Note de synthèse des modules de formation : « Prendre en compte
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Note de synthèse des modules de formation : « Prendre en compte
Note de synthèse des modules de formation : « Prendre en compte les relations femmes-hommes dans la gestion du cycle de projet » Module 1 :6 et 7 octobre 2009 Module 2 : 9 et 10 novembre 2009 Equipe pédagogique : Marcela de la Peña Valdivia Hélène Ryckmans Le Monde selon les femmes TABLE DES MATIERES 1) L’approche genre 2) Stéréotypes de genre 3) Historique de « Intégration des Femmes dans le Développement » Développement » 4) Genre et Développement (GED) 5) Outils d’analyse « Genre » dans les projets de développement 6) L’analyse du cycle du projet 7) Annexe 1 : programme de la formation 8) Annexe 2 : liste des participant-e-s 9) Annexe 3 : évaluation à « Genre et PRÉAMBULE Cette note de synthèse reprend de façon détaillée le déroulement de la formation organisée par le F3E sur « Prendre en compte l’égalité femmes-hommes dans la gestion du cycle de projet » mise en œuvre en 2009. Objectifs généraux : Le module de formation « Prendre en compte l’égalité femmes-hommes dans la gestion du cycle de projet » a plusieurs objectifs précis : Comprendre la notion de genre et les principes fondateurs dans le développement Établir la distinction entre «projets femmes» et « approche genre» Disposer d’outils méthodologiques opérationnels pour intégrer l’approche genre dans la gestion du cycle du projet Maîtriser les outils opérationnels pour intégrer le genre dans le cycle de projet Définir un programme d’actions réalisable sur le court terme Démarche adoptée : Pédagogie active Pédagogie du « Cerveau global » Regards croisés Nord/Sud Echanges de savoirs et de pratiques Principes pédagogiques et méthodologiques: Exercices Mise en situation et étude de cas Echanges de groupes Retour réflexif sur sa pratique Contenu des modules de formation Module 1 - Concept, historique et outils de l’analyse genre Le genre : définition Stéréotypes de genre Genre et développement Historique du genre : d’IFD à GED Les 5 approches du développement Les outils de l'approche genre dans le cycle du projet Le genre dans le cycle du développement Besoins pratiques et intérêts stratégiques Empowerment La théorie des trois rôles Profil d’accès et de contrôle des ressources et des bénéfices Facteurs d'influence Module 2 - L’analyse du cycle de projet Le genre dans le cycle du projet, une approche intégrée Contexte général et politique du partenariat genre dans l’identification Le genre dans la formulation Le genre dans la mise en œuvre L’intégration du genre dans le cadre logique Genre et Suivi-Evaluation : check list et indicateurs de développement 1 1. L’approche genre 1.1 « Genre » n’est pas égal à « sexe » Sexe : caractéristiques physiques, biologiques Genre : construction sociale, attentes sociales envers les femmes et les hommes Sexe homme Intersexe Genre femme masculin féminin transgender spermatozoïdes D’autres possibilités XXY NATUREL (on naît) Différences physiologiques Ne change pas * ovules productif (+ valorisé) reproductif (- valorisé) SOCIO CULTUREL (on l’apprend) Relations inégales Peut changer * Le sexe biologique ne change pas tout seul, on doit se faire opérer pour le changer. Le terme " genre " se rapporte aux différences socialement construites entre hommes et femmes et à la manière dont elles interagissent et déterminent les fonctions de chacun. Puisqu’il s’agit de constructions sociales, ces différences sont donc modifiables et varient selon l’époque, le contexte social, culturel et géographique, la classe sociale, l’ethnie, l’âge, la religion, etc. Le comportement et les caractéristiques du " masculin " et du " féminin " ne sont pas innés. Ce sont des caractères acquis que la société nous a enseignés. Les relations entre le genre masculin et le genre féminin sont des rapports de pouvoir, où le masculin l’emporte (domination) sur le féminin (subordination). Ce ne sont pas les seuls rapports de pouvoir puisqu’il existe également des discriminations selon la classe sociale, l’appartenance ethnique, l’âge, etc. Un système de genre est un ensemble de pratiques, de symboles, de représentations, de normes et de valeurs sociales que les sociétés élaborent à partir de la différence sexuelle anatomique – physiologique- et qui donne un sens général aux relations entre personnes sexuées. 