Histoire de la R.D. Congo
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Histoire de la R.D. Congo
Histoire de la R.D. Congo Le territoire qui porte aujourd’hui le nom de République démocratique du Congo est peuplé depuis au moins 200 000 ans environ. Les preuves de l’intelligence mathématique et spatiale de l’homo sapiens ont été découvertes à Ishangu à l’intérieur du Parc de Virunga sont datées de 22000 ans. Selon les études et travaux réalisés par les Dr Pr C. Anta Diop et Théophile Obenga les premières migrations d’une partie des ancêtres des Bantous débuta, de la vallée du Nil en Nubie, Haute Égypte, avant la première période intermédiaire, période dite Thinite. Des locuteurs Bantous venus d’une zone comprise entre l’Est du Nigeria et les Grassfields du Cameroun vinrent s’y installer dès -2600 ans, car c’est dans cette région qu’est né le peuple Bantou que nous connaissons aujourd’hui. Il y eut des grands royaumes sur ce territoire comme, le Kongo, le Pende, Songye, le Luba, le Kuba… et le témoignage laissé par les anciens sur la nécropole de Sanga dans la région du lac Upemba qui date du 7e siècle ap Jc. Cependant, ce territoire ne se fait connaître par les européens vers 1482 avec la découverte du fleuve Congo par le marin portugais Diego Cao, qui trouva en ces lieux le Royaume Kongo à son apogée. Plus tard le roi des belges Léopold II organisa vers les années 1877, la première exploration du Congo-Kinshasa par Henry Morton Stanley qui remontant le fleuve Congo. Cette ouverture marquera le début de la colonisation du Congo jusqu’à l’annexion du pays par la prise de possession par le roi Léopold II de Belgique (1885) qui en fera sa propriété personnelle jusqu’à sa mort en 1908. Ce dernier, c’est-à-dire le roi Léopold II, prendra possession de cette zone en son nom propre sous le nom sous le nom d’État libre du Congo. Aussitôt possédé, des expéditions d’exploration sont lancées, et les voies de communications développées. Mais la maîtrise du territoire ne s’achève qu’en 1894. Depuis, il devient foyer d’exploitation intensive, où se côtoient tant les missionnaires que les aventuriers à la recherche de fortune facile par tous les moyens. L’exploitation rageuse du territoire débuta dès 1885 avec des conséquences terribles sur les populations Congolaises autochtones. Cependant, en 1908, le Parlement belge reprit, par leg du roi Léopold II, la tutelle sur le territoire de ce qui allait désormais s’appeler le Congo belge, et continua l’œuvre d’exploitation commencée par l’ancien roi. Un certain 30 juin 1960 le Congo arrache son indépendance, après une décennie de luttes politiques. La Belgique finit par se retirer, craignant une guerre d’indépendance semblable à celle qui sévissait encore en Algérie. Patrice Lumumba et d’autres Congolais ont joué un rôle capital dans l’accession à l’indépendance. Sommaire • 1 Préhistoire, Moyen Âge et colonisation • 2 Colonisation belge - 2.1 Chronologie - 2.2 Propriété du roi Léopold II - 2.3 Le Parlement reprend le Congo des mains du roi • 3 Indépendance - 3.1 Régime de Mobutu ▪ 3.1.1 Zaïrianisation • 3.1.1.1 Prémisses • 3.1.1.2 Zaïrianisation • 3.1.1.3 Structures économiques • 3.1.1.4 Structures politiques ▪ 3.1.2 Alliés occidentaux de Mobutu - 3.2 Chute de Mobutu ▪ 3.2.1 Vers la démocratisation ▪ 3.2.2 Situation au Congo ▪ 3.2.3 Arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila • 4 La guerre interafricaine • 5 La normalisation • 6 République démocratique du Congo • 7 Notes et références • - 8.1 Accords de - 8 Voir aussi paix : la réunification du Congo 8.2 Bibliographie 8.3 Filmographie Préhistoire, colonisation Moyen Âge et Article détaillé : Congo précolonial. La zone qui porte aujourd’hui le nom de République démocratique du Congo est peuplée depuis au moins 200.000 ans environ. Des locuteurs Bantous venus d’une zone comprise entre l’est du Nigeria et les Grassfields du Cameroun y compris Bena Kongo venus de l’Éthiopie, vinrent s’y installer dès -2600 ans. Les grands royaumes (luba, lunda, kongo) se forment entre les premiers siècles après Jésus-Christ et avant le XV e siècle, époque de l’arrivée des premiers Portugais sur le littoral atlantique. Mais de nombreuses populations vivaient alors dans des