Histoire de la R.D. Congo

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Histoire de la R.D. Congo
Histoire de la R.D. Congo
Le territoire qui porte aujourd’hui le nom de République
démocratique du Congo est peuplé depuis au moins 200 000 ans
environ. Les preuves de l’intelligence mathématique et
spatiale de l’homo sapiens ont été découvertes à Ishangu à
l’intérieur du Parc de Virunga sont datées de 22000 ans. Selon
les études et travaux réalisés par les Dr Pr C. Anta Diop et
Théophile Obenga les premières migrations d’une partie des
ancêtres des Bantous débuta, de la vallée du Nil en Nubie,
Haute Égypte, avant la première période intermédiaire, période
dite Thinite. Des locuteurs Bantous venus d’une zone comprise
entre l’Est du Nigeria et les Grassfields du Cameroun vinrent
s’y installer dès -2600 ans, car c’est dans cette région
qu’est né le peuple Bantou que nous connaissons aujourd’hui.
Il y eut des grands royaumes sur ce territoire comme, le
Kongo, le Pende, Songye, le Luba, le Kuba… et le témoignage
laissé par les anciens sur la nécropole de Sanga dans la
région du lac Upemba qui date du 7e siècle ap Jc. Cependant, ce
territoire ne se fait connaître par les européens vers 1482
avec la découverte du fleuve Congo par le marin portugais
Diego Cao, qui trouva en ces lieux le Royaume Kongo à son
apogée. Plus tard le roi des belges Léopold II organisa vers
les années 1877, la première exploration du Congo-Kinshasa par
Henry Morton Stanley qui remontant le fleuve Congo. Cette
ouverture marquera le début de la colonisation du Congo
jusqu’à l’annexion du pays par la prise de possession par le
roi Léopold II de Belgique (1885) qui en fera sa propriété
personnelle jusqu’à sa mort en 1908. Ce dernier, c’est-à-dire
le roi Léopold II, prendra possession de cette zone en son nom
propre sous le nom sous le nom d’État libre du Congo. Aussitôt
possédé, des expéditions d’exploration sont lancées, et les
voies de communications développées. Mais la maîtrise du
territoire ne s’achève qu’en 1894.
Depuis, il devient foyer d’exploitation intensive, où se
côtoient tant les missionnaires que les aventuriers à la
recherche de fortune facile par tous les moyens.
L’exploitation rageuse du territoire débuta dès 1885 avec des
conséquences terribles sur les populations Congolaises
autochtones. Cependant, en 1908, le Parlement belge reprit,
par leg du roi Léopold II, la tutelle sur le territoire de ce
qui allait désormais s’appeler le Congo belge, et continua
l’œuvre d’exploitation commencée par l’ancien roi.
Un certain 30 juin 1960 le Congo arrache son indépendance,
après une décennie de luttes politiques. La Belgique finit par
se retirer, craignant une guerre d’indépendance semblable à
celle qui sévissait encore en Algérie. Patrice Lumumba et
d’autres Congolais ont joué un rôle capital dans l’accession à
l’indépendance.
Sommaire
• 1 Préhistoire, Moyen Âge et colonisation
• 2 Colonisation belge
- 2.1 Chronologie
- 2.2 Propriété du roi Léopold II
- 2.3 Le Parlement reprend le Congo des mains du roi
• 3 Indépendance
- 3.1 Régime de Mobutu
▪ 3.1.1 Zaïrianisation
• 3.1.1.1 Prémisses
• 3.1.1.2 Zaïrianisation
• 3.1.1.3 Structures économiques
• 3.1.1.4 Structures politiques
▪ 3.1.2 Alliés occidentaux de Mobutu
- 3.2 Chute de Mobutu
▪ 3.2.1 Vers la démocratisation
▪ 3.2.2 Situation au Congo
▪ 3.2.3 Arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila
• 4 La guerre interafricaine
• 5 La normalisation
• 6 République démocratique du Congo
• 7 Notes et références
•
- 8.1 Accords de
-
8 Voir aussi
paix : la réunification du Congo
8.2 Bibliographie
8.3 Filmographie
Préhistoire,
colonisation
Moyen
Âge
et
Article détaillé : Congo précolonial.
