Le succès donne des ailes aux brocantes

Datum: 10.06.2014
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Medientyp: Tages- und Wochenpresse
Auflage: 45'871
Erscheinungsweise: 6x wöchentlich
Themen-Nr.: 310.013
Abo-Nr.: 1032028
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Si les brocantes caritatives, comme ci-dessus La Fouine de Caritas, à Plan-Les-Ouates, sont rentables
c'est qu'elles fonctionnent sur le modèle des dons. LAURENT GUIRAUD
Céline Garcin
Devant l'intérêt
des Genevois pour
la seconde main,
plusieurs institutions
songent à agrandir
leurs magasins
Centre social protestant (CSP) réfléchit à surélever son bâtiment de
la Renfile, également à Plan-lesOuates. Les brocantes caritatives
seraient-elles donc si lucratives?
«Elles sont rentables car, con-
nous appellent pour venir débarrasser des appartements après un
déménagement ou le décès d'un
proche, relève Esteban Nuesch,
gérant de la brocante de l'Armée
du salut à la route de Chêne. Nous
trairement aux autres commer- devons parfois les faire patienter
ces, notre matière première ne près d'un mois avant de pouvoir
nous coûte rien», répond le direcLa deuxième main semble avoir la teur de Caritas, Dominique Froicote à Genève. Alors que l'Armée devaux. Tous les magasins foncdu salut vient d'inaugurer une tionnent sur le même modèle, cenouvelle brocante de 1000 m2 au lui des dons. Ils récupèrent les
venir.»
L'objet unique
Si les biens abondent dans les bro-
cantes, reste à trouver les clients
Lignon, Gantas projette d'agran- biens dont les gens ne veulent pour les écouler. Or, les institudir la sienne à Plan-les-Ouates et le plus. «Enormément de personnes tions relèvent qu'elles bénéficient
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d'un nouvel attrait pour la seconde
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nir l'institution», note Pascal ple, cela nous permet d'augmen-
main. «C'est une tendance qui a Mundler. Le directeur de Caritas
débuté il y a environ sept à huit ans ajoute: «Nous avons même reçu
et, aujourd'hui, nous sommes en des hôtels haut de gamme qui veplein dedans», confie Pascal naient chercher des meubles déMundler, responsable des ventes pareillés pour donner un caracet du bénévolat au CSP. Le nombre tère différent à chaque chambre.»
de tickets de caisse enregistrés par
Les institutions espèrent bien
les deux brocantes de l'association profiter de ce nouvel afflux de
est en effet passé de 138 800 à clients plus aisés pour augmenter
187 600 entre 2007 et 2013.
leur chiffre d'affaires. Elles compPour le sociologue Sandro Cat- tent sur cet argent pour financer
tacin, cette progression s'expli- leurs activités sociales. «Sans cet
que par le fait que «de plus en plus apport, on ne pourrait tout sim-
ter les prix des biens recherchés»,
explique Pascal Munder.
De son côté, Gantas mise sur la
revalorisation de certains objets.
L'institution projette d'aménager
des ateliers de réparation et de «relookage» lors de l'agrandissement
de La Fouine. «L'idée est d'apporter une valeur ajoutée aux articles
qu'on récupère tout en formant
des jeunes en échec scolaire», précise Dominique Froidevaux.
Un risque de concurrence?
de gens sont à la recherche de plement pas tourner», confie le Les institutions risquent-elles
l'objet qui transformera leur ap- directeur de Gantas.
d'entrer en concurrence? «Non, je
partement en quelque chose de
Certaines organisations ont ne crois pas, répond Samuel Chespécial, d'unique. On observe une d'ores et déjà mis au point des vieux. Nous sommes tous plutôt
diversification du public dans les stratégies pour améliorer la renta- débordés par le nombre de debrocantes, les vide-greniers et les bilité des ventes, par exemple une mandes de ramassage que nous
marchés aux puces.»
meilleure estimation des prix. «Si recevons.»
Les hôtels haut de gamme des brocanteurs viennent tous les
Reste que le «bon donneur» se
Si, à l'origine, ces lieux s'adres- jours à l'ouverture du magasin, raréfie. Plusieurs responsables de
saient principalement à une popu- c'est bien qu'on doit parfois se
lation modeste, les institutions tromper sur la valeur des objets»,
confirment qu'aujourd'hui elles relève Samuel Chevieux, responne peuvent plus parler de «client sable de la communauté d'Emtype». «Il y a des gens qui veulent maüs. Conscient de cette marge
se meubler pas cher, ceux qui supplémentaire qu'il négligeait, le
aiment chiner et cherchent la CSP a engagé des spécialistes il y a
bonne affaire ou encore les per- quelques années. «Ils savent repésonnes qui viennent pour soute- rer les articles vintage par exem-
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brocantes caritatives relèvent que
les gens ont de plus en plus tendance à vendre les beaux objets
avant de les appeler pour débarrasser ce qu'il reste. «Parfois nous
sommes contraints de refuser car
ce n'est pas intéressant pour
nous», confie encore Samuel Chevieux.
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