chefferies, c’est-à-dire de petites principautés plus ou moins auto-suffisantes. À partir de cette époque, on voit ces royaumes éclater sous l’impulsion de la traite et l’émergence de nouveaux rapports de force qui déboucheront sur la colonisation. La domination et l’exploitation officielle par les Européens durèrent des années 1880 jusqu’à l’indépendance en 1960. La première carte européenne de la région est due à l’explorateur vénitien Alvise Cadamosto au service du Portugal (XVI e s.). Celle du découpage est due à Henry Morton Stanley, qui l’a préparée à recevoir les colons européens. Le Congo fut remis au roi Léopold II de Belgique au cours de la Conférence de Berlin de 1885 (conférence au cours de laquelle l’Afrique est déclarée res nullius, c’est-à-dire chose n’appartenant à personne, ce qui permet aux Européens de « se servir officiellement et sans scrupules »). Colonisation belge Article détaillé : Colonisation du Congo. La colonisation du Congo se réfère à la période comprise entre la première exploration du Congo-Kinshasa par Henry Morton Stanley (1867) jusqu’à l’annexion du pays par la prise de possession par le roi Léopold II de Belgique (1885). Chronologie 1874-1877 : exploration du fleuve Congo par Henry Morton Stanley 1876 : fondation de l’Association Internationale Africaine (AIA) par Léopold II de Belgique 1879 : retour de Stanley au Congo pour coloniser des terres au travers de l’AIA 1885 novembre –1886 février : Conférence de Berlin 1886 : Léopold II de Belgique devient roi de l’État Indépendant du Congo (EIC) 1908 : Léopold II de Belgique cède l’EIC à la Belgique, naissance du Congo belge, charte coloniale pour la gestion du Congo et scandales dans la presse belge 1940 : entrée en guerre du Congo du côté des alliés 1959 : émeutes à Léopoldville pour l’indépendance 30 juin 1960 : indépendance du Congo Propriété du roi Léopold II Article détaillé : État indépendant du Congo. Le roi Léopold II prend possession du territoire en son nom propre sous le nom d’État Indépendant du Congo. Des expéditions d’exploration sont lancées, et les voies de communication développées. La maîtrise du territoire s’achève en 1894 pour l’essentiel avec la fin de la guerre contre les Arabo-Swahilis. L’exploitation intensive du territoire commence alors, où se côtoient tant les missionnaires que les aventuriers à la recherche de fortune facile par tous les moyens. La population locale devra notamment récolter par le travail forcé pour le compte du Domaine royal ou de compagnies privées du caoutchouc, un marché en expansion en raison de la croissance du nombre de pneus fabriqués à partir du caoutchouc. La vente de ce caoutchouc et d’autres ressources, suite à la mise en exploitation de la ligne de chemin de fer Matadi-Léopoldville, et après avoir servi à rembourser les emprunts, fit la fortune de Léopold II, qui fit construire de nombreux bâtiments à Bruxelles et Ostende. Au cours de la période 1885–1908, la population eut à souffrir de cette exploitation forcée, de façon directe ou indirecte (famine, exode…). De très nombreuses exactions (meurtres, mutilations, tortures…) furent commises, et la population décrut. Il y eut cependant des protestations contre ces traitements qui allaient à l’encontre des principes fondateurs de l’État, notamment de la part de l’écrivain Mark Twain, du diplomate britannique Roger Casement, dont le rapport de 1904 condamnait les pratiques en vigueur au Congo et surtout du journaliste anglais du West Africain mail Edmond Morel. Le Parlement reprend le Congo des mains du roi Article détaillé : Congo belge. En 1908, le Parlement belge reprit la tutelle sur le territoire de ce qui allait désormais s’appeler le Congo belge.Une colonisation plus « classique » se met en place. La situation de la population s’améliora graduellement : un réseau d’institutions sanitaires permit de faire reculer les maladies et la malnutrition, l’enseignement fut développé, et le pays fut mis en exploitation, avec notamment la découverte des formidables ressources minières du Katanga. Mais l’extraction des matières premières se fait moins féroce. La récolte de caoutchouc touche à sa fin et le transfert de ces matières n’est plus une priorité. Le travail forcé persista cependant sous diverses formes jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, et le contrôle de la population se structura, ayant notamment recours au fichage ethnique et à des méthodes d’apartheid. Une émancipation de la population, notamment par l’accès à des études supérieures, ne fut envisagée qu’à l’aube de l’indépendance en 1960. De nombreuses personnalités du Congo se dressèrent contre cette oppression dès son origine. C’est l’exemple de Nzinga Nkuwu, Mpanzu a Nzinga, plus tard de Kimpa Vita, Simon KimbanguKasa Vubu, Patrice Emery LUMUMBA, KA LONJI Mulopwe. Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, la Force publique participa à la campagne contre l’Afrique orientale allemande. La Belgique en récupèrera le protectorat sur le Ruanda-Urundi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Force publique remporta un certain nombre de victoires sur les troupes italiennes en Afrique du Nord. Le Congo belge fournit aussi le minerai d’uranium de la mine de Shinkolobwe qui allait être utilisé pour les bombes nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki. Les Belges pensaient avoir trouvé le système parfait: une présence permanente en gardant l’estime des Africains. L’image de l’ordre parfait était donnée par l’amélioration lente mais continue du niveau de vie. Mais sous cet ordre en surface se développaient des revendications venant de sectes religieuses, des tribus et des intellectuels. Les nationalistes du pays étaient focalisés sur l’obtention de droits politiques. Indépendance Article détaillé : Crise congolaise. Le Congo a obtenu son indépendance le 30 juin 1960, après des luttes politiques initiés par des cercles de réflexions dont Conscience Africaine de Ileo, de Joseph Malula futur Cardinal de Kinshasa ensuite des anciens élèves des Pères de Scheut que présidait Bolikango, du MNC parti nationaliste qui défendait l’idée, la philosophie d’un ETAT UNITAIRE; dont le discours de Joseph Kasa Vubu: » La terre appartient au premier occupant » réveilla l’attention de plus d’un Congolais dans la mesure où le mot « indépendance a été cité pour la première fois » enfin de l’ABAKO de Joseph Kasa Vubu 1 e r parti politique dont l’annulation du meeting du 4 janvier 1959 précipita la décision de la Belgique à négocier car des émeutes s’ensuivirent du fait qu’une foule sortant du stade après une rencontre sportive entre une équipe de Léopoldville (Kinshasa): V. Club et celle d’Elisabethville( Lumbumbashi); Mikado s’en est mêlée à la colère des militants de l’ABAKO. La Belgique finit par se retirer, craignant une guerre d’indépendance semblable à celle qui sévissait encore en Algérie. La Belgique organisant des élections législatives pour élire les membres du parlement à qui elle signerait et remettrait les documents signifiant l’indépendance de la république démocratique du Congo Patrice Lumumba a joué un rôle crucial, en ayant mis en avant stratégiquement la vision Nationale du Congo et non fédérale comme le voulaient les belges et certains autres Congolais opportunistes, ainsi que d’autres Congolais dans l’accession à l’indépendance du CONGO. Le MNC Lumumba et ses alliés rapportèrent les élections nationales avec 65 % de sièges au Parlement, dans le cadre d’un État à régime parlementaire, le Premier Ministre est le Chef du gouvernement, le président n’avait qu’un rôle symbolique. À cette occasion pour la nomination du Président, PE Lumumba convainc ses amis et alliés d’offrir ce poste à l’ancien, Joseph Kasa-vubu car la victoire contre les colons était celle de tous les Congolais. Quand la République du Congo est née, en juin 1960, Lumumba en fut le Premier ministre et ministre de la Défense. Peu de temps après l’indépendance, l’armée, toujours commandée par des officiers belges, se rebella après la déclaration d’un général belge (le lieutenant-général Janssens) qui disait qu' »avant indépendance = après indépendance ». La révolte militaire persista, jusqu’à ce que le président Joseph KasaVubu et Lumumba aient remplacé les officiers belges par des Africains, ce qui eut pour résultat le départ d’un grand nombre de Belges et, par suite, un effondrement de l’administration de la jeune nation. Le gouvernement belge a envoyé de nombreuses troupes pour protéger