Mise en page 1 - Université de Tunis El Manar
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PRECIS DE L’EPURATION EXTRARENALE EN REANIMATION Mohamed Jalel HMIDA PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 1 2 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION L IS T E D E S CO L L A B ORATE URS BAFFOUN Anis Médecin hémodialyseur, Service d’hémodialyse, Hôpital militaire de Tunis BALMA Ahmed Professeur, Anesthésiste Réanimateur, Chef de service des urgences, Hôpital militaire de Tunis BARAKET Mohamed Assistant Hospitalo-Universitaire, Anesthésiste Réanimateur, Service d’Anesthésie Réanimation, Hôpital Militaire de Tunis BELHAJ Mondher Maître de Conférences Agrégé, Anesthésiste Réanimateur, Service d’Anesthésie Réanimation, Hôpital Militaire de Tunis BELHAJ Raoudha Médecin hémodialyseur Chef du centre d’hémodialyse, Clinique CNSS, El Khadra BEN SALAH Mohamed Médecin Hémodialyseur, Service d’Hémodialyse, Hôpital Militaire de Tunis BOUAKEZ Naoufel Médecin hémodialyseur Chef du centre d’hémodialyse, Clinique El Manar DHAHRI Sami Assistant Hospitalo-Universitaire, Anesthésiste Réanimateur, Service d’Anesthésie Réanimation, Hôpital Militaire de Tunis PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 3 FERJANI Mustapha Professeur, Anesthésiste Réanimateur, Chef de Service d’Anesthésie Réanimation, Hôpital Militaire de Tunis GHARSALLAH Hédi Assistant Hospitalo-Universitaire, Anesthésiste Réanimateur, Service d’Anesthésie Réanimation, Hôpital Militaire de Tunis HARZALLAH Kaies Assistant Hospitalo-Universitaire, Néphrologue, Unité de greffe d’Organes, Hôpital Militaire de Tunis HICHRI Noureddine Assistant Hospitalo-Universitaire, Anesthésiste Réanimateur, Service d’Anesthésie Réanimation, Hôpital Militaire de Tunis JEBALI Adel Maître de conférences Agrégé, Anesthésiste Réanimateur, Service d’Anesthésie Réanimation, Hôpital militaire de Tunis LABBENE Iheb Maître de Conférences Agrégé, Anesthésiste Réanimateur, Service d’Anesthésie Réanimation, Hôpital Militaire de Tunis LAMINE Khaled Maître de conférences Agrégé, Anesthésiste Réanimateur, Service d’Anesthésie Réanimation, Hôpital militaire de Tunis LEBBI Anis Assistant Hospitalo-universitaire, Anesthésiste Réanimateur, Service d’Anesthésie Réanimation, Hôpital militaire de Tunis TAGORTI Mohamed Médecin Hémodialyseur, Service d’Hémodialyse, Hôpital Militaire de Tunis 4 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION A mon maître Professeur Mohamed DHAHRI En hommage pour tout le travail réalisé dans le domaine de l’anesthésie réanimation et de l’hémodialyse en Tunisie PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 5 P R EA M BU LE Avant de parler de l’ouvrage, il m’est difficile de ne pas donner mes appréciations sur son auteur. Lorsque j’ai démarré ma carrière de médecin spécialiste au cours des années soixante dix au sein de l’hôpital militaire principal d’instruction de Tunis (HMPIT), j’ai eu le privilège d’avoir comme premier interne et par la suite comme premier résident le docteur Jalel Hmida à partir de 1978. Depuis cette date, nous sommes devenus inséparables. Je suis réellement fier de le considérer comme un fils et comme un ami. Il a été l’un des piliers principaux qui ont contribué à la création du département d’anesthésie réanimation et d’hémodialyse de l’HMPIT. Il s’est imposé par son sérieux, sa motivation, sa conscience professionnelle, sa rigueur et sa compétence dans le travail à un tel point que j’étais très heureux de lui confier la direction du centre d’hémodialyse de l’HMPIT en 1991. En 1992, nous avons relevé ensemble le défi de démarrer les premières greffes rénales de l’HMPIT. Et ce fut une brillante réussite qui lui a préparé le terrain par la suite pour la coordination des greffes d’organes dans notre hôpital puis plus récemment à la direction générale du centre national pour la promotion de la transplantation d’organes (CNPTO). Le docteur Jalel Hmida n’a pas usurpé ces responsabilités. Il les a bien méritées. Revenons à l’ouvrage qui était en gestation depuis au moins une dizaine d’années. Son indication se faisait sentir : *en raison de l’insuffisance rénale aigue qui devient une préoccupation essentielle à tous les anesthésistes réanimateurs avec le développement d’une chirurgie de plus en plus audacieuse et avec la fréquence croissante de la traumatologie lourde. *et parce que bientôt dans quelques années, plus d’un million de patients à travers le monde seront maintenus en vie par l’hémodialyse qui reste le traitement substitutif essentiel de l’insuffisante rénale chronique. Ce manuel s’adresse à des étudiants, des internes, des résidents, des praticiens, des néphrologues, des anesthésistes réanimateurs, des urologues, des internistes, des infirmiers, qui pratiquent dans un milieu de réanimation, de néphrologie ou d’hémodialyse. 6 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION Son but est de faire connaître des notions fondamentales de l’épuration extra-rénale, la durée et la fréquence de la dialyse, le monitorage per- dialytique, les différents modes d’épuration extra rénale, le choix d’une technique d’épuration extra rénale. Enfin ce manuel clair et didactique est le fruit de l’expérience et de la motivation d’un médecin qui force notre respect et notre estime et qui mérite nos compliments et nos remerciements. Mohamed DHAHRI Ancien chef de département d'Anesthésie Réanimation et d'hémodialyse à l'hôpital militaire principal d'instruction de Tunis PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 7 S O M M A I R E 9 I- INTRODUCTION II- MECANISMES PHYSICO-CHIMIQUES DE L’EPURATION EXTRARENALE II-1- Diffusion ou conduction II-2- Ultrafiltration ou convection II-3- Substitution 10 11 14 17 III- CIRCULATION SANGUINE EXTRACORPORELLE 18 18 20 20 21 22 24 IV- LE DIALYSAT 24 24 26 27 V- ULTRAFILTRATION ET SUBSTITUTION 33 VI- DUREE ET FREQUENCE DES SEANCES 35 VII- MONITORAGE PER-DIALYTIQUE 35 35 37 VIII- DIFFERENTS MODES D’E.E.R 40 IX- EFFETS SECONDAIRES DE L’E.E.R 43 43 44 44 46 46 46 47 X- CHOIX D’UNE TECHNIQUE D’E.E.R 47 CAS CLINIQUE 51 III-1- Accès au sang III-2- Circuit sanguin extracorporel III-3- Volume sanguin extracorporel III-4- Anticoagulation du circuit sanguin III-5- Filtre de dialyse III-6- Préparation du circuit sanguin extracorporel IV-1- Eau traitée IV-2- Concentrés de dialyse IV-3- Effets bénéfiques et délétères du dialysat VII-1- Monitorage du malade VII-2- Monitorage du générateur et de la technique IX-1- Syndrome de déséquilibre osmotique IX-2- Hypoxémie per-dialytique IX-3- Hypotension artérielle per-dialytique IX-4- Problèmes nutritionnels de l’E.E.R IX-5- Elimination des médicaments au cours de l’E.E.R IX-6- Effets secondaires liés à l’utilisation du circuit sanguin extracorporel IX-7- Effets délétères du dialysat 8 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION I- INTRODUCTION L’épuration extrarénale (E.E.R) en réanimation s’adresse essentiellement à des malades en insuffisance rénale aiguë (I.R.A) ou en insuffisance rénale chronique (I.R.C) qui présentent une ou plusieurs altérations de leurs fonctions vitales (cardio-circulatoire, neurologique, respiratoire etc…). C’est le cas notamment des insuffisants rénaux aigus polytraumatisés, brûlés, écrasés, septiques ou des insuffisants rénaux chroniques présentant un oedéme aigu pulmonaire de surcharge, un état de choc cardiogénique compliquant un infarctus de myocarde ou des suites post-opératoires compliquées de choc septique ou de détresse respiratoire. En plus de cette indication essentielle, on assiste depuis plusieurs années à un élargissement des indications de l’E.E.R à des malades sans altération de la fonction rénale, mais qui présentent un état septique grave, une acidose lactique sévère ou une insuffisance cardiaque avancée résistante au traitement digitalo-diurétique et en attente d’une greffe cardiaque. Les objectifs de l’E.E.R devant toutes ces situations visent à : 1. Pallier aux conséquences de la défaillance des fonctions rénales. 2. Eliminer certains médiateurs de l’inflammation (cytokines) chez les malades présentant un sepsis grave, un polytraumatisme majeur ou des brûlures étendues. 3. Maintenir un équilibre hydro-électrolytique et acido-basique proche de la normale (correction d’une acidose lactique, d'une dysnatrémie, d'un trouble de la volémie etc…). Malgré les avantages de l’E.E.R, certains effets secondaires lièes aux techniques d’E.E.R peuvent aggraver et alourdir le pronostic, c’est le cas du syndrome de déséquilibre dialytique à l’origine d’une aggravation de l’oedème cérébral ou de l’ultrafiltration pirate «water schift» à l’origine d’une hypovolémie avec altération de l’état hémodynamique. Ces effets secondaires peuvent être réduits par un choix approprié de la technique d’E.E.R. Ce choix doit tenir compte des avantages et des inconvénients de chaque technique et de la nature de la pathologie des malades de réanimation. PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 9 - Indications : E.E .R EN REANIMATION * I.R.A ou I.R.C avec atteinte d’une ou de plusieurs fonctions vitales * Autres (sepsis – brûlures étendues…) - Objectifs : *Pallier aux conséquences des défaillances des fonctions rénales *Eliminer les médiateurs de l’inflammation (cytokines) - Choix de la technique : Fonction de la pathologie, des avantages et des inconvénients de la technique II- MECANISMES PHYSICO-CHIMIQUES DE L’E.E.R Le remplacement des fonctions rénales par l’utilisation des différentes techniques d’E.E.R au cours de l’insuffisance rénale ne concerne que certaines d’entre elles (élimination de l’eau et des déchets du métabolisme azoté, équilibre hydro électrolytique, phosphocalcique et acido-basique). La production de l’érythropoïétine, l’activation de la vitamine D et le métabolisme de l’insuline ne sont pas concernés par l’E.E.R et nécessitent une prise en charge particulière. L’élimination de l’eau et des déchets azotés, l’équilibre hydro électrolytique, acido-basique et phosphocalcique au cours de l’E.E.R font appel aux propriétés physico-chimiques d’une membrane semi-perméable (filtre de dialyse ou dialyseur). Cette membrane semi-perméable est configurée le plus souvent sous forme de capillaires (10.000) au niveau du filtre de dialyse. (Figure 7). Figure 1 : diffusion à travers une membrane semi perméable Les échanges entre le sang du malade et la solution de dialyse reposent sur deux principes physico-chimiques : - la diffusion ou conduction (Figures 1,2,3) - l’ultrafiltration ou convection (Figure 3) 10 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION II-1- Diffusion ou conduction Le transfert par diffusion est un transfert passif de solutés à travers une membrane semi-perméable (M.S.P) selon un gradient de concentration existant de part et d’autre de la membrane. Le sens du transfert pour un soluté donné se fait de la solution la plus concentrée vers la solution la moins concentrée. La quantité de solutés traversant la membrane par diffusion (Nd) dépend de trois facteurs : - le coefficient de perméabilité de la membrane (Ko) - la surface efficace de la membrane (A) - la différence de concentration de part et d’autre de la membrane (∆.C) Nd = Ko .A . ∆ c II-1-1- Coefficient de perméabilité de la membrane (Ko) Pour passer au travers d’une membrane, le soluté doit traverser trois compartiments dans un sens ou dans un autre. Ces trois compartiments sont : le sang, la membrane semi perméable et le bain de dialyse. Ces différents milieux peuvent ralentir ou empêcher le passage du soluté en fonction de l’importance des résistances propres à chacun de ces trois compartiments. La somme de ces trois résistances (sang R.S, membrane R.M, bain de dialyse R.D) est appelée Ro (Ro = RS + RM + RD). Le coefficient global de perméabilité de la membrane Ko est l’inverse de la résistance (Ko = 1/Ro). Par conséquent chaque fois que la résistance augmente, le Ko diminue et la quantité de soluté Nd qui traverse la membrane par diffusion diminue. II-1-1-1- Résistance membranaire (RM) La résistance d’une membrane au passage d’un soluté donné dépend de son épaisseur, de la taille de ses pores et de ses propriétés physico-chimiques - Epaisseur : La diminution de l’épaisseur d’une membrane semi-perméable destinée à la dialyse permet une meilleure élimination des solutés. Cependant, cette diminution est limitée par la résistance mécanique de la membrane qui conditionne sa rupture en cas d’augmentation de la pression sanguine au niveau du capillaire. Actuellement l'épaisseur des membranes pour E.E.R peut être abaissée jusqu'à 8µ surtout pour les membranes semi synthétiques PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 11 dérivées de cellulose qui possèdent une résistance mécanique plus élevée que les