La zone qui porte aujourd’hui le nom de République
démocratique du Congo est peuplée depuis au moins 200.000 ans
environ. Des locuteurs Bantous venus d’une zone comprise entre
l’est du Nigeria et les Grassfields du Cameroun y compris Bena
Kongo venus de l’Éthiopie, vinrent s’y installer dès -2600
ans.
Les grands royaumes (luba, lunda, kongo) se forment entre les
premiers siècles après Jésus-Christ et avant le XV e siècle,
époque de l’arrivée des premiers Portugais sur le littoral
atlantique. Mais de nombreuses populations vivaient alors dans
des chefferies, c’est-à-dire de petites principautés plus ou
moins auto-suffisantes. À partir de cette époque, on voit ces
royaumes éclater sous l’impulsion de la traite et l’émergence
de nouveaux rapports de force qui déboucheront sur la
colonisation.
La domination et l’exploitation officielle par les Européens
durèrent des années 1880 jusqu’à l’indépendance en 1960. La
première carte européenne de la région est due à l’explorateur
vénitien Alvise Cadamosto au service du Portugal (XVI e s.).
Celle du découpage est due à Henry Morton Stanley, qui l’a
préparée à recevoir les colons européens. Le Congo fut remis
au roi Léopold II de Belgique au cours de la Conférence de
Berlin de 1885 (conférence au cours de laquelle l’Afrique est
déclarée res nullius, c’est-à-dire chose n’appartenant à
personne, ce qui permet aux Européens de « se servir
officiellement et sans scrupules »).
Colonisation belge
Article détaillé : Colonisation du Congo.
La colonisation du Congo se réfère à la période comprise entre
la première exploration du Congo-Kinshasa par Henry Morton
Stanley (1867) jusqu’à l’annexion du pays par la prise de
possession par le roi Léopold II de Belgique (1885).
Chronologie
1874-1877 : exploration du fleuve Congo par Henry Morton
Stanley
1876 : fondation de l’Association Internationale Africaine
(AIA) par Léopold II de Belgique
1879 : retour de Stanley au Congo pour coloniser des terres au
travers de l’AIA
1885 novembre –1886 février : Conférence de Berlin
1886 : Léopold II de Belgique devient roi de l’État
Indépendant du Congo (EIC)
1908 : Léopold II de Belgique cède l’EIC à la Belgique,
naissance du Congo belge, charte coloniale pour la gestion du
Congo et scandales dans la presse belge
1940 : entrée en guerre du Congo du côté des alliés
1959 : émeutes à Léopoldville pour l’indépendance
30 juin 1960 : indépendance du Congo
Propriété du roi Léopold II
Article détaillé : État indépendant du Congo.
Le roi Léopold II prend possession du territoire en son nom
propre sous le nom d’État Indépendant du Congo. Des
expéditions d’exploration sont lancées, et les voies de
communication développées. La maîtrise du territoire s’achève
en 1894 pour l’essentiel avec la fin de la guerre contre les
Arabo-Swahilis.
L’exploitation intensive du territoire commence alors, où se
côtoient tant les missionnaires que les aventuriers à la
recherche de fortune facile par tous les moyens. La population
locale devra notamment récolter par le travail forcé pour le
compte du Domaine royal ou de compagnies privées du
caoutchouc, un marché en expansion en raison de la croissance
du nombre de pneus fabriqués à partir du caoutchouc. La vente
de ce caoutchouc et d’autres ressources, suite à la mise en
exploitation de la ligne de chemin de fer Matadi-Léopoldville,
et après avoir servi à rembourser les emprunts, fit la fortune
de Léopold II, qui fit construire de nombreux bâtiments à
Bruxelles et Ostende.
