Musique et Handicap
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Musique et Handicap
www.musique-education.com MUSIQUE EXTRAIT Réf. 6925 Musique et Handicap SOMMAIRE Préface du Professeur Oskar Schindler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Prélude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 CHAPITRE 1 : Il était une fois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 CHAPITRE 2 : le handicap . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 CHAPITRE 3 : le chemin de la musique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 CHAPITRE 4 : les activés musicales en structure d’accueil spécialisée 51 CHAPITRE 5 : présentation des activités musicales . . . . . . . . . . . . . . . . 69 CHAPITRE 6 : les activités musicales complémentaires . . . . . . . . . . . . 91 CHAPITRE 7 : des exemples parmi d’autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 CHAPITRE 8 : les festivals . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 6 www.musique-education.com MUSIQUE EXTRAIT Réf. 6925 Musique et Handicap 4 - LA MUSIQUE EN STRUCTURE D’ACCUEIL SPÉCIALISÉE FAVORISER LA COMMUNICATION Une séance musicale collective implique et sollicite des échanges à différents niveaux : des chants qu’on choisit ensemble, que l’on chante ensemble, des instruments que l’on s’échange, des instruments qu’on joue ensemble dans une orchestration, des histoires musicales que l’on crée ensemble avec participation de chacun, des mouvements qu’on partage et qu’on s’aide à faire ensemble, des expressions libres (pour ceux qui ont la parole) que l’on peut faire à partir des musiques écoutées ou des chansons… Quand la communication verbale n’est plus possible, celle des sons musicaux l’est encore. EXERCER LA MOBILITÉ On aurait pu dire la motricité, mais alors on marcherait sur le terrain du kinésithérapeute et de la psychomotricienne. Toujours est-il qu’en musique, le mouvement est roi. Aucun son n’existe sans qu’un mouvement en soit à l’origine. De telle façon qu’en séance musicale, on est en permanence à solliciter les mouvements. J’ai été jusqu’à dire que la musique, c’est la culture du mouvement. Et je le confirme. En permanence l’acte musical, si petit soit-il, nous fait produire un acte neuro-moteur intentionnel qui exerce et entraîne nos capacités motrices. Et pour peu ou pourvu qu’il y ait du son au bout du geste, l’envie de bouger est démultipliée. J’en veux pour preuve ces polyhandicapés aux mobilités très réduites qui amplifient leurs gestes et les répètent parce que leurs mouvements génèrent des sons. Il y aurait lieu, dans le champ de la kinésithérapie et de la rééducation fonctionnelle, d’exploiter ce rapport : les séances de rééducation y gagneraient en efficacité et en confort. Nous utilisons un appareil peu répandu en France, le soundbeam, qui consiste à déclencher des sons (déterminés par un expandeur) déclenchés seulement grâce à des mouvements dans l’espace, larges ou infimes (le système consiste en un capteur comparable aux alarmes dans les salles de musée, si ce n’est qu’au lieu de déclencher une sirène on produit des sons musicaux paramétrés en fonction de la distance du radar, de l’instrument choisi, et du mode musical programmé). Un autiste peut ainsi jouer sa mélodie préférée en se déplaçant dans l’espace. Un tétraplégique pourra jouer de la même façon ses mélodies aux seuls légers mouvements de sa tête. 59 www.musique-education.com MUSIQUE EXTRAIT Réf. 6925 Musique et Handicap 5 - PRÉSENTATION DES ACTIVITÉS MUSICALES son ordre, tient compte de l’importance et de la faisabilité des activités ; ainsi le chant est en premier car ce sera l’activité la plus recommandée et facile à mettre en œuvre ; ensuite les séances musicales structurées, puis la relaxation musicale, etc. L’ACTIVITÉ CHANT En premier lieu l’activité chant doit être ouverte à tous les résidents de la structure, autonomes ou dépendants, chanteurs ou non. En effet, c’est une activité proposée qui doit pouvoir profiter à tous, sans distinction, sans sélection, dans le but de faire partager au plus grand nombre le plaisir de chanter et celui de bénéficier de cette ambiance particulièrement génératrice de bien-être. Chanter est certes une action neuro-motrice complexe qui, par la mobilisation cérébrale qu’elle requiert, empêche dans le même temps toute autre activité autonome de pensée. Ainsi la personne qui chante, durant l’activité, ne pense plus à sa ou ses difficultés ou problématiques de vie. C’est ce qui autorise à conférer au chant sa vertu thérapeutique. Chanter, c’est aussi exercer sa respiration, développer ou maintenir son énergie vocale, solliciter la mémoire des textes et des mélodies. Chanter, c’est encore vivre ou retrouver un espace de socialisation car, puisque d’autres chanteurs il y a, il faut partager à la fois le répertoire et ses propres productions dans un ensemble où des règles