (Lifou) Garage AUTOPRO (Lifou) Golf de Wabao (Maré). L’activité de garagiste est aujourd’hui considérée juste derrière les centrales électriques et les centres d’enfouissement techniques comme une activité à risque sur les îles Loyauté en raison de la nature des produits utilisés et surtout de la forte perméabilité du sol karstique loyaltien. En effet, l’objectif majeur de cet accompagnement à la mise en conformité des ateliers mécaniques est : • de sensibiliser les garagistes à la préservation de l’environnement, • de régulariser les ateliers mécaniques, • de fournir un dossier de déclaration,• de fournir une estimation des actions à mener et une estimation sommaire des investissements à engager sur les équipements. La réalisation de l’audit ICPE est en cours de réalisation et la restitution des dossiers se fera au début du troisième trimestre de l’année 2015. Le programme « MANI » Mise Aux Normes des ICPE traduit une volonté provinciale de prendre en compte les exigences environnementales dans le secteur du développement économique, une volonté d’impulser une dynamique de développement économique respectueuse de l’environnement. Une déchèterie à Ouvéa Après celle de Lifou et en attendant la petite sœur à Maré, la déchèterie d’Ouvéa entrera bientôt en service. Objectifs : endiguer les décharges sauvages, inciter les populations au tri et en profiter pour éliminer les stocks historiques. Au nord de Hwadrilla, les travaux conduits par l’entreprise Arbé ont démarré fin 2014 et devraient s’achever en juillet ou août. Maître d’ouvrage, la province des Iles a investi 70 millions dans le projet. Ils couvrent la réhabilitation du site, la déchèterie étant construite sur un ancien dépotoir sauvage. Elle accueillera le même type de déchets que celle inaugurée à Lifou en octobre 2013 : batteries, piles, huiles usagées, DEEE*, métaux, canettes en aluminium et véhicules hors d’usage (VHU). Autant de déchets présentant un danger immédiat pour l’environnement et n’étant pas acceptés par un CET* ou une ISD*. Comme à Lifou, les quais d’apport volontaire seront en fait des conteneurs maritimes, ceci afin de limiter la manutention entre l’arrivée du déchet et son évacuation par bateau Ornella Hmana, chargée de gestion des déchets au service environnement de la Province. L’objectif de la déchèterie est d’endiguer les décharges sauvages en offrant une alternative à la population. vers les centres de traitement de Nouméa. Piles et batteries seront réceptionnées dans des bacs en plastique, et les huiles conditionnées dans des fûts. Deux ou trois personnes œuvreront dans la structure : l’accueil, la pesée, le stockage, la gestion administrative. La déchèterie sera gratuite pour les particuliers ; professionnels et artisans devront s’acquitter d’un forfait annuel de 10 000 F, quel que soit le tonnage apporté. Une probabilité pour les boîtes en alu, l’instauration d’un système de rémunération proportionnel au volume déposé. Changer les habitudes « En parallèle, nous avons entamé une campagne de sensibilisation afin d’informer la population – assez consciente de la fragilité du contexte – de l’existence de la déchèterie et des sortes de déchets à y transporter », indique Ornella Hmana, chargée de gestion des déchets au service environnement de la Province. Destinée « à tenter d’endiguer les décharges sauvages, zones non réglementaires progressivement fermées et réhabilitées », la stratégie vise aussi à « capter les stocks historiques, pour les acheminer vers les déchèteries puis les centres de traitement agréés ». Jusque-là, certains déchets interdits à l’ISD de Hulup – ferrailles, VHU, DEEE… – étaient évacués ponctuellement par barge, dans le cadre d’opérations diligentées par la Province avec l’aide de prestataires privés. Quant à la collecte et au transport des piles, huiles et batteries, ils faisaient l’objet d’une convention entre la Province et l’éco-organisme Trecodec, des points d’apport volontaire ayant été installés dans les garages, stations-services, écoles, dispensaires et mairies. La déchèterie d’Ouvéa ouvrira vraisemblablement début 2016, une fois le mode de gestion arrêté et les différents équipements (contenants, presses, kits de dépollution…) livrés. « Elle devrait changer pas mal les habitudes, espère Ornella Hmana, et contribuer à maintenir l’intégrité d’un site inscrit au patrimoine mondial ». * DEEE : déchets d’équipements électriques et électroniques ; CET : centre d’enfouissement technique ; ISD : installation de stockage de déchets. 