2 2. Stéréotypes de genre Stéréotype Attribution d’une image générale à toutes les personnes d’un même groupe (croyances socialement construites) à travers : dictons, chansons, proverbes, les médias, la religion, la culture, les habitudes, l’éducation… Ex. Les filles sont patientes /les garçons sont agressifs/les gens du Sud sont nonchalants Préjugé Certitude que nous estimons n’avoir pas eu besoin d’apprendre (pré-jugement) Ex : Les femmes aiment rester à la maison pour s’occuper des enfants Les hommes ne pleurent pas Les Noirs sont paresseux Discrimination de genre Comportement refusant aux individus l’égalité de traitement (droit/aspiration) Ex. Un patron refuse un temps plein à une employée Un cours de danse n’accepte pas les garçons. Une entreprise ne veut pas engager un étranger comme responsable. La discrimination est une manière de justifier des comportements inégaux à l’égard des femmes et des hommes par leurs différences biologiques (parce qu’elles sont des femmes). Discrimination de genre = traitement préjudiciable d’un individu fondé sur un stéréotype; peut aussi être appelé "sexisme" (souvent qualifié de "discrimination sexuelle"). Le déterminisme biologique, anthropologique, religieux… est utilisé pour trouver un fondement légitime à des différences de traitement 3 3. Historique de « Intégration des Femmes Développement » à « Genre et Développement » dans le 3.1 Cécité de Genre : jusqu’aux années 70 Les rôles actifs des femmes ne sont pas perçus par les bailleurs de fonds Les groupes cibles vers lesquels l’aide est orientée sont les hommes Les femmes sont considérées comme des bénéficiaires passives ou indirectes La coopération au développement renforce le statut des hommes; les femmes perdent leur statut social et économique (rôle productif, accès à la terre, statut social dans la communauté, etc.) De ce fait, la coopération au développement a tendance à aggraver les inégalités 3.2 Début 70 : IFD (l'intégration des femmes dans le développement) Des instruments juridiques sont élaborés : conventions de l'OIT sur l'égalité des salaires, sur le congé de maternité En 1973, l'amendement Percy oblige l'USAID à introduire la réflexion sur les femmes dans tous ses projets 3.3 Des conférences internationales : Décennie NU (1975-1985) 1975 année «Femmes développement et paix » et décennie des NU 1975 Mexico - 1979 (1981) : Convention CEDEF (CEDAW) 1980 Copenhague 1985 Nairobi – réseaux Sud (DAWN) Les acquis de cette décennie : Identifier et combattre les discriminations légales, juridiques Collecter et publier des statistiques différenciées par sexe Créer des Institutions et mécanismes institutionnels (Ministères) spécialisés 3.4 Remise en cause de la notion d’intégration des femmes dans le développement par les féministes (1980) Critiques opérationnelles (évaluations de projets de développement) : il inefficace/négatif de considérer les femmes isolément Critiques politiques : les femmes sont intégrées dans un modèle de développement o où les structures de production et d’accumulation les écrasent o qui ne leur reconnaît pas de place à part égale avec les hommes est 4 4. Genre et Développement (GED) 4.1 Origine Cette approche émerge durant les années 1980 : Recherches (Molineux et Moser) sur les besoins pratiques et les intérêts stratégiques Les années 90, voient l’intégration de la perspective « genre » dans la coopération internationale : Plate-forme d'action de Beijing (1995): engagement international d’intégrer une perspective de genre dans toute la coopération au développement ( voir définition de la plate-forme d’action de Beijing) Le développement n'est pas: une question technique neutre en matière de genre ni un processus linéaire mais un processus dynamique avec des potentialités de changement 4.2 Typologie de projets/mesures Insensibles au genre: projet d’ordre général qui n’a aucune analyse genre et est donc implicitement biaisé et erroné Neutres au genre : projet qui tient compte des différences entre les sexes mais ne vise pas la transformation des relations de pouvoir entre eux Sexo-spécifiques : projet qui vise les femmes ou les hommes en fonction de leurs différences et qui n’utilise pas forcément l’analyse genre Action positive : projet destiné à corriger les désavantages auxquels font face les femmes, hommes, filles ou garçons selon le cas Sensibles au genre : projet d’ordre général qui incorpore une analyse genre et vise l’élimination progressive des inégalités 4.3 Genre transversal versus projets spécifiques ? Il existe des projets « femmes » qui sont parfois des alibis Les projets « mainstreaming » sans une bonne compréhension de l’égalité amènent une dilution/évaporation Nécessité d’une approche « double » (twintrack approach) : projets spécifiques Femmes ET approche transversale 4.4 Conditions à l’intégration du genre Application de la Législation sur l'égalité entre les sexes Engagements politiques d'égalité de genre opérationnels Elaboration de plans et budgets sensibles au genre Changement institutionnel Données statistiques par sexe, accompagnées d'informations qualitatives Analyses de genre disponibles Accès à l'information 4.5 Le Mainstreaming de genre Est une stratégie pour atteindre l'égalité de genre 5 Nécessite une analyse de genre pour comprendre les possibilités et les obstacles à l'égalité de genre aux niveaux micro, méso et macro Exige la planification d'une perspective de genre à tous les niveaux, à chaque étape et dans tous les secteurs Est un processus cumulatif à long terme qui doit se construire à partir du contexte et des potentialités existantes 4.6 Le genre et les 5 approches de développement L’approche genre est avant tout un engagement politique clair et résolu. Il ne s’adresse pas exclusivement au Sud. Moser identifie quatre approches : L’approche « Bien être » L’approche « Équité » L’approche «Lutte contre la pauvreté » L’approche de « L’efficacité » L’approche de l’empowerment est ajoutée au tableau ci dessous pour comparaison. 6 LES CINQ APPROCHES : DU GENRE ET DU DEVELOPPEMENT Approche « Bien être » Cause des problèmes Objectifs Type de programmes Type d'appui Type de d'intervention Période et tenants des approches Approche « Efficacité » Approche « Lutte contre la pauvreté » Approche Approche « Equité - égalité des « Renforcement du chances » pouvoir (empowerment) » Circonstances qu'on ne peut contrôler Echec des politiques de développement, non reconnaissance du rôle productif des femmes Manque de ressources, faible niveau de vie Patriarcat, exploitation subordination et oppression des femmes par les hommes Subordination des femmes à cause du patriarcat, du système colonial et néocolonial Assurer aux femmes la réalisation de leur rôle de mère, rôle le plus important pour elles dans la société et pour le développement Veiller à un développement plus efficace : la participation économique des femmes est renforcée Permettre aux femmes pauvres d'accroître leur productivité, les intégrer au développement Permettre aux femmes de prendre part au processus de développement, faire des femmes des participantes actives au processus de développement Donner aux femmes plus de pouvoir et d'autonomie, créer de nouvelles structures politiques, économiques et sociales, supprimer les formes d'exploitation Programmes d'aide alimentaire, nutritionnels, de santé de base (mère/enfant), de planification familiale Réponse aux besoins pratiques Appuis pour les besoins pratiques, dans un contexte de réduction des dépenses sociales (Ajustement structurel) Analyse des rôles des femmes Accroître le temps disponible Former les femmes dans des domaines techniques Activités génératrices de revenus et micro-entreprises pour répondre aux besoins pratiques de base Organiser des réformes structurelles Résoudre les enjeux stratégiques pour les femmes pour une répartition plus égalitaire des rôles entre hommes et femmes Mobilisation des femmes sur la résolution d'enjeux stratégiques qui renforcent leur autonomie Les femmes sont considérées comme groupe social vulnérable, elles sont bénéficiaires du développement Les femmes sont visées par les politiques d'ajustement et de stabilisation (PAS) Les femmes sont partie intégrante du développement les femmes pauvres sont une catégorie particulière Femmes comme actrices des politiques de développement Transformations et autonomie basée sur l'autoorganisation appui par des organisations locales de développement Approche individuelle, modèle social d'intervention, approche "top down" Approche autoritaire ("top down") et consultative (les femmes sont vues comme une ressource) Approche consultative reproduisant des valeurs d'autorité Approche participative Interventionnisme étatique pour réduire les inégalités Approche participative et collective, "bottom up", renforçant la solidarité Approche utilisée dans les années '50, centrée sur les conditions de vie C'est une base nécessaire et évidente du développement Approche diffusée dans les années '80 par la banque mondiale, dans le contexte de lutte contre les effets négatifs des PAS Approche élaborée par les ONG dans les années '70 et reprise depuis 1985 par la Banque mondiale Approche liée à l'année internationale des femmes en 1975 Approche développée depuis 1985 (Nairobi) par les ONG locales et les