Fiche de synthese Threne

Transcription

Fiche de synthese Threne
Fiche d’identité d’une œuvre
Comment les artistes dénoncent-ils la guerre ?
I – Présentation de l’œuvre
1 –Situer l’œuvre : Thrène pour les victimes d'Hiroshima
(1961)
* Thrène: Chant funèbre en usage dans la Grèce antique en l’honneur d’un défunt illustre. Il est
entonné par un conteur et accompagné par les cris et les lamentations de femmes.
* A l’origine, cette œuvre composée entre 1959 et 1961 s’appelait 8'37 (la durée de l’attaque sur
Hiroshima le 6/8/1945). Penderecki la renomma Thrène pour les victimes d'Hiroshima pour une
meilleure compréhension du public.
C’est une œuvre de musique contemporaine de 10 mn, composée pour ORCHESTRE A CORDES:
24 violons
10 altos
10 violoncelles
8 contrebasses
* Krzysztof Penderecki est un compositeur et chef d’orchestre polonais, né à Dębica le 23 novembre
1933. Il remporte en 1959 le premier prix du concours de composition de Varsovie. En 1961, il reçoit le
Prix de l’UNESCO pour Thrènes à la mémoire des victimes d'Hiroshima. La composition de cette œuvre
musicale a rapidement suscité un énorme intérêt dans le monde entier et a rendu dès lors le jeune
Penderecki (29 ans) célèbre.
* La création de Thrène eut lieu le 31 mai 1961 à la radio de Varsovie et fut jouée en 1967 à
Auschwitz.
2 – Contexte de l’œuvre :
a- Contexte historique
*La guerre en Europe s’est terminée le8 Mai 1945, mais les Japonais ne voulaient pas se rendre.
Durant la conférence de Potsdam , le 26 juillet 1945, un ultimatum est signifié à l’Empire du Japon, au
nom des Etats-Unis, du Royaume Uni et de la République de Chine. Le Japon est sommé de se rendre
sans condition sans quoi il subirait une rapide et grave destruction. La reddition complète des forces
armées est exigée ainsi que l'abdication de l'empereur Hiro-Hito. Le 29 juillet, le premier ministre
Kantara Suzuki prononce une déclaration indiquant qu'il entendait ignorer cet avertissement. La
première bombe atomique militaire est alors larguée sur Hiroshima le 6 août, puis la seconde le 9 sur
Nagasaki, après un second ultimatum du président Truman, resté sans réponse.
La Seconde Guerre mondiale se conclut officiellement moins d'un mois plus tard par la signature de
l'acte de capitulation du Japon le 2 septembre 1945 .
On estime l e nombre de décès entre 40000 et 250 000 personnes, selon les diverses sources. Ils sont
causés par l'explosion, la chaleur, et l'incendie, puis par la suite sont dûs à divers types de cancers et
de pathologies.
b- Contexte de création
L’œuvre est composée 16 ans après la fin de la 2ème G.M. La victoire a eu un goût amer :
1. 50 millions de victimes
2. La découverte des camps
3. La maîtrise de l’arme atomique
Bien que « contemporaine», l’œuvre de Penderecky est une réelle expression de son émotion et n’est
en aucun cas le fruit de spéculations théoriques typiques de la création musicale contemporaine et
appelée écriture sérielle.( Schoenberg ou Boulez).
Son œuvre est largement autobiographique. Le 12 octobre 1964, Penderecki écrivait à propos de son
œuvre :
"La grande Apocalypse [Auschwitz], ce grand crime de guerre, est incontestablement dans mon
subconscient depuis la guerre où j'assistai enfant à la destruction du ghetto de ma petite ville natale,
Debiça (près de Cracovie). Puisse le thrène exprimer ma ferme conviction que les sacrifices d'Hiroshima
ne soient jamais oubliés ni perdus".
II – Description de l’oeuvre
Moyens utilisés par l’auteur : L’orchestre à corde est utilisé de manière peu traditionnelle, les 52
instruments à corde créent des atmosphères particulières.
Les possibilités sonores des cordes sont poussées à l’extrême, procurant des sensations sonores
inédites, pour essayer de rendre compte du sentiment de détresse et d’angoisse lié à l’événement
auquel elle fait allusion.
Des modes de jeu sont répertoriés dans une légende en début de partition : quarts de ton, registres,
note la plus aiguë, position particulière de l’archet, frapper la table d’harmonie, frotter le cordier ou le
chevalet …
Il n’y a pas de pulsation rythmique. Le temps est mesuré en seconde.
