«Dans l`hôtellerie de luxe suisse aussi, cessonsdenous autoflageller»
Transcription
«Dans l`hôtellerie de luxe suisse aussi, cessonsdenous autoflageller»
Datum: 09.08.2015 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 135'609 Erscheinungsweise: wöchentlich Themen-Nr.: 571.164 Abo-Nr.: 1085375 Seite: 11 Fläche: 198'145 mm² «Dans l'hôtellerie de luxe suisse aussi, cessons de nous autoflageller» Jean-Jacques Gauer L'été 2015 est rude, avec une baisse moyenne annoncée d'environ 7% des nuitées, due au franc fort. Le directeur du Palace de Lausanne entend relativiser et croit au tourisme de tradition. Christophe Passer craindre le pire pour l'été des jonction de spa, etc. Pour la formation, nous sommes aussi un des premiers pays, et notamment encore en ce qui concerne la certification aux normes internationales. Alors, non, je ne pense pas que l'on se soit reposé, ni que l'hôtellerie suisse soit en mauvais état par rapport à d'autres pays. C'est la clientèle qui est aussi plus exigeante et volatile. hôtels suisses. Quel est son impact? Avec quelles conséquences? [email protected] ,abandon du taux plancher du franc face à l'euro a fait C'est difficile de donner des chiffres: cela dépend tellement des hôtels et des régions. Mais, surtout, il y a toujours eu des secous- ses dans l'hôtellerie, en Suisse comme ailleurs. Elles peuvent être politiques ou monétaires, le franc ou l'Ukraine en guerre, ce- la a toujours existé. Nous sommes ainsi de nouveau dans une situation et dans des eaux qui ne sont pas tout à fait calmes depuis l'abandon du fameux taux plancher du franc suisse face à l'euro. Mais c'est une secousse de plus, et il faut faire avec à court et à moyen termes. Et, sur le long terme, il s'agit de constater simplement l'augmentation de la fréquence desdites secousses. Avant, nous avions par exemple un problème à cause d'un choc pétrolier, mais c'était suivi par une période plus sereine qui pouvait durer quelques années. A un moment de ma vie, je me souviens aussi d'avoir travaillé avec un dollar à 4 francs: les choses changent. Nous additionnons désormais les difficultés dues aux fluctuations monétaires avec celles nées des problèmes géopolitiques. Les hôtels suisses se sont-ils trop reposés sur les lauriers du paysage alpin? Si on prend les 41 établissements suisses qui font partie des Swiss Deluxe Hotels, ils ont durant toutes ces dernières années accompli des efforts absolument considérables: rénovations importantes, mises à niveau, ad- La manière dont un client voyage a complètement changé. EasyJet n'existait pas. Cela a, depuis, révolutionné la dynamique des voyages. Les clients des hôtels de luxe ne volent pas forcément en première classe. Quant à nos résidents suisses, ils vont aussi beaucoup plus facilement à l'étranger qu'autrefois. C'est un environnement très compétitif, où le zapping est devenu la règle. Mais on prête aux hôtels suisses mauvaise réputation: chers, accueil déficient, difficultés à sourire... Ce sont seulement des clichés? J'estime surtout qu'en Suisse on est vraiment les champions de l'autoflagellation. On le fait volontiers, et souvent à tort. Je voyage beaucoup, pas nécessairement dans des palaces quand je vais à l'étranger. Je ne suis pas sûr du tout que tout soit tellement mieux alentour. Il est vrai que l'impact de l'abandon du taux plancher a automatique- «L'efficacité, le calme, tout cela peut faire oublier que nous ne sommes pas aussi serviables qu'en Asie» Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 58707621 Ausschnitt Seite: 1/7 Datum: 09.08.2015 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 135'609 Erscheinungsweise: wöchentlich Themen-Nr.: 571.164 Abo-Nr.: 1085375 Seite: 11 Fläche: 198'145 mm² ment renchéri le produit. Et nous allons le sentir encore un certain temps. Mais je ne vent des lieux extraordinaires. Prenez le macrois pas que l'on puisse dire que nos trois- gnifique Les Trois Rois de Bâle, encore un étoiles ne sont pas bons, ou que l'accueil y hôtel qui fait tout juste. Ou tous ces endroits est sinistre: parce que ce n'est pas vrai. Il y a qui ont la chance d'avoir de splendides des petits hôtels fantastiques dans ce pays, et aussi d'autres qui ne font pas parfaitement leur boulot, comme partout. Mais prenez un quatre-étoiles comme le Storchen, à Zurich, au bord de l'eau: c'est magnifique, et d'un très bon niveau. Je ne suis pas certain de trouver la même chose à Lyon ou à Marseille, par exemple. Maintenant, est-ce que le