les ressortissants belges, et Lumumba demanda l’aide des Nations unies. Ces dernières ont envoyé des troupes pour rétablir l’ordre ; elles furent largement soutenues par les États-Unis, qui considéraient Lumumba comme un communiste et voulaient éviter par tous les moyens que le Congo tombe entre les mains de l’Union soviétique. Dans le même temps, la riche province du Katanga(représentant 70 % des devises) a déclaré son indépendance, sous le nom d’État du Katanga] et sous l’égide de Moise Tshombe d’origine lunda qui déclencha des persécutions et l’expulsion de nombreux Kasaïens, le secrétaire général de l’ONU parla même de génocide. Il en fut de même pour la province du Sud-Kasaï qui fit sécession sous l’égide d’Albert Kalonji et où il y eut de violents affrontements inter-ethniques. Une opération militaire menée en août 1960 pour rappeler à l’ordre la province de Kasaï, qui avait fait sécession, avait échoué. Lumumba demanda à l’ONU la permission de reprendre le contrôle du Katanga, mais quand les Nations unies eurent essayé de faire comprendre à Lumumba qu’elles étaient une force de maintien de la paix neutre et qu’elles ne pouvaient partir en campagne contre une province qui avait fait sécession, Lumumba demanda de l’aide à l’URSS. Il l’obtint et s’en servit. Pour le président des États-Unis, Dwight Eisenhower, il était évident que l’URSS se servait de Lumumba pour établir un bastion communiste au centre de l’Afrique. Eisenhower et la Belgique donnèrent donc l’ordre de tuer Lumumba ; une tentative d’empoisonnement échoua. Aussitôt, le président Kasa-Vubu, son rival dans la conquête du pouvoir, le démit de ses fonctions de Premier Ministre. Lumumba, à son tour, démit le président de ses fonctions. Peu de temps après, Lumumba fut mis aux arrêts par le colonel Joseph-Désiré Mobutu. Lumumba s’enfuit et tenta de rejoindre ses partisans à Stanleyville. Il fut repris et envoyé (janvier 1961), sur l’ordre du ministre belge des Affaires Étrangères, chez ses ennemis jurés, dans le Katanga de Moïse Tchombe. Sur le chemin, il fut torturé et assassiné avec deux de ses partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito par un commando belgo-congolais. Leurs corps furent dissous dans de l’acide sulfurique quelques jours plus tard. En février, on annonça qu’il avait été tué par des villageois en colère. Des émeutes eurent lieu pour protester contre sa mort dans plusieurs capitale du monde dont Paris. Voir de Lumumba : Congo : Mon pays (1962) et Discours de Lumumba (éd. Jean van Lierde). Régime de Mobutu Après un premier coup d’État qui ne dit pas son nom, où il neutralisa le 1 e r ministre Patrice Emery Lumumba, pour installer des Commissaires Généraux, le Lt Général Joseph Désiré Mobutu renversa le Président élu Joseph Kasa Vubu le 24 novembre 1965 par un coup d’État militaire en relation avec un groupe de généraux qu’il appellera : « compagnons de la révolution ». Le régime de Mobutu est fondé sur l’autorité et le nationalisme, qui sont les secrets de sa longévité. D’entrée, Mobutu se présente comme le libérateur des Noirs, en nationalisant les mines (1966) et déboulonnant les statues coloniales dans la capitale rebaptisée Kinshasa la même année. Les Congolais qui viennent de sortir de l’époque coloniale sont alors très sensibles à cette propagande. Mobutu rebaptise Léopoldville en Kinshasa et amorce sa célèbre politique d’authenticité africaine. Le sixième anniversaire de l’indépendance organise un défilé qui montre l’histoire du pays, et le Belge infligeant la chicotte comme indécrottable raciste. Mobutu fera aussi piller et renvoyer l’ambassade de Belgique. Cependant tout ceci se faisait avec la complicité du pouvoir belge. En effet dans un Congo avec une poignée d’universitaires tous les ministres congolais ont leur conseiller belge, l’armée nationale est encadrée par des officiers belges. L’enseignement universitaire, secondaire ou même primaire ne saurait fonctionner sans le personnel belge. Mobutu se voit personnellement comme un monarque noir après Léopold II. Des journalistes ont remarqué comment le jeune chef d’État essayait de ressembler au roi Baudouin à ses débuts. Tout le plan de Mobutu est là, diriger un État énorme en monarque absolu et mourir en