236 tonnes en 2014 à Lifou En 2014, la déchèterie de Pihniyp, à Lifou, a accueilli 236 tonnes de déchets dont 84 t de métaux en mélange, 42 t de véhicules hors d’usage, 34 t de batteries, 30 t d’huiles usagées, 19 t de gros électroménager hors froid (gazinières, micro-ondes, machines à laver…) et 10 t de froid (réfrigérateurs, congélateurs…), 5 t de canettes en aluminium, 2 t de piles usagées… Sur les Iles, 300 kg de déchets (tous types confondus) sont produits en moyenne par an et par habitant. Environnement PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ © Photos : JME les Cahiers 11 les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ L’application du code de développement de la direction de l’économie intégrée. Le CODEV de la province des îles Loyauté a été révisé en 2012 afin de mieux répondre aux attentes et aux besoins des entreprises et des futurs entrepreneurs souhaitant investir dans les îles Loyauté. Au delà de participer financièrement au développement du tissu économique des îles de Maré, Lifou et Ouvéa, le CODEV vise indirectement à fixer la population active dans ses îles et à accroitre les revenus des foyers. Etendu à l’ensemble des secteurs d’activités et de leurs filières, le CODEV propose un éventail d’aides qui varie en fonction du montant et de la nature du projet. Économie D’une manière générale, le CODEV s’applique aux personnes physiques ou morales (autre qu’une association soumise à la loi 1901) qui exerce une activité économique sur les îles Loyauté : • les personnes physiques doivent être majeures et non scolarisées et ne doivent pas posséder le statut d’agent public ; • les sociétés doivent avoir leur siège social et leur activité enregistrés et basés sur le territoire des îles Loyauté. Il existe deux catégories de projets, les projets d’économie sociale et les projets structurants. PROJETS D’ÉCONOMIE SOCIALE 12 ASSIETTE D’INTERVENTION KIT DE PRODUCTION AIDE SOCIOÉCONOMIQUE Assiette plafonnée à 150 000 frs Projet dont le montant est inférieur ou égale à 1,5 millions TAUX DE PARTICIPATION 100% du projet Le tableau ci-dessous présente les conditions et caractéristiques du dispositif de ces deux catégories de projets ainsi que des aides qui y sont attachées : 60% du projet PROJETS ÉCONOMIQUES STRUCTURANTS Projet dont le montant est supérieur à 1,5 millions et inférieur ou égale à 50 millions. Base de 25%, majoré de : + 10% si personne physique âgé de 45 et moins, ou + 10% si personne morale, + 15% si secteur ou filière prioritaire, + 10% si promoteur est un handicapé officiellement reconnu TYPOLOGIE DES AIDES ATTACHÉES AUX PROJETS ÉCONOMIQUES STRUCTURANTS Aides préalables à l’investissement • Aide aux frais d’étude préalable, taux de 60% dans la limite de 2 millions • Aide aux études visant les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), taux de 80% dans la limite de 1 million Aides à l’investissement Soutien aux entreprises • aide aux frais de création, taux de 60% dans la limite de 600 000 frs • aide aux entreprises en difficulté, après état de la situation • aide à l’équipement, taux défini par le montant du projet (25% de base + majorations) • soutien à l’emploi, aide limitée sur 24 mois : 100% des charges patronales pour les 12 premiers mois et 50% pour les 12 mois suivants. • aide aux infrastructures primaires, taux de 70% dans la limite de 2 millions • aide pour les équipements de protection de l’environnement, taux de 80% dans la limite de 2 millions sur la liste des équipements définis • mise aux normes, après état de la situation. CODE DES INVESTISSEMENTS DE LA PROVINCE DES ÎLES LOYAUTÉ EN 2014 Nombre de dossiers Agriculture/Elevage 31 Pêche 5 Tourisme 3 Services, Commerce, Artisanat 19 TOTAL 58 Investissement 3 27,8 33,8 168,0 233 Subvention accordée 3 13,5 13,5 65,5 96 Part de la subvention (%) 100,0% 48,6% 39,9% 39,0% 41 Investissement 77 47 104 429 657,0 Subvention accordée 44 24 51 188 307,0 Part de la subvention (%) 57,1 51,1 49,0 43,8 46,7 Investissement 71,0 100,5 63,3 1 029,5 1 264,3 Subvention accordée 34,1 79,6 37,8 460,8 612,3 Part de la subvention (%) 48,0 79,2 59,7 44,8 48,4 En 2013 Nombre de dossiers Agriculture/Elevage 76 Pêche 7 Tourisme 7 Services, Commerce, Artisanat 36 TOTAL 126 EN 2012 Nombre de dossiers Agriculture/Elevage 68 Pêche 13 Tourisme 7 Services, Commerce, Artisanat 53 TOTAL 141 Chiffres en Millions de F Cfp.- Source : Direction du Développement de l’Economie Intégrée. Les personnes souhaitant créer, développer ou transmettre une activité économique peuvent se rapprocher des services de la direction de l’économie intégrée aux coordonnées suivantes : Antenne DEI de Maré à La Roche Antenne DEI d’Ouvéa à Wadrilla Secrétariat : 45 49 20 Chef du service Mr André HMAE Tél : 45 49 12 ou 74 90 60 email : [email protected] Secrétariat : 45 52 55 Chef du service Mr IHAGE Bernard Tél : 45 52 74 ou 74 73 51 email : [email protected] Direction de l’économie intégrée à Lifou Secrétariat : 45 51 71 Chef du service Mr TRUIJIJ Robert Tél : 45 51 62 email : [email protected] Économie les Cahiers 13 les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté de la lentille. Gérer durablement une ressource particulièrement vulnérable passe donc par un travail conséquent de sensibilisation des populations et le lancement de programmes de recherches pluridisciplinaires. Une lentille au microscope 14 Les anciens prélevaient l’eau dans les trous de roche, les grottes, les cavités, lieux de résurgence naturelle de la lentille d’eau douce. Quelques-uns ont conservé leurs habitudes, malgré l’apparition des forages qui ont creusé des puits dans le sol de Maré et de Lifou et pompent désormais la nappe à plus de 20 jusqu’à 40 m de profondeur sur Lifou et de 30 à 70 m de profondeur sur Maré pour fournir l’eau potable aux habitants des deux îles. La ressource disponible, qui se renouvelle au gré des précipitations, excède très largement les besoins de la population. À Lifou par exemple, le volume