mouvements féminins Source : adapté de Caroline Moser "Gender planning in the third world", in World Development, vol 17, n° 11, 1989, et de son adaptation par Oxfam Gender Unit. 7 5 Outils d’analyse développement « Genre » dans les projets de 5.1 Besoins pratiques de genre et intérêts stratégiques de genre Besoins (BPG) pratiques de genre Intérêts (ISG) Ils concernent les nécessités de la vie quotidienne: alimentation, eau, santé, l’éducation des enfants… On peut améliorer les conditions de vie, mais on ne fait pas grand chose pour améliorer la position et la statut des femmes dans la société. stratégiques de genre Il s’agit d’augmenter connaissances et aptitudes, avoir accès à une protection juridique et accorder l’égalité des chances (l’égalité de participation dans la prise de décision va dans le sens des intérêts stratégiques à long terme de la majorité des hommes et des femmes du monde). La satisfaction de ces besoins peut prendre un temps relativement bref. Les intérêts stratégiques se mettent en œuvre sur des processus sur le long terme car ils sont liés à l’amélioration de la condition des plus défavorisés. Par conséquent, cela suscite des changements dans les rôles ainsi que dans l'accès et le contrôle des ressources et bénéfices. 5.2 L’empowerment Née des mouvements de femmes, l’approche de l’empowerment, , a notamment été conceptualiser par les femmes du Sud. : Naïla Kabeer, Sarah Longwe, Magdalena Léon, Jo Rowland, etc. L’empowerment constitue la création de conditions individuelles et collectives d’émancipation pour les femmes. Dans les mouvements de lutte des femmes pour l’égalité, on soutient que la seule manière de parvenir à modifier les rapports de forces entre femmes et hommes est de mettre en évidence la question du pouvoir. On y fait la distinction entre «le pouvoir sur», qui s’exerce au détriment de quelqu’un et «le pouvoir de» qui induit une capacité d’action, comprenant la confiance en soi. L’empowerment, un double processus Empowerment individuel : Acquisition d’une plus grande autonomie, d’une capacité d’auto-détermination, de moyens permettant d’élargir la palette de ses choix dans la vie. Cette autonomie se construit par la qualité des relations que nous développons tout au long de notre vie et à la valeur que la société donne à notre personne et à notre genre. Empowerment collectif : Capacité qu’un groupe peut développer afin d’influencer les changements sociaux, vers une société plus juste et égalitaire. L’empowerment, c’est aussi la capacité de comprendre et d’intervenir sur les structures décisionnelles dans des contextes particuliers. Les questions suivantes permettent d’éclairer ce point : Qui prend les décisions ? Par quels processus sont-elles prises ? 9 Comment ce processus peut-il être modifié ? Empowerment « pouvoir » •Le pouvoir sur: •Le pouvoir de: domination des uns sur les autres connaissances, capacités, contrôle, accès… • Le pouvoir avec: solidarité, nous ne sommes pas seul-e-s •Le pouvoir intérieur: estime de soi, valorisation de l’individu. Manque une présentation des 4 sphères : A/S/V/P AVOIR Comment renforcer l’avoir des femmes ? comment s’assurer qu’elles en garderont le contrôle ? A quoi cet avoir va-t-il être utilisé ? Comment permettre aux femmes d’améliorer de manière durable leur accès aux ressources et leur contrôle sur celles-ci ? Comment s’assurer que les bénéfices des actions soient répartis entre femmes et hommes ? SAVOIR Quels résultats espérons-nous obtenir dans l’amélioration des savoirs pour les femmes et les hommes ? Comment ces savoirs vont-ils renforcer leur position dans la société ? Comment renforcer le savoir/savoir-critique des femmes ? VOULOIR (Pouvoir intérieur, estime de soi) Sur quoi se construit, dans notre société, la confiance en soi, pour les femmes et pour les hommes? quelles sont les valeurs qui la permette ou la renforce ? Quels sont les freins ? Quel est le rôle de la religion dans le maintien des inégalités de genre, que peut-on changer ? Comment provoquer des changements durables dans les rôles sociaux traditionnels des femmes et des hommes ? Comment communiquer pour le changement ? Quels résultats espérons-nous obtenir concernant le renforcement du pouvoir intérieur des femmes et des hommes ? POUVOIR (AVEC) Comment renforcer le « pouvoir avec» des femmes et des hommes ? Comment permettre aux femmes d’être présentes dans institutionnels (politiques, juridiques, administratifs, etc.)