milliardaire. Pour ce qui est de l’autorité les agents de sécurité en civil sont là, la censure règne, les enfants apprennent dès leur plus jeune âge l’obéissance au doigt et à l’œil à Mobutu à l’école et à travers les médias. Les manifestations sont matées dans le sang et les opposants emprisonnés sans procès. En même temps Mobutu et le Congo sont le rempart des Américains capitalistes face à la montée des régimes communistes en Afrique. C’est ainsi que le Congo va accueillir les réfugiés angolais pendant leur guerre avec le Portugal (1961-1975). Mais Mobutu ne reconnaîtra sous la pression des Américains que le FNLA et l’UNITA comme gouvernement angolais qui sera d’ailleurs en exil au Congo. Zaïrianisation Article détaillé : Zaïrianisation. Prémisses Dès 1972, Mobutu prend une série de mesures pour se détacher de tout ce qui peut rappeler l’occident. Le pays est renommé « République du Zaïre ». Le général Mobutu devint Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga, et oblige tous ses concitoyens à adopter des noms africains (suppression des prénoms occidentaux, et rajout d’un « postnom »). L’abacost est promulgué. Une nouvelle monnaie – le zaïre divisé en 100 makuta (singulier likuta) – remplace le franc congolais. De nombreuses villes sont rebaptisées. Zaïrianisation Réalisée dans le courant de l’année 1974, la « Zaïrianisation » a constitué l’un des événements des plus importants de la politique menée par le régime mobutiste, à savoir la nationalisation progressive des biens commerciaux et des propriétés foncières qui appartenaient à des ressortissants ou groupes financiers étrangers. En réalité, si cette mesure s’inscrivait officiellement dans un effort visant à la réappropriation nationale de l’économie ainsi qu’à la redistribution des richesses acquises pendant la colonisation, elle a constitué surtout un échec. Structures économiques Après la première guerre du Congo, Mobutu, nouveau chef d’État s’est engagé à regagner la confiance des milieux d’affaires étrangers. En 1966, les puissantes industries minières du Kasaï et du Katanga ont été nationalisées. C’est alors l’âge d’or du Congo, maintenant indépendant : en 1967 1 franc congolais vaut alors 2 dollars américains, les écoles publiques se développent et l’exode rural s’accélère ; les prix du café, du cuivre ou d’autres minerais sont florissants mais l’économie du pays est encore, comme à l’époque coloniale, trop tournée vers l’exportation et donc fragile. À partir de 1973, le pays est touché par une crise économique aiguë, due à la baisse des prix du cuivre et à l’augmentation de ceux du pétrole. La corruption se généralise et l’inflation devient galopante, tandis que Mobutu privatise de nombreuses entreprises à son nom ou aux noms de ses proches (« Zaïrianisation »)1. Le pays produit d’importantes quantités de café pour l’exportation mais ne couvre pas ses besoins alimentaires, Mobutu fait importer des céréales et de la viande d’Afrique du Sud et de Rhodésie (deux régimes ségrégationnistes) au lieu de moderniser l’agriculture du pays qui, vu son climat, pourrait facilement subvenir à ses besoins. De manière générale, les nouveaux propriétaires de biens économiques et financiers n’étaient pas suffisamment préparés pour assurer une gestion de moyen et de long terme de l’outil de production. Ceux qui n’ont pas fait faillite ont placé d’immenses investissements en Occident. Mobutu détourne les devises d’État de telle façon qu’en 1984, il est un des hommes les plus riches de la planète avec 4 milliards de dollars, l’équivalent de la dette extérieure du pays. La dette s’accroît encore plus avec la construction pharaonique du barrage hydroélectrique d’Inga, chantier légué par la Belgique coloniale et dont le Zaïre n’avait pas besoin. Si le barrage d’Inga a rapporté de l’argent aux entreprises françaises (EDF) ou italiennes celui-ci, tout comme l’aciérie de Maluku a vite été abîmé2,3. Cette politique nationaliste du régime eu aussi pour conséquence de freiner les investissements étrangers au Zaïre, favorisant in fine une forme de monopole d’entrée de capitaux étrangers dans le chef des différents fonds de coopération au développement. La dictature, les persécutions et la paupérisation font fuir les cerveaux