théorique de la lentille se chiffre à environ 420 millions de m3, le volume extrait par pompage pour la consommation s’élevant à peine à 0,4 % (SAGE 2004). Sur Ouvéa, l’épaisseur de la lentille s’avère en revanche insuffisante pour permettre une exploitation. La population est très sensibilisée à la rareté de l’or bleu, et chaque maison est flanquée d’une citerne de récupération d’eau de pluie. Comme sur Ouvéa, Tiga possède désormais une unité de dessalement faisant suite à l’utilisation sur son haut plateau d’un « impluvium », vaste bassin qui capte et stocke lui aussi la pluie tombée du ciel. Lifou et Maré comptent aujourd’hui chacune environ une trentaine de forages © Photo DIL - Stéphane DUcandas Un nouvel outil pour 2016 « Aujourd’hui, nous actualisons les bases de données fournies en 2004, comme les cartes de vulnérabilité de Maré et Lifou », explique Nicolas Wright. Spécificité des Loyauté Trous (ici celui de Bone, à Maré), grottes, cavités composent les lieux de résurgence naturelle de la lentille d’eau douce. communaux dédiés à l’adduction d’eau potable. Généralement un par tribu. « Depuis plusieurs années, la politique communale consiste à étendre et mailler les réseaux existants, à éviter les pertes, les fuites », indique Nicolas Wright, chargé d’études eau et carrière au service de l’environnement de la province des îles Loyauté. Programmes ADAGE et SAGE De son côté, la Province s’efforce de protéger la ressource, en veillant sur la pérennité et la qualité de la lentille d’eau douce fragilisées par les pressions anthropiques : croissance démographique, développement agricole, artisanal et touristique… « Les pollutions de surface, liées aux activités industrielles, à l’élevage et à l’assainissement collectif ou individuel représentent les plus gros risques », poursuit Nicolas Wright. De par la nature très perméable des terrains calcaires, les substances polluantes peuvent en effet s’infiltrer facilement jusqu’à la nappe et l’impacter. Avec le réchauffement climatique, l’eau salée pourrait également remonter, au détriment de l’épaisseur © PIL DOSSIER - EAU Fragile, vulnérable, la lentille d’eau douce, seule ressource en eau potable des Loyauté, doit être préservée. C’est l’une des missions du service environnement de la province des îles Loyauté. Mais pour la protéger efficacement, il faut d’abord bien la connaître… En 1999, la province des îles Loyauté a mis en place à Lifou un premier outil de préservation baptisé ADAGE, comme Aide à la Décision en Aménagement et Gestion de l’Environnement, en vue d’acquérir des données sur la ressource en eau disponible, et sur sa qualité en différents endroits de l’île. Cinq ans plus tard, en partenariat avec l’IRD (Institut de la Recherche et du Développement) et l’UNC (Université de la Nouvelle-Calédonie), le programme SAGE (Système d’Aide à la Gestion des Eaux), financé par un contrat de développement avec l’État, a permis de mieux comprendre la ressource aux îles Loyauté, de modéliser certains phénomènes liés à la circulation de l’eau dans le sous-sol, ou encore de mieux cerner les conséquences d’une pollution sur la nappe. Ce programme constitue un précieux outil d’aide à la décision, avant toute implantation d’une structure touristique, d’une zone d’habitation, d’une parcelle agricole, etc. À Ouvéa, où la lentille est insuffisamment épaisse pour permettre des forages, une large majorité de la population boit l’eau de pluie récupérée dans les citernes près des habitations. Ces cartes indiquent, selon les endroits, la plus ou moins grande vulnérabilité de la ressource. « Elles vont nous aider dans l’aménagement et le contrôle des activités à risques : agriculture, garages, dépôts d’hydrocarbures, centrales électriques, centre d’enfouissement des déchets, stations-service, projets industriels… » Dans ces zones, la province assurera une plus grande vigilance à l’égard des activités en surface (lixiviats, lisiers de porc, intrants…) et déterminera des points de suivi de la ressource afin d’optimiser la réactivité en cas d’inci- dent. Révisée en 2012, la réglementation des ICPE prend par ailleurs en compte les spécificités des Loyauté et adapte les seuils de tolérance à la taille des unités, en renforçant les contraintes (études d’impact, mesures compensatoires…). Destiné aux techniciens, aux gestionnaires et à l’exécutif provincial, un nouvel outil d’aide à la décision, élaboré à partir de bases de données réactualisées, et piloté par Nicolas Wright, devrait ainsi être finalisé pour le début de l’année 2016. DOSSIER - EAU PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ © Photo JME les Cahiers 15 De nature calcaire avec un sol poreux et perméable, Maré, Lifou, Ouvéa et Tiga n’ont pas de réseau hydrographique de surface, mais disposent d’une nappe d’eau douce ou saumâtre qui « flotte » au-dessus de l’eau salée de l’océan, grâce à sa plus faible densité et à la faible miscibilité des deux liquides. Formée par l’accumulation de l’eau de pluie infiltrée dans un soussol percé de nombreuses fissures et cavités et caractérisé par la présence d’un important réseau de grottes, gouffres et rivières souterraines, cette nappe appelée « lentille d’eau douce » constitue un grand réservoir, unique ressource en eau des Loyauté. Plus faible sur les zones littorales, son épaisseur diffère d’un endroit à l’autre. les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ Forages agricoles en promotion Des compétences éclatées En matière d’eau, voici comment se répartissent aux Loyauté les compétences entre collectivités : Comment optimiser l’exploitation des forages agricoles, des ouvrages qui s’abîment et deviennent une menace pour la lentille d’eau douce en cas de sous-utilisation par les promoteurs ? C’est la question à laquelle la province des îles Loyauté tente d’apporter des réponses. 