membranes synthétiques (épaisseur à 30µ environ). - Diamètre des pores : Une membrane semi-perméable pour E.E.R possède une structure poreuse. La taille des pores conditionne le passage des solutés. Le transfert et le passage des solutés de faible poids moléculaire à travers les pores ne pose pas de problème quelle que soit la nature de la membrane. Pour les moyennes molécules la nature de la membrane intervient dans le transfert de ces solutés. C’est ainsi que pour les membranes synthétiques, (polysulfone, polyéther sulfone, polyacrylonitrile, polycarbone etc…) le passage des moyennes molécules dont le diamètre est supérieur à 1000 daltons (Vitamine B12, ß2 micro globuline, endotoxines…) est plus aisé que pour les membranes naturelles cellulosiques ou synthétiques dérivées du cellulose (type cuprophane, diacétate de cellulose, triacétate etc…). Cependant, ce passage reste faible même avec les membranes synthétiques en l’absence d’une ultrafiltration élevée (supérieure à 30 ml/Kg/h). Les éléments figurés du sang et les bactéries ne traversent pas la membrane de dialyse. (Figure 2) Figure 2 : Perméabilité de la membrane de dialyse aux différents constituants du sang et du dialysat - Moyennes molécules M.M (Vit B12, endotoxines, ß2 microglobuline). - Petites molécules P.M (Urée, Créatinine, Potassium, Sodium, Bicarbonate). - E.F.S = éléments figurés du sang. - M.S.P : Membrane semi-perméable 12 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION - Propriétés physico-chimiques : Ces propriétés conditionnent le transfert des solvants. C’est ainsi que certaines membranes améliorent l’élimination de l’eau et par conséquent les solutés contenus dans le solvant. Figure 3 : Substances épurées par diffusion et par ultrafiltration II-1-1-2- Résistance du film sanguin (R.S) La résistance au passage des solutés du compartiment sanguin vers le dialysât diminue proportionnellement avec la diminution de l’épaisseur du film sanguin. Actuellement l’épaisseur du film sanguin au niveau des capillaires ou des plaques peut atteindre 100 à 150µ permettant ainsi une diminution importante de la résistance du film sanguin. PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 13 II-1-1-3- Résistance du dialysat (R.D) La résistance au passage des solutés du compartiment dialysat vers le sang diminue avec l’augmentation du débit dialysat. Ce dernier favorise le balayage et le renouvellement permanent des couches limites avoisinant la membrane. Ro = RM + RS + RD - RM = résistance de la membrane - RS = résistance du film sanguin - RD = résistance du dialysat II-1-2- Surface efficace de la membrane (A) Plus la surface d’une membrane est grande et plus le transfert de solutés est important. La surface du filtre peut diminuer au cours de la séance d’E.E.R, on parle alors de surface efficace qui participe réellement aux échanges. La perte de surface de la membrane au cours de la séance de dialyse est due essentiellement à la thrombose d’un certain nombre de capillaires ou de plaques qui constituent le filtre pour E.E.R et à l’existence de bulles d’air au niveau du dialysat qui restent piégées entre les capillaires. ∆ .C) II-1-3- Gradient de concentration sang-dialysat (∆ Plus le gradient de concentration de part et d’autre de la membrane est grand, plus le transfert est important. Cette condition est réalisée quand : - Le bain de dialyse ne contient pas le soluté à éliminer (urée, créatinine …). - Le bain de dialyse circule à contre courant de la circulation sanguine. Cette circulation à contre courant permet de maintenir un gradient de concentration important tout au long des capillaires. Le transfert par diffusion est un transport passif de solutés du sang du malade vers le dialysat sans passage de solvant. Le transfert inverse, du dialysat vers le sang, est désigné sous le terme de rétro diffusion. II-2- Ultrafiltration ou convection Le transfert par convection est un transfert simultané du solvant et d’une fraction des solutés qu’il contient sous l’effet d’une différence de pression hydrostatique (Figure 3). 14 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION La quantité de solutés transférée par ultrafiltration (NUF) est égale: NUF = T x Cs x QF T = Coefficient de tamisage Cs = Concentration du soluté QF = Coefficient de filtration de la membrane II-2-1- Coefficient de tamisage Il est défini pour un soluté donné par le rapport de la concentration de ce soluté dans l’ultrafiltrat sur sa concentration au même moment dans le plasma (Figure 4). Ce coefficient de tamisage est égal à 1 pour les solutés de faible poids moléculaire (urée, créatinine) et ceci quelle que soit la nature de la membrane ; par contre pour les solutés de poids moléculaire élevé, ce cœfficient dépend pour un soluté donné essentiellement de la nature de la membrane. Il est beaucoup plus bas pour les membranes cellulosiques que pour les membranes synthétiques. Coefficients de tamisage (en%) comparés de la membrane basale glomérulaire et des membranes en polysulfone et en diacétate pour des solutés de poids moléculaire croissant Figure 4 : coefficient de tamisage du filtre selon sa nature II-2-2- Concentration du soluté (C.S)) C’est la concentration du soluté concerné dans le plasma au moment du recueil de l’ultrafiltrat. PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 15 II-2-3- Coefficient de filtration de la membrane (Q.F) Le coefficient de filtration de la membrane dépend de trois facteurs : le coefficient de perméabilité hydraulique de la membrane, la surface efficace et le gradient de pression de part et d’autre de la membrane. ∆ P - ∆ M) QF=KH • A • (∆ KH = Coefficient de perméabilité hydraulique de la membrane. Ce coefficient de perméabilité hydraulique est beaucoup plus important pour les membranes synthétiques. Il est exprimé en ml/m2/mmHg. Les filtres utilisés pour l’hémodialyse conventionnelle possèdent un coefficient de l’ordre de 10 à 15 ml/m2/mmHg et permettent une ultrafiltration horaire maximale de 3 à 5 litres. Cette limite est due au fait qu’à ces niveaux d’ultrafiltration, la pression transmembranaire (P.T.M) s’élève avec un risque de rupture du filtre qui devient possible quand la P.T.M sera proche de 400 mmHg. Par contre les filtres utilisés pour l’hémofiltration, l’hémodiafiltration et la biofiltration à 14‰ ont un coefficient de perméabilité hydraulique de l’ordre de 20 à 60 ml/m2/mmHg permettant ainsi une ultrafiltration horaire de l’ordre de 8 à 15 l/h. A = surface efficace de la membrane. exprimée en mètre carré (m2) ∆ P = différence de pression hydrostatique transmembranaire : cette différence de pression dépend de la pression du sang au niveau des capillaires du filtre et de la pression du dialysat entre ces mêmes capillaires. ∆ M= différence de pression oncotique transmembranaire. Elle dépend de la pression des protides au niveau du sang. Figure 5 : Poids moléculaire des substances impliquées dans les phénomènes inflammatoires du sepsis et du choc septique 30 kd : représente le point de rupture de la membrane au cours de l’hémofiltration 16 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION II-3- Substitution C’est la compensation d’une partie ou de la totalité du solvant ultrafiltré ou ultrafiltrat (Figure 3). La composition électrolytique et le volume de la solution de compensation dépendent : - de la perte d’eau et des électrolytes occasionnées par l’ultrafiltration de la technique d’E.E.R (Hémofiltration - biofiltration). - des perturbations électrolytiques et acido-basiques à corriger (en cas d’acidose lactique, le liquide de substitution choisi renferme un tampon bicarbonate et en cas d’hypercalcémie il doit être pauvre en calcium). L’efficacité de l’élimination des petites ou des moyennes molécules dépend du principe physico-chimique de la technique d’E.E.R utilisée. C’est ainsi que l’élimination des moyennes molécules est plus importante avec les techniques utilisant une composante convective élevée (hémofiltration, hémodiafiltration). L’élimination des solutés de faible poids moléculaire est plus importante avec les techniques d’E.E.R utilisant la diffusion et ceci pour les raisons suivantes : - faible résistance de la membrane au transfert de solutés et ceci quelle que soit la nature de la membrane. - gradient de concentration entre sang et dialysat important. Quant à l’élimination des moyennes molécules elle est beaucoup plus importante avec l’ultrafiltration et l’utilisation de membranes synthétiques possédant un coefficient d’ultrafiltration important et un coefficient de tamisage proche de un. Les trois mécanismes physico-chimiques de l’E.E.R (diffusion, ultrafiltration, substitution) permettent de compenser partiellement une partie des fonctions glomérulaires (ultrafiltration) et des fonctions tubulaires (diffusion, substitution). La combinaison et l’importance relative de l’une des trois composantes de l’E.E.R permettent d’obtenir quatre techniques d’E.E.R. (Tableau I) : - hémodialyse conventionnelle (H.D.C) - hémofiltration (H.F) - hémodiafiltration (H.D.F) - biofiltration sans acétate ou " acétate free biofiltration "(A.F.B) Ces différents modes d’E.E.R nécessitent le recours à une circulation sanguine extra corporelle, une production et une circulation du dialysat (C.D) (sauf pour l’hémofiltration) et une substitution dans les PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 17 modes d’E.E.R présentant une composante convective élevée telles que H.D.F, H.F et biofiltration. H.D.C H.F H.D.F A.F.B 14‰ A.F.B 84‰ Diffusion +++ 0 ++ ++ ++ Ultrafiltration + +++ ++ ++ + Sub stitution 0 +++ ++ ++ + Tableau I : Importance relative des mécanismes physico-chimiques de l’EER selon la technique utilisée III- CIRCULATION SANGUINE EXTRA CORPORELLE Cette circulation est assurée grâce à un accès au sang, un circuit sanguin (artériel et veineux), à un filtre de dialyse et à une pompe péristaltique. III-1- Accès au sang L’accès au sang pour l’hémodialyse (cathéter pour hémodialyse ou fistule artério-veineuse (F.A.V)) représente un élément important pour assurer une E.E.R adéquate. Les cathéters pour E.E.R possèdent une ou deux voies. Les cathéters à 2 voies sont préférés car ils permettent une circulation continue du sang dans le circuit sanguin extracorporel et par conséquent un risque de coagulation du circuit plus faible en plus d’une meilleure épuration. La voie du cathétérisme est la voie jugulaire interne, ou la voie fémorale. Le cathétérisme de la veine sous-clavière doit être évité étant donné que la thrombose post cathétérisme de cette veine peut compromettre une éventuelle confection de F.A.V homolatérale si le malade est au stade d’insuffisance rénale chronique avancée ou terminale, ou risque de le devenir. L’accès au sang pour l’hémodialyse quelle que soit sa nature doit répondre à deux impératifs : * Assurer un débit sanguin ≥ 200 ml/mn. * Avoir un taux de recirculation per-dialytique (T.R) < 15% Le taux de recirculation représente le pourcentage de sang épuré qui est repris par la pompe à sang au niveau du retour veineux de l’accès au sang pour être de nouveau épuré. Ce T.R est calculé (en mesurant l’urée au niveau de la ligne artérielle (U.A) et veineuse (U.V) du circuit sanguin extracorporel et au niveau d’une veine périphérique du malade (U.P ) selon la 18 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION formule suivante : UP - UA T.R = ________________ UP – UV Quel que soit le type d’accès au sang un T.R est toujours présent mais avec des valeurs acceptables qui varient entre 5 et 10%. Certaines situations peuvent augmenter ce T.R et rendent l’épuration peu efficace. Ces situations sont: l’épuration en unipuncture, un bas débit de l’accès au sang, une faible distance (inférieure à 5 cm) entre les points de ponction de l’artère et la veine de l’accès au sang. Le débit sanguin utilisé doit répondre à certaines normes. Quand la technique d’E.E.R comporte une composante convective importante (H.F, H.D.F), le débit sanguin doit augmenter de façon proportionnelle au débit de filtration prévue au cours de la séance afin d’éviter une élévation excessive du taux d’hématocrite et des protéines à l’origine d’une thrombose du filtre. Ce risque est diminué si une substitution prédilutionnelle est utilisée (injection du liquide de substitution avant filtre) et si la formule suivante est respectée. Débit UF ( mL/min) < 30 % Débit sanguin (mL/min) x ( 1 – Ht ) _________________________________________________ La clearance (Cl) d’une substance à épurer au niveau sang dépend en grande partie du débit de la pompe à sang. Un débit sanguin faible < 200ml/mn et/ou un taux de recirculation > 15% sont à l’origine d’une mauvaise élimination des petites molécules. Par contre un débit sanguin > 300 ml/mn n’entraîne