? des espaces 10 Comment les soutenir quand elles y sont présentes ? Quels résultats espérons nous obtenir par le renforcement du « pouvoir avec » des femmes et des hommes ? Quels changements politiques, juridiques ou autres visonsnous ? Pistes pour l’empowerment Priorité aux moyens financiers pour la formation des femmes Appui aux organisations des femmes, réseaux, mouvements Appui aux initiatives d’économie solidaire Appuis à la présence des femmes dans les espaces de prise de décision, de négociation Revoir les institutions et leur fonctionnement pour les rendre accessibles aux femmes 5.3 Les 3 rôles Rôle reproductif Rôle productif Les tâches domestiques Le travail, exécuté contre assurées dans le cadre de paiement en nature ou en la famille, nécessaires pour espèce : l'entretien et la reproduction biologique et • production de biens ou services ayant une valeur sociale: • • • le soin et l'entretien de la force de travail (les adultes et les jeunes) les soins auprès des bébés et enfants les soins aux personnes âgées d'échange • production de subsistance ou domestique qui a une valeur d'usage : *visible = les activités qui ont une visibilité via la circulation monétaire, la comptabilité nationale, la statistique *invisible/oublié = les activités informelles, non comptabilisées, non reconnues Rôle social Activités d'administration et de gestion de la collectivité • • • • elles assurent des services et la cohésion c’est le rôle citoyen, militant, bénévole assumé par chacun-e valorisées = activités reconnues socialement et valorisées, sous forme monétaire ou symbolique non valorisées = activités non reconnues, dévalorisées, qui sont peu considérées, et vécues comme une charge 5.4 Accès et contrôle des ressources et des bénéfices Il ne suffit pas d’avoir accès à la ressource pour bénéficier de meilleures conditions de vie. Un contrôle sur la ressource est nécessaire. Par ailleurs, les bénéfices d'un projet ne sont pas répartis équitablement. Beaucoup d'évaluations de projets nous en donnent des exemples. Cet outil est utilisé pour la collecte et l’analyse d’informations à différentes étapes, spécialement avant l’élaboration d’un projet (ou d’une intervention sociale) et de sa planification. Il est généralement utilisé après l’outil des 3 rôles, car il complète l’information obtenue et met en évidence le type de relations de genre. 5.5 Facteurs d’influence Il fondamental d’identifier les facteurs qui vont influer sur le type de travail accomplit par chacun des genres, l’accès et le contrôle des ressources et bénéfices pour développer. Cette identification des facteurs sera pris en compte au moment de l’élaboration des stratégies de promotion de l’égalité des sexes. Afin de saisir la portée de tels outils, voici des exemples d’exercices et de cas pratiques : 11 6. L’analyse du cycle du projet 6.1 Le genre dans la programmation Contexte général dans lequel s’inscrit le projet : les politiques nationales du pays : stratégie de réduction de la pauvreté, santé, agriculture, éducation, micro-crédit, privatisations… les politiques d’égalité (genre, promotion femmes, santé et droits reproductifs et sexuels,…) la politique des bailleurs/Partenaires techniques et financiers (PTF) les choix et orientations des autres intervenants (le secteur privé, les ONG…) A chacune des étapes de ce cycle, la recherche d'information et la mise au point de méthodes intégrant la perspective de genre sont utiles. 6.2 Le genre dans l’identification des projets C'est à cette étape que la plupart des outils présentés sont déjà utiles, car ils permettent de se faire une idée précise des rôles et des activités des hommes et des femmes, d'avoir une première idée de leurs besoins et des problèmes qu'ils identifient. La collecte de cette information est utile pour diagnostiquer la situation de départ (au temps t0) de manière à évaluer les apports du projet (au temps t1), et donc son impact en terme d'égalité de genre. 12 A cette étape d'identification, il est utile de préciser si le projet est cohérent avec le plan d'action, la philosophie, les orientations ou les engagements en terme d'égalité de genre de l'instance (Etat, Agence, Ministère, ONG, association…) qui le met en œuvre L'identification suscite l'analyse de genre sur les rôles, les intérêts stratégiques, le pouvoir et les capacités des groupes à décider et à participer au projet. Il est fondamental de préciser les divers acteurs impliqués aux divers niveaux. Il importe de cerner les zones de conflit et d'accord entre les priorités des femmes et des hommes. La réflexion doit porter sur les acteurs, leurs actions et leur motivation, engagements en matière d'égalité hommes/femmes : il