16 Les réseaux d’eau sont étendus pour permettre le raccordement de nouvelles exploitations situées à proximité des forages existants. © Photo : JME DOSSIER - EAU Payer pour dépenser moins De compétence provinciale, les forages agricoles (photo) sont utilisés pour l’irrigation des cultures des producteurs de Maré et Lifou. Entourées d’un périmètre de sécurité, les stations de pompage fonctionnent suivant le même principe que les forages destinés à l’adduction d’eau potable. La capacité des réservoirs varie de 3 000 à 10 000 litres. À Maré, l’eau potable est devenue payante en 2012. Pour amener la population à comprendre pourquoi la fin de la gratuité avait sonné, pour l’inciter à fermer plus souvent le robinet, à traquer les fuites et à réparer le cas échéant, des tournées de sensibilisation ont été effectuées. Avant une période de facturation “ à blanc ” destinée à montrer le coût réel des consommations. « Certaines familles en avaient pour plus de 300 000 F par trimestre !, rapporte Nicolas Wright. Souvent en raison d’un tuyau sectionné, parfois par gaspillage. Depuis les gens font davantage attention. C’est une bonne façon de responsabiliser tout le monde sur la ressource ». Depuis mai 2015, l’eau n’est plus gratuite à Lifou non plus, après deux ans de factures à blanc. Sur Ouvéa, la commune a mis en service une usine de dessalement à Hwadrilla (photo), qui récupère l’eau de mer, la traite pour en faire de l’eau potable livrée par camionciterne. Son coût de fonctionnement se répercute inévitablement sur le prix au mètre cube, plus élevé que sur les autres îles. Une dizaine à Lifou, autant à Maré, les forages agricoles des Loyauté ont été réalisés par la province des îles Loyauté au début des années 1990 sur des terrains mis à disposition par des agriculteurs. Il y a quatre ans, la filière environnement et énergie établissait un diagnostic de l’état de ces forages. Objectifs, répertorier les risques de pollutions aux alentours des différents ouvrages ainsi que leur état de dégradations, lesquelles représentent une source potentielle de contamination chimique ou bactériologique de la lentille d’eau douce, et proposer des actions de maintenance. Cette étude fut suivie, en 2012, de la rénovation des forages considérés comme prioritaires par rapport à l’activité des promoteurs aux alentours et aux degrés de risques identifiés, travaux s’élevant à hauteur de 50 millions de francs, financés à 80 % soit 40 millions de francs dans le cadre des contrats de développement État-Province. La relève manque « Aujourd’hui, la tendance n’est pas à la création de nouveaux forages, mais à l’extension souterraine du réseau et au raccordement d’autres exploitations situées à proximité des ouvrages existants », explique Nicolas Wright, chargé d’études eau et carrière au service de l’environnement de la province. D’autant que l’utilisation des forages demeure assez basse : à peine 20 à 30 % en moyenne des capacités de prélèvement. Et une pompe ou un surpresseur qui ne fonctionne pas se détériore très vite. « Avec le renouvellement actuel des contrats d’entretien et de maintenance passés auprès de prestataires privés, nous aurons une idée plus précise des volumes réels et de la sous-exploitation de certaines installations. » En vingt ans, plusieurs cultivateurs, arboriculteurs, maraîchers ou éleveurs de Maré et Lifou ont disparu. D’autres, retraités, n’ont pas réussi à transmettre le flambeau. La relève manque, le statut des terres ne favorisant pas les reprises. Alors la filière agriculture de la province, en collaboration avec le service environnement, a décidé de mettre en place cette année un plan de gestion des forages agricoles. Il devrait permettre de dessiner une stratégie susceptible d’optimiser leur exploitation. Aujourd’hui la province réfléchit à la façon d’intégrer les promoteurs dans la gestion de ces vingt ouvrages dont le coût annuel de fonctionnement se chiffre en millions. Les faire s’acquitter d’une facture de consommation ? Leur demander de réserver une partie de leur production à l’alimentation des filières ? Un “geste” de leur part aiderait la collectivité à mieux supporter les dépenses d’entretien et de maintenance. Autrefois en tôle et placés au sommet d’une tour, les réservoirs sont désormais en bois et posés sur le sol. DOSSIER - EAU Nicolas Wright, pilote du nouvel outil d’aide à la décision et à la gestion durable de la ressource en eau. Intégrer les producteurs dans la gestion des ouvrages © PIL Les cartes de vulnérabilité de la ressource en eau de Lifou et Maré ont été réactualisées. Depuis quelques années, la province travaille en étroit partenariat