Gislaine Piegay VOCABULAIRE ET METHODOLOGIE A SAVOIR I

Transcription

Gislaine Piegay VOCABULAIRE ET METHODOLOGIE A SAVOIR I
VOCABULAIRE ET METHODOLOGIE A SAVOIR
I.)
L’incipit : vient du latin « incipere » : commencer.
L’incipit ouvre un texte et doit répondre aux questions suivantes pour jouer pleinement son rôle :
Qui ?
Quand ?
Où ?
Quoi ?
Il correspond à la situation initiale d’un récit ou à la scène d’exposition d’une pièce de théâtre.
Il se situe dans les 1ères lignes du 1er chapitre du récit. Il peut s’étendre sur plusieurs pages ou ne
faire qu’une ligne !
Il va donner le ton au texte et nous donner à nous, lecteurs, la possibilité de faire des hypothèses de
lecture.
II.)
Comment préparer une lecture analytique ou un commentaire composé ?
Il faut se poser les questions suivantes sur le texte à étudier : COMMENT l’auteur nous dit-il ce qu’il
veut nous dire ? Par quels procédés ?
Il faut bien cerner la problématique et surtout éviter la paraphrase. Ne jamais se demander tout
simplement « que dit l’auteur ? » car c’est tomber dans le piège de répéter ce que l’auteur veut dire !
D’où paraphrase assurée !
Il faut tout d’abord repérer :
Le genre et la structure du texte
Les formes de discours et l’énonciation
Les points de vue
Les figures de style et de rhétorique
Les champs lexicaux
Les registres qui découlent des réponses aux questions précédentes
III.)
Qu’est-ce qu’un registre ou la tonalité d’un texte ? C’est la manière dont le lecteur
perçoit le texte. L’atmosphère du texte est donnée par les champs lexicaux et les
procédés stylistiques ou rhétoriques. Il existe un grand nombre de tonalités :
La tonalité réaliste : qui crée un effet de réel car elle semble reproduire
la réalité à laquelle elle se réfère. Le héros évolue alors dans un monde
reconnaissable par son contexte social, économique et culturel. Cette
tonalité est soumise aux règles de vraisemblance. Tout donne l’illusion
que tout s’est vraiment déroulé alors que nous sommes dans un récit
fictif, avec des personnages fictifs !
MAIS ATTENTION DE NE PAS MELANGER TONALITE ET GENRE REALISTES !
En effet le genre réaliste, lui, exige de l’auteur la peinture de SA propre société, contemporaine à lui !
La tonalité polémique : Le terme « polémique » vient du Grec
« polémos » qui signifie « guerre ». Ces textes vont donc attaquer un
adversaire ou une thèse et ainsi susciter un débat. Les moyens de
persuasion seront donc propres à provoquer et à dévaloriser ce ou celui
Gislaine Piegay
qui est attaqué. Ils vont provoquer l’indignation chez le lecteur qui
prendra le parti du polémiste. L’adversaire incarne le mal, les préjugés, la
bêtise tandis que le polémiste défend les vraies valeurs du Bien et de la
justice ! On trouve cette tonalité dans nombre de textes : le pamphlet, la
caricature, le réquisitoire, la lettre ouverte…Cette tonalité est souvent
accentuée par 2 sous- tonalité qui sont celles de la satire et de l’ironie.
La satire : Elle utilise les procédés du comique mais pour une autre
visée ; elle utilise le rire dans le but de dénoncer les travers de
quelqu’un ou d’une époque. Il s’agit de faire rire mais aux dépends
de quelqu’un ou quelque chose.
L’ironie : Elle suppose une victime et une complicité entre celui qui
attaque sans en avoir l’air et son lecteur qui, lui, doit faire preuve
d’une lecture active et attentive pour déceler l’ironie. En effet il y a
décalage entre ce qui est dit et entre ce qui veut être dit et pensé.
La tonalité comique : Elle s’appuie sur un effet de surprise qui provoque
le rire. Le langage, le caractère, les gestes ou la situation d’un personnage
peuvent en être la source. Ainsi au théâtre parlons-nous de comique de
mots, comique de caractère, comique de gestes, comique de situation. Sa
fonction peut être ludique sans plus (rire pour le plaisir !) mais elle peut
aussi être volonté de critiquer (voir la tonalité satirique).