y a différents types d'acteurs : décideurs, administration, intervenants de terrain ; qui agissent à différents niveaux : national, régional et local. Les problèmes doivent être analysés en termes de genre : quels sont les problèmes spécifiques des femmes et des hommes ? Quels sont les besoins et intérêts des unes et des autres ? Les objectifs doivent refléter les besoins spécifiques des femmes et des hommes. Les impacts attendus du projet doivent également être analysés et présentés par sexe. La collecte de données différenciées par sexe n'est pas toujours facile à faire, car les statistiques et informations n'existent pas toujours. Il faut faire une recherche de données et identifier des indicateurs sexo-spécifiques. Par ailleurs, les expériences d'autres projets similaires ou proches doivent être analysées et intégrées. Les ressources financières et humaines allouées à l'égalité femmes/hommes doivent être décrites clairement. La méthodologie utilisée pour assurer la participation de tous (femmes et hommes) doit être précisée. La structure de gestion du projet, l'organigramme des responsabilités et des instances doivent refléter les principes d'égalité de genre. Etapes dans l’identification : Diagnostic : Identifier et cibler toutes les parties prenantes; entendre leurs problèmes (entretiens, rencontres, questionnaires) Identification des besoins Prioriser les problèmes : identifier le problème central Identifier les rapports de pouvoir entre acteurs (groupes sociaux, groupes ethniques, femmes et hommes - ne sont pas des groupes homogènes) Relever la faisabilité : (opportunités-menaces) sensibilité et volonté ; identifier les freins Rapport du diagnostic, restitution et validation par les populations Outils pour l’identification : profils d’activités (analyse des 3 rôles, de la division sexuelle du travail) calendrier saisonnier accès et contrôle sur les ressources et les bénéfices besoins pratiques et intérêts stratégiques arbre à problèmes analyse SWOT (ou en français FFOM) Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces 6.3 Genre et formulation/instruction du projet Au niveau de l'instruction du projet, des check list et des outils institutionnels sont intéressants à utiliser. 13 Les objectifs du projet et le programme d'activités sont définis, les apports (le temps, le travail,…) des femmes et des hommes sont prévus et évalués correctement. Le système de collecte d'information est installé et permet de mesurer la situation avant la mise en œuvre. Les critères de sélection des parties prenantes doivent être précisés et explicites. Points d’attention lors de la formulation du projet : Savoir se limiter à l’essentiel Un contenu approprié Une formulation claire et accessible Le lien avec les politiques nationales 6.4 Cadre logique et cycle du projet L’étape d’analyse : 1. l’analyse des parties prenantes; 2. l’analyse des problèmes; 3. l’analyse des objectifs; 4. l’analyse des stratégies. L’étape de planification a lieu lors de la préparation du cadre logique : il s’agit de déterminer les activités et les ressources nécessaires, d’établir le calendrier et de définir le budget. Cf. Tableau 1 : montre les moments d’intégration de l’approche genre dans des différents niveaux du cadre logique. Cf. Tableau 2 : synthétique et utile, est celui du Tool-kit de l’UE qui présente la manière d’intégrer le genre, à partir des questions clés, dans le cadre logique. 14 Tableau 1 15 Tableau 2 17 6.5 Genre et mise en œuvre des projets Le système de collecte d'information est utilisé (alimenté et analysé) et permet de vérifier la mise en œuvre des actions et leurs impacts pour les bénéficiaires Hommes et Femmes. Des indicateurs mesurables (quantitatifs et qualitatifs) désagrégés par sexe doivent exister et montrer que les femmes et les hommes sont bénéficiaires du projet. Ces derniers doivent pouvoir détecter si ce n'est pas le cas. Les moyens proposés et les techniques utilisées doivent être adaptés aux femmes et aux hommes, ou tenir compte des spécificités de genre et progresser vers l'égalité. La méthodologie d’intervention, l’approche du projet doit être sensible au genre. Elle doit veiller à assurer la participation de tous. La structure de gestion du projet, l'organigramme des responsabilités et des instances, tels que définis dans l’identification, doivent être vérifiés pour voir leur conformité aux principes d'égalité de genre définis a priori. 