avec les communes dont les forages, harmonieusement répartis sur les îles de Lifou et Maré, peuvent fournir aux services provinciaux de précieuses informations sur le niveau et la qualité de la nappe. © Photo : JME © PIL • Communes : salubrité publique, adduction d’eau potable et assainissement. • Province des Iles : protection de la ressource en eau. • Gouvernement : gestion de la ressource en eau (prélèvements, points de suivi…), hygiène publique et santé. • État : salubrité publique, déclarations d’utilité publique (de terrains par exemple). © Photo DIL - Stéphane DUcandas les Cahiers 17 les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ Recommandations pour les animaux à l’attache : Ne les négligez pas ! Quelle sont les techniques ? La conduite des ruminants (bovins et chèvres) à l’attache est le mode d’élevage le plus répandu dans les îles Loyauté, permettant à la fois de nourrir l’animal et de défricher des petites surfaces en bord de route ou pour les cultures. Réclamant un investissement minimal, cette conduite traditionnelle est parfois considérée comme peu productive, contraire au bien-être animal et consommatrice de temps. Pourtant, elle peut être bien raisonnée et permet une gestion agro-écologique optimisée des surfaces et du cheptel, adaptée au mode de vie pluriactif des agriculteurs loyaltiens souvent très attachés à leurs animaux. corde solide ou un câble sur lequel viendra glisser un anneau. De cet anneau part une autre corde, attachée au cou de la chèvre qui grâce à ce système ne sera pas obligée de tourner en rond pour pâturer. 1 ) Attacher directement la corde ou la chaîne à un piquet, un arbre ou un rocher : 5 mètres minimum pour un bovin, 3 mètres minimum pour une chèvre. © www.catalogue-fr 2 ) Planter deux piquets reliés par une Attache trop serrée. Élevage • Changer d’emplacement au minimum 1 fois par jour et jusqu’à 3 ou 4 fois selon les besoins de l’animal (lactation, taille…), la surface de pâturage et la nourriture disponible. Les besoins en fourrage d’une vache adulte vont de 6 à 15 kg de matière sèche (0% d’eau) par jour soit 12 à 35 kg d’herbe environ par jour selon sa taille, son stade de lactation éventuel et la qualité de l’herbe. • Donner à boire tous les jours : 15 à 30 litres par jour pour une vache, 2 à 5 litres pour une chèvre selon la teneur en eau du pâturage et son stade physiologique (lactation…) 18 • La conduite à l’attache permet de savoir précisément ce que consomme votre animal et si la quantité est suffisante ou s’il pourrait en manger plus. Il faut être observateur ! © Photos Antoine BARNAUD • Prévoir une partie ombragée dans la zone d’attache, Attache sangle manille émerillon. • Ne pas trop serrer le collier et le changer ou l’agrandir au fur et à mesure de la croissance de l’animal. Vous devez pouvoir passer une main entre le cou et le collier. • L’idéal pour le collier est une sangle de 5 cm de largeur (ex : sangle de camion, ceinture de voiture) ou une corde insérée dans une gaine de plastique (tuyau d’arrosage) qui protégera la peau de l’animal contre les frottements. Les plaies d’attache, qui peuvent être très profondes et douloureuses, sont toujours la conséquence d’un collier inadapté. • Ne pas utiliser un nœud coulant ! • Ne pas utiliser la chaîne comme collier (lourd et coupant), • Pour que l’attache tourne, donc que l’animal puisse bouger librement, il est recommandé d’ajouter une ou deux manilles tournantes (une au début et une à la fin), • Familiariser très tôt les jeunes animaux à l’attache et sélectionner les plus dociles, • Attention aux taureaux qui peuvent provoquer des étranglements en tournant autour des vaches en chaleur, • Attention aux plantes toxiques ! Ainsi le lantana ou l’avocatier sont potentiellement mortels pour les ruminants (nombreux cas dans les îles Loyauté). Si les animaux les évitent instinctivement, un jeune animal peu expérimenté ou un adulte qui n’a plus rien d’autre à se mettre sous la dent peut malencontreusement s’intoxiquer. De même, un noyau de mangue peut étouffer une vache. • Adapter la longueur d’attache et le lieu en fonction de la saison (sèche ou humide) et des besoins de l’animal. Ainsi les fougères de forêt sont riches en eau, ce qui est utile en saison sèche. • Ne pas attacher l’animal à côté d’un trou ou d’une falaise. Il pourrait glisser et s’étrangler. • Attention aux chiens ! Les chèvres et les veaux en particulier deviennent très vulnérables lorsqu’ils sont attachés. Et les cochons ? • Eviter de les attacher par une patte. Le nœud finit très souvent par se serrer, formant un garrot fatal pour le membre et bien souvent l’animal. • Attention à la peau de vos animaux : les blessures dues à une corde trop serrée ou une chaîne coupante sont fréquentes, peuvent s’infecter et provoque une douleur telle que l’animal devient incontrôlable et méfiant. Attache patte cochon trop serrée. Élevage les Cahiers 19 les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ Le waleï en quête de reconnaissance La 6e Fête du waleï se déroulera du 14 au 16 août à la tribu de Heo, dans le district de Saint-Joseph. L’occasion de découvrir un tubercule appelé aussi « igname sucrée », fleuron de l’agriculture à Ouvéa, qui mériterait d’être valorisé en