Au cours de la période 1885–1908, la population eut à souffrir
de cette exploitation forcée, de façon directe ou indirecte
(famine, exode…). De très nombreuses exactions (meurtres,
mutilations, tortures…) furent commises, et la population
décrut. Il y eut cependant des protestations contre ces
traitements qui allaient à l’encontre des principes fondateurs
de l’État, notamment de la part de l’écrivain Mark Twain, du
diplomate britannique Roger Casement, dont le rapport de 1904
condamnait les pratiques en vigueur au Congo et surtout du
journaliste anglais du West Africain mail Edmond Morel.
Le Parlement reprend le Congo des mains
du roi
Article détaillé : Congo belge.
En 1908, le Parlement belge reprit la tutelle sur le
territoire de ce qui allait désormais s’appeler le Congo
belge.Une colonisation plus « classique » se met en place. La
situation de la population s’améliora graduellement : un
réseau d’institutions sanitaires permit de faire reculer les
maladies et la malnutrition, l’enseignement fut développé, et
le pays fut mis en exploitation, avec notamment la découverte
des formidables ressources minières du Katanga. Mais
l’extraction des matières premières se fait moins féroce. La
récolte de caoutchouc touche à sa fin et le transfert de ces
matières n’est plus une priorité. Le travail forcé persista
cependant sous diverses formes jusqu’à la Seconde Guerre
mondiale, et le contrôle de la population se structura, ayant
notamment recours au fichage ethnique et à des méthodes
d’apartheid. Une émancipation de la population, notamment par
l’accès à des études supérieures, ne fut envisagée qu’à l’aube
de l’indépendance en 1960.
De nombreuses personnalités du Congo se dressèrent contre
cette oppression dès son origine. C’est l’exemple de Nzinga
Nkuwu, Mpanzu a Nzinga, plus tard de Kimpa Vita, Simon
KimbanguKasa Vubu, Patrice Emery LUMUMBA, KA LONJI Mulopwe.
Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, la Force
publique participa à la campagne contre l’Afrique orientale
allemande. La Belgique en récupèrera le protectorat sur le
Ruanda-Urundi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la
Force publique remporta un certain nombre de victoires sur les
troupes italiennes en Afrique du Nord. Le Congo belge fournit
aussi le minerai d’uranium de la mine de Shinkolobwe qui
allait être utilisé pour les bombes nucléaires d’Hiroshima et
Nagasaki.
Les Belges pensaient avoir trouvé le système parfait: une
présence permanente en gardant l’estime des Africains. L’image
de l’ordre parfait était donnée par l’amélioration lente mais
continue du niveau de vie. Mais sous cet ordre en surface se
développaient des revendications venant de sectes religieuses,
des tribus et des intellectuels. Les nationalistes du pays
étaient focalisés sur l’obtention de droits politiques.
Indépendance
Article détaillé : Crise congolaise.
Le Congo a obtenu son indépendance le 30 juin 1960, après des
luttes politiques initiés par des cercles de réflexions dont
Conscience Africaine de Ileo, de Joseph Malula futur Cardinal
de Kinshasa ensuite des anciens élèves des Pères de Scheut que
présidait Bolikango, du MNC parti nationaliste qui défendait
l’idée, la philosophie d’un ETAT UNITAIRE; dont le discours de
Joseph Kasa Vubu: » La terre appartient au premier occupant »
réveilla l’attention de plus d’un Congolais dans la mesure où
le mot « indépendance a été cité pour la première fois » enfin
de l’ABAKO de Joseph Kasa Vubu 1 e r parti politique dont
l’annulation du meeting du 4 janvier 1959 précipita la
décision de la Belgique à négocier car des émeutes
s’ensuivirent du fait qu’une foule sortant du stade après une
rencontre sportive entre une équipe de Léopoldville
(Kinshasa): V. Club et celle d’Elisabethville( Lumbumbashi);
Mikado s’en est mêlée à la colère des militants de l’ABAKO.
