flash agri - France in the United States / Embassy of France in
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Flash Agri Zone Alena Numéro 169 © © DG Trésor 31 mai 2012 EDITORIAL La montée en gamme des besoins alimentaires aux Etats Unis renforce le débat sur la protection des indications géographiques aux Etats Unis L’industrie laitière américaine dénonce depuis plusieurs mois le travail engagé par l’Union européenne avec la Chine, le Japon, la Colombie, le Pérou et le Canada pour protéger les indications géographiques de fromages européens. Parallèlement, notamment les producteurs de « Kona coffee », de « Idaho potatoes », les producteurs de vins de « Napa Valley » souhaitent se défendre contre l’utilisation aux Etats Unis ou à l’étranger de la dénomination de leurs produits par leurs collègues d’autres régions américaines. Les producteurs de vin de la Napa Valley, après avoir obtenu en 2010 la reconnaissance de leur indication géographique par l’Inde, travaille ainsi activement à cette protection par la Chine. Dans ce contexte, les industriels laitiers américains espèrent que leurs demandes seront prises en compte dans le cadre des négociations du Trans-Pacific Partnership pour accroître leurs exportations de produits laitiers vers la zone Pacifique. Le débat sur la protection des appellations d’origine s’amplifie donc aux Etats Unis en raison d’une maturité croissante de la demande et d’une reprise des négociations bilatérales entre d’une part l’Union Européenne et les pays tiers, et d’autre part l’Union européenne et les Etats Unis, au travers du groupe de travail à Haut Niveau pour la Croissance et l’Emploi. Bonne lecture ! Fl as h Ag r i Z ONE AL E NA n ° 16 9 Politique Agricole - M A I 2 0 1 2 © DG Trésor La future politique laitière américaine en discussion : une assurance marge et une limitation de la surproduction Le projet de Farm Bill du Sénat propose de remplacer le programme actuel de soutien des prix de la filière laitière par un système d’assurance marge des producteurs associé à une incitation à la limitation de la production laitière au-delà d’un certain niveau de production. Aides contra-cycliques : programme de soutien agricole qui indemnise les agriculteurs à hauteur de la différence entre le prix du marché et le prix d’objectif. Le programme MILC (Milk Income Loss Contract) indemnise les éleveurs laitiers sur le même principe. Le programme actuel (MILC) paye une indemnité aux producteurs lorsque les prix tombent en dessous de $16.94 pour 100 pounds de lait (287 euros par 1 000 litres) sur le même principe que le programme d’aide contra-cyclique. Le programme d’assurance marge du nouveau Farm Bill (Dairy Market Protection Program - DMPP) indemniserait les éleveurs laitiers dès que leur marge brute passerait en dessous de $4 par 100 pounds de lait (65 euros par 1 000 litres). Les éleveurs auraient le choix d’assurer une marge supérieure (jusqu’à $8 par 100 pounds de lait) en payant eux-mêmes pour ce niveau de couverture plus important. Lorsque les prix du lait seraient trop bas (lorsque la marge passe en dessous de $4/100 pounds sur le mois ou $6/100 pounds sur 2 mois), les indemnisations permises par ce programme fédéral d’assurance marge ne seraient versées que sur une certaine fraction de la production laitière afin de limiter une surproduction qui agirait négativement sur les niveaux de prix. C’est le principe du Dairy Market Stabilization Program (DMSP). Plusieurs chercheurs et opposants à cette nouvelle réforme du Farm Bill voient ce programme comme un frein au développement des exploitations et un risque de perte de parts de marché sur la scène internationale. Une estimation de l’impact qu’auraient eu le Dairy Market Stabilization Program sur la filière laitière entre 2007 et 2012 montre que celui-ci n’aurait été activé que 19% du temps et aurait baissé le revenu des éleveurs laitiers de 4% pendant 7 mois en 2009 et de 3% en 2012. Cela représente donc des pertes de $ 13 700 pour une petite exploitation laitière et de $140 500 pour une plus grosse exploitation. Ces pertes de revenu ne seraient pas compensées par le programme d’assurance marge (DMPP) proposé par le nouveau Farm Bill, même si les éleveurs choisissent d’assurer une marge supérieure (jusqu’à $8/100 pounds de lait). Pour limiter ce phénomène, certaines coopératives laitières pensent sécuriser une production plus importante à leurs producteurs en garantissant 9 cents supplémentaires par 100 pounds de lait dès que la marge des producteurs passe sous les $6,50 par 100 pounds. Le projet de Farm Bill du comité agricole du