en Occident (Belgique et France en tête). Structures politiques La mise à disposition de fonds commerciaux et de patrimoines économiques a également constitué un relais du clientélisme entretenu par le pouvoir. Le clan entourant le chef de l’État a ainsi pu bénéficier des fruits de la politique de nationalisation, tout comme ceux qui dans les différentes régions du pays, faisaient allégeance au régime en échange d’un commerce ou d’une propriété foncière. De nombreux pays occidentaux ont signé des conventions avec le Zaïre afin de procéder à l’indemnisation des parties spoliées, mais dans la très grande majorité des cas, ces accords n’ont jamais été appliqués. Alliés occidentaux de Mobutu Bien que le régime mobutiste se soit inscrit dès le départ dans le sillage de la guerre froide, en privilégiant des liens étroits avec l’ancienne puissance coloniale belge, les ÉtatsUnis et la France, on peut néanmoins parler de manière générale de schéma politique particulier. 24 novembre 1965: Le coup d’État orchestré à Kinshasa n’aurait pas pu avoir lieu sans appuis occidentaux, qui craignent un basculement du géant africain dans la sphère de l’Union soviétique. Le colonel Mobutu représente à leurs yeux la seule alternative face à la politique prônée jadis par le panafricaniste Lumumba et à l’impossibilité du président Kasa-Vubu de stabiliser son gouvernement. De 1970 à 1980, le Zaïre constitue une forme de rempart anticommuniste en Afrique, une situation d’autant plus attrayante pour les pays occidentaux que l’endiguement de la sphère soviétique (ex. Congo-Brazzaville), s’accompagne d’un accès au très important sous-sol minier (cuivre, uranium, cobalt, etc.). Ainsi, en parallèle de la coopération militaire soutenue avec des pays comme la Belgique et la France, le Zaïre a également servi de principale base arrière d’approvisionnement en armes de la rébellion du Front national de libération de l’Angola FNLA de Holden Roberto et l’UNITA de Jonas Savimbi, soutenue par les États-Unis et l’Afrique du Sud, contre le régime marxiste angolais. Un élément clé du conflit dans le Sud-Ouest africain transite ainsi par le canal du régime zaïrois et ce, en échange d’un soutien politique externe mais aussi interne. 1977: des rebelles « katangais » venus d’Angola envahissent le Shaba, les troupes de Mobutu sont impuissantes, les rebelles ne sont que repoussés par des troupes marocaines acheminées par l’aviation française. mai 1978: à nouveau, 4 000 rebelles venus d’Angola « les gendarmes katangais » attaquent la ville minière de Kolwezi, comme on les accuse d’avoir massacré des Européens la Légion étrangère françaises et des soldats belges interviennent pour mater la rébellion. Dans ces deux opérations, certains ont pu voir une tentative des marxistes angolais d’affaiblir Mobutu qui soutient l’UNITA et le FNLA. Les rebelles en tout cas en noyant les mines de Kolwezi, font aussi fuir pour de bon les ingénieurs, ce qui affaiblit l’économie zaïroise à long terme. Cette guerre interposée entre Luanda et Kinshasa montre aussi l’importance du Zaïre aux yeux des occidentaux. Pour autant, en dépit des liens étroits entretenus avec les capitales occidentales, le président Mobutu ne ferme à aucun moment véritablement la porte aux pays situés dans l’orbite soviétique et à la Chine. En réalité, il s’agissait plus d’affinités du régime zaïrois pour les oripeaux des différents systèmes communistes que pour l’idéologie de base. Ainsi, le modèle de la révolution culturelle de Mao inspire le dirigeant zaïrois, qui l’adapte à son pays : *naissance de l’abacost (« à bas le costume ») surmonté d’un col mao, publication du livre vert retour à l’« authenticité » des patronymes individuels. Bien que largement inférieurs à l’aide occidentale, les appuis issus des pays du bloc de l’Est n’en sont pas moins existants à l’instar de la mise à disposition de coopérants dans l’enseignement ou le financement de micro-projets de développement. Chute de Mobutu Vers la démocratisation Conférence nationale souveraine (RDC) Pillages de Kinshasa Situation au Congo En 1996, le Zaïre de Mobutu est très affaibli. Il a gardé le soutien de la France, après avoir accepté que les réfugiés rwandais fuient la zone de l’opération Turquoise