Finance verte : l`Ircantec entre en scène et veut faire bouger les lignes

Transcription

Finance verte : l`Ircantec entre en scène et veut faire bouger les lignes
Finance verte : l’Ircantec entre en scène et veut faire
bouger les lignes
Dépêche 536529 -26/04/16 - Par Ana Lutzky, www.aef.info
Cette dépêche est transmise à titre exceptionnel et uniquement pour consultation.
Dans un discours prononcé le 13 avril 2016 au sein de
la mairie de Paris, en ouverture d'un colloque sur
l’investissement au service de la transition écologique
et énergétique, le président de l’Ircantec a présenté sa
stratégie pour la politique de placement des 9 milliards
d’euros de réserves du régime à l'horizon 2020. Une
feuille de route adoptée par son CA le 5 avril "à
l’unanimité". Dès cette année, l’Ircantec demandera
que le calcul de la part variable de la rémunération des
dirigeants intègre des indicateurs relatifs à la transition
écologique et énergétique. L’institution va comparer
trois méthodes de mesure de son empreinte carbone.
Citant sa "responsabilité fiduciaire", Jean-Pierre Costes déroule une feuille de route
"partagée avec la Caisse des dépôts", souhaite faire entrer dans la danse "le FRR
et l’Erafp", mais aussi "élargir l’horizon" avec l’Agirc-Arrco et avec la Prefon.
Responsabilité fiduciaire
"Nous communiquerons en direction de nos bénéficiaires et de nos cotisants, parce que cela fait
intrinsèquement partie de notre conception de la responsabilité fiduciaire." Jean-Pierre Costes,
président de l’Ircantec.
Jean-Pierre Costes, élu président de l’Ircantec pour 4 ans le 18 décembre 2015 (lire sur AEF), a
présenté le 13 avril une stratégie saluée comme "ambitieuse" auprès d’AEF par plusieurs
représentants de gestionnaires d’actifs, d’investisseurs institutionnels et d’agence en conseil de
vote actionnarial présents dans la salle, en matière de transition écologique et énergétique pour
les quatre ans à venir.
INVESTISSEMENTS VERTS ET CHARBON
Le président de la caisse de retraite complémentaire du secteur public liste des "premiers
résultats". Sur ses 9 milliards d’euros de réserves, la caisse consacre déjà "une poche de
300 millions d’euros" à des obligations vertes, émises principalement par la BEI et la région Ile-deFrance. Parmi les projets financés, l’installation de parcs éoliens ou la première obligation climat
émise par la ville de Paris en novembre 2015. Ces obligations vertes représentent aujourd’hui "7 %
des investissements du régime en obligations, contre moins de 1 % pour la moyenne du marché",
fait valoir Jean-Pierre Costes.
Dépêche n° 536529 © Copyright AEF
Conformément au code sur la propriété intellectuelle, toute reproduction ou transmission, de cette dépêche est strictement
interdite, sauf accord formel d'AEF.
Concernant les grandes entreprises cotées, l’Ircantec "a mis en place un portefeuille d’actions
'pilote' qui privilégie ce type d’entreprises". La caisse de retraite a par ailleurs réalisé un audit
énergétique sur l’ensemble de ses actifs immobiliers, qui "a conduit à décider d’engager dans les
prochaines années 800 000 euros de travaux pour la rénovation et l’amélioration thermique des
immeubles en portefeuille", annonce son président.
"Enfin nous avons vérifié l’exposition de nos portefeuilles au charbon", poursuit Jean-Pierre Costes.
"Celle-ci était marginale en 2015 puisqu’elle se réduisait à un montant de 2 millions d’euros. Nous
allons travailler à faire disparaître cette exposition très rapidement", déclare-t-il.
L’ARTICLE 173 DE LA LTECV EST "UNE OPPORTUNITE"
"Au-delà de ces premiers résultats, le nouveau conseil d’administration de l’Ircantec a adopté le
5 avril à l’unanimité une feuille de route pour la politique de placement de ses réserves pour les
quatre ans à venir", indique-t-il. "Nous voulons inscrire cette politique de placement dans une
trajectoire d’investissement compatible avec un scénario 2°C."
En premier lieu, l’Ircantec compte "renforcer sa collaboration avec ses pairs" en développant sa
participation aux réseaux dédiés à la transition écologique et énergétique.
"Nous encouragerons
les sociétés de gestion à approfondir leur dialogue avec les entreprises sur les enjeux climatiques."
L’Ircantec compte prendre part "aux initiatives visant à soutenir le développement des meilleures
pratiques des investisseurs institutionnels pour la mise en œuvre des dispositions de l’article 173
de la loi et de son décret d’application", fait valoir le président du régime de retraite, selon lequel
"les obligations nouvelles liées" à cet article et son décret (lire sur AEF) ne sont "pas une contrainte
mais une opportunité".