Sénat sera proposé au vote au Sénat courant Juin. Au vu du débat qui est d’ores et déjà lancé, il est possible que des amendements soient ajoutés au programme laitier. AMBASSADE DE FRANCE AUX ETATS-UNIS -2- - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL Fl as h Ag r i Z ONE AL E NA n ° 16 9 Politique Agricole - M A I 2 0 1 2 © DG Trésor Suppression des aides contra-cycliques : une opposition entre les Etats du Sud et des grands plaines du Nord des Etats Unis Plusieurs auditions ont eu lieu au mois de mai afin d’entendre les remarques et propositions des différents groupes d’intérêt agricole suite à la proposition de Farm Bill du Sénat. Le programme assurantiel agricole proposé par le Sénat (Agriculture Risk Coverage) viendrait s’ajouter aux programmes assurantiels déjà existants, couvrant 11 à 21 % des pertes non couvertes par ces programmes assurantiels, en contrepartie de la suppression notamment des aides contra-cycliques. La Commission agricole du Sénat souhaite soumettre ce texte en séance plénière au début du mois de juin 2012, mais le débat concernant la suppression des aides contracycliques pourrait en retarder l’adoption. Jusqu’à présent, le programme d’indemnisation par les aides contra-cycliques offrait une couverture contre les baisses de prix en garantissant un prix d’objectif aux producteurs. En se basant sur des moyennes pluriannuelles pour le calcul d’un niveau de prix garanti, le nouveau programme proposé pour le Farm Bill offrirait moins de garantie contre une baisse des prix répétée. Les producteurs des Etats du Sud (riz, coton et cacahuète) sont les plus désavantagés par cette suppression du programme d’aides contra-cycliques. Une étude réalisée par un chercheur du Texas montre que les producteurs de riz sont ceux qui perdraient le plus de subvention par hectare en comparaison au niveau de subvention offert par le précédent Farm Bill. En effet pour les producteurs de riz, culture irriguée, les pertes de rendement observées ne seraient pas suffisantes pour déclencher le paiement des indemnisations prévu par le nouveau programme Agriculture Risk Coverage. Le programme ne permettrait pas de couvrir les coûts de production. De même pour les producteurs de cacahuètes, un calcul des rendements de référence sur 5 ans serait difficile à adopter car la culture n’est pas cultivée tous les ans. Le Président de la Commission Agricole de la Chambre des Représentants, Frank Lucas (R-Oklahoma) rappelle la nécessité d’avoir un filet de sécurité efficace afin d’éviter la situation de 1996 où le gouvernement avait dû intervenir massivement en l’absence d’une politique de soutien suffisamment forte pour écarter de la faillite une majorité d’agriculteurs américains. Le débat autour de la suppression des prix d’objectif, conséquence de la montée en puissance des mécanismes assurantiels, est le point le plus sensible, opposant producteurs du Sud (riz, coton, cacahuètes) et du Midwest (grandes cultures). Politique Agricole L’avenir des soutiens environnementaux dans le Farm Bill 2013 Aux Etats-Unis, la conditionnalité environnementale impose à l’agriculteur de s’impliquer principalement dans la préservation des zones humides et des sols hautement érodables. Elle s’applique aux programmes de soutien à la production agricole (aides directes, aides contra-cycliques et marketing loans) et d’indemnisation suite aux calamités agricoles (comme le programme SURE). Par ailleurs, les programmes de conservation constituent des soutiens pour la protection de l’environnement à caractère facultatif. AMBASSADE DE FRANCE AUX ETATS-UNIS -3- - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL Fl as h Ag r i Z ONE AL E NA n ° 16 9 Les aides contra-cycliques et les marketing loans sont des aides couplées au marché. Ainsi, en période de prix élevés des matières premières, le montant de ces aides est diminué. On peut noter que la conditionnalité sur les subventions aux assurances récolte a déjà existé, entre 1985 (mise en place du système de conditionnalité des aides) et le Farm bill de 1996. Entre 2005 et 2010, les subventions de l’Etat aux assurances récolte s’élevaient en moyenne à 4,1 milliards de dollars par an, dont 84% aux 4 principales cultures. Pour comparaison, le montant des paiements directs annuels dans la même période ont été en moyenne de 5 milliards de dollars. Etude de l’ERS : The Future of Environmental Compliance Incentives in U.S. Agriculture – The Role of Commodity, Conservation, and Crop Insurance Programs, Roger Claasen, ERS, Economic Information Bulletin #94, Mars 2012. - M A I 2 0 1 2 © DG Trésor