pour venir se réfugier en Ituri. Mais les autres puissances occidentales n’ont plus confiance en lui, et lui retirent son soutien. Physiquement, Mobutu est malade : il souffre d’un cancer de la prostate. Son premier ministre Kengo Wa Dondo exerce de plus en plus de pouvoir. L’armée du Zaïre est déliquescente. Seule la Division spéciale présidentielle est plus efficace. À la frontière avec le Rwanda, des réfugiés Hutu rwandais vivent dans des camps de réfugiés. Le pouvoir tutsi rwandais s’inquiète de cette présence à sa frontière : il craint qu’ils ne reprennent les armes et fassent chuter le pouvoir tutsi rwandais. Déjà, ces réfugiés Hutu sont accusés de persécuter les Tutsis du Congo. Cela sera un prétexte à la guerre. Arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila Article détaillé : Première guerre du Congo. Une étrange coalition entre le Rwanda de Paul Kagame, l’Ouganda de Yoweri Museveni, les États-Unis de Bill Clinton et l’Angola de Dos Santos et bien sûr des volontaires zaïrois va créer une rébellion armée contre Mobutu, avec à sa tête un ancien marxiste congolais, Laurent-Désiré Kabila. Ce dernier, Muluba, né à Moba au Katanga qui a milité pour l’indépendance du Congo belge, a fui la guerre civile de 1960-1965 en Tanzanie, devenu là-bas trafiquant d’ivoire et d’or. Cette rébellion baptisé AFDL (Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo) sera financée par les lobbys miniers américains et canadiens. Kabila signera en effet des accords concernant l’exploitation minière avec les sociétés American mineral fields (le futur Adastra), Barrick Gold, First American Diamond, Horsham Corporation, Anglo Gold ashanti. Les forces de l’AFDL entrent dans Kinshasa le 17 mai 1997, et Laurent-Désiré Kabila s’autoproclame président du pays rebaptisé république démocratique du Congo. La guerre interafricaine Article détaillé : Deuxième guerre du Congo. Les anciens alliés de Laurent Kabila se soulèvent contre lui et forment deux camps : le MLC de J-P Bemba soutenu par l’Ouganda et le RCD soutenu par le Rwanda. Ne pouvant pas faire face à ces armées, Kabila appelle les armées angolaise, zimbabwéenne et namibienne à l’aide. La normalisation Articles détaillés : Gouvernement de transition de la République démocratique du Congo et Troisième République (République démocratique du Congo). République démocratique du Congo Notes et références 1. ↑ Les années Mobutu (1965-1989):l’accroissement exponentiel d’une dette odieuse [archive] 2. ↑ Jean-Claude WILLAME, Zaïre : L’épopée d’Inga, Chronique d’une prédation industrielle, Paris, L’Harmattan, 1986 3. ↑ Le barrage d’Inga, l’exemple emblématique d’un éléphant blanc pp.22-26 [archive] Voir aussi Accords de paix : la réunification du Congo Accord de Lusaka Accord de Prétoria Bibliographie Sur les autres projets Wikimedia : Histoire de la République démocratique du Congo, sur Wikimedia Commons Deward, G., Histoire du Congo, Liège-Paris, Dessain, 1962. Colette Braeckman, L’Enjeu congolais, l’Afrique centrale après Mobutu. Paris : Fayard. Albert Kisonga Mazakala, 45 ans d’histoire congolaise : l’expérience d’un lumumbiste (préfacé par Isidore Ndaywel è Nziem). – Paris : l’Harmattan, coll. « Mémoires lieux de savoir. Archive congolaise », 2005. – 301 p., 22 cm. – (ISBN 2-7475-9020-8). Buchmann, J., L’Afrique noire indépendante, Paris, 1962. Buana Kabwe, L’Expérience zaïroise : du casque colonial à la toque de léopard, Paris, Afrique Biblio Club, 1975. Briselance, M.F., Histoire de l’Afrique, Paris, Ed. Jeune Afrique, 1988, 2 t. Breuil, H., Le Paléolithique du Congo-Belge d’après les recherches du docteur Cabu, Transactions of the Society of South Africa, 1944, 30, part. 2, p. 143-160. Braeckman, C. et alii, Congo-Zaïre : la colonisation, l’indépendance, le régime Mobutu et demain, Bruxelles, GRIP, 1990. Bibliographie de l’archéologie de la République démocratique du Congo Malu-Malu Jean-Jacques Arthur, Le Congo Kinshasa. Clamecy : Karthala, mai 2002. 383p. Ndaywel è Nziem Isidore, Histoire générale du Congo. Bruxelles : Duculot, 1998. 955p. Filmographie La Mémoire du Congo en péril, film documentaire de Guy Bomanyama Zandu, 2006 Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_R%C3%A9publique_d% C3%A9mocratique_du_Congo