La tonalité lyrique : Le terme vient du mot « lyre », instrument de
musique dont joue Orphée. Grâce à sa lyre, il aurait réussi à charmer tous
les êtres vivants, les émouvoir comme il aurait ému le dieu des Enfers
pour qu’il lui rende son Eurydice. Ainsi cette tonalité est-elle caractérisée
par l’épanchement des sentiments, l’expression du moi, dans des
pensées intimes comme celles de l’amour, de la fuite du temps, du regret
et de la nostalgie…Enfin tous ces thèmes qui deviendront les thèmes de
prédilection des romantiques de tous les pays ! Le texte est très musical,
et l’auteur joue sur les sonorités et les rythmes. La tonalité lyrique se
trouve dans les textes de n’importe quelle époque, de tous pays et
souvent fusionne avec la tonalité pathétique, élégiaque voire tragique.
Les procédés sont l’emploi du « je », des exclamatives, des questions
rhétoriques et les champs lexicaux des sentiments, de la nature et de
l’amour.
La tonalité élégiaque : Le terme d’élégie désigne un poème court ou un
chant dans l’Antiquité prononcé lors d’un deuil. Ce registre de la
déploration marque la plainte du héros qui exprime ses sentiments
mélancoliques et sa tristesse.
Les procédés de ces deux derniers registres sont l’emploi des 2 premières
personnes, des apostrophes et interjections, et le lexique de l’émotion
Gislaine Piegay
(souffrance ou Bonheur, espoir ou désespoir…), et l’exaltation du
sentiment amoureux.
La tonalité pathétique : Le terme vient du Grec « pathos », qui signifie
« douleur » ; d’où le terme de passion, amour qui fait souffrir ou de
Passion du Christ, la douleur du Christ lors du Chemin de croix et de sa
Crucifixion. Cette tonalité va émouvoir le lecteur qui compatira alors
avec les personnages qui souffrent. Le lecteur va ressentir une
douloureuse tristesse en attendant de savoir comment va se poursuivre
le récit ! Cette incertitude quant à la suite des évènements différencie
totalement cette tonalité de celle du tragique.
La tonalité tragique : Ici la souffrance et la mort, physique ou morale,
sont inéluctables ! Le personnage ne peut y échapper quoi qu’il fasse car
le héros tragique sait qu’il ne peut échapper à son destin…Il devient une
victime impuissante de la fatalité et contrairement à la tonalité
pathétique, il n’y a aucun doute quant à l’issue du personnage.
Les principaux procédés de ces deux derniers registres sont les
interjections et apostrophes, les accumulations d’exclamatives, de
questions oratoires, des phrases souvent courtes, et la présence forte du
champ lexical de la douleur et de la mort. La tonalité lyrique est
indubitablement liée à ces deux tonalités tout comme elle est aussi liée à
la tonalité élégiaque.
La tonalité épique : Cette tonalité reprend les caractéristiques de
l’épopée qui raconte les exploits de héros exceptionnels, souvent aidés
par des puissances surnaturelles (récit courants au Moyen-Age). Il y a
toujours face à face du Bien contre le Mal. Il s’agit alors d’impressionner
le lecteur, de susciter son admiration pour quelque chose qui le fascine,
et notamment pour des personnages hors du commun ! Les hyperboles
sont la caractéristique incontournable de cette tonalité ! Mais aussi les
formules superlatives, les procédés d’amplification de toutes sortes sans
oublier les métaphores, les personnifications et les comparaisons.
La tonalité fantastique : Cette tonalité vise à susciter une atmosphère de
peur et de violente angoisse. C’est l’irruption d’un phénomène
inexplicable que l’on met en doute. C’est le bouleversement de toutes
les perceptions habituelles du monde et cette hésitation entre ce que
l’on croit avoir eu lieu et ce qui a eu lieu maintient le suspens et
l’angoisse ; et différencie cette tonalité de celle du récit d’épouvante ou
du conte merveilleux où l’on sait que rien n’appartient au monde du
réel !
Gislaine Piegay
La tonalité épidictique : La tonalité épidictique est celle qui détermine
l’éloge ou le blâme.
La tonalité didactique : Cette tonalité est utilisée dans les maximes, les
essais, les fables et les dictionnaires. Elle vise à instruire, à imposer un
avis, une opinion. Elle évolue grâce à un raisonnement logique et est
soutenue par des définitions précises et des exemples ; ainsi nous
rapprochons-nous de la forme de discours argumentatif et de la tonalité
polémique car le didactique suscite souvent un débat. Ses principaux
procédés sont des phrases généralement brèves qui utilise souvent un
présent de vérité générale, beaucoup de connecteurs logiques qui
soulignent le déroulement progressif du discours argumentatif, et enfin
des exemples.