Toutefois, dans le cadre des négociations sur le nouveau Farm Bill, la réduction, voire la suppression des paiements directs est probable. Ainsi, si les prix restent à un niveau élevé, les montants des aides sujettes à conditionnalité seront diminués et les agriculteurs seront de moins en moins enclins à respecter la conditionnalité, au vu de la faible sanction économique. Certains agriculteurs seront encore soumis à la protection de l’environnement via d’autres programmes fédéraux (programmes de conservation, programmes de protection contre les calamités agricoles) mais ces deux programmes n’ont représenté que 38% des paiements sujets à la conditionnalité versés entre 2003 et 2010. Pour retrouver un niveau de protection des sols érodables et des zones humides équivalent au précédent Farm Bill, il est envisagé de faire appliquer la conditionnalité dans les aides fédérales à l’assurance récolte. L’adhésion aux assurances récolte est très élevée : 80% des surfaces éligibles pour ce type d’assurance sont couvertes par l’assurance récolte dans les 4 principales cultures agricoles (mais, blé, coton, soja). L’efficacité de la conditionnalité sur les aides aux assurances récolte par rapport à la conditionnalité sur les paiements directs dépendra du nombre de producteurs, des surfaces couvertes par ces aides, du montant moyen d’aides aux assurances récolte et de la distribution. Une étude de l’Economic Research Service (ERS) de l’USDA a montré que les terrains comportant des HEL sont souvent des terrains où les paiements directs sont plus importants que les subventions aux assurances récoltes : 41% des terrains sujets à l’érosion éolienne sont localisés là où les subventions aux assurances récolte sont supérieures aux aides directes, et seulement 20% des terrains sujets à l’érosion par ruissellement. En ce qui concerne les zones humides, les surfaces concernées sont bien moindres mais plus de la moitié des zones humides situées en terrains agricoles sont situées là où les paiements directs sont supérieurs aux subventions aux assurances récolte. De plus, l’ERS estime qu’en 2010, seules 141 000 fermes (26 millions d’hectares) ont reçu des paiements directs sans souscrire à un programme de conservation ou à une assurance récolte ; ce sont ces exploitations qui seraient susceptibles de ne plus être contraintes d’appliquer la conditionnalité. A l’inverse, les 53 000 exploitations (13 millions d’hectares) qui avaient souscris à une assurance récolte sans être éligibles aux paiements directs pourraient être forcées de respecter la conditionnalité pour la première fois dans le cadre du nouveau Farm Bill. Toutefois, une grosse incertitude persiste sur la nouvelle stratégie qu’adopteront les agriculteurs, privés de paiements directs, qui pourront choisir de souscrire une assurance récolte ou un programme de conservation pour compenser la perte des paiements directs. AMBASSADE DE FRANCE AUX ETATS-UNIS -4- - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL Fl as h Ag r i Z ONE AL E NA n ° 16 9 Sécurité Alimentaire G8 : Sommet regroupant les dirigeants de GrandeBretagne, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon et Russie ainsi que les dirigeants africains. Ce sommet vise à engager des actions en faveur de la sécurité alimentaire et de changement climatique dans les pays d’Afrique et du Moyen-Orient. - M A I 2 0 1 2 © DG Trésor Sommet du G8 : Le Président Obama annonce une nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire Les dirigeants des Etats membre de l’alliance G8 se sont engagés lors du sommet du G8 à Camp David les 18 et 19 mai dernier à réduire de 50 millions le nombre de personnes souffrant de la faim dans la décennie à venir en ciblant leur action dans 10 pays d’Afrique. Pour atteindre cet objectif, le Président Obama a annoncé la création d’ « une nouvelle Alliance » entre les gouvernements et 45 grandes compagnies du secteur privé pour apporter des solutions aux questions de sécurité alimentaire. L’idée est d’impliquer désormais le secteur privé là où le gouvernement n’a pas les moyens d’intervenir dans un contexte budgétaire serré. Les 45 compagnies, toutes basées en Afrique, s’engagent à investir plus de $3 milliards dans des projets et actions de développement agricole. Quelques exemples d’actions : Un soutien à la plantation de pois (chick peas) par Pepsi pour les producteurs des pays d’Afrique cibles. Ces productions seront commercialisées, mais aussi utilisées par les programmes d’aide alimentaire du Programme d’aide alimentaire mondial, World Food Program ; La construction d’une usine