Représentation et évaluation de la pollution atmosphérique dans l

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Représentation et évaluation de la pollution atmosphérique dans l
Représentation et évaluation
pollution
atmosphérique
l'agglomération de Dunkerque
de la
dans
ETUDE
APPA Nord - Pas de Calais
www.appanpc.fr > Etudes
Représentation et évaluation de la pollution
atmosphérique dans l'agglomération de
Dunkerque
Cette étude a été réalisée dans le cadre du programme de recherche PRIMEQUAL par le Comité
Régional Nord-Pas-de-Calais de l’APPA (Séverine FRERE et Isabelle ROUSSEL) et le groupe de
recherches: « psychologie environnementale: attitudes et comportements en milieu urbain », de
l’Université de Paris X –Nanterre (Barbara BONNEFOY, Isabelle MARAMOTTI et Annie MOCH).
Problématique de l'étude
Les principales questions qui se posent dans cette zone exposée à la pollution d’origine industrielle
sont les suivantes :
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de savoir si la perception et l’évaluation de la pollution atmosphérique suit l’exposition réelle
des habitants telle qu’elle est enregistrée par les réseaux de mesure
de connaître les indicateurs sur lesquels les personnes exposées se basent pour émettre
leurs jugements
de comprendre l’étendue des effets ressentis dans la vie de tous les jours
d’identifier les facteurs individuels (âge, sexe) ou contextuels (localisation géographique,
image des entreprises polluantes... ) qui médiatisent l’évaluation de la gêne.
Méthodologie employée
A la suite d’une série d’entretiens non directifs, un questionnaire standardisé a été passé auprès de
plus de 500 personnes représentatives de la Communauté Urbaine de Dunkerque en ce qui concerne
l’âge, le sexe et l’origine socio- professionnelle.
Une fiche d’interrogation ponctuelle relative à l’appréciation quotidienne de la pollution
atmosphérique a été remplie par un échantillon de personnes pendant un mois en même temps
qu’ont été relevées les données de pollution enregistrées par les stations du réseau de mesure
«Opal’air».
Résultats de l'étude
Les habitants reconnaissent majoritairement que la pollution atmosphérique constitue un problème
environnemental majeur de leur région. Une petite moitié seulement qualifie la qualité de l’air de
franchement mauvaise. Ce sont surtout les personnes âgées qui ont cette vision négative (fig. n°1).
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Figure 1 : Evaluation de la qualité de l’air par les personnes interrogées. Répartition par âge de ceux
qui trouvent que la qualité de l’air est mauvaise
Des facteurs comme l’âge ou le sexe ainsi que l’image des entreprises de la région médiatisent
l’évaluation de la pollution. En dehors des effets ressentis sur la santé, c’est principalement l’impact
de la pollution sur la vie de tous les jours auxquels sont sensibles les habitants de la région.
Le problème de la qualité de l’air ne peut pas être compris uniquement en regardant l’évolution des
rejets industriels ou les résultats des analyseurs, il doit être appréhendé également à travers la
perception sociale de cette question. La construction sociale de la qualité de l’air est mise en
évidence par la réponse à la question sur l’évolution de la pollution atmosphérique (fig. n°2).
Figure 2 : Evaluation de la qualité de l’air par les personnes interrogées. Répartition par âge de ceux
qui trouvent que la qualité de l’air est mauvaise
Plus de la moitié des jeunes trouvent que la qualité de l’air se détériore alors qu’ils manquent de
points de références.
Pour bien comprendre l’impact de la pollution d’origine industrielle de la région de Dunkerque, il est
nécessaire de tenir compte des facteurs qui influent tant sur la gêne exprimée que sur les effets
ressentis sur la santé ou sur les comportements de la vie de tous les jours.
Les stratégies d ’adaptation peuvent aller jusqu ’à envisager de déménager ou de quitter la région.
Ce sont les hommes et les plus jeunes qui sont prêts à envisager cette hypothèse. Ce sont les mêmes
qui considèrent que les usines ne sont plus nécessairement des sources d’emploi. Les femmes sont
plus attachées à la région.