La Belgique finit par se retirer, craignant une guerre
d’indépendance semblable à celle qui sévissait encore en
Algérie. La Belgique organisant des élections législatives
pour élire les membres du parlement à qui elle signerait et
remettrait les documents signifiant l’indépendance de la
république démocratique du Congo Patrice Lumumba a joué un
rôle crucial, en ayant mis en avant stratégiquement la vision
Nationale du Congo et non fédérale comme le voulaient les
belges et certains autres Congolais opportunistes, ainsi que
d’autres Congolais dans l’accession à l’indépendance du CONGO.
Le MNC Lumumba et ses alliés rapportèrent les élections
nationales avec 65 % de sièges au Parlement, dans le cadre
d’un État à régime parlementaire, le Premier Ministre est le
Chef du gouvernement, le président n’avait qu’un rôle
symbolique. À cette occasion pour la nomination du Président,
PE Lumumba convainc ses amis et alliés d’offrir ce poste à
l’ancien, Joseph Kasa-vubu car la victoire contre les colons
était celle de tous les Congolais.
Quand la République du Congo est née, en juin 1960, Lumumba en
fut le Premier ministre et ministre de la Défense. Peu de
temps après l’indépendance, l’armée, toujours commandée par
des officiers belges, se rebella après la déclaration d’un
général belge (le lieutenant-général Janssens) qui disait
qu' »avant indépendance = après indépendance ». La révolte
militaire persista, jusqu’à ce que le président Joseph KasaVubu et Lumumba aient remplacé les officiers belges par des
Africains, ce qui eut pour résultat le départ d’un grand
nombre de Belges et, par suite, un effondrement de
l’administration de la jeune nation.
Le gouvernement belge a envoyé de nombreuses troupes pour
protéger les ressortissants belges, et Lumumba demanda l’aide
des Nations unies. Ces dernières ont envoyé des troupes pour
rétablir l’ordre ; elles furent largement soutenues par les
États-Unis, qui considéraient Lumumba comme un communiste et
voulaient éviter par tous les moyens que le Congo tombe entre
les mains de l’Union soviétique.
Dans le même temps, la riche province du Katanga(représentant
70 % des devises) a déclaré son indépendance, sous le nom
d’État du Katanga] et sous l’égide de Moise Tshombe d’origine
lunda qui déclencha des persécutions et l’expulsion de
nombreux Kasaïens, le secrétaire général de l’ONU parla même
de génocide. Il en fut de même pour la province du Sud-Kasaï
qui fit sécession sous l’égide d’Albert Kalonji et où il y eut
de violents affrontements inter-ethniques. Une opération
militaire menée en août 1960 pour rappeler à l’ordre la
province de Kasaï, qui avait fait sécession, avait échoué.
Lumumba demanda à l’ONU la permission de reprendre le contrôle
du Katanga, mais quand les Nations unies eurent essayé de
faire comprendre à Lumumba qu’elles étaient une force de
maintien de la paix neutre et qu’elles ne pouvaient partir en
campagne contre une province qui avait fait sécession, Lumumba
demanda de l’aide à l’URSS. Il l’obtint et s’en servit. Pour
le président des États-Unis, Dwight Eisenhower, il était
évident que l’URSS se servait de Lumumba pour établir un
bastion communiste au centre de l’Afrique. Eisenhower et la
Belgique donnèrent donc l’ordre de tuer Lumumba ; une
tentative d’empoisonnement échoua. Aussitôt, le président
Kasa-Vubu, son rival dans la conquête du pouvoir, le démit de
ses fonctions de Premier Ministre. Lumumba, à son tour, démit
le président de ses fonctions.
Peu de temps après, Lumumba fut mis aux arrêts par le colonel
Joseph-Désiré Mobutu. Lumumba s’enfuit et tenta de rejoindre
ses partisans à Stanleyville. Il fut repris et envoyé (janvier
1961), sur l’ordre du ministre belge des Affaires Étrangères,
chez ses ennemis jurés, dans le Katanga de Moïse Tchombe. Sur
le chemin, il fut torturé et assassiné avec deux de ses
partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito par un commando
belgo-congolais. Leurs corps furent dissous dans de l’acide
sulfurique quelques jours plus tard. En février, on annonça
qu’il avait été tué par des villageois en colère. Des émeutes
eurent lieu pour protester contre sa mort dans plusieurs
capitale du monde dont Paris.