dehors des frontières de Iaai. La volonté est également de fédérer autour de cette manifestation toutes les tribus du nord d’Ouvéa : Heo, Takedji, Mekili, Weneki, Ougnat et Gossanah. Proposés par la DIL, des forfaits de trois jours prévoient ainsi une formule accueil chez l’habitant. Ils incluent une activité offerte aux visiteurs : au choix la randonnée de Nimek, le trou bleu de Hanawa, les falaises de Lekiny, une sortie en mer vers les Pléiades du nord, etc. Dans les restaurants de Nouméa ? Evènementiel © Photos JME Durant trois jours, danseurs, chanteurs, concours (culinaire, de bûcherons, d’épluchage et grattage de cocos, élection de la Miss maman waleï…) et diverses animations rythment la fête sur le site de Heo. Pour la sixième édition, Gérald Kalepe a concocté une petite surprise. Derrière l’un des vingt-cinq stands, Gabriel Poulawa, jeune de Mouli qui seconde le chef du Paradis d’Ouvéa, relèvera le défi de préparer une douzaine de plats différents à base de waleï ! « Afin de montrer aux mamans tout ce que l’on peut faire avec ce tubercule. » Mais Gérald a une autre idée derrière la tête : exporter le waleï en dehors d’Ouvéa et, grâce à Gabriel, l’accrocher aux menus des restaurant et hôtels de La Foire des Iles à Hnyimëhë 20 Le waleï compte une dizaine de variétés : Sina, Megu, Bolo, Waniahotr, Katifala, Ouinya… Dans son champ de Hwadrilla, Simonin Adjougniope déterre les premiers waleïs de l’année. « C’est une culture spécifique à Ouvéa, assure-t-il. À Maré et Lifou, ils ont beau planter, ça ne marche pas ! Ici, je ne sais pas pourquoi, c’est peut-être l’air et la terre, plus salés, qui favorisent la culture ». Entre patate douce et igname, « le waleï a un peu le goût de la châtaigne ». Il se conserve plusieurs mois sans s’abîmer. « Après la récolte, on attend l’autorisation d’un clan de la chefferie pour pouvoir le manger, puis on se réunit avec toute la tribu, et un clan de la mer apporte le picot. » Une fois par an, Simonin se rend à Heo pour la Fête du waleï. Là, près de Saint-Joseph, sur la terre des descendants des populations qui vivaient sur les îles Beautemps-Beaupré avant l’arrivée des missionnaires, les semences s’arrachent à 500 ou 600 F le kg. Lancée en 2009 par l’association des femmes de Heo baptisée Manu Aliki (« l’oiseau du chef »), la manifestation avait pour objectif de « promouvoir ce tubercule, seul produit phare d’Ouvéa à ne pas être valorisé jusque-là, et mettre en avant le travail des agriculteurs », selon Véronique Watiligone, présidente de l’association. Au même titre que la commune, la direction de l’Économie intégrée de la PIL verse un million de francs aux organisateurs. Parallèlement, le service tourisme de l’antenne provinciale d’Ouvéa accompagne Manu Aliki et veille à la bonne utilisation des fonds alloués : nettoyage du site, construction des stands, mise en place de la sécurité… « On travaille en synergie avec les organisateurs, avec la DIL pour la promotion de la fête et la mise en place des packages pour une centaine de touristes. La préparation nécessite environ quatre mois », indique Gérald Kalepe, agent provincial en charge du secteur tourisme sur Ouvéa. Après Maré en 2014, la 25e Foire des Iles se tiendra cette année à Ouvéa. Du 11 au 13 septembre, le traditionnel rendez-vous agricole des Loyauté accueillera sur le site de Hnyimëhë un gros marché interdistrict dans lequel les associations de producteurs, de Mouli à Saint-Joseph, exposeront leurs plus belles pièces. Waleïs, taros, patates, vanille, cocos… Principale innovation au programme, un défilé de bovins et d’engins. Comme à Bourail ! Les organisateurs tablent sur une cinquantaine de stands, la Province apporte une contribution de 4 millions de francs au comité de foire. Le jeudi 10 au soir, un repas de bienvenue réunira les quelque 300 personnes formant les délégations visiteuses de Maré, Lifou, Tiga, Nouméa et du nord de la Grande Terre. Ce sont les femmes de Heo qui sont à l’origine de la manifestation. Nouméa. « On constate après chaque édition que le soufflé retombe. Et nous, on aimerait que le waleï reste d’actualité toute l’année, comme l’avocat de Maré. Il le mérite. » Depuis 2011, la tribu de Gossanah accueille les touristes venus de Nouméa pour la Fête du waleï. Frit, cuit à la braise, en gratin… Farineux, très sucré, le waleï est surtout cultivé dans le nord d’Ouvéa qui a la réputation de fournir les meilleurs spécimens. Il en existe une dizaine de variétés, dont le Sina (chair blanche), le Megu (chair mauve), le Bolo (gros Sina), le Waniahotr (petit et arrondi), le Katifala (une très longue tige) ou encore le Ouinya (qui serait originaire de Yaté). Aliment de base, il se consomme de diverses façons. En bougna, en friture, bouilli dans l’eau avec sa peau (à l’ancienne), en gratin, enrobé dans du chou kanak et cuit à la braise, ou encore coupé en fines tranches, arrosé de lait de coco ou saupoudré de coco râpé, et enveloppé dans des feuilles de cordyline (recette dite Chalachala). Une partie de la récolte est réservée aux cérémonies coutumières, le waleï, placé en-dessous de l’igname, lui servant de support. Une culture peu exigeante Plantation en août ou septembre, récolte en juin ou juillet, le waleï présente le même cycle