caractère latin, au sud de l'Europe, est na- atriums, ou le Palace de Gstaad, cette bâtisse incroyable qui a l'air de sortir d'un film. Ou encore le Monte Rosa de Zermatt, l'un des plus vieux hôtels de la station, dans lequel vous ne trouvez pas un seul angle droit, mais tant de tradition. Nous pouvons jouer sur cette nostalgie heureuse, sur l'unicité de ces hôtels, sur leur concentration, aussi, sur un si petit territoire. Il faut les mettre en vaturellement plus souriant que le suisse? leur, rénover, mais garder cet esprit. Car il C'est possible (rires). La mentalité culturelle demeure un fantastique argument de vente. reste ce qu'elle est. Mais il existe pas mal d'autres avantages: l'efficacité, le calme, tout cela peut faire oublier que nous ne sommes pas aussi serviables qu'en Asie. Parce qu'en Asie ils sont plus serviables? C'est plus compliqué. Observons d'abord que le niveau des prix, pour les palaces et hôtels de luxe, est finalement assez similaire partout dans le monde. Mais le coût de la main-d'oeuvre n'est pas le même à Singapour, à Beijing ou à Rio de Janeiro si on le compare avec la Suisse. Là où un hôtelier helvétique peut mettre un collaborateur, il y en aura trois ou quatre ailleurs. L'impression pour le consommateur va peut-être, alors, dans le sens d'un meilleur service dans ces endroits, de plus d'empressement, de plus d'attention. Mais c'est une simple réalité économique, pas une qualité particulière des gens. Que doit faire l'hôtellerie suisse de luxe pour tenir le choc? Nous avons la chance, dans beaucoup de grands établissements, de relever d'une tra- dition ancienne qui tend vers un genre d'Orient-Express, si je puis dire. Alors on peut sans doute faire du TGV: c'est plus rapi- de, mais cela a moins de charme. Les bâtiments des grands hôtels de luxe en Suisse sont issus d'une belle histoire. Ce sont sou- Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 58707621 Ausschnitt Seite: 2/7 Datum: 09.08.2015 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 135'609 Erscheinungsweise: wöchentlich Themen-Nr.: 571.164 Abo-Nr.: 1085375 Seite: 11 Fläche: 198'145 mm² Nous ne pourrons pas faire concurrence à Les nouveaux clients chinois, ceux Hongkong ou à Dubaï avec le plus haut, le du Golfe, ou les Russes, ont remplacé plus délirant, le plus large, etc. Jouons sur les Anglais de jadis. C'est une clientèle nos forces, l'histoire et la tradition. plus difficile? Il y a beaucoup d'horribles histoires qui circu- Certains hôtels ont déjà revu leurs lent sur les différentes nationalités: tout est tarifs vers le bas, d'environ 10%. complètement ou à 99% faux. Nous vivons On ne devra pas baisser encore les prix? dans un univers mondialisé. Ce qui se difféOn ne pourra pas le faire de façon drastique, rencie entre les comportements des gens, ce même si nous sommes désormais moins sont des détails. Telle ou telle clientèle aime compétitifs. Et l'hôtellerie n'est pas si chère manger plus tard, ce genre de petites choses. en Suisse si l'on compare à d'autre pays. Ce qui change pour nous, c'est que nous Oui, jusqu'en 2008, la demande augmentait orientons la prospection vers ces marchés. et les prix ont monté en suivant cette cour- C'était le Brésil il y a quelques années. Et puis be. Mais, depuis, les secousses successives l'Inde ou la Chine. Aujourd'hui, nous constaont amené une certaine stagnation. Si je tons un retour inattendu des Américains, prends le prix moyen d'une chambre au Pa- avec un dollar qui se tient pas mal et la bonne lace durant les vingt dernières années, il a réputation de stabilité de la Suisse. Ils se souvarié entre 33o francs et 400 francs. On est viennent que leurs parents leur parlaient des aujourd'hui aux alentours de 375 francs. Si vacances en Suisse. Et nous avons aussi, de on regarde ainsi cela sur une période de plu- nouveau, plus d'Anglais. Et un peu moins de sieurs années, il ne s'agit pas de fluctuations Russes depuis deux ans. fortes. Et si certains prix d'hôtel ont pris tout de même l'ascenseur, c'est parce qu'on y a Les actions récentes, comme fait des investissements colossaux, qu'il a le «Grand Tour» de Suisse Tourisme, ou la troisième nuit à 1 franc sur fallu répercuter. C'est normal. Ce qui demeure vraiment plus cher pour la Riviera, ce sont de bonnes idées? un touriste venant en Suisse, c'est plutôt le S'il y a une crainte d'avoir une baisse de reste: restaurants, taxis par exemple. Barce- clientèle, c'est tout à fait bienvenu. C'est du lone est 30% moins