sont observées pour que chacun « y trouve son compte », soit respecté et respecte les autres. L’activité chant, programmée régulièrement chaque semaine, permet ainsi à tous et à chacun de s’y retrouver. Temps d’expression vocale auquel les professionnels disponibles de l’établissement peuvent participer, c’est, au-delà des déficits de chacun, des différences sociales, intellectuelles et psychologiques, une rencontre qui devient un rendez-vous qu’on ne veut pas manquer : échanges, valorisation de soi-même, découverte de nouvelles chansons, réassurance avec les plus anciennes, sens de la fête… 72 www.musique-education.com MUSIQUE EXTRAIT Réf. 6925 Musique et Handicap 6 - LES ACTIVITÉS MUSICALES COMPLÉMENTAIRES ATELIER DE CONSTRUCTION D’INSTRUMENTS Il ne s’agit évidemment pas de concurrencer le facteur d’orgue ou les luthiers de Mirecourt, même si le principe est le même : partant de matériaux bruts, les façonner, les travailler, les transformer afin qu’ils produisent des sons. En structure spécialisée, le parallèle peut être fait avec l’atelier terre, si ce n’est qu’au bout de notre façonnage il y a du son. Tout l’intérêt réside dans la prise de conscience entre la matière et le son en rapport. Du bois, du plastique, du cuivre, du verre, des matériaux associés, tout peut faire son. Souvent, quand il y a handicap mental en présence, le rapport entre l’objet est le son est difficilement fait, d’autant que les instruments donnés en séance sont des instruments « produits finis », colorés, vernis et aux formes parfaites. On aidera d’autant mieux les participants à « comprendre » le son et ses paramètres que l’on travaillera des matériaux bruts dont la modification et l’évolution pourront changer : – le timbre – la hauteur – l’intensité – la capacité rythmique, mélodique ou harmonique. Ce travail des matériaux induit aussi un travail du mouvement à deux niveaux : – d’une part les gestes, si infimes soient-ils, qu’il faut mettre en œuvre pour travailler les matériaux (limer, maintenir, tourner, appuyer, soulever…) – d’autre part les mouvements destinés à faire sonner l’objet sonore en chantier : frapper, souffler, agiter, tirer, pincer, … La créativité n’est pas absente de cette activité où, partant d’un projet, on peut tout imaginer pour le faire évoluer à sa guise et aboutir à des objets sonores et à des instruments insolites et originaux. Quels instruments peut-on construire outre le sempiternel pot-deyaourt-maracas avec des graines dedans ? Tout, pourvu que l’ambition ne soit pas démesurée et surtout qu’à chaque étape de l’élaboration et du façonnage les participants aient une implication, quelle qu’elle soit (sinon l’animateur de l’atelier pourrait le faire seul ; cela irait certainement plus vite…). 97 www.musique-education.com MUSIQUE EXTRAIT Réf. 6925 Musique et Handicap 7 - DES EXEMPLES PARMI D'AUTRES Cédric Arrivé à l’âge de deux ans et demi au Centre, Cédric présentait une surdité bilatérale profonde. Prothétisé, il était en pleine phase de développement du langage. Dans la perspective de son implant cochléaire envisagé avant quatre ans, il fut décidé avec les parents que des séances individuelles seraient préférables pour l’application du programme pédagogique Musique, langage, surdité. En fait il s’agit d’utiliser les sons musicaux plus facilement perceptibles au niveau des oreilles (même en cas de surdité profonde) et plus facilement décodés par le cerveau (grâce à la structure particulière du son musical) pour – d’une part donner à l’enfant un intérêt au son, qu’il a peu compte tenu du fait qu’il le perçoit peu et déformé, – de jouer avec les instruments musicaux en exerçant sa maîtrise des paramètres du son (hauteur, intensité, rythme, timbre) – de produire des sons vocaux parlés et chantés – de découvrir et produire des structures musicales à l’aide d’instruments adaptés à l’âge de l’enfant et à son degré de surdité (instruments aux fréquences basses en général) La compétence musicale acquise ainsi en maniant les paramètres du son améliore naturellement la qualité de la parole car ce sont les éléments musicaux (intonation, accents d’intensité, rythme et timbre de la voix) qui constituent la prosodie de la parole et améliorent ainsi les productions vocales de l’enfant souvent déficitaires de ce point de vue. En d’autres termes, faire de la musique améliore la qualité de la parole. La musique est aussi structurée comme le langage en unités minimales qui s’articulent entre elles pour constituer des groupes, des phrases, des paragraphes, avec des règles de rapports entre eux pour tous ces éléments. Autrement dit, l’activité musicale favorise aussi la structure du langage. Cédric prit tout de suite beaucoup de plaisir à jouer des instruments, jouer avec sa voix avec ou sans micro, et l’on vit une évolution notable que confirmait son orthophoniste avec laquelle nous étions régulièrement en 113