que l’igname. Il apprécie les sols argileux associés à des particules sableuses, caractéristiques du nord d’Ouvéa. Les semences sont plantées à une profondeur de 10 cm environ, parfois à peine enfoncées et recouvertes de terre en forme de cône. Des feuilles de pandanus ou de cocotier séchées fournissent un très bon paillage qui sert à garder l’humidité, limiter les mauvaises herbes et filtrer les brûlures du soleil. Un tuteur autour duquel s’enroule la tige du waleï permet de booster la croissance. Ensuite, très peu d’entretien sinon désherber de temps à autre en vérifiant que la tige ne touche pas le sol. Vraiment pas fragile, le waleï résiste bien aux intempéries et aux maladies. Miracle de la nature, chaque semence donne une grappe pouvant porter jusqu’à une douzaine de tubercules de belle dimension. Evènementiel les Cahiers 21 Baie de Fayaoué, tribu de Hnyimëhë, un emplacement stratégique, à mi-chemin ou presque entre Mouli et Saint-Joseph. Bâti en 1983, le gîte Beaupré a longtemps été la structure hôtelière la plus performante d’Ouvéa. Mais depuis plusieurs années, « il était souvent plein et nous n’arrivions plus à satisfaire la demande », indique Wilfried Hong Yen, directeur d’exploitation. D’où l’idée d’augmenter sa capacité et d’accompagner ainsi l’essor touristique des Loyauté. Pour la Sodil, partenaire du projet, il s’agissait de « s’inscrire dans les objectifs de la Province qui souhaitait renforcer l’offre hôtelière », comme l’explique Michel Gau, son directeur financier. Alors, le gîte est devenu hôtel deux étoiles, déflorant ainsi une gamme de prix et de confort manquante, un intermédiaire entre le luxueux Paradis d’Ouvéa, à Mouli, et les nuits sous la case en tribu. Pour cela, il a fallu déboiser la forêt à l’arrière du gîte, faire un terrassement et fermer l’établissement le temps des travaux, de septembre 2013 à janvier 2015. Une parenthèse qui a permis d’envoyer le personnel en formation au sein de différentes structures de la Sodil. En cours de réflexion, l’éventuelle installation de la climatisation, dans des bungalows naturellement ventilés. Des débuts prometteurs Fin avril, la CCI a audité l’hôtel Beaupré et attribué le nombre de points nécessaire au classement deux étoiles de l’établissement. L’option kitchenette Le 4 mars, l’hôtel Beaupré “ouvrait ses portes”, doublant la quantité de bungalows (12 contre 6 unités auparavant), sa capacité d’accueil (40 personnes, une vingtaine jusque-là) et le nombre d’employés (13 aujourd’hui).Un des anciens bungalows, à proximité du restaurant, est également remis aux normes et aménagé pour les personnes à mobilité réduite. Derrière son ordinateur, l’architecte Philippe Jarcet a dessiné un pont enjambant le trou d’eau naturel qui a été conservé, puis conçu la passerelle aux branches tentaculaires qui conduisent aux différentes habitations, pendant que Marjorie Tiaou, de Lekiny, sculptait quelques pièces monumentales plantées plus tard dans les jardins. L’ensemble possède un cachet indiscutable, la végétation, un peu rabougrie les premières semaines, reprend ses droits. Et bravo pour l’idée lumineuse des trois ouvertures percées entre le plafond des bungalows et l’auvent des terrasses ! Ce serait pourtant dommage de ne pas tester le restaurant au moins un soir. Rompu aux cuisines du Petit Café, du 1881 et d’autres tables nouméennes réputées, Timothé, le chef, sans révolutionner la carte – basée sur les produits du lagon –, a su transformer l’assiette tant au niveau de la préparation que de la présentation. Au menu, salade tahitienne, de trocas, crevettes, loche, rouget, langouste (en saison) et le must, un crabe de cocotier géant susceptible de sustenter la famille entière ! Les retours culinaires positifs affluent, comme en témoigne le dithyrambique livre d’or de l’établissement qui loue Une partie du personnel, en compagnie de Kojia Gnipate (à droite), adjointe de direction. aussi le charme des bungalows, le sourire du personnel ou encore les balades et visites suggérées à la réception : trou de Hanawa ou Anubet, falaises de Lekiny, Pléiades, perruches… ou mythique pont de Mouli. En mars, le taux de remplissage s’élevait à 72 %, pour atteindre 80 % en avril. Des clients de tous les horizons, Italie et Québec compris, pour des débuts prometteurs. « Je suis contente, c’est beau comme ça, ça change », confie Suzanne, maman de Wilfried, qui a ouvert la structure familiale avec Raymond il y a trente ans. Avant d’envisager d’éventuelles améliorations, son fils veut prendre son temps : « C’est un peu tôt. Pour l’instant, on va s’efforcer de tenir le rythme. Après, dans six mois ou un an, on fera le point ». Un investissement de 400 millions En échange de 14 900 F la nuit, le visiteur dispose d’une chambre douillette – aménagée pour trois personnes dans les huit constructions individuelles et pour quatre dans les quatre bungalows communicants (deux fois deux) –, d’un salon spacieux doté d’un brasseur d’air Avantages et inconvénients du bois « J’ai beaucoup apprécié les bungalows 100 % bois, leur côté nature et leur intégration dans l’environnement, témoigne Meryl, cliente du Beaupré. Les terrasses disposent d’un nombre conséquent de fauteuils, chaises, bancs et tables, eux aussi tout en bois ». Même option pour le deck du restaurant dissimulé de la route littorale par une haie de pandanus, cocotier et faux tabac, où tout le mobilier est en bois. Mais dans les bungalows jumelés, le recours à ce matériau a ses limites si vous n’êtes pas venus avec toute la famille, et que les voisins ont le pas lourd, la voix de stentor et/ou le geste brusque : « Tout résonne, on entend bien ce qui se passe à côté ». Alors un conseil, si vous désirez séjourner au Beaupré seul ou en couple, demandez un bungalow individuel. Comme Meryl la prochaine fois… La rénovation-extension du Beaupré a été portée par Sana Paradise, SAS créée en partenariat entre la Sodil (55 %) et la famille Hong Yen (45 %), propriétaire du foncier et de l’ancien gîte. D’un montant de 400 millions de francs, elle a bénéficié de la double défiscalisation, a fait l’objet d’un emprunt auprès de la BNC, la Sodil apportant le dernier tiers. À terme, la Sodil qui a également garanti financièrement le projet a pour vocation de se retirer de Sana Paradise. Tourisme Tourisme Jusque-là structure familiale, le gîte Beaupré est devenu début mars un hôtel deux étoiles. Il propose désormais une offre intermédiaire, entre luxe du Paradis d’Ouvéa et accueil chez l’habitant. et d’une télé à écran plat, d’une salle de bains bleue et blanche, petite mais très mignonne, et d’une kitchenette. Tout équipée – micro-ondes, réfrigérateur, plaques chauffantes, ustensiles… –, celle-ci offre une appréciable alternative au restaurant, en particulier à l’heure du petit déjeuner. « L’idée de la kitchenette nous est venue en route, précise Wilfried Hong Yen. Elle permet de proposer une offre plus économique aux familles nombreuses ou aux personnes qui résident plusieurs jours à l’hôtel ». © Photo : JME Deux étoiles dans le ciel d’Ouvéa 22 les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ © Photos DIL - Stéphane Ducandas les Cahiers 23 PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté Portfolio Portfolio © Photos DIL - Stéphane Ducandas les Cahiers 24 25 Shabadran, perle du Pacifique Bien sûr il y a la mystérieuse baie d’Upi et la piscine enchantée d’Oro, à l’île des Pins. Les plages alanguies de Mouli à Ouvéa, et de Luengoni à Lifou. L’énigmatique poule de Hienghène ou encore les paysages surnaturels autour du lac de Yaté. Autant de trésors qui font la réputation de notre Caillou. Mais, pour nous, le plus bel endroit de Nouvelle-Calédonie, le plus insolite et sans doute le plus méconnu, se trouve au sud-est de Maré. Découverte, en photos, des sublimes terrasses de Shabadran. La crique de Shabadran (prononcer “Chabadjane”), inaccessible en bateau, secrète et inviolée. Point d’orgue d’une inoubliable randonnée le long des falaises sauvages de Maré. les Cahiers les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté PROVINCE DES ILES LOYAUTÉ Damas, Célestin ou l’un de leurs cousins de la tribu de Kurine appelé comme guide, dégoupille une poignée de cocos vertes. L’eau fraîche dégouline au fond de la gorge, sa pulpe recharge en énergie. Pause roborative. Au loin, une pointe rocheuse fend les flots. La descente tranquille mène à une première plage protégée de la furie de l’océan. De grosses patates aux formes alambiquées émergent de l’eau émeraude ou turquoise. PORTFOLIO Portfolio Cette petite crique n’est qu’un avant-goût du bouquet final offert au visiteur au sortir de l’ultime cocoteraie. Une anse déserte de sable immaculé doux comme la farine, ourlée de pins colonnaires au garde-à-vous, des eaux au dégradé inépuisable de verts et de bleus, à nouveau des rochers étranges posés ça et là dans le paysage, dissimulant d’étroites langues de sable, un récif frangeant semblable à une gigantesque coquille d’huître. Et surtout les fameuses terrasses… Portfolio © Photos J-ean-Marc Estournès Sept kilomètres d’une épaisse cocoteraie, debout dans la benne du 4x4, à déjouer les ornières, zigzaguer entre les branches qui fouettent la carrosserie. Au bout du tunnel végétal, la randonnée se profile, le long d’une corniche corallienne aux blocs gris anthracite tranchants comme une lame. Haute parfois d’une centaine de mètres, la falaise plonge dans le bleu profond d’un océan en colère qui se fracasse sur un platier en terrasses et lance des gerbes d’eau blanches à l’assaut d’un mur infranchissable. 26 27 Un sentier étroit et accidenté serpente avec prudence sur une lande verdoyante aux parfums de Cornouailles, pour cinq kilomètres et deux heures d’une marche iodée, parfois sportive. À l’image de ce mur de corail escarpé dont l’ascension soudaine nécessite quelques acrobaties. La seule réelle difficulté du parcours. Ne pas s’approcher du récif, au risque de se faire aspirer et entraîner vers le large. À l’abri d’un rocher, regarder le spectacle, peutêtre unique au monde, de trous souffleurs et de rafales de vagues qui giflent des vasques sculptées en étages, suspendues par le temps, le vent et les marées. L’écume laisse éclater sa rage, l’eau ruisselle en cascade, remplit les baignoires de corail éphémères, aussitôt vidées par le reflux. Irrésistible envie d’accrocher son hamac entre deux cocotiers et de passer la nuit sur la plage, au paradis de Shabadran.
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