cher, en dehors des bon sens, c'est tout de même mieux que chambres d'hôtel. C'est cela aussi qui retient d'augmenter les prix de 30% en espérant une partie de la clientèle hors de chez nous. comme cela garder un chiffre d'affaires. Le client d'aujourd'hui sait parfaitement que le La compétition internationale, justement, est de plus en plus forte, et aussi entre les hôtels de luxe. Quels pays sont nos concurrents directs? prix change tout le temps, tant mieux s'il parvient à en profiter. Après, il existe des Je ne parlerais pas en termes de pays. Il faut parler de villes, de régions. Londres, ce n'est pas l'Angleterre. A Paris, il y a désormais entre quinze et vingt palaces, ce qui augmente aussi l'attractivité de la destination. Dans le reste de la France, cela bouge moins. En Suisse, pour le moment, ce phénomène, l'arrivée de grandes chaînes internationales, n'a pas eu vraiment lieu dans nos villes. le marché est difficile. On a refait le Dolder de Zurich, ou le Baur Au Lac, mais sans grande invasion écoles, des hôteliers qui craignent de devoir transformer des actions coup de poing, ponctuelles et limitées, en offre permanente. Il faut analyser de cas en cas. Au Palace de Lausanne, vous avez cherché à faire venir la clientèle locale. Est-ce que c'est une piste de salut pour les grands hôtels? Il s'est agi plutôt d'une réflexion, de par mon expérience au sein du Schweizerhof, autre- fois notre hôtel familial à Berne. Nous n avions pas un emplacement miraculeux de nouveaux acteurs. Des investissements par rapport à la concurrence du Bellevue, par ont été faits aussi à Zermatt ou à Gstaad, plu- exemple. Eux, ils avaient une très jolie vue tôt sur des infrastructures existantes. Donc sur l'Aar. Et nous, une très jolie vue sur... une gare. Donc, dans ma famille, nous avons nous avons un marché assez stable. toujours souhaité faire venir la clientèle lo- Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 58707621 Ausschnitt Seite: 3/7 Datum: 09.08.2015 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 135'609 Erscheinungsweise: wöchentlich encore. Mais j'ai 62 ans, aussi. Je ne ferai pas cela jusqu'à 75 ans, même si c'est passionnant (sourire). C'est un métier dangereux. On dort peu, les heures s'accumulent. seraient leurs événements. Au Palace de Il faudra sentir quand le moment sera venu Lausanne, j'ai eu le même réflexe, cette fois de se consacrer à des tâches moins usantes par rapport au merveilleux emplacement, au en énergie. cale dans notre hôtel. Banquiers, avocats, architectes, etc., devaient s'y sentir chez eux, et nous servir alors d'ambassadeurs: ils conseilleraient à leurs amis d'y dormir, y organi- bord du lac, du Beau-Rivage. Il a fallu rouvrir l'hôtel face à la rue; c'était alors des boutiques et des salles de conférences. Il fallait animer, amener l'hôtel à la ville, ouvrir des restaurants, faire venir cette clientèle d'ici. Mais peut-être qu'à New York j'aurais eu le réflexe inverse: fermer, jouer sur l'exclusivi- té, éviter que tout le monde puisse entrer. Chaque établissement doit trouver sa stratégie. Mais plus petite est la ville, plus un hôtel doit se rapprocher de la clientèle locale. Le Palace ainsi que le Château d'Ouchy ont été rachetés il y a quelques semaines par la Fondation de Famille Sandoz, qui possédait déjà à Lausanne le Beau-Rivage, la Résidence et l'Hôtel d'Angleterre. Les deux grands hôtels lausannois vont ainsi cesser de se faire concurrence? François Dussart sera directeur général Themen-Nr.: 571.164 Abo-Nr.: 1085375 Seite: 11 Fläche: 198'145 mm² «Nous ne pourrons pas faire concurrence à Hongkong ou à Dubaï avec le plus haut, le plus délirant, le plus large, etc. Jouons sur nos forces, l'histoire et la tradition» Jean-Jacques Gauer, directeur du Palace de Lausanne pour tout ce qui concerne l'investissement de la Fondation de Famille Sandoz: cela fait cinq hôtels à Lausanne, le Palafitte à Neuchâtel, et encore un hôtel à Zermatt. Je reste directeur ici. Surtout, chaque établissement va et doit préserver son identité, son caractè- re, son ADN. Ces hôtels représentent une centaine de millions de chiffre d'affaires annuel, et entre 700 et 800 emplois. Mais c'est au niveau de l'optimisation des coûts, que ce soit en termes de frais administratifs, de marketing, de ressources humaines, de politique d'achat, qu'il existe des synergies im- portantes. Et ce qui est aussi décisif: avoir désormais trois quatre-étoiles au bord du lac (Résidence, Angleterre et