"C’est avec les services de la Caisse des dépôts que nous mettrons en place notre feuille de route
d’ici à 2020. Notre écosystème comprend aussi l’Erafp et le FRR", ajoute-t-il, exprimant en outre
le souhait de l’Ircantec "d’élargir les horizons en partageant les sujets climat avec l’Agirrc-Arco et
la Prefon". "Il nous revient de travailler avec d’autres investisseurs en Europe, et dans le reste du
monde", poursuit-il.
POLITIQUE DE VOTE ATTENTIVE AUX MONTANTS DE R & D
Quelle gestion de l’Ircantec ?
L’Ircantec sous-traite auprès de la Caisse des dépôts la gestion de ses réserves, qui délègue ellemême à dix sociétés les actions quotidiennes. Concrètement, le conseil d’administration de
l’Ircantec définit la politique d’investissement en s’appuyant sur un comité de pilotage technique et
financier. La Caisse des dépôts gère le régime de retraite et indique aux sociétés de gestion la
politique d’investissement arrêtée par le conseil d’administration. Enfin, dix sociétés de gestion
(dont Natixis AM, BNP, Edram, Allianz, Amundi, CPR, Dexia) appliquent la politique ISR dans leurs
choix d’investissement.
Dépêche n° 536529 © Copyright AEF
Conformément au code sur la propriété intellectuelle, toute reproduction ou transmission, de cette dépêche est strictement
interdite, sauf accord formel d'AEF.
La politique de vote "continuera de s’adapter dans le sens d’une plus grande exigence de
transparence des entreprises en matière de transition écologique et énergétique", prévient-il.
"Dès
cette année, l’Ircantec demande par exemple que le calcul de la part variable de la rémunération
des dirigeants intègre des indicateurs relatifs à la stratégie de transition écologique et énergétique."
"Nous demandons que les investissements en recherche et développement dans ce domaine
soient significatifs. Si ce n’est pas le cas, nous prévoyons de nous opposer sur les résolutions
d’approbation des comptes, de dividende, des rémunérations, ou de distribution de jetons de
présence." De plus, l’Ircantec prévoit de soutenir les initiatives de dépôt de résolutions allant dans
le sens "d’une économie plus sobre en carbone".
COMPARER TROIS METHODES DE MESURE DE L’EMPREINTE CARBONE
Par ailleurs, l’Ircantec va comparer trois méthodes de mesure de son empreinte carbone, "afin de
développer son intelligence du sujet et des enjeux" et pour "contribuer concrètement à l’émergence
de méthodologies fiables et complètes", alors que les méthodes de mesure ne sont pas stabilisées.
Selon les informations recueillies par AEF, le régime a confié ce travail aux agences Carbone 4,
Grizzly et Trucost. La caisse compte publier l’empreinte carbone de ses portefeuilles partir de 2017.
"Cette mesure nous aidera à étudier les options qui permettront de réduire cette empreinte à
terme." Ainsi, l’Ircantec "n’exclut pas de désinvestir fortement les investissements dans des 'actifs
dépréciables' notamment du secteur des énergies fossiles".
LABEL "CLIMAT" ET LABEL ISR
Par ailleurs, le renouvellement d’une grande partie de ses mandats de gestion, qui débutera au
second semestre 2016, "arrive à point nommé" pour lui permettre "sans délai" de regarder de près
"les opportunités d’investir dans des fonds spécifiquement dédiés au financement de la transition
écologique et énergétique", souligne son président.
Ainsi "la création du label public ISR (lire sur AEF) et, dans le domaine qui nous préoccupe
aujourd’hui, celle du label public 'transition écologique et énergétique pour le climat' (lire sur AEF)
sont deux bonnes nouvelles.
Nous pourrons en effet inscrire les futurs mandats de gestion
déléguée en cohérence avec les spécifications de ces deux référentiels développés sous l’égide
du ministère des Finances et du ministère de l’Environnement", avance-t-il. Dans un courrier lu par
le président de l’institution, la ministre de l’Environnement Ségolène Royal se félicite du choix de
l’Ircantec d’abonder des fonds arborant le label public "climat".
Jean-Pierre Costes rappelle que l’Ircantec agit "depuis 1974" contre la précarité énergétique en y
consacrant "près de 40 % de son budget d’aide sociale". Sur cet "enjeu social et de santé",
l’Ircantec compte se rapprocher d’autres institutions de retraite et de l’Ademe.
Dépêche n° 536529 © Copyright AEF
Conformément au code sur la propriété intellectuelle, toute reproduction ou transmission, de cette dépêche est strictement
interdite, sauf accord formel d'AEF.