d’engrais en Afrique par la compagnie norvégienne Yara International ; Des mesures pour faciliter l’accès au marché d’une partie des agriculteurs africains par Vodafone qui projette d’aider 500 000 agriculteurs africains à utiliser les ‘’textos’’ pour avoir accès aux informations du marché. Bien que les organisations internationales et ONG n’aient pas été intégrées au débat au sein du G8 (à la différence du sommet du G20), les membres du G8 espèrent leur soutien pour ces actions. Politique Alimentaire SNAP : programme d’aide alimentaire national (46 millions de bénéficiaires). Les bénéficiaires reçoivent une carte électronique qui leur permet de réaliser des achats alimentaires dans certains lieux accrédités. A partir de la rentrée scolaire 2012, de nouvelles normes nutritionnelles seront Le gouvernement Obama poursuit ses efforts pour un meilleur régime alimentaire Le gouvernement Obama est engagé dans la lutte contre l’obésité et souhaite promouvoir de meilleures habitudes alimentaires au sein de la population américaine. L’administration Obama souhaite améliorer l’accès de cette population à des produits frais. $4 millions ont été alloués aux marchés de producteurs afin de les équiper en Electronic Benefit Transfer (EBT), technologie permettant aux bénéficiaires des cartes d’aide alimentaire-SNAP de réaliser leurs achats. Il existe actuellement 1500 marchés de producteurs équipés d’EBT aux Etats-Unis sur les 7100 existants. Les dépenses liées au programme SNAP dans ces marchés ont augmenté de 400% depuis 2008 ; le gouvernement souhaite voir ces dépenses continuer de s’accroître dans les années à venir. AMBASSADE DE FRANCE AUX ETATS-UNIS -5- - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL Fl as h Ag r i Z ONE AL E NA n ° 16 9 - M A I 2 0 1 2 © DG Trésor applicables pour les repas scolaires servis dans le cadre du National School Lunch Program et du School Breakfast Program. Elles sont largement basées sur les recommandations émises par l’Institut de Médecine des Académies Nationales (voir Flash Agri N° 1 6 5 , janvier 2012). Un autre pan de la politique alimentaire et nutritionnelle américaine concerne l’aide alimentaire apportée aux écoles. Sur la base d’un récent décret, chaque école qui respectera à partir de la rentrée 2012 les exigences nutritionnelles pour composer ses repas sera éligible à l’octroi d’une subvention de 6 cents supplémentaires par repas distribué à compter d’octobre 2012. Avec cette mesure, l’administration Obama espère inciter les écoles à proposer des repas équilibrés aux enfants. Politique Sanitaire Le Maryland souhaite interdire l’utilisation des médicaments vétérinaires à base d’arsenic dans les élevages de poulets FDA : Food and Administration En parallèle, le débat se poursuit quant à la place de la future politique alimentaire et nutritionnelle dans le prochain Farm Bill. Le débat est toujours ouvert concernant la réduction ou non du budget pour l’aide alimentaire nationale dans le prochain Farm Bill. Le projet de Farm Bill du Sénat propose des réductions de $4 milliards sur 10 ans en durcissant les conditions d’éligibilité au programme. Les Républicains souhaitent une réduction de $33 milliards sur 10 ans permise par la gestion du programme par les Etats Drug La FDA a autorisé en 1994 la mise sur le marché d’un médicament vétérinaire contenant de l’arsenic sous forme non nocive (organic arsenic), la Roxarsone (3-Nitro®). Ce médicament vétérinaire est depuis administré aux volailles pour lutter contre la coccidiose, maladie aviaire due à des parasites, les coccidies. En 2011, une étude conduite par la FDA a révélé la présence d’arsenic non naturel (inorganic arsenic) dans des foies de poulets ayant ingéré ce médicament (étude réalisée sur 100 poulets). Sous cette forme « inorganic », l’arsenic est considéré comme étant cancérigène. Cette étude démontre que l’arsenic non nocif présent dans le médicament est transformé par voie métabolique en arsenic nocif. Suite à cette publication, l’entreprise Pfizer, distributrice du médicament, a cessé de vendre ce produit. Cependant les éleveurs continuent d’utiliser leurs stocks. Malgré l’annonce faite par la FDA indiquant qu’il n’est pas dangereux pour la santé humaine de consommer de tels poulets (du fait des niveaux de contamination très bas relevés), cette découverte a eu un certain impact, notamment sur les législateurs de l’État du Maryland. Une proposition de loi vient d’être rédigée dans cet État, interdisant l’utilisation de tout médicament à base d’arsenic (dont la Roxarsone) dans les élevages de poulets. Cette loi a été signée