Château d'Ouchy), dans un endroit idyllique, avec une capacité de 125 chambres. C'est très sou- ple et intéressant pour attirer des congrès, des événements importants: on peut travailler avec les trois hôtels en même temps. Et Jean-Jacques Gauer à la tête du Palace, c'est pour encore longtemps? Je ne vais pas m'en aller maintenant, pas Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 58707621 Ausschnitt Seite: 4/7 Datum: 09.08.2015 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 135'609 Erscheinungsweise: wöchentlich Themen-Nr.: 571.164 Abo-Nr.: 1085375 Seite: 11 Fläche: 198'145 mm² En dates 1953 Naissance III naît à Berne dans une famille de 5 enfants, qui dirige le Schweizerhof depuis 1937. Son père meurt alors qu'il a 13 ans. 1975 Hôtelier Après l'Ecole hôtelière de Lausanne et divers stages, il reprend la direction du Schweizerhof. 1978 Mariage Il épouse Emeline. Ils ont deux fils, Jay (1980) et Brice (1987). 1990 Leader Il devient président des Leading Hotels of the World, poste qu'il occupera vingt ans durant. 1996 Palace Il prend la tête du prestigieux hôtel du centre de Lausanne, rénove, réinvente. Le chiffre d'affaires triple en une décennie. 2015 Sandoz Jean-Jacques Gauer saisi dans le hall du Palace de Lausanne, qu'il dirige depuis vingt ans. La Fondation de Famille Sandoz rachète le Palace et le Château d'Ouchy. Jean-Jacques Gauer demeure le directeur de l'établissement. Darrin Vanselow Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 58707621 Ausschnitt Seite: 5/7 Datum: 09.08.2015 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 135'609 Erscheinungsweise: wöchentlich Jean-Jacques Gauer est l'un des connaisseurs européens les plus pertinents de l'hôtellerie de luxe. Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen Themen-Nr.: 571.164 Abo-Nr.: 1085375 Seite: 11 Fläche: 198'145 mm² Vanselow ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 58707621 Ausschnitt Seite: 6/7 Datum: 09.08.2015 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 135'609 Erscheinungsweise: wöchentlich Themen-Nr.: 571.164 Abo-Nr.: 1085375 Seite: 11 Fläche: 198'145 mm² «Je n'ai jamais poussé aucun de mes fils à faire ce métier» Jean-Jacques Gauer pense que trois générations d'hôteliers, ce n'est pas encore une dynastie: «Les Seiler, à Zermatt, c'est une histoire bien plus longue.» Il est né à Berne, où sa famille possédait le presti gieux Schweizerhof, dans une famille de cinq enfants. Son père meurt alors qu'il a seulement 13 ans. «Il a fallu se serrer les coudes.» Mais la passion des hôtels est déjà en lui. Ecole hôtelière, formation en cuisine, il se retrouve très jeune à la tête de l'établissement bernois, où se pressent notables et politiciens. «L'hôtellerie, elle nous a été transmise au berceau. Encore aujourd'hui, autour d'une table lors d'un repas familial, on est dedans tout de suite, on en parle. Je n'ai jamais pensé faire autre chose. Ça m'a toujours passionné. C'était naturel.» mythique comme le Connaught, que je viens de revisiter, est un exemple parfait de ce que l'on peut faire, dans la tradition et l'adaptation aux besoins d'une clientèle moderne.» Et vivre une vie de directeur de palace, c'est passer son existence dans un palais? «Pas vraiment. Les hôteliers connaissent surtout l'arrière de la boutique. Ce que le client voit, pour nous, c'est un peu la scène. Il faut s'y montrer discret, au service des gens. Nous restons plus souvent dans l'arrière-scène, à voir comment ça se passe, à motiver les équipes. L'image du palais, ce n'est pas ce que je ressens: derrière, c'est moins spectaculaire, mais tout aussi passionnant.» Désormais, son fils aîné, Jay, dirige l'Hôtel des Trois Couronnes, à Vevey. Et Brice, sept ans plus jeune, fait ses armes au Raisin de Cully. «J'aime ce métier. Je n'ai pas du tout poussé mes enfants à y entrer. S'ils se sentent appelés à faire un peu la même chose que moi, peut-être d'une autre manière, tant mieux.» Epicurien, charmeur, d'une énergie sidérante, toujours à l'affût pour améliorer les détails, il ne tient pas forcément aux palaces quand il voyage: «Je ne suis pas nécessairement dans un cinq-étoiles. Je cherche des petits hôtels charmants, des auberges sympathiques. Professionnellement, il m'arrive bien sûr d'aller voir ce que font les hôtels de luxe, à Londres, par exemple: c'est une destina- tion importante, également en termes de créativité. Un hôtel Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 58707621 Ausschnitt Seite: 7/7