Plus un texte a de tonalité plus il est riche. C’est la manière dont le texte est perçu par le lecteur ; et
les tonalités sont déterminées par les champs lexicaux, les procédés stylistiques et rhétoriques, et les
sonorités du texte.
IV.)
Comment faire adhérer son lecteur à une idée ? Il faut utiliser des moyens de persuasion
et des procédés rhétoriques.
Bien travailler sur l’utilisation de la ponctuation, forte et nombreuse dans les textes argumentatifs,
tels que les réquisitoires et les plaidoyers.
Veiller au rythme des phrases, l’amplification et les gradations…
Relever les figures de style : hyperboles, apostrophes, anaphores, métaphores…
Insister sur le déroulement progressif et logique de la pensée, la réflexion doit aller en
s’approfondissant et être rythmée par l’emploi de connecteurs logiques.
Bien structurer son texte.
Bien savoir la visée qu’on veut donner à son texte : convaincre ( à l’aide de la raison et d’objectivité)
ou persuader ( à l’aide de sentiments et de la subjectivité)
V.)
Qu’est-ce qu’un réquisitoire ?
Il va employer un lexique dévalorisant, souvent hyperbolique et caricatural, qui donnera une tonalité
souvent satirique.
Il se construit à l’aide de procédés rhétoriques très forts, voire violents de façon à entraîner son
auditoire et à le convaincre ou le persuader.
Le réquisitoire dénonce, accuse et fait donc appel au registre polémique puisqu’il suscite un débat
Il aura souvent le registre épidictique puisqu’il contribue à faire le blâme de quelqu’un ou quelque
chose. C’est le rôle du procureur lors d’un procès.
VI.)
Qu’est-ce qu’un plaidoyer ?
Gislaine Piegay
Il va employer un lexique valorisant, souvent emphatique et élogieux, qui donnera une tonalité
souvent lyrique.
Il se construit à l’aide de procédés rhétoriques entraînant la compassion ou la vision élogieuse de
l’auditoire de manière à convaincre ou persuader le lecteur.
Il fait l’éloge pour défendre et fait donc appel au registre épidictique puisqu’ il contribue à faire
l’éloge de quelqu’un. Les tonalités pathétique et lyrique seront donc les plus employées par l’avocat
lors d’un procès.
VII.)
Argumenter :
Les deux genres précédents développent la forme de discours argumentative.
Il s’agit de convaincre avec des arguments objectifs ou de la persuader avec des arguments relevant
de la subjectivité et souvent de la compassion ou de l’emportement. Cela relève de la rhétorique qui
est l’art de parler par excellence !
Quelques mot-clés :
Le thème : c’est ce dont on parle
La thèse : c’est l’idée principale que l’auteur cherche à défendre ou à réfuter
L’argument : c’est une justification souvent abstraite qui soutient la thèse
Le contre-argument est une idée, une raison qui réfute la thèse.
L’exemple : c’est l’illustration concrète de l’argument
Le contre-exemple : c’est l’illustration concrète du contre-argument
L’auteur va le faire par des moyens de persuasion qui vont développer une stratégie argumentative.
La stratégie argumentative :
Un texte argumentatif vise un objectif et cherche à toucher un destinataire. Il peut chercher à
convaincre ou à persuader et le locuteur va mettre en place une stratégie argumentative :
Il fait alors appel à un type d’énonciation précis et à des procédés rhétoriques, tous deux choisis en
fonction du but à atteindre.
Le choix d’énonciation : (choix de la manière de faire son énoncé)
Le locuteur peut s’impliquer fortement, notamment quand il veut persuader : utilisation des 1ères
et 2èmes personnes ( je…tu/ Nous…Vous…), utilisation de la modalisation qui marque soit la
certitude, soit le doute, la volonté, la nécessité ( je crois , il faut, peut-être…), des marques de
jugement et en insistant sur les indices syntaxiques de la ponctuation forte.
Quand le locuteur veut convaincre, il choisit au contraire de se replier derrière une argumentation
impersonnelle pour donner l’impression d’une grande objectivité
Les procédés rhétoriques : (manière de parler(art de l’éloquence))
Ils permettent d’ancrer un texte dans une tonalité. Il ya divers procédés possibles que nous
trouverons au fil des textes ; je ne cite ici que les plus marquants :
Le rythme de la phrase : binaire, il insiste sur les oppositions entre les thèmes confrontés et
marque une amplification qui met en valeur la thèse/ ternaire, il marque une très violente
dénonciation.