Voir de Lumumba : Congo : Mon pays (1962) et Discours de
Lumumba (éd. Jean van Lierde).
Régime de Mobutu
Après un premier coup d’État qui ne dit pas son nom, où il
neutralisa le 1 e r ministre Patrice Emery Lumumba, pour
installer des Commissaires Généraux, le Lt Général Joseph
Désiré Mobutu renversa le Président élu Joseph Kasa Vubu le 24
novembre 1965 par un coup d’État militaire en relation avec un
groupe de généraux qu’il appellera : « compagnons de la
révolution ». Le régime de Mobutu est fondé sur l’autorité et
le nationalisme, qui sont les secrets de sa longévité.
D’entrée, Mobutu se présente comme le libérateur des Noirs, en
nationalisant les mines (1966) et déboulonnant les statues
coloniales dans la capitale rebaptisée Kinshasa la même année.
Les Congolais qui viennent de sortir de l’époque coloniale
sont alors très sensibles à cette propagande. Mobutu rebaptise
Léopoldville en Kinshasa et amorce sa célèbre politique
d’authenticité africaine. Le sixième anniversaire de
l’indépendance organise un défilé qui montre l’histoire du
pays, et le Belge infligeant la chicotte comme indécrottable
raciste. Mobutu fera aussi piller et renvoyer l’ambassade de
Belgique. Cependant tout ceci se faisait avec la complicité du
pouvoir belge. En effet dans un Congo avec une poignée
d’universitaires tous les ministres congolais ont leur
conseiller belge, l’armée nationale est encadrée par des
officiers belges. L’enseignement universitaire, secondaire ou
même primaire ne saurait fonctionner sans le personnel belge.
Mobutu se voit personnellement comme un monarque noir après
Léopold II. Des journalistes ont remarqué comment le jeune
chef d’État essayait de ressembler au roi Baudouin à ses
débuts. Tout le plan de Mobutu est là, diriger un État énorme
en monarque absolu et mourir en milliardaire.
Pour ce qui est de l’autorité les agents de sécurité en civil
sont là, la censure règne, les enfants apprennent dès leur
plus jeune âge l’obéissance au doigt et à l’œil à Mobutu à
l’école et à travers les médias. Les manifestations sont
matées dans le sang et les opposants emprisonnés sans procès.
En même temps Mobutu et le Congo sont le rempart des
Américains capitalistes face à la montée des régimes
communistes en Afrique. C’est ainsi que le Congo va accueillir
les réfugiés angolais pendant leur guerre avec le Portugal
(1961-1975). Mais Mobutu ne reconnaîtra sous la pression des
Américains que le FNLA et l’UNITA comme gouvernement angolais
qui sera d’ailleurs en exil au Congo.
Zaïrianisation
Article détaillé : Zaïrianisation.
Prémisses
Dès 1972, Mobutu prend une série de mesures pour se détacher
de tout ce qui peut rappeler l’occident. Le pays est renommé
« République du Zaïre ». Le général Mobutu devint Mobutu Sese
Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga, et oblige tous ses concitoyens à
adopter des noms africains (suppression des prénoms
occidentaux, et rajout d’un « postnom »). L’abacost est
promulgué. Une nouvelle monnaie – le zaïre divisé en 100
makuta (singulier likuta) – remplace le franc congolais. De
nombreuses villes sont rebaptisées.
Zaïrianisation
Réalisée
dans
le
courant
de
l’année
1974,
la
« Zaïrianisation » a constitué l’un des événements des plus
importants de la politique menée par le régime mobutiste, à
savoir la nationalisation progressive des biens commerciaux et
des propriétés foncières qui appartenaient à des
ressortissants ou groupes financiers étrangers. En réalité, si
cette mesure s’inscrivait officiellement dans un effort visant
à la réappropriation nationale de l’économie ainsi qu’à la
redistribution des richesses acquises pendant la colonisation,
elle a constitué surtout un échec.