pas une augmentation linéaire de la clearance des petites molécules. (Fig 6) Figure 6 : Clearance de l’urée (ml/mn) en fonction du débit sanguin au cours de l’hémodialyse PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 19 La clearance d’une substance se calcule comme suit : (CSE - CSS) Clearance = QS. ______________________________ CSE QS = débit sanguin C.S.E = concentration de la substance à l’entrée du filtre C.S.S = concentration de la substance à la sortie du filtre III-2- Circuit sanguin extra corporel (C.S.E.C) Ce circuit comprend une ligne artérielle qui achemine le sang vers le filtre ou dialyseur et une ligne veineuse qui assure le retour du sang épuré vers le malade. La circulation du sang dans le C.S.E.C est assurée par une pompe péristaltique. Le monitorage de cette circulation sanguine extracorporelle est réalisé grâce aux paramètres suivants : a- Monitorage de la pression au niveau de la ligne artérielle (P.A). Ce monitorage permet de détecter d’une manière précoce une diminution du débit sanguin au niveau de l’accès au sang (sténose ou thrombose partielle de la F.A.V, malposition de l’aiguille ou du cathéter etc…). b- Monitorage de la pression transmembranaire (P.T.M). Ce monitorage permet de surveiller la pression positive qui règne entre le sang et le dialysat de part et d’autre de la membrane. Cette P.T.M dépend du taux d’ultrafiltration horaire et de la nature du filtre. Pour un même volume d’ultrafiltration, elle est plus élevée pour les filtres possédant un coefficient de perméabilité hydraulique faible. Quand la P.T.M est inférieure à 50 mmHg le risque de rétrofiltration est possible (passage de certains contaminants du dialysat (endotoxines) vers le sang avec risque d’endotoxinémie). c- Monitorage de la pression au niveau de la ligne veineuse (P.V).Il permet de détecter un obstacle (coudure, thrombose, sténose…) au retour du sang vers le malade. d- Détecteur d’air au niveau du retour du sang vers le malade. Ce détecteur est placé au niveau du piège veineux. La surveillance permanente du sang veineux permet d’éviter le risque d’embolie gazeuse. III-3- Volume sanguin extra corporel C’est la somme du volume sanguin contenu dans le filtre et des tubulures du C.S.E.C. Ce volume qui est estimé entre 150 et 200 ml peut être à l’origine d’une altération de l’état hémodynamique du malade (baisse de la pression 20 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION artérielle, voire même d’un collapsus au branchement). Cette situation est observée chez les malades présentant un équilibre hémodynamique précaire. L’utilisation de filtres à grande surface majore ce risque. Le remplissage avant branchement avec du sérum physiologique ou avec des macromolécules diminue ce risque. III-4- Anticoagulation du C.S.E.C Afin d’éviter la coagulation du C.S.E.C, une anticoagulation du circuit est nécessaire. Plusieurs techniques d’anticoagulation sont proposées en fonction de l’importance du risque hémorragique : - Anticoagulation avec l’héparine standard ou héparines non fractionnées (H.N.F) - Anticoagulation avec les héparines de bas poids moléculaires (H.B.P.M) - Anticoagulation par rinçages répétés du C.S.E.C. Cette technique est préconisée chez les malades présentant un risque hémorragique important (hémorragie cérébrale, coagulopathies, suites chirurgicales, etc…). III-4-1-Héparine standard ou héparine non fractionnée (H.N.F). Cette anticoagulation est préconisée quand le risque hémorragique est faible ou nul (chirurgie septique des membres compliquée d’insuffisance rénale, toxémie gravidique sans coagulation intra vasculaire disséminée etc….). Les posologies habituellement utilisées sont de 10 à 20 U.I/kg dès le branchement suivies d’une perfusion de 10 – 15 U.I /kg/H. Des rinçages avec 100 ml de sérum physiologique toutes les 20 minutes permettent de détecter une coagulation précoce du circuit et d’ajuster les posologies de l’H.N.F. III-4-2- Héparines de bas poids moléculaire. Ces héparines sont utilisées chez les malades présentant une hémorragie contrôlée ou facile à maîtriser (insuffisance rénale et chirurgie vasculaire périphérique, rhabdomyolyse après écrasement de membres etc…). Toutes les H.B.P.M peuvent être utilisées (uniquement pour l’anticoagulation du CSEC) en injection unique au niveau de la ligne artérielle. La dose utilisée est adaptée en fonction du poids du malade et de l’importance du risque hémorragique. III-4-3- Rinçage du C.S.E.C. La technique du rinçage est utilisée chaque fois que le risque hémorragique est important et comportant de graves conséquences (E.E.R dans les suites PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 21 immédiates d’une chirurgie, cérebrale ou medullaire, d’une chirurgie vasculaire profonde, d’un traumatisme crânien avec lésions hémorragiques de l’encéphale etc…). Afin de réduire le risque de coagulation du circuit sanguin et du filtre, il faut pratiquer le rinçage avec du sérum physiologique en injectant un volume de 100ml au niveau de la ligne artérielle toutes les 10 à 15 minutes. L’utilisation de l’héparine pour la préparation du circuit (5000U dans 500 ml de sérum physiologique) peut être autorisée si le risque hémorragique n’est pas très important. Anticoagulation du C.S.E.C en fonction du risque hémorragique • Faible ou nul = Héparine standard • Moyen = H.B.P.M • Elevé = Rinçage III-5- Filtre de dialyse Les filtres utilisés au cours de l’E.E.R présentent des caractéristiques et des particularités qui sont variables d’un filtre à un autre. Par conséquent, le choix d’un filtre doit tenir compte de la technique d’épuration et de l’état du malade. III-5-1- Nature de la membrane du filtre On distingue 3 catégories de filtres en fonction de la nature chimique de leurs membranes : - Cellulosique (cuprophane). - Cellulose modifiée (hémophane, diacétate, triacétate, etc…). - Synthétique (polysulfone, polyethersulfone, polyamide, polyacrylonitrile etc…). Les filtres synthétiques et les filtres cellulosiques modifiés de troisième génération (Triacétate) sont les filtres les moins bioincompatibles. Ils sont moins thrombogènes et entraînent moins de réactions hémo-biologiques aiguës et chroniques. Ces réactions sont à l’origine de plusieurs manifestations cliniques telles que (hypotension artérielle, hypoxémie perdialytique, réactions anaphylactoïdes et réactions inflammatoires chroniques). Par ailleurs, ces filtres synthétiques sont plus performants pour l’élimination des moyennes molécules quand ils possèdent un coefficient de perméabilité hydraulique élevé et des pores permettant le passage des moyennes molécules. 22 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION Cellulosique Cellulose modifiée Synthétique Bioincompatibilité +++ ++ + Elimination des moyennes molécules + ++ +++ Thrombogénicité +++ ++ + Tableau II : Propriétés hémobiologiques des filtres utilisés au cours de l’E.E.R en fonction de la nature chimique de la membrane. III-5-2- Géométrie du filtre La configuration géométrique conditionne les échanges hydroélectrolytiques à travers la membrane de dialyse. La forme de filtre en bobine constituée d’un seul tube long de 1 m environ où circule le sang donne une perte de charge tout au long de ce tube et entraîne une variation importante de l’ultrafiltration. Cette configuration géométrique est délaissée actuellement. Les filtres en plaques formés de plusieurs plaques à deux feuillets où le sang circule sont encore utilisés. Cependant ces filtres présentent au niveau des zones de raccordement des feuillets une baisse du débit sanguin et par conséquent une baisse des échanges au niveau de ces zones. La configuration géométrique du filtre en capillaires (10. 000 capillaires par filtre de diamètre interne de 100 µ environ) est la forme la plus utilisée (Figure 7). Elle permet une maîtrise parfaite de l’ultrafiltration et des échanges conservés tout au long des capillaires. Figure 7 : structure et géométrie d’un filtre capillaire PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 23 III-5-3- Surface du filtre La surface du filtre donnée par le fabricant diminue tout au long de la séance et on parle alors de surface efficace. Cette surface efficace du filtre est la surface de la membrane semi-perméable qui participe réellement aux échanges. La perte de la surface d’échange au cours de la séance de dialyse par thrombose partielle ou totale des capillaires ou par l’existence de bulles d’air au niveau du dialysat piégées entre les capillaires, diminue considérablement les performances épuratives du filtre. La surface du filtre conditionne en partie, le volume sanguin extracorporel. Plus la surface augmente et plus le volume sanguin extracorporel est important. Habituellement le volume sanguin du filtre passe de 50 ml à 100 ml quand la surface du filtre passe de 1 à 2 m2. III-6- Préparation du circuit sanguin extracorporel La purge du circuit à l’aide d’une solution de sérum physiologique héparinée (1 à 2 litres renfermant 5.000 à 10.000 U.I d’une héparine non fractionnée) permet d’éliminer, les traces de stérilisants (oxyde d’éthylène), les pyrogènes et rend le circuit moins thrombogène. Par ailleurs cette purge permet de chasser l’air du circuit sanguin et surtout des capillaires du filtre afin d’éviter la perte de ces capillaires par thrombose précoce. IV- LE DIALYSAT Le dialysat est une solution électrolytique obtenue en mélangeant une solution très concentrée d’électrolytes et une eau traitée débarrassée de ses contaminants. Ce dialysat doit avoir une composition chimique permettant la correction des perturbations électrolytiques et acido-basiques ainsi que l’élimination des déchets du métabolisme azoté induites par l’insuffisance rénale et les pathologies associées. La correction de ces perturbations nécessite une adaptation de la composition chimique du dialysat en fonction des troubles à corriger. Dialysat = Concentré d’électrolytes + eau traitée IV-1- Eau traitée Etant donné la quantité d’eau utilisée pour produire le dialysat au cours de 24 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION la séance d’hémodialyse conventionnelle (H.D.C) ou d’hémodiafiltration (H.D.F) (120 litres en moyenne par séance de 4h) la solution la plus simple et la plus commode est l’utilisation de « l’eau de ville » pour la dilution instantanée des concentrés. Or « l’eau de ville » est riche en contaminants tels que le calcium, l’aluminium, les nitrates, les bactéries et les chlorures… Ces contaminants peuvent engendrer des pathologies graves telles qu’une encéphalopathie aluminique, une hémolyse, une endotoxinémie aiguë ou chronique etc… Par conséquent « l’eau de ville » doit être débarrassée de ses contaminants avant son utilisation pour la dilution des concentrés. Les procédés de purification de « l’eau de ville » reposent essentiellement sur l’utilisation des adoucisseurs, des osmoseurs et des filtres bactériologiques (Figure8). Ces procédés de purification de l’eau peuvent être regroupés dans une salle de traitement de l’eau qui alimente un ou plusieurs endroits en même temps ou bien exister sous forme d’une centrale mobile utilisable au lit du malade. Ce dernier procédé est très utile dans les services de réanimation surtout pour les malades non transportables pour des raisons hémodynamiques et/ou respiratoires. Eau de ville Adoucisseurs (élimination calcium et magnés ium) Charbon actif (élimination chlore, chloramines et matières organiques) Filtre bactériologique Osmoseurs (élimination nitrates, aluminium, mé taux lourds, endotoxines) Eau ultra pure Figure 8 : Procédé de fabrication de l’eau ultra pure. PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 25 IV-2- Concentrés de dialyse Il existe plusieurs solutions de concentrés utilisés pour l’E.E.R. Ces concentrés diffèrent essentiellement par la nature du tampon. On distingue : - Le concentré acétate - Le concentré bicarbonate - Le concentré biofiltration IV-2-1- Concentré acétate Le tampon utilisé est l’acétate. Ce concentré est conditionné dans un seul bidon. Le tampon acétate est à l’origine d’une mauvaise tolérance hémodynamique et d’hypoxemie perdialytique (vasodilation, effet shunt et consommation de l’oxygène par métabolisme de l’acétate en bicarbonate). IV-2-2- Concentré bicarbonate Le tampon utilisé est le bicarbonate de sodium. Ce concentré est conditionné dans deux récipients différents : un concentré de bicarbonate de sodium molaire et un concentré d’électrolytes appelé concentré acide. Ce dernier renferme en plus des électrolytes nécessaires pour la dialyse, une faible quantité d’acide permettant d’éviter la formation de cristaux de bicarbonate de calcium et de magnésium au cours de la dialyse. La formation de ces cristaux est néfaste pour le circuit du dialysat