Artérite temporale et pseudopolyarthrite rhizomélique

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Artérite temporale et pseudopolyarthrite rhizomélique
ARTICULONS NOS PENSÉES
Artérite temporale et
pseudopolyarthrite rhizomélique
Par Glen Thomson, M.D., FRCPC
L
a polymyalgie et l’artérite temporale (AT) sont des maladies apparentées, que l’on rencontre assez régulièrement dans
toute clinique de rhumatologie pour adultes. Les manuels en font des descriptions classiques, mais en pratique le diagnostic est souvent très difficile à poser. Notre sondage démontre que l’absence d’augmentation marquée de la vitesse de
sédimentation des érythrocytes (VSE) n’interdit pas de poser un diagnostic d’artérite temporale, d’après plus de la moitié de
nos répondants rhumatologues. La très grande majorité des répondants demandent une biopsie de l’artère temporale pour
confirmer le diagnostic. Malheureusement, la rapidité d’accès à la biopsie de l’artère temporale varie de sublime à ridicule
selon la région du pays. Une cécité unilatérale subite, avec des marqueurs de phase aiguë relativement normaux, devrait faire
envisager également d’autres diagnostics que la seule artérite temporale. La section « Consultation de couloir » du présent
numéro décrit l’approche neuro-ophtalmologique du diagnostic.
Chez beaucoup de patients ayant reçu un diagnostic d’artérite temporale, le sevrage vers de petites doses de corticoïdes
échoue. La plupart des rhumatologues ayant participé au sondage utilisent le méthotrexate comme médicament d’épargne
cortisonique, malgré les données contradictoires obtenues dans des études cliniques randomisées1,2. Un quart des répondants utilisent l’acide acétylsalicylique (AAS) ou un anti-inflammatoire comme médicament d’épargne cortisonique.
L’utilisation de l’AAS à petites doses paraît de plus en plus fondée, d’après deux études de cohorte rétrospectives3,4. Les
1. Au cours de votre carrière, combien de fois avez-vous posé un diagnostic clinique d'artérite temporale en présence d'une VS
inférieure au double de la limite supérieure de la normale?
Réponse
(Taux)
Réponse
(Compte)
jamais
22,8 %
29
une fois
22,1 %
28
2-10 fois
46,5 %
59
> 10 fois
8,7 %
Ont répondu à la question
11
127
Ont passé la question
1
Source : Survey Monkey « Artérite temporale et pseudopolyarthrite rhizomélique » septembre 2007
2. Pour combien de patients que vous croyez atteints d'artérite temporale demandez-vous une biopsie de l'artère temporale?
Réponse
(Taux)
Réponse
(Compte)
jamais
2,4 %
3
< 10 %
0,8 %
1
10 %-50 %
9,5 %
12
> 50 %
21,4 %
27
toujours
65,9 %
Ont répondu à la question
126
Ont passé la question
2
Source : Survey Monkey « Artérite temporale et pseudopolyarthrite rhizomélique » septembre 2007
22
JSCR 2007 • Volume 17, Numéro 3
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:
anti-TNF ont été utilisés par un petit nombre de rhumatologues. Certaines études de cas suggèrent en effet des bénéfices
potentiels, mais la seule étude randomisée ayant porté sur l’infliximab a donné des résultats décevants5. Les restrictions à
l’utilisation des anti-TNF dans les programmes publics d'assurance médicaments empêchent généralement la réalisation
d’études d’observation utilisant d’autres anti-TNF, chez les patients pour lesquels l’AAS et le méthotrexate ont échoué comme
traitement d’épargne cortisonique.
Par comparaison avec la polymyalgie, le diagnostic et le traitement de l’artérite temporale paraissent bien définis. Les
rhumatologues sont divisés en deux camps à peu près égaux quant à la possibilité ou non d’établir un diagnostic de polymyalgie en l’absence d’élévation sérique des marqueurs de phase aiguë. La polymyalgie et l’artérite temporales, qui atteignent
essentiellement la population âgée, ont été relativement peu étudiées malgré leur considérable morbidité. Il est possible que
le vieillissement de la population (et des médecins) stimule la recherche sur ces deux affections courantes.
Références :
1 Hoffman GS, Cid MC, Hellman DB et coll. A multicenter, randomized, double-blind, placebo controlled trial of adjuvant methotrexate
treatment for giant cell arteritis. Arthritis Rheum 2002; 46(5):1309-18.
2 Jover JA, Hernandez-Garcia C, Morado IC et coll. Combined treatment of giant cell arteritis with methotrexate and prednisone. Ann Intern
Med 2001;134(2):106-14.
3 Nesher G, Berkun Y, Mates M et coll. Low-dose aspirin and prevention of cranial ischemic complications in giant cell arteritis. Arthritis
Rheum 2004;50(4):1332-7.
4 Lee MS, Smith SD, Galor A et coll. Antiplatelet and anticoagulant therapy in patients with giant cell arteritis. Arthritis Rheum 2006;54:3306
5 Hoffman GS, Cid MC, Rendt-Zagar KE, et al. Infliximab for maintenance of glucocorticosteroid-induced remission of giant cell arteritis: a
randomized trial. Ann Intern Med 2007; 146(9):621-30.
3. Dans le cas des patients atteints d'artérite temporale chez qui on ne peut réduire graduellement la dose élevée de corticoïdes,
lequel des traitements supplémentaires suivants s'est révélé efficace, dans votre pratique, pour permettre d'abaisser la dose de
corticoïdes?
Réponse
(Taux)
Réponse
(Compte)
acide acétylsalicylique (AAS)
14,2 %
16
anti-inflammatoires
9,7 %
11
méthotrexate
93,8 %
106
3,5 %
4
Ont répondu à la question
113
Ont passé la question
15
agents biologiques anti-TNF
Source : Survey Monkey « Artérite temporale et pseudopolyarthrite rhizomélique » septembre 2007
4. Au cours de votre carrière, combien de fois avez-vous posé un diagnostic de pseudopolyarthrite rhizomélique chez un patient de
moins de 60 ans, dont la VS et la protéine C-réactive étaient normales?
Réponse
(Taux)
Réponse
(Compte)
jamais
34,9 %
44
une fois
13,5 %
17
2-10 fois
35,7 %
45
> 10 fois
15,9 %
Ont répondu à la question
20
126
Ont passé la question
2
Source : Survey Monkey « Artérite temporale et pseudopolyarthrite rhizomélique » septembre 2007
JSCR 2007 • Volume 17, Numéro 3
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