le 22 mai et prendra effet dès janvier 2013. Questions-réponses de la FDA sur le sujet: http://www.fda.gov/Animal Veterinary/SafetyHealth/Pr oductSafetyInformation/uc m258313.htm Au-delà des considérations directes pour la santé humaine, les législateurs du Maryland craignent un risque de pollution de l’environnement par l’application sur les terres agricoles de fertilisants produits à base de déjections de volailles ayant consommé de la Roxarsone et de fait le passage d’arsenic cancérigène dans les eaux souterraines. D’autres États, tels que la Géorgie, la Caroline du Nord et l’Arkansas, gros producteurs de volailles, pourraient être amenés à légiférer dans le sens d’une interdiction de l’utilisation de tels produits. AMBASSADE DE FRANCE AUX ETATS-UNIS -6- - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL Fl as h Ag r i Z ONE AL E NA n ° 16 9 - M A I 2 0 1 2 © DG Trésor Politique Sanitaire USA : Projet de loi du Sénat pour le bien-être des poules pondeuses Sénateurs de la coalition : Le 24 mai 2012, une coalition bipartisane de 7 sénateurs, menée par la sénatrice Dianne Feinstein (Démocrate, Californie) a introduit un projet de loi pour le bien-être des poules pondeuses. Ce projet de loi est basé sur un accord entre le plus grand groupe de protection du bien-être animal américain (Humane Society of the United States) et le principal syndicat de producteurs d’œufs (United Egg Producers, qui rassemble les producteurs de 90 % de la production d’œufs américaine). Dianne Feinstein (DCalifornie), Richard Blumenthal (DConnecticut), Scott Brown (R-Massachussetts), Maria Cantwell (D-Washington), Jeff Merkley (D-Oregon), David Vitter (R-Louisiane) et Ron Wyden (D-Oregon) Rappel : Pour qu’une loi puisse être adoptée par le Congrès, elle doit être validée par ses deux chambres : la Chambre des Représentants et le Sénat. Aujourd’hui, la majorité des poules pondeuses dispose d’une surface de 0,043 m² voire même de 0,031 m² pour une cinquantaine de millions d’animaux. L’American Veterinary Medical Association est une ONG rassemblant des vétérinaires américains en exercice : elle émet des conseils et des publications scientifiques et incarne le lobbying en faveur du bien-être animal. Aujourd’hui, 95 % des poules pondeuses sont élevées de façon conventionnelle. L’objectif des deux organisations est de parvenir à mettre en place une législation au niveau fédéral au 30 juin 2012. Ce projet de loi est analogue d’une première proposition de loi (H.R. 3798), présentée par la Chambre des Représentants le 23 janvier 2012. Il prévoit différentes dispositions en faveur du bien-être des poules pondeuses, qui devront être mises en place progressivement suivant un calendrier défini sur les 15 à 18 prochaines années: Remplacer les cages conventionnelles individuelles par des systèmes d’élevage collectifs améliorés, ce qui permettrait de doubler l’espace actuel disponible par animal. Le projet de loi devrait permettre d’augmenter la surface disponible à 0,080 m² par poule blanche, et 0,093 m² par poule brune. Permettre aux animaux de disposer d’un « environnement amélioré », c’est-àdire agrémenter les logements de perchoirs, boites-nichoirs et zones de grattage pour leur permettre d’exprimer leurs comportements naturels. Mettre en place un étiquetage national obligatoire des boîtes d’œufs distinguant (a) les œufs issus de poules élevées en cage, (b) les œufs issus de poules élevées en cages à environnement amélioré, (c) les œufs issus de poules élevées sans cages et (d) les œufs issus de poules élevées en plein air. Interdire le déclenchement artificiel de la mue (renouvellement des plumes) pour étendre le cycle de ponte par le retrait de l’eau et de l’alimentation. Imposer l’application des normes de l’American Veterinary Medical Association pour l’euthanasie des poules pondeuses. Interdire les niveaux excessifs d’ammoniaque dans les poulaillers. Interdire le transport et la vente d’œufs et d’ovoproduits issus d’élevages non conformes à ces normes De nombreux groupes soutiennent le projet de loi, dont des groupes de protection animale, des associations de protection du consommateur et plusieurs syndicats d’agriculteurs ou de producteurs d’œufs à l’échelle des Etats fédérés ou à l’échelle locale. Pour autant, le projet de loi connaît aussi un mouvement d’opposition : Egg Farmers of America, principal lobbyiste de l’industrie de l’œuf, a exprimé son opposition aux mesures : le projet de loi est considéré comme une entrave à la liberté d’entreprendre, et AMBASSADE DE FRANCE AUX ETATS-UNIS -7- - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL Fl as h Ag r i Z ONE AL E NA n ° 16 9 - M A I 2 0 1 2 © DG Trésor serait néfaste aux consommateurs, en raison du renchérissement du prix des œufs. Ce projet de loi occasionnerait en outre une restructuration profonde de l’industrie avicole, qui est contestée par ce même syndicat, car ces règles ne seraient fondées sur aucune justification scientifique en lien avec la sécurité sanitaire des aliments ou la santé des animaux. D’autres syndicats agricoles très influents portent le même jugement sur ces mesures, notamment la National Farmers Union et l’American Farm Bureau Federation, et ses fédérations spécialisées dans le domaine de la viande ovine, de bœufs et de porc. Politique Sanitaire USDA: United States Department of Agriculture FSIS : Food Safety and Inspection Service ; agence de l’UDSA, compétente en matière de produits carnés et d’ovoproduits Quelques TIAC ayant eu aux USA un impact important depuis 2006 : Salmonella dans du beurre de cacahuète en 2006, E. coli sur des poivrons et des tomates mexicains en 2008, Listeria monocytogenes sur des cantaloupes en 2011, Salmonella sur de la viande de dinde hachée en 2011 Escherichia coli : Evolution de la réglementation américaine soumise à la pression des lobbys de l’industrie de la viande L’USDA, les associations de consommateurs et les groupes industriels discutent et s’opposent depuis des dizaines d’années sur les mesures de prévention et de lutte à mettre en place concernant la contamination des produits carnés par la bactérie Escherichia coli (E. coli). Par le passé, l’industrie de la viande (représentée notamment par The American Meat Institute) a régulièrement contesté les mesures proposées par l’USDA, ce avec succès. Elle avait notamment réussi à faire valoir auprès des autorités américaines le fait que la viande n’était à l’origine que d’une partie seulement des cas d’intoxications alimentaires répertoriés sur le territoire américain ainsi que le coût très élevé des mesures de prévention et de lutte par rapport au peu de bénéfice qu’elles pourraient apporter pour la santé publique. À partir des années 90, des crises sanitaires très médiatisées ont secoué le pays et alerté l’opinion publique sur les questions de sécurité sanitaire des aliments. Début 1993, plusieurs centaines de personnes ont été touchées par une toxi-infection alimentaire collective (TIAC) après avoir consommé des hamburgers distribués par une chaîne de fast-food. Quatre enfants sont morts de cette contamination liée à la bactérie E. coli O157 :H7. La qualité sanitaire de la viande était alors au-devant de la scène médiatique américaine. Suite à ces épisodes, l’USDA a mis en place à partir de 1994 des mesures réglementaires visant à éviter la présence de cette bactérie dans la viande de bœuf crue. Des tests de détection sont depuis lors réalisés en inspection de routine sur certains produits carnés par le FSIS. Les établissements de transformation de viandes sont encouragés à compléter ce dispositif par des autocontrôles de leurs matières premières (mesure non obligatoire). Cependant, la presse rapporte que ces tests non obligatoires ne sont pas du goût des tous les établissements d’abattage. Certains préfèreraient ne fournir que des établissements de transformation n’ayant pas mis en place ces programmes d’autocontrôles. À partir de 2006, les Etats-Unis ont vu se succéder une série de TIAC de grande ampleur sur divers aliments. En matière de produits carnés, des cas relatifs à des souches d’E. coli non O157 :H7 ont été répertoriés. Six souches produisant de la shigatoxine (STEC) ont été identifiées en 2008 comme étant responsables de la plupart des infections à E. coli aux Etats-Unis : O26, O103, O45, O111, O121 et O145. AMBASSADE DE FRANCE AUX ETATS-UNIS -8- - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL Fl as h Ag r i Z ONE AL E NA n ° 16 9 - M A I 2 0 1 2 © DG Trésor Depuis le 5 mars 2012, ces six souches d’E. coli sont recherchées en procédures de routine par les agents du FSIS sur les viandes séparées mécaniquement/trimmings de bœuf et sur les produits entrant dans la préparation de viande bovine hachée crue, qu’ils soient domestiques ou importés. En cas de résultat positif, il est interdit de mettre ledit produit sur le marché. Enfin, début mai 2012, le FSIS a publié une circulaire visant à améliorer la traçabilité et le rappel des lots de viande hachée de bœuf crue en cas de détection de la bactérie E. coli 0157 :H7 Politique Sanitaire Dans le dernier avis de l’EFSA, on distingue au moins trois types de souches d’ESB : la souche « typique » et les souches « atypiques » H (high) et L (low). Lien vers l’avis de l’EFSA : http://www.efsa.europa.eu/ en/efsajournal/doc/1945.p df L’USDA lève la mise en quarantaine imposée à deux fermes californiennes après la déclaration d’un cas d’ESB Après la découverte d’un quatrième cas américain d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), le 24 avril 2012, deux élevages laitiers californiens avaient été placées en quarantaine, l’élevage de l’animal malade et un autre élevage laitier, associé à l’élevage d’origine de la vache positive. Le 20 mai, l’USDA a levé les mesures de quarantaine. Après enquête épidémiologique par les laboratoires de l’USDA et les laboratoires de référence de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale au Canada et au Royaume Uni, le cas d’ESB a été confirmé comme lié à la souche atypique « L » de la maladie. Selon l’USDA, le développement de cette souche de la maladie est sporadique et ne serait pas lié à l’alimentation de l’animal, contrairement à la souche typique de l’ESB qui avait été responsable des foyers au Royaume Uni dans les années 1980 à 1990. Voir Flash Agri 168, avril 2012 L’enquête autour de ce dernier cas américain d’ESB est toujours en cours ; l’USDA se focalise maintenant sur un petit nombre d’animaux nés dans la même zone et la même période que la vache malade. Phytosanitaires Dow Chemical et Monsanto demandent l’autorisation de mise sur le marché nord-américain de semences résistantes au 2,4-D Le glyphosate est un herbicide foliaire à large spectre, plus connu sous le nom de « RoundUp » (marque du produit à base de glyphosate commercialisé par la firme Monsanto). Monsanto était l’unique détenteur d’un brevet de commercialisation du glyphosate jusqu’en 2000. Depuis la « révolution » provoquée par la mise sur le marché de semences résistantes au glyphosate, dans les années 1990, l’utilisation de cet herbicide à large spectre sur le maïs, le soja et le coton s’est poursuivie et est aujourd’hui généralisée à toute l’agriculture Nord-américaine. Toutefois, du fait de la très grande popularité de l’herbicide, de plus en plus de surfaces agricoles sont envahies d’appendices des cultures résistantes à la molécule (superweeds en anglais) : Aux Etats-Unis, environ 5 millions d’hectares sont déjà envahis par des superweeds, dont la croissance est capable d’endommager les moissonneuses batteuses. Au Canada, les premiers cas de résistance au glyphosate ont été détectés dans 9 champs de l’Ontario entre 2008 et 2010 et concernaient l’ambroisie géante (Giant Ragweed) et l’herbe de Saint-Roch (Canada Fleabane). A l’automne dernier, déjà 125 champs étaient infestés. Une variété résistance de Kochia a également été découverte récemment dans l’Etat d’Alberta. AMBASSADE DE FRANCE AUX ETATS-UNIS -9- - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL Fl as h Ag r i Z ONE AL E NA n ° 16 9 - M A I 2 0 1 2 © DG Trésor Pour lutter contre ce problème d’importance croissante, Dow Chemical et Monsanto demandent aujourd’hui une autorisation de mise sur le marché Nord-américain de variétés tolérantes à deux autres herbicides à large spectres : Dow espère pouvoir commercialiser une variété de maïs résistante au 2,4-D en 2013 et une variété de soja résistante au 2,4-D en 2015. Monsanto espère commercialiser une variété de soja résistante au Dicamba en 2014. Le processus d’autorisation de mise sur le marché au Canada dure de 18 à 24 mois et inclut une évaluation scientifique des risques présentés par le produit dans l’alimentation humaine, dans l’alimentation animale, pour la santé des végétaux et des autres risques que pourraient représenter la large utilisation de l’herbicide. La commercialisation de variétés résistantes à la sécheresse n’est pas envisagée avant 2020. Politique Commerciale Le TPP est un accord signé le 12 novembre 2011 entre 9 pays (Australie, Brunei, Chili, Etats-Unis, Malaisie, Nouvelle Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam) destiné à stimuler le commerce et les investissements entre les pays partenaires, promouvoir l’innovation, le développement économique, et supporter la création d’emplois. Les grandes lignes de l’accord sont déjà fixées, mais les négociations sont encore en cours pour mettre en place un accord unique et global. OMC : organisation mondiale du commerce USTR : United States Trade Representative, agence responsable de la politique commerciale Les négociations pour le Trans-Pacific Partnership (TPP) pourraient inclure des dispositions sanitaires et phytosanitaires Les Etats-Unis sont désireux d’inclure dans les négociations autour du TPP des