du générateur de dialyse (obstruction des tuyauteries, perturbation du monitorage de la conductivité et de la température). Par ailleurs le concentré bicarbonate est un milieu favorable pour le développement des bactéries. Bien qu’il soit conditionné d’une manière stérile, son utilisation après ouverture du bidon ne doit pas dépasser les 8 heures et ceci afin d’éviter sa contamination microbiologique. Le conditionnement du bicarbonate de sodium en poudre permet de réduire le risque bactériologique du dialysat. IV-2-3- Concentré biofiltration Ce concentré ne contient pas de solution tampon (ni bicarbonate, ni acétate). Il est conditionné dans un seul récipient. Ce concentré est autostérile de part sa richesse en sodium et l’absence de tampon. Il existe deux types de concentrés en fonction de la concentration de bicarbonate de sodium utilisé (concentré de bicarbonate à 14‰ ou 84 ‰). Ces concentrés de dialyse donnent après dilution avec l’eau traitée un dialysat dont la composition électrolytique standard figure dans le tableau III. 26 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION IV-3- Effets bénéfiques et délétères du dialysat Habituellement le dialysat a une composition standard (Tableau III). Chez le malade de réanimation et dans le but de corriger les perturbations électrolytiques et acido-basiques, le dialysat doit avoir une composition chimique adaptée à la nature et à l’importance des perturbations. Cependant malgré cette adaptation, des conséquences néfastes peuvent apparaître chez certains malades présentant des tares majeures. Acétate Bicar bonate Bio f iltration 14‰ Bio f iltration 84‰ Na+ Co3H Acétate K+ 140 140 140 124 0 32 0 0 38 6 0 0 2 2 2 2 Ca ++ ClMg++ Cond. (m. s/cm) 1,75 1,75 1,75 1,75 110 110 146 130 0,75 0,75 0,75 0,75 14,2 14,2 14,9 13,5 Tableau III : Composition électrolytique standard (mmol /l) et conductivité (m.s/cm) des différents dialysats utilisés au cours de l’E.E.R. IV-3-1- Le sodium Au cours de l’insuffisance rénale aigue, il existe une rétention d’eau et de sodium (perfusion hypotonique – production d’eau endogène etc…), cette inflation hydrosodée hypotonique est à l’origine d’une hyperhydratation globale et d’une hyponatrémie. Au cours de l’E.E.R, l’ultrafiltration (soustraction d’eau et de sodium) corrige seulement l’hyperhydratation extracellulaire et aggrave chez ces malades l’hyperhydratation cellulaire par diminution du pool sodé extracellulaire. Par conséquent, il est nécessaire de maintenir une concentration en sodium au niveau du dialysat supérieure à la natrémie du malade afin de corriger l’hyperhydratation cellulaire. Dans le cas contraire l’hyperhydratation cellulaire sera majorée avec comme conséquence une mauvaise tolérance hémodynamique et neurologique de l’E.E.R. La concentration du sodium au niveau du dialysat peut être modifiée en agissant sur la dilution du concentré par de l’eau traitée par augmentation de la conductivité dès le branchement ou en fixant un profil de conductivité tout au long de la séance (conductivité variable). La concentration du sodium au niveau du dialysat peut être connue au cours PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 27 de la séance de deux manières différentes : - dosage du sodium au niveau du dialysat (ionogramme du dialysat), c’est la technique de référence. - lecture de la conductivité au niveau du générateur. Cette conductivité est bien corrélée avec la concentration du sodium au niveau du dialysat. Cependant pour le dialysat de biofiltration qui renferme une concentration en chlore plus importante que les autres types de dialysat cette corrélation fait défaut. La concentration du sodium habituellement utilisée au niveau du dialysat est proche de la natrémie physiologique et ceci pour toutes les techniques de dialyse à l’exception de la technique de biofiltration à 84‰. Au cours de cette technique, la concentration de sodium au niveau du dialysat est maintenue basse afin de favoriser l’élimination du sodium en excès au niveau du plasma suite à la substitution du bicarbonate de sodium hypertonique. IV-3-2- Le tampon La molécule tampon du dialysat, doit être en mesure de corriger l’acidose métabolique secondaire à un défaut d’élimination des ions acides, associée ou non à une surproduction des lactates. Ces situations s’observent essentiellement au cours du choc septique, ou l’insuffisance hépatique grave. Deux types de tampon sont utilisés : - Le tampon acétate : utilisé au cours de la dialyse à l’acétate, son métabolisme hépatique et musculaire donne les ions bicarbonates. L’inconvénient majeur de l’acétate est son effet dépresseur myocardique et vasodilatateur avec comme conséquence une mauvaise tolérance hémodynamique perdialytique. Par ailleurs, la molécule d’acétate utilisée à des concentrations élevées (30 mmol/l) au niveau du dialysat, est à l’origine de plusieurs réactions de bioincompatibilité et nécessite une consommation importante d’oxygène pour sa transformation en bicarbonate. Pour toutes ces raisons la dialyse à l’acétate n’a aucune place dans un contexte de réanimation. - Le tampon bicarbonate : c’est un tampon physiologique, il est utilisé au cours de la dialyse au bicarbonate. Dans le concentré acide, il existe une faible quantité d’acétate nécessaire à la stabilité de la solution de bicarbonate. Cette faible quantité d’acétate peut être à l’origine d’une mauvaise tolérance hémodynamique per-dialytique chez certains malades présentant une insuffisance hépatique sévère ou une insuffisance cardiaque ou présentant une dénutrition avec cachexie. Afin d’éviter les inconvénients liés à l’utilisation du tampon au niveau du 28 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION dialysat, la technique de bio filtration utilise un dialysat sans tampon associé à une réinjection de bicarbonate de sodium stérile et apyrogène directement au niveau du sang permettant ainsi une bonne correction de l’acidose métabolique et évite les effets délétères de la présence du tampon au niveau du dialysat. De même au cours de l’H.F l’absence de dialysât et la correction de l’acidose par un apport direct de tampons au niveau du sang permettent d’éviter ces risques. Au cours de cette technique la substitution au bicarbonate est plus avantageuse que les lactates. La correction de l’acidose métabolique chez les malades de réanimation au cours de l’E.E.R a comme objectif : - Permettre un équilibre acido-basique normal sans hyperbasémie en postdialyse. - Atteindre une concentration plasmatique de bicarbonate au cours de la période inter dialytique supérieure ou égale à 18 meq/l. Ces deux objectifs peuvent être atteints en modifiant la dilution des concentrés au cours de la dialyse conventionnelle au bicarbonate et l’H.D.F ou en augmentant le débit de la substitution au cours de la bio filtration ou l’H.F. IV-3-3- Les autres électrolytes • Le potassium Afin de permettre l’élimination du potassium accumulé entre les séances (défaut d’élimination rénale, augmentation de la production par lyse cellulaire, transfert endogène du milieu intracellulaire vers l'espace extracellulaire) et d’éviter les risques liés à l’hyperkaliémie, le bain de dialyse doit avoir une concentration basse en potassium (2 à 2,5meq-l). Cependant, certaines situations pathologiques peuvent être aggravées par l’utilisation de ce bain telle que l’insuffisance cardiaque traitée par les digitaliques où la baisse brutale de la kaliémie risque d’entraîner des troubles du rythme cardiaque graves. De même, certaines situations d’hypokaliémie secondaires à l’existence de fistules digestives basses peuvent s’aggraver par la déplétion potassique per-dialytique. Dans de telles situations des bains enrichis en potassium (3 à 4 meq-l) ou un apport entéral ou parentéral contrôlé permettent de minimiser ces risques. • Le calcium L’hypocalcémie est constante au cours de l’insuffisance rénale. Elle est secondaire à un défaut d’activation de la vitamine D au niveau des reins. Un bain riche en calcium renfermant une concentration à 1,75 mmol-l permet PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 29 le plus souvent de corriger cette hypocalcémie. Parfois certains malades présentent une calcémie normale voir même élevée ; c’est le cas notamment des insuffisants rénaux chroniques avec hyperparathyroïdie secondaire ou les myélomes avec insuffisance rénale aiguë. Dans ces situations des bains renfermant une concentration plus faible en calcium (1.5 - 1,25 ou 1 mmol/l) peuvent être utilisés afin d’éviter le risque d’hypercalcémie post-dialytique. • Le chlore L’ion chlore présent au niveau du dialysat représente la somme des chlorures apportés par les autres constituants du dialysat (NaCl, KCl, CaCl2, MgCl2). L’absence de tampon dans le dialysat au cours de la bio filtration est à l’origine d’une élévation de la concentration du chlore au niveau du dialysat. Cette concentration élevée de chlore au niveau du dialysat est responsable d’une élévation de la chlorémie en post-dialyse. Cette hyperchlorémie post-dialytique est passagère car la chlorémie revient aux valeurs normales en post-dialyse ceci par passage du chlore dans les globules rouges en échange avec les ions CO3H. • Le magnésium La supplémentation du dialysat par du magnésium est nécessaire afin d’éviter le risque d’hypomagnésémie par perte à travers le filtre de dialyse. IV-3-4- Le glucose Le glucose est une molécule qui est facilement éliminée par le filtre lors de la séance d’E.E.R. La quantité de glucose perdue dépend de la nature du filtre, du volume de l’ultrafiltration, de la glycémie du malade, du débit sanguin et de la durée de la séance. Cette perte de glucose peut atteindre 60g par séance de dialyse de 4 heures et peut être à l’origine d’une hypoglycémie per-dialytique. Ce phénomène est aggravé par une augmentation de l’insulinémie par diminution du catabolisme rénal, une mauvaise élimination de l’insuline plasmatique par le filtre et une augmentation de la sensibilité des récepteurs à l’insuline au cours de la séance suite à la correction de l’acidose. Afin de diminuer le risque d’hypoglycémie au cours de l’E.E.R deux moyens peuvent être utilisés : soit en perfusant une solution de glucose au cours de la séance, soit en utilisant un bain de dialyse avec adjonction de glucose. Cette dernière solution est facile et moins chère néanmoins elle comporte un risque élevé de contamination bactériologique du dialysat. 30 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION IV-3-5- Débit du dialysat Le débit du dialysat est un facteur important dans l’épuration des petites molécules. Les générateurs actuels de dialyse permettent d’assurer un débit de dialysat variable allant de 300 jusqu’à 1000 ml/mn. Un débit dialysât très élevé permet une épuration rapide des petites molécules mais expose au risque de déséquilibre osmotique par contre un débit dialysât faible assure une épuration douce sans variation osmotique importante mais nécessite un temps plus long afin d’assurer une très bonne dialyse. IV-3-6- Température du dialysat La température au niveau du dialysat doit être maintenue très proche de la température physiologique afin de compenser les pertes caloriques secondaires à la circulation sanguine extracorporelle. Cependant certaines situations pathologiques peuvent bénéficier de la possibilité de variation de la température du dialysat telles que les hypothermies graves associées ou non à une altération de la fonction rénale. Dans ces situations le dialysat doit circuler, à un débit faible et enrichi en potassium afin d’éviter les risques d’hypokaliémie liés à l’épuration chez un malade sans insuffisance rénale. IV-3-7- Risque infectieux Ce risque infectieux est lié à l’utilisation d’un dialysat non stérile. Cette contamination du dialysat est rendue obligatoire par la nécessité d’utiliser une chaîne de traitement de l’eau (résines, charbon actif, canalisation etc…) pour la purification de l’eau utilisée pour la dilution des concentrés et par le chauffage de dialysat à 38° au niveau du générateur. Cette contamination du dialysat par des germes le plus souvent hydrophiles (pseudomonas) peut entraîner des manifestations endotoxiniques (frissons, fièvre et vasoplégie) surtout avec les filtres de très haute perméabilité qui sont perméables aux endotoxines. Afin de réduire le risque de contamination du dialysat et de ses conséquences certaines mesures doivent être entreprises : - Assurer une stérilisation périodique de la salle de traitement de l’eau et de la boucle de circulation (au moins une fois par mois). - Désinfecter les générateurs d’hémodialyse avant et après chaque séance de dialyse. - Surveiller le degré de contamination bactériologique du dialysat (une fois par mois avant et après