L’expressivité grâce à la ponctuation : interrogations oratoires /rhétoriques, les exclamatives
qui peuvent marquer la surprise bien sûr mais aussi la colère ou l’émotion…
Gislaine Piegay
Les figures de style : par analogie(métaphores ou comparaisons), les figures d’opposition(
antithèses, oxymore), d’insistance(parallélisme, répétition, anaphores, hyperboles)
L’ironie permet au locuteur de dire le contraire de ce qu’il pense pour mieux dénoncer et la
satire elle, permet au locuteur de se moquer pour mieux dénoncer. Ce sont des sous-genres de la
tonalité polémique (qui suscite le débat)
L’implicite permet de dire en suggérant et par sous-entendus et crée ainsi une grande
connivence entre le locuteur et son destinataire.(contraire de l’explicite qui dit tout sans que le
lecteur soit obligé de chercher).
VIII.) Le statut et les points de vue du narrateur :
Ils sont discernés par rapport au narrateur contrairement aux tonalités qui le sont par rapport au
lecteur.
Le narrateur est un être fictif créé par l’auteur qui est une personne réelle ! (Sauf dans le cas de
l’autobiographie où le narrateur =auteur=personnage !).
Se pose alors la question du statut du narrateur : Où se trouve le narrateur par rapport à la
fiction ? Par rapport à ses personnages ? Deux réponses sont alors possibles : le narrateur peut être
externe au récit= statut externe/ le narrateur peut être interne au récit= statut interne.
Alors se pose la question des points de vue du narrateur par rapport à ses personnages. Trois
réponses sont alors possibles :
Le point de vue omniscient ou focalisation 0 :
Ce point de vue permet au narrateur de TOUT savoir de TOUS ses personnages, dans TOUS les
lieux ! Le narrateur sait tout au même moment, leur passé, leur présent mais aussi leur avenir ! A
tous où qu’ils se trouvent ! Le narrateur connaît aussi tous leurs sentiments, toutes leurs émotions
ainsi que toutes leurs habitudes ( Analepses au temps du plus-que-parfait ou passé antérieur) !
Le point de vue externe : Il est surtout utilisé au XXème siècle dans le Nouveau Roman ; mais
on le trouve dans de courts passages dans les romans. Le narrateur est extérieur au récit et il ne
décrit que ce qu’il voit ; il est comme une caméra qui filme et donc ne sait pas ce qui se passe
ailleurs que l’endroit dont il parle. Il ne connaît absolument rien de ses personnages, ni leur passé,
ni leur présent (si ce n’est ce qui est visible à l’instant dont il parle), et encore moins leur futur. Il ne
sait rien du ressenti ni des émotions, ni des sentiments ni rien de ce qui se passe à l’intérieur de ses
personnages. Il voit un enfant qui pleure uniquement parce qu’il voit les larmes couler !!
Ce point de vue nécessite une lecture très active de la part du lecteur qui doit pouvoir interpêter les
signes extérieurs pour avancer dans le récit !
Le point de vue Interne : il y a deux façons de l’exploiter :
1. A la 3ème personne du singulier : le narrateur « se glisse dans la tête, dans les
yeux, dans le cœur d’un de ses personnages », il est à l’intérieur de son
personnage. Il voit, il entend, il ressent, il pense par les sens de ce
personnage ! Présence fondamentale de verbes de perception qui vont
introduire ce point de vue : « elle entendit…elle sentit…Elle vit….Elle se mit à
rêver d’amour(Maupassant) ». Il ne connaît pas son futur puisqu’aucun
personnage – ni aucun être- ne connaît son avenir ! Il ne peut se glisser à
l’intérieur que d’un seul personnage à la fois, bien sûr !
2. A la 1ère personne du singulier : (je, nous, et on…) Tous les textes à la 1ère
personne sont donc au point de vue interne puisque le narrateur nous
Gislaine Piegay
raconte son histoire de son propre point de vue ! On sent, on pense, on
connaît tout par ce que sent, pense connaît ce narrateur-personnage !
Mais le point de vue interne a ses limites : on ne connaît ni l’avenir, ni ce qui
se passe ailleurs que là où se trouve le narrateur-personnage. En revanche,
ce point de vue rapproche le lecteur du personnage.
Bonne lecture et révisions à tous !
Gislaine Piegay

Documents pareils