dispositions sanitaires et phytosanitaires communes à tous les pays du TPP afin de résoudre les conflits autour des produits agricoles. Ce serait la première fois que des dispositions sanitaires et phytosanitaires seraient intégrées à un accord de libre-échange américain. Actuellement, l’OMC autorise chaque pays à conserver ses propres normes de sécurité sanitaire, si elles sont basées sur des faits scientifiques et s’appliquent uniquement dans la mesure où elles sont indispensables à la préservation de la santé humaine, animale ou végétale. Toutefois, les Etats-Unis contestent certaines normes de leurs partenaires, jugées arbitraires et uniquement destinées à bloquer les exportations américaines. Une proposition de l’USTR face à cette constatation est la mise en place d’un organe de règlement des différends sur le modèle de celui existant à l’OMC, mais avec des procédures accélérées, qui constituerait une étape supplémentaire avant de réellement saisir l’OMC. Les pays membres du TPP sont tous désireux d’établir un accord unique et global, incluant également les produits agricoles, sujet souvent sensible dans les négociations qui se prolongent notamment autour du sucre australien, des produits laitiers néozélandais ou du riz dans plusieurs pays asiatiques. La dernière réunion de négociations s’est déroulée à Dallas au cours de la semaine du 8 mai. A cette occasion, Ron Kirk, représentant américain au commerce, a rappelé que les discussions pour l’entrée du Canada, du Japon et du Mexique dans les négociations sont déjà en cours, et que le Costa Rica, la Colombie et l’Union Européenne pourraient bientôt y être intégrés. AMBASSADE DE FRANCE AUX ETATS-UNIS - 10 - - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL Fl as h Ag r i Z ONE AL E NA n ° 16 9 Politique Commerciale Le 15 août 2011, un accord de libre-échange du même type a été signé entre la Colombie et le Canada. Les Etats-Unis sont le premier importateur de produits colombiens, mais la Colombie est un importateur mineur pour les Etats-Unis : les importations de produits américains par la Colombie représentaient seulement 1 % des exportations américaines en 2011. - M A I 2 0 1 2 © DG Trésor Entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre les EtatsUnis et la Colombie Le 15 mai 2012, l’accord de libre-échange (ALE) entre les Etats-Unis et la Colombie est entré en vigueur. L’accord avait été signé en 2006, sous l’administration George W. Bush, en même temps que l’accord avec la Corée du Sud (entré en vigueur le 15 mars 2012) et le Panama (entrée en vigueur prévue le 15 octobre 2012). Il s’agit d’un accord de libre-échange unique et global. Sous cet accord, plus de la moitié des exportations de produits agricoles américains vers la Colombie seront détaxées et le reste des tarifs douaniers sera supprimé dans les 15 prochaines années. Parmi les produits agricoles détaxés dès le 15 mai, on peut noter : le blé, l’orge, le soja, les tourteaux de soja, la farine de soja, le bœuf de haute qualité, le bacon, presque tous les produits à base de fruits et légumes, les cacahuètes, le lactosérum, le coton, et la majorité des produits manufacturés. Le bœuf de qualité standard, les cuisses de poulet, les produits laitiers, le maïs, le sorgho, l’alimentation animale, le riz et l’huile de soja seront également détaxés, mais soumis à des quotas. L’Ambassadeur de Colombie aux Etats-Unis a affirmé que cet accord était susceptible de doubler le commerce bilatéral entre les deux pays en trois ans. Quoi qu’il en soit, cet accord devrait rendre les relations économiques existant entre les Etats-Unis et la Colombie plus stables et prévisibles. L’entrée en vigueur de cet accord constitue une réponse positive aux attentes des syndicats agricoles américains. Copyright Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du Service Économique de Washington (adresser les demandes à [email protected]. Éditeur : Christophe Malvezin Service Economique Régional Adresse : 4101 Reservoir Road N.W Washington DC, 20007, USA Directeur de la publication : Chrisophe Malvezin [email protected] Clause de non-responsabilité Le Service Économique Régional s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Articles rédigés par : Lia Bastianelli, Claire-Isabelle Rousseau, Perrine Barillet, Fouzia Dine Revus par : Christophe Malvezin, Catherine Rogy Date de parution : 30 avril 2012 ISSN : Portail Marchés Extérieurs – 1638-1610 Abonnement : En ligne http://extranet.dgtpe.fr/diffusion/ Email abonnement : [email protected] AMBASSADE DE FRANCE AUX ETATS-UNIS - 11 - - SERVICE ÉCONOMIQUE RÉGIONAL