stérilisation) et le maintenir à un taux le plus PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 31 faible possible. Les normes actuelles sont de 102 C.F.U/ml au niveau de l’eau traitée et de 103 C.F.U/ml au niveau du dialysat à l’entrée du filtre après 4 heures de fonctionnement. - Assurer une ultrafiltration obligatoire au moins égale à 300 ml/h afin d’éviter la rétro diffusion des endotoxines, surtout quand on utilise les filtres de très haute perméabilité hydraulique. - Eviter l’utilisation du glucose au niveau du dialysat. - L’utilisation d’un ultrafiltre au niveau du générateur permet de retenir une grande quantité d’endotoxines. Cette mesure représente la meilleure solution pour obtenir un dialysat de qualité endotoxinique proche de liquide de perfusion intraveineuse. Certains générateurs d’hémodialyse, utilisent un dialysat stérile et apyrogène conditionné en poche de 4 à 6 litres dans le but de réduire le risque infectieux lié à l’utilisation d’un dialysat contaminé. Cependant l’épuration au cours de cette technique est peu performante car le volume de dialysat utilisé est faible (20 litres en moyenne contre 120 litres pour l’H.D.C). Le risque lié à la contamination du sang au cours de l’E.E.R concerne essentiellement les virus de l’hépatite virale B et C et le virus de l’H.I.V. Cette contamination virale peut se faire : - par l’intermédiaire des capteurs de pression et des surfaces externes des générateurs. - la contamination du circuit dialysat par l’ADN viral surtout quand on utilise des filtres de haute perméabilité. - Lors de la manipulation des accès au sang. La prévention et la réduction du risque de contamination virale au cours de l’E.E.R passe par : • La désinfection des générateurs avant et après chaque séance par l’utilisation des produits virucides. • Le nettoyage des surfaces externes des générateurs. • L’utilisation des filtres au niveau des capteurs de pression. • L’isolement des malades et des générateurs en fonction de leurs statuts virologiques. 32 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION V- ULTRAFILTRATION ET SUBSTITUTION V-1- Ultrafiltration L’ultrafiltration représente un des deux mécanismes essentiels de l’E.E.R (ultrafiltration ou convection). Cette ultrafiltration est le seul moyen permettant d’éliminer la surcharge hydro sodée et de ramener le malade à son poids sec ou idéal. La performance épurative de l’ultrafiltration pour les petites molécules (urée, créatinine, potassium etc…) est médiocre. Par contre elle est bonne pour les moyennes molécules (médiateurs de l’inflammation, ß2 microglobuline). Cette performance épurative est d’autant plus importante avec l’augmentation du volume ultrafiltré. Ce volume varie en fonction de la technique (2 à 6 l/séance pour l’hémodialyse conventionnelle et la B.S.A à 84‰, 10 à 20 l/séance pour l’hémofiltration, l’hémodiafiltration et la B.S.A à 14‰). Cependant quelque soit le volume ultrafiltré la perte de poids du malade doit être contrôlée et ajustée par : - un choix adéquat du filtre (cœfficient de perméabilité hydraulique élevé quand le volume à ultra filtrer est important). - Une substitution programmée en fonction de la perte du poids souhaitée pour le malade. - Un monitorage fiable de l’ultrafiltration et de la substitution surtout pour les techniques utilisant une composante convective importante évitant ainsi le risque de surcharge ou d’hypovolémie. Le débit sanguin utilisé au cours des techniques utilisant une composante convective importante doit être au moins égal à 300 ml/mn, permettant ainsi d’éviter la coagulation du filtre par ultrafiltration excessive de l’eau plasmatique. Pour l’H.D.C et afin d’éviter le risque de rétro diffusion (passage des substances non désirées du dialysat vers le sang telles que : urée, créatinine, endotoxines …), une ultrafiltration égale ou supérieure à 300 ml/h est obligatoire. Dans les situations où cette ultrafiltration risque d’induire une intolérance hémodynamique (malade hypovolémique) la substitution instantanée par du sérum physiologique du volume ultrafiltré permet d’éviter ce risque (ultrafiltration avec un bilan nul ou positif). V-2- Substitution Cette substitution permet d’une part de corriger les perturbations induites par la pathologie causale, l’insuffisance rénale et d’autre part les perturbations induites par la composante convective. En effet la convection n’est pas PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 33 sélective et entraîne une élimination des bonnes et des mauvaises molécules présentes dans le plasma du malade (urée, glucose, acides aminés, cytokines, sodium…). Cette substitution est surtout utilisée dans les techniques avec une composante convective importante. La nature du liquide de substitution est fonction des perturbations hydro électrolytiques et acido-basiques à corriger. C’est ainsi qu’en cas d’acidose métabolique sévère et plus particulièrement en cas d’acidose lactique chez un malade insuffisant rénal aigu dialysé en hémofiltration, le tampon du liquide de substitution doit être le bicarbonate et non le lactate. De même, en cas d’hypercalcémie menaçante le liquide à substituer doit être pauvre en calcium. La technique de substitution peut se faire avant le filtre (pré dilution) ou après le filtre (post-dilution) : La substitution en pré dilution : • Permet une réduction des besoins en anticoagulants pendant la séance par une baisse de l’hématocrite et une amélioration de la rhéologie sanguine. • Autorise une ultrafiltration importante même avec un débit sanguin à 300ml/mn sans risque de coagulation du filtre. • Cette technique diminue les performances de l’épuration. La substitution en post-dilution : • permet une meilleure performance de l’épuration. • nécessite un débit sanguin adapté au débit d’ultrafiltration (voir formule chapitre III-1) afin d’assurer une bonne ultrafiltration sans risque important de coagulation du filtre. Le couplage des deux fonctions (ultrafiltration et substitution) au cours de l’E.E.R permet : - Un contrôle hémodynamique parfait et une très bonne tolérance hémodynamique per-dialytique (compensation parfaite de la perte sodique et absence de déséquilibre dialytique). - Un contrôle parfait des perturbations électrolytiques, acido-basiques et métaboliques et ceci en ajustant la nature et la quantité des substances à substituer. Le liquide de substitution utilisé actuellement en réanimation est conditionné dans des poches de 4 à 5 litres. Ce liquide est stérile et apyrogène et répond aux normes des liquides utilisés pour la perfusion intraveineuse. Cependant le coût de ces poches est important. 34 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION Grâce à l’introduction des ultrafiltres au niveau des générateurs d’hémodialyse, une substitution à partir du dialysat est possible. Ces techniques appelées hémofiltration ou hémodiafiltration en ligne sont utilisées actuellement chez les malades dialysés chroniques pour favoriser l’élimination des moyennes molécules. L’innocuité endotoxinique de ces techniques est démontrée chez les insuffisants rénaux chroniques par contre ces techniques ne sont pas encore validées en réanimation. VI- DUREE ET FREQUENCE DES SEANCES La technique d’E.E.R chez le malade de réanimation doit être en mesure de maintenir l’équilibre hydro électrolytique, acido-basique et les autres constantes biologiques (calcémie, phosphorémie, bilan azoté etc.…) proches des normes physiologiques sans fluctuations importantes entre et pendant les séances. Les techniques continues (CVVHD, CVVH, CVVHDF) permettent de mieux atteindre ces objectifs mais certains inconvénients limitent parfois leurs utilisations : - Coagulation fréquente des filtres - Charge de travail très importante - effets délétères d’une C.E.C en continue Les techniques discontinues mais quotidiennes permettent aussi d’atteindre les objectifs précités à condition de les utiliser pour une durée appropriée. La dose de dialyse délivrée au malade peut être quantifiée par le rapport K.T/V de l’urée. Ce paramètre permet d’apprécier la quantité d’urée extraite du malade. La dose de dialyse chez les malades insuffisants rénaux en situation d’agression doit être de 1,0 à 1,2/j. VII- MONITORAGE PER-DIALYTIQUE Ce monitorage doit assurer une parfaite sécurité au malade et garantir l’efficacité de la séance. Il est double : - Monitorage du malade - Monitorage du générateur et des paramètres de la technique d’E.E.R VII-1- Monitorage du malade VII-1-1- Surveillance hémodynamique L’hémodynamique du malade doit être surveillée par une pression non inPRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 35 vasive. Dans certaines situations, devant des variations volémiques importantes, une surveillance de l’hémodynamique du malade par pression sanglante s’impose. Dans ce cas, il faut éviter le cathétérisme de l’artère radiale et préférer le cathétérisme de l’artère pédieuse ou fémorale afin de préserver au maximum le capital vasculaire nécessaire pour la confection des fistules artérioveineuses en cas de passage à l’insuffisance rénale chronique. VII-1-2- Surveillance neurologique Cette surveillance est clinique (Score de Glasgow, réflexes du tronc). Chez certains malades qui présentent une hypertension intra cranienne (traumatisme cranien, accident vasculaire cérébral, tumeurs …), la surveillance doit être plus rigoureuse avec de préférence un monitorage de la pression intracrânienne. Par ailleurs l’épuration au cours de la séance ne doit pas être rapide et trop performante afin d’éviter les complications neurologiques (convulsions, engagement) secondaires au syndrome de déséquilibre dialytique. VII-1-3- Monitorage de la température La température doit être surveillée au cours d’une séance d’E.E.R pour les raisons suivantes : - Le risque de décharges bactériennes chez les malades septiques est fréquent au cours de la séance d’E.E.R (baisse du nombre de leucocytes, activation des médiateurs de l’inflammation etc…). - Le risque d’endotoxinémie par transfert à partir d’un dialysat contaminé n’est pas nul VII-1-4- Monitorage respiratoire La surveillance respiratoire des malades dialysés en milieu de réanimation doit être rigoureuse devant le risque de décompensation respiratoire secondaire à l’hypoxie perdialytique par séquestration leuco plaquettaires au niveau de la circulation pulmonaire. Par ailleurs, certains malades bronchopathes chroniques en décompensation aigue peuvent s’aggraver par hyperbasémie si la concentration du bicarbonate utilisée au niveau du dialysat n’est pas appropriée. Cette surveillance respiratoire doit comporter au minimum une surveillance de la fréquence respiratoire et de la saturation artérielle en oxygène. La gazométrie artérielle si elle est nécessaire doit tenir compte du respect du capital vasculaire. 36 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION VII-1-5- Poids Le monitorage per dialytique du poids est un paramètre très important pour déterminer le volume net d’ultrafiltration, la perte du poids perdialytique et le poids sec du malade. Ce monitorage du poids est assuré par la pesée continue au cours de la séance ou au minimum avant et après séance. VII-1-6- Monitorage de la volémie plasmatique Ce monitorage est assuré au niveau des générateurs de dialyse de nouvelle génération grâce à la mesure du taux d’hémoglobine au cours de la séance. La variation de ce taux entre un intervalle de temps donne une évaluation précise de la variation de la volémie plasmatique (en pourcentage) au cours de cet intervalle. Ce monitorage de la volémie au cours de la séance permet d’avoir une idée de la tolérance hémodynamique face à l’ultrafiltration. En effet le monitorage couplé de la pression artérielle et de la volémie plasmatique permettent d’apprécier les limites de la tolérance hémodynamique pour une ultrafiltration donnée. Grâce à ce monitorage les hypotensions artérielles perdialytiques peuvent être réduite par un ajustement programmable de l’ultrafiltration et de la conductivité du dialysat. (variation de la concentration du sodium) VII-1-7- Monitorage de la conductivité plasmatique Ce monitorage est rendu possible grâce à la mesure de la conductivité du dialysat à l’entrée et à la sortie du filtre pour deux conductivités du dialysat différentes. Ce monitorage de la conductivité plasmatique permet d’adapter la concentration du sodium au niveau du dialysat pour réduire le risque du syndrome de déséquilibre dialytique et d’hypotension artérielle. VII-2- Monitorage du générateur et de la technique Ce monitorage permet d’assurer la sécurité du malade au cours de la séance. Toute anomalie au niveau des paramètres techniques surveillés, entraine le déclenchement des alarmes visuels et sonores avec arrêt du dialysât (bypass) et/ou de la circulation du sang protégeant ainsi le patient des risques liés au dysfonctionnement du générateur. En plus de la sécurité, la performance de la séance peut être monitorée au niveau de certains générateurs. Les paramètres techniques à monitorer sont : PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 37 VII-2-1- La pression transmembranaire (P.T.M) L’augmentation de cette P.T.M fait suspecter une coagulation du filtre ou du circuit veineux. Son abaissement doit faire rechercher une prescription d’ultrafiltration trop basse par rapport au cœfficient de perméabilité hydraulique du filtre. Cette diminution importante de la P.T.M (inférieur à 50) peut comporter un risque de rétro diffusion avec une mauvaise qualité épurative et un passage d’endotoxine à partir du dialysat. VII-2-2- La conductivité Elle mesure la charge électrique du dialysat. Cette conductivité est bien corrélée avec la concentration du sodium au niveau du dialysat. Cette corrélation doit être vérifiée régulièrement (au moins une fois par semaine) par la mesure de la concentration du sodium du dialysat au laboratoire. La surveillance de la conductivité au cours de la séance permet de détecter des anomalies soit au niveau des concentrés de dialyse (concentrés précipités, inversion de concentrés) ou au niveau des pompes d’aspiration des concentrés du générateur. Ces anomalies se manifestent le plus souvent par une baisse de la conductivité. Par contre, l’augmentation de la conductivité traduit le plus souvent un défaut d’étalonnage de la sonde de mesure de la conductivité. VII-2-3- La pression veineuse Le monitorage de la pression veineuse au niveau du circuit sanguin extra corporel (circuit de retour sanguin) permet de détecter : • un obstacle (coudure du circuit de retour, thrombose de l’accès au sang) • une thrombose partielle ou totale du piège veineux. VII-2-4- La pression artérielle Le monitorage de la pression artérielle au niveau du circuit sanguin extra corporel (circuit malade – filtre) renseigne sur le débit de l’accès au sang (fistule, cathéter). En cas de baisse de la pression artérielle, il faut suspecter une thrombose partielle ou totale de l’accès au sang, une coudure au niveau du circuit ou un débit sanguin demandé plus important que les possibilités de l’accès au sang. VII-2-5- Détecteur de l’Hémoglobine au niveau du dialysat La détection d’hémoglobine au niveau du dialysat traduit une rupture du filtre le plus souvent secondaire à un défaut de fabrication et favorisée par une 38 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION augmentation de la P.T.M. Cette rupture du filtre expose à deux risques: • Hémorragique • Infectieux VII-2-6- Détecteur d’air au niveau de la ligne veineuse (circuit sanguin du retour) La détection de la présence des bulles d’air au niveau du circuit de retour permet de prévenir l’embolie gazeuse. Cet accident est devenu actuellement rare avec les progrès techniques de l’industrie des générateurs. Cependant cet accident peut toujours survenir si les règles de sécurité lors du branchement du malade et de la restitution ne sont pas respectées. VII-2-7- Température du dialysat Le monitorage de la température du dialysat permet un ajustement de la température du sang du malade (réchauffement du malade en cas d’hypothermie, ou refroidissement modéré afin d’améliorer la tolérance hémodynamique). VII-2-8- Débit d’Ultrafiltration horaire L’ultrafiltration horaire réalisée est mesurée au niveau du générateur. Elle doit être comparée avec l’ultrafiltration nette réellement réalisée en fin de séance par pesée du malade. Cette dernière est égale à l’ultrafiltration réelle diminuée de la substitution. VII-2-9- Débit de substitution Le débit de substitution au cours des techniques utilisant la substitution comme composante essentielle (H.F, H.D.F et B.S.A) est ajusté par rapport à l’ultrafiltration totale afin d’obtenir la perte de poids souhaitée. Une défaillance technique au niveau du débit d’ultrafiltration ou de substitution est délétère pour le malade. Le couplage et le monitorage de ces deux paramètres permettent d’éviter les risques de surcharge ou d’hypovolémie. La fiabilité actuelle des générateurs d’E.E.R permet d’assurer une sécurité optimale pour les malades à condition que ces générateurs soient bien entretenus et calibrés. VII-2-10- Performance de la séance d’E.E.R L’évaluation des performances épuratives de la séance peut être jugée sur les deux paramètres suivants : PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 39 K.T a- Le rapport ___________ de l’urée qui doit être au moins égal à 1 par jour. V Ce rapport est calculé par la formule suivante : K.T ___________ V U AV Urée = 1,2 logn ___________ U Ap U Av = Urée avant séance U Ap = Urée après séance logn = logarithme nipérien Actuellement les nouvelles générations des générateurs de dialyse assurent instantanément la surveillance de ce paramètre en se basant sur la dialysance (ou performance diffusive) du sodium qui est égale à la dialysance de l’urée. Le calcul de la dialysance du sodium est réalisé par le générateur grâce à l’analyse de la conductivité du dialysat (bien corrélée avec la concentration du sodium) à l’entrée et à la sortie du filtre de dialyse. b- Le pourcentage de réduction de l’urée. U AV - U AP Ce pourcentage est calculé comme suit : _____________________ U AV En milieu de réanimation et afin de réduire le risque de déséquilibre dialytique. Ce pourcentage doit être compris entre 50 et 60%. VIII- DIFFERENTS MODES D’E.E.R Plusieurs éléments s’intègrent pour définir le mode de l’E.E.R. (Figure 9) Ces éléments sont : VIII-1- Les mécanismes physico-chimiques de l’E.E.R Toutes les techniques d’E.E.R à l’exception de l’hémofiltration utilisent la composante diffusive. L’ultrafiltration est présente pour toutes les techniques mais avec un taux élevé pour l’hémofiltration, l’hémodiafiltration et la biofiltration à 14 pour mille. Cette ultrafiltration importante nécessite obligatoirement une substitution avec un liquide approprié. 40 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION VIII-2- Nature du dialysat Au cours de la bio filtration, le dialysat utilisé est sans tampon. Pour l’H.D.C, la nature du tampon définit la technique H.D.C au bicarbonate ou H.D.C à l’acétate (délaissée actuellement). VIII-3- Nature de la substitution La substitution peut se faire à partir d’un liquide conditionné dans des poches ou produit instantanément à partir du dialysat (c’est le cas de l’hémofiltration ou hémodiafiltration en ligne). Au cours de la biofiltration, la concentration du bicarbonate de sodium définit la technique (biofiltration à 14 ou à 84 pour mille). PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 41 CVVHDF Hémodialyse Hémodiafiltration Dialys a t entrée entrée Dialysat Retour Retour Réinjection (pré ou post dilution ) Hémofiltrat Continue CVVH Veino-veineuse S Ultrafiltrat Ultrafiltrat Hémofiltration Biofiltration 14‰ ou 84‰ entrée Retour entrée Dialysat Retour Réinjection Réinjection (pré ou post dilution ) Bicarbonate 14‰ ou 84 ‰ Ultrafiltrat Ultrafiltrat Figure 9 : Les différents modes d’E.E.R. • Circuit sanguin • Circuit dialysat et ultrafiltration • Substitution 42 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION IX- EFFETS SECONDAIRES DE L’E.E.R L’E.E.R permet actuellement de remplacer la défaillance rénale aigue ou chronique avec des résultats remarquables. Cependant cette technique d’assistance artificielle n’est pas dénuée de risques. Il s’agit de variations osmotiques et volémiques rapides et des réactions d’hémobio-incompatibilité. IX-1- Syndrome de déséquilibre osmotique L’élimination rapide des déchets du métabolisme azote (urée) entraîne une baisse brutale de l’osmolarité plasmatique qui n’est pas suivie immédiatement par une baisse de l’osmolarité cellulaire (l’urée quitte lentement la cellule). Cette situation est à l’origine d’un déséquilibre osmotique avec transfert d’eau du compartiment interstitiel vers le compartiment cellulaire et d’un oedème cellulaire (cérébral, endothélial etc…). Cet œdème cellulaire est d’autant plus grave que le dialysat renferme un taux de sodium inférieur à la natrémie du malade à l’origine d’une perte de sodium par diffusion et hyponatrémie (figure 10). Dialysat Sang Na D UF < Cellule Uré e Urée (U.F) Interst itium Na + Na+ NaS Na+ H20 OSM E.C H20 H20 Urée < OSM.C œdè me cellulaire Contraction du volume extra cellulaire (hypovolémie) Figure 10 : Mode d’installation du déséquilibre osmotique Les conséquences du déséquilibre osmotique sont : - œdème cérébral avec augmentation de la pression intracrânienne et risque d’engagement cérébral. - œdème endothélial et baisse de la réactivité vasculaire - Hypovolémie par transfert d’eau du compartiment extracellulaire vers le compartiment cellulaire (ultrafiltration pirate ou water schift) avec comme conséquences : hypotension, crampes, mauvaise tolérance héPRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 43 modynamique. Cette hypovolémie est aggravée par une ultrafiltration inappropriée. La prévention repose sur : - Utilisation d’un dialysat hypertonique permettant le maintien d’une osmolarité plasmatique constante (d’où l’intérêt du monitorage de la conductivité plasmatique). - Eviter les hypoglycémies secondaires à la perte de glucose par le filtre (apport de glucose). - Utilisation des techniques qui entraînent peu de variations osmotiques perdialytiques telles que l’hémofiltration, la biofiltration à 84‰ et la dialyse quotidienne courte. - Utiliser un filtre à faible surface, un débit sanguin entre 200-250 ml/min et un débit du dialysat égal à 300 ml/min. IX-2- Hypoxémie per-dialytique L’E.E.R, peut être à l’origine d’une hypoxémie ou l’aggraver (pneumopathie, BPCO, SDRA…). Cette hypoxémie se voit surtout dans les situations suivantes : - Une alcalose métabolique secondaire à l’utilisation d’un bain bicarbonate renfermant un taux de bicarbonate > 25 meq/l chez un malade ayant une broncho-pneumopathie chronique en ventilation spontanée. - Utilisation des filtres bioincompatibles (cellulosiques ou dérivés de cellulose) qui sont à l’origine d’une altération de l’activité leucocytaire et plaquettaire avec séquestration de ces derniers au niveau des capillaires pulmonaires et effet shunt. IX-3- Hypotension artérielle per-dialytique L’intolérance hémodynamique représente l’incident le plus fréquent au cours des séances d’E.E.R. Cette intolérance hémodynamique est d’autant plus grave pour les malades présentant un état cardio-circulatoire instable (choc septique, insuffisance cardiaque etc.…). L’origine de cette hypotension artérielle per-dialytique est multifactorielle. IX-3-1- Ultrafiltration inappropriée à l’état du malade L’ultrafiltration est le moyen nécessaire pour ramener le malade à son poids sec ou à son poids idéal. Cette ultrafiltration intervient dans un premier temps dans le secteur vasculaire. Un transfert d’eau du secteur interstitiel vers le secteur vasculaire va suivre suite à une augmentation de la pression 44 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION oncotique et une baisse de la pression hydrostatique. Ce transfert de liquide du secteur interstitiel vers le secteur vasculaire ou «plasma refelling rate» n’est pas instantanée. Ce retard du transfert peut expliquer les hypotensions artérielles, voir les collapsus qu’on peut voir lors des ultrafiltrations rapides et inappropriées. IX-3-2- Déséquilibre osmotique La baisse brutale de l’osmolarité extracellulaire (baisse de l’urée, hyponatrémie par ultrafiltration et diffusion quand on utilise un bain pauvre en sodium) est à l’origine d’une hypovolémie extracellulaire et transfert d’eau dans la cellule ou «Water shift». Ce transfert d’eau dans la cellule diminue les possibilités du «refilling rate» et altère les réponses cardio-circulatoires par œdème endothelial et myocardique. IX-3-3- Altération des réponses appropriées face à l’hypovolémie L’insuffisance rénale chronique terminale est caractérisée par une altération du système baroréflexe et des troubles de la fonction diastolique. Ces deux anomalies diminuent les performances cardio-circulatoires face à une hypovolémie. Certaines pathologies aiguës en réanimation notamment les sepsis graves altèrent aussi les performances cardio-circulatoires et exposant au risque d’hypotention artérielle face à l’ultrafiltration. IX-3-4- Contamination du dialysat et endotoxinémie Un dialysat contaminé secondaire à une stérilisation défaillante du système de traitement de l’eau ou du générateur d’hémodialyse expose le malade au risque d’altération de l’état hémodynamique par endotoxinémie. Ce risque devient réel à partir d’un taux de contamination microbiologique du dialysat