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Le désir de parler de la pollution vient en tête dans les stratégies d’adaptation exprimées, ce qui
traduit un certain désir de transparence que les industriels et les élus doivent maintenir. Des
structures comme le SPPPI sont donc adaptées même si les habitants sont dubitatifs quant au
pouvoir associatif.
Qui peut contribuer à améliorer la qualité de l'air (%)
Les industriels
62
Les élus locaux
45
Les élus nationaux
36
Les associations
25
Les scientifiques
24
Les habitants
20
A la question : « qui peut améliorer la qualité de l’air ? », la responsabilité attribuée aux industriels
est évidente mais les élus n’ont pas perdu toute crédibilité. Le « pouvoir » des associations et des
scientifiques est tenu pour faible. Toutefois il est considéré comme légèrement plus efficace que
celui des habitants qui, sans doute habitués à se battre depuis longtemps doutent de l’efficacité de
leur action. Contrairement à ce que l’on peut constater sur d’autres questions comme la vache folle,
la crédibilité du pouvoir consumériste sur la qualité de l’air est encore faible.
L’évaluation et la perception de la pollution industrielle suivent assez peu l’exposition réelle des
habitants aux différents polluants. Néanmoins ce sont les habitants des petites communes les plus
proches des usines qui ressentent le plus la pollution atmosphérique et se plaignent également
d’autres nuisances (bruit, vibration).
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Figure 3 : Répartition de quelques réponses en fonction du lieu de résidence des habitants dans une
commune proche des installations industrielles (commune exposée) ou dans une commune plus
éloignée.
Figure 4 : Une relation évidente apparaît entre la note attribuée à la pollution atmosphérique et le
niveau de particules enregistré à la station de Fort-Mardyck du réseau OPAL’AIR
Les habitants sont particulièrement sensibles aux indicateurs visuels et en particulier à la poussière et
aux particules. D’ailleurs les fiches d’interrogation ponctuelle, mettent clairement en évidence une
bonne relation entre la pollution ressentie et les niveaux de particules observés, ce qui prouve le
poids de la pollution visible dans la perception du phénomène par les habitants; en revanche les
niveaux élevés d’ozone qui s’accompagnent d’un temps agréable ne sont pas ressentis comme une
gêne. La pointe d’ozone enregistrée le 31 juillet n’a pas du tout été ressentie par les habitants.
Différentes typologies d’habitants émergent. Les grands ensembles mis en évidence se distinguent
selon le vécu plus ou moins négatif de la pollution, selon l’ampleur des effets ressentis et selon les
conduites mises en œuvre pour tenter de s’adapter à la situation.
On peut ainsi définir quatre types d'habitants :
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•
les habitants gênés qui s’adaptent. Ce sont surtout des personnes âgées et des femmes sans
doute très attachées à la région.
les habitants peu gênés qui ne s’adaptent pas. Ce sont souvent des personnes implantées
récemment dans la région qui rêvent de partir.
les habitants très gênés et actifs. Ce sont eux qui appartiennent à des associations.
les habitants qui ne sont ni gênés ni concernés. Ce sont ceux qui habitent plutôt les quartiers
résidentiels.
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Conclusion
Ce type d’étude permet de formuler quelques interrogations pour une meilleure gestion de la qualité
de l’air dans la région. L’agglomération dunkerquoise est, à l’évidence, marquée par la pollution
industrielle et les habitants ne s’y trompent pas puisqu’ils considèrent que ce sont les industriels qui
ont en main les outils pour réduire les nuisances. Quelques éléments permettent d’esquisser des
orientations nouvelles qu’il convient de prendre en compte pour l’avenir.
Si les habitants les plus âgés sont sensibles à l’omniprésence de la pollution industrielle, les jeunes et
les femmes dénoncent également la pollution automobile dont ils sont alertés par les médias et dont
ils se sentent plus directement responsables (fig. n°5).
Figure 5 : Pourcentage d’habitants ayant trouvé la pollution (industrielle et automobile)
caractéristique de la région
Les habitants, spécialement les hommes et les plus jeunes ne voient plus nécessairement dans
l’industrie le lieu des emplois de demain. Ils n’hésitent pas à envisager de partir vers des régions
dotées d’emplois plus conformes à la nouvelle économie.
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7 Document APPA Nord-Pas de Calais – 2005 – www.appanpc.fr