Il n’y a pas non plus de mélodies mais uniquement des atmosphères, des climats.
Analyse de 3 extraits
Partie 1 : Sons continus. (0 à 1’26)
- entrée des groupes de façon décalée jouant sur l’effet spatial de la stéréo, sur la note la plus aiguë
possible et fortissimo. Chaque musicien joue une hauteur différente qu’il choisit dans un ambitus
indiqué. (Part de l’aléatoire).
- ces clusters joués en tremolo provoquent des dissonances (comme des "fausses notes" ).
- le temps est lisse et il n’y a pas de thème repérable.
- le caractère est violent, insupportable, agressif, strident et angoissant; on pense aux hurlements des
victimes.
- puis les clusters joués en vibrato se transforment en oscillations: les hurlements se transforment en
plaintes.
Partie 2: Sons discontinus. (1’26 à 2’20)
- sons discontinus, irréguliers et martelés en pizzicati, joués col legno ou legno battuto dans le
médium.
- sentiment de désordre et de panique qui suggère une course effrénée, une fuite éperdue des rares
survivants. C’est le chaos.
Partie 3 : Sons continus. (2’20 à 5’30)
- quelques sons tenus forment un cluster de nuance variable : pp et crescendo.
- les glissandi nous font penser à des sirènes = danger, peur, angoisse,
- les courbes mélodiques sont souvent en mouvement contraires amplifiant les sensations.
L’œuvre se termine sur un grand cluster de 30 s. joué aux 52 cordes dans un registre médium/aigu.
Chaque instrument a une note singulière dans le cluster. Penderecki divise son octave en 24 ¼ de
tons. IL commence triple fortissimo pour atteindre le triple pianissimo à la fin du decrescendo.
Tout s’éteint. C’est le silence, la stupeur, l’incompréhension, le néant.
III – Portée et influence de l’œuvre
1 – En quoi l’œuvre a-t-elle marqué son temps ?
Cette musique surprend par son caractère poignant en lien direct avec l’événement évoqué dans le titre.
Cette analyse nous a permis de faire un lien direct entre les sentiments que l'on ressent, et les moyens
techniques utilisés par le compositeur pour nous permettre de les vivre.
Ici la musique est un moyen de dénoncer l'horreur provoquée par le bombardement de la ville
d'Hiroshima.
2 – Peut-on la rapprocher d’autres œuvres ?
Beaucoup d'artistes utilisent ainsi leurs oeuvres, soit pour dénoncer des événements, soit pour faire
œuvre de mémoire.
En 1967, Penderecki dénonce encore les horreurs de la guerre en composant son Dies Irae, « Jour
de colère », qu’il dédicace cette fois à la mémoire des victimes d'Auschwitz . Il le compose pour voix
solistes, chœur mixte et orchestre.
En 1968, c’est Xénakis (1922-2001) qui compose Nuits pour 12 voix mixtes solistes ou chœur mixte, a
capella. Xenakis est un compositeur d’origine grecque, créateur du cluster instrumental en 1955.
Comme Penderecki, il utilise des modes de jeu particuliers, de la voix cette fois, pour créer des
atmosphères : glissandi, battement de fréquences, ¼ de ton, sons sifflés, pizzicato nasal, … absence
de texte et utilisation de phonèmes….
Résistant communiste, il est blessé en 1945. Il fuit la Grèce et sa guerre civile, l’ère dite du « régime
des colonels » pour s’installer à Paris en 1947.
Nuits est une pièce plutôt linéaire, tendue à l'extrême qui peut représenter les rêves exacerbés et les
cauchemars désespérés des prisonniers grecs. Ces nuits évoquent symboliquement l'obscurantisme de
la dictature des Colonels Grecs et son impact sur la vie anéantie du peuple.
Elle s'ouvre sur une alternance de déplorations aigües (femmes) et graves (hommes), avec de longues
traînées (microtonales), pour prendre une dimension plus allante (et scandée) avec ostinatos
superposant jappements dans les aigus et errances sinueuses plutôt dans l'extrême grave.
Dans le film Le pianiste, Roman Polanski raconte son enfance à Cracovie, l'attaque allemande et les
bombardements qu'il a vécus à Varsovie, la vie dans le ghetto de Cracovie..
Vous pouvez utiliser des œuvres étudiées dans les autres matières pour développer cette partie de la
conclusion. (Le tableau Guernica de Picasso ou …. qui dénoncent les massacres générés par les
guerres)

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