de 102 C.F.U/ml au début de la dialyse et de 103 C.F.U/ml en fin de dialyse. IX-3-5- Réactions anaphylactoïdes Le circuit sanguin extracorporel et notamment le filtre de dialyse peut exposer le malade surtout lors des premières utilisations, au risque de réactions anaphylactoïdes « first used syndrome ». Cependant ce risque est faible et peut être réduit par rinçage approprié du circuit permettant une élimination correcte des pyrogènes. IX-3-6- Elimination des catécholamines L’utilisation des techniques de dialyse avec une composante convective très PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 45 importante (H.F.C ou H.D.F) et l’utilisation de membranes de très haute perméabilité pour les moyennes molécules sont responsables d’une élimination plus ou moins importante des catécholamines endogènes et exogènes. Cette perte est à l’origine d’une mauvaise tolérance hémodynamique à l’ultrafiltration au cours de l’E.E.R. IX-4- Problèmes nutritionnels de l’E.E.R L’E.E.R représente une agression inflammatoire aiguë avec hypercatabolisme. Par ailleurs, les filtres et les techniques qui utilisent une composante convective importante sont à l’origine d’une déperdition en acides amines, en glucose, en vitamines et en oligoéléments. Cette situation risque d’entraîner un état de dénutrition grave si on ne prévoit pas une compensation adéquate (alimentation entérale et parentérale). IX-5- Elimination des médicaments au cours de l’E.E.R La prescription et les posologies des médicaments doivent tenir compte du métabolisme du produit (élimination, rénale hépatique…), et de son degré d’élimination par le filtre et par la technique utilisée (composante convective). C'est dire l’importance des dosages des médicaments chaque fois que cette possibilité est offerte. En l’absence de cette possibilité, et afin d’éviter le sous ou le sur dosage des médicaments il faut suivre les recommandations relatives à la prescription des médicaments chez le dialysé. IX-6- Effets secondaires liés à l’utilisation d’une circulation sanguine extra corporelle. IX-6-1- Embolie gazeuse Accident rare mais grave. Il relève soit d’une défaillance technique du détecteur d’air au niveau du retour veineux ou bien du non respect des normes de sécurité lors de la restitution du sang vers le malade. IX-6-2- Rupture du filtre Par défaut de fabrication ou par l’utilisation d’une ultrafiltration inappropriée au filtre. Cette rupture est à l’origine de contamination bactérienne du sang par le dialysat. IX-6-3-Thrombose et coagulation du circuit sanguin extracorporel Cet incident diminue la qualité des échanges (surface du filtre) est source 46 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION d’une spoliation sanguine. Cette coagulation est secondaire à une mauvaise adaptation de l’anticoagulation à l’état du malade. IX-6-4- Hémolyse aiguë Le passage des hématies à travers les capillaires des filtres et l’écrasement de ces derniers par la pompe à sang sont responsables d’une hémolyse qui est le plus souvent minime. Cette situation risque de s’aggraver quand les globules rouges sont exposés à des contaminants qui fragilisent leur paroi notamment les chloramines qui peuvent contaminer le dialysat en cas d’un mauvais fonctionnement de la centrale de traitement de l’eau. IX-7- Effets délétères du dialysat (voir chapitre IV-3). X- CHOIX D’UNE TECHNIQUE D’E.E.R. Une technique d’E.E.R adéquate en réanimation doit être à la fois performante et comporte peu de risque pour le patient. La performance de la technique doit ramener les constantes biologiques, altérées par l’insuffisance rénale, à des valeurs proches des normes physiologiques. Le rythme des séances doit éviter les variations importantes de ces constantes biologiques entre les séances et au cours des séances. Tous ces objectifs ne peuvent être atteints que par une connaissance parfaite: - du profil pathologique des malades de réanimation qui nécessitent l’E.E.R - des avantages et des inconvénients des différents modes d’E.E.R X-1- Profil pathologique des malades X-1-1- Altération de l’état hémodynamique Plusieurs tableaux peuvent se voir en réanimation : - le sepsis grave et le choc septique avec baisse des résistances vasculaires, hypovolémie et baisse de la contractilité myocardique. - Le post-opératoire de certaines pathologies digestives (péritonite, pancréatite) avec hypovolémie secondaire au troisième secteur associée ou non a un sepsis. Parfois, il s’agit des suites post-opératoires d’une chirurgie cardiaque avec bas débit cardiaque et insuffisance rénale. - Le contexte de polytraumatisme avec hypovolémie, par hémorragie, œdème post-traumatique, syndrome d’ischémie-reperfusion ou rhabdomyolyse. PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 47 X-1-2- Trouble de l’équilibre hydrosodé - Le plus souvent, il existe un état d’hyperhydratation extracellulaire mais avec une mauvaise répartition de l’eau entre le secteur interstitiel et le secteur vasculaire. En effet, dans le contexte de réanimation, l’hyperperméabilité capillaire et la baisse de la pression oncotique favorisent la séquestration d’eau dans le secteur interstitiel. De ce fait, la tolérance hémodynamique à l’ultrafiltration est faible. - Parfois il existe un tableau de déshydratation extracellulaire avec hypovolémie secondaire à une hémorragie mal contrôlée, des brûlures étendues ou un troisième secteur. - Dans certaines situations, on peut voir une hyperhydratation cellulaire avec hyponatrémie. Ces troubles de l’équilibre hydrosodé peuvent être améliorés par l’E.E.R (correction de l’état d’hyperhydratation). Cependant si la technique utilisée entraîne une baisse rapide de l’osmolarité (épuration rapide, taux de sodium au niveau du dialysat inférieur à la natrémie), l’hypovolémie et l’œdème cellulaire peuvent s’aggraver et la tolérance hémodynamique à l’ultrafiltration sera mauvaise. X-1-3- Hypoxémies Ces hypoxémies sont le plus souvent secondaires aux infections pulmonaires et au SDRA. Cependant l’E.E.R par ses effets délétères de bio-incompatibilité peut aggraver ces états d’hypoxémie. X-1-4- Œdème cérébral Plusieurs pathologies de réanimation sont à l’origine d’un œdème cérébral, (l’encéphalopathie hypoxémique, le traumatisme crânien, l’insuffisance hépatique). Le déséquilibre osmotique représente dans ces situations un facteur aggravant l’œdème cérébral. De même, l’instabilité hémodynamique perdialytique est un facteur d’hypoperfusion cérébrale. X-1-5- Troubles de l’équilibre acido-basique Le plus souvent il existe une acidose métabolique secondaire à l’insuffisance rénale associée ou non à une acidose lactique dans un contexte de choc septique, d’insuffisance hépatique ou de S.D.R.A. parfois une alcalose métabolique peut se voir (fistule digestive haute, transfusion massive). Dans cette situation, le bain de dialyse et ou le liquide de substitution doit renfermer un taux de bicarbonate inférieur au taux de bicarbonate plasmatique du malade. 48 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION X-1-6- Troubles de l’hémostase Ces troubles sont secondaires à l’insuffisance rénale (troubles de l’hémostase primaire avec dysfonctionnement de l’agrégabilité plaquettaire) associés parfois à des troubles de l’hémostase dans un contexte de C.I.V.D, d’insuffisance hépatique. L’intensité et la gravité de ces troubles doivent êtres analysés avant l’utilisation de l’anticoagulation du circuit sanguin extracorporel. X-1-7- Hypercatabolisme protidique Cet état d’hypercatabolisme est constant en milieu de réanimation (polytraumatisme, sepsis, brûlures etc…). Il s’accompagne d’une augmentation des déchets azotés nécessitant un ajustement de la dose de dialyse répartie sur un temps allongé afin d’éviter les variations osmotiques secondaires à une baisse rapide de l’urée. X-1-8- Dénutrition Elle est secondaire à l’hypercatabolisme protidique. Cette dénutrition risque de s’aggraver par certaines techniques (H.F.C, H.D.F) qui entrainent une déperdition des acides aminés, de vitamines et des nutriments énergiques. X-2- Choix d’une technique d’E.E.R Ce choix repose sur une connaissance parfaite du profil pathologique du malade et des avantages et des inconvénients des différentes techniques d’E.E.R en fonction du risque associé à ces pathologies (tableau IV ). A titre d’exemple, on peut proposer certaines techniques d’E.E.R selon le contexte pathologique et qui exposent le patient à un moindre risque : X-2-1- Insuffisance rénale et dysfonction cardio-circulatoire - Hémofiltration X-2-2- Insuffisance rénale et œdème cérébral - Hémofiltration X-2-3-Insuffisance rénale et hyperkaliémie majeure (rhabdomyolyse) - Hémodialyse conventionnelle - Hémodiafiltration - Biofiltration sans acétate PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 49 X-2-4- Alcalose métabolique grave et insuffisance rénale - Hémofiltration - Biofiltration sans acétate - H.D.C au bicarbonate (générateur avec bicarbonates variables) X-2-5- Insuffisance cardiaque congestive sans insuffisance rénale - hémofiltration (faible débit) - ultrafiltration isolée X-2-6- Intoxication aiguë (produits dialysables) - Hémofiltration (en cas de problème hémodynamique ± insuffisance rénale) - Hémodiafiltration - Hémodialyse conventionnelle - Biofiltration sans acétate X-2-7- Sepsis grave avec ou sans insuffisance rénale - Hémofiltration H.D.C (acé tate) H.D.C (bica rbon ate) H.D.F H.F Mau vaise Moyenne Bonne Synd rome de déséquil ibre dialytique ++ + ++ + Bioincompatibilité ++ + + Tolérance Hém odynam ique B.S.A 14‰ B.S.A 84‰ Très Bonne Bonne Bonne ++ 0 + ++ ++ ++ + ++ ++ + +++ +++ + ++ Pertes nutriments Tableau IV : Avantages et inconvénients des différentes techniques D’E.E.R 50 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION CAS CLINIQUE Cas clinique n°1 : Un sujet âgé de 35 ans, victime d’un accident de la voie publique occasionnant un écrasement des 2 membres inférieurs avec fracture bilatérale des 2 fémurs. Il est opéré à J1 par un enclouage centro médullaire. A J4, le patient présente une agitation, une désorientation temporo spatiale (TDM cérébrale normale), une oligurie et une rhabdomyolyse. Le bilan biologique objective une ascension des chiffres d’urée à 45 mmol/L, de la créatinine à 500 µmol/L, de la kaliémie à 6,8 mmol/L, une hyponatrémie à 118 mmol/L et une acidose métabolique à 12 mmoL/L. L’état hémodynamique est stable. Question n°1 : Parmi les critères suivants, lequel (lesquelles) constitue (ent) une indication à une séance d’épuration extra rénale en urgence ? a) l’ascension des chiffres d’urée b) l’hyperkaliémie c) l’acidose métabolique d) l’ascension des chiffres de créatinine e) l’hyponatrémie Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°2 : Quelle(s) est (sont) la ou les causes propable(s) de l’agitation chez ce patient? Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°3 : Quelle(s) est (sont) la ou les techniques d’épuration extra rénale qui vous paraîssent présenter la meilleure sécurité pour ce malade ? Justifier votre réponse. a) l’hémofiltration b) l’hémodiafiltration c) l’hémodialyse conventionnelle au bicarbonate d) la biofiltration à 14 ‰ e) l’hémodialyse conventionnelle à l’acétate Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 51 Question n°4 : A j5, devant l’apparition d’une instabilité tensionnelle d’origine probablement septique, vous décidez de réaliser une deuxième séance d’hémofiltration avec une déperdition nette de 2 kg sur 8 heures. Le poids du patient étant à 80 kg. La natrémie a 124 mmol/L et la Kaliémie a 6,5 mmol/L Quel (s) type (s) d’anticoagulation utiliserez vous chez ce malade ? justifier votre réponse. a) technique de rinçage b) héparine non fractionnée c) héparine de bas poids moléculaire d) technique de rinçage avec circuit préparé avec héparine non fractionné e) héparine avant le filtre et protamine après le filtre Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°5 : Quel est le débit de substitution que vous prescrirez ? a) 5 ml/kg/h b) 10 ml/kg/h c) 15 ml/kg/h d) 25 ml/kg/h e) 50 ml/kg/h Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°6 : Quel est le débit d’ultrafiltration totale que vous prescrirez ? Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°7 : Quel est le débit de dialysat que vous utiliserez au cours de la séance ? Justifier votre réponse a) 300 ml/min b) 400 ml/min c) 500 ml/min d) 600 ml/min 52 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION e) aucune réponse juste Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°8 : Quel est le débit sanguin que vous utiliserez au cours de la séance ? a) 100 ml/min b) 250 ml/min c) 500 ml/min d) 750 ml/min e) 1000 ml/min Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°9 : Quel sera le taux de sodium du dialysat prescrit au départ chez ce malade? justifiez votre réponse. a) 115 mmol/L b) 125 mmol/L c) 135 mmol/L d) 140 mmol/L e) 145 mmol/L Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°10 : Quelles sont les complications qui peuvent survenir au cours de la séance? a) convulsions b) hypotension artérielle c) hypoglycémie d) pic hypertensif e) thrombose du circuit Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°11 : Quels sont les paramètres biologiques que vous surveillerez de façon très rapprochée au cours de la séance? PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 53 a) sodium b) potassium c) CPK d) urée e) glycémie Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... 8 heures aprés la fin de la séance d’hémofiltration, la kalièmie est de nouveau a 6,5 mmol/L. Vous décidez de faire une séance d’hémodiafiltration. Question n°12 : Expliquez cette augmentation rapide de la kalièmie? Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°13 : Quelles sont les précautions à prendre pour éviter l’aggravation des troubles neurologiques et hémodynamiques? Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Cas clinique n°2 : Un sujet âgé de 75 ans, est opéré d’un cancer du colon droit. Il a subi une colectomie subtotale avec une anastomose iléo-colique termino-latérale. A J7, le patient présente un tableau de péritonite post opératoire associant - un état de choc septique nécessitant l’administration de catécholamines, - une insuffisance respiratoire aigue motivant la ventilation artificielle - une insuffisance rénale aigue avec une diurèse à 800 mL/24h sous fortes doses de diurétiques - et des oedèmes généralisés. Le bilan biologique objective une ascension des chiffres d’urée à 35 mmol/L, de la créatinine à 250 µmol/L, de la kaliémie à 4,8 mmol/L, une natrémie à 135 mmol/L, une acidose métabolique à 14 mmoL/L et un taux d’hématocrite à 27%. Vous décidez de réaliser une séance d’hémofiltration au bicarbonate chez ce malade. 54 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION Question n°1 : Sur quel principe d’épuration repose l’hémofiltration ? Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°2 : Parmi les propositions suivantes, laquelle (lesquelles) est (sont) vraie (s) au cours de l’utilisation de la technique d’hémofiltration? a) éliminer la surcharge hydrosodée b) une bonne performance épurative des moyennes molécules c) l’élimination de l’urée et de la créatinine est plus rapide que l’hémodialyse conventionnelle d) l’augmentation du volume filtré entraîne une baisse de l’élimination des déchets e) les pores du filtre sont plus larges que les pores des filtres utilisés en hémodialyse conventionnelle Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°3 : Un filtre utilisé de grande surface (supérieur ou égale à 2 m2) peut-il donner une hypotension artérielle au branchement? Justifier votre réponse. Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°4 : Le risque de rupture d’un filtre d’hémofiltration peut survenir à partir d’une pression trans membranaire (PTM) qui dépasse a) 50 mmHg b) 100 mmHg c) 200 mmHg d) 300 mmHg e) 400 mmHg Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°5 : Vous décidez de réaliser une déplétion nette de 4 kg sur 24 heures et une PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 55 substitution de 35 ml/kg/h. Le poids du patient étant à 60 kg. Quel est le volume total d’ultrafiltration que vous allez prescrire pour votre malade pendant les 24 heures? a) 24,4 Litres b) 34,4 Litres c) 44,4 Litres d) 54,4 Litres e) 64,4 Litres Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°6 : Quel sera alors le débit sanguin minimum nécessaire pour réaliser cette séance en post dilutionnel ? l’hématocrite du malade étant de 25% a) 100 ml/min b) 175 ml/min c) 225 ml/min d) 300 ml/min e) 375 ml/min Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°7 : Parmi les propositions suivantes, laquelle (lesquelles) est (sont) vraie (s) au cours de l’utilisation de la technique d’hémofiltration avec une substitution postdilutionnelle par rapport à la substitution en prédilutionnel ? a) permet une réduction des besoins en anticoagulants pendant la séance b) permet une meilleure performance de l’épuration c) autorise une ultrafiltration importante même avec un débit sanguin faible sans risque de coagulation du filtre d) nécessite un débit sanguin adapté au débit d’ultrafiltration e) permet d’utiliser une substitution à base de lactate Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°8 : Au bout de 6 heures, la pression transmembranaire augmente à 250 mmHg 56 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION et continue son ascension. Que pouvez vous faire pour éviter la thrombose et la rupture du filtre ? a) injecter une dose d’héparine en amont du filtre b) rincer le filtre par 150 mL de sérum salé isotonique à 9‰ c) passer en mode prédilutionnel d) augmenter le débit sanguin e) baisser le débit d’ultrafiltration Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°9 : Au bout de 12 heures, la pression veineuse augmente. Quelle (s) est (sont) la (les) cause (s) possible (s) ? a) coudure du circuit veineux b) présence d’air dans le circuit veineux c) Thrombose de l’accès sanguin d) Thrombose du filtre e) Thrombose du piège veineux Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°10 : Au bout de 16 heures, l’état hémodynamique du malade s’altère. Quelle (s) est (sont) la (les) cause (s) possible (s) ? a) une ultrafiltration inadaptée au malade b) une baisse importante de l’osmolarité extracellulaire c) une endotoxinémie induite par le dialysat d) une élimination importante des catécholamines par l’hémofiltration e) une réaction anaphylactique au circuit sanguin extracorporel ou au filtre Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Cas clinique n°3 : Un patient dialysé chronique, diabétique, âgé de 50 ans a été hospitalisé en réanimation dans un tableau de choc septique secondaire à une gangrène du pied gauche. L’amputation du 1/3 inférieur de la jambe a été posé en urgence. La dernière séance d’hémodialyse remonte à 24 heures. Le bilan biologique montre : urée à 22 mmoles/l, kaliémie à 6,5 mmoles/l, réserves alcalines à PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 57 10mmol/l, glycémie à 18mmoles/l, natrémie à 120 mmoles/l, GB à 24.000. L’état clinique du malade trouve : un patient fébrile (39°c), conscient et bien orienté, la tension artérielle est basse (80mmHg de systolique et 40 mmHg de diastolique), le pouls à 85b/mm. La prise de poids inter dialytique est de 1,5kg, l’auscultation pulmonaire trouve quelques crépitants au niveau des bases. Question n°1 : Une séance d’épuration extra rénale est elle indiquée avant l’acte chirurgical? justifier votre réponse Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Vous avez la possibilité seulement de faire de l’hémodialyse au bi carbonate. Les filtres de dialyse disponibles ont une surface de 1m2 et de 2m2. Le générateur permet de donner un débit de dialysat variable (300, 500 et 800ml/m) et un taux de sodium et de bicarbonate au niveau du dialysat variables. Question n°2 : Quelle est la durée de la séance que vous allez programmer ? Justifier votre réponse. Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n° 3 : Quelle surface de filtre choissez vous ? Justifier votre réponse. Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°4 : Choisissez parmi les débits sanguins suivants (100-200-300 ml/mn) celui qui expose le moins au risque d’hypotension artérielle perdialytique et qui permet une épuration optimale. Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°5 : Quelle technique d’anticoagulation du C.S.E.C utilisez-vous? Justifier votre réponse. Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... 58 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION Question n°6 : Choisissez parmi les propositions suivantes celle(s) qui est ( sont) la (les) plus appropriée(s)? a. Concertation du sodium au niveau du dialysat 140 mmol/l b. Concertation du sodium au niveau du dialysat 135mmol/l c. Concertation de Co3H au niveau du dialysat 20 mmol/l d. Concertation de Co3H au niveau du dialysat 30 mmol/l e. Débit dialysat 500 ml/m f. Débit dialysat 300 ml/m Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n°7 : Quelles sont les deux paramètres biologiques à surveiller avant d’arrêter la séance? Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question n° 8 : Parmi les volumes ultrafiltrés suivants 0-500-1000 ou 1500 ml, quel est le plus approprié à réaliser au cours de la séance? Justifier votre réponse. Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Une heure après le début de la séance, le patient présente une baisse de la P.A (50/30mmHg). L’analyse des paramètres cliniques et biologiques trouve: noradrénaline 1mg/H, volume ultrafiltré 1000ml depuis le début de la séance, débit sanguin 300ml/m, filtre de dialyse de 1m2, concentration du sodium au niveau de dialysat à 135mol/l, glycemie 2mmol/L Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... Question° 9 : Quel(s), est(sont) le(s) facteur(s) probable(s) de cette chute de la pression artérielle? Justifier votre réponse. Réponse : ……………………………………………………................………………………………..... PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 59 R E P O N S E S Cas clinique n°1 : Question n°1 : b-c-e Question n°2 : hyponatrémie (responsable d’un œdème cérébral). Autres causes possibles : hématome sous dural, embolie graisseuse après l’enclouage centromédullaire et les fractures multiples. Question n°3 : a- meilleure tolérance neurologique. Question n°4 : a-d, risque hémoragique persistant à J4 post-opératoire Question n°5 : c-d-e Question n°6 : rajouter 3 ml/kg/h en plus du débit prescrit à la question 5 (18 ou 28 ou 53 ml/kg/h) Question n°7 : e, pas de dialysat au cours de l’hémofiltration. Question n°8 : b Question n°9 : c-d, évitez l’aggravation des troubles neurologiques et hémodynamiques (syndrôme de déséquilibre dialytique à l’origine d’œdème cérébral et d’hypovolémie). Question n°10 : a-b-c-e Question n°11 : a-b-e Question n°12 : écrasement du membre - faible performance épurative du potassium au cours de l’hémofiltration. 60 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION Question n°13 : taux de sodium du dialysat entre 140-145 mmol/L - ultrafiltration nulle ou trés faible (inférieur à un litre au cours de la séance). Cas clinique n°2 Question n°1 : Convection ou ultrafiltration : épuration par un gradient de pression hydrostatique et non par un gradient de concentration Question n°2 : a- b - e Question n°3 : Oui - volume sanguin dans ce filtre et le circuit sanguin peut atteindre 250 ml. Question n°4 : e Question n°5 : d Question n°6 : b Question n°7 : b - d Question n°8 : a-b-c Question n°9 : a-c-e Question n°10 : a-b-d Cas clinique n°3 Question n°1 : Oui - Hyperkaliémie, acidose métabolique. Question n°2 : Deux heures au maximum. Au delà il y a un risque de mauvaise tolérance hémodymique et neurologique secondaire au déséquilibre osmotique PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 61 Question n°3 : 1m2, réduire le risque de déséquilibre osmotique et la mauvaise tolérance hémodynamique au branchement. Question n°4 : 200 ml/mn Question n°5 : Technique de rinçage sans l’utilisation d’anticoagulant pour la préparation du C.S.E.C, risque hémoragique important en per-opératoire. Question n°6 : a-d-f Question n°7 : Kaliémie, réserves alcalines Question n°8 : 500 ml, pas de prise de poids interdialytique importante, état hémodynamique précaire. Question n°9 : Ultrafiltration inappropriée, débit sanguin élevé, concentration de sodium du dialysat basse, hypoglycémie. 62 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION Q U E L Q U E S R E F E R E N C E S A C O N S U LT E R 1. L’essentiel sur l’hémodialyse P. Jungers et al 3ème édition, Masson,1988 ISBN : 2225815410 2. Epuration extra-rénale en réanimation Didier Journois, Frédérique Schortgen Masson, Avril 2003 ISBN : 978-2-294-00662-3 3. l’hémodialyse de suppléance N.K. Man, M. Touan, L. Jungers Flamarion, Paris 2004 4. L’abord vasculaire pour hémodialyse AFIDTN Masson, Mai 2004 ISBN : 978-2-294-01363-8 5. L’insuffisance rénale Pierre Simon Masson, Abrégés de Médecine, Septembre 2007 ISBN : 978-2-294-07878-1 6. Manuel d’épuration extra-rénale en réanimation René Robert, Julier Bohe, Karine debault et al Elsevier, Janvier 2008 ISBN : 978-2-84299-932-2 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION 63 N O T E S ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— ————————————————————————————————————————————————— OUVRAGE ÉDITÉ GRACE AU SOUTIEN DE LA SOCIÉTÉ INTERNATIONALE BIO SERVICE Edition IMPAK 2008 64 PRECIS DE L’EPURATION EXTRA RENALE EN REANIMATION