Structures économiques
Après la première guerre du Congo, Mobutu, nouveau chef d’État
s’est engagé à regagner la confiance des milieux d’affaires
étrangers. En 1966, les puissantes industries minières du
Kasaï et du Katanga ont été nationalisées. C’est alors l’âge
d’or du Congo, maintenant indépendant : en 1967 1 franc
congolais vaut alors 2 dollars américains, les écoles
publiques se développent et l’exode rural s’accélère ; les
prix du café, du cuivre ou d’autres minerais sont florissants
mais l’économie du pays est encore, comme à l’époque
coloniale, trop tournée vers l’exportation et donc fragile.
À partir de 1973, le pays est touché par une crise économique
aiguë, due à la baisse des prix du cuivre et à l’augmentation
de ceux du pétrole. La corruption se généralise et l’inflation
devient galopante, tandis que Mobutu privatise de nombreuses
entreprises à son nom ou aux noms de ses proches
(« Zaïrianisation »)1. Le pays produit d’importantes quantités
de café pour l’exportation mais ne couvre pas ses besoins
alimentaires, Mobutu fait importer des céréales et de la
viande d’Afrique du Sud et de Rhodésie (deux régimes
ségrégationnistes) au lieu de moderniser l’agriculture du pays
qui, vu son climat, pourrait facilement subvenir à ses
besoins.
De manière générale, les nouveaux propriétaires de biens
économiques et financiers n’étaient pas suffisamment préparés
pour assurer une gestion de moyen et de long terme de l’outil
de production. Ceux qui n’ont pas fait faillite ont placé
d’immenses investissements en Occident. Mobutu détourne les
devises d’État de telle façon qu’en 1984, il est un des hommes
les plus riches de la planète avec 4 milliards de dollars,
l’équivalent de la dette extérieure du pays. La dette
s’accroît encore plus avec la construction pharaonique du
barrage hydroélectrique d’Inga, chantier légué par la Belgique
coloniale et dont le Zaïre n’avait pas besoin. Si le barrage
d’Inga a rapporté de l’argent aux entreprises françaises (EDF)
ou italiennes celui-ci, tout comme l’aciérie de Maluku a vite
été abîmé2,3. Cette politique nationaliste du régime eu aussi
pour conséquence de freiner les investissements étrangers au
Zaïre, favorisant in fine une forme de monopole d’entrée de
capitaux étrangers dans le chef des différents fonds de
coopération au développement.
La dictature, les persécutions et la paupérisation font fuir
les cerveaux en Occident (Belgique et France en tête).
Structures politiques
La mise à disposition de fonds commerciaux et de patrimoines
économiques a également constitué un relais du clientélisme
entretenu par le pouvoir. Le clan entourant le chef de l’État
a ainsi pu bénéficier des fruits de la politique de
nationalisation, tout comme ceux qui dans les différentes
régions du pays, faisaient allégeance au régime en échange
d’un commerce ou d’une propriété foncière. De nombreux pays
occidentaux ont signé des conventions avec le Zaïre afin de
procéder à l’indemnisation des parties spoliées, mais dans la
très grande majorité des cas, ces accords n’ont jamais été
appliqués.
Alliés occidentaux de Mobutu
Bien que le régime mobutiste se soit inscrit dès le départ
dans le sillage de la guerre froide, en privilégiant des liens
étroits avec l’ancienne puissance coloniale belge, les ÉtatsUnis et la France, on peut néanmoins parler de manière
générale de schéma politique particulier.
24 novembre 1965: Le coup d’État orchestré à Kinshasa
n’aurait pas pu avoir lieu sans appuis occidentaux, qui
craignent un basculement du géant africain dans la
sphère de l’Union soviétique. Le colonel Mobutu
représente à leurs yeux la seule alternative face à la
politique prônée jadis par le panafricaniste Lumumba et
à l’impossibilité du président Kasa-Vubu de stabiliser
son gouvernement.