6.6 Genre et suivi du projet Le suivi-évaluation doit être permanent. Ainsi, les données utilisées au départ doivent être réactualisées de manière périodique. C'est un processus positif d'expérimentation progressive car les mentalités et les pratiques se modifient parfois lentement…). Points d’attention pour le suivi du projet : Elaborer un plan et des outils de suivi Prévoir la collecte et le traitement des informations : difficulté d’accès à ou manque d’information - méthodologie à utiliser - budget pour gérer et traiter les données Vérifier la stratégie ou l’adapter Vérifier l’évolution des résultats et des indicateurs Comprendre les résistances Adapter et réajuster les activités Systématiser et capitaliser l’expérience Si nécessaire reformuler le projet Les facteurs de réussite d’un système de suivi Le système de suivi doit être bien spécifié et planifié à l’avance. Des moyens doivent être prévus pour garantir une bonne exécution de ce type d’activités (qualité de l'intervention) La collecte d'information et le rapportage du suivi ne doivent pas être trop compliqués et doivent se limiter à ce qui est vraiment important. Les règles et les procédures de prise de décisions à tous les niveaux doivent être spécifiés à l'avance ainsi que les modalités de prise de décisions. Indicateurs et suivi du projet Importance de la définition d’indicateurs : notamment d’empowerment dès le départ, qui peuvent évoluer au cours des suivis. Indicateurs d’empowerment individuels et collectifs (pour les différents niveaux de pouvoir : intérieur (pouvoir), pouvoir de (avoir, savoir, savoir-faire), pouvoir de (avec). 19 Genre et Indicateurs de développement Dans le cadre logique, on utilise des IOV : « Indicateurs objectivement vérifiables » Ce sont des critères qualitatifs et quantitatifs, de succès, qui nous permettent de mesurer ou d’évaluer la réalisation des objectifs d’un projet. 6.7 Le genre dans l’évaluation des projets La finalité de l ’évaluation est de vérifier le succès d'un projet en utilisant des critères précis. Elle cible les résultats intermédiaires, l'objectif spécifique et les objectifs globaux du projet. Elle constitue un processus d’analyse du projet ou du programme plus complet. L'évaluation externe, quant à elle, doit utiliser des termes de référence « genre » et s'inscrire dans une logique d'appui-conseil plutôt que de sanction. Types d’évaluation 1. Etat des lieux (baseline) Connaître la situation de départ ou de référence 2. Input du programme Mise en place d’un ensemble de stratégies, de moyens et d’activités pour réaliser l’objectif, 3. Résultats (output) du programme Formulation d’indicateurs pour suivre la contribution à l’objectif visé 4. Impact du programme Indicateurs qui devront donner une appréciation des changements induits par le projet (long terme) Critères « classiques » de mesure des résultats et effets du projets L’efficacité : l’analyse des écarts entre ce qui a été planifié et réalisé (apprécier la fréquence du suivi) L’efficience : lien entre les résultats et les effets du projet avec les moyens nécessaires pour les réaliser : bilan entre « input et output » La pertinence : les objectifs du projet étaient-ils adéquats avec les problèmes qu’il est censé résoudre et avec le contexte dans lequel il s’est déroulé La viabilité/durabilité : la chance que les effets puissent se poursuivre à long terme L’impact : qui considère les effets positifs et négatifs prévus et imprévus, plus largement que l’action “Genrer” l’évaluation Mesurer l’impact dans l’amélioration du statut et des conditions de vie des femmes et des hommes Faire connaître les résultats, restitution Intégrer l’approche genre dans les TDR : questions explicites/équipe mixte ou comportant une personne formée en genre Critères « genre » de mesure des résultats et effets du projet L’efficacité : les objectifs sont ils atteints ? Quels sont les avantages pour les divers parties prenantes (en spécifiant chaque fois H et F) L’efficience : les résultats et les effets obtenus du projet pour les F et pour les H sont ils atteints à un coût raisonnable et les coûts et avantages sont-ils équitablement répartis entre eux La pertinence : les objectifs du projet ont-ils intégré l’égalité de genre ?, les changements dans les rôles et rapports de genre ont ils été intégrés dans l’évolution du projet? 20 La viabilité/durabilité : probabilité que les changements dans les rapports H/F vont se poursuivre à long terme (BP/IS). L’intégration du genre dans les processus est-elle acquise/installée? L’impact : quels sont les impacts en matière d’égalité de genre du projet et de celui-ci sur la situation plus globale dans le secteur d’intervention ou dans la région ? 21