De 1970 à 1980, le Zaïre constitue une forme de rempart anticommuniste en Afrique, une situation d’autant plus attrayante
pour les pays occidentaux que l’endiguement de la sphère
soviétique (ex. Congo-Brazzaville), s’accompagne d’un accès au
très important sous-sol minier (cuivre, uranium, cobalt,
etc.).
Ainsi, en parallèle de la coopération militaire soutenue avec
des pays comme la Belgique et la France, le Zaïre a également
servi de principale base arrière d’approvisionnement en armes
de la rébellion du Front national de libération de l’Angola
FNLA de Holden Roberto et l’UNITA de Jonas Savimbi, soutenue
par les États-Unis et l’Afrique du Sud, contre le régime
marxiste angolais. Un élément clé du conflit dans le Sud-Ouest
africain transite ainsi par le canal du régime zaïrois et ce,
en échange d’un soutien politique externe mais aussi interne.
1977: des rebelles « katangais » venus d’Angola
envahissent le Shaba, les troupes de Mobutu sont
impuissantes, les rebelles ne sont que repoussés par des
troupes marocaines acheminées par l’aviation française.
mai 1978: à nouveau, 4 000 rebelles venus d’Angola « les
gendarmes katangais » attaquent la ville minière de
Kolwezi, comme on les accuse d’avoir massacré des
Européens la Légion étrangère françaises et des soldats
belges interviennent pour mater la rébellion.
Dans ces deux opérations, certains ont pu voir une tentative
des marxistes angolais d’affaiblir Mobutu qui soutient l’UNITA
et le FNLA. Les rebelles en tout cas en noyant les mines de
Kolwezi, font aussi fuir pour de bon les ingénieurs, ce qui
affaiblit l’économie zaïroise à long terme. Cette guerre
interposée entre Luanda et Kinshasa montre aussi l’importance
du Zaïre aux yeux des occidentaux. Pour autant, en dépit des
liens étroits entretenus avec les capitales occidentales, le
président Mobutu ne ferme à aucun moment véritablement la
porte aux pays situés dans l’orbite soviétique et à la Chine.
En réalité, il s’agissait plus d’affinités du régime zaïrois
pour les oripeaux des différents systèmes communistes que pour
l’idéologie de base. Ainsi, le modèle de la révolution
culturelle de Mao inspire le dirigeant zaïrois, qui l’adapte à
son pays : *naissance de l’abacost (« à bas le costume »)
surmonté d’un col mao,
publication du livre vert
retour à l’« authenticité » des patronymes individuels.
Bien que largement inférieurs à l’aide occidentale, les appuis
issus des pays du bloc de l’Est n’en sont pas moins existants
à l’instar de la mise à disposition de coopérants dans
l’enseignement ou le financement de micro-projets de
développement.
Chute de Mobutu
Vers la démocratisation
Conférence nationale souveraine (RDC)
Pillages de Kinshasa
Situation au Congo
En 1996, le Zaïre de Mobutu est très affaibli. Il a gardé le
soutien de la France, après avoir accepté que les réfugiés
rwandais fuient la zone de l’opération Turquoise pour venir se
réfugier en Ituri. Mais les autres puissances occidentales
n’ont plus confiance en lui, et lui retirent son soutien.
Physiquement, Mobutu est malade : il souffre d’un cancer de la
prostate. Son premier ministre Kengo Wa Dondo exerce de plus
en plus de pouvoir.
L’armée du Zaïre est déliquescente. Seule la Division spéciale
présidentielle est plus efficace.
À la frontière avec le Rwanda, des réfugiés Hutu rwandais
vivent dans des camps de réfugiés. Le pouvoir tutsi rwandais
s’inquiète de cette présence à sa frontière : il craint qu’ils
ne reprennent les armes et fassent chuter le pouvoir tutsi
rwandais. Déjà, ces réfugiés Hutu sont accusés de persécuter
les Tutsis du Congo. Cela sera un prétexte à la guerre.
Arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila
Article détaillé : Première guerre du Congo.
Une étrange coalition entre le Rwanda de Paul Kagame,
l’Ouganda de Yoweri Museveni, les États-Unis de Bill Clinton
et l’Angola de Dos Santos et bien sûr des volontaires zaïrois
va créer une rébellion armée contre Mobutu, avec à sa tête un
ancien marxiste congolais, Laurent-Désiré Kabila.
Ce dernier, Muluba, né à Moba au Katanga qui a milité pour
l’indépendance du Congo belge, a fui la guerre civile de
1960-1965 en Tanzanie, devenu là-bas trafiquant d’ivoire et
d’or. Cette rébellion baptisé AFDL (Alliance des Forces
démocratiques pour la libération du Congo) sera financée par
les lobbys miniers américains et canadiens. Kabila signera en
effet des accords concernant l’exploitation minière avec les
sociétés American mineral fields (le futur Adastra), Barrick
Gold, First American Diamond, Horsham Corporation, Anglo Gold
ashanti.
Les forces de l’AFDL entrent dans Kinshasa le 17 mai 1997, et
Laurent-Désiré Kabila s’autoproclame président du pays
rebaptisé république démocratique du Congo.
La guerre interafricaine
Article détaillé : Deuxième guerre du Congo.
Les anciens alliés de Laurent Kabila se soulèvent contre lui
et forment deux camps : le MLC de J-P Bemba soutenu par
l’Ouganda et le RCD soutenu par le Rwanda. Ne pouvant pas
faire face à ces armées, Kabila appelle les armées angolaise,
zimbabwéenne et namibienne à l’aide.
La normalisation
Articles détaillés : Gouvernement de transition de la
République démocratique du Congo et Troisième République
(République démocratique du Congo).
République démocratique du Congo
Notes et références
1. ↑ Les années Mobutu (1965-1989):l’accroissement
exponentiel d’une dette odieuse [archive]
2. ↑ Jean-Claude WILLAME, Zaïre : L’épopée d’Inga,
Chronique d’une prédation industrielle, Paris,
L’Harmattan, 1986
3. ↑ Le barrage d’Inga, l’exemple emblématique d’un
éléphant blanc pp.22-26 [archive]
Voir aussi
Accords de paix : la réunification du
Congo
Accord de Lusaka
Accord de Prétoria
Bibliographie
Sur les autres projets Wikimedia :
Histoire de la République démocratique du Congo, sur
Wikimedia Commons
Deward, G., Histoire du Congo, Liège-Paris, Dessain,
1962.
Colette Braeckman, L’Enjeu congolais, l’Afrique centrale
après Mobutu. Paris : Fayard.
Albert Kisonga Mazakala, 45 ans d’histoire congolaise :
l’expérience d’un lumumbiste (préfacé par Isidore
Ndaywel è Nziem). – Paris : l’Harmattan, coll.
« Mémoires lieux de savoir. Archive congolaise », 2005.
– 301 p., 22 cm. – (ISBN 2-7475-9020-8).
Buchmann, J., L’Afrique noire indépendante, Paris, 1962.
Buana Kabwe, L’Expérience zaïroise : du casque colonial
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Briselance, M.F., Histoire de l’Afrique, Paris, Ed.
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Breuil, H., Le Paléolithique du Congo-Belge d’après les
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Braeckman, C. et alii, Congo-Zaïre : la colonisation,
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Bibliographie de l’archéologie de la République
démocratique du Congo
Malu-Malu Jean-Jacques Arthur, Le Congo Kinshasa.
Clamecy : Karthala, mai 2002. 383p.
Ndaywel è Nziem Isidore, Histoire générale du Congo.
Bruxelles : Duculot, 1998. 955p.
Filmographie
La Mémoire du Congo en péril, film documentaire de Guy
Bomanyama Zandu, 2006
Source:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_R%C3%A9publique_d%
C3%A9mocratique_du_Congo